Tim angoisse aisément certes mais là, il s'agit d'une situation d'urgence qui met son coeur à mal. Dès qu'il est question des jumeaux, le père de famille a les nerfs encore plus à vif qu'à l'accoutumée. Le français a définitivement conscience qu'il est leur seul rempart contre le reste du monde parce que leur mère les a abandonnés, qu'ils n'auront toujours plus que lui et il ne prend pas ce fait à la légère. Pourtant, Timothy n'a pas décidé d'être père, le tout lui est tombé dessus par hasard après une annonce étrange de la part de la future maman puis le désir d'avortement émanant d'elle qui a tué à petit feu Tim. Ils sont là néanmoins, même avec un enfant supplémentaire encore moins prévu au programme que le premier. Ils sont devenus son existence toute entière et dès qu'ils pleurent de cette manière là, avec autant de désespoir, le brun sent que son coeur se détache en entier de sa poitrine. Il se sent mal, il pleure avec eux même si c'est subtil pour sa part car Tim n'aime pas démontrer ce qu'il peut ressentir au milieu d'une foule. Cela dit, son âme ne l'écoute pas franchement et quand il faut que des larmes coulent, elles le font d'elles mêmes sans épiloguer des heures sur les désirs de leur propriétaire. Timothy essaie d'apaiser sa petite alors qu'il voit Rose se charger de Gabriel et il est effrayé comme jamais que les enfants ne se calment plus. Il les a laissé, c'est sa faute, uniquement sa faute, il n'aurait jamais dû. Decastel sait pertinemment ce qu'ils ont pu ressentir car il a été à leur place, il a été l'enfant qu'on laisse derrière, qu'on observe de lui et on a pitié de lui, il a été l'enfant innocent qu'on frappe et qu'on brûle, l'enfant qui pleure dès que sa mère s'endort car il se sent soulagé et qu'une telle sensation n'est pas censée être normale. Il a été l'orphelin au final, celui sous le joug d'une folle et qui devait vivre au quotidien avec l'absence d'un père et Timothy s'est toujours juré de faire mieux que ses parents. Ce jour-là, il ne l'a pas fait et Rose essuie ses larmes sans qu'il ne dise rien, ayant un petit sourire dès que son fils fait ce geste tendre. Lui aussi a arrêté de pleurer, Willow également et Tim sent son coeur qui repart dans des battements plus réguliers, il se sent mieux et il ne va pas s'évanouir. "Merci, Rose. Pour tout." Autant pour son aide avec les jumeaux présentement que pour son introduction au monde du jeu et des loisirs, autant dire que le travail était encore immense mais il fallait bien un début à tout. "Je t'avoue que je joue avec eux... Pour eux. Mais j'ai jamais su jouer pour moi. Mes parents... Enfin, j'ai pas tellement eu de parents. Pas des bons en tout cas alors, je fais tout pour eux. Mais je les ai abandonnés là, j'aurais jamais dû. Jamais. Je le ferai plus jamais." Il assène ce discours pour l'entériner dans son cerveau: les jumeaux d'abord, sa médiocre petite existence ensuite, il n'y a pas d'entre-deux, pas d'autres possibilités: Tim n'est plus un homme, il est un père et c'est la seule chose qui doit compter. "S'il y a bien une chose sur laquelle on peut me faire confiance, c'est ça. L'amour que je leur offre, l'attention aussi, il y a rien qui a plus d'importance à mes yeux. Je me sacrifierai pour eux. Vraiment." Il le pense fort et c'est ce qui rend les mots encore plus intenses pour son interlocutrice certainement mais c'est important pour Timothy, qu'elle le sache. "Si tu as d'autres jeux que tu trouves essentiels et que je peux faire avec les enfants, n'hésite pas." Elle en a sûrement des tas et Tim est déjà en train de jouer avec le petit nez de sa Willow, elle qui vient se caler dans le cou de son père et il trouve l'image idéale. Tim n'a besoin que de cela pour se sentir bien, le reste devient secondaire.
