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 Lie to me (Joseph, 2006)

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Message(#)Lie to me (Joseph, 2006) - Page 2 EmptyVen 9 Juil 2021 - 0:43


 
Every lie we tell incurs a debt to the truth. Sooner or later, that debt is paid. We all know when people are lying to us, we just don’t want to listen.

« Sache juste que si tu changes un jour d’avis, tu trouveras toujours une oreille attentive et loin de tout jugement par ici. » Ce serait tellement plus simple s’il pouvait parler. Cependant, le mutisme avec lequel il s’est familiarisé lui semble l’option la plus appropriée à cet instant. Après tout, ce n’est pas dans cette chambre à peine protégée d’une trentaine de récents obtenteurs de diplômes qu’il dévoilera ses secrets les plus honteux et qu’il exprimera cette impression de poids constant contre sa poitrine, l’empêchant parfois d’inspirer complètement. Il n’est pas heureux d’avoir laissé sa sœur derrière lui. Il n’en est pas fier non plus. Seulement, il ne sait pas s’il aurait survécu une semaine de plus dans ce cadre familial terriblement oppressant, et sous le regard assoiffé du prêtre qui avait fait de lui sa marionnette. « Merci. Ça me touche, vraiment. » Joseph sourit doucement en observant les prunelles de son amie, sentant son corps se faire attirer par le sien comme s’il était soudainement magnétique. Il résiste jusqu’à la dernière seconde, préférant éviter de briser ce moment avec une mauvaise manœuvre.

C’est toutefois Sawyer qui vient le rejoindre au milieu du matelas. Il se pousse naturellement pour lui faire un peu de place et un nouveau jeu démarre entre eux. S’il ne doute pas une seconde que son amie pourrait le neutraliser en exécutant un seul bon mouvement, ça ne l’empêche pas de la taquiner, de jouer un peu avec ses nerfs, pour voir de quoi elle serait capable. Très bientôt, il prend le dessus sur elle mais il se doute qu’elle n’a pas fait tout en son pouvoir pour le dominer. Il profite de cette position pour l’observer plus longuement. Ses cheveux s’étendent en étoile sur le lit et le rouge lui est monté aux joues. Il esquisse un sourire à la prochaine remarque de la jeune femme concernant ses pupilles dilatées. Il connaît bien les effets de la drogue, mais pas ceux de l’attirance. « J’ose espérer que tu aurais la présence d’esprit de ne pas venir complètement défoncé à une fête à laquelle se trouve un certain nombre de futurs inspecteurs de police. » Il fronce les sourcils en affichant une moue. « Je te rappelle que tu ne m’as pas dit qu’il y aurait autant de monde ce soir. » Peu importe : il n’est pas drogué, elle l’a bien deviné. Il n’agirait pas de cette façon s’il avait collé une ligne de poudre blanche dans le fond de son nez. Il n’aurait pas les esprits aussi clairs et cette aptitude à suivre le fil de la conversation sans jamais se perdre. Pour se venger, il fait remarquer à Sawyer que ses yeux parlent beaucoup, eux aussi. À cette simple idée, il sent son cœur s’affoler dans sa poitrine et il se mord le bout de la langue pour dissimuler l’envie croissante qui lui brûle de plus en plus le bas du ventre. Il serre doucement sa main dans la sienne et vient caresser la base de son pouce tout en collant l’entièreté de son corps sur le matelas qui épouse sa forme. Ils s’embrassent une seconde fois, puis une troisième mais, juste avant de se laisser emporter par son désir, Joseph préfère s’assurer que son amie est prête à approfondir le moment. Il craint peut-être qu’elle soit déçue d’avoir été arrêtée en plein milieu de l’action mais il lit la reconnaissance dans son regard brillant. « On m’a jamais posé cette question. » C’est bien ? C’est mal ? Il est un novice, Joseph. Cet univers de la romance lui est complètement inconnu. Au fond de ses tripes, il sait que c’est avant tout une question de respect mais il ne saurait dire si ces manières sont démodées. Il n’a pas été élevé en ville, après tout. « Et rien que pour ça je pense que tu mérites un sincère et franc "Oui" en guise de réponse. » Un sourire soulève la commissure de ses lèvres. La réponse lui fait l’effet d’un baume attendrissant. Il contemple le visage de son amie, si près du sien, et il entrouvre les lèvres lorsqu’elle entame un nouveau rapprochement. Il sent son souffle contre sa bouche lorsqu’elle lui confirme une dernière fois qu’elle attend plus de sa part. Naturellement, une certaine peur de l’inconnu vient s’accrocher à sa gorge mais il dissimule ce ressenti nouveau en se reculant légèrement pour mieux retirer son t-shirt qu’il laisse tomber au pied du lit, négligé. « Viens. » Il propose en soulevant le tronc de la jeune femme, accrochant son haut à son tour pour le faire passer au-dessus de sa tête, envoyant valser quelques mèches brunes de sa chevelure épaisse. Il replace les plus dérangeantes derrière ses oreilles et en profite pour lui voler un baiser chaud et prolongé. Il prend doucement sa tête entre ses mains, glissant ses ongles le long de son crâne. Sa bouche s’aventure au niveau de sa mâchoire, puis de son cou, et il appuie doucement sur la poitrine de son amie pour l’inviter à se coucher à nouveau sur le lit. Quand ses lèvres viennent frôler son ventre, ses doigts s’attèlent à détacher le bouton de son jean.

