Every lie we tell incurs a debt to the truth. Sooner or later, that debt is paid. We all know when people are lying to us, we just don’t want to listen.
Après de longs mois de partiels, Sawyer avait enfin son diplôme en poche et un contrat sur le point d’être signé pour commencer à travailler officiellement au sein de la police de Brisbane. Non plus en tant que simple apprentie, mais bel et bien comme salariée à part entière. Sawyer était extatique et la fête qu’elle avait décidé d’organiser pour célébrer tout cela ne l’aidait en rien à redescendre de son petit nuage. Mais ça n’était pas le but de toutes façons. Ce soir, elle avait bien l’attention de fêter son succès comme il se devait. Pas de restrictions, pas de prises de tête, pas de soucis à l’horizon. Habillée sobrement malgré l’occasion -le jean était le summum du confort-, Sawyer circulait à travers les invités. L’alcool coulait à flots, les gens arrivaient les uns après les autres les bras chargés de choses à boire ou manger, et la musique était trop forte mais pas suffisamment pour parvenir à couvrir les rires qui fusaient de tous les coins du logement étudiant de Sawyer. Ses voisins auraient pu être dérangés par une telle effervescence mais la jeune femme avait anticipé de potentielles plaintes en les invitant eux-aussi à la soirée. Elle n’avait pas vraiment de mérite ; les étudiants n’appartenaient pas à la partie de la population la plus difficile à convaincre pour faire la fête. « Mh…très intéressant. Tu m’excuses ? Je reviens. » Ou peut-être pas. Alors qu’elle était au beau milieu d’une discussion dont elle cherchait à se défaire rapidement, son regard avait été attiré par un visage familier près de la porte qui ne cessait de s’ouvrir et de se fermer depuis le début de la soirée. Les gens entraient littéralement comme dans un moulin dans son appartement, mais cela ne la dérangeait pas particulièrement tant qu’elle reconnaissait encore les têtes qui franchissaient le pas de sa porte. Et celle qu’elle venait d’apercevoir n’avait pas manqué de dessiner un grand sourire sur ses lèvres. Sawyer s’était empressée de se diriger vers l’entrée, attrapant au passage un verre qu’elle avait préparé quelques minutes auparavant. Son sourire se fit un peu plus marqué lorsqu’elle croisa le regard de Chris. Elle avait principalement invité des amis qui étudiaient avec elle et bien qu’elle ait craint un instant que l’idée de se retrouver au milieu d’une foule d’inconnus ne le rebute, elle n’avait pourtant pas hésité à l’inviter également. Cela faisait 3 ans qu’ils se connaissaient à présent et il faisait partie de sa vie au même titre que ses plus proches amis. Ne pas l’inviter n’était pas une option et constater qu’il était bel et bien là suffisait à la rendre un peu plus heureuse encore. Elle se sentait comme une enfant ; étrangement pressée et excitée à l’idée de provoquer une collision entre deux réalités et d’enfin pouvoir présenter Chris à tous ses amis. Pour quelle raison ? Elle n’en savait rien, et elle s’en moquait bien. Arrivée à sa hauteur, elle l’enlaça spontanément. Geste ô combien précieux pour toutes les personnes qui n’ignoraient pas qu’elle n’était pas une personne très tactile en temps normal. Un câlin de Sawyer pouvait s’apparenter à un gain au loto du point de vue probabilité pour que cela se produise. Elle lui tendit le verre qu’elle avait attrapé en chemin en expliquant : « Contente que tu sois venu. J’ai même déjà préparé un verre rien que pour toi. » Un verre qui contenait un délicieux et complexe mélange : de l’eau. Une boisson qu’elle lui avait proposé de boire lors de leur première rencontre, alors qu’il avait semblé plutôt surpris lorsque l’alcool de son verre était entré en contact avec ses lèvres à l’époque. Pas sûr que le cerveau de Chris fasse le lien jusqu’à ce souvenir, mais ce clin d’œil lui plaisait malgré tout. Sans plus de cérémonie, elle attrapa sa main encore libre et l’entraîna à l’intérieur de l’appartement. « J’ai quelqu’un à te présenter. » Elle marqua une légère pause pour balayer la pièce du regard avant de reprendre son chemin en direction de l’homme qu’elle cherchait. Un grand blond parfaitement lambda qui buvait tranquillement son verre avant qu’elle ne le dérange de manière un peu brusque. Sa main gauche toujours dans celle de Chris, elle leva la droite pour effectuer un geste de haut en bas dans sa direction pour le présenter : « Chris…voici Chris. » Elle lâcha finalement sa main pour se poster à côté de l’autre Chris, légèrement en arrière pour qu’il ne puisse pas la voir alors que ses lèvres articulèrent silencieusement "Chrysanthème". Le fameux. Celui-ci se retourna suspicieusement vers elle et elle l’observa avec l’air faussement surpris tout en haussant les épaules pour souligner sa totale innocence face au regard suspicieux qu’il lui lançait. Mais sa blague à la fois puérile et mignonne maintenant terminée et les présentations étant faites ; qu’étaient-ils censés faire à présent ? « Super intéressant Sawyer. Enchanté Chris…Je…vais me rechercher à boire. » Elle l’observa s’éloigner avant de se mettre à rire. C’était sa soirée, et si elle avait envie de se comporter comme une enfant et bien elle en avait le droit, n’en déplaise aux Chrysanthème revêches de ce monde. Elle se retourna vers son autre Chris sans se départir de ce sourire radieux qui illuminait son visage depuis quelques minutes. « Excuse-moi…Et puis excuse-le, il n’a jamais été du genre très bavard. » Elle jeta un coup d’œil à son verre avant de replonger son regard dans le sien : « D’ailleurs, tu veux peut-être aussi te chercher à boire ? Autre chose que de l’eau je veux dire ? » Y avait-il seulement quelqu’un dans cette pièce qui tournait à l’eau ? Les gens étaient bruyants, mais pas particulièrement éméchés pour l’instant, c’était toujours ça de pris.
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« Elle est bonne ? » Les yeux de Joseph s’écarquillent en même temps qu’il enfile sa veste. Il hoche la tête de bas en haut, puis de gauche à droite, avant de tirer une grimace incertaine. Il ne sait pas réellement ce qu’il doit répondre à cette question. Certes, Sawyer est belle et il arrive difficilement à détacher ses yeux des siens mais il n’a pas l’impression que c’est une information qu’il doit révéler à sa bande. Après tout, les règles sont bien strictes. Les manthas sont une famille. Des garçons qui se sont tournés vers la criminalité, faute d’avoir d’autres choix. Des âmes abandonnées par leurs proches – c’est le cas de Joseph – ou d’autres qui ont vu les leurs périr un à un sans qu’ils ne puissent rien faire. « Eum, j’en sais rien. » Il serait plus astucieux de sa part de ne pas entrer dans les détails. Sawyer est une amie et il ne se souvient pas avoir lu une règle qui l’empêchait de voir des potes en dehors du gang. Il n’est pas le seul à mener une double vie. Seulement, il sait que, lorsqu’il devra faire un choix, ce dernier devra se poser sur les manthas. « Ce ne sera pas trop long, vous ne remarquerez même pas que je suis parti. » Il conclue finalement en glissant tout son nécessaire dans la poche étanche de son jeans. Sans vraiment s’en rendre compte, il jette un coup d’œil à son reflet dans la fenêtre pour s’assurer qu’il n’est pas décoiffé et il sort du logement en évitant de justesse une balle de tennis qui est lancée dans sa direction – trop gentil, merci les mecs.
Il n’a pas besoin de vérifier l’adresse que lui a fourni Sawyer. Le numéro et le nom de l’adresse se projettent dans le fond de sa tête sans qu’il ne puisse les oublier. Il emprunte le transport en commun pour s’approcher le plus possible du lieu des festivités et il lui suffit de suivre l’amas de voitures garées autour d’une seule et même maison pour trouver l’endroit. C’est d’abord la surprise qui étire son visage parce qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant d’invités. Il avait été naïf de penser que c’était une célébration plus intime où les seuls présents seraient de la famille rapprochée de son amie. Mais il réalise rapidement que l’obtention d’un diplôme va de pair avec des centaines de camarades de cohorte qui, eux aussi, pourront faire un pas dans le métier qu’ils ont choisi. Malgré tout, Joseph s’arme d’un sourire léger en approchant de la baraque animée, la tête rentrée dans les épaules, incertain d’avoir réellement sa place ici. Après tout, il n’a pas fait d’études et il est conscient que ses manières peuvent paraître parfois différentes de celles des garçons de son âge. S’il a pu s’attacher à Sawyer, c’est seulement parce qu’elle l’a rencontré quand il était encore le jeune adulte poli et courtois, éduqué par la parole catholique. Il a conscience qu’il est fortement influencé par son entourage mais il fait tout en son pouvoir pour rester le même devant son amie qu’il, justement, trouve rapidement après avoir mis un pied dans la maison. Un groupe de musique qu’il ne connait pas tape contre ses tympans. Il n’a pas eu le temps de trouver le bon mot à employer pour saluer la jeune femme qu’elle l’enlace de ses bras. Il pose naturellement son menton sur le dessus de sa tête en esquissant un sourire ravi. « Content d’être venu. Je ne pouvais pas manquer ça. » Il lui répond en attrapant le verre qu’elle lui tend. Il pense d’abord qu’il s’agit de vodka, en vue de la transparence du liquide qui le rempli mais il suffit d’humer le contenu pour réaliser qu’il s’agit d’eau. « Haha, très drôle. » Il souffle, sarcastique mais amusé, bien qu’il ne s’empêche pas d’en boire une gorgée pour s’éclaircir la gorge. Excitée comme une petite puce (rien de bien nouveau), Sawyer s’empresse de se saisir de ses doigts pour le guider dans la foule. « J’ai quelqu’un à te présenter. » Intrigué, il la suit sans poser de question, s’attendant à serrer la main à l’un de ses meilleurs amis qui l’aurait accompagné tout au long des études. Devant un grand blond, il reste pantois et légèrement mal à l’aise jusqu’à ce que son amie révèle le plan qu’elle avait derrière la tête. Quand il comprend qu’il s’agit du fameux Chrysanthème dont elle lui avait parlé le jour de leur rencontre, il se pince les lèvres pour s’empêcher de trop sourire. « Super intéressant Sawyer. Enchanté Chris…Je…vais me rechercher à boire. » Il hoche la tête et, seulement lorsque Chris tourne les talons pour retrouver le bar, un rire s’échappe des lèvres de Joseph. L’air déçu, Sawyer se retourne vers lui. « Je suis certain que ça fait des années que tu attends de faire cette blague. Comment te sens-tu maintenant que tu l’as faite ? » Il demande, ironique, portant à nouveau son verre à ses lèvres, réalisant une seconde fois qu’il n’y a aucun alcool à l’intérieur. La proposition de Sawyer n’est pas de refus. « Oui, je pense que j’en aurai besoin ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de gens. » Il admet, observant toutes les têtes qui les entourent. « Ce sont tous des amis ou tu as invité le plus de gens possible pour avoir la chance de participer au concours du plus grand party de Brisbane ? » Il demande en dévissant le bouchon d’une bouteille de vodka (pour rester dans la thématique de la couleur) avant de vider d’une traite le reste d’eau dans son verre pour le remplacer par l’alcool. Il invite ensuite son amie à le suivre pour être en retrait de la foule. Ce n’est pas qu’il est agoraphobe, c’est qu’il est venu pour voir Sawyer et personne d’autre. « Au fait, félicitations pour ton diplôme. » Il commence en soulevant son verre pour trinquer à sa réussite. Il glisse ensuite sa main dans sa poche pour en sortir un petit badge de policier en plastique. Il le tend à son amie, lèvres pincées. « Il n’est pas incroyable mais, quand je l’ai vu, je n’ai pas pu m’empêcher te le prendre. » Et il l’interroge du regard pour savoir s’il peut se permettre de le placer dans le haut de son t-shirt. « T’es une vraie flic maintenant, les criminels ont pas intérêt à t’faire chier. »
