Y a des moments comme ça, où on ne prend pas son âge en considération et où on se pense encore aussi invincible qu'on l'était vingt ans en arrière. On tente de faire des truc qu'on n'a plus fait depuis la nuit des temps et notre corps se rappelle à nouveau avec beaucoup trop de force et de vigueur. C'est exactement ce qui m'est arrivé en ce jour, à l'aube de mes quarante et un ans. Ayant Clara et Arthur avec moi en ce sympathique samedi soir, Alexander étant parti en week-end chez un ami, j'ai décidé de faire une journée où pendant laquelle je dirais oui à chacune des questions de mes enfants. C'est donc comme ça que nous nous sommes retrouvé à la plage puis au parc d'attraction, que nous nous sommes éclaté le bide avec des churros et des soda bien trop sucrés, que nous avons fait toutes les attractions possibles, que le soir nous avons commandé une pizza que nous avons mangé devant la Reine des neige avant que Clara ne décide qu'il est grand temps de sortir les jeux de société. Et lorsque je l'ai vu revenir avec le Twister, j'ai bien senti que ça finirait mal.

Et ça n'a pas manqué. Contrairement aux gamins, je me suis échauffer un minimum, mais pas assez. J'aurais du plus m'écouter ! La crampe au pied, n'a-t-elle pas suffit pour me faire comprendre que mon corps n'est plus assez flexible ? Il faut croire que non. J'ai donc continué, rigolant et me démerdant comme je pouvais, jusqu'à ce qu'un craquement sonore se fasse entendre au niveau de mes lombaires et qu'une violente douleur n'irradie mon dos. Dans un râle de douleur, je m'écroule sur le tapis sous le regard médusé de mes enfants. Si Arthur éclate de rire, Clara, elle, est directement bien plus inquiète. S'approchant de moi, elle s'accroupit à mes côtés, me demande si ça va et n'est absolument pas crédule lorsque je lui répond que j'ai juste besoin de faire une pause.

Sans plus attendre, elle, se relève et s'en va, me laissant seul avec Arthur qui reste planté là sans bouger. Après quelques instants pendant lesquels je réussi enfin à reprendre le contrôle sur ma respiration, je fini par prendre mon courage à deux mains et me tourne très lentement sur le dos, grimaçant à chaque nouvelle vague de douleur qui me traverse l'échine.  «C'est bon Papa, il va arriver » déclare Clara en revenant à mes côtés  « T'es un amour» soufflais-je en lançant un coup d’œil à ma fille. Fermant les yeux, je plie les genoux et ramène doucement mes pieds vers moi, tandis que la petite fille s'installe sur le sol et commence à me caresser les cheveux. Malgré tout, mon cœur se gonfle d'amour et je réussi même à esquisser un sourire.

Je ne sais pas combien de temps passe, mais j'avoue que je m'effraie brillamment lorsque la sonnette de la maison retentit.  « Tu ...tu veux bien ouvrir Clara ?» demandais-je, mais ma fille est déjà levée et court vers la porte. Mon cœur rate un battement lorsque je reconnais la voix de mon meilleur ami et je laisse échapper un juron avant que les bruits de pas ne s'approchent du salon. L'instant d'après, le visage de Cian apparaît dans mon champs de vision et je secoue doucement la tête  «Si j'avais su qu'elle t'appellerait toi je l'aurais retenu ... » soupirais-je. Déjà que je déteste montrer mes faiblesses face à qui que ce soit, mais alors face à Cian c'est pire que tout !

Depuis quelque temps, mes week-ends se suivent et se ressemblent étrangement. Je passe mon samedi matin à ranger mon appartement, aller faire des courses pour prétendre remplir mon frigo et finis par aller à la salle de sport pour me défouler. Plus les rencontres avec Eavan sont tendues, plus je passe de temps là-bas, à évacuer ma colère sur un sac de frappe ou prétendre que j’ai encore vingt ans en voulant soulever des poids. J’essaye de faire attention, mais la plupart du temps, je rentre complètement crever et passe le reste de ma soirée sur mon canapé. Ce samedi en particulier ne déroge pas à la règle. J’ai commandé une pizza qui viens tout juste d’arriver et après l’avoir dégusté devant un épisode de série, je compte bien me faire une petite partie de jeu vidéo. C’est pas franchement excitant, mais c’est ce qui me permet de ne pas virer dingue à attendre après des nouvelles d’Ailis. Le programme est simple, routinier, mais il a mérite de fonctionner et parfois quand je suis bien crever j’arrive même à m’endormir plus de quelques heures.

Mais tout se retrouver chamboulé lorsque mon portable se met à sonner indiquant le numéro de mon meilleur ami. J’hésite presque à répondre, mais c’est pas dans son habitude de m’appeler alors qu’il est avec les enfants. Lorsque c’est la voix de ma filleule qui se fait entendre dans le combiné, je fronce les sourcils. Encore plus lorsqu’elle me dit que son père c’est fait mal et qu’il arrive pas à se relever. « Il est tombé papa ? » « Ca a fait un bruit et papa, il est tombé par terre, faut vraiment que tu viennes tonton. » Elle n’a pas l’air paniqué, mais j’entends bien à sa petite voix qu’elle a besoin que je vienne tout de suite. « J’arrive ma puce, je suis là dans 5 min. Retourne avec papa. » Elle me dit merci et raccroche bien vite probablement pour retourner auprès de son père. Inquiet comme jamais, j’enfile la première paire de basket qui me passe sous la main et me précipite vers ma voiture. Clara ne pleurait pas, mais qu’elle me dise que son père est tombé me rassure pas franchement. Je passe le court trajet à m’imaginer tous les scénarios catastrophe, trouvant les deux gamins seuls avec un Thomas inconscient ou je ne sais quoi encore.

Lorsqu’elle vient m’ouvrir, je réalise que Clara est vraiment sereine et je me demande s’ils sont pas en train de me faire une blague la team Beauregard. « Viens. » Elle attrape ma main et on arrive dans le salon où la scène s’explique immédiatement à mes yeux. Thomas est allongé au sol, sur la moitié du jeu Twister et il semble au bout du rouleau. Je retiens un rire alors qu’il tourne la tête vers moi. « Si j'avais su qu'elle t'appellerait toi, je l'aurais retenu... » Ses mots me laissent légèrement sur le cul et dans l’incompréhension la plus totale et Clara semble faire la même tête que moi. « Tu voulais qu’elle appelle qui ? » « Bah papa… Quand c’est l’urgence faut appeler tonton toujours, c’est lui qui m’avait dit ! » J’offre un sourire à ma filleule qui semble un peu confuse alors qu’elle a parfaitement fait la bonne chose. « Tu as bien fait Clara, faut toujours m’appeler s’il arrive quelque chose. » Je viens embrasser sa joue et me dirige vers son père qui semble quand même bien mal en point. « Bon vu qu’apparemment, tu t’attendais pas à moi, je vais peut-être te laisser là… » Je l’observe un sourire amusé sur les lèvres alors qu’il est incapable de se relever. C’est jamais une bonne idée de jouer à ce jeu quand on est jeune, mais là, il a trop voulu faire le malin. « Sur une échelle de 1 à 10 t’as mal comment ? » Parce que je m’inquiète quand même pour lui avant de vouloir me moquer. Malgré le fait que la situation est a se tordre de rire.