Les minutes n’existent plus quand son corps est collé au sien et quand le souffle saccadé de Swayer s’échappe en bouffée chaudes au creux de son cou. Il ne l’entend pas, son nom appelé à l’extérieur de la chambre, ni les mains qui s’écrasent à plusieurs reprises sur toutes les portes fermées. Seulement, quand c’est celle de la chambre qui vibre sous les coups, Joseph se redresse vivement. Il a seulement le temps de s’emparer de la couverture pour se rouler en dessous avec la jeune femme avant que le battant de la porte ne s’ouvre vivement. « Jo putain, qu’est-ce que tu fous ?! Tu ne regardes jamais ton téléphone ? » S’emporte Damian sans jamais considérer l’état plutôt précaire du garçon et de sa compagne. « Sors, j’arrive, j’arrive ! » Il répond en lui faisant signe de déguerpir. L’autre louche quelques secondes de plus sur la scène devant ses yeux et il se permet un dernier commentaire avant de tourner les talons : « Tu partages même pas. » Dents serrées, Joseph balance l’oreiller sur la porte et elle se ferme dans un vacarme assourdissant. Conscient qu’il vient de faire une énorme gaffe, il se tourne aussitôt vers Sawyer. « Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis désolé. » Il  le répéterait mille fois s’il le pouvait, s’il avait le temps. Seulement, la seule option qui s’offre à lui à cet instant, c’est la fuite. Il a déjà fait l’erreur de ne pas garder un œil sur son portable alors que les règlements sont bien clairs dans ce gang. « Je dois y aller… » Il dit, sans se justifier, en se relevant pour attraper ses fringues étendues un peu partout sur le sol.          
       

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Message(#)Lie to me (Joseph, 2006) - Page 2 EmptySam 21 Aoû 2021 - 15:05


 
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« Je te rappelle que tu ne m’as pas dit qu’il y aurait autant de monde ce soir. » Fair enough. Elle se pinça les lèvres pour retenir son rire, affichant toutefois une expression fièrement coupable de cette accusation. « Ça c’est seulement parce que je voulais vraiment que tu viennes… » Et elle n’aurait pas pu être plus sincère. Persuadée qu’il aurait préféré éviter une foule d’inconnus, elle avait soigneusement omis ce détail pour s’assurer qu’il répondrait présent ce soir. Son sourire amusé avait laissé place à un désir non feint qu’elle aurait eu bien du mal à dissimuler si elle l’avait voulu. Mais elle ne le voulait plus justement. Si son intention avait été initialement de tout tenter pour renverser son ami et pouvoir reprendre le dessus sur lui, ça n’était plus vraiment ce qu’elle attendait à présent. Les mois qu’ils avaient passé à se tourner tacitement autour semblaient enfin faire sens. Et s’ils avaient su se montrer tous deux raisonnables et patients jusqu’à présent, Sawyer avait de plus en plus de peine à se contenir. Ils n’avaient certainement pas choisi leur moment pour agir de la sorte mais elle connaissait les risques en le laissant entrer dans sa chambre. A cet instant précis, elle se moquait bien de la soirée qui battait son plein de l’autre côté de la porte. Son regard perdu dans le sien l’empêchait de voir plus loin que ce lit sur lequel ils se trouvaient. Ils étaient dans leur propre monde, leur cocon et, la main dans la sienne, elle ne se serait échappée de tout ça pour rien au monde. La douceur et la prévenance dont il faisait preuve eurent raison de la dernière once de patience de la brune. Elle vint doucement frotter son nez contre le sien, puis l’embrassa une nouvelle fois avant de le laisser bien volontiers prendre les devants pour l’aider à se débarrasser de son T-shirt. Elle frissonnait à chacun de ses baisers et sentit un franc courant électrique remonter le long de sa colonne vertébrale quand ses lèvres vinrent frôler son ventre.

