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crédit/ (rostovarps/tumblr) ✰ w/ @Evelyn Pearson

Comme tu l’as indiqué à Evelyn lors de vos nombreux échanges de messages, nombreux semble être le bon adjectif, tu as arrêté de compter, te contentant d’esquisser un sourire face aux réponses de l’organisatrice de mariage – tu es toujours occupé au mois de Février. C’est le mois de l’amour, l’amour avec un grand A, l’air devient un peu plus léger, il y a du chocolat sur toutes les étals des magasins, on vend des roses absolument partout et évidemment, les demandes en mariages se multiplient, de même que les mariages en eux-mêmes et les cérémonies et petites fêtes qui surviennent juste après. Ce qui veut dire que tu es toi-même très occupé, assez occupé pour ne pas songer à ton propre statut de célibataire et même si tu le faisais, cela ne serait pas pour être aussi défaitiste que certains. Tu es seul, ce qui ne constitue pas une anomalie en soit, ta dernière relation a été éprouvante, tu ne cherches pas, tu n’attends absolument rien de la vie, du destin ou toute autre entité cosmique qui s’occupe de ce genre de choses… non vraiment, pour toi, Février signifie deux choses : l’anniversaire d’Esmée à la fin du mois et une très bonne occasion de te concentrer sur ta musique et uniquement sur ta musique. Ton agenda et celui de groupe est rempli jusqu’au mois d’Avril et les répétitions s’éternisent, parce que tu es un perfectionniste et que la moindre fausse note, le moindre faux accord, ne peut pas être toléré.
Pas parce que vous êtes des soi-disant professionnels, oh que non, parce que ton oreille le remarquera forcément et que tu finiras forcément par froncer les sourcils et le faire remarquer à la personne concernée; mais chacun ses talents, pas vrai ? Le tien est de pouvoir décomposer des morceaux, instrument par instrument, en temps réel. Et la répétition actuelle s’éternise, tu ne sais plus quelle heure il est, deux heures ? Trois heures du matin ? Peu importe, tu es bien content que les voisins de Dahlia ne soient pas là, vous en avez tous profités pour envahir son appartement et guitare électrique entre les mains, tu es sur le point de sommer à tous les musiciens de reprendre leur place quand Dahlia te fait remarquer, à juste titre d’ailleurs, qu’il est très tard. Sûrement trop tard pour se lancer dans une énième cover de malibu, et ce même si elle adore Miley Cyrus de tout son cœur. "Okay, mais je crashe sur ton canapé alors, hors de question que je conduise aussi tard." Et elle pourrait te faire remarquer que les rues de Brisbane sont probablement vides à cette heure-ci, mais elle ne semble pas vouloir argumenter davantage, un bon point, car une fois sur ledit canapé, tu finis par t’endormir avec une facilité déconcertante.
Seulement pour émerger des heures plus tard, ramené à la réalité par ton téléphone portable, ou plus précisément Dahlia qui se sert de ton téléphone comme une arme, l’enfonçant dans ta joue. "Yo, Romeo, bouge-toi, ton téléphone me dit que tu dois retrouver une certaine Evie à l’autre bout de la ville… Anything you want to tell me ?" Et c’est Dahlia, la personne qui te connait le mieux après Esmée, tu pourrais lui expliquer qu’Evelyn t’a tout simplement invité à la rejoindre pour une dégustation de gâteaux de mariage, parce que cela fait partie des avantages de son métier à elle… et que tu partages ton amour de la pâtisserie avec le premier venu. Mais tu ne le fais pas, tes joues se teintent automatiquement de rose, un fait rare devant Dahlia maintenant que tu y songes, et tu hausses les épaules, avant de lui demander si tu peux emprunter sa salle de bain. Bien entendu, tu passes tellement de temps ici que tu as même ta propre brosse à dents et dans une autre vie, toi et Dahlia vous êtes un vieux couple, tu le sais déjà. C’est sans doute pour cela qu’elle se permet même d’intervenir quand tu es sur le point de partir dans un pull trois fois trop large pour toi, insistant pour que tu le troques pour un pull oui, mais à ta taille cette fois-ci. Toi ? Tu ne vois vraiment pas la différence et si cela signifie que Dahlia sera contente et qu’elle va te laisser partir… alors qui es-tu pour argumenter ? Tu ne le fais pas, et après un dernier passage par la case placard, tu finis par prendre congé d’elle, promettant de la retrouver pour une autre répétition et de lui ramener du gâteau, si si.
Et évidemment que tu es en retard, tu ne serais vraiment pas toi si ce n’était pas le cas et tu presses le pas jusqu’au lieu indiqué par Evelyn, ton regard bleuté se posant sur elle quelques minutes plus tard. "Evie ? J’espère que tu n’attends pas depuis trop longtemps…" Tu devrais sans doute t’acheter une montre, ou prêter un peu plus attention à tout ce qui t’entoure, tu sens ta gêne habituelle revenir, c’est routinier pour toi, mais tu fais de ton mieux pour lui fournir une explication. "J’aurais sans doute dû te prévenir que j’ai une fâcheuse tendance à arriver en retard, pas avec les clients évidemment mais…" Mais ce n’est pas une explication et tu commences à t’emmêler les pinceaux et radoter, tu le sais, aussi, tu finis par lâcher l’inspiration que tu retiens depuis trop longtemps déjà, suivi d’un léger rire. "Tu es au courant maintenant, et désolé d’ailleurs, mais je suis là. Sans ma fourchette, mais je suis là."

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"Je le comprends tout à fait, ne vous inquiétez pas pour ça." Elle ferma les yeux un instant, et ses paupières tremblèrent légèrement tandis qu’elle portait deux doigts à son visage pour venir y pincer le haut de son nez. Elle fit un pas en avant, puis un autre, et enfin s’arrêta pour se redresser, opinant du chef comme si son interlocutrice pouvait la voir à cet instant-là - fort heureusement que non. Evelyn baissa la main, rouvrant les yeux pour mieux les plisser, gênée par le soleil radieux du début d’après-midi "On se reverra sans doute pour les détails de la rupture de contrat, oui. Prenez soin de vous, Rosa." Une première annulation, elle s’était demandée combien de temps ça prendrait avant que ses clients ne décident que ça faisait mauvais genre de voir son mariage organisé par une femme qui fricotait avec le prêtre du coin.
La rumeur ne désenflait pas, et puisqu’elle n’en était pas une, il était difficile de la démentir, et ce bien que Celie s’était pressée sur l’occasion pour communiquer à propos de tout ça. Elle n’avait pas compté les mois qui la séparait de l’instant où elle s’était aperçue que cette histoire lui éclaterait à la figure, mais tout durait depuis un peu trop longtemps à son goût, et à l’intérieur d’Evelyn grandissait une angoisse désagréable que le vandalisme de la devanture de son agence avait rendu plus réelle encore. Cette annulation soudaine, ça ne faisait que confirmer les choses, et creuser une barre de souci entre ses deux yeux qu’elle baissa à cet instant-là, coupant la communication avec sa désormais ancienne cliente. Elle prit une profonde inspiration en triturant les angles de son téléphone portable qu’elle garda entre ses mains, le temps de se demander si elle aussi ne devrait pas annuler le rendez-vous qui l’attendait.

