Ses horaires tardives n’étaient qu’un prétexte pour ne pas rentrer chez elle. À chaque fois que la nuit tombait, son cœur se serrait et elle trouvait toujours une bonne raison pour ne pas rejoindre son foyer. Elle n’avait aucune envie qu’une énième dispute n’éclate, ni de chercher de faux prétexte pour ne pas remplir ses devoirs conjugaux. D’ailleurs, pouvait-on réellement encore parler de devoir conjugal lorsqu’elle n’avait pas couché dans son lit marital depuis plusieurs semaines, voire des mois ? Elle avait toujours une excuse pour ne pas se plonger dans les bras de celui qu’elle disait aimer, parfois la maladie ou la migraine, d’autre fois la fatigue accumulée par le travail et lorsqu’elle ne savait plus quoi dire, elle se contentait de vider toutes les bouteilles de chez eux pour que son ivresse le fasse fuir. Il n’y avait plus beaucoup de preuves de leur bonheur dans cette maison qui autrefois raisonnait d’amour et de bienveillance. Elle avait aimé Eliott de tout son cœur, mais aujourd’hui il lui arrivait de douter de ses propres sentiments. Ce n’était plus comme avant et pourtant ni l’un ni l’autre ne prenait la bonne décision pour mettre fin à cette souffrance qui les rongeait de l’intérieur. Depuis plusieurs jours, elle avait pris l’habitude d’abandonner sa voiture au parking de son entreprise pour aller rejoindre des collègues, amis ou connaissance le temps d’un verre. Un verre qui bien souvent se transformait en deux ou trois, parfois plus.
Seulement ce soir-là, il semblait que personne ne soit disponible pour l’accompagner dans ses dérives. Elle avait descendu l’avenue principal à pied, errant quelques heures dans les rues de Brisbane avant de pousser les portes de ce qui ressemblait à un bar. Au moins ici, elle ne risquait pas d’être reconnue. Personne ne lui demanderait ce qu’elle fait seule dans cet endroit et elle pouvait s’adonner à cœur joie à sa nouvelle activité favorite. Elle ne cherchait pas à dissimuler la raison pour laquelle, elle était malgré le regard inquiet du barman lorsqu’elle demanda à être resservit une cinquième fois. Ils étaient plusieurs à la dévisager et à se demander ce que pouvait bien faire une femme de son rang dans un endroit pareil. Son sac et ses chaussures trahissaient son statut. Il était clair que dans ce milieu, elle faisait tâche bien qu’elle préférait ignorer tous ceux qui s’approchait d’elle pour démarrer une conversation. Elle ne sortit qu’une seule fois son téléphone pour constater les nombreux appels de son époux, qu’elle avait choisi d’ignorer. Elle ne voulait pas le voir débarquer là à une heure aussi avancée de la nuit. De toute façon, elle n’avait pas l’intention de tarder. Elle commençait à sentir la fatigue arriver. Elle se dépêcha de finir son verre et de régler son addition. Alors qu’elle s’apprêtait à s’enfoncer dans la nuit obscur à la recherche d’un taxi, elle se fit bousculer par un homme. Et avant même qu’elle n’ait le temps de lâcher le moindre grognement, il se confondit d’excuses ce qui eut pour effet immédiat de transformer son agacement en petit sourire. Elle vint à son tour secouer sa main comme pour le rassurer : « Ça va, ne vous en faites pas, je n’ai rien… » souffle-t-elle lâchant un dernier regard à l’inconnu avant de s’avancer vers l’extérieur. Elle ramena à ses lèvres son bâton de nicotine puis marcha rapidement jusqu’une avenue plus fréquenté dans l’espoir d’apercevoir un taxi. Au même moment, elle décida de commander un Uber et grimaça devant le temps d’attente. Elle était bien trop loin du centre et n’avait d’autres choix que d’attendre…
L’Américain avait passé une partie de sa soirée au Club, comme à son habitude, il y était resté quelques heures, avait beaucoup observé et avait bu quelques verres sous le regard de Stacey qui tentait tant bien que mal de la raisonner sur sa consommation d'alcool. Mitchell écoutait sans vraiment écouter, il savait que ce n'était pas le comportement à avoir, surtout en ce moment alors que l'organisation criminelle battait de l'aile. Au lieu de se battre pour relancer les affaires ou pour au moins récupérer sa relation avec son frère, il choisissait de se morfondre intérieurement. Il ne montrait pas son désarroi aux yeux de tous, il donnait l'impression d'être sur tous les fronts sans vraiment y être, faisant simplement acte de présence. Après une certaine heure, il décidait de quitter les lieux pour rejoindre un autre bar loin de ses problèmes, un moyen pour lui de se changer les idées ailleurs sans avoir à croiser quiconque qui pourrait lui rappeler qu’il n’est plus à la hauteur. Il avait passé un moment dans ce bar, installé sagement dans un coin et consommant sans compter tel un alcoolique. Il profitait de ce genre d'instant pour réfléchir, souvent pour élaborer des stratégies ou simplement pour penser. Il pensait beaucoup Mitchell en ce moment et ça ne lui réussissait pas très bien. L'homme que tout le monde craignait autrefois était devenu son propre fantôme, il airait par-ci par-là, mais n'agissait pas. Il repensait à ce que Lou lui avait dit quelques semaines auparavant, lorsqu'il s'était rendu dans son appartement pour mettre fin à sa vie une bonne fois pour toute -même ça il n'avait pas pu le faire au finale- Étais-ce vraiment la fin de son règne ? Allait-il tout perdre ? Il ne voulait pas y croire. Véritable tête de mule, il restait sur ses acquits sans remettre en question le statut de son rôle. Il soupirait longuement avant de déposer quelques billets sur le comptoir et de sortir du bar. Se précipitant, il bouscula une femme qui se trouvait sur le pas de la porte. Il ne manqua pas de s’excuser pour sa maladresse avec beaucoup de sincérité, c’était peut-être un homme peu fréquentable, mais ça ne faisait pas de lui un animal. « Je suis vraiment désolé, je ne regardai pas ou j’allais.» Avouait-il, la gratifiant d’un sourire. Heureusement, il n’y avait pas de mal, elle ne tardait pas à le rassurer avant de s’éloigner du bar. Mitchell l’observa quelques secondes s’éloigner avant de plonger son regard sur son téléphone pour s’assurer que son chauffeur allait arriver. Il demandait à Marco, un jeune homme fraîchement arrivé au sein de l’organisation criminelle de le rejoindre sur l’axe principal et s’allumait une cigarette avant de s’avancer jusqu’à celle-ci. C’est avec surprise qu’il se trouva à côté de la femme qu’il avait bousculé quelques minutes plus tôt. Restant silencieux quelques secondes, il se décida finalement à prendre la parole. « Je ne veux pas paraître indiscret, mais que faites-vous ici toute seule ?» Elle devait sûrement attendre un taxi ou un Uber, du moins c’est ce qu’il déduisait de la situation. Il regardait sa montre en grimaçant. «Ce n'est pas le meilleur créneau horaire pour un taxi, surtout dans ce quartier.» Il en venait même à se demander comment une femme comme elle s’était trouvé ici, dans ce bar, dans ce quartier, dans cette rue à une heure tardive. Elle n’avait pas l’apparence d’habiter dans le coin, et même si l’habit ne faisait pas le moine, il était certain qu’elle devait vivre dans les beaux quartiers, mais il garda cette réflexion pour lui, il n’était pas là pour la cataloguer.
