| | | (#)Mer 3 Fév - 22:32 | |
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Déchéance Avachi sur le canapé, je suis dans un état second. Je joue de la zappette. Sans réel intérêt. Fatigué. Exténué. J’accumule les nuits sans sommeil. Je n’ai plus d’envie. Je n’ai plus de vie. Sauf l’envie de m’enivrer. D’oublier qui je suis. De faire table raz du passé. J’ai faim. Mon estomac crie famine. Il se contracte. Il laisse échapper sa fureur. Le manque criant de nourriture. Je n’ai pas la force de me cuisiner. C’est un comble. Je n’ai plus le goût. Depuis la découverte de la vérité. De mes origines. Et ce lieu du sang, qui m’a complètement déboussolé. Un frère. Je ne l’espérais pas. Et pourtant. Il est présenté à moi. Sans prévenir. J’aurais pu exulter. J’étais sous le choc. Cette photographie a été l’élément déclencheur. Transmise par @Gregory Morton. Elle a trouvé son pendant dans les mains de @Jacob Copeland. Deux photos identiques. Complémentaires. Comme un chirographe médiéval.
La vérité a été dévastatrice. Pour moi. Pour Jacob. Et depuis, j’ai sombré. Jacob n’a pas eu la réaction escomptée. Au contraire, j’ai eu l’impression d’être un paria. Une tâche de graisse sur un tee-shirt. Il ne m’accepte pas. Pourtant, je ne suis pas le fautif. Comme lui, je subis la situation. Ce regard sur moi, si différent, m’a détruit. Comme si notre amitié ne comptais plus.
Une chape de plomb s’est abattue sur moi. Insupportable. Je n’ai pas eu la force de lutter. Je me suis laissé submerger par mes émotions. Et je me laisse dépérir. Avec ma bière et mon chien. Immobile. Sur moi. À dormir. Comme souvent. Dure la vie de chien. Je l’envie. Son esprit n’est pas embrumé par mille pensées. Il ne doit obéir qu’à ses seuls besoins naturels : manger, pisser et dormir. Et couvrir d’affection son pauvre maître. Je zappe. Encore et encore. Mon estomac continue à demander son dû. Inlassablement. Je suis toujours happé par ce manque de motivation. Je n’ai envie de rien. Juste de boire. D’oublier. Et de me vider la tête. Simplement. Je sens le poids de Diablo sur moi. Sa respiration m’apaise. Je le caresse. Affectueusement. Heureusement qu’il est là. Même s’il ne cuisine pas. Malheureusement pour moi.
Sans faire de gestes brusques, je tente de saisir la bière posée au sol. À quelques centimètres de moi. Je laisse le goulot atteindre mes lèvres. Le breuvage glisse dans ma bouche, dans mon gosier. Diablo rêve. Il semble courir. Galoper. Contre qui ? Contre quoi ? Je l’ignore. J’intensifie mes caresses. Il grogne. Il gémit. Il se réveille en sursaut. Il s’étire. Il me regarde. Il tourne sa tête vers l’entrée. Doué d’un sixième sens, il entend la clef dans la serrure. Victoire revient. Victoire est là. Victoire ! Je vais peut-être manger aujourd’hui. J’entends le grincement caractéristique de la porte qui s’ouvre. Des pas se rapprochent.J’entraperçois une chevelure rousse bien singulière. Je tourne la tête. « Coucou toi ! » Dis-je d’une voix pâteuse. J’ai beaucoup trop bu d’alcool. Pas assez d’eau. « Fais-moi à manger ! J’ai faim ! ». Je tends une main vers elle… « J’ai faim ! » Terriblement. |
| | | | (#)Jeu 4 Fév - 12:54 | |
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déchéance
Victoire d’une longue, beaucoup trop longue mâtinée de travail. Il est quinze heures quand elle insère la clé dans la serrure et s’attend à voir Diablo venir l’accueillir mais il n’y a personne dans l’entrée. Elle soupire en posant son sac, étire son dos courbaturé par les heures à pétrir la pâte et confectionner minutieusement ses pâtisseries accrochant son manteau, retirant ses chaussures et en s’avançant dans le salon. Elle voit d’abord Byron avachi sur le canapé avec son chien en guise de plaid, ces jours-ci il a l’air d’être au fond du trou et elle a eu beau lui demander ce qui n’allait pas, il a esquivé. « Coucou toi ! » Il a l’air saoul et Vic se tend instantanément, répondant avec un air suspicieux : « Bonjour… Qu’est-ce que tu... » Elle scanne la pièce du regard et ne tarde pas à repérer la bouteille de bière posée sur le sol, presque camouflée derrière la jambe de Byron. Puis les autres, celles qui sont vides, alignées à côté du canapé. Elle est tellement choquée qu’il ait osé faire ça, lui qui lui a fait la morale pendant des mois, qui a banni la moindre goutte d’alcool sous leur toit, lui qui sait parfaitement qu’elle est alcoolique et qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle replonge. Elle reste bouche bée à le regarder. « Fais-moi à manger ! J’ai faim ! » Ses yeux s’écarquillent d’autant plus, il est sérieux là ? « J’ai faim ! »
La colère lui monte aux joues instantanément, elle s’avance vers lui d’un pas décidé en s’écriant : « Mais tu te fous de ma gueule, là ? » Elle contourne le canapé et saisit la bouteille de bière entamée ainsi que ses deux copines qui sont encore pleines. Elle sent l’odeur du houblon, même le tintement des bouteilles en verre entre ses doigts lui rappelle l’ivresse qu’elle s’interdit depuis des mois au prix d’efforts insurmontables. Ce serait tellement facile là, de juste lever le coude et terminer la bière, ce serait tellement facile d’en décapsuler une autre et de l’engloutir en quelques secondes. Puis une autre. « Qu’est-ce qui te prend en ce moment, putain ? » s’emporte-t-elle en le fusillant du regard. Il est difficile d’ignorer la puissante soif qui l’étreint soudain, cette salivation abondante qui envahit sa bouche et elle se rue vers l’évier de la cuisine où elle vide la bière pour ne pas la boire, pour que personne ne la boive. « C’est pas comme si tu savais pas en plus ! » rage-t-elle depuis la cuisine. Ce n’est pas comme s’il ne savait pas qu’elle est alcoolique, ce n’est pas comme s’il ignorait qu’alcoolique un jour signifie également alcoolique toujours. Il sait très bien qu’en choisissant de ramener de l’alcool chez eux et de boire sous son nez il la tente, il la met à l’épreuve, il lui fait mal. Elle est tellement en colère pour la bière qu’elle n’a même pas relevé son intervention digne d’un « Femme, fais-moi un sandwich », mais qu’il ne croit pas qu’elle ne l’ait pas entendu et que cela ne lui soit pas resté en travers de la gorge, elle y reviendra plus tard. Pour l’heure, elle s’affaire à ouvrir tous les tiroirs de la cuisine à la recherche d’un décapsuleur, il faut qu’elle se débarrasse de ces bières et vite. Les jeter pleines à la poubelle ne servirait à rien, il n’y a rien qui arrête un alcoolique à la recherche d’une gorgée, encore moins de simples déchets puants à écarter pour récupérer le Graal. Non, il faut que le breuvage s’écoule dans la bonde et disparaisse pour de bon, c’est la seule solution.
Elle finit par passer la tête par la porte pour vérifier la table basse du salon de son regard courroucé, bien entendu que le décapsuleur est là où les bières ont été ouvertes. Elle s’empresse de se diriger vers l’objet convoité et tente de le saisir avant que Byron ne l’en empêche. « Y a encore de l’alcool quelque part dans l’appartement ? » s’énerve-t-elle. Parce qu’elle n’est pas sûre d’être aussi forte et déterminée si elle tombe sur une bouteille de whisky dans plusieurs heures quand la nuit sera tombée et que ses démons ne demanderont qu’à se réveiller.