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Ses yeux se posaient occasionnellement sur des regards qui se faisaient lentement de plus en plus vitreux au fur et à mesure que les verres se remplissaient, et sur des contenants qui menaçaient dangereusement de renverser leur contenu sur son parquet. Mais ses inquiétudes ne faisaient pas le poids face à l’euphorie de la situation et dès que son cerveau songeait un instant à intervenir pour éviter un verre renversé, ses bonnes intentions s’effaçaient rapidement pour lui souffler que cela serait le problème de la Sawyer de demain. La Sawyer de ce soir pouvait bien profiter de sa fête comme elle l’entendait et l’arrivée de Chris n’allait pas contribuer à la rendre plus raisonnable. « Content d’être venu. Je ne pouvais pas manquer ça. » Elle ne lui aurait certainement pas pardonné si tel avait été le cas, mais cela ne l’empêchait pas d’apprécier à sa juste valeur le fait qu’il ne soit pas déjà parti en courant en découvrant la foule amassée dans son appartement. « Haha, très drôle. » Elle ne put s’empêcher de le gratifier d’un nouveau sourire amusé accompagné d’une légère courbette, résolument très fière de sa blague. Dommage pour elle, la suivante ne fut pas aussi bien accueillie par son public. Le deuxième Chris se montrait plus réfractaire que le premier à son humour. « Je suis certain que ça fait des années que tu attends de faire cette blague. Comment te sens-tu maintenant que tu l’as faite ? » En entendant son ami rire, elle se dit qu’il y avait au moins un des 3 protagonistes qui pouvait s’amuser de cette infortune, c’était toujours ça de gagné. Elle afficha une moue faussement déçue avant de répondre : « Je songe sérieusement à mettre Chrysanthème à la porte de mon appartement pour m’avoir ainsi gâché une blague que j’attendais effectivement de pouvoir faire depuis 3 ans très exactement. C’est un tel manque de savoir-être, je lui en toucherai deux mots un de ces jours. » Ou bien…jamais. « Merci d’en rire en tout cas. Enfin…même si en l’occurrence tu riais davantage de moi qu’avec moi. » Mais ça lui suffisait. Son rire avait un réel et sincère pouvoir communicatif sur elle et elle ne pouvait effacer le sourire qui étirait ses lèvres malgré le ton ironique que Chris avait employé pour lui poser cette question. Son humeur était au beau fixe depuis qu’elle avait officiellement obtenu son diplôme et, si cette soirée ne faisait que le confirmer un peu plus encore au vu du comportement qu’elle adoptait, certains de ses amis aux tendances profilers n’auraient eu aucun mal à détecter que sa bonne humeur avait augmenté d’un cran depuis que Chris était apparu sur le pas de sa porte. « Oui, je pense que j’en aurai besoin ! Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de gens. » Elle balaya la pièce du regard en se pinçant légèrement les lèvres. C’est vrai qu’elle avait peut-être un peu abusé sur les invitations. Elle n’était même pas certaine de connaître toutes les personnes présentes. « Ce sont tous des amis ou tu as invité le plus de gens possible pour avoir la chance de participer au concours du plus grand party de Brisbane ? » Elle reporta son attention sur Chris avec un sourire amusé au coin des lèvres, plongeant son regard dans le sien et marquant une légère pause pour accentuer l’effet faussement dramatique de la révélation qu’elle s’apprêtait à faire : « Pas de concours promis. Je voulais juste tenter de déterminer combien de personnes il fallait pour que tu commences à te sentir mal à l’aise. » Elle n’avait pas oublié son comportement assez étrange le jour où ils s’étaient rencontrés et si elle ne lui avait jamais posé de questions par la suite à ce sujet-là, Sawyer était tout de même partie du principe qu’il ne devait pas particulièrement apprécier les foules. « Alors ? Verdict ? Y a suffisamment de monde pour ça ce soir ? » Au fond d’elle, elle espérait qu’il ne se sente pas mal à l’aise. Pas en sa présence en tout cas. Sawyer était une personne sociable, mais si la situation avait été inversée elle savait que le simple fait d’avoir Chris non loin d’elle aurait suffi à ne pas l’inquiéter même si elle avait dû se retrouver entourée par des centaines d’inconnus. Aussi se laissa-t-elle docilement entrainer à l’écart, non sans envoyer au passage un coup de coude dans les côtes d’un de ses amis qui venait de leur lancer un regard et un sourire lourds de sous-entendus. Note pour plus tard : ne pas inviter ses amis au comportement beauf pour ce genre de soirées. Les sourcils encore froncés du regard assassin qui avait accompagné ce coup, ses traits se détendirent lorsqu’il la félicita officiellement pour son diplôme. Elle leva son verre pour trinquer avec lui : « Merci. » puis l’observa curieusement en le voyant partir à la recherche de quelque chose dans sa poche. Son regard se posa sur sa main et l’objet qui s’y trouvait. « Il n’est pas incroyable mais, quand je l’ai vu, je n’ai pas pu m’empêcher te le prendre. » Elle resta silencieuse quelques secondes. Certains auraient pu traduire ça comme de l’impolitesse, mais ceux qui la connaissaient vraiment étaient capables de lire sa surprise et surtout le caractère symbolique et la signification que ce cadeau pouvait revêtir à ses yeux. Cela faisait longtemps qu’on ne lui avait pas fait un vrai cadeau significatif. Pas un cadeau hors de prix. Un simple cadeau qui faisait sens. Et c’était à la fois une certaine fierté couplée à une petite dose d’émotion que Chris pouvait maintenant lire dans son regard quand elle releva la tête pour déclarer une nouvelle fois : « Il est parfait, merci. Vraiment. » Elle déposa un baiser sur sa joue avant d’hocher la tête et de gonfler légèrement son thorax -le but n’étant pas de le faire non plus de manière trop ostentatoire, elle n’avait pas encore assez bu pour se montrer incendiaire- pour lui confirmer qu’il avait l’autorisation d’accrocher son tout premier badge de police. Ça n’était pas le vrai, l’officiel, mais il aurait certainement tout autant d’importance aux yeux de Sawyer. « T’es une vraie flic maintenant, les criminels ont pas intérêt à t’faire chier. » Non sans se départir de son sourire, elle pencha légèrement la tête sur le côté et prit un air qui se voulait sérieux avant de lancer : « C’est vrai…T’as quelque chose à déclarer du coup ou t’es clean ? C’est le moment de parler ou de te taire à jamais. » A peine dramatique.
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Celui qui a hérité d’un prénom regrettable n’a pas fait long feu dans le salon lorsque Sawyer est venu le présenter à son ami qui, selon ses sources, partage le même surnom. Joseph (Chris) n’est plus vraiment surpris par l’absence de gêne dans la personnalité de son amie : à force de la côtoyer, il devient habitué de se faire pousser dans ce genre de plaisanterie et, même s’il préfère toujours se faire plus discret qu’elle, il apprécie sa façon d’attirer l’attention et les regards. Elle réussit facilement à attirer le sien et, parfois – trop souvent – il se surprend à admirer ce côté enfantin qu’elle ne perdra jamais, comme si jamais les responsabilités ne frapperont à sa porte. « Tu ne devrais plus être étonnée. » Qu’il rit d’elle et pas de ses blagues, même si ces dernières ont été réfléchies pendant trois ans. Mais il plaisante, au fond, il l’aime bien son humour douteux. Elle s’accapare du micro et il n’a pas besoin de le faire, lui qui a tendance à garder la tête basse depuis qu’Alfie n’est plus là pour l’entraîner dans ses bêtises. Ses parents avaient peut-être raison, en fait : il était sa plus grande influence. Bonne ou mauvaise, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte aux yeux de Joseph, c’est qu’il a toujours été là pour lever les armes et le défendre du monde trop grand.
Même si la ville et les festivités lui sont plus familières depuis qu’il fréquente l’organisation illégale, l’impressionnante population regroupée dans cette maison qui semble minuscule intimide légèrement Joseph qui ne peut cacher son ressenti, trahis par son visage trop expressif. Il a besoin d’un verre d’alcool pour se détendre et pour oublier sa déception : parce qu’il s’attendait à ce que la soirée ne soit pas aussi étouffante. Sawyer est définitivement trop sociale. « Pas de concours promis. Je voulais juste tenter de déterminer combien de personnes il fallait pour que tu commences à te sentir mal à l’aise. » Il glousse, très peu surpris de sa répartie. Lèvres pincées, il préfère se cacher derrière son verre lorsque deux inconnus le frôlent pour le contourner afin de se rendre il ne sait où. Il s’empêche toutefois d’afficher son véritable ressenti devant son amie qui ne mérite que le mieux de lui. C’est sa journée, sa célébration, son moment. « Alors ? Verdict ? Y a suffisamment de monde pour ça ce soir ? » Il hoche vivement la tête, les yeux gros comme des melons : « Ton expérience est réussie. Tu peux écrire dans ton rapport que la moitié aurait fait l’affaire et, comme ça, la prochaine fois tu évites d’inviter les gens à qui tu n’as jamais parlé. » Son ton est amusé, loin de lui l’envie de la vexer. Il veut simplement lui faire réaliser qu’elle n’a pas besoin de tous ces gens pour se sentir appréciée. Il est là, lui, et il a un cadeau modique à lui offrir. Seulement quand ils sont un peu à l’écart du troupeau, Joseph lui présente le petit badge en plastique qu’il a déniché dans une petite boutique de jouets – ne lui demandez pas ce qu’il faisait là, il ne vous répondrait pas (parce qu’il aurait honte d’admettre qu’il aime bien ce genre de boutique remplie de magie puisqu’il en a jamais fréquenté quand il était jeune, se contentant seulement des vieux jouets pourris qu’il trouvait dans le garage quand son père avait les yeux tournés). Le silence de Sawyer l’inquiète un peu quand elle observe longuement le badge qu’il a posé à la hauteur de son thorax mais il réalise rapidement que ses yeux sont légèrement brillants. Il esquisse un sourire quand elle redresse enfin la tête pour le remercier. « Ça me fait plaisir. » Il souffle, honnête. Il la contemple pendant quelques secondes, le temps de s’habituer à ce symbole sur sa poitrine qui devra assurément les séparer un jour ou l’autre. Ils sont le noir et le blanc, après tout. Le chat et la souris. Il se doute que le charme de leur amitié ne pourra pas perdurer dans le temps. Il n’est pas stupide. Mais il veut profiter du temps qu’il a avec elle. « C’est vrai…T’as quelque chose à déclarer du coup ou t’es clean ? C’est le moment de parler ou de te taire à jamais. » Le garçon ricane en jetant un coup d’œil autour d’eux. Bien qu’ils se soient séparés du groupe, son inconfort est bien encore présent alors il tente, étirant son visage en une grimace incertaine : « Je suis clean, mais j’ai quelque chose à déclarer. » Il commence, le dos droit, s’accrochant au regard de son amie pour s’assurer qu’il a toute son attention. « Je me suis toujours demandé à quoi ressemblait ta chambre. J’avoue que je n’arrive qu’à imaginer des balles de baseball sur la tapisserie et des draps aux couleurs de ton équipe préférée. » Il l’interroge du regard, puis ce dernier se rempli de défi. « Tu confirmes ou tu prouves le contraire ? » Ses intentions ne sont pas vulgaires, seulement, il apprécierait bien plus la soirée s’ils n’étaient que tous les deux et il ose espérer qu’elle pense la même chose.