Il commençait à se faire tard et elle savait qu’elle n’avait pas atterrit dans le meilleur des quartiers pour finir sa journée. À la recherche d’un endroit tranquille, elle se mettait désormais en danger en attendant l’arrivée du chauffeur. Bien qu’elle préférait ne pas montrer son inquiétude, elle restait aux aguets en croisant les doigts pour ne pas faire de mauvaise rencontre. Ces temps-ci, elle faisait parfois n’importe quoi et se mettait constamment en danger sans parvenir à réellement s’arrêter. C’était comme si elle n’avait plus conscience du monde qui l’entourait et qu’elle s’amusait malgré elle à taquiner les limites dans l’espoir de se réveiller d’un mauvais cauchemar. En plus de boire jusqu’à l’ivresse, elle atterrissait dans des lieux peu recommandable où elle n’avait clairement pas sa place. Il n’y avait qu’à lever les yeux pour remarquer qu’il n’y avait pas grand monde autour d’elle. Autrefois, elle aurait été plus vigilante et jamais elle ne se serait retrouver dans ce genre de situation mais ce n’était plus le cas. Aujourd’hui, elle ne prêtait plus attention à ce qu’elle faisait. Tout ce qu’elle cherchait c’était de fuir son foyer et son époux par tous les moyens quitte à se mettre en danger. Cela faisait quelques minutes déjà qu’elle attendait seule sur le trottoir, son chauffeur ne semblait presser d’arriver. Elle vérifiait toutes les secondes l’avancement du véhicule, tout en gardant un œil derrière elle au cas où quelqu’un viendrait la surprendre par derrière pour la voler ou l’agresser.
Au loin, elle remarqua l’homme qui l’avait bousculé plus tôt alors qu’elle s’impatientait doucement devant la lenteur de son uber. Dans un dernier souffle, elle vint écraser son bâton de nicotine contre le mur avant de le lancer plus loin sans se soucier une seconde de l’incivisme de son geste. Du coin de l’œil, elle observa l’homme s’approchait d’elle sans totalement lever l’œil vers lui. Le temps lui parut long et elle n’était pas totalement sereine. Il fut le premier à rompre le silence : « Je ne veux pas paraître indiscret, mais que faites-vous ici toute seule ?» bien sur, sa question était indiscrète et en temps normal elle aurait surement sorti les griffes pour revendiquer son girl power mais il était probablement la seule personne qui lui inspirait un peu confiance dans le coin pour le repousser violemment. « Mon Uber ne va pas tarder. » dit-elle simplement sans pour autant donner plus de consistance à la conversation qu’elle ne cherchait pas à développer. « Ce n'est pas le meilleur créneau horaire pour un taxi, surtout dans ce quartier. » il n’avait pas tord, elle s’était quelque peu éloignée du centre-ville où elle n’aurait jamais eu ce problème. « probablement… » répond-elle poliment avant de s’éloigner de quelques pas de l’individu. « Putain c’est pas vrai ! »râle-t-elle aussitôt en voyant que sa course avait finalement était annulé alors que sa batterie de téléphone menaçait à tout moment de lâcher. Elle décida d’aller prendre place dans un abribus, remarquant qu’à cette heure-ci même les transports en communs ne passaient plus dans le coin. L’homme qui l’avait plus tôt abordé, s’engouffra dans une voiture tandis qu’elle se retrouvait désormais seule dans ce quartier peu fréquenté et fréquentable a essayé désespérément de rallumer son portable pour essayer d’avoir un autre taxi…
En temps normal, l’Américain ne faisait pas appel à son chauffeur pour rentrer chez lui après une soirée arrosée, il marchait souvent ou prenait sa bécane malgré le taux d’alcool présent dans son sang, mais ce soir, il avait aucunement envie de marcher ou de risquer son permis, puis ce n’était pas comme si Marco n’était pas payé pour lui rendre ce genre de service. Mitchell avait tenté une approche pour tuer le temps alors qu’ils étaient tout les deux au bord de la route au milieu de la nuit. Malheureusement pour lui, son interlocutrice n’était pas réceptive à une discussion, elle se méfiait sûrement de lui ou alors il n’était pas assez bien pour qu’une femme de son genre prenne le temps de lui accorder quelques mots. Il avait été certes un peu indiscret en lui demandant ce qu’elle faisait ici toute seule. Elle lui répondait finalement, se contentant de répondre brièvement avant de tourner les talons. L’Américain l’observait avec curiosité alors qu’elle s’éloignait vers l’abribus, bien décidé à ne pas profiter de sa présence pour tuer le temps en discutant. Il haussait les épaules en observant la voiture conduite par Marco s’avancer jusqu’à lui. Il ouvrait la portière en jetant un dernier coup d’œil à la femme qui avait l’air en plein désarroi. « Salut boss !» Mitchell répondait à Marco d’un simple geste de la tête. « Attends avant de démarrer. » Qu’il lui disait en gardant un œil sur l’abribus. Il était certain que si elle voulait rentrer chez elle, il lui fallait attendre l’aube pour voir arriver un bus, il ne savait pas ce qu’il en était de son Uber, mais elle avait l’air contrarié, signe qu’il n’allait sûrement pas arriver. Mitchell poussa un soupire avant d’ouvrir la portière pour descendre du véhicule. Il n’était pas du genre à jouer au samaritain, mais il n’était pas non plus du genre à laisser une femme à une heure aussi tardive seule et en détresse. Il s’avançait vers elle avec un petit sourire, voulant paraître amicale. « Pas d’Uber en vu ? » Une question qui avait déjà sa réponse, mais qui lui permettait de rompre la glace. « Vous allez dans quel quartier ? Je peux peut-être vous déposer, mon chauffeur est là. » Il avait conscience que sa proposition était à double tranchant, il était tard, elle ne le connaissait pas et si elle était un minimum censé, elle n’accepterait pas, mais avait-elle vraiment le choix ? « Je vous jure que je ne suis pas un serial killer ! » Ajoutait-il amusé. Il était juste un criminel avec du sang sur les mains au sens littéral du terme, mais tuer pour le plaisir n’était pas sa came, puis malgré sa posture imposante, il ne paraissait pas menaçant, pas quand on ne le connaissait pas. « Mettez au moins votre téléphone en charge dans ma voiture quelques minutes afin d’appeler quelqu’un, mais ne restez pas ici toute seule. » Un moyen pour elle de trouver au moins une solution pour rentrer chez elle par ses propres moyens, puis maintenant qu’il était impliqué, il n’allait pas la laisser là sans être certain qu’une solution s’offrait à elle. La balle était dans son camp à présent.
La chance semblait l’avoir abandonné pour le reste de la soirée. Elle avait beau espéré de voir arriver un bus, elle savait pertinemment au fond d’elle qu’il lui fallait marcher jusqu’au centre-ville pour espérer trouver un moyen de rentrer chez elle. L’idée de regagner le bar lui traversa l’esprit, quitte à finir le reste de la soirée à picoler au moins elle y serait en sécurité. Elle était restée méfiante devant le seul homme qui s’était montré sympathique avec elle et elle regrettait bientôt la façon dont elle s’était montrée froide avec. Des vieux réflexes de femmes mariées probablement, parce que jusqu’à preuve du contraire elle appartenait encore à un homme. Son mariage n’était pas fini et une petite part d’elle espérait trouver une issue à cette situation devenue trop toxique pour les deux. Ça serait mentir de penser qu’elle n’aimait plus Eliott et comme beaucoup de couple ils avaient eu des hauts et des bas. Seulement les coups et les humiliations qui s’en étaient suivi avaient rompu quelque chose au fond de son âme sans qu’elle ne trouve encore le courage de le quitter. Nerveusement, elle tapait sur l’écran de son téléphone avec un petit espoir que ce dernier ne se rallume enfin. Avec un peu de chance, peut-être qu’elle verrait un Uber arrivait par je ne sais quel miracle. Elle se sentait pitoyable seule dans cet endroit et totalement vulnérable. Que lui était-il arrivé pour tomber aussi bas. De nature joviale, pleine de vie et plutôt drôle, ces temps-ci la parisienne n’était plus que l’ombre d’elle-même. Elle évitait au maximum de croiser son reflet du miroir, comme pour ne pas voir sa nouvelle réalité.