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| | | | (#)Ven 5 Fév - 6:23 | |
| Déchéance « Bah non… J’ai vraiment faim ! ». Silence. Mon ventre fait un gargouillis. « En fait, Diablo s’est installé sur mon ventre, sans crier gare, car j’ai un ventre confortable et je n’ai plus pu bouger. Et du coup, j’ai faim. Et comme je sais que tu es une cuisinière hors pair, j’ai préféré profiter de tes talents ! ». Je tourne la tête vers elle. Elle me semble un brin énervée. Elle s’approche de moi. « Mais tu te fous de ma gueule, là ? » J’écarquille les yeux. Je vois trouble. Puis son visage s’immisce plus clairement sur ma rétine. Je me redresse. Diablo aussi. Contraint. Il se laisse tomber au bas du canapé. Il tourne la tête vers moi. Triste. Avant de rejoindre son panier. Telle une furie Victoire arrive au canapé et saisit la bière entamée avant même que j’ai pu la récupérer. Loupé. « Ce n’est pas mon genre ! J’ai vraiment très faim ! » Silence. « Et rends-moi ma bière... » Je la vois récupérer les deux autres bouteilles, non ouvertes elles, avant de se diriger, d’un pas précipité vers la cuisine. « Mais… Mais… A quoi tu joues ! C’est à moi ! » Je m’assis convenablement sur le canapé et je regarde le spectacle. Elle vide la première bouteille. Pincement au cœur. « C’est pas comme si tu savais pas en plus ! » Je la vois faire du remue-ménage dans la cuisine. Que fait-elle ? Pourquoi tout ce ramdam ? Elle est bruyante. J’étais mieux avant son arrivée. Tranquille avec ma bière. Retourne-t-elle toute la cuisine ? Pour confectionner le repas. Chouette. Je la questionne. « Tu prépares quoi à manger ? J’ai trop envie de pop corn ! ». Elle revient. Elle fond sur moi, tel un aigle ayant repéré sa proie. Surpris, je ne cache pas mon étonnement « Waaaaahou ! ». Ce n’est pas moi qu’elle cherche à atteindre. Plutôt le décapsuleur. Il se trouvait il y a quelques instant sur la table basse du salon. Désormais, il est dans ses mains. « Ouais ! Vas-y ouvre toi une bière et viens t’asseoir ! » Silence. « Ce canapé est vraiment confortable ! ». Silence. « Donne-en moi une ! J’ai soif ! » Elle fait volte face et d’un pas pressé, elle retourne vers l’évier et me pose une question à la volée « Y a encore de l’alcool quelque part dans l’appartement ? » Je réfléchis quelques secondes. « Un gentleman ne divulgue pas ses secrets ! » Silence. J’affiche un sourire. Empli de fierté. Non, je n’ai rien d’autres que ces bières qu’elle vide dans l’évier, sans se soucier de leurs sentiments. Elles n’ont rien demandé. Elles désirent simplement, au plus profond de leur être, être bues, procurer du plaisir. Mais ça Victoire, elle s’en fiche. Elle préfère s’en débarrasser. Sans cœur. Pauvres bières. Paix à leurs âmes. Machinalement je fais le signe de croix. Avant de défier la jeune femme : « Il y a peut-être quelque chose dans mon panier de linge sale… » Silence. « Ou pas ! » Silence. Je tente de me lever. Sans succès. Je reste avachi sur le canapé. Immobile. À observer la tornade… « Bon trêve de plaisanterie… Tu m’fais quoi à manger ? J’ai toujours faim ! » Avec la grâce d’une baleine dans une baignoire, je tente de récupérer mon téléphone portable au fond de ma poche. J’ai l’impression qu’il vibre. Je bataille. Victoire. Je l’ai entre les mains. « Je vais appeler @Kane Williamson… Il est cool lui au moins ! » Et il va pouvoir me faire à manger. |
| | | | (#)Ven 5 Fév - 13:43 | |
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déchéance
A peine lui a-t-elle renvoyé son bonjour qu’il se met à déblatérer sur à quel point il a faim en tentant de justifier ses ordres machistes par la venue de Diablo qui l’a empêché de se lever pour se faire à manger. Mais elle s’en fout de son histoire et de ses compliments foireux sur ses compétences de cuisinière. C’est lui le cuisinier, elle la pâtissière, deux métiers bien différents et bien qu’elle sache parfaitement préparer un plat salé goûteux, elle n’aime pas spécialement le faire et n’arrive pas à la cheville de Byron en la matière. Plus les mots déferlent de sa bouche, plus il est évident qu’il est saoul. « J’y crois pas, t’es saoul ? » demande-t-elle juste avant de repérer les bouteilles de bière. Alors elle commence à crier, sous le choc qu’il ait pu lui faire une chose pareille, et surtout elle fond sur lui et plus précisément sur ses bières. Il se redresse vaguement et déloge apr conséquent le chien qui va rejoindre son panier, penaud. « Ce n’est pas mon genre ! J’ai vraiment très faim ! » Silence consterné alors qu’elle le toise avec colère. « Et rends-moi ma bière... » « Sûrement pas, t’es complètement bourré, t’en es ridicule ! » Et sur ces mots elle se précipite vers la cuisine avant que Byron ne l’empêche de mener à bien son plan. Elle doit se débarrasser de ces affreuses tentations, tant pour le bien de Byron que pour le sien. « Mais… Mais… A quoi tu joues ! C’est à moi ! » « Je les vide dans l’évier ! Voilà ! » fulmine-t-elle en versant la bière ouverte. Elle rumine dans la cuisine, s’agace en ouvrant brusquement et bruyamment tous les tiroirs. Byron est vraiment ridicule et insupportable dans cet état et elle aurait préféré ne jamais le connaître sous cet angle. Au moins quand elle était une putain d’alcoolique, elle s’enfermait seule chez elle à l’abri des regards pour ses pires beuveries, ces soirées passées à boire et pleurer, à fumer jusqu’à se sentir mal, à s’endormir sur le canapé ou sur le carrelage de la salle de bain. « Tu prépares quoi à manger ? J’ai trop envie de pop corn ! » « Ferme ta gueule, Byron ! » crie-t-elle depuis la cuisine, excédée. Tout ceci est en train de rappeler à elle les souvenirs désastreux de ses longues années d’alcoolisme, ces souvenirs qui sont bien plus nombreux que ceux des soirées sobres qu’elle a passées depuis six mois. Six mois. Elle a obtenu son jeton des six mois à la réunion des alcooliques anonymes quelques jours plus tôt, une demi-année ça n’est pas rien. Elle est fière Vic, elle a d’ailleurs le jeton dans sa poche en ce moment-même et touche son relief des doigts à travers le tissus de son jean. Elle a besoin de force pour résister à cette épreuve que Byron lui impose.
Elle ne trouve pas le décapsuleur et retourne donc à regret vers Byron, elle le saisit sur la table basse et la réaction de Byron est à se cogner la tête contre les murs. « Ouais ! Vas-y ouvre toi une bière et viens t’asseoir ! Ce canapé est vraiment confortable ! Donne-en moi une ! J’ai soif ! » Elle a envie de l’étrangler là, tout de suite. Il vient de lui proposer de prendre une bière, comme si le houblon lui avait fait perdre l’intégralité de ses neurones. Il a pourtant été là, tous les jours, à la voir lutter pour rester sobre, il a été un véritable soutien pour elle, il l’a forcée à rester dans le droit chemin avec son regard inquisiteur et maintenant ça ? « Mais putain ! Tu le fais exprès ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour mériter ça, hein ? » Elle est simplement hors d’elle, elle tente de lutter contre ses pires instincts et elle n’est pas encore en état de se demander ce qui a bien pu mettre son colocataire dans cet état. Pour l’heure, elle doit penser à elle, sauver sa sobriété, se débarrasser de tout l’alcool qui se trouve dans l’appartement. Elle retourne vers la cuisine, s’assurant qu’il ne risque pas de tomber sur d’autres bouteilles. « Un gentleman ne divulgue pas ses secrets ! » Oh tu vas voir le gentleman il va se prendre un high kick en pleine face et aller faire une longue sieste réparatrice, menace la voix intérieure de la pâtissière. Elle pourrait facilement l’envoyer au tapis dans son état et elle en a clairement envie vu comment il joue sur ses nerfs actuellement. Elle en a les capacités aussi, ses entraînements avec Seamus ont porté leurs fruits. Elle rage en silence, décapsule les deux bières et les vide simultanément dans l’évier. Elle le rince pour évacuer cette odeur si alléchante et jette les bouteille dans la caisse du verre sous l’évier.
Elle retourne face à sa Némésis du jour, plante ses poings sur ses hanches : « Dis-le moi s’il y en a. » « Il y a peut-être quelque chose dans mon panier de linge sale… Ou pas ! » Elle ne répond rien, fonce vers la salle de bain et renverse le panier de linge sale de Byron sur le carrelage. Aucune bouteille ne s’en échappe, seulement des slips, des tee-shirts et autres vêtements en attente d’une lessive. Elle soupire de soulagement, même si ce moment difficile est loin d’être terminé. Il lui reste le mort saoul du salon à gérer et ça ne va pas être une mince affaire. Victoire retourne dans le salon et baisse les yeux sur son colocataire, étalé sur le canapé, ridicule, pathétique. Elle essaye de calmer sa colère, de se convaincre qu’il n’y a plus d’alcool ici, que sa santé mentale n’est plus en danger et qu’elle peut se concentrer sur l’état du cuisinier. Mais il ne lui facilite pas la tâche. « Bon trêve de plaisanterie… Tu m’fais quoi à manger ? J’ai toujours faim ! » Sa mâchoire se crispe, la gifle la démange si fort. Mais elle se retient et s’assoit sur la table basse en bois solide pour lui faire face, s’abaisser à sa hauteur et tout ce qu’elle récolte c’est son haleine alcoolisée. « Ecoute-moi bien Byron. Si tu veux manger un truc tu vas lever ton cul d’ivrogne et te le cuisiner ! » Elle ne crie plus mais son ton est ferme, implacable. Son colocataire, cependant, est plus intéressé par son téléphone qu’il extirpe laborieusement de son pantalon. « Je vais appeler Kane… Il est cool lui au moins ! » Cette fois-ci Vic grogne d’agacement, elle a l’impression de devoir jouer la maman de Byron et si elle ne veut pas d’enfant ce n’est pas pour se taper des séances de réprimandes envers son trentenaire de coloc. Elle lui arrache littéralement le téléphone des mains : « Laisse Kane en dehors de ça. Il faut qu’on parle là. » Elle jette le téléphone sur le fauteuil à l’autre coin de la pièce, hors de portée de Byron qui semble incapable de bouger sa carcasse pleine de bière. Il est en plein délire, bien trop ivre pour se concentrer sur ce qu’elle a à lui dire s’il reste dans cet état second. Alors elle se décide finalement à lui coller cette gifle. Elle n’est pas bien forte, mais elle produit un joli claquement dans l’air alors que sa main s’abat sur sa joue. « Arrête tout de suite tes conneries, By. Maintenant, tu vas me dire ce qu’il se passe. » Son regard ne lui laisse pas d’alternative. Elle attrape son jeton des six mois dans la poche arrière de son jean et la lui colle sous les yeux. « Qu’est-ce qu’il t’arrive pour que tu te permettes de me faire risquer ça ? » Elle essaye d’ouvrir le dialogue mais elle a du mal à ne pas avoir l’air furieuse, elle l’est encore.