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Sa plaisanterie semblait avoir trouvé son public et elle n’en était pas peu fière. « Ton expérience est réussie. Tu peux écrire dans ton rapport que la moitié aurait fait l’affaire et, comme ça, la prochaine fois tu évites d’inviter les gens à qui tu n’as jamais parlé. » Elle rit bien volontiers à cette répartie méritée avant d’afficher une grimace faussement désolée. « Je plaide coupable. Mais j’en prends bonne note en tout cas. » Elle devait avouer qu’elle avait sous-estimé le nombre de personnes présentes ce soir et qu’elle ne comprenait toujours pas exactement à quel moment ses invitations avaient pris un tel tournant. Avait-elle envoyé un mail à toute l’Université sans s’en rappeler ? Elle n’aurait pas été étonnée que quelqu’un d’autre l’ait fait à sa place ceci dit. Mais elle était soulagée que son ami ne lui en tienne pas rigueur, preuve en était le cadeau qu’il avait tenu à lui offrir malgré les quelques plaisanteries qu’elle s’était déjà permise de lui faire alors qu’il venait tout juste d’arriver. Quand elle était sur sa lancée et contente d’être en compagnie de quelqu’un qui lui était cher, Sawyer était difficilement arrêtable. « Ça me fait plaisir. » Son sourire s’étira un peu plus, sincère. A elle aussi cela lui faisait vraiment plaisir. Certains auraient pu la trouver ridicule à s’émouvoir pour un jouet en plastique mais elle s’en moquait. Non seulement ce cadeau signifiait quelque chose à ses yeux, mais il en allait de même de la personne qui le lui avait offert. Ses sourcils étaient déjà en train de se froncer en constatant la grimace que son ami était maintenant en train d’afficher suite à la question qu’elle venait de lui poser. Avait-il réellement quelque chose à se reprocher finalement ? « Je suis clean, mais j’ai quelque chose à déclarer. » Son regard se fit à la fois un peu plus inquisiteur mais aussi très curieux, comme s’il s’apprêtait à lui avouer le plus grand secret que la terre ait jamais connu. « Je me suis toujours demandé à quoi ressemblait ta chambre. J’avoue que je n’arrive qu’à imaginer des balles de baseball sur la tapisserie et des draps aux couleurs de ton équipe préférée. » Elle resta silencieuse quelques secondes avant de se pincer les lèvres et de se mettre à rire. Elle s’attendait sincèrement à une révélation absolument inavouable. « Tu confirmes ou tu prouves le contraire ? » En temps normal elle l’aurait probablement envoyé balader. Seulement il semblait la connaître suffisamment bien à présent pour parvenir à la provoquer. Son regard était empli de défi et Sawyer n’avait jamais su résister à un challenge, quel qu’il soit. Elle croisa les bras sur sa poitrine alors qu’un air amusé mais néanmoins buté s’affichait déjà sur son visage. « Je confirme. C’est exactement ça mais t’as oublié de parler de la licorne qui vit dans mon placard. » Et elle ne bougea pas d’un seul centimètre. Elle resta simplement plantée sur place à soutenir le regard de Chris sans broncher. L’air sûre d’elle qu’elle affichait laissait facilement transparaitre le fait qu’elle s’amusait purement et simplement à le torturer en ne répondant volontairement pas à sa question. La réalité était toute autre : son cerveau cherchait à analyser toutes les potentielles conséquences qui pourraient découler de la réponse qu’elle allait lui apporter. Mais son état actuel était un peu trop proche de l’euphorie pour tenter de prendre une quelconque décision rationnelle. Au bout de quelques très longues secondes, Sawyer jeta finalement un rapide coup d’œil à la pièce pour vérifier qu’il n’y avait pas de potentielles catastrophes imminentes en approche, puis elle reporta son attention sur Chris avant de décroiser finalement les bras pour venir attraper sa main. Sans un mot, elle l’entraîna à sa suite jusqu’à une porte sur laquelle un ridicule panneau « Keep Out » figurait. Ridicule mais visiblement efficace puisque a priori personne ne semblait avoir pénétré dans sa chambre pour l’instant. Sa main libre se posa sur la poignée. Elle stoppa son geste pour jeter un regard teinté de provocation à l’attention de Chris : « Prêt pour la grande révélation ? » Sa main appuya finalement sur la clenche pour ouvrir la porte. Elle le laissa y pénétrer en premier avant de refermer prudemment la porte derrière eux. « Alors… » Ses bras se croisèrent une nouvelle fois sur sa poitrine. Pas par défi cette fois-ci, mais instinctivement, de manière défensive parce qu’elle laissait rarement des gens pénétrer dans l’intimité de sa chambre. Elle avait beau vouloir apparaître sûre d’elle, elle devait avouer que la perspective de ne pas savoir ce que nouveau contexte pouvait leur réserver faisait naître une légère pointe d’angoisse au creux de son ventre. Elle observa Chris avant de jeter un regard distrait en direction de sa chambre : « Déçu par la tapisserie et les draps ? » Sa chambre était tout ce qu’il y avait de plus banale, si ce n’était que pour une fois elle avait eu la bonne idée de la ranger avant d’organiser sa soirée. Seule son bureau restait un bazar monstrueux où livres de révisions, stylos et feuilles de papier semblaient se battre en duel. Mais son lit était fait, ses vêtements rangés, et la poussière était inexistante. Et s’il n’y avait pas de balles de baseball sur la tapisserie ni de draps aux couleurs des Dodgers, sa passion pour ce sport s’exprimait toutefois clairement ici et là. Sa batte de baseball et son gant trônaient fièrement sur son étagère/bibliothèque alors que sa casquette aux couleurs de l’équipe universitaire s’exposait sur un coin de sa table de nuit. Ses murs étaient blancs, avec quelques tableaux accrochés, mais surtout avec des photos d’elle et de ses amis en train de jouer sur le stade ou dans les gradins des matchs qu’ils avaient pu voir. Elle n’avait a priori pas grand-chose à cacher honteusement, mais elle ne pouvait s’empêcher de scruter chaque coin de sa chambre pour le vérifier. La jeune femme n’aurait probablement pas agi de la sorte avec n’importe qui d’autre. Mais le problème était que Chris n’était justement pas n’importe qui d’autre.
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Sawyer a toujours trouvé du plaisir à tester les limites de Joseph, à le faire sortir de sa zone de confort. Au milieu de cet énorme banc de poissons – poissons représentés par trop d’humains qu’il n’a jamais croisé de toute sa vie – le jeune homme n’est pas complètement à l’aise. C’est normal, après tout, parce qu’il n’a jamais participé à ce genre de festivité de groupes, lui qui n’a pas continué son éducation après avoir fui la compagne puisqu’il n’a jamais trouvé l’argent pour le faire. Dans un univers alternatif, il est peut-être le populaire de la classe qui invite tout le monde sans compter les têtes et qui regrette seulement le lendemain parce qu’il doit dorénavant faire le ménage de toute la baraque en compagnie d’un mal d’un terrible mal de crâne. Mais, dans cet univers-ci, il est resté plutôt sage jusqu’à l’âge de vingt-et-un an, quand il a testé pour la seconde fois la drogue mélangée à l’alcool (la première, c’était avec Alfie et ses pilules magiques qui lui promettaient de réaliser ses plus grands rêves). « Je plaide coupable. Mais j’en prends bonne note en tout cas. » Avec un peu de chance, la prochaine fois, elle se contera de contacter ses amis les plus proches et non toute la cohorte entière. Il est certain qu’elle-même ne peut pas nommer tous les visages présents.
Poussé par son tempérament plus introverti que la moyenne, Joseph guide Sawyer jusqu’à un coin du salon où ils pourront jouir d’un peu plus d’intimité. C’est seulement à cet instant qu’il lui offre un cadeau très banal : une plaque en plastique qu’il a trouvé dans une boutique bon marché et made in china. Il est heureux de lire la bienveillance dans les yeux de son amie quand elle le remercie pour cette attention et ses joues se teintent de rouge écarlate lorsqu’il passe ses doigts dans sa chevelure épaisse pour y faire un peu d’ordre – même si cette dernière ressemble davantage à un tas de foin qu’à une coiffure. Se perdant trop longtemps dans la contemplation de ses iris bleus, il remarque qu’ils présentent aussi quelques étincelles vertes. Il note dans le fond de sa mémoire cette information qu’il aurait peur d’oublier une fois que leurs chemins seront séparés. C’est inévitable, ils partiront chacun de leur côté pour ne pas blesser l’autre. Seulement, ce soir, Joseph compte bien profiter de cet instant avec elle pour immortaliser cette amitié. Il a cependant l’impression qu’ils auraient besoin d’un peu de solitude pour y parvenir. Alors, habillement, il aborde le sujet de sa chambre et transforme la discussion en un jeu. Peut-il deviner à quoi ressemble cette pièce ? « Je confirme. C’est exactement ça mais t’as oublié de parler de la licorne qui vit dans mon placard. » Il plisse les paupières, le regard on ne peut plus sérieux, comme s’il avait terriblement envie de vérifier si cette information est véridique. Il semble jouer la carte du flic à cet instant présent et ça lui plaît bien d’inverser les rôles avant qu’elle ne devienne officiellement son prédateur principal. Il est conscient que les manthas lui couperaient les doigts s’ils apprenaient qu’il fraternise avec une des rares femmes de Brisbane qui possède assez de pouvoir pour embarquer toute la bande dans des camionnettes en direction de la prison. Il joue avec le feu, il en est conscient. Mais il n’est pas assez fort pour disparaître de la vie de sa meilleure amie. Elle lui rappelle tous les jours qu’il n’est pas devenu un monstre même s’il vit d’air pur, d’eau et d’illégalité.
Elle attrape sa main et il serre instinctivement ses doigts pour s’accrocher à elle. Excité comme un enfant qui franchi l’interdit, il la suit jusqu’à cette porte fermée sur laquelle est suspendue un petit affichage qui ordonne à quiconque de se tenir loin de cette chambre. « Prêt pour la grande révélation ? » Il croise à nouveau le regard de Sawyer et une lueur malicieuse traverse ses pupilles. « Je n’attends que ça. » Il répond avec une ardeur notable, prêt à inspecter cette salle comme le ferait un agent de police. Le battant s’ouvre sans un bruit et, aussitôt qu’il se referme dernière eux, le brouhaha extérieur devient bien plus supportable. Joseph fait quelques pas pour arriver à la hauteur de la bibliothèque sur laquelle sont exposés quelques éléments qui prouvent la passion de son amie. Un sourire amusé soulève la commissure de ses lèvres alors qu’il désigne le gang de baseball du doigt. « Il est vrai que je m’attendais à plus d’éléments de ce genre. » Et il fait quelques pas en direction du mur pour observe les quelques photos encadrées. Il ne reconnait personne, excepté son amie qui travers les années d’un cadre à l’autre. « Déçu par la tapisserie et les draps ? » Il hoche vivement la tête en remarquant enfin que le mur est complètement blanc. « Évidemment. J’imagine que la licorne aussi, c’était un mensonge. » Il chuchote, comme s’il ne souhaitant pas offusquer l’animal dans le placard. Quand il se tourne à nouveau vers elle après avoir terminé son exploration, il lui offre un sourire chaleureux. « C’est la première fois que je vois une chambre qui n’a qu’un seul lit simple. » Il commence, enfonçant ses mains dans ses poches après avoir posé son verre de vodka sur la table de chevet près du meuble en question. « J’ai toujours partagé la mienne avec ma sœur, notre maison n’était pas bien grande. » Il hausse mollement les épaules, prêt à rapidement changer de sujet, conscient que ce ne sont pas ses histoires qui peuvent intéresser tout le monde. Et, de toute façon, il cache toujours les véritables péripéties qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. « Tu as déjà invité un autre garçon ici, avant moi ? » Il demande, réellement curieux au sujet de ses relations passées.
