J'étais parfaitement éveillé, mes yeux habitués à la noirceur habitant la pièce, lorsque j'entendis le poing de Helena tapoter doucement à la porte de la chambre que j'occupais. Je l'invitais à entrer puis me redressais en position assise lorsqu'elle m'indiquait avoir peur et sollicitait être accompagnée. Je lui tendais une main spontanément, la conviant par ce geste à s'installer sur le matelas. Je sentis rapidement les doigts de la Cohen se mêler aux miens puis la distance se réduisit entre nous. Alors que les genoux de la jeune femme s'apprêtaient à se poser sur le drap, je lui signifiais ambitionner de partir en quête d'un autre matelas, de sorte à lui tenir compagnie sans imposer une proximité qui pourrait la mettre mal à l'aise. A mon grand étonnement, la brune se glissa sous la couverture vivement. « Je préfèrerais rester avec toi, si tu veux bien. » Je souris doucement, me penchant de sorte à retrouver une position allongée dans le lit. « Au moins pour quelques minutes. Si tu veux, je retournerai dans ma chambre quand ça ira mieux. » « T'en fais pas, » je répliquais naturellement, me décontractant contre le matelas.

Je décris le profil de mon amie qui m'offre un faible sourire. Je lui réponds par un rictus, soucieux de ses états d'âme suite aux événements houleux qu'elle a essuyés récemment : le cambriolage, la survenue d'Auden. J'inspire profondément puis ose lui demander si ça va aller. En réponse, le juriste se déplace de sorte à me faire face, nos jambes s'effleurant sous la fine couverture. « Ca va aller. » Son sourire franc se répercute sur mon portrait et je viens porter ma main contre la sienne, gage de soutien et preuve que sa présence ne m'importune aucunement. Bien au contraire, si je peux lui venir en aide, je le fais avec grand plaisir.

« Je suis désolée. C’est bête … Promis, je me ferai toute petite, et je m’en irai dans quelques instants, si tu veux. » Je laisse quelques secondes se faufiler entre nous, durant lesquelles mes doigts caressent distraitement le dos de sa main. « T'as pas à t'excuser ni à te faire toute petite, ce n'est pas de ta faute et ce n'est pas bête. » J'articulais doucement, sur un ton œuvrant à consoler ainsi que valoriser mon interlocutrice et ses émotions. « Tu peux rester tout le temps que tu veux. » Je certifiais calmement, avant de laisser de nouvelles secondes de silence planer entre nous deux. « Tu veux en parler ? » J'offrais, désireux de l'épauler de quelconque manière possible. « Je peux faire quelque chose pour que tu ailles mieux ? » Ca me crevait le cœur de voir le sort s'acharner sur Helena de la sorte, alors qu'elle méritait tant d'épouser l'épanouissement.

Je percevais à travers l'attitude et l'intonation de Helena que des tracas la tourmentaient. Sincère, je lui assurais qu'elle pouvait rester en ma compagnie tout le temps qu'elle le souhaitait et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter. Si j'étais en mesure de l'épauler et l'aider à aller mieux, je saisissais cette opportunité indubitablement. La brune s'immisça sous les draps de mon lit et une proximité s'imposa promptement entre nos deux corps. Je posais ma main contre la sienne dans une optique de la réconforter, lui assurant qu'elle n'avait pas à s'excuser ni se dévaloriser pour les émotions qu'elle ressentait. La Cohen avait vécu des événements dramatiques et difficiles, il était naturel qu'elle ait à les traiter et que du temps était nécessaire pour cela. De plus, son comportement démontrait sa sensibilité et son authenticité, deux traits que je valorisais chez elle.

Calmement, je proposais de discuter de ce qui la taraudait. « J’avoue que… le cambriolage m’a perturbé. Je n’étais pas à la maison quand c’est arrivé, heureusement, mais savoir qu’on pouvait rentrer chez moi, comme ça, n’importe quand, et violer mon intimité… En fait, ça fait froid dans le dos. » Je grimaçais doucement. Je n'avais jamais connu une telle intrusion à mon domicile et ne pouvais qu'imaginer ce que ressentait la juriste. « Oui, je comprends. Ca a de quoi ébranler ton sentiment de sécurité. » « Et malgré le déménagement, je ressens toujours cette crainte que ça recommence. Ce n’est pas une peur viscérale, mais elle est là, sous la surface, attendant la nuit pour ressurgir. » Je l'observais, compatissant. « Disons qu’entre Spencer qui m’a lâché juste avant les fêtes de Noël 2019, le cambriolage, Caelan et Auden, je pense qu’en un an, ça commence à faire un peu beaucoup. » Je soupirais discrètement, déçu pour elle : en effet, Helena subissait une réelle loi des séries concernant des mésaventures désastreuses. « La roue finira par tourner, » je lui déclarais, persuadé qu'il s'agissait d'une mauvaise passe et que d'agréables surprises attendaient la trentenaire sur sa route. « Donc quand tu voudras à nouveau t’envoler pour aller aider ton prochain, j’en suis à 100 %. J’ai besoin d’air, alors autant que mon recul serve à d’autres. » Je souris largement. « Je suis heureux que tu m'accompagnes. » Je marquais une pause, mon cœur tout de même serré devant la malchance de mon interlocutrice. « Je peux faire quelque chose pour que tu ailles mieux ? » Ses doigts viennent caresser ma joue et je n'effectuais aucun mouvement de recul, patient. « Tu en as déjà fait beaucoup. Et je crois que j’aimerais mieux ne plus en parler. » J'acquiesçais dans la pénombre. « D'accord. » La jambe nue de la Cohen vient se coller à la mienne. « En fait, je crois que j’aimerais mieux ne plus parler du tout. » Je souris doucement, rictus qui s'évanouit sous la pression des lèvres de l'australienne contre les miennes. Je sentis mon cœur s'arrêter alors que la surprise m'envahissait et figé, je demeurais immobile. J'étais conscient avoir été clair auprès de la trentenaire quant au fait que je ne désirais pas m'engager avec qui que ce soit, que je n'étais pas prêt à m'investir dans une relation sérieuse. Quand bien même la tentation était ardemment présente, je refusais de plus de faire souffrir davantage mon amie.