Totalement désespérée, elle plongea la tête entre ses mains en espérant trouver la force de se lever et de repartir dans son état. « Pas d’Uber en vu ? » il ne lui fallut pas longtemps pour reconnaître la voix du type qui l’avait accosté quelques minutes plus tard. Si d’ordinaire, elle se serait agacée devant son insistance, cette fois elle était prête à croire au miracle en le voyant face à elle. « Il a annulé la course… » soupire-t-elle, prête à lui demander son téléphone pour lui en commander un. Cependant, elle n’a pas le temps de formuler sa demande qu’il lui propose de l’avancer : « Vous allez dans quel quartier ? Je peux peut-être vous déposer, mon chauffeur est là. » aussitôt son regard s’illumina sans même qu’elle ne se pose la moindre question sur ses intentions. Avait-elle réellement le choix et était-elle vraiment en position de refuser cette offre. « Je vous jure que je ne suis pas un serial killer ! » elle n’en doutait pas, il n’avait pas réellement la tête de l’emploi et il faut croire que les tueurs en séries ne se promenaient pas dans des véhicules de luxe et n’avaient pas de chauffeurs. « Vous feriez ça pour une inconnue ? » demande t-elle en s’avançant vers lui. « Mettez au moins votre téléphone en charge dans ma voiture quelques minutes afin d’appeler quelqu’un, mais ne restez pas ici toute seule. » elle secoua la tête, après tout qu’est ce qu’elle avait à perdre : « Pourquoi pas… je ne voudrais pas abuser mais ça me rendrait service. » souffle t-elle, s’engouffrant finalement dans le véhicule. « J’habite à Bayside mais si vous pouvez juste m’avancer jusqu’à Logan City, je pourrais probablement avoir plus de chance avec les taxis. »
Il n’était pas étonné en entendant qu’elle vivait à Bayside, le petit coin de paradis proche de Brisbane et pourtant il n’était pas du genre à utiliser ce genre de service, mais il savait que certains quartiers étaient mal desservis et celui-ci en faisait partie. « Je suis vraiment désolé d’apprendre que votre soirée ne se déroule pas comme voulu, du moins je présume. » Elle n’imaginait pas finir sa soirée assise à un abribus à discuter avec inconnu. « Vous devriez faire une réclamation, c’est quand même aberrant qu’un chauffeur annule la course ainsi. » Qu’il ajoutait en s’exclamant. Un chauffeur qui devait sûrement être pris par la paresse ou par la peur de fréquenter le coin à cette heure-ci. Il en savait quelque chose Mitchell, puisque les rues qui entouraient l’abribus faisait partie de son terrain de chasse. Avant l’arrivé de la Ruche dans les rues, les dealers étaient posté à chaque coin de rue pour vendre la marchandise du Club et c’était d’ailleurs ce type de fréquentation qui avait rendu le coin peu fréquentable, attirant les drogués et dérangés dans ces rues. Durant un petit instant il se demanda même si elle ne faisait pas partie des clients, mais son éloquence ne manqua pas de le faire penser autrement. « Pourquoi pas, puis nous ne sommes pas vraiment des inconnues puisqu’on s’est croisé un peu plus tôt devant le bar » un petit sourire en coin accompagnait ses dires. C’était elle qui lui demandait s’il rendrait ce service à une inconnue et ça l’amusait, car c’était lui qui aurait dû lui poser ce genre de question alors qu’elle acceptait sans grande difficulté sa proposition. « Et vous ? Monter dans la voiture d’un inconnu … vous n’avez pas l’air craintive. » Remarquait-il avec le sourire.
Bayside. Un des beaux quartiers de Brisbane. Il ne s’était donc pas trompé en principe sur son compte et la raison de sa présence dans le coin le turlupinait encore plus, mais il n’en dit rien, dans l’immédiat du moins. Il lui ouvrait la portière l’invitant à prendre place avant d’en faire de même. Il jetait un œil à Marco qui le gratifiait d’un sourire rapide, se concentrant d’un seul coup ailleurs pour ne pas paraître indiscret au près du boss. Mitchell tournait finalement son regard vers la femme assise à côté de lui. « Ça ne me dérange pas de vous déposer chez vous. » il avait de toute façon que ça à faire à cette heure-ci. « Puis l’air marin est plutôt bon après avoir consommer quelques verres apparemment, donc ça ne me fera pas de mal. » Personne l’attendait à la maison et passer du temps autrement lui ferait du bien. Il n’était peut-être pas saoul, mais l’alcool était bien présent. Plusieurs verres descendu en quelques heures, il réagissait tel un alcoolique tenant bien l’alcool, logique quand on en boit souvent, voir même tous les jours. « Marco va noter votre adresse sur le gps » un moyen de l’inviter à donner son adresse, ou du moins l’adresse à laquelle elle voulait être déposé. « D’ailleurs moi c’est Mitchell » se présenter était la moindre des choses s’ils devaient partager plusieurs minutes au sein du même véhicule.
Sofia et son époux étaient symbole de réussite pour ceux qui les entouraient. Si beaucoup s’interrogeaient sur le fait que le couple n’ait jamais pensé à agrandir leur famille, peu de monde osait leur poser la question. Les français avaient la réputation de transformer en or tout ce qu’ils touchaient, et hors de question pour la jeune femme de perdre quoique ce soit. Elle avait été élevé dans le travail et elle se donnait beaucoup de mal dans ses tâches quotidiennes pour ne rien laisser au hasard. Son mari avait fait fortune dans un logiciel qu’il vendait à de nombreuses sociétés et entreprises et qui devint rapidement indispensable pour toutes les grandes boîtes australiennes. Leur maison n’était qu’un pâle reflet de tout ce qu’ils avaient entrepris. Si Sofia préférait rester discrète sur sa réussite, son mari ne manquait pas de collectionnait les plus belles voitures dans leur parking pour faire jalouser leurs invités. La jeune femme ne voyait pas les choses de cette façon, éduquée par une mère qui avait jadis connu la grande misère, l’humilité avait été une qualité clé dans son éducation. Son image comptait mais elle ne cherchait jamais à en faire trop. Ainsi, il n’avait jamais été question d’engager un chauffeur privé capable de l’attendre jusqu’aux heures les plus tardive. À la manière de Madame tout-le-monde elle utilisait des applications tel qu’Uber, ou Deliveroo pour les jours de grandes flemmes. Elle mettait un point d’honneur à rester simple malgré ce qu’elle était réellement. Bien que la situation l’exaspéré au plus haut point, elle finit par décrocher un sourire au gentleman venu lui prêter main forte. « Je devrais… » répéta t-elle lorsqu’il lui proposa de faire une réclamation contre le chauffeur qui l’avait lâchement abandonné. Pouvait-on réellement le blâmer ? Personne ne s’aventurait dans le coin à une heure aussi reculée de la nuit et dans son cas, elle aurait probablement fait le même choix. Son regard avait fini par s’illuminer lorsque le bel inconnu lui proposa de la raccompagner. À aucun instant elle n’eut l’impression de se mettre en danger, ni même de faire un mauvais choix. Ces temps-ci, elle ne prenait pas la peine d’analyser réellement les situations qui s’offraient à elle. Il y a quelques mois jamais elle n’aurait pris le risque de se perdre dans un endroit comme celui-ci à une heure aussi tardive. Son manque de discernement était probablement dû aux quelques verres qu’elle avait enchainé plus tôt dans la soirée. Elle savait très bien qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme et que son haleine empesté le whisky qu’elle avait ingurgité mais elle tentait de garder la face. « Je pensais que nous n’étions plus des inconnus… » le reprit-elle lorsqu’il remarqua qu’elle n’avait pas peur de le suivre. Un sourire taquin se dessina de nouveau sur ses lèvres. « Bayside s’il vous plait, au 49 street pine. » dit-elle au fameux Marco qui nota aussitôt son adresse sur son GPS. Son mari devait probablement l’attendre et s’inquiéter. Elle avait pris l’habitude de rentrer à des horaires pas possible et elle savait que tout la trahissait. « Je vous déconseille quand même d’aller nager dans ce cas. » dit-elle lorsqu’il lui parla de l’air marin de son quartier. Il lui arrivait très souvent de courir sur la côté ou de tremper ses pieds sur le bord de l’eau. « Enchanté Mitchell, moi c’est Sofia. » elle ne savait pas pourquoi, mais elle se sentait en sécurité dans cette voiture. Elle resta un moment silencieuse, regardant le paysage brisbanais qui défilait par la vitre avant finalement de se retourner vers l’américain : « Je… je ne suis pas comme ça d’habitude… Enfin je veux dire, je ne sais pas ce que vous avez pensé en me voyant seule là bas mais j’avais besoin de décompresser et de m’éloigner, prendre l’air… et je suis tombé sur ce pub. » elle je sentais obliger de se justifier, d’expliquer qu’elle n’était pas ce genre de femme bien qu’elle ne méprisait personne.