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Les personnes avec lesquelles Sawyer avait établi une telle complicité pouvaient se compter sur les doigts d’une main. Et c’est justement la pensée qui lui passa à l’esprit alors qu’elle secouait la tête d’un air faussement désapprobateur -et peu crédible vu le sourire en coin qu’elle affichait- en observant Chris apparemment prêt à mettre cette histoire de licorne dans le placard en doute. C’est vrai qu’il avait évidemment besoin de venir dans sa chambre pour venir vérifier ses dires, c’était une absolue nécessité n’est-ce pas ? Elle sentit comme une légère décharge électrique parcourir son corps alors que ses doigts se resserrèrent autour des siens. Avait-elle déjà réagi de la sorte par le passé ? Elle ne savait pas si cela était dû au contexte, à sa simple présence ou au fait qu’elle s’apprêtait à l’emmener dans sa chambre, mais elle ne se sentait pas exactement dans son état normal à ce moment précis. « Je n’attends que ça. » Son regard se perdit quelques secondes dans le sien, réalisant pleinement ce qu’elle s’apprêtait à faire maintenant qu’elle avait la main sur la clenche. Une certaine anxiété commençait à l’envahir doucement mais Sawyer la camouflait plutôt bien derrière le sourire qu’elle afficha en ouvrant sa porte. Où était donc son verre quand elle en avait besoin ? Elle en avait pourtant un en main encore quelques secondes auparavant et, quelque peu perturbée qu’elle était, elle ne se souvenait pas l’avoir abandonné en cours de route. Elle aurait bien volontiers fini son contenu cul sec pour tenter de se donner un semblant de courage qui ne lui faisait pourtant pas défaut en temps normal. Pourquoi est-ce que voir Chris ainsi observer les différents éléments décoratifs de sa chambre avait le don de la stresser ? Elle n’avait rien à cacher, rien à déclarer, pas de cadavre caché dans son placard -juste une licorne-. « Il est vrai que je m’attendais à plus d’éléments de ce genre. » Elle se détendit quelque peu à cette remarque, comme si le simple fait d’évoquer son sport fétiche suffisait à la mettre un peu plus à l’aise. « Je parle déjà de baseball à longueur de journée, je me suis dit qu’avoir un semblant de normalité dans ma chambre pouvait être une bonne idée. » Même si mettre des banderoles, posters et autres trophées ramenés lors des matchs lui avait peut-être effleuré l’esprit à plusieurs reprises. « Évidemment. J’imagine que la licorne aussi, c’était un mensonge. » Elle ne mit pas longtemps avant d’afficher une moue exagérément choquée par cette affirmation.« Tu rigoles ? Je n’oserais jamais mentir sur un sujet aussi important. Elle s’appelle Viviane et elle adore sa vie dans mon placard. » Elle haussa les épaules, son air sûre d’elle refaisant enfin surface pour le mettre au défi de remettre en cause ses propos. Se sentant quelque peu empotée à rester immobile au milieu de sa propre chambre, elle finit par se rapprocher de son bureau et enleva les quelques feuilles qui trainaient sur le coin pour pouvoir s’y asseoir, observant Chris continuer nonchalamment son étude exploratoire. « C’est la première fois que je vois une chambre qui n’a qu’un seul lit simple. » Elle se surprit à se perdre quelques secondes dans la contemplation de son visage. Ce sourire qu’il affichait aujourd’hui était si loin des grimaces amusées mais surtout crispées qu’il avait pu avoir le jour où ils s’étaient rencontrés. Il était pourtant déjà beau à cette époque-là, mais il l’était encore plus quand on pouvait lire sur son visage les sentiments sincères qui l’habitaient. Il y a plusieurs mois auparavant, Sawyer n’aurait pas parié sur le fait qu’il puisse jamais se sentir bien en sa présence. Mais elle était ravie de constater qu’ils avaient réussi à faire évoluer leur relation jusqu’à construire quelque chose de suffisamment fort et solide : il semblait à l’aise et content d’être avec elle et, bien qu’une pointe de stress s’invitait toujours au creux de son ventre en l’observant passer sa chambre au peigne fin, la réciproque était vraie également. « J’ai toujours partagé la mienne avec ma sœur, notre maison n’était pas bien grande. » Cette phrase la sortit de ses pensées et elle la remit enfin en perspective avec ce qu’il venait de dire juste avant. « Ça s’apprécie à sa juste valeur d’avoir une chambre rien qu’à soi. C’est sympa deux minutes de partager avec quelqu’un, mais pour avoir grandi en familles d’accueil, je dois avouer qu’avoir un peu d’intimité plutôt que 3 ou 4 enfants turbulents autour de soi, ça change la vie. » Elle ne gardait pas de véritables mauvais souvenirs de cette période, mais elle ne nierait pas qu’elle avait eu l’impression de revivre le jour où elle avait enfin eu sa propre chambre, son propre chez elle, sa propre vie. Sa tête pivota quelque peu sur le côté alors que ses sourcils se froncèrent en réalisant véritablement la portée des propos de son ami. « Tu sais que tu m’as jamais vraiment parlé de toi ? J’ai l’impression que c’est une des premières infos personnelles que tu partages avec moi. » Son ton était resté doux, elle n’avait pas l’intention d’avoir l’air inquisitrice dans ses propos. Cette vérité venait tout simplement et très sincèrement de la frapper à ce moment précis. Elle avait beau se vouer à un métier dont les enquêtes rythmaient le quotidien, elle n’avait jamais forcé la main à ses proches pour qu’ils lui révèlent des choses qu’ils n’avaient pas envie de partager au fond d’eux. Et si c’était le cas de Chris, elle respecterait son choix. Il y avait toujours une bonne raison derrière un silence et des informations omises. Elle l’espérait tout du moins. « Tu as déjà invité un autre garçon ici, avant moi ? » Ses sourcils se froncèrent de manière presque imperceptible alors que ses bras se croisèrent une nouvelle fois sur sa poitrine par réflexe, comme pour se protéger de cette question à laquelle elle ne s’attendait pas. Espérait-il une réponse particulière ? « Dans mon appartement, oui. Dans ma chambre, non. » Elle avait plutôt l’habitude de se faire inviter chez eux et de procéder au célèbre walk of shame le lendemain matin, mais ça n’était pas la question qu’il avait posée. Sa réponse restait honnête. Elle avait beau avoir déjà invité des amis pour travailler ou boire des verres, aucun d’entre eux n’avait jamais mis un pied dans sa chambre. Elle aurait considéré cela comme une véritable intrusion dans son intimité et cette idée ne lui plaisait pas particulièrement. Alors pourquoi avait-elle cédé si facilement à la requête de Chris ? Elle aurait bien aimé le savoir. Ou trouver le courage de s’avouer ce qui semblait pourtant plutôt évident. Si elle n’avait pas eu envie de le laisser entrer, ils seraient toujours dans le salon à l’heure qu’il était. « Elle a une importance particulière à tes yeux cette question ? » Elle aurait pu dire cela sur le ton de la plaisanterie mais elle était restée immobile, assise sur son coin de bureau, à l’observer avec intensité et, pour une fois, parfaitement sérieuse.
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Il n’est pas complètement innocent, Joseph. Il n’est pas familier avec les histoires de couple et de relations – notamment parce qu’il a perdu sa virginité à vingt-et-un ans dans les bras d’une prostitué – mais il sait exactement ce qu’il propose à Sawyer en lui demandant de lui présenter sa chambre. Elle ne semble pas hésiter en acceptant de révéler le défi et, s’il avait noté la moindre lueur incertaine dans son regard, il n’aurait jamais insisté. Il ne prend peut-être pas les bonnes décisions, le criminel, mais il est né avec la valeur du respect bien ancrée dans le fond de son cœur.
Ça ne l’empêche pas de sentir sa poitrine se soulever à une vitesse considérable lorsqu’elle le guide jusqu’à son antre secret et il joue au jeu jusqu’au bout : dès lors que la porte s’ouvre pour révéler une chambre bien rangée, il se met à observer chaque recoin de celle-ci afin de trouver tous les indices qui prouvent la passion de Sawyer pour ce sport qui lui rappelle seulement les échanges de balle qu’il faisait dans la cour de récréation avec Alfie. Il n’a jamais été question d’un sport d’équipe et de course folle d’un coin à un autre coin pour lui. Il ne connait pas grand-chose à ce sport, au fond, mais il ne prendra pas la peine de vexer son amie en lui révélant son absence de connaissance. Toutefois, après avoir inspecté tous les endroits susceptibles à recueillir un gang, une batte, ou une balle, le jeune homme se rend compte que l’endroit n’est pas totalement destiné à sa passion fanatique. « Je parle déjà de baseball à longueur de journée, je me suis dit qu’avoir un semblant de normalité dans ma chambre pouvait être une bonne idée. » Elle marque un point et il lui fait savoir en hochant de la tête, faussement moqueur, jusqu’à ce que ses yeux se mettent à analyser la moindre photo sur les murs. Il aime voir Sawyer grandir à côté de ses amis, de sa famille, des gens qui tiennent à elle et qui souriaient en même temps lorsque la photographie a été prise. Si elle semble avoir plusieurs copines, il pense toutefois que cette histoire de licorne dans son placard était inventée de toute pièce. « Tu rigoles ? Je n’oserais jamais mentir sur un sujet aussi important. Elle s’appelle Viviane et elle adore sa vie dans mon placard. » Plissant le regard pour la défier, il émet une sorte de « uh uh » avant de jeter un coup d’œil rapide en direction du placard en question, notant dans le fond de sa tête de ne pas oublier d’ouvrir la porte coulissante pour découvrir son contenu. Si ça peut faire plaisir à son amie, il jouera évidemment le jeu et fera mine d’apprécier la crinière multicolores de l’animal fantastique qui y crèche. Continuant son exploration, il ne peut s’empêcher de remarquer l’unique lit au milieu de la chambre. Ce n’est pas le genre de paysage qu’il a l’habitude de voir et il en fait part, ne réalisant pas tout de suite qu’il n’avait jamais effleuré le sujet de son enfance avec la jeune femme. Après tout, personne ne connait réellement son histoire, pas même les membres de son gang. Lorsqu’ils pointent du doigt les cicatrices dans son dos, il se contente d’hausser les épaules et de dire qu’elles ont dû apparaitre pendant la nuit à cause des punaises de lit. « Ça s’apprécie à sa juste valeur d’avoir une chambre rien qu’à soi. C’est sympa deux minutes de partager avec quelqu’un, mais pour avoir grandi en familles d’accueil, je dois avouer qu’avoir un peu d’intimité plutôt que 3 ou 4 enfants turbulents autour de soi, ça change la vie. » Acquiesçant de la tête au fur et à mesure qu’elle raconte sa propre expérience en matière de chambre partagées. Il pose ses fesses sur le lit soigneusement fait et touche du bout des doigts la douceur des draps en dessous de ses paumes. « Tu m’étonnes. Je ne pouvais pas supporter une seule personne, je n’imagine pas comment tu as dû avoir envie de tirer certains des autres enfants par la fenêtre. J’espère que tu t’entendais bien avec eux, au moins. » C’est l’important, après tout. Lily n’était pas toujours détestable, après tout. Il lui arrivait de baisser les armes quand il n’était pas le moment de se battre à coups d’oreillers et à coups bas. « Tu sais que tu m’as jamais vraiment parlé de toi ? J’ai l’impression que c’est une des premières infos personnelles que tu partages avec moi. » Lèvres pincées, il réalise qu’il est trop tard pour lui pour faire marche arrière. Il est vrai qu’il n’a jamais été très bavard avec Sawyer. Il a peut-être peur qu’elle devine qu’il n’est pas vendeur s’il se goure dans ses propres mensonges. « M’ouais… » Il commence en marmonnant, reprenant son verre pour terminer le contenu d’une gorgée. « Je n’aime pas trop vanter l’enfance formidable que j’ai eue. » Il dit, sarcastique, profitant de sa lancée pour rapidement changer de sujet et interroger son amie au sujet de ses relations passées avec des hommes. Est-il le premier à s’asseoir sur son lit ? « Dans mon appartement, oui. Dans ma chambre, non. » Ses lèvres s’étirent en un sourire timide. Il baisse la tête deux secondes, laissant ses yeux suivre les lignes qui séparent les latte en bois au sol. « Oh. » Il passa sa main dans sa barbe, soudainement nerveux même s’il comprend qu’il n’a pas de compétition à ce niveau-là. « Elle a une importance particulière à tes yeux cette question ? » Il relève la tête et louche sur ses lèvres, la bouche entrouverte, avant d’enfin lancer : « Non, certainement pas. » Il aurait réagi de la même façon s’il n’avait pas été le premier à entrer dans son jardin secret. Après tout, il n’est lui-même pas un symbole de sagesse depuis qu’il a découvert le goût des lèvres. Il a trop souvent glissé des billets verts dans les poches des femmes qui le rencontraient la nuit. Il ne pourrait jamais faire la morale à personne. Se glissant un peu plus loin sur le lit, au milieu du matelas, il retire ses souliers. Il tapote ensuite la place devant lui pour inviter son amie à décoller ses fesses de son bureau pour le rejoindre : « Tu viens ? » Dorénavant en tailleur, il attend que la belle se joigne à lui, nerveux comme un suricate. Il n’entend plus le brouhaha étouffé derrière la porte fermée. Il n’y a plus qu’elle et lui. Il espère simplement qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il fasse preuve de plus de spontanéité parce qu'il n'a toujours pas confiance en ses... capacités.