Flanquée devant la vitrine du salon de thé, elle eut un moment d’hésitation, se laissant à peine distraire par la légère brise qui fit voleter ses longs cheveux bruns. Après tout, le rendez-vous en question, une dégustation d’échantillons de wedding cakes et de mignardises, il était techniquement organisé pour le couple qui venait de lui faire faux-bond. Sauf que forte de sa réputation, elle avait eu la bonne idée d’y convier Nicholas avec qui le contact avec été régulier ces derniers temps, lui faisait oublier qu’elle n’avait vraiment pas de quoi être aussi confiante en ce qui concernait son business. A être aussi fière, elle finirait par se perdre, mais la vérité c’était qu’à son sens, il n’y avait pas de quoi s’alarmer. Garder la tête haute avait été sa façon d’agir durant une bonne partie de sa vie, et ce n’était sûrement pas maintenant qu’elle pensait avoir le contrôle total de sa vie qu’elle courberait l’échine face à la curiosité maladive des autres. Son coeur, dissimulé sous une blouse d’un blanc laiteux, contrastant parfaitement avec le vieux rose de sa jupe midi et de son manteau rose plus pâle, manqua un battement lorsque sa conscience lui rappela que le contrôle de sa vie, elle ne l’avait plus eu dès lors que ses lèvres avaient rencontrées celles d’Owen.
Mais aussi têtue qu’elle était résolue à ne pas se laisser perturber par tout ça, elle ignora sa propre psyché. Evie releva le menton, affirmant son port de tête qui se fit altier, et replaça du bout des doigts une mèche de cheveux qui s’était collée tout contre sa bouche qu’elle pinça pour estomper la nuance de bois de rose qui la recouvrait. Elle, elle n’annulerait pas - quand bien même elle aurait pris cette décision, il était trop tard, puisqu’elle entendit son prénom être prononcé en sens inverse de l’endroit où elle se trouvait.
Se retournant en pivotant sur ses talons hauts, elle glissa son téléphone portable dans la poche de son manteau, et accorda un sourire au jeune homme. Elle était contente de voir Nicholas, pas seulement parce qu’il chasserait momentanément le nuage de mauvaises nouvelles qu’elle venait de recevoir, aussi parce qu’elle savait qu’ils passeraient sans doute un bon moment. Bien meilleur que s’ils avaient été en compagnie du couple qui avait cassé leur contrat d’ailleurs, car il fallait bien le dire : ils faisait partie de ceux difficiles à gérer "Je ne me suis même pas aperçue que tu étais en retard. J’étais encore au téléphone il y a quelques minutes de ça." le rassura-t-elle d’emblée, jetant un coup d’oeil au cadran de sa montre tout de même, voulant éviter la gêne qu’elle vit s’installer sur son visage. Evelyn continua sur sa lancée en s’approchant de lui pour crocheter son bras au niveau de son coude, et commencer à prendre le chemin de l’entrée du salon de thé, son autre main s’agrippant à la anse de son sac à main attelé à son épaule pendant qu’elle penchait la tête pour qu’il l’entende un peu mieux "L’important c’est que tu sois là. Moi j’ai la fâcheuse tendance d’arriver en avance alors tu vois, on a chacun notre petit défaut." Elle échangea un regard avec lui, et laissa ses yeux suivre la ligne de sa silhouette de laquelle elle s’éloigna juste un peu, sans lui lâcher le bras cependant ; juste le temps d’accorder un regard à la tenue qu’il portait, et qui lui fit lui dire avec un léger sourire qui ne laissait pas entrevoir, ne serait-ce qu’un peu, la déception qu’elle ressentait vis-à-vis de la nouvelle qu’elle venait d’apprendre "C’est étrange de te voir habillé autrement qu’en costume." Une observation qui lui échappa sans qu’elle n’y réfléchisse vraiment, le lâchant en même temps pour s’engager dans le salon de thé qu’elle connaissait assez bien pour être saluée dès son arrivée par les employés. L’un d’eux les firent s’installer sans attendre non loin de la vitre, leur offrant pignon sur rue - ce à quoi Evie ne prêta pas à attention sur le moment, retirant son manteau pour le poser sur la patère mis à la disposition des clients en disant à Nicholas en face de qui elle s’installa "Ce sera seulement toi et moi finalement, mes clients ont eu un empêchement. J’espère que ce n’est pas un problème."

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Tu as déjà un sourire sur le visage en apercevant Evelyn, et ton expression, tu t’en rends rapidement compte, n’est que le reflet de celle de la jeune femme en face de toi, qui te rassure aussitôt. Cela ne t’étonne guère, c’est quelque chose que tu as remarqué assez rapidement chez Evelyn, client ou pas, elle s’efforce d’inclure tout le monde avec une certaine facilité et le genre de tact qui ne se remarque absolument pas. Un bon point pour le métier que vous faites et un très bonne qualité quand on te tente de communiquer avec quelqu’un d’aussi timide que toi. Sauf qu’Evie n’est plus une étrangère désormais, elle ne l’est plus depuis longtemps à dire vrai, et elle est un peu plus qu’une simple collègue de travail, aucun l’ombre d’un doute là-dessus. Et tu lâches un léger rire quand elle t’informe qu’à l’inverse de toi qui semble toujours courir après le temps en personne, pour elle c’est l’inverse. Cela colle très bien avec son étiquette de perfectionniste et de personne organisée, tu le sais déjà et comme à ton habitude, tu ranges tes mains derrière ta silhouette, nouant tes doigts ensemble avant de lui répondre. "Je me permettrais tout de même de te faire remarquer que ton défaut à toi est plutôt arrangeant..." Donc pas un défaut du tout, que tu conclus simplement, déjà prêt à la suivre, lui offrant déjà ton bras, comme si vous aviez déjà fait ça une dizaine de fois.
Ce n’est pas le cas, mais cela ne fait absolument aucune différence, sa main trouve déjà ton bras et vous voilà déjà en train de parcourir les quelques mètres qui vous séparent du salon de thé. La devanture est familière, tu es déjà passé devant de nombreuses fois, sans vraiment pousser la porte ou même devenir un client régulier, on n’a pas forcément besoin d’aller se fournir en pâtisserie ailleurs lorsque l’on vit avec Esmée Hurley... du tout d’ailleurs. Evelyn te tire de tes pensées, et ton regard bleuté se porte de nouveau vers la brune, lorsqu’elle remarque enfin ton absence de costumes. "Hmm? Oh oui... On n’est pas à une cérémonie, donc pas obligé de porter une cravate ou un noeud papillon." Que tu marmonnes facilement, réalisant soudainement que oui, vous vous croisez le plus souvent lors d'événement teintés d’une certaine élégance et où une tenue plus que correcte est exigée. Ce qui, tu ne l’ajoutes pas mais tu le penses néanmoins, tes joues ne changeant même pas de couleur dans le même temps, lui va beaucoup mieux à elle qu’à toi. La mode et toi, cela fait certainement quelque chose comme deux et que personne ne te demande des conseils en matière de style vestimentaire, tu serais bien incapable d’en donner. Ce n’est pas ce que l’on te demande aujourd’hui, merci bien et tu suis toujours Evelyn à l’intérieur de l’établissement, littéralement sur ses talons, ayant un simple sourire pour les employés, puis un regard pour votre table proche de la vitre.
Tu t’installes en face d’elle et si tu es distrait pendant quelques secondes par un des passants, Evie a toute ton attention la seconde suivante et tu lances un simple : "Oh okay. Plus de gâteau pour nous, je suppose ?" ne voyant définitivement pas cela comme une mauvaise chose. Cela t’évitera de faire la conversation avec des inconnus, ou devoir justifier ta présence ici aujourd’hui, tu es l'invité d’Evelyn, un statut qui te va plus que très bien et qui ne nécessite pas plus d’explications à tes yeux, pas du tout d’ailleurs. Cependant, tu sais que les empêchements et autres annulations sont quelque chose d’assez rare dans votre profession, les futurs mariés s’y prennent généralement très en avance et ne laissent généralement aucun détails au hasard. Quand on sait comment certains sont plus qu’exigeants dès que la playlist et l’ambiance du jour fatidique sont concernés, choisir un gâteau doit être tout aussi important. Si ce n’est même plus. "Et j’espère que ce n’est rien de grave. Quoi que, je dois dire que je ne suis pas vraiment étonné, ce genre de choses arrivent souvent en série, et devine quoi ? On a eu une annulation de dernière minute le week-end dernier..." Que tu finis par révéler, certes, Evelyn ne t’a pas posé la question, mais, chose que tu as constaté au fil de vos divers échange, il est très facile de parler à la brune.
Il y a une certaine légèreté dans vos échanges, quelque chose de réconfortant que tu ne saurais pas vraiment identifier ou nommer, mais c’est assez pour te pousser à parler sans aucune gêne apparente et sans y réfléchir à deux ou trois fois... quelque chose qui n’arrive pas en présence de n’importe qui. "Donc la vraie question est de savoir où et quand aura lieu la prochaine annulation... Juste histoire de voir venir, quoi." L’argument est très logique et on pourrait t’accuser d’être superstitieux à souhait, ce n’est pas le cas, vraiment pas, mais pas le temps d’argumenter un peu plus sur le sujet, tu peux déjà voir un des employés s’approcher de vous du coin de l’oeil et tu ne peux t’empêcher de te pencher vers la table et d’Evelyn, simplement pour murmurer : "Et tu vas rire, j’ai vécu à Brisbane toute ma vie mais c’est la première fois que je mets les pieds ici." avant de te redresser avec un sourire aux lèvres... comme s’il s’agissait du secret le mieux gardé de tout Brisbane, comme si.

