Vic s’offre un restaurant ce midi, cela fait une éternité qu’elle ne s’est pas fait ce petit plaisir à force d’économiser des bouts de chandelle pour rembourser ses dettes. Elle est assise seule à sa table et n’en tire aucune gêne, elle préfère largement être seule que mal accompagnée. Sa seule crainte est qu’un homme vienne l’aborder pour la draguer, ils se sentent toujours tout permis quand une femme ose s’afficher seule dans un lieu public sans aucun mâle pour la chaperonner. Mais elle a prévu le coup, emmitouflée dans son sweat informe, elle a commandé en vitesse et s’est ensuite collé son casque sur les oreilles et a ouvert le roman policier qu’elle lit en ce moment. Si ces signaux ne sont pas suffisants pour signifier à une tierce personne qu’elle n’est pas disponible, ni ne souhaite l’être, alors elle ne sait pas bien quoi faire de plus. Au bout de quelques minutes, plongée dans une scène de tension dans son roman, elle en oublie où elle est et ne remarque pas l’homme qui s’approche d’elle en lui parlant. La musique dans ses oreilles la coupe de l’extérieur et c’est la main de l’homme sur son épaule qui la sort violemment de son livre. Elle sursaute et pousse un cri de surprise avant de relever ses prunelles emplies de colère vers l’importun. Finalement, ça n’avait pas été suffisant alors ? Elle dégage son épaule de la main de l’inconnu et voit ses lèvres bouger sans entendre un traître mot de ce qu’il raconte. Elle arrache son casque de ses oreilles perdant le son rassurant de sa playlist spotify pour se retrouver aussitôt encerclée par le brouhaha de la salle de restaurant. Elle ne lui laisse pas le temps de s’exprimer et s’écrie : « Mais merde ! Ça se voit pas que j’ai pas envie d’être dérangée ?! » Les gens commencent à se retourner vers elle, mais elle s’en fiche, elle ne compte pas laisser passer ce genre de comportement. Ces hommes se croient tout permis, ils croient avoir tous les droits sur les femmes comme si elles n’étaient que des objets à leur disposition et Vic s’est jurée que plus jamais elle ne se laisserait traiter comme un objet. L’homme bafouille des excuses, visiblement très surpris mais elle le coupe : « Quoi que vous comptiez me dire je ne suis pas intéressée. Je suis venue là pour être tranquille pas pour me faire aborder par tous les frustrés du coin. » Soudain, un éclair de compréhension apparaît sur le visage de l’homme et il recule d’un pas, lève les mains en signe d’apaisement : « Mais pas du tout, vous vous méprenez. Je suis avec ma femme qui est là-bas. » Il désigne une rousse qui se tient quelques mètres derrière lui, visiblement gênée par toute cette scène assez embarrassante. « Je l’ai demandée en mariage ici-même il y a trois ans et il n’y a plus de table libre… » Le regard de Victoire passe de l’homme à sa femme pour enfin s’égarer sur le nombre incroyable de témoins qui ne perdent pas un mot de leur conversation en faisant mine de s’occuper de leurs affaires. Elle commence à rougir et se sentir affreusement stupide, ce n’est pas la première fois qu’elle sur-interprète la raison pour laquelle un homme l’aborde. Mais ça ne lui était pas arrivé depuis un moment, ça doit être son livre qui l’a mise sur les nerfs et maintenant elle passe pour une folle devant tout le monde. Quel désastre ma pauvre ! Arrête de croire que tout le monde veut te draguer, t’es pas miss univers, merde, matraque sa voix intérieure. L’homme face à elle essaye toujours de se justifier : « On voulait juste vous demander si ça ne vous dérangerait pas d’aller à la table de quatre là-bas… Désolé si je vous ai fait peur... » Vic se retourne et avise la table pouvant accueillir quatre convives mais occupée par une jeune femme seule. Quelle idiote, quelle conne bordel ! C’est juste un mari attentionné qui ne veut pas décevoir sa femme, t’as vraiment le chic pour mettre les pieds dans le plat. Et en plus, le gars s’excuse alors que c’est toi la malade mentale ! Elle se retourne honteuse vers l’homme, sentant tous les regards posés sur elles et toutes les oreilles pendues à sa réponse. Va-t-elle continuer à jouer l’hystérique et faire son égoïste ou va-t-elle offrir sa table à cet adorable couple ? Bien entendu qu’elle ne peut pas dire non. « Bien sûr… Excusez-moi j’ai… j’ai cru… Bref, je vous laisse la table avec plaisir... » bredouille-t-elle en récupérant son livre sur la table et son sac à main sur le dossier de la chaise. Elle ne le fait pas avec plaisir, elle aimait bien sa table, elle aimait bien y manger seule et maintenant elle devait aller envahir l’espace d’une inconnue. Elle bredouille une autre excuse et se dirige lentement vers la table, mortifiée, hésitant même à partir tout simplement, à rentrer chez elle. Mais non, elle a rêvé de se faire ce restau français depuis une éternité et elle ne veut pas laisser ses traumas et réactions disproportionnées la priver encore une fois d’un petit plaisir.
Elle arrive devant la table et se plante devant la chaise qui se trouve en diagonale de la jeune femme, elles pourront manger en face à face avec une chaise vide ainsi, ce serait presque comme être assise chacun à sa table. « Je peux ? » demande-t-elle. Puis elle ajoute comme si la jeune femme n’avait pas assisté à tout le scandale : « On m’a délogée de ma table... » Elle scrute le visage de la jeune femme, elle a l’impression de l’avoir déjà vue quelque part mais elle ne la reconnaît pas tout de suite. « Promis, je vous ferais pas de scandale à vous. » Référence à la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux, Vic a toujours les joues rougies par la honte. Elle est passée du mode berserker à la petite-fille honteuse de son attitude, elle essaye de gagner un semblant de dignité dans tout ça.
Franchement, Heather ne comprenait pas ce qui avait traversé la tête de John en lui faisant accepter un contrat pour un photoshoot en Australie. Certes c’était un magazine connu là-bas et comme il lui avait dit pour une bonne visibilité en Australie c’était le bon plan mais bon il aurait plannifer ça quand elle serait de retour à Brisbane. Là c’était en plein milieu de son tournage à Los Angeles et déjà que le tournage était crevant, se taper le vol plus le décalage horaire, l’actrice était K.O. Certes Heather n’était au final plus trop contre le fait d’avoir une carrière aux USA et ici aussi, elle s’était finalement très bien habituée au sol australien. Mais bon là il lui en demandait beaucoup surtout qu’elle n’aimait pas les photoshoot, il suffisait qu’elle tombe sur un photographe assez orgueilleux et c’était l’enfer. Puis certain adorait te filer des petits non du style « chéri » ou « sweetheart », ce qui donnait à la blonde des envies de meurtres. Sauf qu’elle devait ne rien dire même si ça voulait dire se mordre la joue pour se retenir de ne pas insulter en retour. Si elle ne se retenait pas en dehors du boulot, quand elle était sur un lieu professionnel toujours elle ne disait rien. Les mots de sa mère qui lui disait d’être parfaite pour améliorer sa carrière, résonnait toujours insconsciemment dans sa tête ainsi que la peur si ce n’était pas le cas. Et puis son agent lui avait déjà assez remonté les bretelles pour son comportement un peu « déplacé » durant le tournage de son dernier film. Heather ne comprenait toujours pas en quoi cela avait été problématique qu’elle couche avec l’actrice qui jouait sa meilleure amie à part une frustration de la part du producteur qui ne pouvait pas faire de même.
Enfin ce n’était pas le moment de se prendre la tête à imaginer le pire, elle verait bien ce que ça donnerait. C’était pour demain et aujourd’hui elle avait en quelque sorte une journée de libre, enfin libre était un grand mot car elle avait encore des textes à apprendre et des chorégraphies à réviser. Mais quitte à être de retour autant en profiter pour voir au moins un ami. Pour cela, elle avait décidé de venir au resto de Caleb pour le dernier service et ensuite en profiter pour lui faire un petit coucou. A force elle allait finir par être une habituée là-bas mais elle ne pouvait pas s’en empêcher son ami cuisinait tellement bien. Manière de rester tout de même sérieuse, elle avait amené le scripte contenant les scènes qu’elle jouerait à son retour. Quitte à manger seule autant en profiter pour être sérieuse, la jeune femme avait même envoyer une photo à son agent pour lui prouver que pour une fois elle était sage. Si à son arrivée, il n’y avait pas grand monde, le restaurant c’était petit à petit bien remplit. Mais elle avait tellement été concentré qu’elle n’avait pas remarqué le brouhaha ambiant qu’il y’avait maintenant dans le restaurant. Alors qu’elle allait se replonger dans sa lecture, elle entendit une voix féminine s’élever au dessus des autres. Son regard chercha immédiatement d’où elle pouvait provenir et elle observa la scène sous ses yeux. Encore un mec qui venait emmerder une fille ? En plus il avait l’air d’être vraiment venu la chercher car elle voyait son casque de musique. Certain n’avait vraiment plus froid aux yeux de nos jours pour venir bousculer quelqu’un comme ça. La salle se fit tout d’un coup beaucoup plus silencieuse et Heather encouragea par la pensée la blonde à ne pas se laissé faire. Il y’en avait plus que marre de laisser les hommes se sentir tout puissant à pouvoir harceler les femmes quand bon leur semblait. Sauf que la situation changea en instant lorsque l’homme prit la parole pour expliquer que ce n’était pas ça du tout. « Aie la grosse boulette » se disait elle, c’est une situation qui aurait très bien pu lui arriver. Dans un sens elle était bien contente que ça ne soit pas le cas car elle aurait été mortifié de honte. Sans vraiment être plus curieuse que ça, le drama devenant à présent innintéressant, Heather reprit sa vie comme si de rien n’était. Puis elle sentit une présence à côté qui ne semblait pas être le serveur vu le silence et qui la força à relever la tête. Elle espérait que ça ne soit pas un fan qui vienne l’enquiquiner. Cela ne lui était pas trop arrivé ici mais dernièrement à Los Angeles, certain c’était senti la possibilité de venir lui demander une photo alors qu’elle mangeait. Immédiatement elle reconnut qu’il s’agissait de la demoiselle qui s’était affichée devant tout le monde. Pendant un instant elle ne comprit pas de suite ce qu’elle voulait lui demander avant de tourner la tête pour voir qu’elle lui demandait de s’installer à sa table. C’était tout de même assez culottée, comme si elle allait s’installer avec n’importe qui à table. Bon dans un bar elle aurait peut-être compris mais au restaurant… Même si elle avait un visage très jolie, cela ne se faisait pas vraiment. Avant de répondre elle jeta un coup d’œil à la salle pour se rendre compte que sa demande venait du fait que toutes les tables étaient complètes.