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Elle jeta à son tour un regard en direction des photos qui étaient accrochées sur son mur, un fin sourire s’affichant sur son visage sans même qu’elle ne le réalise. Chacune de ces photos avait son importance et la ramenait à des souvenirs partagés qui étaient chers à son cœur. Chaque grand événement de sa vie avait sa place sur ce pan du mur, tout comme chacune des personnes qui comptait pour elle. Une vieille photo de ses parents y figurait en bonne place, ainsi que quelques photos des enfants avec lesquels elle avait grandi et avec qui elle avait tenu à rester en contact. Mais les photos les plus présentes représentaient surtout les amis qu’elle s’était faits en commençant sa vie d’adulte responsable -à peu près- et indépendante. Des amis proches qu’elle apparentait à présent à sa famille. Son regard glissa de ces souvenirs suspendus vers Chris et son sourire s’étira un peu plus encore en songeant qu’elle devait lui demander une photo ou en prendre une avec lui pour qu’il puisse aussi avoir sa place sur son mur. Mais pour l’heure, ils semblaient tous deux trop occupés à se défier du regard au sujet de la potentielle présence d’une licorne dans son placard. « uh uh » Sawyer haussa innocemment les épaules, comme pour signifier qu’elle ne voyait pas pour quelle raison Viviane ne serait pas réelle. Viviane était silencieuse et bien élevée, c’était pour ça qu’il ne l’entendait pas, voilà tout. Assise sur son coin de bureau, elle se demanda un instant comment la conversation avait pu passer si aisément d’une histoire de licorne à des propos plus personnels. Cela leur était-il seulement déjà arrivé de tenir une conversation un tant soit peu sérieuse, sans plaisanter ? « Tu m’étonnes. Je ne pouvais pas supporter une seule personne, je n’imagine pas comment tu as dû avoir envie de tirer certains des autres enfants par la fenêtre. J’espère que tu t’entendais bien avec eux, au moins. » Elle grimaça légèrement en songeant à la dizaine d’enfants qu’elle avait en effet eu envie d’éliminer de manière plus ou moins sanglante. « Pour la majorité d’entre eux, ça allait oui. J’ai vraiment pas à me plaindre. Pour les autres…je ne parlerai qu’en présence de mon avocat. » Ou de Viviane. « Alors comme ça…tu ne pouvais pas supporter ta soeur ? » Son sourire s’étira quelque peu avant qu’elle n’ajoute : « Rien d’anormal là-dedans…ça me semble même plutôt être une relation fraternelle assez normale, non ? » Avait-on déjà vu des frères et sœurs s’entendre à la perfection ? Cette perspective lui semblait peu probable. Sawyer avait profité du fait qu’il ait laissé des informations sur son enfance lui échapper pour s’engouffrer dans la brèche. Elle l’observa finir son verre, consciente que ce geste ne présageait certainement pas d’une longue conversation sur son enfance et sur son passé. « Je n’aime pas trop vanter l’enfance formidable que j’ai eue. » Elle hocha simplement la tête sans insister davantage. Elle n’avait pas l’intention de le forcer à partager quoique ce soit s’il n’en avait pas envie. Tout comme elle avait elle-même hésité à répondre à sa question concernant les hommes qu’elle avait ou non laissés entrer dans sa chambre. Mais elle avait fini par lui dire la vérité, non sans s’intéresser à la raison de cette question au passage. « Non, certainement pas. » Elle pencha légèrement sa tête sur le côté en l’observant, comme pour tenter de déterminer la véracité de ses propos. Une part d’elle-même aurait peut-être préféré qu’il réponde par l’affirmative. Qu’il lui dise qu’il était contrarié de savoir que la porte de sa chambre s’était déjà ouverte par le passé pour d’autres hommes que lui. Mais elle avait beau étudier le comportement et les réactions des gens, elle n’était pas dans sa tête et elle avait un mal de chien à utiliser ses capacités cognitives correctement en sa présence ce soir-là. Sawyer s’était rarement sentie perturbée de cette façon et la question qui suivit ne l’aida pas vraiment à y voir plus clair : « Tu viens ? » Elle n’avait rien dit lorsqu’il s’était assis sur son lit. En revanche elle avait fortement pensé à son verre d’alcool abandonné quelque part dans son appartement et qui lui faisait cruellement défaut à ce moment précis. Observant la place en face de Chris, elle se demanda un instant si cela la ferait passer pour la dernière des malpolies si elle s’éclipsait rapidement pour aller récupérer une bouteille d’alcool à défaut d’avoir son verre. Elle mit quelques secondes à réagir, avant de reporter son regard sur le visage de son ami. Elle se pinça les lèvres, l’air songeur, avant de prendre une profonde inspiration et d’enlever ses chaussures pour se diriger vers le lit. Ca ne lui ressemblait pas d’appréhender autant une situation. Sawyer était une grande fille, sûre d’elle et de ses choix, rarement déstabilisée, elle avait bien l’intention de retrouver ce côté de sa personnalité et d’arrêter de se laisser submerger par le doute. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait ? Et alors ? Rien d’horrible n’allait se passer. Elle jeta un coup d’œil en direction de la porte pour vérifier qu’elle restait bel et bien fermée, avant de s’installer à son tour en tailleur en face de Chris. Ses genoux vinrent toucher les siens et si elle avait dû se montrer malhonnête elle aurait mis cela sur le compte de son lit qui n’était pas très grand. Mais non, leurs genoux se touchaient parce qu’elle avait bien voulu s’installer suffisamment proche de lui pour ça. Tout comme elle avait volontairement plongé son regard dans le sien avant de lancer innocemment : « Donc…tu disais que tu n’aimes pas vanter ton enfance formidable ? C’est dommage, il parait que j’ai maintenant un diplôme qui m’autorise à te dire que j’ai les moyens de te faire parler. » Ou toute autre phrase cliché du même genre. Le but de la manœuvre n’était toujours pas de le forcer à parler d’une période de sa vie qu’il ne souhaitait pas partager. En revanche le regard que Sawyer lui lançait et son sourire mi-provocateur, mi-séducteur étaient là pour attester que ça n’était pas vraiment sur son fameux diplôme qu’elle comptait pour le faire parler.
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Il apprécie de découvrir le monde de Sawyer tapissé sur les murs et inscrit dans le moindre détail de la décoration de la chambre. Il découvre à chaque coup d’œil un nouveau détail, passant par le tiroir du bas de son armoire très légèrement entrouvert, comme si elle avait été pressée de le fermer, jusqu’aux plis déjà installés dans les draps du lit pour témoigner de son passage récent. Il entre dans un monde qui ne lui appartient pas et il comprend qu’il s’agit d’une preuve énorme de confiance de la part de son amie. Il ne peut que sourire en laissant ses doigts se poser là où il a envie de toucher la texture d’une petite figurine ou celle d’un amas de papiers sur le coin du bureau. Il est curieux, il l’a toujours été, mais il cessera de fouiner si la jeune femme le lui demande. Après tout, s’il ne s’est pas imprégné des nombreuses valeurs injustes de son père, il n’a jamais oublié la plus importante : le respect. Mais Sawyer ne semble pas particulièrement dérangée par sa présence nouvelle dans sa chambre et son humour ne reste pas moins enfantin quand elle mentionne à nouveau la fameuse licorne maîtresse du placard. Pour entrer dans son jeu, il décide de laisser survivre le mystère sans jamais ouvrir les portes qui le mèneraient vers ce soi-disant univers fantastique.
Ce n’est pas l’absence de la thématique du baseball qui le surprend le plus. C’est plutôt la présence d’un lit unique au milieu d’une pièce tout à elle. Ce n’est pas une image qu’il voit souvent même aujourd’hui. Après tout, il partage encore sa chambre (si on peut appeler ça comme ça) avec plusieurs autres manthas qui, eux non plus, ne connaissent pas le luxe d’un chez soi. « Pour la majorité d’entre eux, ça allait oui. J’ai vraiment pas à me plaindre. Pour les autres…je ne parlerai qu’en présence de mon avocat. » La famille d’accueil n’a probablement pas été de tout repos pour elle, il n’en doute pas une seconde. « Ce n’était pas trop épuisant de voir ton quotidien continuellement bouleversé ? » Changer de famille, de frères et de sœurs, de routine, d’habitudes. Certes, il a lui-même imposé un changement à son quotidien en fuyant son milieu familial mais ce n’est pas la même chose. C’est un choix qu’il a pris, et ce n’était pas parce qu’il n’aimait pas Lily. Au contraire. S’il n’y avait été que question d’elle, il serait resté à ses côtés pour la protéger jusqu’à ce qu’elle comprenne réellement c’est quoi, la vie. Elle était trop jeune quand il a disparu, il en est conscient, et il espère qu’elle arrivera à le pardonner un jour. « Rien d’anormal là-dedans…ça me semble même plutôt être une relation fraternelle assez normale, non ? » Esquissant un sourire, il secoue la tête de droite à gauche, puis de bas en haut. « Elle avait des tendances de délatrice, ça c’est vrai. » Elle ne pouvait s’empêcher de pointer Joseph du doigt lorsque le bruit du verre qui se casse s’élevait dans la maisonnée. Elle hurlait son nom quand il lui tirait un peu trop fort les cheveux – même s’il tentait de lui faire des tresses sans posséder de diplôme de coiffure. Il n’a jamais été habile de ses mains. « Mais je l’aime beaucoup. » Il termine, lèvres pincées, déçu qu’elle ne soit pas là pour l’entendre de ses propres oreilles. Dans tous les cas, la direction que prend la discussion le rend inconfortable alors il y met un frein, prétendant ne pas apprécier de vanter son enfance. Il trouve naturellement le chemin du lit pour y déposer ses fesses, pas encore étourdi par la trop faible consommation d’alcool qu’il a bue. Joueur, il demande à Sawyer de le rejoindre : après tout, c’est un matelas très confortable. Les ressorts n’ont même pas couiné quand il les a écrasés de tout son poids. Les joues de son amie s’empourprent en même temps que les siens lorsque sa silhouette vient creuser le matelas devant lui. Il redresse le dos et son regard se perd un moment dans la chevelure de la belle quand les siens se posent sur leurs genoux qui se touchent. Un minuscule rire nerveux s’échappe des lèvres du garçon mais il ravale sa salive et se ressaisi avant qu’elle ne puisse noter la nervosité dans son attitude. Ses perles bleues s’accrochent aux siennes et il penche la tête sur le côté quand elle prétend avoir les moyens de le faire parler. « Je ne pense pas qu’il sert à ça, ton diplôme… » Il souffle doucement, plissant ses paupières, l’air sceptique. « Mais tu peux toujours essayer. Je ne dirai rien. » Son sourire s’étire davantage et une lueur malicieuse traverse sa pupille. Ouvrant sa main devant lui afin d’accueillir la sienne, il demande : « Tu vas me mettre les menottes et me plaquer contre le sol ? » Il sert très doucement ses doigts fins et fait glisser son index jusqu’à la hauteur de son avant-bras pour la chatouiller, pour la faire frissonner. Et, soudainement, au moment où la proie s’y attend le moins, il attrape ses deux poignets et la maintient immobile de cette façon : « Parce que je ne crois pas que tu pourras y arriver si je te tiens comme ça. » Joseph lance finalement comme s’il s’agissait d’un défi.