Quelle horreur d'être ainsi mis face à ses faiblesses. Je sais que je n'ai plus 20 ans, je sais qu'à l'aube de mes quarante et un an je ne suis plus le plus jeune, et pourtant je n'ai jamais eu de problème. Alors certes, j'ai parfois quelques douleurs par ci par là et je suis, en général, un peu plus raide qu'il y a quelques années, mais de là à ce que mon corps se rappelle aussi violemment à moi ? Allongé sur le dos, les jambes repliées, je m'efforce à respirer correctement et tranquillement, mais la douleur ne semble pas vouloir partir, si bien que je viens sérieusement à me demander si ce n'est pas plus grave que ce j'imagine. Un rapide scanne corporel me rassure toutefois sur le fait que je parviens à bouger mes jambes et que les sensations dans mes membres sont intactes. Ce qui, malheureusement, n'empêche pas la douleur de se propager de façon bien exécrable.

Lorsqu'en plus je me rends compte que Clara a appelé et que c'est donc face à lui que je me retrouve, je ne peux m'empêcher de soupirer plus lourdement et d'annoncer que j'aurais préféré retenir ma fille plutôt qu'elle ne fasse venir mon meilleur ami. Tous les deux semblent étonné de ce que je dis là et je ferme un instant les yeux lorsque la petite fille me rappelle la règle que nous avions instauré il y a quelques années de cela : s'il y a urgence, elle appelle Cian ! «T'as bien fait » soufflais-je, résigné alors que le soldat s'avance pour se pencher au-dessus de moi. Demi sourire sur les lèvres, il m'annonce qu'il peut très bien me laisser là, au sol. Soupirant, je le fusille du regard avant de grimacer lorsqu'il me demande d'évaluer ma douleur «Un bon 10 sur 10 » dis-je avant de sourire à mon tour « Non, enfin quand même pas. Mais je dirais que je ne suis pas loin de 8» avouais-je finalement en fermant un instant les yeux le temps de reprendre le contrôle sur les battements de mon cœur et ma respiration.

«Je voulais faire plaisir aux enfants et ... » «Tu sais Papa, je ne connais pas encore le numéro d'Allan » me coupe Clara sur le ton le plus sincère du monde et avec toute son innocence d'enfant. « Sinon je l'aurais appelé lui» je lui fais les grands yeux comme pour essayer de la faire taire mais elle ne m'écoute pas et croise les bras « Et puis s'il t'aimait vraiment, il serait pas parti ce week-end» reprend-t-elle, boudeuse «J'suis sûre que Myrddin, lui il... » «C'est bon Clara » la coupais-je un peu trop vivement à mon goût «J'ai rien dit, tu as bien fait d'appeler Cian. » assurais-je «Tu peux aller rejoindre Arthur dans sa chambre s'il te plaît ? » «Mais ... » se plaint-elle, offusquée que j'ose lui demander cela « Va rejoindre Arthur» reprenais-je sur un ton ferme. Dans un petit soupir, la gamine se détourne et monte les escaliers.

Après avoir entendu la porte se refermer, je reporte mon attention sur Cian qui m'observe comme s'il venait de voir la sainte vierge descendre d'une soucoupe volante. Je sais que je lui dois des explications, je sais qu'il en veut et qu'il les aura, mais pas tout de suite « Tu peux m'aider à me relever, s'il te plaît ?» demandais-je, espérant sincèrement qu'il décidera de m'aider à quitter le carrelage froid du salon.

La réaction de Thomas me laisse quelque peu sans voix. C’est vrai que l’on a pour habitude de se charrier constamment, mais je sens bien que cette fois-ci il ne plaisante pas. Il attendait vraiment quelqu’un d’autre et surtout pas de me voir franchir la porte de la maison. Clara ne semble pas réellement ravie de la réaction de son père et j’avoue ne pas réellement comprendre tout ce qui se trame dans cette maison. Si je ne le voyais pas à l’agonie sur le sol à l’heure actuelle, je crois que je l’aurais laissé là. Pourtant, je ne fais aucunes remarques sarcastiques, je retiens le petit rire que j’aurais voulu échapper en découvrant la scène. En bref, je reste silencieux. Il y a quelque chose qu’il ne veut pas me dire et je finirais bien par le savoir à un moment donner. En attendant, je vais tout de même voir ce qui lui arrive pour qu’il reste allonger sans même bouger le petit doigt. Lorsqu’il m’annonce que la douleur frôle tout de même un bon 8 sur l’échelle que je venais d’inventer, une grimace se dessine sur mon visage. « Quand je t’ai dit qu’on se faisais vieux c’était pas pour plaisanter hein. » Je l’ai un peu trop souvent taquiné à ce sujet, mais il faut croire que je ne me trompais pas réellement dans le fond.

Je n’ai pas le temps de lui venir en aide que Clara vient mêler son petit grain de sel dans la conversation. En quelques secondes, elle évoque le fait de ne pas connaître le numéro d’Allan et finis par nous faire une moue bien trop sérieuse pour son âge lorsqu’elle déclare solennellement que si le photographe aimait tant son père il serait parti tout le weekend. J’ai loupé un épisode. Ou mille à la vue de la tête qu’est en train de tirer Thomas. Pourquoi elle appellerait Allan alors que je suis toujours en ville et qu’elle me connait depuis bien plus longtemps que l’autre. Et cette remarque suivie du prénom de son ex beau-père me laisse dubitatif. Elle n’en parlait jamais Clara du départ de Myrddin, mais du haut de ses quatre ans elle semble avoir une opinion. Quand son père lui demande de rejoindre son frère dans la chambre, elle me lance un regard désespérer digne d’une adolescente révoltée. « Va rejoindre Arthur. » que je souffle pour ne pas contredire son père. « Promis je viens te voir après. » Elle soupire si fort qu’elle me rappelle Charlie à son âge, et bien entendu elle tape un peu trop des pieds jusqu’à la chambre de son frère.

« Tu m’aide à me relever ? » Mon attention se place à nouveau sur le militaire toujours au sol que je toise de toute ma hauteur. Il fait pas le malin là. Je vois bien dans son regard qu’il aurait préféré que la petite ne dise rien et ce n’est pas franchement quelque chose qui me plaît. « Ça dépends, tu vas me dire ce qui se passe ? » Pourquoi soudainement c’est Allan qui est devenu le héros de cette maison ? Il m’énerve à me regarder comme ça Thomas et parce que je reste gentil, je finis par me pencher vers lui. « Pitié, hurle pas tu t’es déjà assez ridiculiser comme ça. » que je taquine malgré tout, avant de trouver une position pour l’aider à se lever sans qu’il ne souffre plus. C’est pas franchement idéal, mais j’arrive à le relever et à l’aider à s’allonger sur le canapé. Ce sera toujours mieux que le sol. L’espace d’un instant, je l’abandonne à son sort pour me diriger vers la salle de bain pour dénicher des anti douleurs et un verre d’eau. « Prends ça. » Et je m’installe en face de lui sans jamais le lâcher du regard. Il va cracher le morceau. Il a plutôt intérêt d’ailleurs…

Je le vois bien au regard de mon meilleur ami qu'il aurait sincèrement préféré apprendre l'officialisation de ma relation avec Allan autrement que dans ces conditions là. Je lui en aurais parlé, à Cian, sincèrement. J'avais réellement joué avec l'idée d'aller le voir dès demain pour lui annoncé la nouvelle de manière plus agréable et avec un peu plus d'empathie et de compréhension que Clara qui ne mâche pas ses mots. Je connais l'avis que le soldat à du photographe, je sais qu'il ne le porte absolument pas dans son cœur, mais il va devoir se faire à l'idée que le quinquagénaire a débarqué dans le mien de manière assez inopinée.

