| What doesn't destroy you, leave you broken instead ▽ Wren |
| | (#)Mer 3 Fév 2021 - 8:52 | |
| La laisser toute seule pour se reposer était un risque considérable pour le grand Doherty mais il avait envie de lui faire confiance, allez savoir pourquoi, peut être parce qu'il était de bonne humeur ou que toutes les insultes qu'elle lui balançait au visage ne lui faisaient aucun effet réel. A croire que Wren s'était développé une patience en acier au cours des quelques jours qui venaient de s'écouler ou alors, il était juste en train d'engranger des quantités de haine astronomiques pour qu'elle ressorte avec intensité plus tard. Il n'avait pas envie de se poser la moindre question sur le sujet, s'effaçant pour retourner dans le salon et se fumer une bonne clope en lisant un bouquin sur la mythologie. Non, il n'était pas le cliché du mec qui allait allumer la télévision pour regarder un vieux match de foot pour rager sur son équipe favorite. Tout cela n'intéressait pas le Doherty, même s'il taisait le petit côté intellectuel qu'il avait décidé de détruire en choisissant le chemin de la délinquance à quinze ans à peine. Depuis, il ne prenait plus le temps pour rien mais maintenant qu'il était officiellement sans emploi et officieusement dealer qui pouvait gérer son emploi du temps comme il l'entendait, le grand nordique essayait de se retrouver, de chercher ses premières amours. Il y avait donc la mythologie et la cuisine, les deux domaines dans lesquels Wren excellait mais sans jamais en parler à quiconque, excepté deux ou trois personnes clairement privilégiées au milieu de son existence. Il en oubliait la notion du temps, le suédois, s'effaçant au profit de ces personnages qui n'existaient que dans la mémoire collective et c'était une sensation plaisante, de n'être rien que des yeux pour détailler les lignes qui passaient devant lui. Il n'était pas Wren, il n'était pas un Doherty, juste un lecteur supplémentaire qui entrait dans un univers qui paraissait tellement plus extraordinaire que le sien... Du moins jusqu'à ce qu'il entende un vacarme issu de sa chambre. Forcément, Anastasia n'allait pas rester sage et obéissante au fond du lit quand elle pouvait faire tout un tas de conneries avec ses affaires. Il accourut donc, ouvrit la porte à la volée et constata le spectacle désastreux auquel il fit face... Des vêtements éparpillés partout, des bouts de meuble également, elle avait clairement créé un chaos monumental. Il aperçut au milieu de ce champ de bataille le sous vêtement de Deborah, quelques bibelots sans importance et les briquets, ces putains de briquets qui se trouvaient pile sur la photographie du mépris ultime. Il haïssait l'avoir là mais Wren n'arrivait pas à s'en débarrasser, comme s'il était nostalgique de cette notion de famille oubliée depuis deux décennies désormais. "Tu branles quoi là, nom de dieu? Je vais t'attacher au lit si t'es même pas capable de rester couchée, bordel, t'es une grande malade en fait." Il avait élevé le ton pour la première fois face à elle, ramassant quelques objets, ses mains tremblants légèrement au moment d'attraper les briquets et la photo pour les remettre dans le double fond du tiroir et le poser à sa place, non sans un regard de mépris vers la petite blonde. "J'espère que t'as douillé le martyr quand tu t'es déchainé sur mes affaires, pauvre conne! Tu pensais vraiment trouver de la dope ici, hein? Tu comprends rien quand on te cause en fait, quand on te dit qu'y en a pas. Putain de princesse capricieuse de merde!" Il allait vite déraper mais Wren était capable de reprendre sa respiration, serrer un peu les poings et aller ramasser le tas de fringues qu'il colla sans plus de cérémonie dans le meuble qu'il referma sans la moindre délicatesse. "Donne moi une seule bonne raison de pas te jeter dehors là. Parce que c'est pas l'envie qui manque, tiens." Il aurait dû l'attacher au lit, il regrettait, Wren, en croisant les bras, sa mâchoire serrée et son regard vert effrayant posé dans celui d'Anastasia. Si elle ne fournissait pas d'explications plus claires, le suédois ne répondrait certainement plus de rien sous peu, un classique du genre. |
| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 9:45 | |
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what doesn’t destroy you, leave you broken instead
La porte s’ouvre à la volée et Ana ne lui adresse même pas un regard, elle fixe le plafond en essayant de respirer calmement et en faisant une liste, des listes, de toutes les décisions et conneries qui l’ont menée à cet instant précis. Cet instant précis où elle déteste tout de ce qu’elle est. Dans sa vision latérale, elle le voit pourtant, debout dans l’encadrement de la porte à constater les dégâts qu’Ana a fait dans sa chambre. "Tu branles quoi là, nom de dieu? Je vais t'attacher au lit si t'es même pas capable de rester couchée, bordel, t'es une grande malade en fait." Elle ne répond pas, elle continue à faire comme s’il n’était pas là. Elle mérite toute la colère et les insultes qu’il pourra lui balancer et il n’a pas tord, il n’y a probablement que ça à faire pour l’empêcher de nuire aux autres et à elle-même : l’attacher. Elle le voit ramasser des objets, il entre dans son champs de vision avec un regard de mépris et le visage déformé par la fureur. Il a le tiroir entre les mains et replace tout dans le double fond comme si tout cela n’avait pas eu lieu. « Qu’est-ce que tu f... fous avec un putain de... double-fond b… blindé de briquets, d’abord ? » Sa voix est fatiguée, elle n’essaye même pas de parler fort, elle n’a plus la force ni l’envie d’exprimer toute la rage qu’elle a en elle. Elle n’est plus que frustration et résignation, douleur et épuisement. "J'espère que t'as douillé le martyr quand tu t'es déchaîné sur mes affaires, pauvre conne! Tu pensais vraiment trouver de la dope ici, hein? Tu comprends rien quand on te cause en fait, quand on te dit qu'y en a pas. Putain de princesse capricieuse de merde!" Oui, elle a souffert pour sa connerie et ce n’est pas qu’elle n’a pas compris ce qu’il lui a dit, elle ne l’a tout simplement pas cru. Tout le monde ment tout le temps, surtout à elle, ils ont tous passé leur vie à lui mentir, à lui cacher des choses, à la maintenir à l’écart. Et finalement, peut-être qu’elle l’a cherché, il faut dire qu’elle n’est pas un modèle de responsabilité, elle les a déçus tant de fois qu’elle ne leur a probablement pas laissé le choix. Elle ne tique même pas quand il la traite de princesse, elle l’entend, cela lui fait penser à son père qui l’appelait ainsi, sa petite princesse. Elle a toujours détesté ça, même quand elle était toute jeune, et maintenant il ne risque plus d’utiliser ces mots. Jamais. Parce qu’il est mort, mais aussi et surtout parce que cela faisait déjà bien longtemps qu’il ne la voyait plus comme sa petite princesse chérie mais comme une nuisance, la honte de la famille, celle dont on ne parle pas. « J’y crois pas à ton conte de fée du dealer clean... » répond-t-elle dans un souffle asthmatique, le regard toujours rivé sur le plafond. La douleur dans sa cage thoracique commence à peine à s’atténuer maintenant qu’elle ne bouge plus, qu’elle a abandonné sa lutte contre des moulins à vent. Elle n’y croit pas, non. S’il a été addict par le passé, il l’est toujours et s’il a de la drogue sous la main alors il en prendra, c’est mathématique.C’est peut-être tragique, mais c’est inéluctable selon Ana. Elle ne croit pas une seconde pouvoir échapper