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« Ce n’était pas trop épuisant de voir ton quotidien continuellement bouleversé ? » Son regard s’égara quelques secondes sur les lames de son plancher alors que des souvenirs encore vivides lui revenaient en mémoire. Il y avait des passages d’une famille à une autre qui s’étaient mieux passés que d’autres. Mais chacun avait eu son lot de larmes. Sawyer avait déjà perdu ses parents à l’âge de 10 ans, et l’enfant puis l’adolescente qu’elle était n’avait jamais compris qu’on la force régulièrement à s’attacher à de nouvelles personnes pour l’en séparer quelques mois plus tard. Elle avait l’impression d’avoir passé une grande partie de sa vie à ressentir une incompréhension totale assortie d’une profonde injustice. « C’était…compliqué. » Elle avait du mal à mettre des mots sur cette période de sa vie et sur son ressenti. Elle releva néanmoins la tête pour regarder son ami lorsqu’elle ajouta : « Et c’est pour ça que je m’attache très rarement aux personnes qui m’entourent. » Son regard se fit un peu plus insistant, comme pour sous-entendre qu’il faisait justement partie des rares personnes auxquelles elle avait daigné accorder sa confiance au point de s’attacher réellement, et ça n’était pas rien pour elle. C’était sa façon de se préserver : si elle ne laissait pas les gens entrer dans la forteresse qu’elle avait bâtie petit à petit, elle ne risquait pas de devoir faire face à une nouvelle séparation douloureuse quand ces mêmes personnes finiraient irrémédiablement par quitter sa vie d’une manière ou d’une autre. « Mais bref, passons. » Elle secoua la tête et afficha un sourire quelque peu nostalgique pour changer de sujet. Elle n’avait pas eu l’enfance la plus rose qui soit, et elle n’avait pas l’intention de ternir la soirée en l’évoquant plus que nécessaire. Même si cela ne semblait pas lui plaire particulièrement à lui, bifurquer sur la propre enfance de Chris lui permit de se détendre quelque peu en oubliant la sienne. « Elle avait des tendances de délatrice, ça c’est vrai. » Un sourire amusé s’afficha sur son visage. « Information intéressante. Elle cherche pas du boulot ? Je pense qu’elle pourrait intéresser notre équipe. » Elle parlait déjà comme si elle avait rejoint la police depuis des dizaines d’années alors qu’elle n’avait même pas officiellement commencé son contrat. Mais elle s’y voyait déjà, et cela ne pouvait présager que de bonnes choses pour la suite. « Mais je l’aime beaucoup. » Sawyer ne put retenir un sourire attendri en l’entendant prononcer ces mots. Elle avait au final eu de nombreux frères et sœurs, mais elle regrettait quelques fois de ne jamais avoir partagé de vrais liens du sang avec eux. Ayant daigné bouger de son coin de bureau pour s’aventurer sur son lit en face de Chris, elle ne parvenait pas pour autant à se débarrasser de la boule au creux de son ventre malgré tous ses efforts pour faire bonne figure et avoir l’air sûre d’elle. « Je ne pense pas qu’il sert à ça, ton diplôme… » Malheureusement pour elle, ses efforts se retrouvèrent bien vite réduits à néants avec le regard qu’il lui lançait à présent. « Mais tu peux toujours essayer. Je ne dirai rien. » En revanche, ne la connaissait-il pas suffisamment pour savoir qu’elle ne refusait jamais un challenge ? Ou au contraire, peut-être la connaissait-il trop bien. Son affirmation sonnait justement comme un défi que Sawyer ne pouvait pas refuser de relever. Il en allait de son intégrité, de sa réputation. « Ha oui ? T’es sûr de vouloir tenir tête à un inspecteur de police ? Je suis pas certaine que ce soit une idée de génie si tu veux mon avis. La partie me semble jouée d’avance. » L’assurance qu’elle venait de retrouver sembla l’abandonner une fraction de seconde au moment ou sa main entra en contact avec celle de Chris. « Tu vas me mettre les menottes et me plaquer contre le sol ? » Ses sourcils se haussèrent légèrement à cette proposition. Elle jeta un rapide coup d’œil en direction de sa table de chevet dans laquelle une paire de menottes abandonnées devaient justement traîner. Le genre de cadeaux que ses amis lui faisaient à ses anniversaires. Toujours de très bons goûts. Elle se pinça les lèvres avant de reporter son attention sur Chris et de répondre avec le même air interrogateur : « Je sais pas. C’est un autre défi que tu me lances ? » Qu’il réponde par l’affirmative et il finirait assurément plaqué au sol avant la fin de la soirée, possiblement attaché à un des barreaux de sa tête de lit ; quels que soient les moyens que Sawyer devrait employer pour y parvenir. Elle aurait ensuite tout le loisir de le laisser là à réfléchir aux conséquences de ses actes pendant qu’elle continuerait la soirée avec les autres invités. Mais elle avait beau faire sa maligne présentement, la décharge électrique qui parcourut son corps lorsqu’il fit glisser son index le long de son avant-bras la ramena assez rapidement sur terre. Déstabilisée par cette action, elle n’eut pas le temps de réagir lorsqu’il attrapa ses deux poignets pour la maintenir immobile. Par réflexe, ses doigts se replièrent dans la paume de ses mains et ses bras se crispèrent, tentant vainement d’échapper à cette prise. « Parce que je ne crois pas que tu pourras y arriver si je te tiens comme ça. » Il lui fallut quelques secondes pour se détendre à nouveau et lâcher l’affaire en réalisant qu’elle ne parviendrait pas à se défaire de ses mains de cette façon. « Entraver les gestes d’une personne qui fait partie des forces de l’ordre ? T’es sûr de ton coup là ? » Mais il y avait pire que cela. Elle ne faisait pas juste partie des forces de l’ordre. Elle avait aussi vécu de nombreuses batailles au sein des familles d’accueil par lesquelles elle était passée. Se battre avec des enfants turbulents avait été son quotidien durant de nombreuses années. Chris ne se doutait pas du démon qu’il était en train de réveiller. Son regard laissait résolument transparaître à quel point elle était prête à relever ce défi là. « Tel que je vois les choses, trois options s’offrent à toi. Et je te conseille de les étudier soigneusement. » Elle marqua une pause quelque peu dramatique avant d’approcher doucement son visage du sien sans le quitter des yeux. Elle s’assura d’être aussi proche que la position dans laquelle il la bloquait l’autorisait à être. Elle resta ainsi quelques secondes, son visage à seulement quelques centimètres du sien, silencieuse, comme pour tenter de le déstabiliser à son tour avant de finalement murmurer : « Option 1 : tu choisis la méthode douce. » Un sourire vint mystérieusement étirer le coin de ses lèvres. « Options 2 et 3… » Elle se redressa pour remettre de la distance entre eux et reprit un ton normal. « Tu choisis la manière forte. Best case scenario : tu finis par terre, sans trop d’égratignures si t’as de la chance. » Elle n’avait pas vraiment de contrôle sur la tournure que les options 2 et 3 pouvaient prendre s’il choisissait l’une d’elles. Si elle mettait en pratique les techniques qu’elle avait apprises en familles d’accueil, cela pouvait se finir sur le sol de la chambre ou potentiellement dans un lit d’hôpital. C’était du 50/50. « Worst case scenario : tu finis par terre, avec possiblement quelques trucs cassés. » Elle haussa les épaules avant d’ajouter : « Dans tous les cas, je récupère l’usage de mes mains très rapidement. » Elle n’en doutait pas un seul instant.
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Ils n’ont jamais entretenu ce genre de discussion, tous les deux. En temps normal, le passé est un concept que Joseph ne soulève jamais mais il faut croire que de découvrir une pièce aussi intime et personnelle à Sawyer atténue sa peur. Il a l’impression que tout ce qu’il se passera ici, tout ce qui sera prononcé entre les murs de cette chambre, ne sortira jamais. Ils sont dans une boîte à secrets et personne ne possède la clef. Alors il se permet de l’interroger au sujet de sa famille qui n’a jamais été fixe et, s’il savait qu’elle n’avait pas eu le même parcours qu’un enfant élevé par les mêmes deux parents, il n’avait jamais osé approfondir ses réflexions – peut-être parce qu’il avait peur que les questions lui soient renvoyé. « C’était…compliqué. » Elle est troublée et le blâme est sur Joseph. Lèvres pincées, il s’apprête à lui offrir la possibilité de ne pas répondre mais elle reprend. « Et c’est pour ça que je m’attache très rarement aux personnes qui m’entourent. » Naturellement, un sourire étire les lèvres du garçon quand elle comprend ce qu’elle sous-entend. Elle l’a invitée à cette soirée, puis dans sa maison, puis dans cette chambre séparée du reste du monde. Elle lui fait confiance et la réflexion le bouleverse légèrement. Il est un menteur depuis le début et les mensonges seront déterrés un jour ou l’autre. Il sait qu’il ne pourra pas l’accompagner encore longtemps ; ses responsabilités au sein du gang deviennent de plus en plus étouffantes. Il ne pourra bientôt plus jouir de cette liberté de fuir là où il le désire quand il en a envie, sans donner davantage de renseignements. Il vit d’illégalité et devra faire des sacrifices pour continuer à dormir sous un toit – et il fera tout ce qu’il doit faire pour ne plus avoir à supporter les regards hautains des passants qui le croisent quand ses fesses sont posées à même le sol et ses yeux perdus à même les étoiles. « Mais bref, passons. » Il ne lui a suffi que d’un regard pour la remercier de lui avoir dit ça. Trop peu de gens l’ont fait sentir important et, même s’il est terrorisé à l’idée de trahir Sawyer – c’est inévitable – il sourit doucement et hoche de la tête pour lui faire comprendre qu’il est reconnaissant. « Je m’attache très peu, aussi. » Il se contente de répondre en espérant que l’information puisse la réconforter en un sens. Leurs sentiments sont réciproques, c’est tout ce qui compte. « Information intéressante. Elle cherche pas du boulot ? Je pense qu’elle pourrait intéresser notre équipe. » Quelle ironie. Lily qui rejoint les forces de la police et qui traque des hommes comme Joseph. L’idée lui hérisse le poil et il la balaie rapidement du revers de la main en vantant la profession que sa sœur a choisie sans surprise. « Elle veut devenir infirmière et sauver le monde. » Il précise, réalisant qu’il n’a pas pris de ses nouvelles depuis assez longtemps pour ne pas savoir si son parcours scolaire se passe bien. Après tout, en fuyant ses parents, il l’a aussi fuie, elle. Toutefois, il ne doute pas que le métier lui collera à la peau. C’est bien elle qui soignait les blessures de Joseph quand elle avait à peine atteint la dizaine d’années. Elle n’a jamais eu peur du sang. Quand le garçon admet beaucoup aimer sa sœur, il espère secrètement que son oreille bourdonnera peu importe où elle se trouve. Il ne se souvient pas la dernière fois qu’il le lui a dit en la regardant dans les yeux.