Lorsque Clara monte finalement dans la chambre de son frère et que Cian se penche sur moi, je lui demande s'il veut bien m'aider à me relever, persuadé que j'en suis incapable. Malheureusement, mes espoirs sont mis à mal tant le quarantenaire est figé dans l'idée que je lui dois des explications. Tout ce que je peux faire c'est le supplier du regard et espérer qu'il comprenne que je ne peux décemment pas lui fournir les explications qu'il souhaite avoir tant que je suis allongé sur le sol dur et froid du salon. Dans un soupire, il fini par s'accroupir à mes côtés et, me passant un bras autour des épaules, m'intime de ne pas hurler car d'après lui je me suis déjà assez ridiculiser comme ça. J'avoue que je marque un temps d'arrêt et que, l'espace d'une seconde, j'ai juste envie de le repousser en lui disant que je me débrouillerais et qu'il peut bien se cassez s'il estime que je suis un si grand boulet. Mais il ne me laisse pas le temps de réagir et use de sa force pour m'aider à m'asseoir.

Je serre les dents et essaie de respirer correctement et profondément malgré le fait que j'ai l'impression que mon dos est entrain de de fendre en deux. Une fois assis, je marque un arrêt, juste le temps de m'habituer à la douleur, avant que Cian ne tire à nouveau sur mon bras pour m'aider à me lever. C'est dans ces moments là que j'adore la petite taille de mon meilleur ami. Ses épaules sont juste à la bonne hauteur pour que je puisse m'appuyer confortablement sur lui pendant qu'il me guide jusqu'au canapé. Une fois allongé sur celui-ci, je laisse échapper un soupire et ne remarque son départ seulement lorsque un verre d'eau et des cachets arrivent dans mon champs de vision. Je lance un coup d’œil vers Cian puis attrape les médicaments et l'eau et avale le tout d'une traite.

Soupirant à nouveau je lui redonne le verre et retourne m'allonger, attendant quelques instants autant pour trouver une position confortable que pour réfléchir aux mots que je vais utiliser.  «En octobre dernier, Allan a mit fin à un an de relation » expliquais-je finalement  « C'était pas une relation amoureuse habituelle. En vrai, c'était juste du … Friends with benefits si on veut. On faisait notre vie chacun de son côté et on se voyait de temps en temps. Autant pour aller au cinéma ou au restaurant que pour des soirée … netflix & chill» Cian n'a pas besoin de plus d'explications pour comprendre qu'on ne regardait pas de séries et qu'on se détendait d'une façon peu orthodoxe  « Mais au final, je me suis apperçu que je ne trouvais pas mon compte dans cette relation et que après deux mariages j'avais réellement passé l'âge de n'être que le plan cul d'un mec que je commençais à apprécier plus que ce que j'aurais imaginé» je déglutis et ouvre les yeux, posant mon regard sur Cian  «En Octobre j'ai donc décidé d'avoir une discussion avec Allan pour essayé de savoir ce qu'il veut, ce qu'il pense de cette relation et tout. » je soupire et grimace  «On n'avait clairement pas la même vision de la chose » haussais-je les épaules.  «Donc on a mit fin à tout ça et on ne s'est plus vu ni même adressé la parole jusqu'à ce que ...je le trouve dans ma piscine en début d'année. J'avais oublié de lui dire de me rendre le double de mes clefs et ...bref, il a vendu son loft et a décidé qu'il s'installerait ici, chez moi » je pince les lèvres  «Et con comme je suis je l'ai laissé reprendre sa place auprès de moi » mon cœur se serre un instant, tandis que mon cerveau imagine toute les traîtrises qu'Allan pourrait me faire.   «J'allais t'en parler  » reprenais-je en reportant mon attention sur Cian  «Je n'avais juste pas trouvé le courage de le faire car je sais parfaitement ce que tu vas dire et que je n'avais clairement pas besoin d'entendre tes jugements »

Je comprends que je n’étais clairement pas attendu par Thomas au regard qu’il ne cesse de me jeter. C’est pire encore lorsque sa pipelette de fille balance tout ce qu’elle sait de sa relation avec Allan. Elle a peut-être que quatre ans Clara, mais elle comprend vite et elle est maline. En rien, elle s’imagine m’avoir annoncé quoique ce soit, elle est bien plus vexée à l’idée que l’amoureux de son père ce soit barrer pour le weekend. Pourquoi ça m’emmerde à ce point ? Il fait bien ce qu’il veut de sa vie Thomas, mais tout de même… Ce n’est pas son genre de me cacher des choses même quand il connaît mon avis, même quand on pourrait s’engueuler à ce sujet. Un instant, je me demande si je n’ai tout simplement pas – encore une fois – été trop absorber par mes problèmes pour voir qu’il cherchait à me dire quelque chose. Tout se mélange, mais je prends tout de même la peine de l’aider à se relever. Il est cassé en milles morceaux et le voir grimacer ainsi ne me plaît guère. « Tu veux que j’appelle un médecin ? » Je ne me vois pas lui proposer d’aller aux Urgences, le trajet en voiture s’apparentant à un véritable enfer pour lui. Pour le moment, je me contente de lui donner quelques calmants.

Le silence règne désormais dans le salon, simplement entrecouper par les petits gémissements de douleur de Thomas. Il c’est clairement pas rater et je sais déjà que je vais rester la nuit et le lendemain pour l’aider avec les petits. On les entend rire dans la chambre Clara et Arthur ce qui me rassure un peu, au moins la demoiselle ne fait pas trop la tête. Mon regard croise à nouveau celui de Thomas, attendant quelques explications. Il marque un temps d’hésitation avant de se lancer tête baissée, me relatant sa relation libre avec Allan. Je hoche la tête, tente de ne pas m’imaginer ce qui ne me regarde pas et l’écoute me parler de leur séparation. Les raisons me semblent pleinement justifier quand il évoque le fait de ne plus vouloir de relation sans avenir. Je le comprends, j’entends ce qu’il me dit et je garde mes jugements même si a chaque nouvelle révélation mon envie de causer avec Allan ne cesse de croitre. Et lorsque je comprends que ce dernier c’est imposé dans le quotidien des Beauregards, mon sourire se transforme en ligne très fine. Je serre les dents, retiens l’impulsion qui viendra briser le moment. Thomas dit savoir ce que je vais dire et ne veux pas entendre mes jugements, je hausse alors les épaules. « J’ai rien dit encore… » Parce que je ne sais pas réellement quoi dire, parce que je dois réfléchir pour ne pas le vexer. « Tu fais ce que tu veux de ta vie amoureuse Thomas. » Ça a toujours été le cas, je ne me suis jamais mêlé de ça. « Mais… » Réfléchis Cian, c’est pas le moment de dire des conneries. « Je vais être honnête ça me plaît pas trop qu’il s’impose comme ça… Surtout avec les enfants. » Qu’importe si pour lui Allan est un bon gars, qu’importe s’il est heureux ainsi. Ils sont ma famille et je me dois d’au moins les protéger tous. « Je sais que tu tiens à lui et je comprends, je… Je veux juste pas qu’il profite de toi. » Thomas ne roule pas sur l’or, mais il a une bonne situation, une belle maison et trois adorables gamins. Si Allan cherche à se faire entretenir, je ne pourrais pas ronger mon frein éternellement. « Comment ça se passe entre vous ? » Il faut que je sache, il faut qu’il puisse me parler, faut qu’on échange à nouveau tous les deux.