à ses addictions et elle croit que personne n’en est vraiment capable. Sinon, pourquoi se serait-elle infligée cette torture pendant quasiment une heure ? Pourquoi continuerait-elle à frôler la mort et l’overdose ? Pourquoi continuerait-elle à saboter toutes ses relations familiales à cause de sa consommation ? Ce n’est pas un choix, elle ne peut pas s’en empêcher et elle finira toujours par replonger, elle en est persuadée. Pendant ce temps, Kemper Junior ramasse les vêtements et les enfourne rageusement dans les tiroirs. "Donne moi une seule bonne raison de pas te jeter dehors là. Parce que c'est pas l'envie qui manque, tiens." Elle n’a pas envie d’être là, il n’a plus envie qu’elle soit là non plus. S’il la met dehors, elle ne sait franchement pas si elle sera encore de ce monde au lever du jour, mais est-ce que c’est vraiment un problème ? « J’en ai aucune... Je suis plus sauvable t’façons. » Il n’y a plus rien à faire pour elle, peut-être qu’il n’y a jamais rien eu à faire après tout. Peut-être qu’elle est juste née brisée et que les Williams ont juste fait ce qu’ils ont pu car ils ne pouvaient pas la ramener en magasin. « La vérité c’est qu’tu devrais m’foutre dehors de suite. J’vais t’apporter que des emmerdes. » lâche-t-elle comme un prophétie, c’est l’histoire de sa vie après tout. Elle sent les larmes monter mais se retient de cligner des yeux, comme si ses yeux pouvaient absorber le liquide lacrymal, annuler cette marque de faiblesse bien trop évidente. « Finissons-en... » avec cette étrange tentative de sauvetage, avec la vie tout simplement.
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| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 10:03 | |
| Il n'aimait pas répondre aux questions: Wren avait toujours été ce casse-couilles impertinent qui s'amusait à mettre en rogne toute la communauté éducative. A croire qu'il trouvait cela plaisant de se faire engueuler perpétuellement parce qu'il avait laissé un tag sur la porte des chiottes de son bahut après avoir séché pas mal de cours en une seule journée. Il avait toujours eu comme réelle ambition de ne rien devenir du tout et Doherty s'y tenait d'une main de maître depuis dix bonnes années. Il avait bien cru qu'il avait arrêté les conneries après s'être permis de choisir une voie hors du commun: oui, Wren avait été pompier durant un bail mais il avait tout de même fini par déconner, comme quoi c'était attendu et habituel avec lui. Il aurait pu rester à la caserne, ne pas faire la moindre vague et contenir ses fantasmes obscènes mais ce n'était pas ce chemin qu'il avait choisi. Il avait fallu qu'il brûle tout de rage, parce qu'il aimait cela, les flammes qui crépitaient et laissaient une douceur se faufiler dans son échine. La vérité était réelle et blessante, Wren était malade et peut être ne guérirait-il jamais. C'aurait pu être gérable si la petite blonde qu'il avait malencontreusement invité dans son lit pour autre chose qu'une partie de jambes en l'air ne venait pas remuer le couteau dans la plaie sans s'inquiéter outre mesure des conséquences. Toutes ces merdes lui mettaient les nerfs en pelote et le suédois détestait cette sensation de perdre la maîtrise de tout ce qu'il gardait bien caché et qui ne voulait clairement jamais dévoilé à des personnes innocentes. Maintenant qu'elle avait vu, qu'était-il censé dire exactement? "J'aime les briquets, c'est tout, cherche pas, ça va m'emmerder." Il n'allait tout de même pas lui balancer qu'il trouvait l'idée du feu qui s'évadait de cet objet absolument fascinante, l'odeur aussi, bon sang, quel réel plaisir qu'il ne pouvait pas ignorer. Non, cela faisait un an qu'il était de retour sur le droit chemin et ce, même s'il avait plus ou moins merdé avec