see you at the bitter end

Certaines personnes communiquent bien plus facilement par les regards que les mots. et sous la poussière des années, cette facilité était toujours là entre eux, celle de se comprendre sans avoir besoin de s'étaler dans de longs discours. Mais dans les décombres du passé, le grand brun découvrait une part d'ombre insoupçonnée. S'il était longtemps parvenu à lire en Danika comme dans un livre ouvert, le contenu transcrit sous ses yeux ce soir était flou, comme si ce chapitre était dans une langue autre que celle dans laquelle il avait été rédigé jusque lors. Une langue qu'il ne comprenait pas plus qu'il ne la connaissait, une qu'il découvrait pour la première fois. et dans ce qui s'apparentait être une private joke que seule l'ancienne championne olympique comprenait, il distinguait les reflets d'un sourire sur ses lèvres sans pour autant mieux deviner les images envoyées par son esprit. Une question s'échappe de ses lèvres pour tâtonner ce terrain inconnu dont elle lui ouvre les portes, mais sa réponse est loin de parvenir à éclairer sa lanterne. « J’ai pas repris les compétitions si c’est ce que tu me demandes. » ce n'est pas ce que je te demande, pense t'il en fronçant un peu davantage ses sourcils face à la marche arrière qu'elle effectue, elle qui venait pourtant d'ouvrir la voie en l'invitant à la suivre. Channing reste silencieux en parcourant son visage, patient spectateur de l'hésitation qui naît en la brune dont les lèvres s'entrouvrent puis se referment sans rien laisser échapper d'autre qu'un souffle. Elle renonce, bat en retraite et garde pour elle des mots visiblement trop lourds pour être lâchés dans le silence de l'habitacle.

L'héritier n'insiste pas et se contente de se reporter devant lui, l'interrogeant sur son adresse qu'elle lui apprend être différente. et d'un geste léger sur le tableau de bord, ses doigts pianotent le numéro et nom de rue dans la console de la sportive afin que l'itinéraire y apparaisse. Il connaît Brisbane, il y est né et y a toujours vécu, pour autant il n'est pas non plus infaillible et préfère se référer à l'ordinateur de bord pour ce soir plutôt que d'attendre les indications de Danika quant à la route à suivre. Une pression sur « début de l'itinéraire » et voilà que la voiture sombre se remet en route sous les ordres d'un chauffeur bien plus raisonnable qu'il ne l'était il y a encore une heure ou deux. « C’est un peu plus grand que mon ancien appartement. Heureusement, ça aurait été un peu serré avec mon fils. » Channing manque d'inverser un rapport dans sa boîte à vitesse à l'entente de ces paroles, et ses yeux s'arrondissent subitement. son fils ? Sa tête se tourne lentement vers elle, et tandis qu'elle est secouée d'un rire lui tente de ne pas afficher une mine trop surprise. Heureusement pour lui, sa mâchoire est bien accrochée. Il se reporte sur la route après un moment d'absence, la laissant reprendre la parole alors qu'elle se rend compte trop tard de la puissance de ses propos. « J’ai un fils, Maddox. Il aura quatre ans en juin. » quatre ans ? le calcul est vite fait. Danika a eu un fils peu de temps après leur rupture, elle qui ne voulait pas entendre parler de vie sous un même toit avait tout bonnement eu un fils avec un autre. Bêtement, il est blessé de l'apprendre. Piqué à vif de savoir que leur histoire n'avait clairement pas eu la même saveur pour elle que pour lui, même s'il l'avait déjà compris lors de leur rupture. Mais à ce point ? au point de ne pas vouloir partager la même cuisine et les mêmes toilettes avec lui, mais bel et bien un enfant avec un autre ? Comment avait-il pu se planter autant, comment pouvait-il être si rebutant à ses yeux, aux yeux de celle avec qui il avait vécu tant de choses ? et finalement, est-ce que leur histoire en avait vraiment été une ? Cette nouvelle suffisait à faire naître mille doutes en lui, et s'il était celui prêt à sauver les souvenirs de leur amour passé en début de soirée, il n'était toutefois plus certain d'y tenir à présent. Un long silence s'installe, et Channing ne reprend pas la parole. Il ne sait pas quoi lui dire, est fatigué et décontenancé, considère avoir eu assez d'émotions pour la soirée. La Lamborghini traverse la ville jusqu'à Redcliffe, et finalement le moteur ralentit devant l'appartement de la brune. « Nous y voilà. » il tourne la tête vers elle, et c'est un maigre sourire qui salue la boxeuse. « Aurevoir Dan. » Elle quitte l'habitacle et se dirige vers le bâtiment, le Walker suivant son avancé jusqu'à la voir disparaître en sécurité à l'intérieur. et seulement lorsque la porte se referme, il redémarre et s'évapore à son tour dans l'obscurité du quartier résidentiel, ses pensées s'entrechoquant entre elles alors qu'il prend la sage décision de rentrer chez lui à son tour.

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