- Oh oui bien sûr, installez-vous.
Heather ne se sentait pas de lui dire non alors qu’elle était installée à la base et puis elle comprenait totalement la réaction qu’elle avait pu avoir. Car elle semblait clairement très jolie malgré son gros sweat. Elle lui fit un signe pour l’inviter à s’installer sur l’autre moitié de sa table et poussa ses affaires.
- Oui j’ai vu ça.
Elle lui fit un petit sourire car ça serait mentir si elle avait dit qu’elle n’avait rien vu et rien entendu. Puis un sourire amusé se dessina sur son visage à la mention du scandale, en histoire de scandale la blonde avait eu son petit lot alors une hystèrie dans un restaurant ce n’était pas grand-chose.
- Parfait même si entre nous, je peux comprendre la méfiance que vous avez eu. Mais promis si jamais je devais vous drague, je le ferais avec un peu plus de tact que vous embêter alors que vous avez le casque sur les oreilles. Elle lâcha un petit rire en lui faisant un petit clin d’œil.
Victoire est déjà mortifiée par toute la scène qui vient de se dérouler, elle s’est ridiculisée avec ses réactions disproportionnées et si elle s’écoutait elle aurait juste quitté le restaurant en courant. Mais elle considère qu’après tout, elle était là avant et qu’elle a déjà été bien gentille, contrainte et forcée par la honte, de laisser sa table. Il est certain que si elle avait voulu, elle aurait pu faire appeler le gérant du restaurant pour qu’il trouve une autre solution qui ne nécessite pas qu’on lui retire sa table. Mais il se trouve que le personnel de salle n’était pas à proximité pendant la petite scène qui vient de se dérouler et que Vic s’est trouvée si gênée d’avoir cru que l’homme venait la draguer qu’elle a abandonné la lutte et s’est dirigée vers la table où était installée une jeune femme qui lui semble familière. Elle est en train de lire quelque chose elle aussi et Vic se sent vraiment mal à l’aise de lui demander de s’incruster à sa table, ce genre de choses ne se font pas, mais elle a bien scruté la salle, il n’y a pas d’autres places et c’est ici qu’elle veut déjeuner, pas dans un autre restaurant. D’autant qu’elle a déjà commandé. Alors, elle demande d’une petite voix la permission de s’asseoir. Elle voit le regard interloqué qui balaye la salle et constate qu’il n’y a pas d’autre endroit pour que la blonde puisse s’asseoir : « Oh oui bien sûr, installez-vous. » Vic la remercie d’un sourire tout en se justifiant, précisant qu’elle a été virée de sa table. « Oui j’ai vu ça. » Elle ne fait pas mine d’être surprise, elle a assisté à toute la scène comme toutes les tables alentours. La jeune femme est souriante, elle n’a pas l’air de penser que Vic est une hystérique, ou alors elle le cache bien. La pâtissière finit par tirer la chaise et s’installer en diagonale de l’inconnue avant de lui promettre qu’elle ne fera pas d’esclandre cette fois-ci. Jusqu’à ce qu’un lourd vienne te toucher l’épaule encore une fois… Tu sais décidément pas te contrôler, ma vieille, il te reste plus que la camisole de force, lui matraque sa voix intérieure. « Parfait même si entre nous, je peux comprendre la méfiance que vous avez eu. » La Française sent un peu du poids de la honte s’envoler, ravie que sa compagne de table se montre plus compréhensive que la plupart des convives de la salle qui l’avaient regardée comme si elle était folle à lier. Elle affiche un sourire reconnaissant mais la suite du discours la désarçonne. « Mais promis si jamais je devais vous draguer, je le ferais avec un peu plus de tact que vous embêter alors que vous avez le casque sur les oreilles. » La bouche de Vic s’entrouvre sous le coup de la surprise et elle a aussitôt le rouge qui lui monte aux joues. Pourquoi elle lui dit ça ? C’est une plaisanterie ? C’est une allusion indirecte visant à lui faire passer un message ? Elle a rit et lui a fait un clin d’œil aussi ! Oh mon Dieu mais qu’est-ce que ça veut dire ??! Elle ne sait pas quoi répondre, elle panique totalement et finalement c’est un gloussement grotesque qui retentit dans sa gorge, suivit d’un bafouillement ridicule : « Ah euh je… Oui… Le casque… la technique fonctionne pas avec tout le monde apparemment... » Elle fuit le regard de la jeune femme, impressionnée par l’assurance qu’elle lit dans ses yeux et effrayée d’y déceler peut-être une vraie lueur de séduction. Pas que cela ne lui plairait pas, mais elle ne saurait pas beaucoup plus comment réagir. Vic reporte son attention sur le pichet d’eau sur la table et prend son temps pour se servir un grand verre avant de le boire d’une seule traite, histoire de reprendre ses esprits. Elle n’a pas envie de se replonger dans son livre, ni de remettre son casque sur ses oreilles à présent, elle veut regarder son interlocutrice et en savoir plus sur elle. C’est fou, il aura suffit de cette simple plaisanterie qui n’a probablement aucun fondement réel pour que la Française commence à s’imaginer dans les bras de l’inconnue, elle essaye de se résonner cependant. C’est pas possible, merde, t’as à peine posé ton regard sur elle, tu sais même pas de quelle couleur sont ses yeux et t’es déjà en train de t’imaginer l’épouser, t’es vraiment une cause perdue.... Elle ne s’imagine pas l’épouser, pas vraiment, enfin pas dans l’immédiat en tous cas, ces choses-là prennent du temps… Heureusement, son fil de pensée est interrompu par le serveur qui visiblement la cherchait partout pour lui porter sa commande, elle s’excuse comme si elle était en faute : « Oh excusez-moi, j’ai changé de place, j’aurais dû vous prévenir… Merci... » Et elle se recule pour lui laisser déposer l’assiette qui contient un filet de bar accompagné d’un écrasé de pomme de terre à l’huile de truffe ainsi que des légumes croquants. L’assiette est magnifique et Vic en a l’eau à la bouche instantanément, ça aurait été dommage de ne pas rester tout de même. Elle relève enfin et timidement les yeux vers sa compagne de table alors que le serveur s’éloigne. Elle a repris un peu de contenance et l’effet de surprise est passé, alors elle demande avec un sourire timide : « Vous avez commandé quoi, vous ? Si j’avais les moyens je crois que j’aurais commandé la carte entière ! » Mais déjà ce plat est hors de prix pour elle, mais elle considère qu’elle l’a bien mérité.
Si Heather n’était pas spécialement fan de base des personnes qui faisaient des scènes devant tout le monde au restaurant, la situation était totalement différente. Ce n’était pas un couple qui s’engueulait car ils tentaient de raviver les maigres braises qui devaient bruler en eux. Ou encore une personne qui engueulait son serveur car il y’avait un problème avec son plat. Avec le nombre de gars relou qui l’avaient accosté dans sa vie au bar, l’actrice pouvait comprendre qu’on perde vite patience. Le nombre de fois où elle avait dû se retenir de mettre une baffe à une personne ou que le contenant d’un verre avait volé, elle pouvait en compter quelques-uns. Si elle n’avait pas été choquée, c’était peut-être car dans la même situation, elle aurait réagi pareil. Déjà se faire déranger en pleine lecture de son script l’aurait gonflé et en plus en pensant qu’on la draguait cela aurait été pire. Mais bon après cette petite péripétie qui avait mis un peu d’ambiance, la blonde avait pensé qu’elle pourrait reprendre le reste de son repas normalement. Elle n’avait pas imaginé une seconde que la demoiselle déménagerait de table et demanderait de s’installer avec elle. Voilà qu’elle passait d’un petit repas tranquille et remplit de sérieux avec la lecture de son script à un petit repas à deux car il n’y avait visiblement pas de place ailleurs. Si elle était habituellement toujours méfiante des personnes qui venaient l’accoster sans qu’elle ne fasse de démarches, elle n’eut pas vraiment le choix ici et pour le coup la belle ne semblait absolument pas agressive. Bien au contraire, elle semblait timide et gênait ce qui contrebalancé totalement avec la scène qu’elle venait de voir. Et puis quand une belle femme venait lui demander de l’aide, elle avait toujours du mal à dire non. Du peu de leur échange, Heather en profita même pour lancer une petite phrase de drague. Contrairement aux hommes, elle respectait toujours les femmes qui étaient dignes de son intérêt. Heather n’insistait en mode grosse beauf quand on lui disait et autres comportements qui l’insupportaient quand on lui faisait. Si Heather pensait que son commentaire irait un peu dans le vent ou qu’il n’y aurait pas de réaction elle se trompa fortement. En voyant le visage choqué de la blonde, pendant un instant elle se demanda si elle n’avait pas affaire à une homophobe mais vu la suite elle comprit que c’était bien le contraire. Elle dut se retenir de lâcher un petit rire amusé en voyant le rouge sur ses joues monter et la voir bafouiller. C’était presque mignon et ça donnait évidemment très envie à l’actrice de continuer sur cette lancée.
- Malheureusement non, c’est comme les écouteurs de musiques dans la rue, ça ne marche qu’une fois sur deux. Mais bon au moins grâce à ce petit couple, nous ne sommes plus seules pour manger.
Elle lui fit un petit clin d’œil pour voir l’effet que cela provoquerait chez la belle. A présent apprendre des répliques pour sa série lui semblait une occupation très ennuyante et elle le rangea dans son sac. Tant pis ce n’était pas aujourd’hui qu’elle serait sérieuse mais elle pouvait bien s’octroyer une petite pause de temps en temps. En voyant l’assiette de la jeune femme arriver, elle entendit son ventre gargouiller, ça avait l’air super bon. Presque elle regrettait son choix car le sien avait vraiment l’air meilleur. Le mot mignon revint dans sa tête en voyant la demoiselle s’excuser pour avoir changé de place. Elle prit une gorgée de son verre de vin, le seul que Caleb avait réussi à lui faire apprécier et lui faire perdre un pari qui lui était revenu assez cher à la fin.
- J’ai pris une bouillabaisse de mon côté mais je crois que j’aurais dû prendre pareil que vous. Enfin tout est super bon ici, à chaque fois je ne suis pas déçue, ce que j’attends avec le plus d’impatience c’est la tarte au citron meringuée que j’ai pris en dessert.
Elle prenait ça à chaque fois, c’était son dessert préféré. Après elle aimait tout ce que cuisinait Caleb sauf quand il cuisinait des trucs suspect comme les escargots. Elle se resservit un verre de vin et tendit la bouteille en direction de la blonde.
- Est-ce que vous en voulez aussi ?
Finalement son plat fini à son tour par arriver et elle saliva en le voyant. Il n’y avait pas à dire la cuisine française avec toujours ce petit quelque chose qui faisait qu’elle n’était vraiment pas comme les autres.
