Je m'étais engagé pour quitter Brisbane durant un mois, délaissant momentanément derrière ma personne mon poste aux urgences ainsi que mes tracas de la vie quotidienne. J'avais troqué mes différends avec Love, mes dilemmes journaliers et mes déceptions régulières pour m'aventurer dans les zones risquées de l'Australie au sein desquelles mes compétences paramédicales étaient recherchées et les priorités hautement redéfinies. Cette expérience humanitaire supplémentaire m'avait ravi, confirmant et validant une nouvelle fois ma vocation. Dans ces contextes difficiles où les urgences rythmaient les journées et la crise sanitaire malmenait les corps comme les esprits, j'y trouvais étrangement ma félicité. Je me sentais choyé de détenir cette capacité à venir en aide à Autrui et m'investir pour faciliter l'existence de personnes infortunées. Cependant, mes responsabilités dans la grande ville australienne ne pouvaient demeurer en suspend perpétuellement, si bien qu'au terme de ce mois, j'avais dû reprendre la direction de la grande citadine.

J'avais toutefois marchandé de sorte à ne pas reprendre le travail dès mon retour à ma ville de résidence. Cinq jours de congé avaient pu être posés, ceux-ci munis de l'objectif de récupérer physiquement de mon périple et de réfléchir à comment je souhaitais appréhender la suite de mon histoire. Il fallait notamment que je reprenne ma place dans une demeure que j'avais en quelque sorte fuie sous le poids de la culpabilité et du désarroi, ainsi que j'étudie mon futur professionnel, quelques ambitions persistant de germer dans ma boîte crânienne. J'étais en addition comblé de retrouver mes proches, mais je ressentais le besoin de me poser dans un entre-deux avant de me jeter dans le bain de Brisbane, comme si je nécessitais une parenthèse.

L'invitation d'un de mes amis à rester chez lui en échange de travaux à y effectuer tombait donc à pic. Discutant avec Helena au même moment et estimant qu'il lui serait aussi bénéfique de se lover au creux d'un interlude, je l'avais invitée à me rejoindre. A ma plus grande satisfaction, l'australienne avait accepté mon offre.

J'étais parvenu quelques heures avant Helena à la maison de mon ami, me permettant ainsi de régler les détails lui assurant un confort dès ses premiers instants à cette adresse. J'avais ensuite entrepris de prendre quelques repères importants au sein du domicile et fais des courses pour les cinq jours à venir. Alors que je rangeais les dernières commissions et songeais à me mettre au travail, j'entendis une voiture s'arrêter à la hauteur de la résidence suivie de quelques coups portés à la porte boisée. Je ne tardais pas à ouvrir et reconnus derechef Helena, accompagnée d'une imposante valise qui me fit hausser les sourcils, amusé et surpris. « Salut, » je lui adressais. Un large sourire sincère apparaissait sur mon portrait, clamant à quel point j'étais ravi de la voir. J'hésitais même à l'étreindre tant j'étais heureux de passer du temps en sa compagnie et que ces quelques jours ensemble soient concrétisés. Toutefois, je me retenais, prudent de ne pas commettre un impair, bien que le cœur y était férocement. « Tu vas bien ? Le trajet s'est bien passé ? » Je saisissais l'anse de la valise pour la rentrer à l'intérieur de la maison. Un petit rire fila entre mes lèvres. « Tu avais peur de mourir de faim ? » Je rangeais la valise dans un coin de l'entrée, supposant que je pourrais lui faire visiter les lieux de manière à ce que la Cohen choisisse où exactement elle souhaiterait que j'y dépose son bagage. Le doute m'éprit ensuite violemment, espérant ardemment que j'avais bien figuré à Helena qu'il s'agissait d'une évasion de cinq jours et non davantage. « Je suis super content que tu sois venue ! » J'avouais néanmoins spontanément, le regard brillant, gardant pour plus tard les motifs explicitant le caractère chargé de cette valise.

Dès la perception de quelques coups contre la porte boisée de la résidence, je m'orientais vers l'entrée de cette dernière afin d'ouvrir à mon invitée. Un sourire vient spontanément témoigner toute la réjouissance qui m'enlaçait devant le constat que j'allais pouvoir passer du temps en compagnie de Helena et que nos plans un peu loufoques seraient mis en application. Je la saluais poliment et répondais avec sincérité à son étreinte qu'elle osa initier lorsque je doutais beaucoup trop pour m'y risquer.