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| | | | (#)Ven 5 Fév - 16:51 | |
| Déchéance « Ferme ta gueule, Byron ! » Entends-je depuis la cuisine tandis qu’elle fouille, farfouille, en quête du décapsuleur. Quelle violence. Je ne réagis pas. Je suis à trois mille. Mon répondant est aux abonnés absents. J’ai juste la force de faire une moue de gamin capricieux, pris la main dans le sac. Je cherche Diablo du regard. Pour avoir du réconfort. Un soutien moral. Il est loin. Dans son panier. Recroquevillé. Assoupi. Il ne sera pas d’un grand secours le bougre. La furie revient. Avec les deux bières. Elle a repéré le décapsuleur à proximité. Machinalement, je l’invite à me rejoindre. Partager une bière. Il en reste deux. Nous sommes deux. Que demander de plus ? La belle vie. « Mais putain ! Tu le fais exprès ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour mériter ça, hein ? » Elle est hors d’elle. Pourtant, il ne s’agit que d’une bière. À tout cassé, elle doit être à 5°C d’alcool. Elle n’a pas besoin de faire sa mijaurée. Elle ne va pas en mourir. « Calme-toi ! Je vais la boire, si ça te gêne autant ! » Je tente d’en attraper une. Je tombe au sol, comme une merde. Elle est déjà retourner dans la cuisine. Avec les bouteilles et le décapsuleur. Et elle libère déjà leur contenu. Elle tente de savoir si je cache d’autres bouteilles. Je reste énigmatique. Avant de plaisanter, de l’orienter vers ma panière de linge salle. Une vraie tornade. Là voilà déjà dans la salle d’eau. Je l’entends souffler. Ronchonner. « Il n’y a rien là-bas… Ah ah ah ah ah ! ». Je me relève, difficile et tombe, de tout mon long, sur le canapé. Je continue à rire. « Vas-y ! Lance une machine ! Tu seras mignonne ! Ah ah ah ah ah ! » Elle revient. Toujours aussi énervé. « Prends une dose de lessive ! Peut-être que ça te détendra ah ah ah ah ah! » Je me redresse pour retomber aussi sec. La loose. Une nouvelle fois, je la tanne pour qu’elle me prépare à manger. J’ai faim. Vraiment très faim. Je mangerais un éléphant. Une baleine même. Que dis-je… Un diplodocus. Elle n’est pas encline à satisfaire mon besoin. Même si je la regarde avec des yeux de merlans frits. En la suppliant… « S’il te plaît Victoria… Sois cool ! » Rien. Elle ne bouge pas d’un iota. « Oh ça va dégonfle ! » Je vais trouver une autre solution pour manger. Je vais appeler Kane. Lui c’est un ami. Lui, il ne va pas me laisser crever. Il ne va pas devenir complètement hystérique à cause de deux bières. Je tente avec toutes les difficultés du monde d’extirper mon téléphone de la poche de mon jean. Avec autant de grâce que celle d’un photo qui se meut sur la banquise. Mais elle m’en empêche. Elle arrive à subtiliser le téléphone tandis que je tente de l’appeler… « Mais euh… T’es vraiment pas gentille… » Je la fusille du regard. J’appelle Diablo. Je veux qu’il soit là. Je veux le caresser. Avoir de l’affection. « Pourquoi tu veux pas que j’appelle Kane ? Tu le kiffes sa race, et tu veux pas partager ! ». Silence. « Nul ! ». Je me redresse. Je la regarde. Elle s’approche. Et me donne une gifle. Sans ménagement. Et me voilà reparti m’étaler sur le canapé. « Diablo appelle les flics ! On m’agresse ! » Dis-je en exagérant. Victoire n’est pas dupe. « Arrête tout de suite tes conneries, By. Maintenant, tu vas me dire ce qu’il se passe » Je ne dis rien. Je reste impassible. Elle s’approche et me plante sous le nez une pièce. Je tends la main pour essayer de la prendre. Sans succès. « C’est joli ! Ça brille ! C’est de l’or ? » Elle me parle de risques pris. Je ne comprends pas. Mon cerveau est embrumé. Elle s’inquiète de mon état… « Je vais très bien ! Je suis juste affamé… Je mangerais une bonne pièce de bœuf de cinq cents grammes… Au moins ! » Silence… « Au moins cela m’éviterait de penser ! De ressasser le passé ! » |
| | | | (#)Sam 6 Fév - 11:45 | |
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déchéance
Byron est dans un état pitoyable et quand elle perd patience face à ses propositions de le rejoindre dans sa journée biture, il a l’air de ne pas comprendre. « Calme-toi ! Je vais la boire, si ça te gêne autant ! » Mais elle s’écarte, mettant les bières hors de sa portée tandis qu’il s’écrase au sol. Elle en a envie de les boire ces bières mais quand elle voit le déchet qu’est Byron en cet instant, elle se souvient pourquoi il ne faut absolument pas qu’elle boive, pas même une goutte. C’est comme arrêter de fumer et vouloir reprendre une taffe, puis une clope, puis un paquet pour finalement revenir au point de départ. C’est comme cela que fonctionnent les addictions, le moindre écart peut réduire à néant des centaines, voire des milliers de jours d’exemplarité et de résilience.
Après avoir vidé les bières, elle se rend dans la salle de bain pour s’assurer que les « plaisanteries » de Byron à propos de son bac à linge sale ne sont pas fondées. Il n’y a rien. Soulagement. Soupire d’agacement également. « Il n’y a rien là-bas… Ah ah ah ah ah ! » Elle serre la mâchoire, elle a vraiment envie de lui mettre un coup de poing en plein sur le nez. « Vas-y ! Lance une machine ! Tu seras mignonne ! Ah ah ah ah ah ! » Non, mieux, elle va l’assommer tout de suite, comme dans les dessins animés. Un coup sec derrière la tête et il se réveillera dans quelques heures, sobre comme par magie et alors là ils pourront peut-être avoir une conversation cohérente. Elle retourne dans le salon, les poings serrés qui la démangent. La violence n’est pas la solution, la violence n’est pas la solution, la violence n’est pas la solution, se répète-t-elle en tentant de se calmer. « Prends une dose de lessive ! Peut-être que ça te détendra ah ah ah ah ah! » Il est ivre, hilare et il dit n’importe quoi, il ne faut pas prendre mal ses paroles, il n’est pas lui-même. C’est en tous cas ce dont elle essaye de se convaincre pendant qu’elle le jauge de loin, se forçant à ne pas répondre à une énième provocation. Après la lessive, il retourne sur ses exigences de repas et sa patience s’érode encore un peu plus. Elle se place à sa hauteur, assise sur la table basse et lui dit de se débrouiller s’il veut manger. « S’il te plaît Victoria… Sois cool ! » Elle lève les yeux au ciel, il n’est pas le premier à l’appeler Victoria, c’est bien plus facile à prononcer pour un anglophone que Victoire, mais elle en attendait plus de son coloc, cela fait six mois qu’ils cohabitent et il sait très bien qu’il peut l’appeler Vic ou Vicky. « Non. » « Oh ça va dégonfle ! » « Non. » répète-t-elle implacable. Il fait n’importe quoi et n’a aucune considération pour elle alors elle ne va pas s’abaisser à le materner en se laissant traiter comme ça. S’il veut qu’elle se détende, il faut qu’il arrête ses conneries pendant deux minutes.