- Bon appétit !
Puis elle prit une bouchée de son plat et eu les yeux pétillant en découvrant le gout de celui-ci. Ne laissant pas un blanc s’installer complétement, elle reprit la parole cherchant à en savoir plus sur cette demoiselle qui était venue pimenter son repas et qui surtout avait l’air de rougir très facilement.
- Je m’appelle Heather au fait ! C’est la première fois que vous venez ici ?
Victoire est rouge comme une pivoine, la remarque que la jeune femme a faite n’est pourtant pas si incroyable, elle a juste émis l’hypothèse qu’elle pourrait la draguer. Même pas. Elle a dit « si jamais je devais vous draguer », c’est totalement différent. Mais ça n’empêche pas Vic d’extrapoler en quelques instants, de s’imaginer tout ce qu’il pourrait se passer à cette table, entre elles. Elle n’arrive qu’à bégayer à propos du casque et de son efficacité toute relative pour repousser les dragueurs. « Malheureusement non, c’est comme les écouteurs de musiques dans la rue, ça ne marche qu’une fois sur deux. Mais bon au moins grâce à ce petit couple, nous ne sommes plus seules pour manger. » Vic déglutit difficilement en entendant ces mots accompagnés d’un clin d’oeil, elle ne se fait pas des idées là, non ? Sa compagne de table est définitivement en train de lui faire des appels du pied. Enfin, pas littéralement, heureusement, si elle venait à sentir le pied de la blonde venir chercher le sien sous la table, elle fondrait probablement sur place. En attendant, Vic ne sait pas s’il est possible que ses joues rougissent encore davantage mais elle a l’impression que c’est ce qui se produit, elle a de plus en plus chaud à cause de la gêne et d’une certaine forme d’émoustillement face à la situation. Une femme est en train de la draguer ? C’est peut-être elle la femme de sa vie ? Les pensées en arborescence de Vic s’affolent, ça part dans tous les sens, elle s’imagine en robe de mariée, comme d’habitude elle va beaucoup trop loin. Heureusement, l’arrivée du serveur la sauve de ses propres pensées et elle se retrouve avec son assiette plus qu’appétissante. Vic hésite à commencer car cela lui semble impoli alors que sa compagne de table n’est pas encore servie, alors elle lui demande ce qu’elle a commandé. « J’ai pris une bouillabaisse de mon côté mais je crois que j’aurais dû prendre pareil que vous. Enfin tout est super bon ici, à chaque fois je ne suis pas déçue, ce que j’attends avec le plus d’impatience c’est la tarte au citron meringuée que j’ai pris en dessert. » Victoire connaît bien la bouillabaisse, même si elle n’a pas vécu à Marseille, elle a vécu dans le sud après son retour de New-York et elle en a dégusté quelques uns bien fameuses. La jeune femme a l’air d’être une habituée du restaurant et une adepte de leurs desserts. Vic sourit, un peu plus à l’aise de parler de nourriture et surtout de desserts. « La bouillabaisse c’est un grand classique, ce sera sûrement délicieux. Et ne me lancez pas sur les desserts ou je vais vous en parler pendant des heures... » Elle rit doucement avant de préciser : « C’est mon métier, je suis pâtissière... »
Victoire était tellement gênée en abordant la jeune femme qu’elle n’avait même pas remarqué la bouteille de vin sur la table. Pourtant ce genre de détail lui saute habituellement aux yeux, elle qui est sobre depuis six mois et tente envers et contre tous ses instincts de le rester. « Est-ce que vous en voulez aussi ? » lui propose la jeune femme après s’être servi un verre. Victoire aimerait tellement pouvoir dire oui, qu’il lui soit possible de boire un verre ou deux de temps à autre, pour le plaisir, dans un cadre social, pour un rencard (même si ça n’en est pas un. Pas vraiment. Ou peut-être?)… Mais elle ne peut pas, toutes les fois où elle a tenté d’arrêter de boire, la moindre goutte d’alcool ingérée l’a fait replonger. Alors elle refuse en plaçant même sa main sur son verre, de peur que la blonde continue son geste par réflexe : « Non merci. Je préfère rester à l’eau. » Et elle lui adresse un petit sourire contrit, espérant ne pas passer tout de suite pour l’alcoolique de service. Les gens concluaient bien souvent que ceux qui refusaient de l’alcool étaient soit des rabat-joies, soit d’anciens alcooliques. Et avec Vic il avait une chance sur deux d’avoir bon.
Le plat de bouillabaisse apparaît devant sa compagne et l’odeur emplit les environs, ça met l’eau à la bouche de Vic qui ne tient plus d’attendre pour manger. « Bon appétit ! » « Bon appétit également, je n’en peux plus d’attendre ! » plaisante-t-elle en découpant un morceau de poisson qu’elle enfourne aussitôt dans sa bouche. C’est délicieux, ça fond sous la langue, l’assaisonnement est parfait et laisse échapper un petit gémissement de plaisir qu’elle ne contrôle pas. « Oups, je suis un peu trop expressive quand je mange… C’est délicieux ! » glousse-t-elle sentant ses joues s’enflammer à nouveau. Puis les présentations, enfin, elle réalise qu’elle s’est imaginée épouser une femme dont elle ne connaissait même pas le prénom. « Je m’appelle Heather au fait ! C’est la première fois que vous venez ici ? » Victoire avale sa bouchée de purée et de poisson et s’empresse de répondre : « Enchantée, moi c’est Victoire. Mais vous pouvez m’appeler Vic, c’est plus facile à prononcer... » précise-t-elle avec un sourire qu’elle veut amical mais qui est peut-être juste ridiculement gêné. Puis elle répond à la deuxième question : « Première fois oui, je l’avais repéré depuis longtemps, la cuisine française me manque… Je ne suis pas déçue du tout ! » Et elle reprend une bouchée de son assiette avec appétit, s’assurant tout de même de manger proprement, de ne pas se coller de la purée dans les cheveux, car elle est capable Vic, surtout quand elle est nerveuse face à une jolie jeune femme. « Et vous ? Vous avez l’air d’être une habituée! Si j’avais les moyens, je le deviendrais probablement aussi... » avoue-t-elle en lorgnant sur la bouillabaisse, elle a bien envie de la goûter cette merveille.
Mon dieu cette femme était vraiment trop chou, Heather devait se retenir pour que son sourire ne devienne pas trop large, étant vraiment amusée par la situation. La blonde faisait que rougir à la moindre petite drague d’Heather. Elle se rendait pas compte des signaux qu’elle envoyait à l’actrice, cela lui donnait encore plus envie de continuer. La jeune femme ne pouvait pas s’en empêcher mais quand elle se rendait compte que sa drague marchait et qu’en plus de ça, la personne réagissait de manière totalement timide en face. Heather savait qu’elle allait continuer son jeu de séduction et voir jusqu’où elle pourrait aller. Si deux phrases la rendait toute chose, il était clair que sa compagne de table n’était pas juste hétéro. Car il y’aurait sinon eu deux autres scénarios, un stop lui disant de ne pas continuer car elle n’était pas intéressée ou elle ne se rendait pas compte de ce qu’elle faisait. Pour le moment cela n’avait pas l’air d’être un de ces deux scénarios mais peut-être se trompait-elle. Finalement cette journée pause dans son agenda bien fourni allait se montrer bien plus intéressante que prévue. Elle se voyait déjà ramener potentiellement la demoiselle chez elle pour passer à des choses beaucoup plus sérieuses. En attendant de savoir la prochaine action qu’elle ferait, Heather allait en profiter pour faire la discussion pendant qu’elle savourait ce délicieux repas. Son choix de plat n’est malheureusement pas le plus sexy à essayer mais honnêtement Heather ne savait pas trop ce qu’elle avait commandé. Déjà pour prononcer le nom du plat cela avait été quelque chose mais la jeune femme avait envie de tout gouter. Alors à chaque fois qu’elle venait, elle prenait un plat différent, il y’avait juste le dessert où elle n’arrivait pas à changer car la tarte au citron de Caleb était surement devenue son dessert préféré. Mais en voyant son plat arriver même s’il avait l’air délicieux, elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle aurait dû partir sur autre chose maintenant qu’elle était en charmante compagnie. La demoiselle retrouva rapidement l’usage de ses mots quand leur conversation dériva sur la nourriture, comme quoi elle avait bien la confirmation que c’était elle qui lui avait fait perdre ses moyens. Elle posa son menton sur ses mains pour écouter la jeune femme parler qui avait l’air d’un coup passionner de leur sujet avant de comprendre la raison.
- Vous avez l’air vous y connaitre en cuisine française. Oh je comprends, mais ça ne me dérange pas, je préfère le sucré ou salé. Vous avez votre pâtisserie du coup ? Je pourrais vous rendre visite.
Heather lui fit un sourire avant de finir son verre et lui proposer du vin. Elle ne fut pas spécialement choquée par son refus et ne fit pas attention au fait qu’elle posa la main sur son verre. Elle reposa la bouteille avant de prendre une gorgée, elle ne devait tout simplement pas aimer le vin comme elle. A part cette bouteille-là, Heather n’appréciait pas vraiment non plus cette boisson en temps normal.
- Pas de soucis, c’est parfois plus sage d’y rester.
La blonde avait des amis qui après un verre d’alcool pouvait partir totalement à la dérive, elle se souvenait totalement de certaine soirée où elle avait dû faire la babysitter. Elles attaquèrent enfin leur plat, sentant son estomac plus que ravie d’avoir quelque chose à l’intérieur de lui. Avant qu’elle n’ait le temps de prendre un autre morceau de son plat, elle s’arrêta en entendant la belle devant elle gémir. Heather releva la tête, se son déclenchant évidemment quelque chose en elle. La jeune femme lui tendait des perches ce n’était pas possible comment pouvait-elle se retenir de dire quoi que ce soit. Elle allait finir par se dire que peut-être elle aussi la draguait et en voyant le rouge sur ses joues Heather ne put se retenir plus longtemps.
- Oh pas de soucis, c’est un son que j’apprécie toujours d’entendre mais habituellement c’est moi qui fait en sorte qu’il arrive.
C’était presque beauf et sans manque de tact mais juste pour voir la réaction de celle-ci, elle savait que ça vaudrait tout l’or du monde. Heather imaginait déjà la potentielle réaction et elle sentait qu’elle allait devoir se retenir de rigoler. Puis elles finirent par se présenter et l’actrice bloqua un instant sur le prénom Victoire. Ce n’était pas un mot français ? La jeune femme ne parlait pas pour un sous français mais elle savait que c’était un mot qui lui semblait familier. En tout cas c’était certain que ce n’était pas à consonance anglophone. Heureusement qu’elle lui dit qu’elle pouvait l’appeler Vic car elle n’était pas persuadée de réussir à le prononcer.