Intéressé, je la questionnais sur le trajet tout en l'invitant à pénétrer la maison. Je saisissais son imposant bagage, un large sourire figé sur mon portrait. Nous avions communiqué longuement par textos ce mois dernier et si notre relation s'était développée ainsi par distance en toute inusité, je trépignais d'impatience devant l'optique d'approfondir mes rapports avec la brune dans le cadre de cette particulière parenthèse en dehors de Brisbane. « Nickel, merci. Et toi alors, ce retour ? Et cette fuite sur le champ de bataille ? » J'émis un bref rire nerveux devant le qualificatif qu'elle employait pour qualifier la mission que j'avais acceptée des semaines plus tôt. Je n'étais pas spécialement fier d'avoir filé en quelque sorte à l'anglaise lorsque les circonstances se corsaient avec Love, mais cette distance m'était devenue nécessaire. J'avais ressenti fortement le besoin de me retrouver et de recadrer mes priorités, tout en me sentant utile et valable vis-à-vis d'Autrui afin de maintenir un moral par nature précaire. Les aveux de mon amie d'enfance m'avait ouvert les yeux sur l'impact négatif que j'avais causé malgré moi dans son histoire, une erreur que j'avais commise et que je regrettais amèrement, que j'ignorais même me pardonner à son égard. J'aurais tant aimer préserver la Bryce de la tragédie qu'elle avait vécue et pourtant, il me semblait y avoir contribué, quand bien même jamais ne l'avais-je agressée. « Je pense que mon retour est encore en cours... » Je confiais. Cette ellipse à ce domicile constituait mon temps mort avant de reprendre mon quotidien et confronter, entre autres, la fleuriste. « Pour ce qui est du champ de bataille, je ne m'en lasserais jamais... » Je commentais, passionné, adressant un clin d'œil complice à la Cohen. Les missions humanitaires me faisaient vibrer comme rien d'autre au monde. Il y a quelques années, j'avais sérieusement envisagé accompagner une collègue dans un pays en guerre, toutefois, j'avais favorisé ma situation amoureuse qui battait de l'aile à ce moment, espérant naïvement la sauver. Avec le recul, je réalisais que si ma relation amoureuse de l'époque avait été vouée à l'échec, j'aurais pu apporter du positif à des personnes dans le besoin par mes compétences en soins. Toutefois, en 2017, j'aimais éperdument ma fiancée et croyais tant à notre romance que j'aurais pu tout sacrifier en son nom.

Je refermais la porte derrière la silhouette de la trentenaire et me risquais à mentionner, avec humour, son immense valise. La belle rit de bon cœur, mélodie cristalline qui intensifia mon rictus et apporta quelques éclats supplémentaires de bonheur à mon regard. « Même pas ! Mais vu que je ne savais pas ce que tu avais prévu, j’ai emmené un maillot de bain, des chaussures de marche, un peu de tout … Ok, j’avoue, j’ai aussi ramené plusieurs romans. Je me suis dit que si tes bavardages finissaient par m’agacer, je pourrais au moins lire un bon bouquin. » Je ris avant de répliquer : « Prévoyante... Une excellente qualité. » J'enchaînais en lui confiant que j'étais content qu'elle m'ait rejoint ici.

« Merci pour l’invitation. Je crois que j’en ai bien besoin, » me répondit mon interlocutrice après quelques secondes de silence, la tristesse s'invitant sur son minois. Je posais une main amicale sur son épaule, gage de soutien. « On ne va peut-être pas commencer maintenant, parce qu’il est trop tôt, mais j’espère que t’as pas oublié la vodka. On risque d’en avoir besoin ! » « Eh tu rigoles. C'est une des premières choses que j'ai achetée ! » J'assurais avec complicité. « J'ai pris du rhum aussi. Et du vin. » Je haussais les épaules, nonchalant, assumant mon penchant pour l'alcool. « Puis il y a une épicerie pas très loin. Elle a un nombre incalculable de parfums de crème glacée, d'ailleurs. » J'ajoutais, encore intrigué par ce large choix.

« Tu me fais visiter ? On est chez qui déjà ? » J'acquiesçais et invitais l'australienne à me suivre pour cette visite des lieux. « Chez un ami. Il est en déplacement et je lui ai dit que j'allais le dépanner pour quelques travaux ici. » Un service en rendait un autre. « Tu as la salle à manger en face et le salon sur ta droite. Puis en haut, il y a les chambres et une cuisine/salle à manger et une salle de bain... Au bout de ce couloir, tu as le jardin... » J'ouvrais la porte menant à la cour arrière où se trouvaient un jacuzzi, un barbecue, un banc à bascule et une petite table avec des chaises. « On a cinq jours de vacances, j’espère que tu as de super idées pour des activités, parce que je compte bien en profiter ! » Je m'appuyais sur le mur et rétorquais, malicieux. « Je me fais absolument aucun souci pour ça ! Puis rien qu'en improvisation, je trouve qu'on est très doué. Preuve supplémentaire : t'as apporté ton maillot de bain et t'as de quoi l'utiliser sans même quitter la propriété, » j'exposais, démontrant du menton le bain à remous.

« Qu'est-ce que t'en penses ? » Je demandais, curieux, après un sommaire état des lieux. « De la maison ? » Je précisais. « Tu penses que le cadre est judicieux pour cinq jours de break ? Tu restes ou tu repars à courir ? » Je questionnais, petit sourire rieur sur les lippes, bien que j'espérais ardemment que l'endroit plaise à ma convive et qu'elle m'affirme l'adopter pour les prochaines journées.