Je soupire doucement et secoue la tête lorsque Cian me demande si je veux qu'il appelle un médecin  « Pas encore, non» soufflais-je entre deux grimaces de douleur alors que j'essaie de trouver la place adéquate et la plus agréable qui me fasse le moins de douleurs possible. Après avoir avaler les cachets que mon meilleur ami m'a apporté, je me prend encore quelques minutes pour chercher mes mots, avant de prendre la parole.

Je lui explique la situation depuis le début, lui parle de ma relation avec Allan et de comment elle s'est terminé en octobre avant qu'elle n'ait reprit en début 2021. J'évoque mes sentiments et essaie de mettre des mots sur ce que je peux et ce que j'ai pu ressentir avant de finir par le fait que je le connais, Cian, et que, par conséquent, je connais aussi son jugement dont je n'ai pas envie. Dans un haussement d'épaules, il répond avec innocence qu'il n'a encore rien dit, avant de continuer en m'assurant qu'il ne me jugera aucunement sur ma relation avec Allan.

Un léger souffle s'échappe de mes lèvres alors que je sens que je parviens à respirer plus librement. Mais Cian ne serait pas Cian s'il ne venait pas mettre son grain de sel dans toute cette histoire. En vrai, c'est presque attendrissant ce qu'il dit car au final, ça prouve bien qu'il tien à moi et à mes enfants et que ma décision d'en faire le parrain de ma fille était sans doute la meilleure décision du monde. C'est donc un doux sourire que je lui offre alors qu'il me dit que ça lui plaît qu'Allan s'impose comme chez moi auprès de Clara, Alex et Arthur  « Ne t'inquiète pas pour ça. Il est adorable avec eux. Genre ….vraiment adorable. Il n'a pas pour vocation de devenir le père de substitution, il ne s'immisce pas dans leur éducation, mais il est présent en cas de besoin et je ...enfin vraiment t'as pas a t'en faire pour ça, ok ? En plus ils ont rencontré son fils et je crois que Clara a un gros crush sur lui» je laisse échapper un rire qui se transforme toutefois en un râle de douleur, m'obligeant à me taire quelques instants.

 « ça se passe bien entre nous» avouais-je finalement  «Allan a comprit que je ne veux pas d'une relation sans avenir et que j'aimerais bien qu'on réussisse à construire quelque chose de stable lui et moi » je me passe une main sur le visage  « Mais je remarque quand même que j'ai un peu de mal à m'investir pleinement dans cette relation» avouais-je finalement  «C'est sans doute la déception de ma dernière relation qui me freine et... » ma voix se brise et je dévie le regard, refoulant du mieux que je peux mes émotions négatives  «enfin voilà, ça se passe quoi » mon ton est bien moins assuré, plus fébrile tant je me rends compte à quel point, même deux ans après, je n'arrive pas totalement à me défaire de l'idée que j'aurais pu construire quelque chose d'incroyable et merveilleux avec mon ex mari.  «En plus Myrddin est de retour en ville » avouais-je à mi voix  «on s'est croisé en ville et j'ai pas su quoi dire ... »

Ce n’est une nouvelle pour personne que je suis bien incapable de m’exprimer parfois. Surtout lorsqu’il s’agit de vouloir protéger mes proches. J’agis bien trop souvent à l’instinct sans prendre le temps de construire mes paroles pour ne blesser personne. Depuis le temps, Thomas connaît tout cela et pourtant, on en résulte à ce genre de situation où il n’ose pas venir me parler. Alors, pour une fois, je laisse mon instinct au placard. Je ne vais pas lui mentir, je ne vais pas prétendre être totalement en accord avec tout ce qui se passe pour lui actuellement. Pourtant, je vais nuancer mes propos et surtout tenter de comprendre ce que lui ressent. Tout ce qui m’importe, c’est qu’il soit heureux, parce que je l’ai trop vu souffrir après sa dernière séparation. Il a en a trop baver Thomas, il est temps que quelqu’un prenne réellement soin de lui et je n’arrive pas à me persuader qu’Allan soit la bonne personne, même s’il est adorable avec les enfants, même s’il ne s’impose pas dans leur quotidien. Et lorsqu’il m’annonce que Clara semble en amour devant le fils d’Allan, je ne peux m’empêcher de faire mon vieux ronchon. « Non, non, elle a juste oublié qu’elle avait déjà son super parrain. » Manquerait plus que je ne sois plus l’amoureux de ma filleule et c’est le monde qui ne tourne pas rond. Bien entendu, je plaisante, pour détendre un peu l’atmosphère.

Il est complètement honnête Thomas et je vois bien qu’il semble perdu dans ce qu’il me raconte. Il pense être heureux, mais en même temps, c’est comme si quelque chose ne le satisfaisait pas pleinement dans cette nouvelle relation. « Eh… C’est normal de vouloir prendre son temps. » Il avait tout vécu avec Myrddin et ça s’est tellement mal terminé qu’il a de quoi avoir des réticences. « Il est au courant de tout ça Allan ? » Est-ce qu’il a conscience de tout ce qui a bien pu se dérouler avant lui ? Est-ce qu’il prend tout ça en considération ? Je dois le soûler avec mes questions, mais c’est simplement pour m’assurer que tout ira bien.

Et lorsque mon meilleur ami m’annonce avoir vu son ex-mari, je grimace. « J’espérais que tu lui tombes pas dessus. » que je murmure doucement. Oh, il va probablement m’en vouloir. « Je l’ai vu aussi, de loin. » que je souligne. J’avais voulu approcher le comédien pour lui dire de se tenir éloigné de Thomas, qu’il en avait assez fait comme ça, mais je me suis retenu. « Il voit les enfants ? » Parce que je n’oublie pas ce que Clara a sous-entendu tout à l’heure. Est-ce qu’elle le voit encore son beau-père ? « Si tu préfères que je les emmène une fois, je peux le faire. » On n’a jamais été très proche avec Myrddin, on vivait sur deux planètes bien différente, mais pour Thomas et les petits il n’y a rien que je ne ferais pas. « De toute façon, je reste ce soir et demain. » que j’annonce sans réellement lui laisser le choix. Il est cloué dans son canapé et puis ça fait bien trop longtemps que l’on n'avait pas passer un moment tous ensemble. « T’as vendu le grand ? » que je demande d’ailleurs réalisant que je n’avais pas aperçu Alex.