Elle lui offrait enfin un sourire alors qu’il affirmait qu’elle devrait déposer une réclamation contre le chauffeur Uber qui n’avait pas eu le courage de venir jusqu’ici pour honorer sa course, ce qui n’était pas étonnant, mais qui était lâche et peu professionnel. Fidèle à lui-même Mitchell n’avait pas manqué de lui apporter son aide, à croire qu’il avait été conçu pour tendre la main aux femmes en détresse. C’était d’ailleurs limite devenu une habitude pour lui au fil de toutes ces années passées à Brisbane. Il avait accueilli au sein du Club des âmes en détresse, des jeunes femmes qui n’avaient nul part ou aller, souvent accroc à la drogue et souvent à la rue. Il avait été là pour leur venir en aide, certes il ne leur proposait pas de vivre une vie sur le droit chemin, mais il leur offrait un toit et de quoi vivre convenablement en échange de leurs services pour le gang. Dealeuse, serveuse ou femme de compagnie pour hommes en manquent d’amour, il savait les convaincre pour qu’elles acceptent d’être aidé par le diable en personne. Un mauvais choix certain, mais qu’elles ne regrettaient pas toutes au final. L’Américain lui, dormait sur ses deux oreilles à ce sujet. Ce n’était pas très correct de sa part de profiter de la faiblesse d’autrui pour s’enrichir, mais c’était la loi de la rue et il n’avait jamais prétendu être un ange, bien au contraire. En observant Sofia, il apercevait une femme distingué, sûrement avec un fort caractère, le type de femme qui avait tendance à lui plaire, un profil qui ne correspondait clairement pas à ses critères de sélection pour son organisation criminelle et pourtant elle suscitait de l’intérêt chez le brun ayant pour grande faiblesse : Les femmes.
Il la gratifiait d’un sourire amusé lorsqu’elle utilisa ce qu’il avait dit en affirmant qu’ils n’étaient plus des inconnus. « Exactement, ravi d’entendre que vous pensez la même chose. » Qu’il disait sourire en coin avant de l’inviter à donner son adresse à Marco le chauffeur qui nota l’adresse sur le GPS aussi tôt celle-ci donnée. Mitchell fréquentait très rarement ce quartier de Brisbane. Il y était allé quelques fois lors de soirées poker organisé par des clients du Club et ce qu’il en avait vu l’avait plutôt charmé. Un quartier transpirant le bien être qui lui donnait souvent envie de rejoindre. Rien ne l’empêchait de le faire, mais pour lui Bayside était associé à une vie rangé et calme et son rythme actuel ne correspondait pas au train de vie qu’il espérait y avoir. « à vos risques et périls ! J’ai tendance à faire l’inverse de ce que l’on me conseil » Il utilisait un ton détendu et amusé, l’alcool jouait beaucoup sur cette bonne humeur qui au début de soirée n’était pas du tout présente. « C’est bon pour la circulation du sang l’eau froide. » Apparemment. Il plaisantait bien sûr, mais était totalement capable de plonger à cette heure tardive. « Ravi de faire votre connaissance Sofia. » Qu’il disait, laissant le silence s’installer durant un petit instant avant qu’elle reprenne la parole. Il plaçait sa main sur son épaule en la regardant dans les yeux. « Vous n’avez pas à vous justifier et si ça peut vous rassurer rien ne m’a choqué et je ne suis pas le meilleur pour me permettre de vous juger.» Pour ne pas dire que c’était limite une routine pour lui de voir ce genre de scène dans le quartier. « La vie n’est pas toujours tendre, il faut s’avoir s’évader et ce même si c’est dans un quartier peu fréquentable. » Petit clin d’œil pour lui rappeler qu’elle avait pris un risque en se baladant seule à une heure aussi tardive. « Que faites-vous dans la vie ? » Lui demandait-il avec le sourire, bien curieux d’en savoir plus sur elle. « Attendez ne dites rien, je vais deviner ! » Ajoutait-il avec un air joueur qui s’affichait sur son visage. « Vous êtes dans la mode ! » Il tentait de trouver, mais était sûrement à côté de la plaque et le regard de Marco dans le rétroviseur ne manqua de le lui faire remarquer.
Monter dans le véhicule d’un inconnu n’était clairement pas une chose qu’elle aurait fait en temps normal. Sofia était de nature prudente, d’ordinaire, elle évitait les excès et ne prenait que très peu de risque. C’était probablement pour cette raison qu’elle réussissait autant dans son travail, elle préférait ne pas laisser place au doute. Absolument tout était calculé, jusqu’à la plissure de sa jupe et son chignon trop tiré qui lui donnait un air plus strict. Elle était de ces femmes qu’on saluait pour sa prévoyance, sa perfection et sa capacité à rendre meilleure n’importe quel situation parce que dans le fond c’était ce qu’on lui avait toujours appris à faire. Sofia était doué pour les faux-semblants, son sourire cachait plusieurs non-dits. Elle faisait souvent preuve de diplomatie, parce que même lorsqu’elle était agaçait au plus haut point, elle ne levait jamais le ton. Elle cachait sa colère et ses frustrations du mieux qu’elle pouvait. À commencer par le bleu que son mari lui avait fait quelques jours auparavant, qu’elle camouflait sous une couche épaisse de fond de teint parce que non, elle ne se faisait pas battre. Elle n’était pas de ces épouses victimes pour qui elle semblait concilier un mélange de sentiment à la fois entre mépris et pitié. Elle refusait de regarder sa vérité pour ne pas s’effondrer et elle avait choisi d’imaginer un autre quotidien pour elle, en mettant de côté ses problèmes d’addiction. Son haleine empesté l’alcool et le chewing-gum à la menthe, qu’elle mâchait sans cesse dans l’espoir de camoufler le premier parfum. Bien qu’elle n’était pas dans son état normal, elle s’était glissée poliment dans la voiture au côté de Mitchell, tout en tentant de garder le contrôle sur ses réactions. Malgré tout, son naturel prenait le dessus et Sofia continuait à faire preuve de rigidité par peur d’en montrer un peu trop sur elle. « à vos risques et périls ! J’ai tendance à faire l’inverse de ce que l’on me conseil » elle aurait pu facilement parier dessus. L’américain avait l’air de savoir exactement où il mettait les pieds. Elle devinait clairement le type de personnage qui se cachait derrière cette barbe épaisse. La productrice avait toujours eu l’œil pour cerner ses interlocuteurs. Un don qu’elle avait développé grâce à son métier et les milliers de profils qu’elle avait épluché à chaque nouvelle émission. Du peu qu’elle avait vu, elle était presque sure que Mitchell était ce genre d’homme à qui personne n’osait dire non. Probablement un chef d’entreprise ou un héritier qui avait fait fortune dans un domaine de l’industrie ou de l’import/export. Ses mains étaient trop propre pour qu’elle l’imagine sur un chantier. « C’est bon pour la circulation du sang l’eau froide. » son sourire s’élargit de plus belle. Bizarrement, elle se sentait bien. Elle n’avait pas peur, ni de lui, ni du fait qu’elle était à moitié bourré et encore moins d’être dans un véhicule avec deux hommes qu’elle ne connaissait pas. À aucun moment, elle n’avait mis en doute la dangerosité du mafieux. « Ravi de faire votre connaissance Sofia. » elle hocha la tête poliment, alors que son regard s’évada quelques instants vers le paysage qui défilait, passant d’un quartier à l’autre de Brisbane. Plus elle s’approchait de chez elle, plus elle avait la sensation que son cœur se resserrait. Elle n’avait nullement envie de se retrouver devant sa vérité. Son téléphone était éteint depuis plusieurs minutes et elle imaginait Eliott comme un fou à faire les cent pas dans leur immense