Si je me montrais réticent ainsi qu'indécis au sujet de mon retour à Brisbane, j'assurais sans hésitation aucune mon goût pour les missions humanitaires auxquelles je me dédiais régulièrement. « Je suis fière de toi. Donner ainsi de sa personne, s’oublier pour aider les autres, c’est incroyable, » me formulait Helena, armée d'un séduisant sourire admiratif et rêveur aux facultés contagieuses, quand bien même les compliments de l'australienne me firent légèrement rougir. « Tu pourras peut-être m’emmener, la prochaine fois. Je n’ai pas de compétences médicales, mais je suis certaine que je pourrai être utile. Je m’y connais pas mal en bénévolat. Et en séjours loin de chez moi. » Mon sourire s'élargit et j'acquiesçais, enthousiaste. « On peut faire des recherches et s'en programmer une, si tu veux ! » Je soumettais avec entrain. J'étais persuadé que j'apprécierais donner de ma personne auprès de la Cohen et ceci composerait une expérience de plus à vivre avec la jeune femme que j'appréciais à mesure du temps que je passais en sa compagnie. Ceci pouvait constituer un beau projet à monter durant notre parenthèse au sein de cette demeure éloignée de Brisbane.

Je taquinais gentiment la trentenaire sur sa valise, puis lui certifiais la présence d'alcool dans le domicile. Je la renseignais sur la présence d'une épicerie qui proposait de multiples parfums de crèmes glacées, ce qui anima derechef mon interlocutrice : « Hoooou, je sens qu’on va manger liquide, ou sucré ! Je te préviens, j’exigerai qu’on aille tester un maximum de parfums de glace ! » Je hochais la tête, l'air grave. « Je suis très heureux de te l'entendre dire. Je songeais fortement au défi de toutes les essayer avant qu'on parte, vois-tu, » j'émettais, joueur et complice.

Je fis visiter sommairement les lieux à la juriste tout en lui expliquant que je m'étais engagé à effectuer quelques travaux dans la résidence en échange de pouvoir profiter des luxes qu'elle avait à offrir. « Est-ce que tu veux que je t’aide à faire quelque chose pour ton ami ? Je peux sans doute aussi me rendre utile. » Je souris sincèrement, appréciant la générosité de Helena. « C'est super gentil. Ca te dit, faire de la peinture ? » Je présentais, songeant à la pièce qu'il fallait rafraîchir à l'étage et qui serait rapidement repeinte à quatre mains plutôt que deux.

Je guidais l'australienne sur la partie arrière extérieure de la propriété. Un jacuzzi était installé, ainsi que quelques chaises longues, un barbecue, une table et une balancelle. Le temps radieux ajoutait une touche pittoresque à la scène. Je sollicitais l'avis de la brune. « C’est merveilleux. La maison. » Un rictus en coin apparut sur mes lippes, satisfait qu'elle n'ait pas opté pour l'alternative de reprendre le chemin menant à la citadine Brisbane. « Tu aurais pu m’inviter dans une minuscule cabane sans eau courante ni électricité que je serais venue. » Mon regard pétilla, prenant cette affirmation comme une véritable déclaration d'affection qui me fit irrémédiablement chaud au cœur. « Ca, ça sera pour notre prochaine mission ensemble ! » Je commentais, réjouit. Helena irradiait une bonne humeur à laquelle je n'étais pas imperméable. En à peine une heure, elle avait égayé ma journée de mille lueurs. « Dis-moi qu’on peut commencer par le jacuzzi ! Je vais déballer mes affaires et enfiler mon maillot. » Un léger rire fila entre mes lèvres et je démarrais le bain à remous alors que mon invitée retroussa le chemin jusqu'à sa valise. Quelques minutes plus tard, elle était munie de tout le matériel de plage, suscitant mon admiration. « Wow, t'es efficace ! » Je constatais. Le jacuzzi était prêt, contrairement à moi. « Tu veux boire un truc ? J'peux aller te chercher quelque chose sur ma route pour aller me changer. »

Je me rendais dans la chambre où j'avais posé mes affaires et enfilais mon maillot de bain. Puis, je passais par la cuisine afin de servir deux rafraîchissements. Je rapprochais la table de jardin boisée du jacuzzi pour y poser les verres puis m'installais dans l'eau. « Alors... Dis-moi, t'aimerais aller où, si tu pouvais choisir une destination ? »