Le lit est invitant et c’est là où se termine l’exploration de Joseph. Il s’y installe, invite Sawyer à en faire de même et sa bouche s’assèche naturellement quand il se met à penser à ce qui pourrait suivre. C’est probablement la nervosité qui les pousse à faire éterniser leurs petits jeux. « Ha oui ? T’es sûr de vouloir tenir tête à un inspecteur de police ? Je suis pas certaine que ce soit une idée de génie si tu veux mon avis. La partie me semble jouée d’avance. » Elle plaisante et il ne perd pas son rôle, lui non plus. Elle est l’autorité, il est l’élément dangereux – avec un peu de chance, elle ne saura jamais que c’est réellement le cas. Il suit le regard de la jeune femme quand il se pose sur la table de chevet et il hausse un sourcil, curieux. Est-ce que des menottes se cachent réellement dans ce meuble ou elle essaye seulement de lui faire peur ? « Je sais pas. C’est un autre défi que tu me lances ? » Regard brillant, il renchérit. « Tu commences à me connaître. » Mais, sans lui laisser le temps de faire le moindre mouvement, il s’empare de ses poignets et les enroule de ses doigts on ne peut plus solides. Il fait de son mieux pour ne pas la blesser tout en lui faisant comprendre qu’elle n’est pas à sa hauteur si elle tente de se battre contre lui. Il mesure au moins dix centimètres de plus qu’elle, après tout, qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire pour s’extirper de sa poigne ? « Entraver les gestes d’une personne qui fait partie des forces de l’ordre ? T’es sûr de ton coup là ? » Moqueur, se mordant le bout de la langue, il hoche fièrement la tête. Il n’a pas peur. Il ne doute pas une seconde qu’elle puisse le renverser vers l’arrière avec un peu de volonté mais elle ne lui fera jamais de mal, pas vrai ? « Tel que je vois les choses, trois options s’offrent à toi. Et je te conseille de les étudier soigneusement. » Elle approche son visage et son souffle accélère. Il sent le parfum de son shampoing mélangé à la fine couche de maquillage qui couvre son visage. Avec difficulté, il cache sa nervosité derrière le même sourire taquin qui soulevait la commissure de ses lèvres avant qu’elle ne commence à énumérer les options qui s’offrent à lui. « Je t’écoute. » Il souffle à son tour, impatient, à vif, peinant à garder ses yeux dans ceux de la jeune femme. « Option 1 : tu choisis la méthode douce. » Il aurait craqué si elle ne s’était pas reculé si rapidement. Il lui aurait volé ses lèvres tout en lui faisant comprendre que la méthode douce l’intéressait. Mais elle est trop futée, Sawyer, et elle ne lui donne pas le temps de briser les dernières centimètres qui les sépare. « Ensuite ? » Il souffle, impatient. « Tu choisis la manière forte. Best case scenario : tu finis par terre, sans trop d’égratignures si t’as de la chance. » Une moue intriguée soulève ses traits. « Worst case scenario : tu finis par terre, avec possiblement quelques trucs cassés. Dans tous les cas, je récupère l’usage de mes mains très rapidement. » La dernière option ne l’intéresse évidemment pas. Lui et sa nature de poule mouillée préféreraient s’en tenir loin mais il ne peut pas nier que la seconde l’intrigue plus que la première. Après avoir réfléchit en contemplant la roseur de ses lèvres, il finit par trancher. Il se redresse légèrement dans le lit pour avoir encore plus l’avantage sur elle et il laisse son poids tomber progressivement vers l’avant, sans jamais lâcher les poignets de la jeune femme, pour finalement l’écraser sur le dos entre son torse et le matelas. « La manière forte. Mais évite de me casser quelque chose, je n’ai pas d’assurances. » Il murmure contre son oreille alors qu’elle est coincée en dessous de lui.
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Sawyer se confiait rarement. Elle ne faisait pas partie de ces personnes qui parlaient à cœur ouvert de leurs sentiments. Tout comme elle ne faisait pas rentrer n’importe qui dans sa chambre. Réussir à passer toutes les barrières qu’elle avait érigées pour se protéger pouvait s’apparenter à un travail de titan, et pourtant Chris semblait les avoir toutes abattues petit à petit. Elle n’était pas du genre à dire ouvertement aux gens à quel point elle tenait à eux, et pourtant elle venait de le faire. A demi-mot tout du moins. « Je m’attache très peu, aussi. » Elle lui était reconnaissante pour ses mots et la signification qu’elle leur donnait. Ils avaient l’air malin tous les deux, à tout sous-entendre sans jamais rien dire directement. Mais ils se comprenaient, et c’était le principal. « Elle veut devenir infirmière et sauver le monde. » Ses lèvres s’étirèrent en un sourire un peu plus franc. Parce qu’il avait choisi de lui confier des informations sur sa famille, et parce que cette réponse lui plaisait beaucoup. « Un projet ambitieux et tout à son honneur. » Sawyer n’y aurait peut-être pas mis sa main à couper, mais quelque chose dans l’expression qui habitait le visage de son ami et dans la façon dont il s’exprimait laissait entendre que son affection pour sa sœur était profonde et sincère. Elle avait beau s’être attachée à de nombreux enfants lors de ses passages en familles d’accueil, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que les liens du sang avaient malgré tout un caractère immuables et solides qu’elle n’était pas certaine de pouvoir un jour retrouver. Cette conversation anodine et familiale avait-elle viré de bord au moment précis où Sawyer l’avait rejoint sur son lit ? Il n’y avait plus grand-chose d’anodin à présent. A commencer par ce regard qu’elle avait glissé en direction du tiroir de sa table de chevet et qui n’avait vraisemblablement pas échappé à Chris. « Tu commences à me connaître. » Elle afficha une moue légèrement dubitative avant de sourire et de surenchérir sur le ton de la plaisanterie : « J’ai à la fois l’impression de te connaître…et en même temps d’ignorer tout de toi. » Il parvenait à lui donner cette impression de lui en dire beaucoup, sans véritablement délivrer aucune information pour autant. Joli tour de passe-passe qui l’intriguait autant qu’il ne la fascinait. Mais elle n’eut pas véritablement le temps de s’appesantir davantage sur de telles considérations, Chris ayant profité de son inattention pour la rendre littéralement prisonnière de ses mains. D’abord surprise et quelque peu contrariée de s’être laissée piéger si facilement, elle n’avait toutefois pas mis bien longtemps avant de rebondir et d’exposer les trois options qu’elle lui offrait. Avait-elle véritablement une préférence pour l’une d’entre elle ? Le sourire qu’il affichait, son regard et le timbre de sa voix donnaient un avantage considérable à l’option 1. Mais l’idée de pouvoir inverser brutalement les rôles rendaient les deux autres options tout aussi séduisantes aux yeux de Sawyer. Avait-elle encore son attelle au fond de son placard ? Cette dernière pourrait s’avérer utile d’ici quelques minutes. Et il y avait suffisamment de glaçons dans sa cuisine pour soulager toute future entorse. Chris pouvait donc prendre sa décision sereinement, elle avait de quoi palier à tous les scénarios imaginables. Les possibilités étant à présent exposées, Sawyer avait replongée son regard dans le sien, un air amusé sur le visage. Une pointe d’interrogation se lisait dans son expression ; elle se demandait sincèrement quelle option il allait choisir et le connaissant elle pouvait s’attendre à tout. Elle pensait naïvement que la situation ne pouvait pas tourner davantage en sa défaveur mais elle dut se résoudre au contraire quand elle comprit trop tard ce qu’il était en train de faire, alors qu’elle se sentait lentement glisser en arrière. Les sourcils maintenant froncés, elle avait tenté tant bien que mal de résister mais elle n’avait pas suffisamment d’appuis ni de prises pour parvenir à le contrer et rester assise. « C’est pas fair play ça. » Elle avait murmuré ces mots dans un souffle, perturbée par la nouvelle situation dans laquelle elle se trouvait. Sawyer avait toujours été douée pour garder son calme et cacher ce qu’elle ressentait, mais cette compétence semblait lui échapper présentement. Difficile pour elle de cacher sa surprise et son anxiété alors que son cœur menaçait d’exploser dans sa poitrine qui se heurtait à présent au torse de Chris à chaque nouvelle inspiration qu’elle prenait. « La manière forte. Mais évite de me casser quelque chose, je n’ai pas d’assurances. » Elle n’arrivait plus à se concentrer sur ce qu’il disait, son attention étant à présent accaparée par leur proximité et par son souffle contre son visage. Lui murmurer ces mots à l’oreille n’était pas fair play non plus et elle rêvait de pouvoir effectivement utiliser la manière forte pour les lui faire ravaler. Mais la motivation qu’elle avait encore quelques secondes auparavant à lui casser un bras ou une jambe semblait soudain l’avoir abandonnée. Et même si elle avait eu suffisamment de conviction pour vouloir encore inverser la situation et le mettre à terre, elle n’aurait pas su comment s’y prendre vu la position dans laquelle il était parvenu à l’immobiliser. Elle secoua légèrement la tête et replongea son regard dans le sien. Il ne le lui laissait plus beaucoup de possibilités quant à la manière qu’elle pouvait encore employer pour parvenir à se sortir de là. Si tant est qu’elle ait seulement encore souhaité vouloir s’extirper de là. « Ça te dit un rapide cours de langage corporel ? » Elle avait à son tour répondu en murmurant. Elle était déstabilisée, mais elle ne s’était pas départie de son sourire en coin pour autant, ni de son envie de le provoquer toujours un peu plus. Jusqu’à présent, Sawyer avait laissé ses cours de côté. Elle n’avait pas analysé le comportement et les réactions de quiconque depuis le début de la soirée, mais un détail venait de lui sauter au visage dans l’expression qu’affichait Chris. Et tout était de sa faute ; elle ne l’aurait probablement jamais remarqué s’il ne l’avait pas mise dans cette situation. « Les pupilles dilatées, c’est le signe universel de l’attirance qu’on éprouve pour quelqu’un. » Il voyait où elle voulait en venir à présent ? Elle allait aller au bout de sa pensée pour s’en assurer : « Et les tiennes sont présentement très…très dilatées. » Mais elle ne se faisait pas d’illusions. Elle se doutait qu’elle devait être très mal placée pour parler et que les siennes étaient certainement soumises au même phénomène à ce moment précis. Elle se pinça légèrement les lèvres et resta silencieuse durant des secondes qui lui parurent interminables. Finalement, elle approcha son visage de celui de Chris et vint déposer un baiser presque mutin au coin de ses lèvres. Elle sentit au même moment la prise qu’il exerçait sur sa main droite se desserrer juste suffisamment pour lui permettre d’en récupérer l’usage. Mais plutôt que de se libérer complètement, elle fit simplement glisser sa main de quelques centimètres pour qu’ils se retrouvent paume contre paume et qu’elle soit finalement en mesurer d’entrelacer ses doigts aux siens.