Mais au lieu de ça, il décide d’appeler Kane, ce dont elle l’empêche aussitôt. « Mais euh… T’es vraiment pas gentille… » Elle a l’impression de parler à un gamin de 5 ans à qui elle a confisqué son doudou, c’est désespérant mais s’il faut en arriver là, elle va lui répondre en conséquence. « T’es pas franchement gentil non plus, By... » soupire-t-elle avec agacement. « Pourquoi tu veux pas que j’appelle Kane ? Tu le kiffes sa race, et tu veux pas partager ! » Elle ferme les yeux pour ne pas qu’ils roulent dans leur orbite une énième fois et pèse le pour et le contre du recours à la violence pendant une seconde. Une seule. La décision est vite prise, il faut qu’il reprenne ses esprits, qu’il sorte de son délire. « Nul ! » Elle rouvre les yeux, bien décidée à le forcer à lui parler sérieusement et la gifle fuse et claque contre sa joue. On ne va pas mentir, Vic a apprécié le faire, juste un peu mais tout de même ça a soulagé un minimum sa colère. Mais la réaction de son colocataire est digne d’une sitcom comique de mauvaise qualité alors qu’il s’étale sur le canapé comme si Vic avait la force de l’envoyer ainsi au tapis. « Diablo appelle les flics ! On m’agresse ! » Elle a un rire nerveux difficile à retenir, parce que la situation est risible il faut le dire, mais elle reprend vite son sérieux et enjoint Byron à arrêter de se montrer honnête avec elle sur la raison de cette déchéance soudaine. Il ne répond rien, il boude à cause de la gifle ou bien il ne veut pas entrer dans les détails, mais elle ne va pas lui laisser le choix. Elle lui plante son jeton des six mois de sobriété sous le nez. « C’est joli ! Ça brille ! C’est de l’or ? » Elle reprend son jeton avant que Byron parvienne à l’attraper comme s’il s’agissait d’une vulgaire pièce en chocolat. La Française s’efforce de contrôler son agacement et plante son regard sérieux dans les yeux de Byron : « C’est mon jeton des six mois de sobriété By ! Tu sais, la sobriété que tu voulais tant que j’atteigne que tu m’as proposé de venir vivre ici. La sobriété que tu mets en péril en ramenant de l’alcool chez nous ! » Si l’alcool l’a rendu si stupide qu’il faut tout lui expliquer, alors elle va le faire, elle va lui expliquer en détail à quel point son comportement est inadmissible. Elle préférerait qu’il se sente coupable et fonde en larmes plutôt que de garder cette attitude de fanfaronnade. Au moins, s’il laissait parler ses émotions plutôt que son estomac, une discussion serait peut-être possible. Mais pour l’heure, il est en boucle sur sa faim gargantuesque. « Je vais très bien ! Je suis juste affamé… Je mangerais une bonne pièce de bœuf de cinq cents grammes… Au moins ! » Silence consterné… « Au moins cela m’éviterait de penser ! De ressasser le passé ! » Ah ! Là il y a quelque chose derrière ces mots, elle vient enfin de toucher du doigt quelque chose d’authentique et pas uniquement de récolter ses clowneries alcoolisées. Elle lui prend la main et le tire pour l’encourager à s’asseoir sur le canapé au lieu d’y être avachi. « Byron, on n’a pas d’entrecôte au frigo mais j’ai ramené un gâteau du boulot. Je te l’apporte si et seulement si tu me dis ce qui ne va pas. » Elle plante son regard dans le sien, momentanément calmée, essayant de lui transmettre la confiance dont il a besoin pour se confier. « Ressasser ça n’est pas bon, mais parler de ce qui ne va pas t’aidera, je te promet... » Elle lui adresse un léger sourire d’encouragement : « Tu as été là pour moi tellement de fois, c’est mon tour maintenant. »
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| | | | (#)Sam 6 Fév - 15:23 | |
| Déchéance Je sens sa main sur ma joue. Puissante. Violente. Au contact inopiné de sa main avec ma peau succède un retour vers les coussins du canapé. Sonné, je ferme les yeux quelques instants. Avant de demander assistance à Diablo. Comme s’il s’agissait d’un être humain. Je lui intime l’ordre d’appeler la police. Aucune réaction. Le chien est confortablement lové sur son coussin, dans son panier. Même pas un regard. Aucun soutien. Rien. Quelle déception. Je le regarde. J’ai envie de pleurer. Je me retiens. Je détourne mon regard vers ma colocataire. Elle rit. Pourtant son visage reste fermé. Aucune émotion. Rien. Elle reste silencieuse. Je sens son regard sur moi. Elle s’approche. Elle me montre une pièce. Dorée. Je tente de la saisir. Sans succès. Elle recule d’un pas. « Mais euh ! Je la veux ! » Dis-je avec une petite voix d’enfant capricieux. Nos regards se croisent. Avec calme, elle m’explique la signification de cette pièce de métal. Je l’écoute religieusement. « C’est mon jeton des six mois de sobriété By ! Tu sais, la sobriété que tu voulais tant que j’atteigne que tu m’as proposé de venir vivre ici. La sobriété que tu mets en péril en ramenant de l’alcool chez nous ! » Je n’ai pas compris l’entièreté de sa tirade. Un mot agit sur moi comme un électrochoc. ‘Sobriété’. Je lis sur son visage un certain mécontentement. Comme un gamin pris la main dans le pot de sucreries, je baisse les yeux. Je regarde le sol. Je digère la réprimande. Je veux pleurer. Je résiste. Encore. Je lève les yeux. Doucement, je réponds. « Je suis sobre… J’ai presque rien bu ! » Dis-je avec conviction. Même si c’était totalement faux. Néanmoins, pour éponger, j’avais faim. Une faim de loup. Toujours bloqué sur mon appétit féroce. Une nouvelle lubie apparaît. Une envie de côte de bœuf… Cinq cents grammes. La jeune femme refroidit mes espoirs. Aucune trace de côte de bœuf dans le réfrigérateur. J’ouvre la bouche. Sous le choc. Et sa proposition, certes alléchante, de se délecter d’un gâteau qu’elle a rapporter de son travail n’y change rien. Je reste obnubilé par la pièce de viande. « Mais c’est trop injuste ! » Je suis au bord du gouffre. « Comment allons nous faire ? » Je me gratte l’arrière du crâne. J’ai toujours aussi faim. Par intérêt, je rembobine ses propos dans ma tête. Le gâteau retient, à présent, toute mon attention. « Du gâteau ? J’en veux ! » Silence. « Il est à quoi ? » J’ai oublié le deal. Bien trop content de manger quelque chose. Pas elle. Sa voix est devenue un peu plus compatissante. Elle souhaite calmer le jeu. M’écouter. Connaître les raisons de mon état d’ébriété. Je la regarde, bouche bée. Je ne suis pas enclin à me confier. Ce que je vis actuellement, c’est mon problème. Pas le sien. Elle ne pourra pas m’être d’un grand secours. Je veux garder le silence. Mais je n’ai pas vraiment le choix. Elle ne me laissera pas le choix. « J’ai… J’ai... » Je prendre une grande respiration. « J’ai découvert que j’ai un frère... » Dis-je laconique. Je la regarde. Mes yeux s’embuent. Mes larmes se préparent à couler. Et soudainement, j m’effondre contre le rebord du canapé. En pleurs. Au milieu des sanglots, j’ajoute : « J’ai un frère et il m’aime pas ! Il m’aime pas parce que je suis black ! ». Comme s’il percevait mon désarroi, Diablo pointe le bout de son nez. Ou plutôt le bout de sa truffe humide, sur ma joue. Et me fait une léchouille affectueusement… « OOOOOOOOH ! Heureusement que tu es là ! » Mais je continue à pleurer. |
| | | | (#)Dim 7 Fév - 13:24 | |
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déchéance
Victoire a sorti son jeton des alcooliques anonymes en espérant réveiller un semblant de culpabilité en Byron, retrouver le coloc et ami qu’elle apprécie sous tous ces grammes d’alcool dans le sang. Elle espère qu’il a conservé quelques neurones disponibles mais c’est compliqué, hormis son débit de paroles (ou plutôt de conneries) impressionnant, il a l’air au bord de l’évanouissement. Incapable de se lever, à peine capable de tenir assis, ne résistant pas à la petite gifle de Vic qui n’était pourtant pas si forte. Enfin, avec le discours qui accompagne le jeton, elle voit une certaine contrition apparaître sur son visage. Peut-être qu’il réalise un peu ce qu’il a fait ? Il a l’air au bord des larmes comme un enfant pris la main dans le sac. « Je suis sobre… J’ai presque rien bu ! » Bon, il n’a retenu que le terme « sobriété » apparemment, il faut dire qu’elle l’a répété trois fois, à croire que c’est la seule façon d’atteindre son cerveau actuellement. Elle soupire : « T’es mort saoul, Byron ! Tu pues l’alcool à plein nez ! »
Le sujet revient encore et toujours sur l’estomac de Byron qui crie famine et Victoire commence à se dire qu’elle ne tirera rien de lui tant qu’il n’aura pas mangé. Malheureusement pour lui, elle n’a qu’un gâteau à lui proposer et même s’il y avait une côte de bœuf au frigo, elle aurait eu autre chose à faire que d’être à ses ordres alors qu’il ne lui accorde aucune considération depuis son arrivée. « Mais c’est trop injuste ! Comment allons nous faire ? » Il a totalement occulté le marché qu’elle lui a proposé. Il parle et elle lui fournit le gâteau pour remplir son estomac, c’est ça le deal mais il n’a pas voulu l’entendre. « Tu vas survivre... » répond-t-elle sans pouvoir cacher son agacement. Le Byron bourré est une vraie épreuve pour les nerfs de la Française qui essaye pourtant de se contrôler afin de pouvoir l’aider. Il n’est clairement pas dans son état normal, elle avait déjà noté ces jours-ci qu’il avait l’air étrange mais elle travaille tellement qu’ils se sont à peine croisés. « Du gâteau ? J’en veux ! Il est à quoi ? » Oh la la ! Mais elle va lui faire bouffer par les narines le gâteau s’il continue à faire l’idiot. « Tu auras du gâteau si tu me dis pourquoi tu es complètement saoul à 15h ! » C’est une forêt noire qu’elle a ramenée, chocolat, cerises et chantilly, le remède parfait à une telle biture, mais elle ne va pas lui dire maintenant sinon il ne pensera plus qu’à ça.
Sa voix se fait plus douce, son regard plus compatissant, sans pour autant perdre la fermeté de son ton. Elle va le pousser à parler même s’il n’a clairement pas envie d’évoquer le sujet en question. « J’vais pas te lâcher tant que tu m’auras pas dit, ce qu’il se passe By... » Elle lui tient la main, symbole de la confiance qu’elle lui voue et de celle qu’il devrait avoir en elle également. « J’ai… J’ai... » Il va le dire, enfin, Vic retient sa respiration, s’attendant à tout. « J’ai découvert que j’ai un frère... » Apparemment, elle ne s’attendait pas à vraiment tout. Pas à ça en tous cas… Comment peut-on se découvrir un frère du jour au lendemain à vingt huit ans ? « Quoi ? Mais… Comment ? » demande-t-elle alors que les larmes montent de plus en plus inexorablement aux yeux de son colocataire. Puis il s’effondre, retrouvant sa position allongée mais secoué de sanglots cette fois, cette nouvelle l’a visiblement bouleversé. Ce n’est pas étonnant ceci dit, c’est le genre de nouvelles qui font un choc. Elle se penche sur lui et commence à caresser son dos pour le réconforter, essayant d’accrocher son regard : « Calme-toi, By... ça peut être une bonne chose, non ? » Après tout, être fille unique Vic connaît et c’est un peu triste. Puis elle pense subitement à son père, celui dont elle ne sait rien depuis qu’il les a quittées elle et sa mère quand elle avait trois ans. Si ça se fait, elle en a des frères et sœurs et finalement, elle ne sait pas bien comment elle réagirait s’il y en avait un qui venait frapper à sa porte maintenant. « J’ai un frère et il m’aime pas ! Il m’aime pas parce que je suis black ! » ajoute-t-il tout à son drama d’alcoolique. Une expression d’incompréhension s’affiche sur son visage, en d’autres circonstances et si Byron n’était pas clairement au fond du gouffre, elle aurait explosé de rire. Depuis quand Byron est noir ? Elle a manqué une info essentielle apparemment. « Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Tu t’es cogné la tête ou quoi ? » Son discours est incohérent mais ses jérémiades ont attiré l’adorable beagle qui vient prêter langue forte à la pâtissière pour réconforter son maître de léchouilles sur la joue. « OOOOOOOOH ! Heureusement que tu es là ! » dit-il à l’attention de son chien tandis que Vic affiche une mine vexée étant donné que sa présence à elle a l’air optionnelle.