Face à l'attitude volontaire et désireuse de Helena de s'investir dans une mission humanitaire qui me faisait insatiablement plaisir, je lui proposais spontanément que nous épluchions ensemble les différents projets actifs afin de s'intégrer à l'un d'entre eux. « Avec grand plaisir ! Mais ton chef accepterait de te laisser repartir ? » Un fin sourire songeur étira mes lippes. Bien entendu, je ne disposais pas de congé intarissable et celui que j'avais pu accumuler avait subi une sérieuse ablation lorsque j'avais quitté mon poste en vue de participer à l'émission de télé-réalité Race of Australia six semaines durant. De plus, quand bien même un personnel du centre hospitalier pouvait obtenir du congé exceptionnel lorsqu'il mettait ses compétences au service de causes humanitaires, une certaine logistique s'appliquait inévitablement au niveau du secteur pour garantir la continuité des soins auprès des patients. Pour ma part, étant affecté dans une spécialité particulière, il fallait donc inévitablement me remplacer lorsque je m'absentais de la sorte. Mes collègues étaient certes conciliants puisque je prenais souvent les gardes lors des fêtes de famille et vacances scolaires puis remplaçais dès que je le pouvais, sans compter que les années précédentes il m'arrivait peu de prendre du congé, il n'en demeurait qu'une équité était primordiale pour maintenir la bonne entente entre collaborateurs. « Si c'est prévu assez à l'avance, c'est jouable. » Je doutais fortement pouvoir repartir incessamment sous peu. Mon cadre tirerait assurément la tronche si je lui sollicitais de nouveau du congé après m'être absenté presque un mois, mais en anticipant, j'étais convaincu que c'était faisable. « Tu me diras quelles périodes sont idéales pour toi et on pourra voir ce qui est possible, si tu veux, » je proposais avec optimisme.

Je présentais sommairement les lieux à Helena et lui indiquais notamment la présence d'une petite épicerie qui proposait un choix impressionnant de parfums de crèmes glacées. Je lui soumettais le défi de toutes les essayer avant notre retour dans la citadine Brisbane, ce qui fit rire la Cohen à ma plus grande réjouissance. « Challenge accepted ! Celui qui se débine aura un gage ! Deal ? » Je fis écho à son rire et acquiesçais, joueur. « Toujours plus de piment, j'aime ! Deal ! » Je lui tendais une main afin de sceller ce marché. « Que le meilleur gagne, » je souhaitais, une étincelle de malice et de défi indubitablement présente dans mon regard.

J'expliquais davantage le contexte de cette maison confiée à mon amie tout en la renseignant que je m'étais engagé à y effectuer quelques petits travaux. La trentenaire m'offrait généreusement un coup de main et je lui proposais une séance de peinture, ce qui la fit rire de nouveau. La gaieté qui irradiait de Helena était salutaire, sa présence me rendait instantanément heureux. Je me sentais chanceux que nos routes se soient croisées et qu'on jouisse de la possibilité de passer davantage de temps ensemble. La brune représentait réellement le genre de personne que j'appréciais avoir dans mon entourage et qui rendait ma vie inexorablement plus douce. « Pourquoi pas, ce sera une première ! N’oublie cependant pas ma maladresse légendaire ! On risque de se retrouver avec de la peinture partout où il n’en faut pas. » Je ris de bon cœur, m'imaginant la scène. « Eh, du moment que tu ne te blesses pas, je prends le risque ! » J'étais impatient de voir Helena à l'œuvre, désormais !

Je faisais visiter le jardin à la globe-trotteuse, dont l'attention se riva rapidement sur le jacuzzi présent. Nous options pour initier le bain à remous et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, la Cohen revenait prête pour s'installer dans l'eau. Agréablement surpris, je soulignais l'efficacité de mon interlocutrice. Elle avait beau avoir de multiples affaires, il n'en demeurait qu'elle devait être très bien organisée. Elle jurait avec les femmes qui tardaient à se préparer. Ses qualités devenaient innombrables. « Je veux bien un jus de fruits ou un thé glacé. Peu importe, mais un soft peut-être, vu l’heure. » Je hochais la tête. « Je t'apporte ça. » Je m'éclipsais à mon tour pour me changer et nous verser deux verres de thé glacé avec des glaçons. Les températures du jour étaient plutôt élevées, cette pause nous serait sans nul doute agréable.

Poursuivant la conversation, je questionnais Helena sur les éventuelles destinations qui lui plaisaient. « Peu importe. Je ne suis jamais allée en Afrique. Ou bien l’Europe de l’Est, ça peut être intéressant. Mais il doit déjà y avoir tellement de choses à faire ici, en Australie… Et toi, tu voudrais aller où ? » Je conservais mon sourire et jouais distraitement avec mes glaçons tout en réfléchissant aux destinations qui m'attiraient le plus. « Je ne sais pas trop, honnêtement. Je ne suis jamais allé bien loin, du coup partout m'intéresse. » Ce qui en soit n'était pas très contrariant. La Cohen posa son verre avant de m'adresser un regard sérieux qui m'interpella. « Je sais pas si on peut avoir cette conversation à jeun, mais… Pourquoi tu veux tant partir ? C’est pour le bénévolat, ou pour fuir ce qui t’attend à la maison ? » Je posais à mon tour un verre, mes lippes toujours étirées par un fin sourire, bien qu'il n'invoquait pas de joie cette fois-ci. Je n'avais jamais songé à me qualifier de lâche, même si je ne pouvais me voiler la face : ce séjour me permettait indubitablement de réfléchir à comment appréhender mon retour à mon domicile suite à la situation des plus délicates avec Love.