Toujours assaillie par des pensées en ébullition, sans cesse en mouvement, prise par une quelconque mission à accomplir ou un nouveau sport à tester, il était rare que Sawyer marque des pauses dans la vie mouvementée qu’elle s’était construite. Pourtant, au creux des bras du jeune homme, elle était bel et bien parvenue à stopper tout ça pour prendre le temps de profiter et d’apprécier l’instant présent. Fête ou pas, elle aurait bien volontiers arrêté le temps pour faire durer ce moment le plus longtemps possible. Mais c’était sans compter les éclats de voix qui commençaient à se faire entendre en dehors de sa chambre. Si elle n’y avait tout d’abord pas particulièrement prêté attention, le retour à la réalité fut brutal quand sa porte s’ouvrit brusquement. Elle considéra l’inconnu avec une expression confuse. Etait-il venu avec un de ses invités ? Il y avait certes beaucoup de monde dans son appartement présentement, mais elle était certaine d’avoir approximativement reconnu chaque visage qu’elle avait laissé entrer. Et pourquoi quelqu’un se permettait de faire irruption dans sa chambre de cette manière ? Le choc l’empêchait presque de songer à se montrer pudique, oubliant la situation dans laquelle ils venaient d’être surpris. « Jo putain, qu’est-ce que tu fous ?! Tu ne regardes jamais ton téléphone ? » Ses sourcils se froncèrent alors qu’elle prit la parole pour tenter de comprendre ce qui était en train de se passer. « Qu’est-ce… » « Sors, j’arrive, j’arrive ! » Sa phrase resta en suspens, son ami ayant pris les devants pour répondre à l’inconnu. Sawyer se retourna brusquement vers lui et ne s’en trouva qu’un peu plus perdue encore. Il le connaissait ? Elle tentait d’assembler toutes les bribes d’informations qui venaient de lui éclater au visage sans ménagement. Elle ne prit même pas la peine de réagir au commentaire graveleux  que l’homme s’était permis de lancer avant de déguerpir. Elle n’aurait pas laissé passer une remarque pareille en temps normal. Mais la situation était justement loin d’être normale. Son regard suivit l’oreiller lancé à travers sa chambre dans le but de refermer la porte, avant de se reposer sur celui de son ami. « Je suis désolé. Je suis désolé. Je suis désolé. ». Désolé de quoi ? Que se passait-il exactement ? A quel moment était-elle passée dans une dimension parallèle ? Si Sawyer ne comprenait strictement rien à la scène qu’elle était en train de vivre, il y avait malgré tout un détail qui lui sautait aux yeux à présent. « Jo ? » Pourquoi l’avait-il appelé comme ça ? La brune avait sincèrement envie et besoin de croire qu’il y avait une explication logique à cela, mais son instinct lui soufflait qu’elle risquait de ne pas apprécier ce qui allait suivre. L’attitude complètement paniquée de Chris et le fait qu’il venait de se lever pour réunir ses affaires ne faisait qu’accroitre la boule qui grandissait au creux de son ventre : un savant mélange d’incompréhension et de frustration qui menaçait à chaque seconde de se transformer en une rage destructrice. « Je dois y aller… » « Non. » Elle ne savait pas comment réagir mais ce mot s’était échappé de ses lèvres naturellement et il était sans appel. Qu’il tente de franchir la porte dans les prochaines secondes et il s’exposerait au risque de devoir tenter de réceptionner les premiers objets qui tomberaient sous les mains de Sawyer et qu’elle aurait décidé de lui jeter dessus. Elle se leva à son tour pour attraper ses sous-vêtements et son T-shirt qui gisait maintenant tristement au pied de son lit. « Aïe… » Son regard de plus en plus froid et énervé se baissa vers le vêtement pour déterminer ce qui était responsable de la douleur qu’elle venait de ressentir au bout de son doigt. Le badge. Le foutu badge qu’il lui avait offert en arrivant. Elle l’attrapa pour le désépingler du T-shirt et le jeta vivement par terre pour pouvoir enfiler le vêtement avant de se diriger vers lui. Son expression était menaçante, les traits de son visage s’était soudainement durcis ; la douceur qui s’y lisait encore quelques minutes auparavant avait complètement disparu. « T’iras nulle part avant de m’avoir expliqué ce qui vient de se passer. » Aux voix qu’elle entendait de l’autre côté de la porte, ses invités étaient vraisemblablement parvenus à continuer le cours de la soirée comme si de rien était. Chris aurait probablement pu sortir de la chambre encore relativement discrètement mais cela ne signifiait pas qu’elle l’aurait laissé faire. Elle ne pouvait décemment pas le menacer avec sa batte pour le retenir dans la pièce, aussi tentante cette perspective soit-elle. Son regard fut attiré par le T-shirt du jeune homme qui se trouvait encore sur le sol. D’un geste vif, elle se pencha pour l’attraper avant qu’il n’ait eu le temps de le récupérer et le serra fermement contre sa poitrine. Les chances qu’il daigne sortir de chez elle torse nu lui paraissaient faibles. « C’était qui ce gars ? Pourquoi est-ce qu’il t’a appelé Jo putain ?! » La Sawyer qui laissait des jurons lui échapper était de retour, et ça n’était pas bon signe pour lui. Son expression oscillait entre l’incompréhension et la colère. Mais le plus marquant et le plus blessant était ce sentiment de trahison qui la gagnait. Elle ne le quittait pas des yeux, cherchant désespérément à trouver au fond d’eux une quelconque explication sensée.  