- Tu es française ? Je me disais bien que Vic…toire était un prénom français. Elle tenta du mieux qu’elle pouvait de le dire mais avec son accent anglais c’était un carnage. Oui c’est vraiment super bon ici, ça fait un mois que j’étais à Los Angeles et ce resto me manquait déjà.
Parler de Los Angeles lui rappela le travail pendant un instant et le fait qu’il ne fallait pas qu’elle oublie de regarder son téléphone de temps à autres au cas où on lui donne des infos pour son prochain épisode ou qu’on lui demande un truc auquel il faudrait qu’elle réagisse rapidement. Mais cette pensée s’évapora rapidement lorsque Vic reprit la parole. Effectivement comme tout restaurant français cela nécessitait un certain budget, Heather n’avait pas spécialement ce problème là et c’est vrai que son portemonnaie était bien plus conséquent que la plupart des gens dans ce monde.
- Oui je viens assez souvent, Caleb le propriétaire du restaurant est un ami à moi donc en plus de profiter de super bon plat, j’en profite pour faire un coucou à un ami. Après j’ai les moyens de pouvoir me le permettre je sais que c’est toujours un peu élevé les prix dans ce genre de restaurant.
« Vous avez l’air vous y connaitre en cuisine française. Oh je comprends, mais ça ne me dérange pas, je préfère le sucré ou salé. Vous avez votre pâtisserie du coup ? Je pourrais vous rendre visite. » Elle secoue la tête avec une petite moue attristée. Tout le monde lui pose toujours cette question, est-ce qu’elle a une pâtisserie à elle et à force cela lui faire ressentir qu’elle est à la traîne dans ses projets, dans sa vie tout simplement. Il faut dire que la case mannequinat/procès/dépression lui a fait perdre de précieuses années, elle a 34 ans déjà et elle a l’impression que son rêve n’avance pas d’un poil, elle est endettée et empêtrée dans un bourbier dont elle ne voit pas la sortie. « C’est le plan d’avoir ma propre pâtisserie, mais pour le moment je ne suis qu’une employée… Aux Fleurs du Mal, à Spring Hill... » précise-t-elle pour que la jeune femme puisse situer, si jamais elle veut passer.
Victoire refuse le vin et son interlocutrice n’a pas l’air de tiquer ou de se vexer, elle n’insiste pas c’est déjà une victoire. « Pas de soucis, c’est parfois plus sage d’y rester. » Ah ça… Elle n’a aucune idée d’à quel point il est bien plus sage que tu t’en tiennes à l’eau, ma pauvre, pense-t-elle un peu contrite en se rabattant sur un verre d’eau pour ne pas penser au goût du vin qu’elle aimerait sentir sur son palais. Puis, elles commencent à manger et Victoire, tout à son plaisir de déguster un tel plat, laisse échapper un gémissement d’aise qu’elle regrette tout de suite et qui la met dans un tel embarras qu’elle glousse comme une adolescente prépubère en s’excusant. « Oh pas de soucis, c’est un son que j’apprécie toujours d’entendre mais habituellement c’est moi qui fait en sorte qu’il arrive. » Victoire a la bouche pleine quand son interlocutrice lui fait un tel appel du pied que c’en est presque un coup de pied dans le tibia. Elle s’étrangle avec les petits légumes qu’elle était en train d’avaler, met sa main en panique devant sa bouche de peur de cracher tout son contenu sur la jeune femme et tousse bruyamment sans pouvoir s’en empêcher. Elle ne croyait pas pouvoir rougir plus mais pourtant c’est sûrement le cas et la blonde face à elle risque de croire qu’elle est en train de mourir étouffée. « Pardon. » réussit-elle à placer entre deux toux, les larmes lui étant montées automatiquement aux yeux. Quand elle retrouve un minimum de contenance, elle ne sait plus quoi dire, elle est gênée, surtout avec une telle allusion sexuelle, elle qui n’est pas franchement portée sur la chose, elle est en panique. Heureusement, son interlocutrice la sauve en changeant de sujet, en se présentant à elle : Heather donc. Et Victoire s’évente avec sa serviette pour essayer de faire descendre sa température corporelle en donnant son prénom également, et surtout son diminutif. « Tu es française ? Je me disais bien que Vic…toire était un prénom français. » La prononciation est catastrophique mais elle a l’habitude Vic. Choisir ce prénom avait paru une évidence pour elle, alors même qu’elle savait déjà qu’elle voulait partir s’exiler en Australie, elle n’avait pas vraiment réfléchi aux mille façons dont les anglophones écorcheraient son prénom choisi. Mais ce n’est pas cela qui la marque dans la phrase, c’est qu’Heather est passée au tutoiement… Il faut dire qu’après lui avoir gémi dessus, Vic aurait du s’y attendre. « Oui. Mais Vic c’est très bien... » précise-t-elle toujours gênée de l’épisode précédent. « Oui c’est vraiment super bon ici, ça fait un mois que j’étais à Los Angeles et ce resto me manquait déjà. » « Ah... » répond-t-elle seulement, elle n’ose pas demander ce qu’elle faisait à Los Angeles, après tout elles ne se connaissent pas, en quoi cela la regarde-t-elle ? Elle préfère rebondir sur le fait que le restaurant lui manque et donc qu’elle a l’habitude de s’y rendre, la Française deviendrait bien une habituée aussi si elle avait les moyens. « Oui je viens assez souvent, Caleb le propriétaire du restaurant est un ami à moi donc en plus de profiter de super bon plat, j’en profite pour faire un coucou à un ami. Après j’ai les moyens de pouvoir me le permettre je sais que c’est toujours un peu élevé les prix dans ce genre de restaurant. » Le plaisir est donc deux en un, Victoire se demande si elle a droit à des repas gratuits grâce à cette amitié, mais a priori la jeune femme n’en a pas besoin. C’est fou quand même, son visage lui dit vraiment quelque chose mais elle n’arrive pas à se souvenir d’où elle a pu la croiser. Victoire répond, n’arrivant pas à passer au tutoiement cependant : « Vous en avez de la chance… Je peux vous demander ce que vous faîtes dans la vie ou c’est indiscret ? » Après tout, elle n’a pas donné son métier quand Vic a donné le sien, elle ne veut peut-être pas en parler.
Heather regretta instantanément sa question lorsqu’elle vit la petite moue triste sur le visage de la jolie blonde. Elle ne pensait pas un instant, attrister la jeune femme avec cette question, l’actrice s’imaginait toujours à l’annonce de ce métier que les gens devaient avoir leur propre pâtisserie. La jeune femme ouvrit la bouche en entendant le nom de la pâtisserie où elle travaillait, c’était celle qui était près de chez elle. Heather y était déjà allée une ou deux fois car elle avait toujours eu un petit faible pour le sucré. D’ailleurs quand elle avait découvert son existence, elle s’était dit que c’était une mauvaise chose car résister à l’envie de manger un gâteau les jours où cela allait mal, allait être très compliqué. Malheureusement elle ne se souvenait pas du visage de la blonde, peut-être qu’elle n’y avait pas prêté attention les fois où elle y était allée ou peut-être qu’elle n’était pas là ce jour-là.
- Oh je connais ! C’est la pâtisserie qui n’est pas loin de chez moi. Vos gâteaux sont super bon ! Si c’est ceux que tu as fait que j’ai gouté, tu es douée. Je suis certaine que t’arrivera à l’ouvrir, après tout tu es encore jeune !
Bon elle ne savait pas quel âge avait la jeune femme mais au vu des traits de son visage, elle se doutait bien qu’elle n’avait pas encore passé la quarantaine. Elle pensait vraiment le compliment qu’elle venait de donner et elle espérait que cela enlèverait le malaise qu’elle avait pu créer. Le repas allait être long si aucune de deux ne parlait et puis la jeune femme se serait sentie stupide d’avoir potentiellement tuer ses chances avec une question pareille. Cependant le fait que Vic se retrouve à avoir un orgasme mangeant un morceau de son plat, Heather n’avait pas pu s’empêcher de faire un commentaire. Il fallait la comprendre, comment est-ce qu’elle aurait pu se retenir ? Par contre elle aurait surement dû mieux choisir son moment car elle faillit tuer la demoiselle en l’étouffant. Sur le coup l’anglaise ne put se retenir et rigola. Elle posa sa main inconsciemment sur une de Victoire avant de reprendre la parole avec un air coupable sur le visage.
- Non non c’est moi qui suis désolée, je n’aurais pas dû y aller aussi fort. C’est juste que je te trouvais trop mignonne à rougir tout le temps du coup j’ai voulu te taquiner un peu. Je crois que je suis allée un peu trop loin, j’espère que tu m’en veux pas ou que je ne vais pas passer pour une grosse beauf.
Elle lui fit une moue vraiment désolée car ce n’était vraiment pas son intention qu’elle s’étouffe. Certes elle mentirait si elle ne disait pas qu’elle avait voulu jouer un petit peu mais elle voyait qu’elle avait peut-être dépassé un peu les bornes. Elle lui lâcha la main avant de reprendre une gorgée de son verre et une bouchée de son plat. Ce fut à son tour d’avoir un peu la honte, en essayant de prononcer son prénom et en échouant totalement. Le « r » dans la langue française était toujours super difficile à prononcer. Elle redoutait toujours pour certain rôle qu’on lui donne des mots à dire dans cette langue car franchement ce n’était pas du tout son point fort. Heureusement Victoire ne sembla pas en tenir rigueur et elle lui proposa même un petit diminutif pour lui faciliter les choses. La blonde ne pouvait pas s’empêcher de la trouver adorable à rougir, elle était incapable de trop résister quand elle voyait une demoiselle comme elle.
- Va pour Vic alors, enchantée de faire ta connaissance.
Heather lui fit un grand sourire, espérant que la gêne du moment précédent allait tout de même vite passer. Elles finirent par discuter du restaurant et la blonde ne cacha pas que c’était une habituée. Elle savait que les prix étaient élevés mais avec son train de vie, elle pouvait se le permettre. Surtout qu’elle n’était pas du genre à se la péter car elle avait de l’argent si elle voulait se mettre en avant c’était plus par le fait que c’était une célébrité internationale que par l’argent qu’elle se faisait par série. D’ailleurs elle avait remarqué que Caleb avait enlevé la photo du mur qu’elle lui avait dédicacé, son égo avait été un peu vexé mais elle aurait dû se douter qu’il ne la garderait pas très longtemps. L’actrice avait fini par se concentrer sur son assiette et en manger la moitié quand Victoire lui demanda ce qu’elle faisait dans la vie. La demoiselle ne l’avait vraiment pas reconnu, c’était toujours un mélange de deux sentiments quand ça arrivait. Son ego n’appréciait pas car elle était dans le monde hollywoodien depuis un moment maintenant mais d’un autre côté la personne ne savait pas son passé de Disneystar. Et c’était toujours agréable car même si c’est ce qui l’avait fait connaitre, avoir ce rôle collait à la peau ne lui plaisait pas.