Je souris doucement face à la jalousie apparente de mon meilleur ami lorsque je lui dit que Clara semble avoir un crush sur Clément, le fils d'Allan. Le marin s'offusque en disant que sa filleule à juste oublié qu'elle avait un super parrain et je secoue doucement la tête  « Tu sais ce qu'il te reste à faire du coup » haussais-je innocemment les épaules.  «Si tu veux passer un week-end avec elle, tu me le dis » ajoutais-je sur un ton entendu.

Puis, dans un soupire, je me met à lui expliquer avec exactitude ce qui je suis entrain de vivre avec Allan, le rassurant en même temps sur le fait que ce dernier n'est en rien toxique par rapport à mes enfants qui, au contraire, l'aime beaucoup. Toutefois, je me surprend à me confier un peu plus en profondeur à mon meilleur ami en lui expliquant que je n'arrive pas totalement à m'investir dans cette nouvelle relation ce qui, d'après Cian, serait tout à fait normal.  «Il est au courant que ça c'est fini assez brutalement. Mais … j'ai jamais réellement expliquer comment ça s'est fini » soufflais-je en déglutissant.  «J'ai jamais dit que Myrddin m'avait trompé et que je l'ai surprit en plein adultère à l'autre bout du globe » je secoue doucement la tête et reporte mon attention sur le plafond.  « Je sais que je devrais le lui dire, il le comprendrait sûrement mais ...j'y arrive pas.» et c'est ça le pire, au final. Qu'après plus d'un an je n'arrive toujours pas à oublié celui qui, pour moi, est l'amour de ma vie.

D'autant plus que je l'ai revu dernièrement au marché. Lui, ses cheveux en batailles, ses yeux malicieux et sa carrure élancée. Lorsque nous nous sommes croisés, ce fut une tempête émotionnelle qui s'est emparée de moi. J'ai ressenti de la rage, de la haine, une profonde rancœur et un dégoût sans précédent. Mais aussi, et c'est ça le pire, j'ai ressentis à nouveau l'amour. Un amour pur, celui qui te tord délicieusement tes intestins, qui réveille les papillons dans ton ventre, celui pour qui tu pourrais aller jusqu'à donner ta vie. Myrddin semblait tout aussi troublé et à part un 'salut' aucun de nous n'a put dire quoique ce soit et nous nous sommes quitté après un silence insoutenable.

Lorsque Cian reprend la parole c'est pour me dire qu'il l'a aussi entre aperçu il n'y a pas très longtemps. Lentement, je tourne ma tête vers mon meilleur ami et le fixe avec incompréhension avant de froncer les sourcils, durcissant soudainement mon regard  « Tu tu ne m'as rien dit ?» dis-je doucement, presque menaçant  «Pourquoi ? Pourquoi t'as gardé ça pour toi ? Pour... »je me tais lorsque la douleur dans mon dos se rappelle à moi et m'oblige à me calmer. Je ferme un instant les yeux et soupire doucement avant de secouer la tête  «Non, ils ne le voient pas » dis-je sèchement  «Il n'a aucun droit sur eux. Sauf Arthur. Mais il n'a pas essayé de me contacter pendant plus d'un an, il ne m'a jamais appelé pour avoir des nouvelles de lui, je ...  » je me tais et déglutis difficilement  «Je ne pourrais pas l'empêcher de voir son fils, je ne me mettrais pas entre eux, mais pour cela il faut que ce soit lui qui fasse le premier pas » déclarais-je sur un ton bien décidé.  « Je sais pourtant à quel point Clara adorait Myrddin, mais en même temps elle aime tout le monde cette petite» un léger sourire étire mes lèvres  « Et Alex est en week-end chez un ami, c'est pour ça qu'il n'est pas là» répondais-je enfin à la dernière question de Cian avant de reposer mon regard sur lui  « Mais sérieusement, pourquoi t'as rien dit ?» demandais-je, mon ton étant maintenant bien plus calme, posé et réfléchit.

« Je lui avais promis qu'elle pourrait venir un après-midi à la maison pour regarder des dessins animés. » C'est un petit rituel que j'essaye de tenir avec Clara, une journée rien qu'avec elle ou généralement elle décide du programme, mais avec les derniers événements, je n'ai pas été le meilleur à tenir ma promesse. « On en reparlera, ça pourrait me faire du bien. » Une journée avec une petite fille de quatre ans pleine d'innocence et de joie de vivre, ça ne ferait de mal à personne pas vrai ?

Ce n'est pas vraiment le plus important lorsque je tente de comprendre ce qui peut bien se dérouler entre Allan et Thomas. Il a du mal à s'investir pleinement, le militaire et il se jette la pierre. Je n'aime pas vraiment l'entendre parler ainsi quand tout me semble plus que normal si on prend en compte comment s'est terminé son deuxième mariage. C'est bien qu'il veuille à ce point rebondir, je ne pourrais pas l'en blâmer, mais il faut aussi qu'il pense à lui, qu'il prenne en compte ses sentiments et son ressenti. Il ne le dira jamais clairement, et je comprends pourquoi, mais Thomas n'arrive pas à oublier Myrddin. « Ca prend juste du temps Tom. » Enfin, je crois. Ce n'est pas comme si j'étais un expert de la situation, mais j'aimerais qu'il ne se torture pas autant l'esprit. C'est pourtant peine perdue lorsqu'il m'annonce avoir vu Myrddin un peu plus tôt dans le semaine. Ma confidence à le don de réveiller pleinement Tom qui s'agite un peu trop sur le canapé. Je savais qu'il allait s'emporter et je le laisse parler avant de pouvoir m'exprimer. Ca ne servira à rien de l'interrompre, il a besoin que ça sorte un bon coup. En cinq minutes, j'apprends que Myrddin - ce connard - ne prend jamais des nouvelles des enfants, même pas de son fils. « C'est devenu une mode d'abandonner ses gamins ou bien ? » C'est plus fort que moi, l'exclamation m'échappe alors que jamais je ne pourrais comprendre ce type de personne. Thomas finis par me dire que son aîné est chez un ami et m'interroge à nouveau sur la raison de mon silence. Maintenant, qu'il semble calmé, je suis bien plus disposé à lui répondre. « Parce que je l'ai vu de loin et je n'étais pas sûr à 100% que c'était bien lui. » que je soupire lentement. Il venait de m'en donner la confirmation, mais vraiment, j'aurai pu me tromper. « Je voulais pas que tu penses à tout ça, t'as assez donner Thomas. » Lire entre les lignes, t'as assez souffert et je ne veux plus que cela recommence. « Maintenant, tu es avec Allan et ça va bien se passer. » Pitié que tout se passe bien, qu'il ne joue pas au dernier des enfoirés le photographe. « Mais terminé les parties de Twister... » J'attends une seconde avant de ne plus pouvoir me retenir : « Petit vieux. »

 « Et ça lui fera tout autant plaisir» répondais-je à Cian lorsqu'il me dit qu'il accueillera volontiers sa filleule le temps d'une après midi. Je sais à quel point elle aime son parrain et combien ça lui manque de ne pas pouvoir passer du temps avec lui. Malheureusement, celui-ci n'avait pas forcément la tête à ça depuis qu'Eavan est revenu pour reprendre sa fille. Mais maintenant qu'il commence tout doucement à voir le bout du tunnel, il peut bien se permettre de retrouver le bonheur de sa nièce  «Faudra que tu le lui dise » dis-je  «elle sera heureuse  »