Finalement, c’est probablement le moment d’apporter le gâteau, parce qu’elle ne compte pas imiter la technique de Diablo pour qu’il se sente mieux. La pâtisserie c’est parfait, c’est son domaine ça, cela le réconfortera probablement bien mieux que des paroles maladroites. Alors elle se lève et va chercher la boîte en carton laissée dans l’entrée à son arrivée. Elle place le gâteau dans une assiette et place une fourchette à côté de l’énorme forêt noire prévue pour quatre personnes. Elle est sûre qu’il va l’avaler en entier et ce sera pas plus mal pour éponger tout l’alcool qu’il a du ingérer. Elle revient dans le salon et pose l’assiette sur la table basse : « Regarde ce que je t’apporte… Respire et on parlera de ce frère après, si tu préfères. Mange un truc. » Elle a aussi apporté une bouteille d’eau qu’elle lui tend, il est temps qu’il s’hydrate, premières étapes sur le chemin du décuvage qu’elle va devoir entreprendre avec lui.
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| | | | (#)Dim 7 Fév - 18:05 | |
| Déchéance Faute de côte de bœuf, je me replis sur la possibilité de manger du gâteau. Je frétille d’impatience à l’idée de manger du gâteau. Comme un gamin à qui, s’il est sage, l’on a promis des bonbons. « Tu auras du gâteau si tu me dis pourquoi tu es complètement saoul à 15h ! » J’exulte. Bêtement. « Ouiiiiiiiiiiii ! » Je regarde ma montre. Longuement. J’écarquille les yeux. Convaincu, je réitère mes propos. « Je ne suis pas saoûl… Et en plus, il est pas 15 heures, il est trois heures. Non mais allo quoi ! Apprends à lire une montre Meuf ! » Et je poursuis mon harcèlement afin de connaître les saveurs du gâteau rapporté par Victoire. « Du coup, le gâteau, il est à quoi ? Un fraisier ? Une tarte au citron meringuée ? Une pavlova ? » Je peux poursuivre encore longtemps l’énumération de potentiel gâteau. Elle a des capacités incroyables en pâtisserie. Elle les maîtrise tous. Néanmoins elle refroidit mes ardeurs. Sans ménagement. « J’vais pas te lâcher tant que tu m’auras pas dit, ce qu’il se passe By... » Elle persévère. Elle ne lâche pas le morceau. Bien au contraire. Je suis pris au piège. Contraint, je m’apprête à lui confier mon désarroi. Je sens son regard sur moi. Elle pose sa main sur la mienne. La serre. Afin de me montrer son soutien. Je me jette à l’eau, sans réellement le faire. Je bégaie. À côté de moi, la jeune femme retient son souffle. Les mots finissent par sortir. Je lui annonce que j’ai un frère. Elle semble abasourdie par la nouvelle. Je le lis sur son visage. « Oui ! J’ai un frère ! » Silence. Je ne peux retenir mes larmes. Et je m’effondre sur le canapé. Je sens sa main sur mon dos. Elle se penche et me souffle à l’oreille. « Calme-toi, By... ça peut être une bonne chose, non ? » Elle tente de m’apaiser. Elle tente de rassurer. Elle a probablement raison. « Peut-être. Je sais pas ! J’ai plus de nouvelle ! » Silence. Je poursuis. Je lui fais part de mon opinion. Mon frère ne m’aime pas. « Quoi ? Mais de quoi tu parles ? Tu t’es cogné la tête ou quoi ? » Face à mon état mental, Diablo ramène sa truffe. Affectueusement, il me renifle. Il me fait une léchouille. Face à tant d’amour, je me morfonds et je continue mes jérémiades « Il ne veut pas de moi ! C’est tout ! » Je continue à pleurer. Néanmoins l’attachement de Diablo me fait du bien. En retour, je le couvre de caresses. Je regarde Victoire. Sa mine est renfermée. Elle fait la tête. « Mais faut pas faire la tête… Toi aussi tu as droit à des caresses ! » Avant qu’elle ne dise quelque chose, ma main était déjà posée le sommet de son crâne… « Alors, heureuse ? » Demande-je avec un grand sourire. Niais au possible. Elle me fusille du regard. Mon sourire se crispe. Je retire ma main.
Elle s’éclipse. Quelques instants. « Gâteau ! Gâteau ! Gâteau ! Miam miam ! » Retour au stade ‘gamin de cinq ans’. Je vais enfin savoir quel gâteau elle a rapporté de la boutique. Elle revient avec un magnifique gâteau posé sur une assiette. « Regarde ce que je t’apporte… Respire et on parlera de ce frère après, si tu préfères. Mange un truc. » Je ne peux dissimuler ma joie. Peut-être un peu trop exagérée « Waaaaaaaaahoooooooooooouuuuuuuuu ! Il est est trop beaaaaaaaaaaaau ! Miam miam ! » Une ‘forêt noire’ ! J’adore les ‘forêts noires’. « Il y a du kirsch ? » Une ‘forêt noire’ sans kirsch n’est pas une ‘forêt noire’. Elle me tend une bouteille d’eau. Sans réfléchir, je la prends, je l’ouvre et je bois au moins la moitié. « Ca fait du bien ! ». Je pose la bouteille. Je regarde Victoire. Comme un enfant. J’attends sa permission pour me servir. « Je peux ? » Mon regard fait des va-et-vient entre ma colocataire et le gâteau. Prêt à fondre sur lui. Et le manger. Mon estomac n’attend que cela. |
| | | | (#)Lun 8 Fév - 12:45 | |
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déchéance
Victoire se montre ferme avec Byron, ce qui ne l’empêche pas de continuer à délirer sur l’heure qu’il est alors qu’elle utilise le système français des 24h pour signifier à quel point il est tôt pour être saoul sur son canapé. Puis il commence à énumérer tous les types de gâteaux dont il peut s’agir, mais elle ne répond à rien de tout ça. Elle le fixe avec sérieux, ignore ses attaques ridicules sur sa capacité à lire l’heure et lui répète qu’elle ne le lâchera pas. Et elle finit par lui tirer les vers du nez et les larmes des yeux. Il s’effondre en lui annonçant s’être découvert un frère, elle lui demande de répéter pour être sûre d’avoir compris, après tout ce n’est pas le genre de nouvelles que l’on apprend tous les jours. « Oui ! J’ai un frère ! » sanglote-t-il dramatiquement et Vic encaisse la nouvelle : « Ok. Tu as un frère. » Mais elle ne comprend pas vraiment en quoi cela est une si mauvaise nouvelle. Est-ce qu’il a découvert ce frère alors qu’il est mourant et qu’il ne va pas avoir le temps d’apprendre à le connaître ? Est-ce que ce frère est une mauvaise personne ? Est-ce que c’est le fils de sa mère et de ce beau-père qui l’a maltraité ? Elle essaye de le rassurer, la situation ne peut pas être si dramatique, non ? « Peut-être. Je sais pas ! J’ai plus de nouvelle ! » Mais depuis quand est-ce qu’il sait cela Byron ? Depuis quand il le cache à sa colocataire ? « Pourquoi tu m’en as pas parlé avant, By ? » Vic se sent un peu coupable, tous ces derniers mois n’ont été qu’à propos d’elle et de ses problèmes d’addiction, il a voulu tant être présent pour elle qu’il n’a probablement pas voulu la charger avec ses propres problèmes. Alors pas étonnant qu’il ait fini par exploser en plein vol. Vic n’en est pas moins en colère qu’il se soit saoulé dans leur appartement, qu’il l’ait fait alors qu’il savait qu’elle allait rentrer et le trouver entouré d’alcool, mais elle réalise aussi qu’elle s’est tellement centrée sur sa guérison qu’elle n’a pas pris le temps de demander à Byron comment il allait. Les propos de Byron sont incohérents alors qu’il accuse son frère de ne pas vouloir de lui car il est noir, Vic ne comprend plus rien. « Il ne veut pas de moi ! C’est tout ! » Bon, a priori ce n’est rien d’aussi dramatique que ce qu’elle a imaginé et elle essaye une nouvelle fois de le réconforter : « Attends, mais c’est difficile à assimiler comme nouvelle… Peut-être qu’il a juste besoin de temps... » Elle ne sait pas quand il l’a découvert, ni même s’ils se sont rencontrés en chair et en os, mais elle lui posera ces questions en temps et en heure s’il ne lui raconte pas par lui-même. Diablo fait son entrée et il n’y en a plus que pour le chien, qui est adorable bien entendu, mais qui éclipse tous les efforts et tentatives de bienveillance de la Française face à un Byron difficile à gérer. Elle lève les yeux, se demandant s’il est vraiment utile qu’elle s’inflige cela alors qu’une léchouille de son chien semble suffisante pour le réconforter. « Mais faut pas faire la tête… Toi aussi tu as droit à des caresses ! » qu’il lui dit après avoir surpris visiblement son air contrarié. La main de Byron passe de la tête de Diablo à celle de Vic, comme si c’était ce dont elle avait besoin actuellement, qu’il lui flatte le pelage comme une chienne. « Alors, heureuse ? » Il a arrêté de pleurer pour le coup et affiche un sourire idiot. Elle le fusille du regard : « Byron, je vais t’étouffer avec le gâteau si tu retires pas ta main tout de suite. » Et il s’exécute, penaud.