La culpabilité se lit sur le visage de Tim. Son malaise est palpable. Ton cœur se sert de le voir ainsi. La souffrance des autres te fait du mal. Tu es trop compatissante. Tu n’as pas pleuré malgré ses larmes. Tes yeux ne sont pas embués. La douleur que tu ressens reste puissante. Tu te sens responsable de son mal-être. Tu l’as poussé à jouer, lui demandant de délaisser ses obligations parentales quelques instants, oubliant qu’un enfant réclame tout le temps de l’attention. Tu aurais dû t’en souvenir tant tu as tout fait pour que l’on s’occupe de toi. D’après les dires de la famille, dès ton plus jeune âge, tu sollicitais déjà ton petit monde, pleurnichant, criant sans raison réelle de le faire. Ta mère accourait telle Tim vient de le faire. Avec le recul, tu as conscience d’avoir agi par caprice déjà si jeune. Dès l’instant où ta voix résonnait, la bouille de ta mère apparaissait dans les trente secondes. Tu n’iras pas dire que les jumeaux ont agi ainsi. Tu dirais encore moins au brun cette pensée potentiellement erronée. Surtout que tu ne supportes pas les pleurs non plus. Et ce, peu importe sur quel visage ils coulent. Voilà pourquoi tu as essayé de rassurer Tim. En séchant ses gouttes, tu panses ton palpitant. Un bien mutuel qui vous redonne le sourire. Ton camarade de jeu retrouve son sourire et se lance dans une demi-confidence. Tu comprends qu’il n’a pas eu une enfance aisée. Meurtri, blessé, il se reconstruit via celle de sa progéniture. Il est courageux. Et il est fort. Tu lui souris, te voulant chaleureuse et le remerciant de te remercier. « Eux auront le meilleur papa du monde. Enfin, ils l’ont déjà. » Tu en rajoutes un peu afin de le valoriser. Le fond reste vrai. Du peu que tu le connaisses, tu le trouves excellent dans son rôle paternel. « Ne dis pas ça. Tu ne les as pas abandonnés. Tu as pris un instant pour toi. Tu en as besoin pour ton épanouissement. » Tu ne peux le laisser se dévaloriser de la sorte. La pression de son métier de parents est grande. Souffler est nécessaire. Malgré l’amour qu’il leur porte, il se doit de s’en détacher de temps en temps. Sinon, il prend le risque de créer des enfants rois, incapables de supporter le refus et la frustration. Tu sais de quoi tu parles. Sans ton séjour à Melbourne, tu serais encore cette fillette insupportable capricieuse. Tu as évolué. Comme quoi, ce passage de ta vie t’a apporté du bon. « Je n’en doute pas une seule seconde. » Ses yeux pétillent de son amour à leur égard. Sa réaction face à l’entente de leur plainte en est une énième preuve. La suite te décontenance un peu. Des jeux, tu as en plein. Cependant, tu n’es pas certaine qu’ils sont adaptés à cette génération. Tu t’en rends compte avec ta nièce. Elle t’a regardé comme une grand-mère le jour où tu as lui parlé de marelle et d’élastique. Aujourd’hui, le numérique s’est imposé dans les écoles. Très tôt, trop tôt, les enfants sont happés par l’engrenage digital. Ils sont rapidement des pros du tactile derrière un téléphone ou une tablette. Le monde a changé. Pas forcément en bien sur ce coup-là. Sans vouloir faire ta vieille aigrie : c’était mieux avant de ton point de vue. « Les jeux essentiels seront ceux qu’ils te demanderont. Je ne suis plus à la page, j’ai quitté les cours de récré depuis des années. » Tu glousses. Avec le mannequinat, tu as eu une scolarité écourtée. Gabriel jalouse sa sœur et se penche pour rejoindre l’autre côté du cou de son père. Tu t’approches du duo, regardant le petit, tout sourire, tendre sa main et caresser la joue de son géniteur. « Vu leur côté tactile, je pense que tu pourras jouer à chat avec eux. » Un léger rire s’échappe de tes lèvres.