Bien plus heureuse que je ne le suis moi-même alors que j'explique à mon meilleur ami que j'ai du mal à m'investir totalement dans mon nouveau couple. La raison, elle, est évidente : Myrddin et mon deuxième mariage. Ou plutôt comment s'est fini mon deuxième mariage. D'après Cian, tout cela prend du temps et je soupire doucement en hochant la tête  « ouais mais combien de temps ?» je pose mon regard sur le soldat  «J'ai pas non plus envie qu'à presque 41 ans ma vie amoureuse soit définitivement finie quoi » J'exagère sans aucun doute, mais j'avoue que cela fait parti de mes craintes. Alors oui, je ne suis pas seul, j'ai mes enfants, mes frères, ma sœur et des amis de longues dates. Il y a bien plus de choses qui sont plus importante qu'un couple ou je ne sais quoi. Le besoin primaire d'un être vivant est de se reproduire, mais je ne suis plus concerné par cela. Mais alors pourquoi se désir encensé de connaître à nouveau l'amour ? Et de vivre une nouvelle histoire ?

Dans un soupire, j'avoue avoir revu Myrddin au marché la dernière fois alors que Cian admet l'avoir, lui aussi, croisé. Mon sang ne fait qu'un tour tandis que je me tourne vivement vers mon meilleur ami pour demander pourquoi il n'a rien dit. Malheureusement, les douleurs me rattrapent et me font prendre conscience qu'il ne me sert à rien de m'emporter. Je change donc quelque peu de sujet juste le temps d'expliquer à l'amiral qu'Alex est chez un ami et que Myrddin n'a jamais daigner prendre des nouvelles de son fils. La réaction du quarantenaire est normale et logique : l'abandon d'enfant est un sujet qui lui tien réellement à cœur car il l'a vécu lui-même.  «Je ne sais pas, Cian... Arthur semble ne pas s'en formaliser plus que de raison, mais moi-même je n'arrive pas à comprendre sa façon d'agir » je soupire doucement puis réitère ma question : pourquoi n'est-il pas venu me voir après avoir aperçu Myrddin.

La première réponse est simple : il ne savait pas exactement si c'était lui et ne l'a vu que de loin. La suite des explication est, elle, carrément attendrissante : il ne voulait pas que je pense à tout cela car j'ai déjà assez donné. J'arque imperceptiblement les sourcils, alors qu'un sourire étire mes lèvres  « merci» du fond du cœur et de mon âme, de t'inquiéter autant et de prendre autant soin de moi. je fini par laisser échapper un rire amusé lorsqu'il m'intime de cessé les parties de twister m'insultant, au passage, de 'petit vieux'.  «sale gosse » grognais-je.

 «Papa ! » la voix de Clara retenti non loin de moi avant que sa tête n'apparaisse dans mon champs de vision  «On a faim » s'exclame-t-elle me faisant écarquiller les yeux  «Encore ?! » Je vois Arthur hocher la tête puis Clara qui hausse les épaules  « On peut avoir du mac'n'cheese ?» je ferme un instant les yeux puis soupire en reportant un regard suppliant sur Cian  «Faut demander à ton parrain s'il peut le faire » et je l'observe silencieusement, espérant sincèrement qu'il accepte de me remplacer aux fourneaux le temps que je parvienne à trouver un moyen de me lever sans douleurs.

Dans un sourire, j'approuve les dires de Thomas et dès que l'on aura terminé notre conversation, j'irais trouver ma filleule pour lui proposer cette fameuse journée à deux. Il est temps que je rattrape le manque de mes promesses. Il est temps, aussi, que je reprenne ma vie en main quand me terrer dans mon appartement ne changera strictement rien. C'est déjà tout un programme qui se dessine dans un coin de ma tête et j'ai hâte de pouvoir passer un moment privilégier avec Clara.

En attendant, me voilà à écouter les déboires de son père. Il a beau fanfaronner autant qu'il le souhaite, il est évident qu'il n'a toujours pas digéré sa dernière séparation. Je tente de lui rappeler à quel point, c'est normal, lorsque leur mariage n'aura tenu qu'une année, lorsque tout s'est terminé dans la pire des trahisons. Il ne devrait pas se jeter la pierre ainsi, mais il s'impatiente, tellement que sa dernière phrase me laisse sans voix. Tout est lancé de manière générale, tout ne s'adresse qu'à son cas, mais c'est violent à quel point tout résonne trop pour moi. Il ne veut pas voir sa vie amoureuse se terminer à 41 ans et moi, je ne peux m'empêcher de comparer quand il a connu de belles histoires, quand il a eu trois enfants et qu'à côté, au même âge, je n'ai rien eu de tout cela et que c'est maintenant que je réalise à quel point je le voudrais. « C'est pas une tare d'être célibataire à notre âge. » Oh qu'il est bien trop sec le ton employé, oh que je m'empresse de me lever pour aller chercher un verre d'eau, pour ne pas croiser son regard. Ce n'est pas le moment que l'on se prenne la tête, mais ces mots-là, cette interrogation sur sa vie amoureuse, je vais l'emporter avec moi.

Lorsque je reviens, on évoque rapidement Myrddin et son retour en ville. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque Tom m'apprend que son ex mari ne prend jamais de nouvelles des enfants. A croire que c'est devenu une nouvelle tendance et bien entendu, quelque chose se serre au fond de moi, lorsque je pense à l'éventualité que Myrddin vienne récupérer son fils sans prévenir. « Toi t'as vraiment pu adopter Arthur hein ? » Il faut qu'il me dise oui, sinon je vais angoisser, je le sais d'avance. C'est quelque chose auquel je pense constamment désormais, si les choses avaient pu être différentes pour moi.

On n'a pas bien le temps de discuter plus, lorsque les deux petits reviennent à la charge, visiblement affamés ou bien trop curieux pour rester dans leur chambre. Elle finit par demander un plat, ma filleule, et quand son père lui dit de voir avec moi, j'en perds un peu mon sourire. « Tu sais faire parrain ? » Même Clara sait que je suis loin d'être doué lorsqu'il s'agit de passer derrière les fourneaux, mais pour un mac'n'cheese je devrais pouvoir m'en sortir, non ? « Bien sûr que je sais faire ! » Elle n'a pas l'air pleinement convaincue la gamine, mais on fera avec. C'est tout de même pas bien sorcier. « Arthur, tu restes... » Je m'arrête dans ma phrase lorsque mon regard se pose sur le petit garçon, doudou à la main et si timide qu'on pourrait l'oublier. Je repense à tout ce que m'a dit Thomas et décide de changer de stratégie. « Non, on change, Clara, tu restes avec papa. S'il bouge, tu cries, okay ? » Elle va adorer ça de pouvoir jouer la petite cheffe sur son père. « Et toi Arthur, tu viens avec moi ? » Je tends la main dans sa direction et il s'empresse de me rejoindre.