« Depuis ma dernière rupture amoureuse, je refuse de m'engager, romantiquement parlant, avec qui que ce soit, » je commençais. Je n'étais pas certain vers où je m'orientais avec de tels aveux, mais j'avais à cœur d'être honnête avec la jeune femme et lui présentais, aussi bien que possible compte tenu de mon charisme laissant à désirer, mon point de vue. « Et malheureusement, je n'ai pas d'enfant ni vraiment de personnes qui m'attendent. J'ai l'impression que Brisbane est plutôt mon point de repère, ma case départ de mon jeu de monopoly en quelque sorte. J'y ai fait ma vie, mais j'arrive jamais à acquérir y quoi que ce soit. Ou alors, quand une offre se présente à moi, je n'ai pas envie de la saisir parce qu'elle ne me semble pas faite pour moi. » Je faisais référence ici à Love. « Quand je suis en mission humanitaire ou que je suis en train de vivre une aventure ailleurs, je revis, ça m'fait vibrer, c'est comme si je respirais à plein poumons. C'est dans ces moments-là que je trouve un sens à ma vie : en donnant de ma personne ou en découvrant le monde. C'est pour ça qu'être infirmier et faire autant de bénévolat sont ce qui me permet de ne pas perdre la tête à Brisbane, mais c'est aussi pour ça que j'ai toujours envie d'aller voir ailleurs. Aussi, depuis que j'ai participé à Race of Australia, j'ai découvert que j'avais vraiment un grand goût pour la route, que j'ai assez envie d'entretenir. » Je pinçais mes lèvres. Était-ce de la lâcheté ? Une crise de la quarantaine anticipée ? Je ne saurais pas juger. « Je ne sais pas trop si c'est une fuite, je sais juste que ça me rend heureux de vivre comme ça pour l'instant. » Et le bonheur insufflait un goût auquel j'avais rarement goûté dans ma vie. Je désirais le savourer autant que possible. « J'te déçois ? » Je demandais curieusement, dénué de tout soupçon d'agacement. Je ne tiendrais pas rigueur à la jeune femme si tel était le cas. Je pouvais aisément comprendre et absolument respecter que mes choix de vie ou mes ambitions n'étaient pas approuvées. Néanmoins, son opinion m'était aussi précieuse. Helena avait su promptement se faire une place parmi les gens que j'appréciais beaucoup.

A mon plus grand ravissement, nous ancrons le projet de participer à une mission humanitaire ensemble. Mon esprit se complait déjà à nous imaginer dans un tel contexte et je hoche la tête, compréhensif, lorsque la jeune femme m'indique qu'il serait préférable pour elle que ce déplacement se tienne hors vacances scolaires, car celles-ci sont réservées à ses collègues parents. Je rencontrais le même procédé en termes de congé. « Ca marche, je te tiens au courant ! » Je promets en souriant largement.

Il y a tellement de manière d'aider notre monde que souvent, il nous est même possible de choisir notre destination. Curieux, je questionne Helena sur les régions mondiales qui l'intéressent le plus, demeurant de mon côté plutôt flexible car je n'avais jamais réellement voyagé hors de l'Australie, mis à part un bref saut à Londres il y a deux ans. « Alors va pour l’Europe de l’Est ! Ça doit être magnifique, et ça nous permettra de découvrir ensemble le pays qu’on choisira, quand on aura un peu de temps libre. » Je hoche la tête, heureux et optimiste. Je trépignais d'impatience de partir avec mon interlocutrice. « C'est un beau projet qui m'enthousiasme pour l'avenir, » je lui confie.

La trentenaire m'interroge ensuite sur les raisons me motivant à quitter de manière si régulière ma ville de résidence. Je réfléchis quelques instants avant de lui expliquer que j'étais plus heureux en me sentant utile et qu'à Brisbane, personne ne m'attendait réellement. Sans compter que je refusais présentement de m'engager, bien trop échaudé par mes précédentes relations amoureuses ou intimes. face aux quelques secondes de silence qui s'installèrent, je redoutai que mes propos aient déçu la juriste. Après tout, je dépeignais certes ici un portrait de moi-même honnête, il n'en demeurait pas spécialement reluisant. « J’t’interdis de penser ça ! Parce que c’est totalement faux, » me rassure-t-elle en posant une main sur ma joue, geste qui a la faculté de faire battre mon cœur plus sévèrement contre ma cage thoracique. Est-ce parce que Helena prend le temps de chasser mes inquiétudes, ou alors parce que ce genre de mouvement tendre à mon égard me manque plus bien que je n'oserais l'avouer ? Je me surprends à ne pas broncher, profitant de la douceur de sa main, tandis qu'une partie de mon esprit s'en étonne, vu comment j'avais dans le passé repoussé Love dans des circonstances similaires - bien que plus audacieuses.