- Oh non ce n’est pas du tout indiscret, après tout je t’ai demandé le tien. Dans la vie je suis actrice. Il y’avait toujours un air de fierté quand elle disait son métier. Je suis Heather Harris, j’ai joué dans une série sur ABC y’a pas longtemps, j’ai joué une reine amoureuse de sa suivante. Quitte à présenter un de ses projets autant présenter celui dont elle était le plus fière qui avait apporté un peu de visibilité LGBTQ+ en mettant en avant un couple lesbien en romance principale et qui avec un peu de chance ferait oublier qu’elle était Kimberley de chez Disney Channel.
Le sujet se dirige vers la pâtisserie où Victoire travaille et qu’elle ne possède pas, ce genre de question qu’on lui pose en permanence. Est-ce qu’elle est à son compte ? Est-ce sa propre pâtisserie ? Non, elle n’est qu’employée et il en faut bien des employés non ? « Oh je connais ! C’est la pâtisserie qui n’est pas loin de chez moi. Vos gâteaux sont super bon ! Si c’est ceux que tu as fait que j’ai goûté, tu es douée. Je suis certaine que t’arrivera à l’ouvrir, après tout tu es encore jeune ! » Victoire lui rend un sourire sincère, elle apprécie toujours autant les compliments liés à son activité professionnelle, ils sont d’ailleurs bien plus faciles à accepter que ceux qui concernent sa personne directement. « Les pâtisseries sont toutes mes créations, j’étais seule dans la cuisine jusqu’à présent mais une nouvelle a été embauchée récemment… » En gros, il y a de fortes chances qu’elle ait goûté effectivement des pâtisseries confectionnées directement par Vic, et il n’est pas étonnant qu’elles ne se soient jamais croisées, la Française n’est presque jamais en salle, sauf lorsqu’il faut dépanner. Elle est en horaires décalées, commence bien avant que la boutique soit ouverte pour confectionner les douceurs de nuit jusqu’à l’aube afin qu’elles soient prêtes à être placées en vitrine à l’ouverture, elle ne se montre quasiment jamais dans le salon de thé, elle reste dans la cuisine à l’arrière.
Puisque les plats sont devant elles et que Vic a attendu de goûter la cuisine de ce restaurant depuis des mois, elle ne se retient pas longtemps et porte la première fourchette à ses lèvres. C’est un tel délice qu’elle ne contrôle pas le gémissement qui s’échappe de sa bouche. La remarque clairement salace que répond Heather provoque une révolution dans le corps de la Française, qui s’étouffe avec sa bouchée, rougit encore davantage, se retrouve plus gênée que jamais et ne sait plus ou se mettre en s’excusant. D’autant que la main de la jeune femme se pose sur la sienne. Inconsciemment, Vic se rappelle la main de Penny, à peine un mois plus tôt, qui s’est posée sur la sienne également et lui a laissé croire qu’elle pouvait tenter de l’embrasser… Pourtant, la fin n’avait pas été heureuse pour Vic… Alors elle regarde la main sur la sienne et crispe légèrement ses doigts en dessous, ne sachant plus que faire. « Non non c’est moi qui suis désolée, je n’aurais pas dû y aller aussi fort. C’est juste que je te trouvais trop mignonne à rougir tout le temps du coup j’ai voulu te taquiner un peu. Je crois que je suis allée un peu trop loin, j’espère que tu m’en veux pas ou que je ne vais pas passer pour une grosse beauf. » Bon il est maintenant clair qu’elle a remarqué que Vic était en train de se métamorphoser en tomate à chacun de ses mots ou regards, c’est clairement la honte. Peu importe qu’elle dise qu’elle la trouve mignonne, Vic se sent surtout ridicule, au bord de la syncope car une jolie fille lui fait quelques allusions. Elle a l’habitude d’avoir des coups de cœur sur des femmes qui ne sont pas intéressées, mais pas qu’on vienne lui faire du rentre-dedans de la sorte. Elle essaye de reprendre ses esprits, boit un grand verre d’eau dès que sa main est libérée de l’emprise de la jeune femme et finit par articuler en essayant de se justifier de manière ridicule : « C’est les légumes, ils sont plus épicés qu’ils en ont l’air… Rien à voir avec ce que vous avez dit, hein... » Elle croit duper qui avec ce mensonge plus gros qu’elle ? Elle n’a pas attendu de goutter le plat pour rougir alors il y a peu de chance que la jeune femme croit que c’est du piment qui lui a mis le rose aux joues, ou qui l’a fait s’étrangler pile au moment où elle faisait des allusions sexuelles. Mais Vic préfère éluder le sujet, ne pas avoir à parler d’à quel point elle est « mignonne » toute rougissante et d’à quel point elle n’a aucune expérience avec les femmes et réagit donc comme une adolescente maladroite.
Elles passent aux présentations, Heather et Victoire. Sans grande surprise, le prénom français s’avère difficile à prononcer pour l’anglophone mais il y a toujours la solution du diminutif. « Va pour Vic alors, enchantée de faire ta connaissance. » Finalement, la pâtissière retrouve un semblant de calme alors que la conversation redevient plus classique. Elles parlent du restaurant et Vic finit par poser la question qui la démange. Elle veut savoir ce que fait la jeune femme dans la vie, cette impression de la connaître de quelque part s’estompera peut-être ou trouvera son explication quand elle saura si elle a pu la croiser quelque part. « Oh non ce n’est pas du tout indiscret, après tout je t’ai demandé le tien. Dans la vie je suis actrice. Il y’avait toujours un air de fierté quand elle disait son métier. Je suis Heather Harris, j’ai joué dans une série sur ABC y’a pas longtemps, j’ai joué une reine amoureuse de sa suivante. » Victoire est bouche bée, une actrice ? Encore une actrice ? Est-ce que c’est une blague ? Après son crush sur Penny, elle se retrouve par hasard à la table d’une autre comédienne ? Heather Harris, mais bien sûr, elle l’a vue cette série. « Oh ! Waow… Je me disais bien que je vous avais vue quelque part ! Cette série était super ! » complimente-t-elle avec un sourire poli qui ne peut pas masquer qu’elle est soudain un peu mal à l’aise. Elle se retourne pour regarder autour d’elle, repérer les fenêtres, vérifier s’il n’y a pas d’éventuels paparazzis embusqués qui sont en train de les prendre en photo. Elle retrouve ses anciens réflexes et est subitement nerveuse, il ne manquait plus que ça, qu’elle se retrouve en une d’un magazine people avec une starlette. Quelqu’un finirait par la reconnaître et même si elle avait commencé à faire par avance la paix avec cet évènement inéluctable, elle ne souhaite franchement pas que cela se déroule ainsi. « Vous n’êtes pas harcelée par les paparazzis ? » demande-t-elle inquiète, plaçant instinctivement une mèche entre son visage et la fenêtre la plus proche et s’empressant d’engloutir son assiette avec dans l’idée de fuir le restaurant et la table de l’actrice tant qu’il est encore temps. « Je ne peux pas finir dans la presse... » bégaye-t-elle sur la défensive, laissant tomber le flirt qui était pourtant agréable, elle ne veut pas se montrer impolie mais elle a vraiment envie de partir en courant avant que le pire ne se produise.
La pâtisserie avait l’air d’être un sujet qui rendait la demoiselle beaucoup moins nerveuse au plus grand plaisir d’Heather. Pendant un instant elle avait cru faire la boulette ultime en voyant son visage triste lorsqu’elle lui avait demandé si elle était propriétaire d’une pâtisserie. A priori cela avait l’air d’être le rêve de beaucoup de gens et c’était plus dur de l’atteindre qu’elle ne l’imaginait. Mais elle ne s’attendait pas un instant que ça soit la pâtissière d’une de ses pâtisseries préférées. C’était drôle de voir la tête derrière les gâteaux et dans une telle occasion. Elle lui rendit son sourire en l’écoutant lui dire qu’il s’agissait de ses créations. Après Caleb qui était cuisinier, elle faisait maintenant la connaissance d’une belle pâtissière, si jamais elle avait un jour besoin de traiteurs, la blonde allait avoir le meilleur réseau sur Brisbane.
- Et bien la prochaine je ferais attention de demander une des créations que toi tu as faite, même si je sais déjà avec celle que j’ai pu gouter que tu étais douée.
L’actrice lui fit un nouveau sourire avant de passer à la dégustation de son plat. Les gémissements de Victoire avait été une trop grosse perche pour qu’Heather ne fasse pas un commentaire. Autant elle trouvait ça mignon de voir la belle avoir un tel plaisir en mangeant de la nourriture autant il était difficile pour elle, de se retenir quand une idée traversait sa tête. Et pour le coup l’anglaise aurait peut-être dû se retenir. Même si son commentaire avait eu un résultat dépassant totalement ses espérances, elle s’était sentie un peu mal de voir qu’elle avait presque tué la française. Elle se nota mentalement, d’y aller plus doucement la prochaine fois et s’excusa. Sans faire exprès sa main s’était mise par-dessus celle de la pâtissière et en sentant celle-ci se crisper, elle la retira immédiatement. Pour le coup Heather se sentait très maladroite actuellement, elle avait l’impression que la française allait à tout moment prendre ses jambes à son cou. Pour son plus grand plaisir ce ne fut pas le cas et l’excuse qu’elle tenta de lui sortir pour couvrir sa réaction, l’amusa encore plus et elle trouva ça chou.
- Oh d’accord je vois, pendant un instant j’ai cru mal comprendre ce qu’il s’était passé.
Elle lui fit un sourire en coin montrant qu’elle savait très bien que c’était faux mais pour le bon déroulement du repas, elle allait laisser couler. Elles finirent par enfin passer aux présentations. Heather comprit effectivement la raison pour laquelle, Victoire avait l’air de s’y connaitre si bien en plats français, c’était la nourriture de son pays d’origine. Heureusement pour elle, Vic n’eut pas l’air de trop lui tenir rigueur de son incapacité à prononcer correctement son prénom. Elle finit à son tour par lui révéler son identité et son métier. Alors qu’elle s’attendait à une énième personne du coin lui dire qu’elle ne la connaissait vraiment pas et qu’elle regarderait la série. Heather eut la joie de voir que pour une fois la blonde la connaissait. En plus de ça, elle complimenta la série ce qui lui réchauffa le cœur et un grand sourire se dessina sur son visage.
- Oh c’est vrai tu as aimé la série ? Tu sais pas à quel point ça me fait plaisir d’entendre ça, cette série me tenait vraiment à cœur, je suis super heureuse de pouvoir y participer et amener un nouveau style d’histoire.