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Ça n’avait rien de difficile pour Evelyn de reprendre le dessus comme elle était en train de le faire, assise face à un Nicholas qu’elle observa directement, les yeux posés sur lui et sur cette silhouette étrange qu’elle découvrait, emmitouflée dans une matière plus dense que celle des chemises et des costumes qu’elle était accoutumée à le voir porter. Evie réalisa qu’il était grand, même lorsqu’il était assit, ce qui en contrepartie de sa menue hauteur n’était pas un fait exceptionnel en lui-même, mais la perspective offerte par ce changement d’apparat lui fit entrevoir quelqu’un d’autre que le musicien rougissant qu’elle avait côtoyé à de maintes reprises avant ça. D’une certaine façon ça l’intimida un peu, la forçant à se redresser très discrètement sur sa propre chaise.
L’air abattu qu’elle avait vaguement laissé flotter sur son joli visage à l’annonce du désistement de ses clients ne semblait plus qu’un mauvais souvenir sur lequel elle trouverait un moment plus opportun pour s’en désoler - et se fustiger davantage de se raconter des histoires à propos de la tournure dramatique que prendrait officiellement les événements si elle s’obstinait à ne pas vouloir communiquer elle-même sur la situation dans laquelle elle s’était embourbée (presque) toute seule, comme une grande. Elle qui était si prudente en matière de relations, elle s’était faite avoir comme une débutante dans cette histoire. Car autant sur le papier, son amourette avec Owen atteignait le summum du romanesque dans le sens littéral du terme ; dans la réalité, le tout prenait des allures de tourment dont elle se serait bien passé, soucieuse de poursuivre une existence aussi paisible et elle avait acquise en travaillant sur elle-même, exilée à plusieurs milliers de kilomètres de sa terre natale qu’elle avait fini par retrouver, sans toutefois perdre tout ce qu’elle avait gagné en se défaisant de l’emprise de sa famille sur sa destinée.
Ce n’était pas l’heure de s’en soucier et puisque Nicholas avait le don de rendre l’atmosphère toujours plus douce, elle se somma de ne pas gâcher leur petite réunion en s’arrêtant sur les vraies raisons de l’annulation de ses clients au risque d’alourdir le tout, de le rendre indigeste. Et puis dans le fond, ce n’était pas un drame. L’organisatrice  de mariage chevronnée qu’elle était en avait connu d’autres ; bien que son ancienne cliente lui avait assuré exagérément que ça n’avait rien à voir avec elle, elle ne préférait pas rentrer dans des détails en présence d’un homme qui, par la force des choses, faisaient partis de son cercle professionnel. Un peu comme si elle faisait confiance à la rumeur pour se répandre d’elle-même, elle n’était pas sans douter qu’à un moment où un autre, toute ce cirque viendrait aux oreilles des prestataires de services avec qui elle travaillait régulièrement. Et parce qu’elle était un peu lâche en la matière, elle leur laisserait le choix de la juger, et de continuer à collaborer avec elle ou pas. En tout cas pour l’heure, elle estima qu’il y avait des sujets sur lesquels il ne valait mieux pas s’attarder. Celui-ci en faisait partie.

Les yeux grands ouverts, les sourcils haussés, elle répondit à Nicholas  qui s’inquiétait de la gravité de cette annulation dont elle lui parla naturellement - à son plus grand désarroi d’ailleurs, preuve qu’elle se sentait assez bien en sa présence pour partager ce genre d’informations,  qui foncièrement, la contrariait  énormément "Rien de grave, non. Je n’ai pas eu plus d’explications pour tout te dire, mais ce sont des choses qui arrivent… certaines demandes en mariage se font beaucoup trop tôt, beaucoup trop vite." trouva-t-elle comme justification à lui servir sur un joli plateau et peut-être que dans l’intimité de tout ce qui constituait celle qu’elle était, elle ressentit une pointe de honte à l’idée de mentir un peu au jeune homme. Il se montrait toujours si magnanime avec elle, et elle le savait pour avoir un instinct suffisamment aiguisé de façon générale, il ne semblait pas capable d’autre chose que d’être sincère dans tout ce qu’il partageait avec elle. Et elle aussi d’ordinaire, mais pas cette fois et s’il n’avait rien ajouté, elle aurait probablement détourné le regard le temps de faire taire les jugements sévères sous lesquels elle s’enterra à cet instant.
Seulement, il reprit la parole et son regard s’affirma doucement dans le sien. Evelyn saisit la perche qu’il lui tendit avec un très léger sourire qu’elle dissimula derrière sa main quand, se penchant sur la table, elle appuya son coude contre le bord "On aurait pu partager des infos sur d’éventuelles annulations, mais puisque tu joues dans des mariages que je n’ai pas organisés, ça risque d’être un peu compliqué." La malice de ses paroles illuminèrent ses yeux  bruns quand elle poursuivit, les paupières très légèrement plissées "Comment s’est passé le mariage à Caloundra ?" Il lui en avait touché deux mots lorsqu’ils s’étaient écrits, et elle n’avait pas trouvé la bonne occasion de revenir dessus lors de précédentes rencontres entre eux - et si ça n’avait aucune importance, vraiment aucune, ça faisait sourire Evie de partager une sorte de private joke avec Nicholas qui dans un même temps lui avoua n’être jamais entré dans ce salon de thé "Je crois qu’il est récent, je ne me souviens pas être déjà passée devant quand j’étais plus jeune… et pourtant moi aussi, je viens d’ici." fit-elle avant d’admette, se reculant de la table pour poser ses deux mains soignées sur ses jambes et embrasser le décor d’un regard circulaire, tandis que les pas d’un employé du salon de thé résonnèrent dans leur direction "Quoique je n’étais pas vraiment du genre à côtoyer les salons de thé à l’époque, c’est quelque chose que je laissais volontiers à mes soeurs - bonjour, Stuart." s’interrompit-elle pour saluer poliment le jeune homme qui, d’un signe de tête, lui demanda s’ils étaient prêts à commencer la dégustation. Elle tourna le visage vers Nicholas et confirma, un très léger sourire aux lèvres "On attend que ça." Ravi, il toupilla sur ses talons pour rejoindre l’arrière-boutique, le temps qu’Evelyn puisse dire à Nicholas "Il y a une première fois à tout… et si on te demande, tu diras que c’est moi la responsable de cette nouvelle grande découverte. Tu me remercieras plus tard." Ce qui était vrai, mais elle était prête à un peu de fausse vanité pour faire naître un sourire sur le visage anguleux de son interlocuteur.