Le gâteau oui. Elle va le chercher, aussi dans le but de respirer ne serait-ce que quelques secondes un autre air que celui de autour de Byron qui semble saturé en alcool et en emmerdement maximal. Byron l’accueille comme un enfant : « Gâteau ! Gâteau ! Gâteau ! Miam miam ! » Elle lui dépose sur la table basse et s’attend à le voir plonger sur l’assiette tête à la première et bouche grande ouverte. Mais il se contente pour l’heure de signifier une joie démesurée, ce n’est pas comme s’il n’était pas habitué à ce qu’elle ramène des invendus de la pâtisserie. « Il y a du kirsch ? » Ah oui, il y a du kirsch, bien sûr qu’il y a du kirsch. Elle s’imagine un instant lui retirer le gâteau des yeux à cause de l’alcool utilisé dans sa préparation mais d’une part, l’alcool ne fait qu’aromatiser le gâteau, même elle en mange sans risquer sa sobriété et de plus, elle n’est pas en état de gérer la réaction de Byron si elle reprend le gâteau. Il serait probablement capable de l’attaquer physiquement, sans y penser, poussé par la faim et l’ivresse et Vic n’a pas envie de voir Byron comme ça, elle n’a pas envie d’avoir peur de lui. « Juste un peu. » acquiesce-t-elle pendant que Byron vide la moitié de la bouteille d’eau. « Ça fait du bien ! » Tu m’étonnes. « Je peux ? » Elle lui adresse un fin sourire en s’asseyant sur le fauteuil : « Vas-y. Bon appétit. » Les deux derniers mots sont prononcés en français, c’est un peu une private joke de leur coloc, quand ils mangent ensembles elle lui souhaite toujours bon appétit en français et il répète avec un accent à couper au couteau. Elle le regarde engloutir le gâteau et quand il a l’air de commencer à caler, elle fait un aller retour à la salle de bain et revient avec de l’aspirine. Elle lui tend. « Finis la bouteille d’eau, prends ça et tu vas aller dormir maintenant. » Elle utilise son ton le plus autoritaire possible sans laisser aucun doute possible sur l’issu de tout ceci. Il n’y échappera pas. « Et ne discute pas, tu vas aller digérer et décuver pendant la sieste et on reprendra cette conversation après. » Elle tire Byron hors du canapé en l’appâtant avec son chien qu’elle guide également vers la chambre du cuisinier : « Allez viens Diablo, tu vas faire la sieste avec ton maître ! ». Quand finalement Byron s’étale sur son lit, Vic aide le beagle à le rejoindre sur le matelas et les laisse en lui ordonnant avant de refermer la porte : « Dors. A tout à l’heure. »
************* Quelques heures plus tard, Vic frappe à sa porte après avoir entendu remuer dans la chambre. Elle entre dans la chambre avec une grande assiette contenant une impressionnante pile de croque-monsieurs faits maison. A défaut de côte de bœuf, elle avait confectionné ces sandwichs chauds typiquement français qu’elle sait que Byron apprécie. Ça dégouline de fromage et de béchamel, le dessus est gratiné et le jambon à l’intérieur est fumé, assurément cela va faire du bien à un Byron que Victoire espère un peu plus cohérent. « Hé… comment tu te sens ? »
Elle s’avance vers le lit dans la semi-pénombre de la chambre et vient s’asseoir sur le bord de son lit. Elle lui montre l’assiette : « Tiens, mange. Bon retour parmi le monde des vivants ! » Elle se demande à quel point il se rappelle de leurs échanges d’il y a plusieurs heures, est-ce qu’il se souvient de son comportement ? Est-ce qu’il se souvient de ce qu’il lui a confié ? « Pourquoi tu t’es mis dans un pareil état, Byron ? » Son regard est légèrement sévère, et un peu déçu également. « Ce frère, quand est-ce que tu as appris son existence ? Il s’est passé quoi avec lui ? »
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| | | | (#)Mar 9 Fév - 19:40 | |
| Déchéance Je regarde la forêt noire. Elle est magnifique. Victoire a des mains de fée. Je n’ose la toucher. Simplement la dévorer des yeux. Me nourrir du regard. Néanmoins, mon estomac n’est pas de cet avis. Il fait des siennes. Il me malmène. Je regarde ma colocataire. Intimidé. Immobile. J’attends qu’elle me donne l’autorisation de m’attaquer à lui. Silence. Rien ne se passe. En attendant, je bois une bonne rasade d’eau. Elle me revigore. Après tout l’alcool ingurgité. Quelques gouttelettes s’échappent du goulot et et dévalent les courbes de mon menton, jusqu’au creux de mon menton et venir se perdre dans le col de ma chemise. Je pose la bouteille sur le rebord de la table, je ne cache les bienfaits de l’eau sur mon organisme. Avant de demander la permission de me sustenter d’une part de gâteau. Le visage de Victoire s’éclaire. Un sourire fin apparaît sur son visage tandis qu’elle s’installe confortablement dans le fauteuil face à moi. Et, elle m’autorise à attaquer le gâteau. Je saisis le couteau à côté de moi. J’ai la pression. Je tremble. J’ai un pincement au cœur à l’idée de casser ce chef d’œuvre pâtissier. Je me ressaisis et abaisse le couperet. Première entaille. J’entends le craquement des copeaux de chocolat. Excitant. J’ai hâte de savourer ce dessert. Seconde entaille. Nouveaux craquements des copeaux. J’en salive déjà. Je désolidarise la part du gâteau. J’observe les tranches de génoises délicatement cloisonnées par de la chantilly et des cerises. Magnifique. Appétissant. Je glisse la part de gâteau sur la petite assiette fournie par Victoire. Avant de l’attaquer à la petite cuillère. Les saveurs explosent en bouche… « Victoire… » Silence. « Ton gâteau est une tuerie ! ». Ma cuillère revient à la charge. Une nouvelle fois, puis une nouvelle et encore une fois. Jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de part. Tandis que je savoure la dernière bouchée, Victoire se dirige vers la salle d’eau et revient quelques secondes plus tard. Avec une boîte d’aspirine. Avec autorité, elle m’impose de terminer la bouteille d’eau, de prendre une aspirine, et d’aller m’étendre dans mon lit me reposer, décuver. Je ne m’oppose pas. Elle a raison. J’ai besoin de repos. J’ai besoin de retrouver mes esprits. J’ai mal au crâne. Elle invite Diablo à se joindre à moi. Il me servira de doudou. Arrivé dans ma chambre, je m’effondre sur le lit, sans prendre la peine de me déshabiller. Juste la force de retirer mes chaussures. Elle tombe au bas de mon lit. Diablo saute et s’installe à mes côtés. Je pose une main sur lui et je le caresse. Avant de sombrer.
J’ai les yeux fermés, néanmoins, j’entends quelqu’un taper à la porte. Celle-ci grince, s’ouvre. Je sens un délicat fumet de pain grillé embaumer ma chambre. Des croque-messieurs. J’ouvre les yeux. Je me redresse. Victoire apparaît devant moi. Elle s’approche avec le plateau qui déborde. Je lui souris. « Tout ça pour moi... » J’ai la bouche pâteuse. J’attrape la bouteille d’eau qui traîne au pied du lit, en bois quelques gorgées, avant de répondre à sa question. « Ça va… J’ai affreusement mal au crâne... » Dis-je en plissant les yeux et passant une main dans les cheveux. Est-elle réellement étonnée. Mes abus n’ont pas été brillants. Voire honteux. Surtout lorsque je la vois face à moi. Dans le brouillard de mon esprit, quelques scènes apparaissent. L’une d’elle me marque. Celle du jeton de sobriété qu’elle me montre. Sans attendre, je lui demande pardon… « J’ai merdé ! Pardon ! ». Je détourne le regard, quelques instants. Avant de sauter sur le premier croque-monsieur. Le fromage déborde. Je croque avec avidité. « Trop bon ! ». Sans attendre une seconde de plus, j’engloutis le reste. Pour trouver la force de répondre à Victoire. « Parce que, j’en avais besoin, pour oublier ! » J’entends déjà une petit voix dans ma tête me dire que ce n’était pas une raison valable. Être complètement retourné du cerveau ne va pas arranger les choses. « Ça m’a fait du bien… Même si j’ai conscience qu’il s’agit d’une connerie monumentale ! ». Inutile qu’elle me le dise, je le sais très bien. Enfoncer le couteau dans la plaie n’effacera rien. Une nouvelle fois, je baisse les yeux… Elle m’interroge sur la grande nouvelle qui a conduit à mon état d’ébriété. « Il est venu me voir en décembre… » Silence. Et je lâche, lapidaire… « Mais en fait, nous nous connaissons depuis plus de deux ans ! ». Je me jette sur un nouveau croque-monsieur que je dévore d’une traite. |
| | | | (#)Mer 10 Fév - 19:14 | |
| Déchéance (ft. @Byron Oberkampf )