Et puis c’était la première fois qu’on lui disait qu’on la connaissait que pour ça et pas pour Disney, cela lui faisait tellement chaud au cœur qu’elle avait envie de sauter sur place. Cependant si Heather était heureuse de son côté, elle remarqua que tout d’un coup la pâtissière avait l’air encore plus mal à l’aise que tout à l’heure. C’était le fait de savoir qu’elle déjeunait accompagné d’une star qui la rendait si nerveuse. Elle remarqua que la jeune femme commençait à regarder autour d’elles en jetant des regards à droite et à gauche. Cela rendit l’actrice assez confuse qui regarda à son tour des deux côtés pour essayer de voir ce que Victoire cherchait. Elle fronça les sourcils ne comprenant pas ce qui se passait et avant qu’elle lui demande si quelque chose n’allait pas la blonde prit les devant en lui parlant des paparazzis.
- Hum ça dépend des jours mais bon en ce moment j’ai la paix, je n’ai pas fait de vague ces derniers temps.
Le fait que Victoire engloutisse son repas en un rien de temps et le changement de comportement, intrigua énormément Heather qui ne comprenait absolument pas ce qui se passait. Pourquoi une pâtissière se sentait aussi mal à la mention de ces vautours ? Elle n’était pas connue ou quoi que ce soit d’autres enfin son visage ne lui disait rien du tout. L’actrice se sentait réellement perdue pour le coup encore plus quand elle lui dit qu’elle ne voulait pas finir dans la presse. Enfin l’anglaise comprenait qu’elle ne veuille pas finir dedans, après tout dès qu’elle voyait un paparazzi, elle avait envie d’en frapper un à nouveau. Mais habituellement les gens lambda ne pensaient absolument pas à ce détail ou à vouloir fuir les photographes. C’était clairement le comportement qu’elle avait vu chez d’autres célébrités. Avec un sourire embarrassait, Heather tenta de reprendre la parole pour calmer Victoire.
- Oh euh non ne t’inquiète pas, ça va aller. Je ne pense pas qu’ils savent que je suis ici, je suis arrivée en plein milieu de la nuit. Je pense que la presse doit encore penser que je suis à Los Angeles car je suis en plein tournage là-bas. Ne panique pas et puis tu sais on est vraiment en plein milieu d’un resto hyper bondé, même si ces cons m’attendaient à la sortie ce que je doute fort, ils ne prendraient pas des photos d’aussi loin.
Victoire retrouve un semblant d’aisance alors que le sujet de sa passion pour la pâtisserie arrive sur le tapis. Elle est toujours touchée par les compliments de personnes qui ont goûté à ses pâtisseries et elle lâche un petit rire gêné quand la jeune femme lui promet qu’elle exigera à avoir une pâtisserie confectionnée de ses mains à elle à sa prochaine visite. Sa collègue à la vente ne comprendrait probablement rien à cette demande étrange et elle lui dirait probablement ce qu’elle voudrait entendre pour lui vendre des pâtisseries. Ce n’est pas comme si Victoire signait de manière identifiable ses créations et que sa nouvelle collègue Siloë en faisait autant.
Les assiettes chargées de mets délicats arrivèrent devant les deux blondes qui se mirent à les déguster. L’enthousiasme de Vic la met dans l’embarras alors qu’elle exprime avec un peu trop de profusion le plaisir qu’elle ressent en mangeant son plat. Son interlocutrice lui fait clairement un appel du pied tout sauf subtile et Vic manque de s’étouffer. L’actrice s’excuse et dépose sa main sur celle de Victoire qui trésaille et se crispe, elle est clairement en terrain inconnu. Elle a l’habitude de se faire draguer par des hommes mais elle ne laisse jamais les choses atteindre ce point, elle fuit, fait un scandale, s’énerve, s’écarte, devient agressive. Alors là, elle ne sait même pas comment elle est sensée réagir et comment accueillir ces avances autrement qu’en rougissant et en essayant de survivre à la crise cardiaque qui la guette. Heureusement ou malheureusement, Vic n’est pas très sûre, la jeune femme retire sa main aussitôt, sentant probablement la tension que ce geste a créé chez la Française. Cette dernière essaye d’assurer de manière ridicule que son étouffement n’a rien à voir avec les paroles d’Heather, comme si elle allait la croire. « Oh d’accord je vois, pendant un instant j’ai cru mal comprendre ce qu’il s’était passé » Elle n’est pas dupe bien entendu, et son sourire en coin en est le témoin, mais étrangement, le fait qu’Heather n’insiste pas et feigne accepter cette explication improbable tranquillise tout de même Vic. Même si elle sait que ce n’est que parce que son interlocutrice a décidé de la ménager.
Une fois les présentations faîtes, Vic réalise qu’elle ne connaît pas l’occupation professionnelle de sa jolie compagne de repas. Elle est stupéfaite et assez mal à l’aise d’apprendre que la jeune femme n’est autre qu’un actrice célèbre, encore ! Et elle réalise au même moment où elle décrit le synopsis de sa série, que c’est bien entendu de là que son visage lui dit quelque chose. Elle l’a vue cette série et elle l’a adorée, il faut dire qu’elle se jette sur toutes les séries avec des couples de femmes, comme si les admirer sur l’écran compenserait ses chagrins d’amour et rendez-vous manqués avec la gent féminine. Ses compliments sur la série semblent ravir l’actrice bien plus qu’elle ne s’y serait attendue : « Oh c’est vrai tu as aimé la série ? Tu sais pas à quel point ça me fait plaisir d’entendre ça, cette série me tenait vraiment à cœur, je suis super heureuse de pouvoir y participer et amener un nouveau style d’histoire. » Ses yeux s’illuminent et elle trépigne presque sur sa chaise, elle est clairement passionnée par son métier ou en tous cas très fière de cette série. Le fait qu’elle soit clairement intéressée par les femmes, difficile de passer à côté de ce fait, joue probablement sur son enthousiasme face à cette série mettant en avant des personnages lesbiens. Alors que Vic est déjà en train d’observer les alentours à la recherche de paparazzis, elle répond : « J’ai adoré oui… Je ne vous avais pas reconnue sans ta perruque, la tenue, le maquillage et tout ça... » Victoire se souvient d’avoir vu un article sur la série qui parlait d’elle, Heather Harris, ancienne vedette Disney. La Française n’avait pas vraiment suivi cette partie de sa carrière, mais elle savait une chose, Miley Cyrus, Britney Spears, toutes celles qui ont commencé chez Disney sont poursuivies en permanence par une horde de photographes qui n’ont aucune considération pour leur vie privée. « Hum ça dépend des jours mais bon en ce moment j’ai la paix, je n’ai pas fait de vague ces derniers temps. » Victoire essaye de se détendre un peu, c’est rassurant comme réponse, non ? Elle s’était déjà mis à engloutir son repas à la vitesse de l’éclair, gâchant horriblement la délicieuse nourriture sans pouvoir profiter réellement de chaque bouchée. Elle avoue à Heather qu’elle ne peut pas finir dans la presse. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas, elle ne peut pas, tout simplement. « Oh euh non ne t’inquiète pas, ça va aller. Je ne pense pas qu’ils savent que je suis ici, je suis arrivée en plein milieu de la nuit. Je pense que la presse doit encore penser que je suis à Los Angeles car je suis en plein tournage là-bas. Ne panique pas et puis tu sais on est vraiment en plein milieu d’un resto hyper bondé, même si ces cons m’attendaient à la sortie ce que je doute fort, ils ne prendraient pas des photos d’aussi loin. » Victoire se force à expirer longuement pour se calmer et jette à nouveau un regard aux alentours, pas l’ombre d’un appareil photo à l’horizon. Elle a probablement raison, Heather doit savoir bien mieux qu’elle lorsqu’elle est repérée et suivie, Vic a perdu l’habitude de tout ça, ce jeu du chat et de la souris avec la presse et elle n’a clairement pas envie de s’y réaccoutumer. « D’accord, pardon… Je… Je me sens bête... » Bête et suspecte à présent, l’actrice doit bien se demander pourquoi elle a réagi de la sorte. La plupart des gens qui réalisent qu’ils sont face à une star sont excités, flattés, intéressés et beaucoup rêveraient au contraire de se retrouver dans la presse aux côtés d’une personne célèbre. Quel genre de personne prend peur comme cela ? Quelqu’un qui a déjà eu affaire à tout ce système médiatique horrible et qui a su le fuir. « J’ai eu quelques problèmes avec la presse, il y a bien longtemps… Je préfère franchement qu’ils ne se souviennent pas de mon existence... » Elle n’en dira pas plus d’elle-même, elle n’est pas du genre à raconter sa vie à la première venue, aussi jolie soit-elle, encore moins à une personne avec une telle influence qui pourrait la faire sortir du confort de son incognito en un claquement de doigts. Elle replonge dans son assiette et se remet à manger à un rythme soutenu mais relativement normal, elle ne peut s’empêcher de jeter un œil par dessus son épaule de temps à autre ceci dit, traumatisée à l’idée d’être découverte. Elle veut changer de sujet alors elle se raccroche à ce que lui a dit l’actrice plus tôt : « Vous tournez quoi à Los Angeles ? Si ce n’est pas top secret... »
Même si elle avait pris un du plaisir à taquiner la jeune femme, Heather avait compris avec sa dernière taquinerie qu’il était temps qu’elle arrête. La blonde ne semblait pas du tout à l’aise et vu qu’elles allaient partager surement leur table encore un moment, il ne fallait pas qu’elle rende l’ambiance malaisante à ne plus échanger un mot. Sinon Heather allait vraiment finir par culpabiliser un petit peu mais à son plus grand plaisir la conversation bifurqua et l’ambiance s’apaisa un instant. A son plus grand plaisir, Victoire réussi à la reconnaitre. Elle espérait qu’elles allaient pouvoir discuter un peu de la série car vraiment elle adorait toujours en parler. A vrai dire l’actrice pouvait pendant des heures parler de son métier, elle en était très fière. Il fallait dire aussi que c’était sa plus grande occupation dans sa vie. La blonde était prête à sacrifier le fait d’avoir une vie si c’était pour décrocher le rôle de sa vie. Et puis elle n’avait connu que ça, en grandissant sur les plateaux elle avait toujours plein d’anecdotes à raconter. Mais sa joie se calma rapidement en voyant que celle-ci ne l’écoutait pas vraiment et qu’elle regardait étrangement tout autour d’elle comme si elle était prise aux pièges. Avait-elle dit ça pour lui faire plaisir simplement ? Par politesse. La jeune femme ne savait plus trop à présent surtout quand elle lui répondit rapidement la raison pour laquelle, elle ne l’avait pas reconnu.
- Ah oui j’imagine, la tenue médiévale ça change tout surtout les vêtements.