La brune retire sa main et me sourit. Je baisse les yeux sur mon verre, furtif, tandis qu'elle reprend : « Et je suis la pro de la fuite en vadrouille quand ça ne va pas, alors… Qui suis-je pour te jeter la pierre ! » Un petit éclat de malice s'installe dans le regard que je lève vers elle. « Je comprends cette envie de partir, cette passion pour les voyages et le social. Néanmoins, je considère que ce sont deux choses différentes, Isaac. Qu’on veuille partir pour fuir quelque chose, c’est une chose. Et on peut très bien en profiter pour faire quelque chose d’utile. Mais… Je n’ai pas envie que tu te lances dans un projet humanitaire avec moi pour rétropédaler si tu es moins… perdu et perturbé. Je veux que tu le fasses parce que tu le veux, pas par défaut, pour éviter de faire face à certains problèmes. » Je considère quelques instants la jeune femme, assimilant ses propos tout en essayant de déterminer s'il y a un sens sous-jacents à ses paroles. Finalement, j'articule en toute franche : « Si je te propose de t'engager dans un projet humanitaire avec moi, c'est parce que j'ai envie de donner de ma personne à une noble cause et aimerais que tu sois à mes côtés. » Je marquais une pause, avant d'affirmer : « Rien de tout ceci n'est par défaut. Je ne te ferais pas faux bond, tu peux compter sur moi. Lorsque je m'engage, je n'ai qu'une seule parole. » Que ce soit cette ambition volontaire ou même ce week-end, bien qu'ils présentaient l'avantage de se distancer d'une zone confuse dans l'objectif d'y voir plus clair en prenant de la hauteur. Mais réellement, cet honnête désir de passer davantage de temps avec la Cohen en vue de la découvrir m'étreignait depuis notre rencontre fortuite, tant qu'elle avait été la personne contactée spontanément pour cette escapade, ainsi que la seule à qui j'avais proposé jusqu'ici une mission en commun.  

***

Il ne nous aura pas fallu beaucoup de temps avant d'appréhender l'épicerie qui promouvait la vente de plusieurs parfums de glace. Si Helena avait opté pour de la glace à la noisette, à la banane et au chocolat, j'avais jeté mon dévolu vers de la framboise, de la noix de coco et du citron. « La prochaine fois, je choisis tes parfums de glace, et toi les miens ! Ce sera plus drôle. » Je ris doucement, malicieux. « Ca marche. Ca te plait ? » Je questionne en démontrant ses boules de glace, avant de prendre une nouvelle bouchée de ma part. « Au fait, tu te souviens quand je t’ai dit que tu n’avais pas de peinture sur toi toute à l’heure… Hé bien j’ai menti !  » J'observais, muet, la jeune femme quelques secondes ; jusqu'à ce que mon silence soit rompu par son éclat de rire contagieux. « Et j’ai adoré voir la vendeuse tenter de ne pas te dévisager et de garder son sérieux. » Je hochais la tête en signe de dénégation, faussement désapprobateur, bien qu'énormément amusé par les circonstances, professionnel de l'auto-dérision quoi qu'il en soit. « Je note que je ne peux pas te faire confiance, Helena, » j'annonçais d'une voix grave avant de prendre de la glace sur mon doigt et en créer un sillon sur la joue de la belle, en vengeance spontanée.  

Cette première journée en compagnie de Helena en périphérie de Brisbane, au sein de cette petite bulle d'évasion que j'avais aspiré à nous ériger, surpassait de loin mes espérances. Après des retrouvailles complices, nous avions pu tirer à profit du jacuzzi puis, en adultes responsables, nous avions avancé dans les petits travaux de rénovation pour lesquels je m'étais engagés. Par la suite, nous nous étions récompensés avec de la crème glacée avant d'opter pour des pizzas et du vin pour notre dîner. Je gardais en tête notre projet de partir en mission humanitaire ensemble, tout comme la volonté de la Cohen que je ne lui propose pas un tel séjour par défaut. J'étais assez chagriné par le fait que la brune puisse se craindre sur la touche, m'imaginant qu'elle avait peut-être essuyé quelques faux bons dans son histoire, ou alors qu'elle peinait encore à me faire confiance. Dans tous les cas, je m'étais évertué à la rassurer sur ma loyauté. J'étais certes doté d'une multitude de défauts, je ne possédais qu'une seule parole.