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crédit/ (rostovarps/tumblr) ✰ w/ @Evelyn Pearson

Face à Evelyn ; tu conserves ton sourire, plus que ravi d'avoir accepté de l'accompagner. Tant pis si ses clients à elle ont décidé d'annuler à la dernière minute, c'est plus de sucrerie pour vous et franchement ? Cela ne peut-être que positif. Sans compter que tu n'auras pas besoin de te perdre en sourires gênés ou autres formules de politesse face à de parfaits inconnus, et tu n'as pas besoin de repenser à deux fois à ce que tu veux ou vas dire. Parler à Evelyn, ou Evie comme elle a si bien insisté, est plus que facile à faire et elle a déjà réussi à te mettre à l'aise par le passé, et même encore aujourd'hui. L'incident de l'annulation semble être vite oublié, même si tu peux presque affirmer avec conviction que cela dérange la brune un peu plus qu'elle ne voudrait l'admettre, et déjà, Evie prend de tes nouvelles, comme si de rien était et comme si c'était la chose la plus importante dans la présente. Et cela est fait sans aucune hypocrisie, sans être surjoué, cela est tellement naturel que si tu n'étais pas autant toi, tu ne l'aurais sûrement même pas remarqué. Mais tu lui offres tout de même un autre sourire, croisant les bras sur ta poitrine et posant tes coudes sur la petite table que vous allez partager aujourd'hui.
"Oui, désolé, tu n’es pas la seule organisatrice de mariage de Brisbane, malheureusement. Mais, tu es la meilleure que je connaisse donc, moi je dis que cela compte pour quelque chose..." La flatterie n'est pas ton fort, vraiment pas et il s'agit d'un véritable compliment et pas juste dit parce que tu connais Evelyn un peu plus que les autres. Tu as vu des professionnels perdre leur sang-froid face à certains clients ou pire encore, déserter leur poste le Jour J; les plus naïfs pensent qu'il s'agit juste de contenter la mariée, mais tu sais, et d'expérience en plus, qu'il y a un millier de détails à gérer pour un événement d'une telle ampleur et d'une telle importance. Toi et ton groupe vous ne vous occupez que de l'accompagnement musical, mais tu as une très longue liste d'anecdotes à partager, toutes qui donneraient le tournis à Evelyn, tu en es certain. Tu n'as pas le temps de t'épancher plus, ou de songer à ce que tu pourrais lui dire exactement que déjà, un des employés, Stuart visiblement, vous aborde et tu te retrouves à hocher la tête, déjà prêt à suivre la directive d'Evelyn. C'est un peu plus formel que ce que tu avais en tête et tu as un léger rire quand Stuart s'éloigne, et que votre dégustation est sur le point de commencer visiblement et tu le regardes s'éloigner pendant un bref instant, avant de nouveau te tourner vers Evelyn.
"Dans un sens... j’ai grandi dans un salon de thé, je pense qu’Esmée l’aurait pris personnellement si je m’étais mis à fréquenter ce genre d’établissements, non vraiment... Si jamais tu passes chez moi un jour, tu verras qu’il y a largement de quoi ouvrir deux ou trois pâtisseries." Tu conclus ta phrase par un hochement de tête certain, pas du tout en train d'exagérer les prouesses culinaires de ta grand-mère. On pourrait te reprocher ton manque d'objectivité, mais Dahlia est toujours la première à te dire de ne pas venir les mains vides quand tu t'apprêtes à te rendre dans son appartement à elle, et tous les membres de 15 possible girlfriends ont pris l'habitude de contacter directement ta grand-mère en cas d'urgence culinaire. Tu aimerais dire que c'est un talent que tu as hérité, mais non, ce qui s'est surtout transmis dans ta famille, c'est l'amour de la musique et une bonne capacité à apprendre, et rapidement en plus, à jouer d'un instrument. "Et pour répondre à ta question, le mariage s’est bien passé... on a eu quelques soucis techniques pendant le set mais rien de trop grave." Que tu réponds finalement, comme une de vos enceintes qui décident de vous lâcher quelques minutes avant le début de votre performance, ou un des bassistes qui a dû s'éclipser pendant le dernier morceau pour régler une urgence familiale... cela fait partie du métier, malheureusement, c'est chaotique et assez drainant. Mais franchement ? Tu ne ferais absolument rien d'autre comme métier.
Et ça, c'est juste les soucis techniques liés à 15 possible girlfriends, c'est sans prendre en compte les déboires pendant la cérémonie. "Beaucoup d’imprévus, visiblement, seulement une partie de la famille du marié était là, certains ont débarqué sans être invité et ça a été... original ? Oui, on va dire original." Tu optes pour ce mot-là, te disant que c'est la façon la plus polie de faire un résumé de toute la situation et ce sans avoir l'air de juger qui que ce soit. "Et je me suis dit qu’à côté de certains, ma vie de famille est bien ennuyeuse... ce qui est une très bonne chose." Oui, la vérité, c'est que tu n'es pas en position de juger qui que ce soit, ennuyeux n'est sûrement pas le bon mot pour décrire ton arbre généalogique, mais hors de question que tu te lances dans ce récit-là maintenant, ou que tu accables Evelyn avec des détails plus que déprimants à souhait. Et ce n'est vraiment pas le but de cette après-midi, non, le but est de passer un bon moment avec une amie. Et de manger ton poids en pâtisserie, bien entendu. "Par quoi on commence d'ailleurs ?" Tu poses la question, curieux, sachant qu'Evelyn est plus une habituée de l'établissement que toi.

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"Comment ça ?" Une main théâtrale posée sur le haut de sa poitrine, le regard interloqué, Evie réagit aux paroles de Nicholas comme s’il venait de lui faire un véritable affront. Et pas n’importe lequel, le pire de tous. Toutefois bien incapable de tenir la distance plus de quelques secondes, le sourire qu’elle laissa poindre de suite après sa comédie vint rassurer le jeune homme sur le caractère malicieux de sa réaction. Non, elle n’était pas la seule organisatrice de mariage des environs, elle était uniquement celle qui attirait le plus d’attention. De sa propre opinion, ça n’était pas une bonne chose, plutôt une malédiction qu’elle portait depuis ses tous premiers pas, scrutée de part et d’autre de la haute société de laquelle elle venait. Mais elle apprenait à vivre avec - enfin, elle avait appris. Elle était sensée être une adulte et plus l’adolescente ingrate qu’elle avait été ; encore qu’au fond d’elle, il restait des traces de cette période qui la forçait à ne demander de l’aide à personne en cas de difficulté, et surtout pas de sa famille… en dehors de Lara bien évidemment, seulement la précision n’avait pas besoin d’être faite à voix haute.
Mettant la main qui lui avait servi d’accessoire sur la table qu’elle partageait avec le jeune homme, Evelyn plissa doucement les paupières suite à ses paroles et elle lui dit, un peu plus penaude cette fois-ci, même si elle tacha de faire couler son discour avec une cuillère rase d’humour "Tu dis ça simplement parce que je t’emmène à des dégustations de gâteaux alors on ne peut pas dire que c’est un compliment objectif, Nicholas." Mais merci sembla-t-elle lui dire en le regardant une seconde de trop, lui souriant au travers de sa pudeur dissimulée sous la couche de bienséance dans laquelle elle avait été emmitouflée dès sa naissance, et qui lui permis d’accueillir le serveur du salon thé sans pour autant paraître trop absorbée par la conversation.