Certes elle pouvait comprendre mais elle n’avait pas un physique totalement différent. Dans une autre situation elle aurait pu très mal le prendre mais là en voyant la manière dont elle semblait affolée actuellement, elle se posait trop de questions à ce sujet. Quand elle comprit qu’il s’agissait des paparazzis, elle compatit pendant un instant. C’était sûr que ces vautours infligé souvent un sentiment de paranoïa à avoir plusieurs personnes qui nous suivait sans jamais nous lâcher. Depuis que l’âge d’or de Disney était un peu passé, Heather était beaucoup moins poursuivie. Elle avait vraiment eu une sale période de ses 16 à 23 ans avec l’impossibilité de sortir de chez sans avoir minimum 3 ou 4 personnes qui la suivait. Encore aujourd’hui elle en avait toujours aux basques mais le fait d’être dans un pays où elle était moins connue, faisait d’elle une proie beaucoup moins intéressante. La blonde continuait d’en avoir encore souvent autour d’elle mais elle arrivait à passer à travers les mailles du filet plus facilement. Avec le temps, l’actrice avait aussi développé des techniques pour les éviter ou s’en débarrasser. Bon ça ne marchait pas à tous les coups mais parfois cela lui sauvait la mise. Mais Heather ne s’attendait pas à ce qu’elle panique autant pour eux surtout pour une personne lambda. La jeune femme tenta de calmer du mieux qu’elle pouvait Victoire car il était impossible qu’ils les prennent en photo ici. A part un autre client du restaurant, mais ils n’avaient pas l’air de leur prêter trop d’attention depuis que l’incident s’était tassé. Heather finit par avoir l’impression que la française s’était calmée lorsqu’elle s’excusa.
- Oh non ce n’est pas grave, mais c’est surtout à l’extérieur qu’ils prennent en photos, c’est là qu’ils peuvent parler pour tenter de te faire réagir.
L’actrice était bien placée pour savoir ça, vu qu’elle avait un jour craqué et cela c’était fini dans la violence. Mais vraiment Victoire faisait planer un mystère autour d’elle qui ne faisait qu’éveiller la curiosité d’Heather. Comment cela se faisait-il qu’elle ait eu déjà une altercation avec eux ? A part être une célébrité, ils ne prenaient pas n’importe qui en photo. Elle était peut-être déjà sortie avec quelqu’un du monde du show-biz et cela c’était mal fini à cause d’eux.
- Je peux comprendre, je pense qu’on a tous envie qu’ils oublient notre existence. A mes yeux ce soit les pires rapaces de l’espèce humaine. Mais… tu as déjà travaillé dans le monde artistique pour avoir eu des problèmes avec eux ?
Heather ne savait pas si la jeune femme lui répondrait mais elle n’avait pas pu garder cette question pour elle. Mais en analysant la blonde, elle ne lui disait vraiment rien du tout ce qui rendait le mystère encore plus intriguant. Victoire finit par changer de sujet et Heather décida de jouer le jeu en reprenant à son tour la dégustation de son plat. Qu’est ce qu’elle faisait à Los Angeles hein ? La question dont la réponse ne lui plaisait pas. Un jour elle pourrait répondre autrement mais pour le moment, il fallait qu’elle continue de prendre son mal en patience.
- Oh non ce n’est pas du tout secret. En fait à la base, je suis connue à la base pour une série Disney et la firme a voulu relancer la série l’année dernière pour leur nouvelle plateforme. La saison a bien marché et du coup ils m’ont demandé de tourner une deuxième saison.
La conversation devient un peu moins gênante pour une Victoire rougissante quand elle finit par reconnaître l’actrice d’une des séries qu’elle a bingewatché il y a quelques mois. Elle avait adoré la série et elle aurait probablement reconnu l’actrice bien plus facilement si elle avait été sobre lors de ce visionnage intensif. Mais non, elle avait vu les épisodes dans un état second, finalement, elle se souvenait partiellement de l’intrigue, elle se rappelle juste qu’elle avait aimé, même au travers des volutes d’alcool embrumant son esprit. Sa mémoire a cependant eu beaucoup de mal à faire le lien entre le visage de sa compagne de table et celui de la reine saphique de la série. Elle s’en excuse, se justifiant par les changements de tenue, coiffure et maquillage. « Ah oui j’imagine, la tenue médiévale ça change tout surtout les vêtements. » Elle acquiesce contente que sa justification ait fonctionné. En tous cas, cela fait plaisir de voir les yeux de l’actrice illuminés par la passion comme pour Vic quand elle parle de pâtisserie.
Cependant, Vic est obnubilée par autre chose, la présence éventuelle de paparazzi. Elle panique en scrutant les alentours et s’imagine déjà les gros titres : « Juliette Pottier repérée à Brisbane en train de faire amie amie avec Heather Harris ». Et une fois qu’ils l’auraient reconnue, il y aurait forcément des journalistes pour venir remuer la merde, et même avec les meilleures intentions du monde, ils n’étaient pas les bienvenus. Heather la rassure un peu cependant, lui assurant que personne ne viendrait les importuner ici. Vic se calme et s’excuse d’avoir réagi de manière aussi épidermique. « Oh non ce n’est pas grave, mais c’est surtout à l’extérieur qu’ils prennent en photos, c’est là qu’ils peuvent parler pour tenter de te faire réagir. » Elle acquiesce à nouveau, étirant son cou pour essayer de détendre ses épaules crispées. « Ils sont très forts pour ça... » Victoire, du temps où elle s’appelait encore Juliette, en avait fait les frais, ils l’avaient poussée à bout plus d’une fois à l’époque où le procès contre Riddle était une actualité brûlante et sulfureuse.
Réalisant qu’elle s’est vendue, la pâtissière explique brièvement qu’elle a eu affaire à la presse à scandale par le passé. Elle n’a pas franchement envie d’en dire plus, elle ne la connaît pas réellement cette actrice, elle ne sait pas ce qu’elle pourrait faire d’informations plus précises sur sa réelle identité. « Je peux comprendre, je pense qu’on a tous envie qu’ils oublient notre existence. A mes yeux ce soit les pires rapaces de l’espèce humaine. Mais… tu as déjà travaillé dans le monde artistique pour avoir eu des problèmes avec eux ? » Forcément. Il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle puisse lâcher une telle bombe sans éveiller la curiosité de son interlocutrice. « Pas vraiment non... » dit-elle en secouant la tête, elle n’a jamais considéré le mannequinat comme une forme d’art, il n’y avait besoin d’aucun talent, juste d’être belle et docile. Victoire n’a jamais vraiment été fière de cette carrière, elle s’y est juste adonnée avec application pour faire honneur à sa mère et lui offrir de meilleurs lendemains. Au final, elle en avait très peu profité, seulement quelques années de bonheur et d’insouciance pour finalement bien d’autres de tourmente médiatique à regarder sa fille sombrer dans la dépression. « J’ai été mannequin, mais ça n’est pas le sujet… Et ce n’est plus qui je suis aujourd’hui de toutes façons... » Littéralement. Puisqu’elle a été jusqu’à changer de nom pour se détacher de ce passé douloureux. Heather aura beau chercher sur google une mannequin s’appelant Victoire, elle ne la trouverait jamais, personne n’a remonté la piste jusqu’à elle depuis trois ans qu’elle est à Brisbane. Peut-être est-ce la preuve que finalement, tout le monde s’en fiche bien d’elle à présent ? Peut-être, mais elle ne compte pas se dévoiler pour le découvrir.
Elle préfère changer de sujet en interrogeant Heather sur son fameux tournage à Los Angeles. « Oh non ce n’est pas du tout secret. En fait à la base, je suis connue à la base pour une série Disney et la firme a voulu relancer la série l’année dernière pour leur nouvelle plateforme. La saison a bien marché et du coup ils m’ont demandé de tourner une deuxième saison. » Victoire continue de déguster son plat, un peu plus tranquillement que plus tôt. Il n’y a visiblement personne qui poursuive l’actrice pour l’heure, elle peut souffler donc. « Oui, j’avais vu que tu venais de Disney… Il va falloir que je m’abonne à Disney + pour voir ça, alors. Ça parle de quoi ? » Elle ne sait pas si elle le fera, elle squatte déjà le compte Netflix d’une amie depuis qu’elle a annulé le sien en essayant de raboter au maximum ses dépenses, mais elle est réellement curieuse. Elle se demande si c’est du Disney niais pour gamins, parce que ça doit lui faire bizarre de passer d’une série ABC à ça. « Tu aimes ça être une célébrité ? » C’est probablement stupide comme question, Vic sait que malgré tout ce qu’elle a pu subir dans sa carrière de modèle, elle avait ressenti une fierté immense en se découvrant en couverture de Vogue, une vraie consécration du métier. Elle s’était sentie accomplie, alors que le pièce se refermait simplement sur elle. Aujourd’hui, elle n’échangerait son anonymat pour rien au monde.
Si la conversation avait pris le temps de quelques minutes une tournure beaucoup plus légère à parler de leur métier respectif. Chacune étant passionnée parce qu’elle faisait, la révélation de son métier d’actrice avait tout de même jeté un froid entre elles. Puis le sujet dévia sur ses ennemis préféré les paparazzis, la plaie de l’humanité. Heather comprit immédiatement ce qui pouvait la tracasser, étant tout de même étonnée que ce soit la première chose qui lui passe à l’esprit. L’actrice savait totalement ce qu’elle pouvait ressentir, cette peur d’être suivi, qu’une photo dans un moment intime sorte. Même le fait qu’on la prenne en photo en train de sortir une nouvelle de sa voiture lui semblait totalement débile. Cette nuisance d’avoir toujours cette sensation d’être suivi elle l’avait surtout vécue à son âge d’or de Disney. Là ça avait été vraiment infernal et surtout un sport pour ne pas se faire choper à sortir avec des filles. Franchement rien que de se rappeler cette période lui donnait des sueurs froides, comment elle avait réussi à tenir jusqu’à y’a deux ans à garder l’un de ses plus grand secret avait relevé du miracle. Ce qui l’étonnait dans cette histoire c’est que vraiment Victoire parlait comme quelqu’un qui connaissait vraiment le milieu. Est-ce que c’était une ancienne paparazzi peut-être ? Non vu le stress en mode paranoïaque qu’elle avait c’était quelqu’un qui avait vécue du même côté d’elle. Cela la rendait presque triste de la voir flipper ainsi car elle se voyait à l’époque de son gros scandale quand la vie à Los Angeles était devenue vraiment trop toxique.
- Oh oui je parle en connaissance de cause… Tu sais j’en ai frappé un en plein visage ! J’étais tellement énervée et puis les propos qui l’a tenu ont rajouté de l’huile sur le feu. J’ai vu rouge et j’ai craqué. Je comprends totalement ton agacement avec eux mais t’inquiète pas ici on risque rien et puis comme je te dis si jamais je connais le patron du restaurant, je lui demanderais de passer par la porte de derrière.