demeure. Elle ne l’avait pas prévenue qu’elle rentrerait tard et elle savait qu’il ne la laisserait pas tranquille une fois qu’elle dépassera le seuil de leur maison. Elle n’avait aucune envie d’avoir cette conversation, à vrai dire, elle n’avait pas envie de le croiser ni de lui parler. Ses angoisses prirent doucement le pas sur elle, et comme pour masquer un peu plus sa réalité, elle tenta de faire diversion en relançant la conversation avec Mitchell. « Vous n’avez pas à vous justifier et si ça peut vous rassurer rien ne m’a choqué et je ne suis pas le meilleur pour me permettre de vous juger… La vie n’est pas toujours tendre, il faut s’avoir s’évader et ce même si c’est dans un quartier peu fréquentable. » ses paroles étaient rassurantes, tout comme la main qui s’était déposée délicatement sur son épaule. Elle ne le chassa pas, malgré qu’ils ne se connaissaient pas totalement pour établir un quelconque contact physique. À vrai dire, elle avait besoin de ce contact. Au fond, elle espérait seulement qu’une main lui soit tendue et qu’elle puisse se plonger dans des bras réconfortants pour se consoler. Elle aurait aimé que quelqu’un la rassure et lui dise que tout cela n’était que passager et que bientôt elle retrouverait sa vie d’avant. Au lieu de ça, elle masquait chacune de ses faiblesses ne laissant aucune chance aux gens de deviner que ça n'allait pas. « Que faites-vous dans la vie ? » elle n’eut pas tellement le temps de répondre qu’il l’arrêta aussitôt pour tenter de deviner ce qu’elle faisait. « Vous êtes dans la mode ! » son visage s’illumina aussitôt, alors qu’elle ne put s’empêcher de lâcher un petit rire.« Pas du tout ! » Il n’avait pas totalement tord, elle avait grandi dans la mode et cela expliquait son gout prononcé pour le raffiné et l’élégant. Sa mère était styliste et petite, elle avait été entrainé dans plusieurs défilés. « Je travaille dans l’audio-visuelle. Je suis productrice d’émission de télévision. » dit-elle mettant aussitôt fin à cette devinette. « Et vous ? Qu’avez-vous inventé ou lancé pour rouler dans une aussi jolie voiture ? » Elle reconnut les premières maisons au loin de sa rue. Elle ne voulait pas rentrer chez elle malgré l’heure. Elle déposa de nouveau son regard sur Mitchell et comme un appel à l’aide elle lui demanda : « Vous voulez toujours profiter de l’air marin de Bayside ? Je connais un endroit charmant que peu de gens connaissent. Ça vous dit qu’on y aille ? » elle espérait du fond du cœur qu’il n’ait rien prévu pour le reste de sa soirée «… enfin si vous n’avez rien d’autre à faire, évidemment. »
Malgré son milieu peu fréquentable, l’Américain avait toujours eu le don de se fondre dans la masse. Quiconque avait fréquenté son restaurant sans savoir ce qui se cachait derrière l’entreprise familiale ne se doutait qu’en réalité, un gang évoluait au sous-sol même. Il avait le don de se faire apprécier par autrui par sa facilité à communiquer. Il n’était pas le cliché même d’un gangster, bien que quiconque regardait les détails pouvait facilement penser une telle chose. Sa barbe, ses tatouages, les cicatrices présentes sur son corps, bien des preuves à son appartenance au milieu obscure et pourtant, il s’habillait de manière convenable et éloquait sans grandes difficulté avec des gens de tout milieu. L’immobilier lui avait permis d’ouvrir une porte supplémentaire, fréquentant un monde qui était à l’opposé de ce qu’il avait connu. Un monde que sa famille avait autrefois côtoyé avant la faillite du paternel. Il passait pour un homme d’affaire respectable et ça lui plaisait de mettre de côté cette image de malfaiteur qui lui collait à la peau depuis tant d’année et particulièrement en ce moment, alors que le gang tournait difficilement et que les troupes se posaient de nombreuses questions au sujet de leur chef. Sofia faisait clairement partie du monde qu’il touchait du doigt, aucun doute là-dessus. Elle vivait dans les beaux quartiers et dégageait une classe incontestable, malgré le fait qu’elle avait sûrement bu bien plus qu’elle ne l’aurait du. Il n’était pas le mieux placé de toute façon, il avait beau vouloir faire bonne figure, il transpirait l’alcool autant qu’elle. Facilement l’ambiance était devenue plus sereine, alors que la brune s’était montré peu bavarde en premier lieu. Mitchell avait tenté d’apaiser l’atmosphère en plaisantant, ne manquant pas de se lancer dans un jeu de devinette pour découvrir ce qu’elle pouvait faire dans la vie. Il s’était imaginé bien des domaines et pourtant lorsqu’elle lui annonça être productrice il ne cacha pas son air surpris. « Productrice ? » Qu’il disait en hochant la tête de haut en bas avec un sourire. « Pas mal ! Vous devez en côtoyez du beau petit monde j’imagine.» Et ça confirmait la première impression qu’il avait eu sur elle, mais une question lui venu rapidement. « Je me fais peut-être des idées, mais vous ne devriez pas avoir votre propre chauffeur ? » Qu’il demandait avec un air taquin. Il l’imaginait gagner plutôt bien sa vie et si elle côtoyait réellement le monde people, elle devait sûrement avoir son propre chauffeur, voir même un garde du corps. Il haussait les épaules comme pour chasser ses propres réflexions. A son tour elle s’intéressa aux activité de l’américain et c’est avec beaucoup de naturel qu’il répondit. « J’aurais aimé avoir inventé quelque chose, mais mon truc c’est plutôt l’immobilier. » Et le Traffic d’arme, la drogue et la prostitution qu’il se disait à lui-même dans sa tête. « J’investis dans l’immobilier depuis pas mal d’année. » Il ne lui disait pas tout, mais ne mentait pas. En arrivant dans le quartier de Bayside il ne manqua pas d’observer les belles maisons. Il avait les moyens d’acheter ici, mais pour lui, acheter ici, signifiait y vivre et il n’était pas arriver à un stade de sa vie ou il s’imaginait vivre ici au milieu de nombreuses famille. C’était peut-être paisible comme coin, mais son activité qui elle était mouvementé ne lui permettait pas de s’installer dans un lieu comme celui-ci ou chaque voisins devaient s’intéresser à la moindre mouche volant. Ils approchaient petit à petit vers la maison de Sofia et contre toute attente, elle lui proposa d’aller profiter de cet air marin dont il parlait un peu plus tôt. Il la regarda quelques secondes avant de répondre. Il ne réfléchissait pas vraiment à sa proposition, mais il se demandait ce qui avait bien pu arriver à cette femme, pour qu’elle se mette dans un état pareille et surtout pour qu’elle se retrouve seule, puis dans la voiture d’un parfait inconnu. « Oui allons-y, j’aurais juste un peu de mal demain matin, mais on a qu’une vie non ? » Qu’il disait avec le sourire, donnant les instructions à Marco pour qu’il suive l’adresse donné par Sofia. Durant les quelques mettre parcouru, il en profita pour sortir une bouteille de whisky présente sous son siège. « Un petit verre ? » Qu’il proposait avant que la voiture s’arrête. Il s’empressa de sortir de la voiture pour ouvrir la portière du côté de son invité, la laissant sortir de la voiture avant de reprendre. « Par contre je n’ai pas de verre. » Qu’il ajoutait, pensant que la dérangerait sûrement de boire à la bouteille et surtout de la partager avec un parfait inconnu. Il précisait à son chauffeur qu’il l’appellerait en temps voulu et observa le véhicule s’éloigner avant de replonger son regard dans celui de Sofia. « Je vous suis.» Il lui offrait un sourire et s’allumait une cigarette avant de lui en tendre une.