Dans la cuisine, je l'aide pour qu'il puisse s'installer sur le plan de travail à côté de moi. « Tu sais ce qu'il faut mettre dans le mac'n'cheese toi ? » Il hoche la tête, pose son doudou et très sérieusement énonce les ingrédients « Faut les pâtes, un peu de lait et beauuucoup de fromage. » Je ris un peu alors qu'il m'indique dans quel placard prendre tout ce qu'il faut, je connais l'organisation de Tom par cœur, mais c'est Arthur qui me guide et quand je me loupe et renverse du lait à côté il éclate de rire le petit bonhomme. « Tu dis rien à papa ! » Il hoche la tête pour dire oui alors que j'ai parlé assez fort pour que Thomas nous entende et que j'entende Clara bouger pour chercher à voir ce qui se passe. Je mets plus de bordel qu'il n'en faut dans la cuisine, je m'éparpille et j'en connais un qui va me détester.

Mes yeux s'écarquillent légèrement au ton sec et pas mal violent que Cian emploie pour me répondre que ce n'est pas une tare que d'être célibataire à notre âge. Je fronce légèrement les sourcils et allait l'interroger de vive voix lorsqu'il se lève subitement pour aller dans la cuisine. Fermant les yeux, je secoue doucement la tête en me traitant d'idiot et me disant que je suis bien con de me plaindre de cette manière. Je devrais, au contraire, être heureux, non ? J'ai eu deux merveilleux mariages, l'un s'est soldé avec deux magnifiques enfants et j'ai récupéré Arthur de l'autre, alors que Cian, lui, n'a connu que de nombreuses déception et qu'il a, en plus, des problèmes pour récupérer la garde de la fille qu'il considère comme la sienne.

Toutefois, je décide de ne pas remettre le sujet sur la table lorsque mon meilleur ami revient dans le salon. Nous évoquons rapidement le retour de Myrddin en ville puis il me pose une question assez incroyable : est-ce que j'ai réellement pu adopter Arthur ? La réponse est évidente  «Oui » affirmais-je doucement   « Mais nous étions marié, Myrddin et moi et l'adoption du petit était du ressort des UK et non de l'australie. C'était donc d'un côté plus compliqué car ça a mit du temps pour envoyer les papiers et les documents officiels, mais en même temps c'était plus simple parce que le système britannique est différent de celui d'ici» je pose mon regard sur le soldat et l'observe avec douceur   «ça avance avec Ailis ? » osais-je enfin demandé, n'ayant pas forcément oser le faire jusque là.

C'est à ce moment que Clara et Arthur débarquent pour réclamer à manger. Incapable de me lever, je relègue la tâche à Cian qui décide d'embarquer le petit garçon avec lui et me laisser en compagnie de ma fille qui se place face à moi, les bras croisées, trop fière de pouvoir me surveiller. Je soutiens quelques instants son regard, essaie le coup des yeux de chien battue mais je remarque rapidement que la gamine est la pire des sans cœurs et me recouche à nouveau docilement. ….jusqu'à ce que je n'entende des éclats de rire qui me proviennent de la cuisine puis des chuchotements mesquins.   «Ok, là s'en est trop »  soufflais-je en me redressant sous le cris effaré de ma fille qui s'approche rapidement de moi pour m'attraper par les épaules   « ça va Clara» dis-je, ennuyé en la repoussant doucement   « Faut que j'aille botter les fesses de ton parrain» reprenais-je en m'appuyant sur les genoux.

L'instant d'après, la petite fille est déjà dans la cuisine à hurler à Cian de ranger car je ne vais pas tarder à arriver. Je les entends qui s'activent, mais ils n'ont pas le temps de cacher le massacre que je les ai déjà rejoint dans la cuisine.   «Bordel Cian ... » soufflais-je en m'appuyant sur le chambranle de la porte   «T'es vraiment con  » je regarde autour de moi puis soupire   «Tu range tout ça, hein ? Et tu laisses la cuisine comme elle était avant » mon ton est dur car clairement, je déteste qu'on mette le bordel comme ça dans ma maison  « c'est pas la faute à Cian !» s'exclame subitement Arthur   «Faut pas lui en vouloir...» reprend-t-il, penaud en baissant le regard, triturant nerveusement son t-shirt.

J'arque un sourcil, surpris par les paroles du petit garçon puis croise le regard de mon meilleur ami avant de me diriger vers le plan de travail   « Mais je ne lui en veux pas » dis-je doucement   « Alors pourquoi tu lui cris dessus ?» je me pince les lèvres, hésite et cherche les mots adéquats   «Parce qu'il a mit le bordel et qu'il faut qu'il range » commençais-je par expliquer   « Mais on n'a pas encore fini» me coupe Arthur   «on peut ranger après » je grimace légèrement, quelque peu soufflé par la réflexion du petit garçon  

 « Tu ...as tout à fait raison» avouais-je finalement en allant lui ébouriffer les cheveux avec douceur   «Vous rangerez après. Désolé d'avoir hausser le ton » m'excusais-je auprès du garçonnet avant de poser mon regard sur Cian et lui signifier silencieusement mon mécontentement et qu'il n'a aucunement le droit de se débiner pour ranger   «Tu aide ta sœur à mettre la table s'il te plaît ? » demandais-je finalement en tapotant la tête de mon fils qui rejoint rapidement sa sœur dans le salon, me laissant seul avec Cian   «Il est incroyable ce petit  » dis-je doucement en m'asseyant sur une chaise    «Ce manque de confiance en lui est tellement perturbant » presque même dérangeant, en vrai.

Au moins, Thomas m’apprend que l’adoption d’Arthur était bien définitive pour lui. Le petit garçon pourra rester avec eux quoi qu’il arrive et je dois avouer que cela me rassure grandement. De leur côté, tout ira bien. Je n’aurais pas supporter l’idée qu'Arthur doive subir ce qu’est en train de vivre Ailis, lui en aurait eu bien trop de souvenirs et de blessure. Il est en sécurité dans cette maison et il sera toujours aimé, cela ne fait aucun doute. Mais lorsque Thomas me demande où en est l’affaire avec Ailis, je perds bien vite mon sourire. « Non rien ne bouge. » Rien ne bouge parce que je ne suis pas son père, parce que sa mère a décidé de jouer le modèle parfait, parce que je ne suis qu’un pauvre con qui se sera fait avoir depuis le départ. « Et quand elle m’autorise à la voir, elle reste 20 minutes et se barre. » C’est à chaque fois le même manège. « Ailis repart toujours en pleurant et moi, je perds patience. » J’avais promis que je ne laisserais pas mon impulsivité prendre le dessus. Jusqu’à présent, je suis resté calme, j’ai encaissé sans jamais rien dire, sans me laisser emporter par ma colère. Je ne sais combien de temps cela va encore pouvoir durer.