Finalement, qui l’eut cru ce fut l’arrivée du gâteau qui calma Byron. Il était tout à coup si émerveillé par le gâteau qu’il avait retrouvé les notions de respect apparemment. Alors que Vic s’attendait à ce qu’il se jette sur le gâteaux et le mange avec les doigts, il se comporte comme un adulte. Enfin presque puisqu’il va jusqu’à demander la permission comme un enfant. Elle lui donne le feu vert et l’observe avec amusement découper une part avec soin et la déguster presque religieusement. « Victoire… » Silence. « Ton gâteau est une tuerie ! » Elle affiche un grand sourire : « Merci. » Une forêt noire n’est pas sorcier à réaliser pour elle, mais elle est toujours fière de recevoir des compliments sur son travail, ses pâtisseries sont ses accomplissements. Elle le laisse éponger autant que nécessaire tout l’alcool ingéré et l’accompagne à son lit après lui avoir enjoint de s’hydrater et de prendre un cachet pour limiter le mal de tête au réveil. Elle connaît tous les trucs et astuces pour limiter la casse, après tout, elle a été à sa place quasi tous les jours pendant des années… Le mieux restera une longue nuit de sommeil bien entendu, mais vu l’heure, il se contentera d’une sieste. Après quelques heures, à le laisser dormir en compagnie de son chien, elle vient s’annoncer les bras chargés d’une offrande dégoulinante de fromage. « Tout ça pour moi... » Elle lui rend son sourire : « Je suis sûre que tu n’en feras qu’une bouchée. ». Puis elle lui demande comment il se sent en s’avançant vers son lit. « Ça va… J’ai affreusement mal au crâne... » Ah, l’aspirine n’a pas suffit, elle jette un œil à sa montre. « Tu peux reprendre un cachet, tu as bien dormi 4 heures » Et elle lui tend le paquet d’aspirines qu’elle avait laissé sur sa table de nuit. Elle a l’impression d’être une vraie maman pour lui en cet instant, et après tout, si l’on occulte son comportement d’aujourd’hui, c’est surtout lui qui a joué le papa avec elle jusqu’à présent. Qui l’a surveillée comme de l’huile sur le feu pour s’assurer qu’elle tenait la promesse qu’elle lui a faite à l’hôpital ce jour-là. Visiblement tout cela lui revient en mémoire, ainsi que la colère de Victoire quelques heures plus tôt de le trouver entouré d’alcool dans leur salon. « J’ai merdé ! Pardon ! » Il détourne le regard honteux et elle pourrait le materner et lui dire que ce n’est pas grave, mais elle ne le fait pas car elle ne veut pas qu’une scène pareille se reproduise. « Ah ça oui, t’as merdé. Mais regarde, j’ai survécu… Par contre, me refais plus jamais ça... » Elle essaye de le rassurer tout en étant ferme avec lui, sa sobriété est déjà assez fragile comme ça pour que son propre coloc ne vienne lui mettre de tels bâtons dans les roues. Elle lui tend l’assiette et il se sert bien vite, engloutit un sandwich en un temps record en ponctuant chaque bouchée de compliments ou de gémissements d’aise. La nourriture, la réponse à tout. Ils devraient peut-être créer une sorte de thérapie par la bouffe, leurs patients seraient tous obèses mais heureux. Cette pensée fait légèrement sourire Victoire, puis elle retourne au vrai sujet de cette conversation. Et lui demande pourquoi il s’est mis dans un tel état. « Parce que, j’en avais besoin, pour oublier ! » Elle ne peut que comprendre cette envie d’oublier, d’endormir ses émotions et mettre un stop aux pensées noires. Depuis qu’elle est totalement clean, elle a du apprendre à gérer tout cela et ça n’a pas été facile, combien de fois elle a du filer appeler son parrain des AA à des heures pas possibles ? combien de fois a-t-elle supplié sa psy de lui donner un rendez-vous en urgence ? Et combien de fois c’était Byron qui avait du la raisonner ? En six mois, beaucoup trop de fois pour qu’elle puisse les compter. « Je sais ce que c’est… Mais… je sais aussi que ça ne mène à rien de bon... ». Même si Byron n’est pas un ancien alcoolique comme elle, même s’il pourrait très bien noyer son chagrin dans l’alcool tant que ça ne devenait pas une habitude, au final ça ne résolvait jamais rien. « Ça m’a fait du bien… Même si j’ai conscience qu’il s’agit d’une connerie monumentale ! » En avoir conscience ne change pas grand-chose, elle savait elle aussi qu’elle se ruinait la santé pour absolument zéro bénéfice et pourtant elle a continué. Parce que ça fait du bien oui, beaucoup de bien, un plaisir chimique simple et facile à atteindre, un shoot d’insouciance et d’inconscience qui soulage. « C’est que temporaire. Maintenant t’en chies et ton problème n’est pas résolu... » Malgré ses paroles, elle en a toujours envie de cette ivresse, Vic. Alors pour ne plus y penser, elle se jette sur la nourriture comme toujours et dépouille Byron d’un des nombreux croque-messieurs : « Finalement j’vais t’aider avec ça. » Et elle croque dans le sandwich avec délectation. Finalement, elle demande à en savoir plus sur ce frère qui semble avoir surgi de nul part, elle se demande depuis combien de temps son colocataire garde cela pour lui. « Il est venu me voir en décembre… » Cela fait plus d’un mois. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Je sais que je suis pas souvent là, mais quand même... » Après tout, c’est un évènement important et visiblement compliqué de sa vie actuelle. Vic pensait qu’ils n’étaient pas simplement colocataires, mais aussi des amis, même s’ils n’ont pas commencé cette amitié de manière bien traditionnelle… « Mais en fait, nous nous connaissons depuis plus de deux ans ! » Vic a la bouche pleine d’une nouvelle bouchée de croque-monsieur et elle ne comprend pas bien ce que vient de lui dire Byron. Elle avale presque de travers. « Attends, quoi ? » et pendant qu’elle manque de s’étouffer Byron engloutit un autre sandwich en un temps record. « Je comprends rien à ton histoire, tu le connais depuis deux ans… Mais… Tu savais pas que c’était ton frère ? » Victoire cherche le regard de Byron : « Raconte moi tout, ça te fera du bien et j’aurais peut-être un conseil si je comprends cette histoire de fou… Histoire d’éviter de te retrouver sur le canapé dans cet état tous les jours... » Il a clairement besoin d’extérioriser toute cette histoire et puis, il faut l’avouer Victoire est curieuse, elle a l’impression de regarder les Feux de l’Amour et d’attendre de savoir si Steeve est le frère caché de Bryan. |
| | | | (#)Sam 13 Fév - 18:08 | |
| Déchéance Je ne suis pas fier de mes actes. D’autant plus que je les ai accompli ici. À l’appartement. Dans cet espace sanctuarisé que je partage avec Victoire. Ancienne alcoolique en plein sevrage. Je me souviens de cet instant où elle m’a montré son jeton des six mois de sobriété. Jeton qu’elle s’est battue à avoir. Avec mon soutien. Chaque jour. Lorsque ça n’allait pas et qu’elle était à deux doigt de flancher, de succomber à l’appel de la bouteille. Nous avions signé une sorte de pacte. Pas d’alcool entre nos murs. Pour ne pas qu’elle soit tentée. Je m’y suis plié. Pour son bien. Pour qu’elle sorte la tête de l’eau. Pour qu’elle ne provoque pas de nouvel accident, avec un mort à la clef, cette fois-ci. Nous avions fait de grands efforts. Surtout elle. Considérables. Et moi, j’envoie tout valser. Par égoïsme. Par faiblesse d’âme. Parce que j’ai trouvé dans l’alcool, j’ai cru trouvé, du réconfort. Il n’en ai rien. J’y ais trouvé un affreux mal de crâne. Le retour de la manivelle. Et j’accepte les remontrances de Victoire. Je lui ai fait prendre des risques. Je le regrette. Amèrement. Même s’il semble qu’elle n’est pas rechutée. Au contraire, elle est très lucide. « C’est que temporaire. Maintenant t’en chies et ton problème n’est pas résolu... » Elle a raison. J’ai mis tout son travail, tous ses efforts en danger, pour un gain minime : l’oubli temporaire de mes ennuis. Et mes ennuis ne se sont pas évaporer avec mon taux d’alcoolémie. Hélas, mon désarroi est toujours prégnant. Même après un bon moment de repos. Quatre heures d’après les dires de Victoire. J’en avais besoin, vraisemblablement, pour décuver. Et j’avais désormais besoin de manger. Et ma colocataire ne s’y était pas trompée. Pendant mon sommeil, elle s’était attelée à la tâche. Préparer des croque-Monsieur. J’en ai déjà mangé un. Je m’attaque à mon deuxième. Du coup, face à mon appétit vorace, elle ne résiste pas à la tentation. « Finalement j’vais t’aider avec ça. » Je souris à la jeune femme. J’apprécie son soutien. J’apprécie qu’elle n’enfonce pas le clou. Mais qu’elle soit. Tandis que j’en ai besoin. Elle aurait pu jeter les bouteilles, m’engueuler et me foutre à la porte. Non. Elle a été prévenante. Elle m’a supporté. Et prend soin de moi. Et pour cela, je lui dis « Merci ! ». Simplement.