Elle lui fit un clin d’œil avant de reprendre son repas. La blonde ne comprenait pas trop pourquoi elle essayait à ce point de la rassurer. C’était habituellement pas trop le genre de chose qui l’intéressait, de s’occuper des états d’âmes des autres et surtout des inconnus. Mais peut-être qu’une partie d’elle se revoyait dans ce comportement paniqué de sa partenaire et qu’elle voulait la rassurer comme on avait réussi à le faire pour elle. Heather finit par lui poser la question qui lui brûler les lèvres, de savoir si elle faisait partie du monde à paillettes. Elle fut étonnée par la réponse de la jeune femme qui lui annonça qu’elle était une ancienne mannequin. Cela faisait beaucoup plus sens à présent, sa réaction lui semblait beaucoup plus logique à présent. La demoiselle aussi s’était confrontée à eux et avait surement gardé ses vieux réflexes. L’actrice ne posa pas vraiment de questions en plus dessus même si beaucoup lui traversaient la tête. Son nom ne lui disait absolument rien du tout mais vu qu’elle était française, elle avait peut-être eu une carrière là-bas.
- D’accord je reste sur Vic, la charmante pâtissière.
Un grand sourire se dessina sur son visage et elle prit une gorgée de son verre. Quelque chose lui disait qu’il ne fallait pas trop insister sur le reste de sa vie et puis elles venaient à peine de se rencontrer. Heather n’allait pas lui demander de lui raconter sa vie en détail surtout que de son côté, elle ne le ferait pas. Avec une ambiance un peu légère Heather commença à parler de son projet en cours, c’est vrai que Disney était connu pour vouloir bien tout garder secret mais sans rentrer dans les détails de l’histoire elle pouvait bien dire qu’elle tournait la saison car ce n’était pas un secret. Elle fit une grimace en écoutant Vic lui dire qu’elle allait prendre un abonnement à la plateforme et jeter un coup d’œil à la série.
- Oh non tu sais tu n’es pas obligée, j’étais encore ado à l’époque et puis c’est une série disney channel… C’est toujours un peu pareil. Heather préférait qu’elle la connaisse pour sa série ABC que pour le rôle qui lui collait encore à la peau. C’est l’histoire de Kimberley une jeune fille ordinaire qui est amoureuse du gars populaire qui ne la remarque pas. Et un jour elle gagne un concours de talents à la télé faisant basculer sa vie. Mais bon si tu veux j’ai aussi une trilogie de comédies romantique sur Netflix…
Un truc pour enfant assez cliché comme Disney en avait fait des tas. Mais qui avait super bien marché et qui l’avait propulsé sur le devant de la scène. Le portrait de la petite fille parfait qui ne voulait plus s’en aller et qui faisait qu’elle jouait toujours les même rôles jusqu’à cette série ABC. Que ce soit les rôles de la fille populaire qui évolue et devient gentille ou l’héroïne qui tombe amoureux du garçon populaire. Des rôles qu’elle ne pouvait plus supporter mais qui marchaient à chaque fois continuant de faire grimper sa popularité. La prochaine question de Victoire surpris un peu Heather, après tout, tout le monde rêvait d’être célèbre. Elle prit le temps de réfléchir un peu avant de répondre à la question.
- Oui j’aime ça, je vais pas te mentir en te disant des trucs cucul mais j’aime le fait d’être reconnue, d’avoir des fans au final de ne pas être n’importe qui. Ce sentiment quand certaine personne te dise que tu les inspires ou que tu vois ton visage sur des panneaux publicitaire ou sur un magazine. Les occasions que j’ai pu avoir grâce à ça, les gens que j’ai pu rencontrer. Je ne sais pas, je trouve ça vivifiant. Et puis J’adore ce métier, j’ai grandis dedans mais même s’il y’a des défauts et plus qu’on ne l’imagine, je ne changerais pour rien au monde ce que je fais dans la vie.
Les deux jeunes femmes en sont désormais à parler des paparazzis, ces fouineurs sans scrupules qui ont détruit tellement de vies. S’ils n’avaient pas existé et s’ils n’avaient pas cherché à faire les gros titres sur son dos alors qu’elle s’appelait encore Juliette Pottier, alors peut-être que ce procès aurait été un moindre calvaire. Ça aurait été difficile également, ça aurait très probablement fini mal de la même façon, mais elle n’aurait pas été tant traînée dans la boue, sa parole remise en cause, ses mœurs critiquées au grand jour, son alcoolisme étalé sur papier glacé… Sa mère aurait probablement moins souffert également, elle aurait été un tant soit peu épargnée par la tornade médiatique et son cœur aurait peut-être tenu plus longtemps. « Oh oui je parle en connaissance de cause… Tu sais j’en ai frappé un en plein visage ! J’étais tellement énervée et puis les propos qui l’a tenu ont rajouté de l’huile sur le feu. J’ai vu rouge et j’ai craqué. Je comprends totalement ton agacement avec eux mais t’inquiète pas ici on risque rien et puis comme je te dis si jamais je connais le patron du restaurant, je lui demanderais de passer par la porte de derrière. » Victoire a un léger sourire quand Heather avoue avoir frappé un paparazzi, elle n’est pas forcément pour la violence la Française, mais elle aurait bien pu en faire de même à l’époque et ça l’aurait probablement soulagée. Le fait que l’actrice propose de partir par la sortie arrière du restaurant après leur repas la rassure un peu, elle réussit à se raisonner et à se calmer un peu. Mais bien entendu, la curiosité de l’actrice est aiguisée et Vic doit lui avouer qu’elle a été mannequin, tout en faisant en sorte de lui faire comprendre qu’elle n’a pas envie d’en parler. « D’accord je reste sur Vic, la charmante pâtissière. » Victoire lui rend son sourire, contente de la voir respecter son silence et sa volonté de ne pas en dire plus sur ce passé qu’elle essaye de fuir à tout prix. Le terme charmante ne manque pas de la faire rougir à nouveau mais elle n’est pas sur le point de se liquéfier sur place cette fois. « Merci, c’est beaucoup mieux ainsi... » La reconnaissance est palpable dans son regard et ses mots.
Elles en reviennent à parler de la carrière d’Heather et de ses projets récents, celui qu’elle tourne notamment à Los Angelès : une nouvelle saison de sa série Disney à succès. Elle se demande à quoi ce genre de série va ressembler en faisant ainsi une nouvelle saison des années plus tard, elle suppose que cette nouvelle saison sera plus adulte et peut-être diffusée sur Disney +. Mais Heather ne comprend pas ce qu’elle veut dire et qu’elle se réfère à la nouvelle saison à venir, elle croit qu’elle fait référence à ces saisons du passé où elle était encore une actrice adolescente. « Oh non tu sais tu n’es pas obligée, j’étais encore ado à l’époque et puis c’est une série disney channel… » Et elle enchaîne en lui expliquant l’intrigue de cette première série qui a dû démarrer le début de sa carrière et en faire la star qu’elle est maintenant. Victoire, tout en continuant de manger, acquiesce. C’est vraiment le scenario bateau de toutes les séries Disney, il y en avait une du même genre quand elle était plus jeune aussi. « ...Mais bon si tu veux j’ai aussi une trilogie de comédies romantique sur Netflix… » Victoire sourit : « Je regarderais tes films alors… Mais en fait, je parlais de la nouvelle saison de la série Disney… Je sais qu’ils font n’importe quoi avec les âges des acteurs et actrices à qui ils font jouer des ados, mais je suppose qu’ils vont pas te renvoyer au lycée des années plus tard quand même, non ? » Elle suppose que ça doit être un genre de suite où petite Kimberley est devenue adulte et fait des trucs d’adulte, même si elle est probablement mariée au gars populaire du lycée.
Tout cela, parler avec une femme aussi célèbre, ça lui fait remonter tous ses mauvais souvenirs liés à cette époque et particulièrement au fait d’être connue. Ça avait été grisant un moment mais la chute n’en avait été que plus rude. L’actrice ne fait pas dans les faux semblants, elle lui avoue aimer ça, les fans, l’adulation, les avantages certains que cela lui apporte, le fait que les gens soient inspirés par elle… C’est sûr que c’est déjà autre chose d’être connue pour ses talents d’actrice et pour des personnages incarnés, plutôt que juste parce que vous avez un cul ferme, un ventre plat et une belle gueule… « ...Et puis J’adore ce métier, j’ai grandis dedans mais même s’il y’a des défauts et plus qu’on ne l’imagine, je ne changerais pour rien au monde ce que je fais dans la vie. » « C’est super pour toi alors… Je suppose que c’est plus cool quand c’est une célébrité qui découle d’un vrai talent... » Et que ça se transforme pas en le pire cauchemar de ta vie aussi. Elle se recale la gorge et reste silencieuse un instant avant d’ajouter : « Moi je ne quitterais plus l’anonymat pour rien au monde… J’aime n’être personne, perdue dans la foule... » dit-elle avec le regard dans le vague, elle ne voudrait plus être Juliette, Juliette n’existe plus. Victoire finit son plat et aussitôt un serveur vient récupérer leurs assiettes qui ont été toutes deux vidées. Un autre serveur le suit avec les desserts, le service entre les plats est très efficace en tous cas. Victoire a opté pour le dessert mystérieux intitulé « la surprise du chef » sur la carte, elle qui connaît toutes les pâtisseries traditionnelles par cœur, jusqu’au grammage de chaque ingrédient, elle avait envie de se faire surprendre. Ce qu’on lui annonce est plus que surprenant, il s’agit d’un dessert à base d’oignon ! Incroyable mais dès la première bouchée, elle se fait surprendre par la douceur et la délicatesse des goûts. « C’est incroyable cette idée ! Faut que j’essaye une édition limitée de desserts aux légumes ! » se fait-elle la remarque à voix haute, elle est heureuse de s’être finalement ruinée pour ce repas, ça lui a permis une rencontre sympathique et ça lui a donné de l’inspiration pour son travail. « Et votre tarte au citron, comment est-elle ? » demande la pâtissière en se demandant comment tout cela va finir. L’actrice n’a pas arrêté de lui faire du rentre dedans pendant tout le repas et Vic ne sait pas bien ce que cela veut dire en réalité, est-ce qu’elle va lui demander son numéro ? Vouloir la ramener dans sa voiture aux vitres teintés ou quelque chose dans ce goût là ? Comment Vic va-t-elle réagir ? Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle répondrait en réalité, il fallait vraiment que la première femme qui s’intéresse à elle soit une actrice célèbre et qu’elle prenne le risque de se retrouver devant les flashs des paparazzis si elle se met à la fréquenter !