Elle l’était pourtant, et se réinséra dans cette dernière lorsque Stuart disparu pour préparer la dégustation. Naturelle, la conversation l’était et dans le fond, s’ancrant à nouveau pour de bon dans le dialogue du jeune homme, en apprendre davantage sur lui lui faisait plaisir ; il devenait ainsi autre chose qu’un interprète indispensable dans la grande illusion qu’était l’organisation de mariage. Et ça ne lui demandait pas beaucoup d’effort à lui non plus, nota-t-elle en l’écoutant parler avec une aisance surprenante, de partager quelques anecdotes de sa vie en dehors de leur travail respectif.
Le cheminement de leurs précédentes discussions reprit de plus belle sans qu’elle ne se sente mal à l’aise face à ce qu’il racontait, ne se sentant pas obligée de faire dans la politesse pour s’intéresser à ce qu’il disait non plus "Esmée, c’est ta grand-mère, c’est bien ça ?" Il lui en avait déjà parlé, aussi se permit-elle d’ajouter, les sourcils doucement haussés et le sourire retrouvant son visage qu’elle cala dans la paume de sa main, ses doigts se retrouvant à tapoter en cadence sa propre joue "Elle a l’air d’être un sacré personnage, je serais curieuse de la rencontrer." Encore plus si elle était aussi douée pour la pâtisserie que son petit-fils le prétendait. Elle était à deux doigts de se proposer comme goûteuse occasionnelle d’ailleurs, mais la réponse à la question qu’elle lui avait posé lui fût enfin donnée. Délaissant son trait d’humour, elle laissa un léger rire lui échapper "J’ai tellement d’anecdotes à te raconter sur des familles un peu originales, elles mettent souvent plus d’ambiance que prévu. Elles font partie du package, sans elles, il manquerait quelque chose, c’est certain." Et ça lui faisait peur parfois, d’être confrontée à ces imprévus dont elle parlait, mais ça faisait aussi partie de la magie de réceptions comme celles-ci. Même si elle savait que se passer des oncles alcooliques et des tantes curieuses lui permettraient bien souvent d’atteindre une certaine forme de perfection qu’elle nourrissait en secret, elle ne pouvait décemment par interdire aux mariés de convier les membres originaux de leur famille - surtout quand on savait qui était la sienne "Je te le confirme, tu fais partie des chanceux." fit-elle alors au jeune homme qui se félicitait d’avoir une vie de famille tranquille, ce qu’elle n’était pas en mesure de s’imaginer, mais qu’elle enviait sans doute un peu.
Elle ne le lui dit pas néanmoins, se repliant très furtivement sur elle-même pour ne pas avoir à s’exprimer sur ce sujet. Et là encore, ce fût facile, car déjà Nicholas s’élançait sur un autre sujet qui lui donna l’occasion de rebondir sans trop se forcer, faisant même naître une lueur d’enthousiasme dans ses grands yeux chocolat. Telle une maîtresse d’école, Evie joignit ses mains sur le bord de la table et récita "Stuart va nous apporter plusieurs sortes de génoises, de fourrages et de glaçages…" commença-t-elle, ses yeux brillants soudain à la perspective de se lancer dans cet exercice gourmand pour lequel elle était plutôt douée, forte de son expérience en la matière - et grande amatrice de sucré "En goûtant un peu à tout, en testant certaines associations, ce sera à nous de déterminer laquelle d’entre elles formera notre gâteau de mariage idéal." finit-elle, avant de se reprendre en faisant se dessiner une fossette au coin de sa bouche "Enfin notre gâteau de mariage, c’est une façon de parler." fit-elle plutôt sérieusement, et puis elle ajouta avec un nouveau sourire "Puisque je sais que tu as déjà une idée bien arrêtée de ce que tu veux pour ton mariage, c’est l’occasion pour toi de vérifier si celle que tu as pour ton futur gâteau est convenable." Un clin d’oeil fila, traduisant une certaine complicité entre eux. Evelyn conclut, voyant Stuart arriver avec une desserte à roulettes sur laquelle était posée les échantillons "Moi je suis juste là pour faire joli en vérité."

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Après tout, il faut bien qu’il y ait quelques avantages à faire un métier aussi stressant et éreintant que le vôtre. Oui, certains ne voient que la magie du jour J, des tables parfaitement dressées, un véritable ballet de serveurs et de cuisiniers qui sont là pour réaliser un menu plus que compliquée et une playlist qui complimente tous les moments phares du couple en question... mais la réalité est tellement plus compliquée que cela. Et ça, tu n’as pas besoin de l’expliquer à Evelyn, elle aussi est aux premières loges de tout cela et tu estimes qu’aujourd’hui est une pause plus que méritée. Très bien méritée que tu penses l’instant suivant quand le serveur s’est définitivement éloigné et qu’Evelyn t’explique ce qui va se passer par la suite. Tu dois bien avouer que ce n’est pas dans un lieu comme celui-ci que toi et Dahlia vous rencontrez vos clients, cela se fait en général dans votre salle de répétition ou dans des cafés et des bars et vous posez des questions bien précises aux futurs mariés. Certains arrivent très bien préparés avec leur propre playlist et un nombre impressionnant de CDs, et puis, dans un café tu peux toujours te cacher derrière une tasse de chocolat chaud, d’ailleurs, passeras-tu pour la personne la plus immature du monde si tu demandes un chocolat chaud là tout de suite ? Hmmm... probablement.
Tu préfères te concentrer sur Evelyn le moment suivant, hochant déjà la tête quand elle fait une affirmation à propos de l’aînée des Hurley. "Oui, Esmée est ma grand-mère, et c’est une très bonne façon de la décrire. Elle a plus d’énergie que moi la plupart du temps... je me contente juste de suivre,  enfin non, j’essaye de suivre, deux choses complètement différentes." Tu laisses échapper un léger rire, te disant intérieurement que tu n'exagères même pas et qu’Esmée serait très contente de rencontrer Evelyn. Elle tenterait automatiquement de lui tendre une pâtisserie et serait très intéressée par son métier à elle, oui, tu peux déjà imaginer Esmée en train de poser dix milles questions à l’organisatrice de mariage, juste pour satisfaire sa curiosité. Autant dire que la pudeur n’est pas un trait que tu as hérité de ta grand-mère... pas du tout maintenant que tu y songes, ton aïeul est capable de faire la conversation avec n’importe qui et de mettre n’importe qui à l’aise. Comment ? Tu n’en as absolument aucune idée, il faudrait que tu lui demandes à l’occasion ; cela pourrait t’aider à te sortir de bien situation, pas celle qui se dessine devant toi, tu es l’invité d’Evelyn aujourd’hui et cela te convient parfaitement bien. "En goûtant un peu de tout ... je vais vraiment prendre du poids à tes côtés, je savais que cette invitation était un peu trop parfaite."
Ton air méfiant ne reste pas en place sur ton visage bien longtemps, non, tu bien incapable de garder une expression de ce type sur ton visage trop longtemps et qu’on se le dise, si tu étais toujours sur la défensive, tu ne serais pas là. Certains ont beau croire que tu te laisses un peu trop marcher sur les pieds, tu as fini par devenir expert pour éviter les situations qui te mettent mal à l’aise et oui, vraiment, il s’agit d’années et d’années de pratique. Mais Evie ne te met pas mal à l’aise, du tout, c’est même le contraire et tu ne rougis même pas quand la brune parle de votre gâteau de mariage, comme si c’était une possibilité valable. Est-ce cela votre couverture aujourd’hui ? Tu te retiens de poser la question, fronçant légèrement les sourcils quand elle affirme qu’elle est là uniquement pour faire joli, ce n’est pas vrai du tout, bien entendu que non et tu espères vraiment qu’elle en a plus que conscience.  "Eh bien sache que tu remplis très bien ce rôle-là..." Que tu réponds dans un premier temps pour rassurer la jeune femme et en voyant Stuart revenir vers vous, tu hausses les épaules, ajoutant rapidement : "Et ensuite, chose que tu devrais savoir maintenant, je ne suis vraiment pas difficile quand il s’agit de pâtisserie ; du moment qu’il y a du sucre dedans, absolument tout me va..." Tu hoches vigoureusement la tête, demeurant silencieux la seconde suivante tandis que Stuart vous explique le menu et la sélection d’échantillons devant vous. Tu n’y connais absolument rien en pâtisserie, mais depuis tes quelques essais culinaires avec Siloë pour réaliser le gâteau d’anniversaire d’Esmée, tu n’es plus aussi perdu que cela. Pas assez pour nommer tout ce qui se dresse devant vous, mais assez pour savoir qu’on s’occupe bien de vous et qu’Evelyn a choisi un très bon établissement.
Ton léger sourire s’agrandit quand Stuart pose les différents ustensiles devant vous et tu pourrais faire remarquer à Evelyn qu’elle t’avait promis une fourchette à la place ; lorsque vous êtes de nouveau tous les deux, tu t’empares d’une des parts sur la desserte, déposant quelques échantillons devant la brune. "Donc vraiment, tout ça, c’est nouveau pour moi et puis... je ne me suis pas penché sur le gâteau quand j’étais en train d’organiser notre mariage." Que tu reprends l’air de rien, décidant de jouer le jeu jusqu’au bout, et parce qu’il s’agit d’une part de la vérité. Et puis, tu es censé voir ce genre de détails avec ton ou ta future partenaire, pas vrai ? Quelque chose comme cela que tu te dis, jetant ton dévolu sur un morceau de fraisier disposé devant toi. Le dessert est bon, bien entendu, tu n’en doutais pas une seule seconde et tu hoches la tête en mâchant, un air plus que satisfait sur le visage. "Mais.. J’espère que tu aimes porter du blanc, marcher pieds nus et la campagne australienne, sinon on va devoir tout annuler dès maintenant." Tu ponctues même ta phrase d’un petit soupir dramatique pour donner le change. "C’est Esmée qui sera déçue." Que tu lâches innocemment avant de poursuivre : "Je n'ai pas beaucoup de gens ma famille ni dans mon entourage donc il n'y aura pas vraiment pas beaucoup d'invités, une trentaine maximum... enfin si cela te va." Tu concèdes cela dans un léger rire, avant de reprendre un morceau, toujours une expression sereine sur le visage.