Tandis que nous nous délectons de croque-messieurs, Victoire s’interroge sur la cause de ce comportement inadmissible. La découverte d’un frère. En décembre. Elle regrette que je lui en ai pas parlé. « Je ne voulais pas t’embêter avec ça ! » Silence. Je croque dans un croque. « Au début, je pensais pouvoir gérer, comprenant sa réaction. Mais lorsque mes messages, mes textos sont restés lettres mortes, j’ai commencé à vriller ! » D’autant que nous nous connaissions depuis plus de deux ans. Victoire est perdue. Elle a du mal à suivre. Je me suis découvert un frère il y a presque deux mois. Mais je le connais depuis plus de deux ans. Voilà de quoi interpeller. Voilà de quoi devenir zinzin. Je bois un gorgée d’eau et reprend ma respiration lorsqu’elle m’encourage à lui raconter toute l’histoire. « Prends un nouveau croque-monsieur… Tu en auras besoin, à défaut de pop corn ! » Nouvelle gorgée d’eau, avant de débuter mon histoire. « En fait, avec Jacob, nous nous connaissons depuis plus de deux ans. Un jour, il est arrivé à mon club de boxe. Il avait besoin de vider de son sac, de se décharger de sa hargne, et nous avons rapidement formé un binôme et vite sympathiser ! » Silence. Nouvelle respiration. « Un jour, il est arrivé au complexe sportif, je lui ai servi de punching-ball, il a vidé son sac. Il m’a dit avoir trouvé une lettre adressé à son père, de sa maîtresse. Celle-ci à quelque chose à lui annoncer. » Silence. « Nous avons conclu qu’il avait potentiellement un frère ou une sœur... Et quelques temps plus tard, il a débarqué chez moi avec toute une série de correspondance à reconstituer, et à dépouiller ! Nous avons découvert ce que nous cherchions… Il a un frère caché ! Maintenant il ne lui restait plus qu’à confronter son père pour connaître la vérité et le mettre devant le fait accompli ! » Silence. Je mords dans un croque. Je reprends une nouvelle gorgée d’eau avant de poursuivre. « Et puis en décembre, il est arrivé pour m’annoncer la nouvelle. Qu’il avait un frère. Son père lui à confirmer. Et ce jour là, il a apporté une photographie de ce frère, avec sa mère… » Silence. « Et cette photo, c’était moi et ma mère. J’avais la même en ma possession ! » Je me lève de mon lit, j’ouvre le placard et j’en sors une boîte. Je l’ouvre et j’en retire une photo jaunie. La fameuse photographie. Je la tends à Victoire avant de poursuivre : « Sauf que sur la mienne, au revers il y a marqué ‘Byron. Trois mois !’. Mon parrain m’a apporté des vieilleries concernant ma mère en octobre. Dont cette photo... » Je finis mon croque-monsieur et je reprends ma respiration. J’attends sa réaction. Son ressenti par rapport à la situation. |
| | | | (#)Sam 13 Fév - 23:10 | |
| Déchéance (ft. @Byron Oberkampf )
Les quelques heures de sommeil ont finalement été efficaces, Byron est redevenu un peu plus lui-même et il est possible pour Victoire d’avoir une conversation avec lui sans avoir envie de l’emplafonner dès qu’il ouvre la bouche. Ils mangent les croques-messieurs au dessus du lit de Byron et il sera bien temps de se soucier des miettes plus tard. Finalement, il se rend compte qu’il a merdé, il s’excuse et il finit par la remercier. Elle lui adresse à son tour un sourire reconnaissant : « Merci à toi pour tous ces mois de soutien… Je crois que je te l’ai pas vraiment dit... » Il a été un roc pour elle et c’est bien pour cela qu’elle ne peut que lui pardonner cet écart. D’autant que toute cette histoire a l’air bien complexe et cela ne l’étonne pas qu’il ait eu envie de boire un coup ou quinze. Vic s’indigne qu’il ne lui ait pas parlé de tout ça plus tôt. « Je ne voulais pas t’embêter avec ça ! » Elle lui jette un regard peiné : « Tu ne m’embêtes pas By, enfin... » « Au début, je pensais pouvoir gérer, comprenant sa réaction. Mais lorsque mes messages, mes textos sont restés lettres mortes, j’ai commencé à vriller ! » Elle a beau être triste qu’il ne l’ait pas laissée être là pour lui, elle comprend ce besoin de tout traverser seul, de se sentir fort et surtout de ne pas montrer aux autres ses faiblesses. Après tout, combien de fois s’est-elle enfermée dans un ancien appartement pour se saouler et pleurer jusqu’à trouver le sommeil au lieu d’appeler une amie et de chercher du soutien ? Beaucoup trop de fois, à chaque fois que ça n’allait pas, et à certaines périodes c’était tous les jours que ça n’allait pas. Byron lui avoue qu’il connaissait son frère depuis deux ans et elle ne comprend plus rien, alors elle l’invite à tout lui raconter, à vider son sac. Il l’invite à se servir d’un nouveau croque-monsieur et elle obtempère avec un sourire et un salut militaire main sur le tempe. Elle croque et le fromage dégouline dans sa bouche tandis que Byron part dans un long monologue pour lui expliquer la situation. Elle apprend le prénom du frère surprise : Jacob. Puis leur rencontre dans le club de boxe. Ses doutes concernant l’existence d’un frère ou d’une sœur issu de l’adultère de son paternel, les lettres à éplucher… Elle est bouche bée, ne dit pas un mot et continue de se gaver de ces sandwichs croustillants en acquiesçant périodiquement à ses paroles pour signifier qu’elle suit toujours. On dirait vraiment un épisode des feux de l’amour, de quel genre de coïncidence s’agit-il pour que ce Jacob ait décidé de demander à Byron de l’aider dans ses recherches pour découvrir finalement que c’est lui son frère caché ?! On dirait un scenario de série Netflix ! « Et cette photo, c’était moi et ma mère. J’avais la même en ma possession ! » Même la photo identique ! Elle ne peut se retenir, comme si elle regardait un épisode et était estomaquée par une révélation sur les personnages : « Mais non !? » Byron se lève du lit et extirpe d’une boîte une vieille photo que Victoire saisit et examine avec intérêt. C’est une femme avec un tout jeune bébé, difficile d’être sûre s’il s’agit réellement de Byron. « Sauf que sur la mienne, au revers il y a marqué ‘Byron. Trois mois !’. Mon parrain m’a apporté des vieilleries concernant ma mère en octobre. Dont cette photo... » Il n’y a plus de doute possible alors, il est effectivement le demi-frère de ce Jacob, issu d’un adultère et désormais son ami l’évite, refuse la situation, pas étonnant qu’il ait noyé tout cela dans des litres d’alcool. Elle détache ses yeux de la photo et les relève vers Byron. Tout ce qu’elle parvient à dire dans un premier temps : « Wow... » Si elle ne connaissait pas Byron, elle croirait clairement qu’il a une imagination débordante pour s’inventer une vie ou qu’il vient de lui pitcher l’histoire d’un film dramatique. « Wow… je… mais c’est fou cette histoire... » Il lui faut quelques instants pour reprendre ses esprits et se rappeler qu’à la base, elle comptait essayer de trouver les mots pour le consoler et peut-être le conseiller. « Il abuse ce Jacob, tu n’y es pour rien toi ! » commence-t-elle par s’indigner. Mais la situation est complexe et probablement traumatisante pour eux deux, chacun gère ce genre d’émotions différemment. « Mais en même temps, c’est le genre de nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans une vie… Il a peut-être juste besoin de temps... » A moins que ce soit autre chose, à moins que ce soit pire que ça encore. Byron et Vic ne parlent pas franchement de leurs conquêtes mais elle sait que By est intéressé par les hommes, pas seulement les femmes. Elle ne peut pas s’empêcher d’imaginer le pire, Netflix Style. « Mais… euh… Tous les deux, vous étiez juste amis, hein ? Vous avez pas… euh... » Elle n’ose pas le dire, elle n’ose pas lui demander s’il a couché avec son frère parce que dire cela à voix haute lui est impossible, mais son expression faciale et les mots qu’elle a prononcés ne laissent pas beaucoup de doutes sur ce qu’elle insinue. Elle pince les lèvres un peu anxieuse de la réponse car s’ils l’ont fait, Vic comprend que le Jacob ait préféré fuir Byron, ça n’est pas forcément juste envers le cuisinier, mais c’est totalement compréhensible. |
| | | | (#)Lun 22 Fév - 21:41 | |
| Déchéance Elle m’écoute religieusement. Je lis dans ses yeux de l’étonnement. De la surprise. Elle boit mes paroles. Jusqu’à la dernière goutte. Lorsque je lui montre la photo, elle n’ose croire à un tel alignement des astres. Et pourtant. Jacob et moi avions la même photographie en notre possession. Preuve indirecte du lien du sang qui nous unit. Cause de la déflagration qui s’en est suivie. « Wow… je… mais c’est fou cette histoire... » Je hoche de la tête. L’histoire s’est construite comme un puzzle… Un puzzle, où toutes les pièces se sont imbriquées, les unes après les autres. Jusqu’à dévoiler ce lourd secret. « Il abuse ce Jacob, tu n’y es pour rien toi ! » Dois-je réellement lui jeter la pierre ? Lui aussi est atteint de plein fouet par cette nouvelle. Il est aussi une victime collatérale de ce secret. La faute revient à son père, à mon père, mon géniteur. A-t-il vraiment pensé aux conséquences de ces actes ? À ses deux enfants qu’il a séparé ? J’ai des doutes. Maintenant, il faut que nous trouvions les mots, les gestes qui apaiseront nos maux et permettront de se retrouver et de construire une histoire commune, fraternelle « Mais en même temps, c’est le genre de nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans une vie… Il a peut-être juste besoin de temps... » Je la regarde. « Tu as probablement raison ! » J’en ai conscience qu’il faut du temps. Je ne demande pas la panacée. Simplement qu’il réponde. Qu’il accepte que nous nous voyons. Pour en discuter. Mettre les choses au clair, à plat. « Je ne veux pas paraître lourd en le bombardant de messages et appels ! Je ne veux pas qu’il coupe les ponts purement et simplement ! » Par manque de tact. Par manque de patience de ma part. Mais il ne peut pas me laisser moisir, comme ça, sans réponse, sans retour de sa part. Aussi longtemps. Je ne peux pas vivre ainsi, des jours, des semaines, des mois durant. « Mais c’est long d’attendre ! » Et l’alcool a agi sur moi comme un échappatoire. Un moyen de surpasser mon mal-être. En attendant, je préfère boire de l’eau. Je commence à avaler le reste d’eau contenu dans la bouteille, lorsqu’elle me surprend par ses propos. « Mais… euh… Tous les deux, vous étiez juste amis, hein ? Vous avez pas… euh... » Aucune équivoque dans ses propos. Même si elle ne finit pas sa phrase, celle-ci est lourde de sens. Elle sous-entend que j’ai pu avoir une aventure avec lui. Certes, il est bel homme, mais, en toute franchise cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Peut-être qu’une barrière inconsciente m’empêchait de franchir le Rubicon avec lui. Son hypothèse, plausible mais incongrue me fait tout régurgiter… Je me transforme en lama. Et, comme un mauvais coup du sort, voici le visage de Victoire tout humide… Elle l’aura chercher. « M’enfin ! Comment oses-tu penser que je puisse coucher avec lui… Tu t’es cru dans une tragédie sophocléenne ? » Silence. J’imagine la scène. Je tire la gueule… « Non, mais non… M’enfin ! Moi et @Jacob Copeland ! Non ! Tssssssss ! » Mais pour qui je passe ? À croire que je couche avec tous les hommes que je croise dans les rues, ou la salle de sport. « Si ça avait été le cas, tu m’aurais retrouvé sous un train pas allongé comme une vieille limace sur un canapé ! » Sérieux, elle a beaucoup d’imagination. |
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