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Message(#)Lie to me (Joseph, 2006) - Page 2 EmptyJeu 2 Sep 2021 - 23:01


 
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Son corps a activé le mode automatique. Joseph ne contrôle plus chacun des gestes qu’il fait. Ses bras partent dans tous les sens à la recherche de tous ses effets personnels et ses jambes le promènent d’elle-même de part et d’autre de la chambre. « Jo ? » Il aurait presque oublié qu’il s’agissait-là de son véritable nom. Pas de fantaisies, pas d’artifices, pas de Chris innocent qui bosse dans le secteur de la vente de téléphone et qui tente comme tous les autres bons citoyens de mener une vie normale. Parlant de téléphone, il s’en saisit dans le fond de la poche du jean qu’il vient d’enfiler et il découvre les trois appels manqués et les quelques messages écrits avec le moins de lettres possible, pour économiser. Un grognement s’échappe de sa gorge tandis qu’il se flagelle lui-même. Pendant un moment, lorsque son visage était si près de Sawyer et lorsque leur chaleur se mélangeait, il avait oublié qu’il menait une seconde vie. Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Incapable de regarder son amie dans les yeux, il ne fait que tourner autour d’elle comme un poisson dans un aquarium. Il cherche son dernier vêtement qu’il est pourtant certain d’avoir laissé sur le lit. Le regard pesant de la jeune femme lui écrase le dos et lui coupe le souffle. Ses inspirations ne sont pas complètes ; ses poumons rejettent l’air dès le moment où ce dernier les gonfle le moindrement. Il reconnait les signes d’une crise de panique puisqu’il n’est pas immunisé à cette perte de contrôle. Il a souvent été sa victime, quand il craignait de se faire pendre les mains dans le sac par son père ou quand il commettait une énième bêtise qui serait évidemment punie par la ceinture. Il n’a pas l’impression que son enfance est si loin derrière lui-même s’il cherche à la fuir depuis plus de cinq ans. « T’iras nulle part avant de m’avoir expliqué ce qui vient de se passer. » Près de la porte, il se retourne vers celle qui brûle. Il remarque le badge en plastique à ses pieds et redresse le nez, les lèvres entrouvertes. Il ne peut rien lui expliquer. Il est un lapin dans la grotte d’un ours. Un criminel dans la chambre d’une policière qui n’aurait qu’à faire un coup de téléphone pour l’envoyer derrière les barreaux. Il connait les conséquences de ses choix. Il secoue la tête de droite à gauche, plié à son mutisme, loyal comme un petit chien à qui un os à moelle a été promis. Il aperçoit enfin son t-shirt roulé en boule près de la patte du lit. Il est certainement tombé lorsque les deux amants se sont glissés sous les couvertures pour trouver un peu d’intimité là où ils n’en ont pas trouvé. Le garçon paniqué s’élance en sa direction du haut mais il se fait intercepter par Sawyer, plus rapide que lui. Il ne détache pas ses yeux grands comme des soucoupes du t-shirt qu’elle serre contre sa poitrine. Il n’ose pas l’approcher. Il craindrait de recevoir un objet très solide en plein dans