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C’est étrange de parler de la vraie vie avec une personne qui ne connaît pas le moindre détail de la sienne. Joseph n’a jamais ressenti le besoin de se confier auprès des autres garçons de son gang parce que, là-bas, tout le monde vient de loin. Les gens qui se retrouvent à marchander dans le marché noir ne le font jamais par choix. Personne n’est né dans ce monde en attendant que les menottes soient attachées à ses poignets, personne n’espère un jour ou l’autre se faire enfermer derrière des barreaux plus solides que leur propre vie. Et pourtant, Joseph n’a pas peur ; auprès des criminels, il ne subit plus la colère d’une personne qui aurait dû l’aimer plutôt que le punir d’exister. « Un projet ambitieux et tout à son honneur. » Lily a eu plus de chance, elle. Elle s’est laissée déformée par le moule de la société sans jamais grincer. Elle savait ce qu’elle devait faire pour faire de son métier une promesse d’un monde meilleur. Joseph n’a jamais été jaloux. Elle le complétait, il la complétait, et c’était comme ça. Il n’aurait changé de corps pour rien au monde. Il ne regrettera jamais les choix qu’il a pris, même s’il termine ses jours là où sont jetés les punis. Il est heureux de ne pas être devenu son père, c’est tout.
Il n’a pas envie de penser à tout ça, d’arroser les graines d’un passé qu’il essaye tous les jours d’oublier sans succès. Il apprécie Sawyer pour sa capacité à le faire rire et, pendant un moment, il a l’impression d’être né à sa place quand elle lui parle de sa passion pour les balles et les battes, ou quand elle lui raconte son dernier échec culinaire. Ce soir, il pose ses fesses sur son lit et fait, en même temps, un pas dans son intimité. « J’ai à la fois l’impression de te connaître…et en même temps d’ignorer tout de toi. » Sa gorge se noue et, tandis qu’il observe la couleur de ses yeux, il secoue très doucement la tête en esquissant un sourire rassurant. « Je t’assure que c’est mieux comme ça. » Parce qu’il paraît gentil, Joseph, le cœur toujours posé sur la main, offert au premier venu. Il veut faire le bien quand il n’est pas forcé à faire le mal. Il veut faire plaisir à Sawyer, son amie, la seule, parce qu’Olivia est disparu de sa vie bien trop rapidement. Il craint que l’histoire se répète et que la belle devant lui s’évapore à son tour et ça le paralyse de peur ; il préfère alors l’inciter au jeu pour ne se rappeler que des bons moments avec elle quand son métier l’obligera à le pousser en dehors de sa vie. Le renard et le lapin ; peu importe lequel arbore les longues oreilles, il finira par se faire dévorer par les crocs de l’autre. Mais, ce soir, Joseph veut bien jouer le jeu du prédateur avant que les rôles ne soient inversés. Quand son ami lui propose trois options, il choisit la dernière mais lui dérobe le moindre mouvement en posant tout son poids sur elle. Comprimée entre son torse et son matelas, elle ne peut que faire une moue déconfite. « C’est pas fair play ça. » Ça ne le sera jamais. Ils devront tricher tous les jours jusqu’à ce que la vérité s’échappe de leur récit.
Et il se perd dans son regard en oubliant l’espace dans lequel ils se trouvent. Les murs disparaissent et le lit flotte au milieu de l’océan, de l’espace, peut-être. Mais les étoiles se sont éteintes pour réapparaître dans la brillance des yeux de Sawyer. « Ça te dit un rapide cours de langage corporel ? » Il cligne doucement des paupières en observant ses lèvres quand elle prononce ces quelques mots. Le souffle de son amie n’est plus aussi fluide – et ce n’est pas seulement parce qu’elle a le poids d’un homme sur le corps. « Les pupilles dilatées, c’est le signe universel de l’attirance qu’on éprouve pour quelqu’un. » Il redresse le regard pour observer ses pupilles, à elle. « Et les tiennes sont présentement très…très dilatées. » Son cœur tambourine contre sa poitrine pour frapper contre celle de la jeune femme. Un légèrement gloussement s’échapper par ses narines et il se permet évidemment une petite plaisanterie : « Qu’est-ce qui te dit que je ne suis pas défoncé ? » Parce que la drogue dilate les pupilles, elle aussi. Il s’y connait bien mieux dans ce domaine-là, plutôt que dans celui des émotions. Mais sa blague n’est pas crédible une seconde. Il arrive bien trop à penser pour que la cocaïne ne dénature ses neurones et quand le visage de Sawyer se soulève doucement en direction du sien, il la rencontre à mi-chemin. Le baiser est rapide mais il raconte toutes les meilleures histoires du monde. Joseph laisse ses doigts choisir d’eux même et il serre la main de son amie à son tour. « Les tiennes aussi. » Il souffle finalement, laissant ses lèvres entrouvertes en espérant secrètement goûter à nouveau le parfum de celles de Sawyer. « Mais j’imagine que tu le sais déjà. »Puisque tu m’as embrassé. Sans la laisser répondre, il vient lui voler ses lèvres une seconde fois et le baiser est prolongé ; plus chaud, plus vif, plus délicieux. La danse s’éternise trois secondes de trois et Joseph finit par se décoller pour lui demander : « Est-ce que tu attends plus de ma part ? » Respectueux, il l’a toujours été. Il ne désobéira pas à sa règle ce soir. C’est elle qui choisit. c’est sa chambre, son corps, ses désirs. Il ne souhaite qu’une seule chose : qu’elle sourit en pensant à lui jusqu’à ce que leurs chemins soient séparés de force.
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« Je t’assure que c’est mieux comme ça. » Sa tête se pencha légèrement sur le côté alors qu’elle scannait son visage et ses expressions silencieusement, tout en essayant de décrypter tout ce qui pouvait se cacher derrière cette réponse. Car ça n’était pas le genre de réponse qu’on donnait de façon anodine et innocente. Il y avait forcément une histoire derrière tout ça. Ses sourcils se froncèrent de manière presque imperceptible au moment où elle songea qu’il n’avait peut-être tout simplement pas suffisamment confiance en elle pour vouloir se livrer davantage sur sa vie et sur son passé. Ou peut-être que ce n’était tout simplement pas le genre de choses dont il aimait parler. Ou alors il ne considérait pas leur lien comme assez fort pour aborder ce genre de sujets avec elle. Les hypothèses étaient nombreuses et se bousculaient, se mélangeaient de manière désordonnée dans l’esprit de Sawyer. Mille et une questions lui brûlaient les lèvres, mais elle n’avait pas l’intention de satisfaire sa curiosité si cela devait mettre son ami mal à l’aise. La solution la plus appropriée lui sembla être d’accepter simplement cette vérité qu’il venait d’énoncer. « Sache juste que si tu changes un jour d’avis, tu trouveras toujours une oreille attentive et loin de tout jugement par ici. » Sawyer se refusait effectivement catégoriquement à juger d’autres personnes ; on ne pouvait jamais savoir quelles épreuves ces dernières avaient eu à affronter et ce qui avait pu les amener là où elles en étaient aujourd’hui. Pourtant, elle était loin de se douter que Chris ne manquerait pas de mettre ses convictions et ses limites à mal dans un futur plus ou moins proche. Si la jeune femme était prête à écouter et à se montrer compréhensive, son comportement changeait du tout au tout quand elle se sentait dupée et trahie. Sa confiance était incroyablement difficile à gagner, mais la facilité avec laquelle on pouvait la perdre était inversement proportionnelle. Il ne faisait aucun doute qu’elle avait bel et bien accordé sa confiance à Chris. Le fait qu’elle l’ait autorisé à pénétrer dans sa chambre en était la preuve la plus édifiante. Et la façon dont elle perdait ses moyens en quelques secondes face à lui témoignait de l’importance toute particulière qu’il avait à ses yeux. Elle avait beau vouloir faire sa forte tête, tenter de sauver la face avec ses histoires de pupilles dilatées pour le provoquer, elle n’en menait pas large et son souffle saccadé ainsi que les frissons qui parcouraient son échine la trahissaient. « Qu’est-ce qui te dit que je ne suis pas défoncé ? » Elle haussa spontanément un sourcil, surprise par la remarque, avant que ses lèvres ne s’étirent en un sourire amusé. Elle ne s’attendait pas à ce genre de répartie. « J’ose espérer que tu aurais la présence d’esprit de ne pas venir complètement défoncé à une fête à laquelle se trouve un certain nombre de futurs inspecteurs de police. » Cela ne ressemblait pas à une idée de génie. Mais elle espérait surtout qu’il n’était pas capable d’agir de la sorte avec elle, à sa propre fête, chez elle. Faire preuve d’un tel comportement avait toujours des raisons : un besoin de s’échapper, d’effacer ses problèmes, de ne pas affronter la réalité. Or Sawyer espérait naïvement qu’elle ne représenterait jamais à ses yeux une réalité qu’il ne souhaitait pas affronter. « Les tiennes aussi. » Qu’est-ce qui te dit que je ne suis pas défoncée ? Les mots ne franchirent pas la barrière de ses lèvres mais ils pouvaient se lire dans son regard taquin et son sourire amusé alors qu’elle mourrait d’envie de lui resservir son propre argument. Mais elle était un peu plus fair play que lui et voulait bien croire que ses pupilles étaient elle aussi dilatées. Il ne faisait aucun doute qu’elle ne maîtrisait plus les réactions de son corps, pas alors qu’il était si proche d’elle et que le moindre de ses gestes lui donnait l’impression de faire augmenter un peu plus son rythme cardiaque à chaque seconde. « Mais j’imagine que tu le sais déjà. » Elle qui était toujours si prompte à trouver des réparties dignes de ce nom ne chercha cette fois-ci pas à le contredire et vint simplement répondre spontanément à son baiser de manière plus pressante que précédemment. Les doigts de sa main droite étaient toujours entrelacés aux siens alors qu’elle profita de pouvoir récupérer sa main gauche pour venir la faire glisser dans sa nuque. Se faisait-elle des idées ou ce baiser était la concrétisation de plusieurs mois à se tourner autour sans véritablement le reconnaître ? C’était en tout cas l’impression qu’elle avait et elle ne comptait pas le laisser s’échapper. Si elle le laissa s’écarter quelque peu, elle ne décolla pour autant pas sa main de sa nuque. « Est-ce que tu attends plus de ma part ? » Cette question venait de la prendre de court. Ses sourcils s’étaient quelque peu froncés, peu habituée à ce qu’on lui pose ce genre de questions. Lancées dans le feu de l’action, ses conquêtes précédentes n’avaient jamais pris le temps de s’enquérir de ce genre de préoccupations. Elle était surprise, mais de manière positive. Elle se pinça les lèvres en cherchant la meilleure réponse à cette question avant qu’un sourire attendri n’étire doucement ses lèvres. « On m’a jamais posé cette question. » Elle appuya légèrement et délicatement sur sa nuque pour rapprocher son visage jusqu’à pouvoir poser son front contre le sien. « Et rien que pour ça je pense que tu mérites un sincère et franc "Oui" en guise de réponse. » Son regard vint se perdre dans le sien alors que la boule qu’elle ressentait au creux de son ventre lui confirmait ses propos. Elle réduit encore un peu plus la distance entre leurs visages jusqu’à pouvoir frôler ses lèvres avant d’ajouter, dans un murmure : « Je te confirme que j’ai pris aucune drogue. T’es le seul et unique coupable pour la dilatation de mes pupilles. » Elle pouvait verbaliser toutes les autorisations dont il avait besoin, mais le corps de Sawyer était le premier à parler pour elle.