Alors pour le moment, je préfère me concentrer sur l’instant présent. Encore plus lorsque les enfants nous rejoignent. C’est avec plaisir que j’embarque Arthur avec moi pour préparer un repas rapide pour tout le monde. Je ne suis pas le plus doué du monde en cuisine, mais je devrais largement pouvoir me débrouiller afin de concocter un mac and cheese. Voulant faire participer Arthur, je lui demande son aide et surtout joue au pitre pour le faire rire. Cela ne devait être qu’un moment de plaisir, mais lorsque je renverse du lait et que le petit garçon explose de rire, je le mets dans la confidence. Je sais à quel point Thomas déteste le désordre, mais ce n’est rien d’important. Juste un moment à passer avec le garçon avant que l’on mette le plat au four et qu’il m’aide à ranger. Je voulais nouer un lien avec lui, mais Thomas en décide autrement. Avant que je n’ai le temps de comprendre, Clara débarque dans la cuisine en criant qu’il faut ranger et son père n’est pas très loin derrière. J’ai le temps de poser le saladier utilisé pour le mélange dans l’évier et rien de plus. Il se met à hurler Thomas, à m’insulter et surtout à s’emporter pour un rien. Je n’ai pas le temps d’en placer une qu’il m’enchaîne comme rarement. C’est Arthur, du haut de ses quatre ans, qui est obligé de lui rappeler que l’on avait pas fini de tout préparer et que l’on aurait très bien pu ranger après. Remis à sa place par son fils, Thomas commence à se calmer, mais le regard noir qu’il me lance finis de me faire vriller. Il a de la chance que les enfants soient présents, il n’aurait pas apprécié autrement. Je pourrais tout envoyer valser tant, il me fait chier, pire encore lorsque je remarque le regard triste d’Arthur qui cherche à descendre du plan de travail pour faire ce que son père lui a demander. « Attends bonhomme. » Je le prends dans mes bras pour l’aider à descendre et viens m’accroupir à sa hauteur. « Merci. » Je lui souris et viens embrasser sa joue. « Tu n’as rien fait de mal et puis tu m’as vraiment aidé, sans toi, j’y serais jamais arrivé. » Il m’offre un petit sourire timide alors que je lui rends son doudou. « Aller file aider ta sœur. »

J’attends que les deux petits ait disparu dans la salle à manger pour me tourner vers Thomas qui commence à me parler du manque de confiance d’Arthur. « Si t’arrêtais de hurler pour un rien, il aurait peut-être un peu plus confiance ! » Il m’a énervé et je compte bien lui faire comprendre. « T’as de la chance d’avoir déjà mal, je pourrais te gifler. » que je siffle dans une colère noire. Mes gestes sont brusques alors que je termine le plat pour le passer au four. Je jette tout dans l’évier sans bien me soucier de ce qui pourrait casser ou non. « C’est qu’une cuisine Thomas putain, faut que t’apprenne à te détendre ! » que je siffle sèchement. « Il était en train de m’aider, je voulais juste le faire rire. » Ce n’était qu’une tâche de lait sur un comptoir, je n’ai pas foutu le feu à la maison. « T’es vraiment trop con quand tu t’y mets, maintenant, il va croire qu’il a fait quelque chose de mal ! »

Et ça ne loupe pas quand Clara arrive dans la cuisine avec un air inquiet. « Papa... Arthur il pleurs. »

C'est une grimace compatissante qui s'affiche sur mon visage lorsque mon meilleur m'apprend que malheureusement rien ne bouge de son côté concernant Ailis et que Eavan ne reste que 20 minutes avec lui lorsqu'elle l'autorise à la voir  «Ah ouais je vois  » dis-je doucement, ne sachant pas vraiment quoi dire de plus. Je ne peux, malheureusement, pas l'aider plus que je ne le fais déjà maintenant. Je l'ai déjà pas mal aidé dans les différentes démarches mais le réel problème c'est qu'il n'a absolument aucun lien de parenté avec la petite fille et ça complique clairement la chose. D'autant plus que la législation australienne est incroyablement compliqué et énergivore, je peux donc tout à fait comprendre qu'il soit démoralisé.

Fort heureusement, le retour des enfants nous change les idées à tous les deux et c'est sans hésitation que Cian embarque Arthur pour faire la cuisine. Ou plutôt pour foutre le bordel dans la cuisine. Je l'aime mon meilleur ami, d'un amour fraternel sans précédent, mais bon dieu qu'est-ce qu'il m'énerve. Je suis quelqu'un de très ordonné, je sais aussi que je suis maniaque et que ça ne plaît pas à tout le monde. En général, quand ça concerne Cian qui est totalement l'opposé, je parviens à me contrôler, mais pas aujourd'hui. Lorsque j'arrive dans la cuisine, je m'en prend à lui. Sans forcément hausser la voix, je lui fais réellement comprendre mon mécontentement ce qui ne plaît clairement pas à Arthur qui décide de défendre son tonton. Ce sont les paroles du petit garçon qui me remettent les idées en place et je m'empresse de m'excuser auprès de lui, lui signifiant qu'il a raison avant de lui demander d'aller mettre la table avec sa sœur.

Toutefois, il a peine eu le temps de sortir dans le salon et moi j'ai tout juste réussi à évoquer son manque de confiance que Cian s'emporte. Il me dit que je devrais arrêter de gueuler, que ce n'est qu'une cuisine, qu'il n'a pas non plus foutue le feu à la maison et qu'il pourrait me gifflé tant il est remonté. Toutes ces déclarations ne me font ni chaud ni froid et je pense que j'aurais réellement pu simplement ignoré ou lui donner raison en m'excusant...jusqu'au moment où il sous entend clairement que si Arthur manque de confiance en lui c'est à cause de moi. Mon regard s'assombrit soudainement et je me relève de ma chaise. Ignorant la douleur qui irradie mon dos, je m'avance vers Cian  « Tu peux tout dire. Tu peux me traiter de tous les noms que tu veux mais en aucun cas je te permet de dire que son manque de confiance est à cause de moi» grognais-je à voix basse pour pas que le gamin ne m'entende  «sa mère est morte, son père s'est cassé, je suis seul à m'occuper de lui »  je m'immobilise à quelque centimètre de Cian, le surplombant de toute ma taille.  «Je t'aime Cian, vraiment, mais comment j'éduque mes enfants ça ne te concerne pas. »  je pince les lèvres et sert les dents  «Si tu savais tout ce que j'entreprends pour qu'il se sente en confiance, tout ce que je fais avec lui pour qu'il évolue et comment je me démène sans pour autant toucher à sa nature, tu dirais pas ça »  

J'allais ajouter encore quelque chose, lorsque Clara revient dans la cuisine pour nous informer qu'Arthur est entrain de pleurer. J'observe ma fille puis déglutis et lui adresse un sourire  « Merci ma chérie»  dis-je en passant à ses côtés pour rejoindre le garçonnet qui est debout dans la salle à manger, le corps secoué de sanglots.  « Arthur ? Qu'est-ce qui se passe ?»  lui demandais-je en attrapant une chaise pour m'asseoir face à lui afin d'être à sa hauteur. Voyant qu'il ne me répond pas, je l'attrape par la taille et l'attire contre moi, le prenant tendrement dans mes bras. Ses pleurs redoubles d'intensité pendant bien une minute avant qu'il ne parvienne enfin à se calmer  «je veux voir dad » parvient-il à me dire entre deux hoquets. Et lorsqu'il dit ça, quelque chose en moi se brise et mon cœur se sert. Je met de longs moments avant de pouvoir répondre.  «Je vais t'emmener le voir » déclarais-je finalement. Même si ça risque de me briser encore plus, je ne souhaite pas priver le petit garçon de son père biologique.  « Je vais l'appeler, ok ?» dis-je en attrapant Arthur par les épaules pour qu'il se recule doucement  « Je vais l'appeler et je vais lui demander quand il a le temps de venir te voir»  lui assurais-je avec un sourire alors que cette idée ne m'enchante vraiment pas du tout.