À aucun instant elle ne s’était méfié sur l’identité de son accompagnateur. Cela était probablement dû à son taux d’alcoolémie. Comme elle s’était accoutumée à le faire, Sofia avait de nouveau fait le choix de ne rentrer chez elle qu’une fois totalement ivre. L’alcool l’aidait à tenir, bien qu’elle le regretterait probablement au petit matin. Le fait est qu’elle ne voulait pas se retrouver nez à nez avec son bourreau était devenu une bonne excuse pour elle de s’enivrer jusqu’à la perte quasi-complète de mémoire. Pourtant, ce soir, elle était encore capable de se tenir debout, tout comme elle avait réussi à utiliser convenablement son téléphone pour commander son taxi. Un taxi qui n’arriva jamais, bien trop craintif de ramasser cette pauvre femme rôdant dans un quartier peu fréquentable. Une chance pour elle d’être tombée sur Mitchell. Jusque-là, il lui avait semblait réglo. En plus d’être courtois, il lui avait gentiment proposé de l’accompagner jusqu’à chez elle et elle n’était pas insensible à cette attention. Très vite, elle mit de côté son bouclier de protection, se laissant d’avantage aller à la conversation le temps du trajet. Au fil du temps, il avait su la mettre à l’aise jusqu’à qu’elle en oublie qu’ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps. « Productrice ? » Son métier étonnait bien souvent. C’est vrai qu’elle n’avait pas réellement la tête de l’emploi. Elles n’étaient pas beaucoup à exercer ce métier, bien plus masculin qu’on ne voulait le croire. « Pas mal ! Vous devez en côtoyez du beau petit monde j’imagine. » elle avait croisé plusieurs célébrités locales mais également mondiale depuis qu’elle faisait ce métier. Elle avait eu la chance de se prendre en photo avec plusieurs d’entre elle et s’était même offerte le luxe de discuter avec l’un de ses acteurs préférés. Néanmoins, elle avait toujours mis un point d’honneur à toujours rester professionnelle et ne montrait que rarement son admiration pour les gens qu’elle croisait. « Oui, c’est vrai. » répondit-elle simplement sans pour autant étaler la liste impressionnante de personnalités qu’elle avait croisé au court de sa carrière. « Je me fais peut-être des idées, mais vous ne devriez pas avoir votre propre chauffeur ? » Sofia gagnait très bien sa vie et sa maison faisait quasiment la taille d’un palace. Elle avait de quoi se mettre à l’abri pour le restant de sa vie mais cela n’avait jamais été une raison pour vivre dans l’opulence. Elle n’avait jamais eu besoin de chauffeur ou d’hommes de main pour la seconder. Elle n’avait qu’une femme de ménage qui passait plusieurs fois par semaine chez elle pour y mettre un peu d’ordre. Et lorsqu’il faisait beau, son mari faisait venir quelques hommes pour rafraichir leur pelouse et nettoyer l’eau de leur piscine. Mis à part cela, elle avait l’habitude d’emprunter sa propre voiture pour se téléporter d’un endroit à l’autre et elle ressentait une totale liberté de se retrouver seule derrière un volant. Elle en rit presque de sa question, c’était mal la connaître effectivement. « Oh non, pas du tout. J’ai mis 5 ans à avoir mon permis… » en France, il était plus difficile de passer sa conduite qu’en Australie. Elle avait l’impression d’avoir mérité durement ce diplôme pour le gâcher. Elle lui retourna la question de savoir ce qu’il faisait de sa vie. Elle n’était pas passé très loin avec ses suppositions. « C’est bien l’immobilier. » dit-elle en s’intéressant réellement à ce qu’il disait, bien que dans le fond, elle devinait quelques cachoteries dans son discours. Par politesse, elle décida de ne pas creuser plus loin par peur de l’agacer avec ses questions. Au lieu de cela, elle lui proposa de faire une balade nocturne qu’il ne refusa pas. « Oui allons-y, j’aurais juste un peu de mal demain matin, mais on a qu’une vie non ? » ils seraient deux dans ce cas. Elle commençait ses premières réunions très tôt et elle mettait un point d’honneur à paraître fraiche malgré tout. « Un petit verre ? » c’était mal la connaître de penser qu’elle refuserait. Ils descendirent de la voiture et elle retira aussitôt ses talons pour plonger ses pieds nus dans le sable froid de la plage. « Par contre je n’ai pas de verre. » elle lui adressa un petit sourire du coin avant de lui prendre la bouteille des mains pour y poser ses lèvres. Elle n’avait pas l’intention de jouer les prétentieuses. Pas ce soir en tout cas…« On va dire, qu’on fait ça à l’américaine. » dit-elle en lui lançant un petit clin d’œil et en lui retendant son whisky. L’accent du mafieux ne trompait pas sur ses origines et bien qu’elle était elle aussi étrangère, elle savait parfaitement reconnaître les australiens des autres. Elle s’enfonça un peu plus loin vers la plage, attirant l’homme vers un gros rocher. « C’est ici qu’Ariel a trainé Eric pour la première fois. » Elle n’était absolument pas certaine de son anecdote, mais ça ne l’empêchait pas de la raconter. « Et il paraît que les soirs de pleine lune, si on a suffisamment bu, on peut l’entendre chanter. » continua-t-elle, l’air totalement imperturbable. Elle ne croyait pas réellement à ce qu’elle disait mais cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi légère. Était-ce à cause de cette soirée farfelue ou parce qu’elle avait simplement esquivé son époux pour quelques minutes supplémentaires. « Mon seul désir, vivre à tes côtés, mon seul espoir…rester là près de toi… lalalala lala » fredonna t-elle totalement ivre.
« Un domaine durable. » Heureusement pour lui, l’immobilier faisait réellement partie de sa vie. Il était doté d’un très bon jeu d’acteur, sûrement l’héritage de son pays. Il gardait sa réelle activité pour lui et c’était contenté de ne pas s’éterniser sur le sujet pour ne prendre aucun risque. « C’est pas ce que je m’imaginait faire à la base, j’étais plutôt branché moto. » La moto faisait partie de son passé, un passé qu’il s’efforçait à oublier et pourtant il y pensait en ce moment-même, à se passer qu’il aurait pu avoir. Il serait sûrement pas en Australie actuellement si ça avait été différent. « La vie nous réserve de belles surprise ! » Il songeait aussi au fait qu’il se trouvait à bord de sa voiture avec cette parfaite inconnue qui n’était pas déplaisante à regarder et qui égayait sa soirée par sa présence. Elle venait casser cette routine qui s’était installé dans la vie du brun, une routine qui devenait pesante. « Vous avez raison, puis être indépendante c’est bien, sauf quand ça ne se passe pas comme prévu ! » Il la taquinait et ne manquait pas de rire légèrement. Sourire en coin il penchait la tête sur le côté lorsqu’elle lui fit facilement comprendre qu’elle avait compris qu’il était Américain. Lui qui pensait qu’avec le temps son accent se serait atténué, visiblement ce n’était pas le cas. « Est-ce que vous insinué que les Américains sont mal poli ? » Il ne souhaitait pas entrer dans une confrontation, bien au contraire, le ton qu’il utilisait était rempli d’humour et de bonne humeur. « Je vois en tout cas que vous avez une très bonne ouïe, je me donne un mal fou pour me fondre dans la masse et vous en quelques minutes vous découvrez mon plus grand secret. » Il marquait une petite pause. « Je crois que je vais devoir vous tuer. » Ses pieds dénudés s’enfonçaient dans le sable fin, un sable qui était frais à cette heure-ci. Le bruit des vagues raisonnait et l’air marin se faisait ressentir. Il tournait la tête vers Sofia avant de reprendre la parole. « Et vous, vous êtes d’ici ? » Il n’avait clairement pas la même ouïe que la brune, mais au moins il posait la question. Ils arrivaient aux abords d’un gros rocher éloigné de la route passante –qui était déserte à cette heure-ci. Mitchell savourait le silence des lieux, appréciait chaque brise qui attaquait son visage. « C’est vraiment agréable ici ! » Qu’il disait avant d’écouter le récit de la productrice. Il l’écoutait presque trop attentivement lorsqu’elle raconta sa petite histoire sur la petite sirène, buvant une gorgée tous les quelques mots, il jette un œil à ce rocher et imagina durant quelques secondes la réaction qu’il aurait si l’histoire de Sofia était vrai. Lorsqu’elle se mit à chanter, il ne put l’accompagner, mais ne manqua pas de lui faire part de son amusement face à la scène. « la petite sirène peut aller se rhabiller ! Wouhou ! » Qu’il hurlait, ne se rendant clairement pas compte du son de sa voix. L’alcool faisait son effet et la vie lui paraissait d’un seul coup plus rose. Pour une fois il ne réfléchissait pas avant de parler, il ne jouait pas un jeu, il se laissait juste aller. « Visiblement on n’a pas du assez boire pour l’entendre. Qu’il ajoutait en tendant la bouteille à Sofia. Il regardait en direction des vagues qui échouait sur le sable à peine visible, seul le reflet de la lune permettait d’y voir quelque chose. Il tendait l’oreille en souriant bêtement. « ça ne serait pas vous la petite sirène ? » Il se tournait vers elle en croisant les bras. « On a bu et vous avez chanté !» Il avait presque l’air sérieux en disant cela. « Et du coup Éric c’est qui ? » Qu’il demandait finalement, n’ayant jamais vu ce dessin animé, lancé sur le sujet, la curiosité le piqua.