Timothy ne lésine jamais sur les moyens lorsqu'il est question de ses enfants, parfois, il en fait certainement trop, dérapage émotionnel lié très clairement au passé qu'il doit porter. Le français ne sait pas vraiment comment faire pour ne pas être trop pour eux mais il se dit que sans lui, ils n'ont pas grand chose. C'est ce qui attriste le plus le grand brun, de ne pas pouvoir leur offrir un véritable cocon protecteur comme d'autres familles autour d'eux. Il est tout seul, lui, et il y a fort à parier qu'il le sera jusqu'à la fin de ses jours, le sacré Decastel. Il n'a jamais vraiment réussi à garder quelqu'un à ses côtés, il y a toujours quelque chose qui finit par déconner, même si le brun ne comprend pas ce qu'il fait de mal en réalité. Rien, c'est bien là tout ce qui lui pose souci, Tim essaie d'être le plus parfait possible, quitte à se faire du mal dans la manoeuvre. Cet esprit de sacrifice, le français l'a toujours eu, ce qui est certes noble mais aussi ô combien risqué. A force de tout donner, arrivera fatalement un jour où Decastel n'aura plus rien du tout, simplement ses yeux pour pleurer. Il n'a clairement pas envie de cela alors Tim se dit qu'il doit aussi penser à se ménager un peu et cette histoire de jeu va probablement le tracasser dans les jours à venir. Timothy veut rattraper son retard sur la question mais il n'est pas franchement en mesure de le faire dès qu'il a les enfants à ses cotés. Avec eux, il n'y a vite que les pleurs, les réponses expéditives pour éviter leurs frustrations et le libraire ne peut pas vraiment se distraire. Il y pensera plus tard, une fois qu'il aura réussi à les faire garder par Noé ou une autre personne de confiance. Pour l'heure, il apprécie le moment, jouant avec un des jumeaux en faisant passer son regard de l'un à l'autre, ces deux anges pour qui il décrocherait toutes les étoiles. Il a sûrement l'air fou face à Rose et Tim doit se contenir parce qu'il n'a pas le droit de montrer trop d'émotions face à une quasi inconnue, même s'il peut se mettre à pleurer à tout moment après ces quelques secondes d'angoisse qui l'ont mis à mal. Vraiment. "Mon épanouissement n'a jamais été un point très important en réalité." Il se met de côté encore et encore, jusqu'à ce qu'il en meure et c'est inévitable avec Timothy. Pourtant, il a les joues rosies après avoir entendu le compliment de la jeune femme, lui qui n'a pas tellement l'habitude de recevoir la grâce de qui que ce soit. Il ne se sent pas si exceptionnel que cela, au contraire, le français a surtout l'impression de ne pas maîtriser grand chose depuis un peu plus d'un an maintenant. "Pourtant, t'as l'air d'avoir encore des connaissances approfondies de tout ça. Pour quelqu'un qui n'a jamais joué comme moi, t'es impressionnante, Rose." Il le pense réellement parce que Tim n'a jamais rencontré de personnes comme elle, qui s'amusent de tout, sans s'inquiéter de rien, du moins en apparence. Lui panique en un rien de temps, il ne sait pas tellement ce qu'il veut et jouer lui a plutôt été prohibé. Tristesse intense. "Tactiles et braillards, ça marche aussi, ce deuxième trait de leur personnalité?" Il a aperçu le jeu mais malheureusement, ils n'ont pas tellement pu aller au bout et voilà que les jumeaux cherchent la tendresse de leur père, Tim se retrouvant enseveli sous les petites mains de ses bébés. "Tu... Pourrais peut être leur montrer comment jouer. Enfin, à quels jeux toi, tu jouais, quand ils auront l'âge nécessaire. J'apprendrai en même temps comme ça." Un joli cours de rattrapage attend Tim parce qu'il n'a jamais rien pu faire comme tout le monde, misérable petit être qu'il a été. Cette fois, il repose les enfants dans leur poussette et personne ne crie, ce qui le rassure un peu. Mais pour combien de temps?
L’épanouissement personnel, un concept que tu as découvert tardivement. Tu as longtemps vécu ta vie pour épanouir ta mère. Tu n’as été maîtresse de tes choix qu’à partir de tes vingt ans. A cet âge, tu as pris conscience de ta maladie et de ta souffrance. Le mannequinat n’était pas un monde fait pour toi. Si tu aimes les paillettes et les belles tenues, l’ambiance y était trop malsaine. Trop de contraintes. Trop de contrôles. Un manque cruel de libertés sur ton mode de vie. Un carcan doré en apparence et si terne en réalité. Il t’a fallu t’en échapper pour le comprendre. Tu t’en es évadée pour une prison blanche. Le centre de soin n’a pas été le monde libre escompté. Tu as dû vivre suivant des règles strictes. Tu es rentrée dans une routine maladive. Elle était nécessaire pour briser tes chaines. La souffrance t’a été bénéfique à terme. Libérée de tes liens invisibles t’attachant aux rêves de ta mère, tu as commencé à vivre pour toi. Depuis, tu n’as jamais été aussi heureuse. « C’est une erreur que j’ai également commise dans le passé. Si tu es épanoui, ils le seront aussi. Les enfants sont des éponges, ils absorbent ce qu’on leur donne. » Tu le remarques avec ta nièce. Elle kidnappe tes sourires et te les rend avec gaité, ses lèvres grimpant jusqu’à ses oreilles. Tu ne laisseras pas ton frère, son père, en faire sa copie conforme. Tim se doit de penser à lui. Il n’y a rien d’égoïste à le faire. S’il s’oublie, il se détruira. Et s’il se détruit, ses jumeaux seront seuls. En fait, s’il s’oublie, il fera tout ce qu’il souhaite éviter à tout prix. Un juste milieu est requis. C’est la même chose dans un couple. Se sacrifier pour l’autre n’est jamais une bonne idée. Elle semble l’être pour évincer des conflits mais cette solution n’est qu’éphémère et vous consume à petit feu.