la drogue récemment. Alors, qu'Ana lui rappelle encore et toujours qu'il n'était que le dealer qui s'autorisait des petits écarts avec les doses qu'il revendait, c'était une honte qu'il n'avait pas franchement envie d'assumer là, tout de suite, comme si c'était aussi évident que cela. "C'est pas un conte de fée. Je suis peut être pas clean mais je sais me contrôler, toi c'est une autre paire de manches." Il ne hurlait plus à la mort lorsqu'on ne lui montrait pas une pilule d'ecstasy mais il savait néanmoins qu'il avait été la Williams il y avait encore peu de temps de cela. Wren avait remis les choses en place et en perspective, c'était déjà cela et il put se permettre de se relever et faire face à cette blonde qui ne semblait plus avoir autant d'énergie qu'en début de soirée... Non, au contraire, elle semblait abattue. Wren détecta même quelques larmes qui menaçaient de s'échapper de ses yeux, ou peut être rêvait-il mais en vue de la réponse qu'elle énonça à sa pseudo-menace de l'éjecter de la baraque, le grand nordique ne devait pas être bien loin de la réalité des faits. "Si c'est une stratégie larmoyante pour m'amadouer, je te signale que c'est merdique." Elle s'était montrée telle une dure à cuire depuis leur rencontre dans ce fichu hangar désaffectée alors pourquoi, maintenant, elle s'osait à un semblant de sentimentalisme? Peut être qu'il avait atteint une corde sensible, peut être que c'était la douleur physique qui parlait pour elle, mais Wren s'assit au bout du lit, sans rien dire pendant quelques secondes. "C'est pas parce que t'es un nid à emmerdes et que tu fais pas mal de conneries que tu mérites de crever. Sinon je serais le premier à abattre, crois moi." Il ne pouvait pas mieux dire en vue de tout ce qu'il avait fait sur cette planète et pas grand chose de bien en était ressorti. "Ca fait peur d'être clean, vraiment, parce que t'es en face de tes emmerdes et t'es obligé de les regarder en face, je le sais bien... Mais tu trouveras pas de drogues ici et même si t'en trouvais et tu t'en foutais plein le pif, tu serais heureuse quoi? Une demi heure et hop here we go again? Ce sera toujours comme ça alors endurcis toi sans cette merde dans les veines et après, tu pourras t'éclater avec sans culpabiliser d'être ce que t'es." Il y avait beaucoup de caché là dessous, sous ces cheveux blonds et ce regard qui communiquait d'habitude plus de rage que d'amour. Peut être qu'elle était encore plus proche de sa soeur que Wren ne l'aurait pensé et voilà que l'idée lui fendait le coeur. Littéralement. |
| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 10:47 | |
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what doesn’t destroy you, leave you broken instead
Les briquets, ça a l’air d’être un sujet sensible et il lui ordonne de ne pas creuser plus. Elle ne va pas insister parce qu’elle n’a pas la force. En temps normal, elle aurait profité d’avoir décelé la moindre faille pour appuyer là où ça fait mal, pour le provoquer encore et encore, et s’attirer la détestation qu’elle avait compris très jeune qu’elle inspirerait toujours au commun des mortels. Mais elle n’est pas dans son état normal, elle est épuisée, elle est en souffrance tant physique que psychique, elle voudrait juste que tout ça s’arrête, ne plus ressentir tout cela, ne plus ressentir rien. La drogue ça l’a toujours aidé avec ça, à endormir toutes ces émotions, à s’éteindre pour ne plus penser ni souffrir. Il avoue même à demi-mot qu’il n’est pas vraiment clean, qu’il sait simplement se contrôler contrairement à elle. Elle ne le contredit pas, elle ne jubile même pas de l’avoir percé à jour, elle est d’accord avec lui, cette frustration en elle finira par la tuer, cette rage finira par la consumer de