À aucun moment, elle n’avait imaginer sa soirée dévier autant. Monter dans la voiture d’un parfait inconnu ne lui ressemblait pas, pas plus que de lui faire la causette. En temps normal, Sofia était une femme extrêmement occupée au point d’en devenir méprisante avec le reste de la planète. Il était souvent question de son travail et il était rare de la voir réellement s’intéresser aux vies des autres. Pourtant, piqué de curiosité, elle questionna le bel américain sur sa profession. Ils devaient probablement avoir quelques amis en communs, Brisbane n’était pas aussi grande qu’on le pensait, surtout lorsqu’il était questions de ses quelques privilégiés. « C’est pas ce que je m’imaginait faire à la base, j’étais plutôt branché moto. » elle n’avait jamais grimpé sur le dos d’un deux roues. Disons que de là où elle venait, ça ne faisait pas genre pour une femme de son rang de se retrouver sur une moto. « Je rêverai d’en faire un jour… » avoua-t-elle presque morose. Néanmoins, elle avait réussi à négocier très tôt sa première voiture grâce à ses notes. Sofia avait toujours cherché à être indépendante dans un milieu où on lui avait refusé toutes ses libertés. Son père n’était pas réellement réputé pour son ouverture d’esprit et après la mort de sa femme, il avait étouffé la jeune femme. Son mariage avait été un échappatoire, une manière de prouver à son père qu’elle était capable de faire de bon choix et qu’il n’avait plus à s’en faire pour elle. Triste ironie, lorsqu’on savait comment son époux la traitait. Il y avait quelque chose de totalement léger dans cette rencontre. Sofia avait la sensation que quoi qu’elle ferait ou dirait, elle ne serait pas juger. Elle ne se sentait pas obliger de sauver les apparences, elle était complétement ivre et dans le fond, elle s’en fichait. Elle avait réussi à retarder son retour à la maison et avec un peu de chance son bourreau dormirait déjà à point fermer. Elle n’aura de compte à rendre à personne et tant pis si son haleine empestait le vieux whisky associé au rhum. Son rire se faisait entendre sur toute la plage, elle avait envie de crier, de se sentir libre, de faire tout ce qu’elle ne s’autorisait pas à faire d’ordinaire. « Est-ce que vous insinué que les Américains sont mal poli ? » la bienséance voulait qu’elle rectifie son propos, mais son rire la trahit aussitôt : « Disons que… » elle ne trouva pas réellement les bons mots pour corriger sa maladresse mais le sourire de Mitchell la rassura, puisqu’il ne cherchait qu’à la taquiner. « Je vois en tout cas que vous avez une très bonne ouïe, je me donne un mal fou pour me fondre dans la masse et vous en quelques minutes vous découvrez mon plus grand secret... je crois que je vais devoir vous tuer» elle avait toujours été doué pour démasquer quelques accents. L’américain et le français était généralement ceux auxquels elle était le plus sensible. « Me tuer, carrément ? » demanda t-elle l’air faussement offusquée. « Et vous, vous êtes d’ici ? » cela faisait bien longtemps qu’elle ne se sentait plus réellement d’ici ni de là bas. Ces temps-ci la jolie française avait du mal à trouver sa place. « Oui… » dit-elle avant de se rétracter aussitôt : « Enfin non, mon père est français et ma mère était dominicaine. Je suis arrivée à Brisbane il y a une bonne dizaine d’années… » se contenta-t-elle d’expliquer, omettant d’expliquer qu’elle avait dû suivre son mari en mission. Elle adorait l’endroit qu’elle s’apprêtait à lui montrer, elle l’avait découvert un soir après avoir fugué de chez elle pour prendre l’air. Elle s’y sentait depuis en sécurité. Elle ne voulait pas penser à cela et se laisser emporter par la fougue du moment. Une douce folie l’emporta doucement, alors qu’elle laissait sa petite voix chanter pour ce parfait inconnu. L’alcool l’avait totalement inhibé de sa timidité. « la petite sirène peut aller se rhabiller ! Wouhou ! » elle se mit à rire, récupérant le flacon de whisky pour en prendre une autre gorgée, elle décida d’accompagner le grand gaillard dans ses cris : « Wouhou !!!!! » hurla t-elle à son tour. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien. Elle rigolait, elle criait et surtout elle s’en fichait de ce qu’on pouvait bien penser d’elle à ce moment. « ça ne serait pas vous la petite sirène ? » elle lui lança un petit regard taquin sans réellement répondre à sa question, comme si elle cherchait à installer un peu de suspens. « On a bu et vous avez chanté !» il semblait trouver de la cohérence dans sa folie. Elle resta muette, tout en grimpant sur l’un des rochers. « Et du coup Éric c’est qui ? » elle ne pouvait pas le blâmer de ne pas connaître Eric. À son grand âge, la sirène était déjà passé de mode. Elle avait eu la chance de jouer les baby-sitter à une époque, ce qui lui permis de s’intéresser aux personnages de Disney. « C’est, peut-être vous… » dit-elle, avant de glisser finalement et tomber directement dans les bras du bel homme.