« Je comprends toujours pas pourquoi Auden est venu me voir. Sérieusement, pourquoi il a fait ça ? » entama Helena alors que je reposais la roulette à pizza dans l'évier et prenais place en face d'elle. Je la considérais quelques instants, demeurant en suspens. « Qu’est-ce qu’il lui prend de débarquer 4 ans après notre rupture pour m’annoncer qu’il ne m’a jamais aimé, qu’il n’y a toujours eu que Ginny, et que je n’étais qu’une parenthèse pour passer le temps, dans l’espoir qu’elle revienne un jour ? » Je baissais tristement les yeux sur notre repas, compréhensif et empathique vis-à-vis de mon interlocutrice. Je ne disposais ici qu'une version unilatérale du différend qui liait les deux australiens et il pouvait m'être ainsi ardu de porter quelconque jugement. Néanmoins, je souhaitais soutenir mon amie et si le peintre s'était invité chez elle dans l'unique but d'enfoncer le couteau dans la plaie de leur rupture, je ne pouvais qualifier son choix que de cruauté. La brune se redresse puis revient avec une bouteille de vodka. « T’en veux ? » Je hochais la tête à l'affirmative, accompagnant volontiers la juriste en qualité de soutien moral. D'autre part, je la comprenais sur de nombreux points, notre monde s'étant voulu petit et Auden n'étant que la partie du casse-tête justifiant ma propre séparation avec Ginny.

« Est-ce que tu lui as demandé pourquoi il venait te dire tout ça ? » J'osais questionner Helena. Je marquais une pause, m'appuyant sur le dossier de ma chaise. « Je pense qu'Auden et Ginny sont faits pour être ensemble. Ils sont juste les deux pièces d'un même morceau et malheureusement, on a juste été des dommages de leur histoire. » Mes doigts trituraient distraitement la pâte de ma part de pizza. « Je m'en veux de ne pas avoir vu que Ginny ne m'aimait pas, d'avoir été aveuglé par l'amour que je lui portais, quand celui-ci ne pouvait jamais sincèrement être réciproque, car elle n'a toujours aimé qu'Auden. Je lui en ai aussi voulu de se permettre de se lancer dans notre couple si elle en aimait un autre. » Beaucoup d'émotions négatives avaient découlé de ma romance avec l'artiste. Notre séparation avait été bien plus saine que celle que j'avais eue avec mon ex-fiancée, car tel un deuil, j'avais franchi plusieurs étapes, de la surprise à l'acceptation en passant par le déni, la colère, la tristesse et la résignation. L'ire que j'avais vouée à l'attention de la jeune femme avait été des plus amères, tant qu'elle persistait maintenant en rancune et rancœur. « Je ne trouve pas ça juste pour nous, » je concluais. Quand bien même pouvaient-ils être inhibés de leurs doutes et confusion, armés de leurs propres raisons, je jugeais inacceptable que l'on se joue de nous de la sorte. J'ignorais si Auden avait juste voulu être honnête avec Helena et estimait devoir tirer les choses au clair une bonne fois pour toutes lorsqu'il s'était rendu à son domicile, lui offrant ainsi une sorte de finalité ; j'en restais outré qu'il annonce à la trentenaire qu'elle ne représentait qu'une vulgaire parenthèse, son misérable bouche-trou, quatre années durant. Helena méritait infiniment mieux, c'était déplorable de la traiter ainsi, d'alimenter un subterfuge amoureux durant une si importante tranche de vie. J'avais aussi conscience qu'il était vain de ressasser le passé, même si en parler jouissait de vertus thérapeutiques. « Je suis désolé qu'il t'ait fait autant souffrir, » je compatissais en toute honnêteté. « Tu mérites bien mieux, » je lui assurais.

Un sentiment aigre d'injustice et de désolation me saisissait ardemment lorsque Helena m'évoquait l'acerbe visite que lui avait rendue Auden quelques semaines plus tôt. La jeune femme m'en avait parlé au téléphone et j'avais alors regretté de me trouver si loin d'elle et ainsi ne pas être en mesure de l'épauler dignement après cet événement fastidieux qui m'attirait confusion. Je ne saisissais pas les motifs qui avaient incité le Williams à entamer une telle démarche et j'étais très frustré car cela n'avait assurément pas laissé de marbre une Cohen qui avait, à mon sens, bien assez souffert. Quand bien même le peintre avait pu agir armé de bonnes intentions, il ne s'y était manifestement pas pris correctement, en dépit des cinq années de couple avec la juriste. « Tu veux dire avant ou après que je l’aie giflé ? » me questionnait mon interlocutrice lorsque je l'interrogeais sur les raisons de son ex à trancher une de ses journées par sa mauvaise augure. Je souris, témoin de la satisfaction et la fierté que j'éprouvais quant à fait que la trentenaire ait pu gifler le brun. Je ne pouvais pas nier que malgré ma volonté à déployer le bénéfice du doute et poser des choix justes et raisonnés, j'entretenais tout de même une préférence naturelle à soutenir Helena devant Auden. Je prenais le verre de vodka qu'elle me servait, remarquant le sien disparaître très promptement.