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En entendant Nicholas parler de sa grand-mère, Evie essaya de se la représenter en usant de son imagination débordante. Dans l’intimité de ses songes, elle tacha de ne pas tomber dans le cliché de la mère-grand illustrée dans les livres pour enfants qu’elle avait tant convoité durant sa jeunesse, même si elle l’admettrait volontiers, un peu coupable, c’était on ne peut plus tentant de l’imaginer avec aux pieds, une paire de pantoufles confortables, et des lunettes juchées sur la pointe de son nez, une pelote de laine sur les genoux. Elle en sourit discrètement, se recentrant sur les traits de Nicholas qu’elle écouta, la tête penchée sur le côté, son attention se laissant guider par ce qu’il dégageait, et la façon dont il prenait soin de parler d’Esmée avec une obligeance qu’on réservait habituellement aux grandes dames. Il lui semblait qu’ils n’avaient pas eu une seule conversation où le nom de la vieille femme avait été cité par son petit-fils, aussi elle pouvait saisir l’importance qu’elle devait avoir à ses yeux pour qu’il se réfère toujours à elle de cette façon ; avec une grande admiration qu’elle pouvait lire dans son regard qu’elle rencontra en redressant doucement la tête, se demandant si elle partageait des traits physiques avec l’homme qu’elle avait en face d’elle. En tout cas, d’après ce que lui disait Nicholas, leur caractère lui donnait le sentiment d’être aux antipodes l’un de l’autre. Plus elle le côtoyait, plus Evelyn comprenait que pour lui, se faire discret était une politique à laquelle il ne dérogeait qu’une seule fois qu’il était sur scène, protégé par le talent qui était le sien, mais également par l’aura de ses partenaires de scènes qui complétaient le tableau parfait de leur mise en scène simpliste, mais toujours très élégante. Elle appréciait ça chez lui, cette dualité de personnalités qu’il ne cherchait pas véritablement à dissimuler, assumant deux facettes de lui-même qui le rendait plutôt intrigant finalement.
Elle plissa les yeux pour faire le point sur les réponses gorgées d’humour qu’il lui fournissait, et elle eut la prétention de penser qu’ici, dans ce salon de thé qu’elle connaissait, il était assez à l’aise pour ne pas craindre de laisser échapper une répartie qu’elle ne lui connaissait pas, qui lui allait bien pourtant. Elles lui firent secouer la tête en souriant, le nez froncé tant elle le trouvait doué pour saisir les perches qu’elle lui tendait sans nulle autre intention que de passer un instant agréable, et oublier les soucis d’organisation desquels les clients qui auraient dû être là l’avaient gratifiée en annulant leur venue. Abandonnant son observation du jeune homme, elle accorda un autre sourire au serveur qui s’approcha, lui évitant par la même de répondre quoi que ce soit au compliment sur lequel Nicholas enchaîna, et le remercia en lui indiquant d’un signe de tête qu’elle se chargeait de lui expliquer la suite des évènements — ce qu’elle fit avec expertise, tandis qu’il lui confiait son goût pour le sucré. Evie le pointa brièvement du bout des doigts.

"Tu t’entendrais bien avec ma nièce, Nell." Elle avait grandi aujourd’hui, elle était près d’atteindre la dizaine d’années maintenant, toutefois son goût pour la pâtisserie, goût qu’elle partageait avec sa tante Vivie, n’avait pas décru cependant. Elles se voyaient un peu moins, surtout depuis qu’Ester avait jugé bon que sa soeur avait une influence néfaste sur sa portée qui pour autant avait les yeux qui brillaient chaque fois qu’elle était en présence de la fameuse tante Evelyn, restait que ses plus bons mets sucrés, cette dernière les avait dégustés en compagnie de la petite-fille. D’ailleurs, elle savait se montrer reconnaissante de faire partie des escapades gourmandes de l’organisatrice de mariage, profitant de leur passion commune pour se créer de jolis souvenirs. Alors effectivement, il y avait à parier qu’elle s’entendrait à merveille avec le musicien, amateur de desserts qui ne bouda pas son plaisir en saisissant d’emblée ce qui lui semblait sans doute le plus appétissant à ses yeux. Pour Evelyn, le choix était fait aussi, et elle se précipita sur la génoise à la vanille, et sur le fourrage de la même saveur, pour en déguster les arômes du bout de la fourchette qu’elle empoigna en jetant un coup d’oeil à Nicholas.
Encore une fois, elle plissa les paupières, ne se démontant pas face à la vision si parfaitement romantique qu’avait le jeune homme de son mariage. Il ne plaisantait pas quand il disait qu’il avait déjà pensé à tout "Je suis beaucoup trop vieille pour porter du blanc à mon mariage." Parole d’experte, dirent ses grands yeux marrons qui se posèrent sur le visage de Nicholas. Elle le regarda un instant de trop avant de baisser la tête sur son échantillon de gâteau. Un silence se fit durant quelques secondes, la saveur dans sa bouche l’emplissant avec délice, avant qu’elle ne pose sa fourchette sur le bord de son assiette, et que les mains jointes sous son menton, elle lui demanda avec timidité "Je peux te faire une confidence ?" A ce stade, alors qu’ils prévoyaient leur mariage, elle pouvait se le permettre pensa-t-elle avec malice. Aussi, elle n’attendit pas vraiment son feu vert, faisant se rider le haut de son nez quand elle inclina la tête sur sa droite "J’ai beau être plutôt douée pour ce que je fais, je n’ai jamais vraiment songé à mon propre mariage." commença-t-elle avec sincérité, finissant par hausser les épaules, et par reprendre sa fourchette qui s’inséra entre ses doigts de calligraphe expérimentée. Ses yeux quittèrent ceux de Nicholas, et elle continua sur le même ton "J’ai l’habitude de dire que je sais trop comment ça fonctionne pour être attirée par tout ça. Honnêtement, je ne pense pas que je me marierais un jour." termina-t-elle, et dans un très léger sourire - qui se conclut par un rire —, elle se sentit obligée d’ajouter sous couvert de la petite comédie qu’ils avaient commencé à jouer lorsqu’elle avait buté sur les mots "J’imagine que ça fait de moi une moins bonne candidate pour le tableau parfait que tu m’as dépeint tout à l’heure… j’espère que ça ne te brise pas le coeur." Et en prenant une nouvelle bouchée de son échantillon de génoise, elle lui adressa un autre regard.