l’intérieur, c’est un miracle qu’elle ait survécu jusqu’à ses vingt cinq ans. "Si c'est une stratégie larmoyante pour m'amadouer, je te signale que c'est merdique." Mais ce n’est pas une stratégie, elle a tombé le masque tout simplement. Le masque de l’emmerdeuse, de la junkie provocante, de celle qui se fout de tout et de tout le monde et qui ne pense qu’à elle. Le parfait égoïsme qu’elle a construit comme des murailles autour d’elle, cet égo-centrisme qui lui fait chuchote dorénavant qu’elle ne mérite rien de bien, que le meilleur qui l’attend c’est probablement la mort. Appuyer sur le bouton off, éteindre les lumières, baisser le rideau, tirer sa révérence. Elle manquera peut-être à Saül, sûrement pas à Auden. Savannah se sentira obligée de pleurer parce que c’est ce qu’on attend d’elle, mais elle sera soulagée surtout. "C'est pas parce que t'es un nid à emmerdes et que tu fais pas mal de conneries que tu mérites de crever. Sinon je serais le premier à abattre, crois moi." Il a lu dans ses pensées, ou alors elle ne s’est pas rendue compte que ses paroles étaient si transparentes. Elle détourne le regard du plafond immaculé pour la première fois depuis qu’il est entré dans la pièce. Elle le regarde pendant une seconde avec la fatalité imprimée sur les traits. « T’es un putain de bon samaritain et j’suis qu’un parasite. Fais pas comme si on était pareils… J’t’aurais foutu dehors moi. » Il est venu à son secours, il a supporté son attitude odieuse et elle n’a fait que l’insulter et lui manquer de respect. Elle a beau ne jamais s’excuser, elle le sait quand elle dépasse vraiment les bornes, souvent ce n’est qu’un jeu pour elle, cela la fait rire, elle se conforte dans le rôle de l’incapable, de l’insupportable, de celle que personne ne pourra jamais aimer, pas même sa propre famille. Les mots suivants de Wren résonnent un peu trop en elle. Oui, elle a peur d’être clean, elle ne sait pas qui elle sera sans toutes ces drogues dans son organisme et la fugacité de leurs effets n’enlève rien au doux soulagement qu’ils lui procuraient chaque jour. Il croit vraiment qu’elle pourrait se contrôler ? Ana n’y croit pas une seconde, elle croit que si elle arrivait vraiment à arrêter, le moindre trip la renverrait dans ses vieilles habitudes en un clin d’oeil. Elles sont si réconfortantes ces habitudes, ils sont si doux ces instants où son esprit est trop défoncé pour voir en face la ratée qu’elle est… « Je suis plus rien si j’suis clean. Je suis plus personne. Juste une putain de ratée qui chiale sur sa vie devant un putain d’inconnu... » Jamais elle ne parle de ses sentiments Ana, à moins qu’il s’agisse de sa colère. Elle a été élevée ainsi, chez les Williams il n’y a bien que Savannah qui ne soit pas handicapée des sentiments. Dans leur maison familiale, on ne parlait pas de ses états d’âme, on ne se disait pas qu’on s’aime, on se contentait d’amonceler les reproches, de se culpabiliser, de réprimer, punir et expier ses péchés par la prière. Alors, elle se sent comme une vraie merde de dire à voix haute des choses pareilles, peut-être finalement que le fait qu’il soit un parfait inconnu aide. Demain, elle se dira probablement que c’est la douleur et le manque qui l’a fait délirer, mais pour le moment, elle pense chaque mot qu’elle prononce. « Tu devrais m’attacher. Ou m’étouffer sous l’oreiller au choix. » Elle a les yeux qui se ferment tout seuls, la douleur et la fatigue vont avoir raison d’elle, au moins pour quelques heures, elle va céder et s’assoupir. Mais elle ne garantit pas que dans une ou deux heures, elle ne va pas se réveiller et chercher à nouveau n’importe quoi pour s’assommer, quitte à boire les bouteilles de parfum de la salle de bain comme ils font dans les films.