« Oui… Il a dit qu’il voulait que je tourne la page, et que je sois heureuse… Et je veux bien le croire, mais… C’est trop tard. Non seulement ses explications auraient dû venir plus tôt, et pas presque 5 ans après son départ… Mais en plus, c’est simplement cruel. Tout ! Tout est cruel ! Il m’a dit qu’il s’amusait, que c’était tout, et que ça ne signifiait rien pour lui. » Je baissais les yeux, hautement chagriné par la brune à qui je souhaiterais fortement ôter tous ces maux. Je posais ma main contre la sienne, compatissant et présent, à défaut de savoir offrir davantage. « Finalement, plus que des explications plus tôt, ce que je méritais, c’était simplement qu’il ne me fasse pas vivre ça pendant 4 ans ! Pendant 4 longues années, il a joué avec moi, s’est amusé, distrait, en espérant que l’amour de sa vie revienne. Il a beau dire qu’il m’avait fait comprendre qu’il ne voulait pas être un couple, ce n’est pas suffisant quand on vit une telle relation avec quelqu’un pendant aussi longtemps… » Je hochais la tête en signe de dénégation, entièrement d'accord avec la perception de Helena. Auden avait mal agi à son égard, d'une manière égoïste et sans cœur. Il avait monopolisé quatre ans de sa vie durant lesquelles il avait su orchestrer une macabre mascarade. Même s'il s'était jugé être sincère avec la Cohen, il n'était pas aveugle et avait dû remarquer, selon moi, qu'il lui faisait du mal en agissant ainsi ; pourtant, il avait choisi de poursuivre cette relation, pour que sa pénitence sans Ginny soit plus douce. Je me peignais ce tableau de l'artiste.

Helena boit une nouvelle quantité de vodka cul sec et je lui présente à quel point je considère que le couple nous a manqué de respect. En réconfort, l'australienne vient porter délicatement sa main contre ma joue et je lui souris tendrement. « Il n'a pas volé cette gifle, » j'ajoute, extrayant tout de même un singulier plaisir à me visualiser la scène. « Je suis entièrement d'accord avec toi. Il a agit cruellement et il n'avait pas le droit de se jouer de toi pendant 4 ans. Il n'a pas été quelqu'un de bien avec toi. » J'entendais que l'italien pouvait présenter des qualités, celles qui avaient notamment séduit Helena, il n'en demeurait que ces agissements précis étaient à mes yeux impardonnables. Je pourrais probablement les comprendre si on mes les justifiait, mais je ne les cautionnerais jamais. J'étais rancunier pour les gens à qui je tenais.

« Je suis désolé qu'il t'ait fait autant souffrir. Tu mérites bien mieux. » Je concluais, priant sincèrement pour que la juriste puisse tirer un trait sur ce désarroi et dénicher son propre bonheur. Cette conversation m'avait finalement appris que j'avais au moins un point commun avec le peintre : je désirais aussi que Helena puisse tourner la page et s'épanouisse. Auden faisait partie de son passé, était révolu, et j'espérais qu'il en reste ainsi et que la Cohen trouve son bonheur en une personne noble et aimante qui saura la traiter comme elle le mérite. « Tu sais que toi aussi. Et toi comme moi, on devrait réussir à tourner la page et ne pas laisser des histoires passées dicter des choses à notre cœur. » J'acquiesçais, rejoignant une nouvelle fois mon amie qui parlait vrai. « Oui. On devrait ranger ce qui n'appartient plus qu'au révolu. » C'était toutefois plus facile à dire qu'à faire, et sur cette résolution, je terminais mon verre de vodka.

La soirée se termine, comme la bouteille de vodka, devant un film choisi aléatoirement. Lorsque ce dernier achève, nous décidons d'aller nous coucher et une fois la tête sur mon oreiller, je regarde les heures défiler à mesure des réseaux sociaux que je parcours sur mon téléphone portable. Je peine à étreindre Morphée, mon esprit agité par ce mal que nous ont causé Ginny et Auden. Mon regard se fixe sur la porte lorsque j'entends celle-ci grincer contre ses gonds et je fixe la silhouette de la Cohen dans la pénombre s'avancer du lit que j'occupe. « J’ai peur. Je peux rester avec toi ? » Je me redresse en position assise et me retiens de justesse de lui demander ce qui l'effraie, songeant à l'épisode du cambriolage qu'elle m'avait évoqué. « Bien sûr, viens, » je l'invite à s'installer dans le lit, lui tendant une main, tout en songeant par la suite que cette proximité pourrait toutefois être source de malaise. « Je vais rapatrier un autre matelas, » je propose, bien que n'émets pas encore le moindre geste pour m'extirper du lit, veillant à ce que Helena ne se blesse pas sur le chemin jusqu'au mobilier, vu l'obscurité régnant dans la pièce. « Ca va aller ? » Je l'interroge avec attention, soucieux de son bien-être.