La confiance en soi lui fait défaut. Il doute de ses capacités. Il est pourtant capable d’être joueur. Avant l’appel lacrymal de ses bambins, il était à fond dans le jeu. Il a su mettre de côté ses responsabilités d’adulte. Tu as vu son visage radieux. Il te place sur un piédestal que tu ne mérites pas. Tu ne t’estimes pas impressionnante. Tu te détaches simplement de la pression de la société pour vivre comme cela te chante. Il suffit juste de se moquer du regard des autres. Ce qui est difficile pour beaucoup de personne, tu l’admets. La plupart cherchent la reconnaissance. Toi, tu cherches juste à t’amuser et à être heureuse. Et tu t’en sors plutôt bien. Tu souris pour le remercier autant que pour le signe affectif de son fils et davantage à sa remarque. Le brun n’est pas démuni d’humour. « Sûr que ce sera compliqué de jouer au roi du silence dans ces conditions. » Tu glousses. Il serait criminel de demander à de si jeunes enfants de se taire. Il faut les laisser s’exprimer. Et ce à tout âge. « Mais le jeu devrait permettre de les canaliser. » C’était le cas pour toi. Tu n’étais jamais aussi calme et silencieuse que dans ta chambre à inventer des histoires avec ta dinette et des ami.e.s imaginaires. Tu étais tellement silencieuse que ta mère venait te voir de temps en temps pour vérifier que tu allais bien. Tu l’aides à glisser ses bébés dans la poussette. Deux larges sourires se dessinent sur leurs bouilles. Les bras débarrassés, tu réfléchis quoi répondre à sa demande déstabilisante. « Je peux t’apprendre à toi et tu leur transmettras plus tard. » Loin de toi l’idée de te défiler. Patienter quelques années est long. D’ici là, chacun de vous aura avancé sur le chemin de sa vie. Et nul ne garantit que vos chemins se croiseront toujours. « Je te propose de te donner des cours au parc proche de Redcliffe. Ça te dirait ? ». En une poignée de semaines, Tim aurait rattrapé ton niveau à ce bon rythme. Il reste à savoir si cela lui convient. Le paramètre enfants va entrer dans l’équation. Il devra les faire garder. Ils sont trop jeunes pour être vos complices.
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Dernière édition par Rose Grant le Ven 30 Avr 2021 - 8:03, édité 2 fois
Timothy n'a jamais pensé aux réelles conséquences de son malheur et pourtant, celles-ci sont multiples. Au milieu du chemin, le français s'est potentiellement oublié et c'est un fait qu'il ne pourra que regretter à l'avenir. Il a au moins conscience de cela, de tous les instants qu'il a ratés, de tout le bonheur qu'il a laissé échapper parce qu'il avait peur ou parce qu'il n'était pas à la bonne place au bon moment. Il ne veut plus être aussi misérable pourtant, le libraire a clairement envie et surtout besoin d'être plus épanoui afin de tout gérer de la plus belle des manières. Le problème reste présent néanmoins: comment tout mener de front? Depuis maintenant des mois, l'amoureux des fleurs met toute son énergie à l'éducation de ses enfants et lorsqu'il n'est pas en leur compagnie, Decastel travaille afin de leur prodiguer les soins nécessaires et pour cela, il a besoin d'argent. En dehors de cela, il essaie de dormir mais pour ce qui est de ses propres besoins et son envie de renouveau, le pauvre homme n'a pas trouvé la recette miracle. Quelque part pourtant, il sait que Rose a raison et que le voir malheureux ne rendrait pas tellement service à ses marmots. "Je veux bien mais... Comment on trouve le temps pour s'épanouir?" Il pose vraiment la question parce qu'il n'a jamais su comment faire, le pauvre Tim. Il n'a pas vraiment été doué en la matière par le passé, lui qui se perdait nécessairement dans son esprit de sacrifice. Il aime tant s'occuper des autres, leur rendre service, être là pour eux et s'oublier en cours de route. Il n'a jamais vraiment su comment faire pour s'occuper de lui, trouver le bonheur et surtout, le garder. En effet, il a déjà eu quelques moments d'épiphanie mais rien de franchement durable. La chance ne lui a pas souri et puis, il a plus ou moins perdu la foi au fil du temps, en plus de toutes les semaines qui s'égrènent et qui ne lui laissent pas trop le temps de reprendre son souffle correctement. "Ils jouent déjà pas mal tout seuls. Là dessus, j'ai de la chance mais je sais qu'en grandissant, ils vont en demander plus." les jumeaux auront potentiellement envie de se dépenser et ce sera dans de telles circonstances qu'ils chercheront après leur père. Pour sûr, Timothy ne pourra rien leur refuser, c'est ses bébés, ses amours, les seules personnes qui doivent franchement compter jusqu'à sa mort. Il a au moins cette certitude et Tim veut leur faire plaisir au maximum alors autant envisager ce que Rose propose, n'est-ce pas? "Oh, ce sera avec plaisir. Je trouverai une solution de garde." Ce sera probablement plus simple que de voir les deux poupons s'assoupir peu à peu, le jeune français pouvant enfin payer les quelques jouets qu'il avait posés là, un bien nécessaire s'il veut fêter les un an des jumeaux comme il se doit. "Je peux te laisser mon numéro si tu veux dans ce cas." Il est prêt à cela car il est toujours volontaire. Son optimisme renaît en tout cas, il en oublie sa crise de tantôt, l'angoisse qui l'a happé quand il a entendu les pleurs de ses petits. Il peut vivre, il suffit qu'il s'en laisse l'opportunité désormais.