Il prenait part à sa folie, il laissait le gangster à la porte et se comportait presque naturellement, l’alcool venant interférer sa paranoïa habituelle, il se sentait à l'aise et comptait bien profiter de cet instant avec cette inconnue. Ça faisait un moment qu'il avait pas pu souffler, qu'il n'avait pas pu être lui-même et ça faisait un bien fou. Il laissait les problèmes du Club derrière lui, tout comme les histoires avec son frère qui n'avaient pas manqués de le rendre particulièrement déprimé ces derniers temps. «Ne vous en faites pas, je plaisante. J’avoue que les américains ne font pas partie des plus raffinés, mais il parait qu’ils sont bons au lit, ça compense non ?» Ce n'était pas la première à penser cela des Américains, mais ça te l'atteignait pas du tout. Chaque pays avait ses défauts et surtout sa réputation. « non je ne ferai pas mal à une mouche ! » Son visage angélique était digne des plus grandes comédies. Il n'avait pas vraiment besoin de se forcer à mentir, puisqu'il avait fait ça toute sa vie. C'était devenu une seconde nature le mensonge et il était difficile de voir que cet homme avait énormément de sang sur les mains. Il cachait plutôt bien son jeu et se montrait sympathique sans aucune difficulté. Difficile de s'imaginer le monstre qui se cachait derrière cette façade. Il en apprenait plus sur ses origines et ne manqua de sourire en apprenant qu'elle venait de France. « Les français sont réputé pour être de gros radin ! » Il ne pouvait pas s'empêcher de lancer un petit pic au sujet des français, avec humour toujours. Il avait rarement croisé la route de français, mais en avait toujours gardé une très bonne image. « Et là je suis en train de me dire que je dois avoir la pire ouïe du monde ! Française et Dominicaine, intéressant. »Il la gratifiait d'un sourire avant de très vite reprendre. « Je n’ai pas eu l’occasion d’aller en France, pourtant j’ai souvent été en Europe. La République Dominicaine c’est un paradis sur terre ! » Il y était allé quelques fois pour trouver du bon rhum à proposer dans son bar clandestin et il avait apprécié chacun de ses séjours. Il s'était retrouvé non bien loin du territoire Américain ou il n'avait pas mis les pieds depuis plus de quinze ans. Lorsqu'il pensait à son passé là-bas il n'arrivait à se souvenir des bons moments, il y voyait le drame qu'avait subi les Strange, puis sa fuite jusqu'en Australie ou il avait trouvé une certaine paix avec lui-même. En arrivant à Brisbane il s'était juré de ne plus jamais fuir de la sorte. « Et qu’est-ce qui vous a poussé à établir domicile en Australie ? Ne me dites pas les kangourous ! » Qu’il plaisantait. Peut-être qu'elle y avait trouvé refuge, ou étais-ce pour raison professionnel, beaucoup d'expatrié venait ici pour se donner une nouvelle chance. Il était curieux d'en savoir plus.
La folie était bien présente et alors qu'elle chantait, Mitchell l'encouragea avant de rire en choeurs avec la Française. Heureusement, ils étaient seul aux abords de la plage, quiconque les surprendraient les prendraient pour des fous qui parlent de la petite sirène et des ivrognes. Il entrait dans son jeu en prétendant que c'était elle la petite sirène et son regard taquin ne manqua pas de faire sourire le criminel qui s'empressa de demander qui était Éric tout en observant Sofia grimper sur un rocher, se tenant assez prés de celui-ci pour la rattraper au cas ou . Il n'avait aucune idée de qui était ce Eric, mais il en déduisait qu'il devait occuper une place de choix dans la vie de la petite sirène. D'un seul coup elle glissa et Il l’a rattrapa avec beaucoup de facilité, mais non sans crainte, il plongea son regard dans le sien quelques secondes sans un mot. Elle est belle et il ne pouvait pas le nier. «Je peux être qui vous voulez.» Il sentait la chaleur de son corps proche du sien, il s’éloignait du rocher avant de la déposer sur le sable. « Vous êtes banni du Rocher madame la petite sirène, je n’aimerais pas que votre beau visage se retrouve amoché après une vilaine chute » Il allumait une énièmes cigarette, sûrement celle de trop pour ce soir, en tendant une à Sofia par la même occasion avant de regarder vers la mer sans ajouter un mot de plus, profitant de la sérénité qu'apportait l'air marin.
Que savait-elle réellement de l’homme qui l’accompagner ? À vrai dire pas grand-chose si ce n’est son prénom et son origine. Et c’était cela qui faisait le charme de leur rencontre. Ils n’avaient pas à s’en faire de passer un moment ensemble alors que l’un comme l’autre devait probablement traîner quelques casseroles derrières eux. Elle avait la sensation de retomber vingt ans en arrière, lorsqu’elle avait été étudiante et qu’elle n’avait pas à s’en faire réellement de ses fréquentations. Elle qui avait pour habitude que sa petite vie bien rangée lui soit entièrement dictée, se permettait ce brin de folie avec cet inconnu. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas autant ri qu’importe qu’elle soit bourrée ou non d’ailleurs. La vérité c’était qu’elle s’amusait comme une petite folle sans se soucier de l’après qui l’attendait surement. «Ne vous en faites pas, je plaisante. J’avoue que les américains ne font pas partie des plus raffinés, mais il parait qu’ils sont bons au lit, ça compense non ?» il avait osé venter ses mérites, ce qui fit à la fois rire et rougir la jeune femme sans qu’elle ne réussisse à mettre quoique ce soit en doute. « je crois… oui. Je le saurais pour la prochaine fois. » le raffinement n’était clairement pas dans ses cordes mais ça lui plaisait de changer un peu des faux-semblants et des langues de bois qu’elle avait pour habitude de fréquenter. S’en était suivi une discussion autour de leur origines, elle éclata de rire lorsqu’il parla de la générosité des français. Il devait probablement parler des maigres pourboires qu’ils avaient l’habitude de laisser à ces pauvres serveurs debout toute la journée. Il n’avait pas tord, Sofia avait toujours trouvé que ses compatriotes étaient un peu radin sur les bords. « Je n’ai pas eu l’occasion d’aller en France, pourtant j’ai souvent été en Europe. La République Dominicaine c’est un paradis sur terre ! » elle n’avait jamais été en République Dominicaine. Sa mère avait rompu avec son pays natale et elle était morte bien trop tôt pour faire découvrir leur racine à la jeune femme. « Il faut que vous y alliez un jour. C’est très beau et nos vins n’ont rien à envier à ce malheureux whisky… » dit-elle en avalant une petite gorgée de l’élixir. Elle avait parfois le mal du pays, surtout ces temps-ci où tout lui semblait noir et triste. « Et qu’est-ce qui vous a poussé à établir domicile en Australie ? Ne me dites pas les kangourous ! » elle ne voulait pas évoquer son mari pour une fois, elle ne voulait plus qu’il existe parce qu’elle avait peur que la conversation ne reprenne un ton solennelle lorsque Mitchell découvrirait qu’elle était mariée. « Je préfère les Koalas… mais non, je suis venue pour le travail. Disons que je m’ennuyais un peu à Paris et que j’ai voulu changer d’horizon. » ce n’était pas totalement un mensonge, malgré qu’elle n’avait pas eu réellement le choix pour venir. Elle s’était habituée à Brisbane et ne s’imaginait pas quitter de sitôt cet endroit.
Elle se montrait sous un jour qu’elle n’avait elle-même pas connaissance. Sofia était de nature souriante, drôle et plutôt sociable mais la plupart du temps elle n’était pas naturelle. Chacun de ses faits et gestes étaient parfaitement calculés. Bien trop bourrée, elle manqua de tomber, heureusement pour elle Mitchell la rattrapa. Elle resta bloquer un instant, plongeant son regard dans le sien. Pendant un instant elle eut la sensation d’être spéciale. Cela faisait bien longtemps que quelqu’un ne l’avait regardé de la sorte. «Je peux être qui vous voulez.» elle se saisit aussitôt, alors qu’il la porta jusque sur le sable. Elle eut un rire un peu perdu se sentant presque ridicule. « Vous êtes banni du Rocher madame la petite sirène, je n’aimerais pas que votre beau visage se retrouve amoché après une vilaine chute » il n’imaginait pas une seconde le poids de ces paroles. Ça ne serait probablement pas la première fois qu’elle se verrait dévisagée. Son sourire s’effaça presque laissant place à une douce mélancolie qui la plongea dans ses propres démons. Gentiment, elle refusa la cigarette qu’il lui tendait alors que son regard se perdit aussitôt vers l’horizon. « Et demain, on aura déjà tout oublier de cette soirée… On reprendra chacun notre chemin et on devra retourner à notre routine. » elle ne voulait pas rentrer chez elle mais elle sentait la fin approcher. Et si tout cela n’était finalement qu’un rêve ? Et si son esprit torturé avait imaginer cette parfaite soirée pour l’éloigner de propre quotidien. « Et je n’ai pas envie d’oublier… »