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La blague est facile de même que la conversation et tu en es bien content au final... c'est presque aussi facile qu'avec... Dahlia, tu t'en rends compte avec quelques secondes de retard, au moment où ton regard celui d'Evelyn, tandis que tu finis tranquillement ta part de gâteau, déjà prêt à t'empiffrer encore plus. Sauf que c'est encore plus facile, parce que tu ne la connais pas depuis des années, contrairement à Dahlia, et que la glace a déjà été brisée et tu content d'être en sa compagnie ou même d'en apprendre plus sur la jeune femme en face de toi. Ce qui est déjà un exploit en soit et peut-être que quelqu'un devrait donner une médaille à Evelyn ou quelque chose de ce style-là, mais d'encore plus classe, rien ne te vient à l'esprit pour le moment, mais ce n'est pas si grave que cela, que tu te dis l'instant suivant, faisant une autre note mentale quand elle te parle de sa nièce et du fait que tu t'entendrais bien avec elle. Et tu prends cela comme un compliment, parce que cela en est un, et tu ne sens pas de sarcasme venir de la part d'Evie et tu te demandes même si elle est capable d'une telle chose, peut-être, sans doute...  Pas la peine de ruiner le moment avec ce genre de pensées, surtout dans un tel endroit et surtout pas face à la nouvelle affirmation d'Evelyn.
C'est plus fort que toi, tu fronces légèrement les sourcils, la gratifiant d'un : "Ce n'est pas un véritable argument ça..." car tu es convaincu de ce que tu avances. Mais tu ne pousses pas plus, te contentant d'un simple hochement de tête quand elle te demande si elle peut en révéler plus, tu demeures silencieux l'instant suivant, écoutant Evelyn tout en faisant petit à petit disparaitre la part de fraisier que tu as choisi en tout premier. Et ce qu'elle annonce... n'est pas si surprenant que cela en fait, cela est de raccord avec votre dernière conversation sur la vie de couple, oui, Evelyn est douée pour son métier, mais elle a tout de même les deux pieds sur terre, et les mariages ne l'attirent pas... Pas un défaut en soit, pas du tout même selon toi, elle sait déjà ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas, cela ne peut pas être une mauvaise chose de le savoir dès maintenant et cela lui évitera sûrement de perdre son temps, ou un premier mariage complètement ruiné ou quelque chose d'aussi dramatique que cela. Aussi, après quelques secondes de silence, passées principalement à manger, tu finis par relever ton regard bleuté vers elle, lançant sans la moindre hésitation : "Hmmm... donc ça veut dire que tu seras vraiment disponible pour organiser le mien ? Par-fait." accompagné d'un léger rire.
Car même si ton trait d'humour était mauvais à souhait, le but n'était pas de la faire se sentir mal à l'aise, loin de là. "Et je te rassure, je ne suis pas sur le point de te juger, de te dire que tu fais une erreur monumentale et que tu vas changer d'avis quand tu auras rencontré l'homme de ta vie. Ou pire encore, que tu risques de ne pas être heureuse tant qu'on ne t'a pas passé la bague au doigts..." Des propos que tu as déjà entendus, malheureusement, et tu réalises bien qu'en tant qu'homme célibataire, tu es rarement la cible de ce genre remarques désobligeantes, mais cela ne veut pas pour autant dire que tu les acceptes. C'est completement insultant et ceux qui ont su trouver leur moitié se sentent souvent imbus d'une certaine sagesse... qui n'existe pas, c'est l'euphorie des nouvelles relation ça, cela finit souvent par passer... Non, en fait, cela finit toujours par passer et tu estimes que tout le monde se porterait un peu mieux s'il y avait un peu moins de jugement et un peu plus de tolérance. Et il n'y aurait certainement pas de jugement de ta part, tu serais très mal placé pour la critiquer et ensuite, sa vie personnelle ne te regarde vraiment pas. "J'adore mon métier hein, absolument aucun doute là dessus... mais j'ai assez de recul pour savoir que tout ça... ce n'est que du vent. Juste une version très, très, polie et édulcorée de la vie en couple..." Tu as eu un léger geste de la main pour désigner la boutique avant de hausser les épaules, une très jolie version et quelques heures magiques, qui ne voudrait pas vivre dans une scène de films, vraiment ?
Tu ne peux pas blâmer ceux qui tombent dans le panneau, le réveil doit être brutal... pour toi il l'est un peu moins quand on a trouvé la bonne personne. Du moins, c'est de cette façon que tu as toujours vu les choses. "C'est facile de faire en sorte qu'une journée soit parfaite... mais que se passe t-il le reste du temps, hmm ? Personne ne veut jamais en parler." Tu hoches la tête à tes propres mots, sans avoir été marié, tu as malheureusement un peu trop d'expérience en la matière, ton dernier ex était devenu expert dans l'art de faire croire que vous aviez une vie amoureuse absolument parfaite et que tous et toutes devaient envier... en réalité? Etre en couple avec Anton n'a jamais été de tout repos et près de deux ans plus tard, tu n'es pas tout à fait certain de t'en être remis. Est-ce que cela veut dire que tu as complètement abandonné l'idée d'être en couple ? Non, mais on ne peut pas te reprocher cette pause, plus que méritée. Aussi, le secret d'Evelyn est plus que bien gardé et rien ne pourra changer cela. "Mais, si je peux me permettre une remarque, deux d'ailleurs...  Déjà, tu n'es pas trop vieille pour porter du blanc... " Tu te sens quand même obligé de revenir sur ce détail-là, plus qu'en désaccord total avec l'organisatrice de mariage sur ce point. "Désolé de vous décevoir Miss Pearson, j'ai 37 ans et je prévois de me marier en blanc..." Tu es plus vieux qu'elle, tu le sais, pas l'ombre d'un doute là-dessus et non, tu ne connais pas l'âge exact d'Evelyn mais tu dois bien avoir quoi... cinq ? six ans de plus qu'elle ? quelque chose comme cela, tu en es certain. "Et ensuite je me vois bien me marier quand je serais vieux, au moins aussi vieux que ma grand-mère et après avoir passé des années avec la même personne... comme une jolie conclusion, tu vois ?" Toi aussi tu fais une confidence, bien décidé à ce qu'Evie ne soit pas la seule à en faire. "Et oui je suis un romantique fini, je t'avais déjà prévenu."