Décidemment, Tim a de nombreuses choses à apprendre. Il est étonnant de le voir si ignorant en étant parent. Toi qui croyais que cette fonction offrait des super pouvoirs. Tu pensais également qu’elle permettait l’épanouissement personnel. Visiblement, tu as eu tout faux. Ce n’est guère étonnant. Ce n’est pas la première fois que tes impressions sont erronées. Ce n’est pas pour autant que ton envie de devenir mère est évincée. Tu ne crains pas de perdre ton état d’esprit. Il est ancré trop profondément dans ton être. Au pire, si tu l’oublies, ton enfant interne sera te le rappeler. De toute façon, pour le moment, la question ne se pose pas. Avoir une progéniture n’est pas au programme de tes prochains jours. Tu as encore le temps de réfléchir au sujet. En attendant, tu as de belles heures de jeu à réaliser. « Il ne faut pas le trouver, il faut le prendre. Planifie-toi deux fois par semaine pour faire quelque chose qui te rend heureux. » Le temps est là, au quotidien. Il file et défile et avance le compteur des âges. Il est impossible de l’arrêter. Sa vitesse est constante et ne faiblit jamais. Par contre, il est tout à fait possible de le faire s’écouler plus ou moins rapidement en ressenti. Jouer permet d’accélérer son écoulement. La durée des moments ludiques n’est jamais assez longue à ton goût. Tu en désires toujours plus. « Ils te demanderont surtout ton attention. » Exactement comme tu l’as fait avec ton propre père. Il ne l’a pas compris et n’a vu dans ton attitude que des caprices et sollicitations agaçantes. Il n’a pas su y voir l’amour réclamé.
Tout l’inverse de Tim. Plus que le voir, il y répond de son mieux que lui permettent ses bras. Sa dévotion envers ses bambins est totale. Elle l’est tellement qu’il est prêt à apprendre à jouer pour eux. Le chemin de son épanouissement personnel est encore long. Comment lui en vouloir de prioriser ses enfants avant sa propre existence ? Tu feras en sorte qu’il ne s’oublie pas. « Bien sûr. Je vais le noter dans mon téléphone, attends. » Tu fouilles ton sac à main en quête de portable. Comme souvent, tu n’arrives pas à mettre la main dessus. Il est probablement resté sur la table de ton salon. Ou dans ton vide-poches à l’entrée. Ou sur ton lit. Bref, chez toi. Tant pis. Tu vas le faire à l’ancienne. Tu sors ton bloc-notes et un crayon. Tu tends l’ensemble au brun afin qu’il note son numéro. La chose effectuée, tu ranges tes affaires. « J’essaierai de te prévenir à l’avance mais je te promets rien. » Tu n’as pas de routine installée. Tu te rends au parc en fonction de tes envies. Et elles peuvent venir sans prévenir. Tim devra s’y faire. Il va devoir accepter ton comportement spontané. Il semble déjà l’avoir fait en acceptant ta proposition. Ayant réglé ses achats, l’instant de se séparer est arrivé. Tu offres un dernier sourire aux jumeaux dans leur poussette. Un à leur père et tu salues la petite famille. « A bientôt ! » Tu regardes le trio s’éloigner jusqu’à franchir les portes automatiques du magasin. Pile à la seconde où le directeur de l’enseigne débarque. Tu ne sais même pas pourquoi. Ah, ça te revient ! La libération de la poupée de la maisonnette.