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| | | | (#)Mer 3 Fév 2021 - 11:27 | |
| Il n'aurait pas pensé être touché en plein coeur par une femme comme elle. Clairement pas même, car Wren se donnait l'air du sans-coeur impitoyable, celui qui ne faisait preuve d'aucune compassion, règle de base qui avait tendance à s'estomper au fil du temps. Cela le rendait-il faible? Peut être mais que pouvait-y faire? Il y avait certains sujets, certaines douleurs qui le touchaient plus que d'autres et la détresse d'Ana était dans cette catégorie. Il ne l'avait pas voulu, très clairement, surtout pas après le bordel qu'elle avait mis dans sa chambre, mettant en avant le moindre trouble affectif qu'il avait. Il y avait cet attachement à Deborah qui se matérialisait par ce sous vêtement conservé, tous ces briquets qui restaient constamment dans son tiroir parce que l'envie de les utiliser pour autre chose qu'allumer une cigarette était encore si proche, perpétuellement et puis, bien sûr, ce désir de môme d'avoir une famille normale. Si seulement il avait eu ce pouvoir divin de retour en arrière, il n'aurait rien dit ce jour-là, il aurait empêché son père de sortir de ses gonds et de les annihiler, Wren aurait probablement tout fait différemment pour conserver sa mère entière et vivante, son frère et sa soeur moins fous mais il n'y était pas parvenu. Il avait échoué dans tous les rôles qu'il avait sur les épaules: il était un mauvais fils depuis des lustres, laissant sa mère de côté depuis une année, son père seul derrière les barreaux sans lui offrir une chance de s'expliquer, un mauvais frère qui tapait du pied plus qu'il n'était compatissant. Etait-il même un bon ami? Voilà une question qu'il allait devoir poser à Gabriel lorsque la situation dramatique du moment serait sous contrôle. Ce n'était définitivement pas le cas, pas alors qu'il sentait le désespoir d'Ana s'exprimer sous une forme singulière: était-elle vraiment en train de les comparer? Si seulement elle savait tout ce qu'il était... "Tu peux croire ça, mais t'as tort sur toute la ligne. Je suis pas ce gars-là." Il n'était pas honnête, pas spécialement agréable et il était loin d'avoir envie de sauver le monde. Wren était le premier à vouloir le chaos et s'il semblait faire preuve de charité à l'heure actuelle, c'était certainement pour toutes les fois où il n'avait pas su apporter son aide à sa cadette, pour toutes les fois où il s'était tu alors qu'il aurait dû ouvrir la bouche et tout dire. Ana était celle à qui il parlait, celle à qui il expliquait les tenants et aboutissants de leur vie de junkie. Il n'y aurait potentiellement jamais de rédemption pour des gens comme eux mais tout ne devait pas être si noir, pas alors que la jeunesse faisait encore partie d'eux et que toute connerie était encore rattrapable tant que de l'or entrait et sortait de ses poumons. "Justement, t'es tout quand t'as pas de merdes dans le système nerveux. T'es entière et tu t'ouvres, c'est comme ça qu'on vit." Certainement pas en se mettant de la coke dans chaque narine dès qu'on sentait un instant de faiblesse s'emparer de son âme mais Wren n'était pas le plus indiqué pour poser son avis sur cette question. Il choisissait toujours cette voie-là également et il était probable qu'il ne choisisse jamais de devenir plus fort et de résister, de devenir une version meilleure de lui-même en somme. "Je vais rien faire de tout ça. Tu vas dormir un peu et si jamais tu te sens mal, je serai juste à côté, OK?" Avait-il eu un ton doux en exposant son idée pour les suites des festivités? Peut être avait-il même souri légèrement en se relevant du lit pour s'éloigner doucement. Il espérait sincèrement qu'aucune connerie ne passerait par la tête de la blonde car il s'en voudrait atrocement de l'avoir laissé faire, de ne pas avoir trouvé les bons mots, d'avoir encore été celui qui abandonnait plutôt que celui qui luttait. |
| | | | | | | | What doesn't destroy you, leave you broken instead ▽ Wren |
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