son pif. Ce ne sont pas les armes qui manquent dans la chambre. « C’était qui ce gars ? Pourquoi est-ce qu’il t’a appelé Jo putain ?! » Inconsciemment, il secoue la tête à nouveau pour chasser ses questions. Un enfant qui a volé le jouet de sa sœur et qui le cache désormais dans sa cachette top secrète. « C’est un ami. » Pas exactement. Plutôt un garçon qu’il côtoie tous les jours sous le même toit et qui a vécu la même misère que lui, aujourd’hui devenu un homme dont les responsabilités surpassent les moyens. « C’est comme ça qu’il m’appelle. Jo. » Le mensonge est terrible et il le sait. Il rêverait d’avoir Alfie à ses côtés. Ce dernier saurait comment le sortir de cette situation sans soulever le moindre doute, ou alors il le pousserait à se jeter par la fenêtre, perdant certes l’usage d’une jambe mais gagnant la liberté, le plus important. « Sawyer je… Je suis désolé, je te l’ai dit. » Il se ferait couper la langue s’il donnait le moindre autre indice. Alors il tend la main devant lui pour lui supplier de lui redonner son t-shirt. Mais, voyant la réticence dans le regard de son amie, il comprend qu’elle ne le laissera pas fuir sans lui tirer les vers du nez. Alors il serre les dents et il se maudit de ne pas avoir d’autres choix. « Je t’enverrai un message. » Il s’en fiche de savoir si elle lui répondra ou pas. Il veut seulement avoir une chance de se racheter auprès d’elle. Il est naïf. « Tu peux le garder. » Il désigne le haut qui forme une boule dans les mains de Sawyer et il compte trois secondes, la mâchoire serrée, avant de se retourner. La main sur la poignée de la porte, il exécute des mouvements rapides, vifs, en espérant que la pénombre arrivera à dissimuler les cicatrices qui zigzaguent dans son dos comme une pluie de météores. Il sort de la chambre et, la tête basse, il louvoie à travers la foule non sans frôler de nombreuses épaules qui, elles, ne sont pas dénudées, puis il rejoint la voiture dont le moteur gronde encore au milieu de la rue. Évidemment, il est accueilli par des rires mais il n’est pas d’humeur à la rigolade. Son regard ne se décroche pas de la fenêtre de la chambre de Sawyer, à l’étage, et seulement lorsque l’automobile s’engage dans une nouvelle rue il pose son dos nu contre le banc et se prend la tête entre les mains. « Dure soirée. » Plaisante celui qui se régale encore de l’image des deux tourtereaux qui se roulent sous les couvertures. Joseph ne prend même pas la peine de le foudroyer du regard. Il préfère s’isoler jusqu’à ce qu’on lui demande de redevenir un gentil soldat obéissant. Il s’attend déjà au pire de cette virée nocturne. Son doigt glisse sur l’écran de son téléphone, là où est écrit en lettres carrées le nom de Sawyer et il hésite trop longtemps pour finalement décider de ne pas la contacter tout de suite. Il a conscience qu’il vient de briser quelque chose de magique ; il ne cessera jamais de s’en vouloir. Il retient pourtant la moindre larme de couler.        

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Message(#)Lie to me (Joseph, 2006) - Page 2 EmptyLun 6 Sep 2021 - 15:00


 
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Elle se sentait stupide. A quel moment avait-elle baissé suffisamment sa garde pour se faire avoir à ce point ? Sawyer s’était pourtant jurée de ne pas s’attacher aux gens. C’était ce que son expérience dans différentes familles d’accueil lui avait appris. Les personnes auxquelles elle tenait finissaient toujours par quitter sa vie d’une manière ou d’une autre. A commencer par ses parents ; le départ le plus brutal et le plus douloureux qu’elle ait eu à affronter jusqu’à présent. Mais cela ne rendait pas ceux qu’elle avait subis par la suite plus supportables. Elle parvenait toujours à se relever, mais ça n’était que pour mieux dégringoler ensuite. Partir. C’était exactement ce que Chris était en train de faire à ce moment précis. « C’est comme ça qu’il m’appelle. Jo. » Chris. Jo. Elle ne savait même plus comment l’appeler. Chaque mot qu’il prononçait faisait bouillir son sang, menaçant un peu plus à chaque seconde qui s’écoulait de la transformer en furie incontrôlable. Et si son ton était déjà quelque peu monté, son incapacité à saisir pleinement la situation ainsi que le fait qu’elle se sente tout aussi énervée que blessée l’empêchaient d’hurler à pleins poumons. « Sawyer je… Je suis désolé, je te l’ai dit. » Et qu’était-elle censée faire de ses excuses exactement ? Les sourcils froncés, le regard impassible, elle n’avait même pas remarqué son bras tendu qui cherchait à récupérer son T-shirt -qu’elle aurait de toutes façons refusé de lui rendre-. « Je comprends même pas ce pour quoi tu t’excuses. » C’était une constatation lancée de manière froide et assassine. Elle aurait pu en profiter pour continuer de poser des questions mais elle avait déjà compris qu’il n’était pas prêt à lui confier la moindre information. Pas besoin d’être inspecteur pour s’en rendre compte. « Donc ça fait des mois que tu te fous de moi ? Tous les moments qu’on a passés ensemble, c’était juste du vent pour toi ? » Question rhétorique. Elle ne s’attendait pas à une réponse. Il valait d’ailleurs mieux pour lui qu’il ne s’essaye plus à une quelconque justification à ce stade-là s’il ne voulait pas risquer de se prendre la plus belle gifle qu’il ait été donné de voir. « Je t’enverrai un message. » Un rire sarcastique s’échappa de ses lèvres alors que ces dernières s’étirèrent en un rictus mauvais. S’il s’éclipsait maintenant sans aucune explication, il n’aurait pas à se donner cette peine. Sawyer pouvait mettre des mois à accorder sa confiance et à laisser entrer quiconque dans sa forteresse émotionnelle qu’elle s’appliquait à ériger et entretenir jour après jour. En revanche elle avait pu constater par le passé qu’il suffisait d’un claquement de doigt pour détruire une relation que certaines personnes avaient passé des mois à bâtir avec elle. Et c’était précisément ce qui était en train de se passer à cet instant. Si Jo quittait cette pièce, il pouvait tirer une croix sur Sawyer. Elle vouerait les prochaines semaines à l’effacer de son existence et de sa mémoire en espérant que cela lui permettrait d’atténuer la peine violente et grandissante qu’elle ressentait présentement. Ce serait douloureux, long, et la blessure resterait probablement toujours ouverte tant qu’il lui manquerait des informations sur ce qui s’était réellement passé ; mais c’était la seule méthode qu’elle avait pu éprouver par le passé. « Tu peux le garder. » Elle retint sa respiration quelques secondes, réalisant que si elle ne faisait rien il s’agirait là des derniers mots qu’ils échangeraient. Sa vue se faisait plus trouble à mesure que les larmes emplissaient bien malgré elle ses yeux. Elle l’observa faire volteface pour ouvrir la porte. Sa stratégie du T-shirt avait lamentablement échoué. Qu’est-ce qu’il tenait tant à fuir à tout prix ? Sawyer amorça un pas désespéré dans sa direction mais la porte était déjà refermée derrière lui. Elle resta immobile de longues secondes, abattue et désemparée. Elle jeta finalement violemment son T-shirt contre un mur avant d’autoriser les larmes à couler silencieusement sur ses joues. Peu encline à laisser transparaitre ses émotions, elle s’autorisait cette fois-ci à laisser la blessure qu’elle ressentait s’exprimer le temps de quelques minutes. Puis elle finit par se calmer. Tel un robot bien réglé, elle essuya toute trace de ce qui venait de se passer de son visage avant de se relever et d’aller se rhabiller correctement. Elle sortit finalement mécaniquement de sa chambre pour rejoindre ses invités, un sourire aux lèvres, comme si rien ne s’était passé. Hocher la tête, rire, prononcer quelques mots de temps en temps pour donner le change ; elle en était capable. Mais en réalité ses pensées étaient à des années lumières de sa soirée. Chaque fibre de son être était dirigée vers une seule et même personne, et sur le meilleur moyen de parvenir à l’oublier.


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