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Elle en venait à se dire que finalement, le désistement de ses clients n’étaient pas une mauvaise chose et que sans ça, elle n’aurait probablement pas eu le même échange avec Nicholas qu’elle apprenait à connaître au travers des confessions qu’il laissait échapper sans tenter de les retenir. Une chose était certaine pour Evie, le dialogue avec quelqu’un qu’elle connaissait à peine n’avait jamais été aussi facile ; si ce n’était à l’époque de sa rencontre avec Neal, il y avait trop d’années maintenant pour qu’elle se sente vaillante à l’idée de les compter précisément, la nostalgie planant au-dessus de sa tête comme une ombre menaçante. Elle se redressa sur sa chaise, feignant le sérieux alors que sur son visage, des fossettes se creusèrent à la seconde où elle envisagea de retenir le sourire qu’elle finit par laissait poindre de l’autre côté de la table, les yeux posé sur le visage du jeune homme qui lui faisait face.
"Si tu y tiens vraiment, je t’en fais même la promesse, ici et maintenant." Et une promesse d’Evelyn Frances Pearson, c’était gagner l’assurance d’une cérémonie de mariage réussie, à défaut de pouvoir promettre une quelconque longévité du lien unissant deux personnes qui s’aimaient un jour pour peut-être se détester un autre jour. Si Nicholas tenait à ce qu’elle soit la maîtresse de cérémonie de son union avec son grand Amour, elle n’hésiterait pas une seule seconde à mettre les petits plats dans les grands et à rameuter toute la compagnie. En fonction des traits de caractère qui lui paraissaient de plus en plus évidents à mesure qu’ils discutaient, elle serait capable de mettre le doigt sur ce qui lui plairait exactement et ce sans déroger à ses envies ni à l’idée du mariage de rêve qu’il couvait depuis, visiblement, bien des années. Cela dit, même s’il lui semblait qu’il était on ne peut plus sérieux sur le caractère indiscutable de ce qu’il avait prévu pour ses futures noces, elle le soupçonnait de brasser des désirs sans vraiment y croire dans le fond. Il était célibataire, une certitude qu’elle ne se risqua pas à exprimer à haute voix néanmoins, craignant d’être impolie. A la place, elle prit une inspiration aux paroles qu’il ajouta et qui lui firent dire avec sollicitude "Merci de m’épargner cette mélodie. Je l’ai entendue trop de fois, elle commence légèrement à me lasser pour être franche avec toi." Combien de fois exactement s’était-elle sentie marginale en affirmant à qui voulait bien l’entendre que le mariage n’était pas fait pour elle, et qu’elle ne ressentait aucune espèce d’envie à ce sujet-là en particulier ? C’était tout un ensemble, la vie de couple de manière générale, Evie ne s’y sentait pas à l’aise. Elle n’avait jamais essayé de creuser les raisons qui la poussaient à se complaire dans son célibat, si ce n’était qu’elle avait conscience que partager sa vie avec quelqu’un, c’était faire des concessions dont elle n’aurait pas toujours le contrôle. C’était ça, précisément, qui la fraisait freiner des quatre fers, trop ancrée dans ses petites habitudes et surtout, dans son besoin compulsif d’avoir la mainmise sur ce qui régentait sa vie.

Mais elle ne pouvait pas l’admettre de cette façon, elle n’en avait pas envie à vrai dire, trop pudique pour faire le point sur ses états d’âme en la matière. Quelque chose lui disait que de toute façon, ce n’était pas une conversation à avoir avec Nicholas dont elle but les paroles en reprenant une cuillerée de fourrage à la vanille qu’elle dégusta doucement, les ingrédients se mariant à la perfection et fondant doucement sur sa langue s’approchant nettement d’une forme de perfection qu’elle ne bouda pas en y revenant encore une fois pendant qu’elle demandait à Nicholas, la tête penchée sur le côté, et les yeux légèrement plissés "Tu vas me trouver curieuse, mais j’ai l’impression que tu as une idée bien arrêtée au sujet de la vie de couple. Ça part d’une mauvaise expérience, ou tu te bases sur les déboires de ton entourage ? Tu n’es pas obligé de répondre." Peut-être allait-elle trop loin à ce moment-là, mais elle ne se fustigea pas de le faire, concentrée à déchiffrer ce qu’elle avait cru entrapercevoir entre les lignes du discours du jeune homme qu’elle ne lâcha pas du regard pendant quelques secondes avant de poser sa fourchette et de rire lorsqu’il lui donna son âge "Je n’arrive pas à croire que tu sois plus vieux que moi. Mais le blanc t’ira sans doute mieux au teint, loin de moi l’idée de te pousser à choisir une alternative qui collera moins à ton mariage de rêve." Et elle leva les mains devant elle comme une coupable prise sur le fait, se rendant sans résistance face aux volontés d’un, peut-être, futur client — un futur client qui lui fit marquer un temps de réflexion quand, continuant sur sa lancée, il partagea avec elle ce qui lui paraissait comme ce qui lui tenait le plus à coeur, et qui était tellement délicat de la part d’un homme, qu’elle s’entendit murmurer "Wouah…" Le sourire qui suivit après qu’elle eut posé son menton dans le creux de sa main fût un peu rêveur, et se rapprochait d’une vision assez romanesque pour qu’elle lui parle directement. Elle resta un instant contemplative, ne portant pas nécessairement son regard sur Nicholas, plus sur la représentation mentale d’un tableau comme celui qu’il venait de lui décrire. Après un instant, elle lui dit, clignant des yeux par intermittence "Tu devrais écrire des livres… ou des chansons en l’occurence, c’est plus ton domaine si je ne m’abuse." Et la voix un peu plus lointaine, ses yeux retrouvant en même temps leur point d’ancrage dans le regard du jeune homme, elle lui affirma sans rougir, haussant très légèrement les sourcils tant son esprit se mit à tourner en songeant à tout ce qu’impliquerait un événement pareil "Je serai très heureuse d’organiser une cérémonie comme celle-ci. C’est poétique, plus que tout ce qu’on m’a proposé jusqu’à présent." Et il pouvait s’en féliciter, vraiment.

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crédit/ (rostovarps/tumblr) ✰ w/ @Evelyn Pearson

"Fais attention, j’ai une très bonne mémoire. Surtout quand il s’agit des promesses... Okay, uniquement quand il s'agit des promesses." Voilà ce que tu lances en direction de la brune, un sourire toujours bien en place sur ton visage, ton regard bleuté rencontrant le sien. Une bonne mémoire qui ne te sert pas qu’à retenir les paroles de la centaine de chansons que tu connais sur le bout des doigts, ou même des accords précis ou encore l’organisation de tous les pulls que tu as dans ta penderie... pas que, cela te permet également de réaliser qu’il s’agit d’un très bon moment, d’une très bonne après-midi et que tu n’avais pas parlé aussi librement avec une connaissance directe depuis longtemps. Les gens que tu fréquentes la plupart du temps te fréquentent depuis des années et tu n’as plus besoin d’expliquer tes états-d’âmes ou d’expliquer d’où tu viens. En général, c’est même une corvée de le faire, mais définitivement pas aujourd’hui et définitivement pas face à Evelyn. Qui t’interroge encore plus l’instant suivant et c’est normal, vous faites la conversation et tu ne sais même plus comment vous en êtes arrivés au sujet de ton hypothétique mariage ou même ta vision, sans doute un peu trop simpliste du reste de ta vie et des années qui se dessinent devant toi, mais ce n'est pas grave.
"Hmm... je ne te trouve pas si curieuse que cela, si ça peut te rassurer." Tu es sincère sur le coup et ce même si ton regard ne rencontre plus celui d’Evelyn quand tu dis cela, tu n’es pas gêné du tout, cela aurait pu être le cas avec quelqu’un d’autre, ou si elle s’était montrée un peu plus insistante ou pressante, elle ne l’est pas, la preuve, elle te donne même l’opportunité de ne pas répondre à la question... Ce n’est pas de la gêne, tu es trop concentré pendant quelques secondes, à jeter ton dévolu sur un autre dessert, est-ce qu’elle réalise que tu es capable de manger tout ce qui a été posé devant toi complètement seul ? Probablement pas, mais tu ne saurais pas vraiment par où commencer. Tu peux compter tes relations avec les doigts d’une seule et unique main, malgré ton âge avancé, et on pourrait te juger et te dire que tu manques cruellement d’expérience mais... pas besoin d’avoir le cœur encore plus en miettes ou d’être encore plus vulnérable pour savoir ce que tu veux et ce que tu ne veux pas, du moins, tu en es persuadé. "Et quel âge tu me donnes... tu sais quoi, ne réponds pas à cette question-là, je fais plus jeune que mon âge, c’est tout ce que je retiendrais." Que tu déclares finalement, jetant ton dévolu sur une autre part et sans grande difficulté. Tu as une expression encore plus sereine sur le visage quand elle déclare que tu devrais écrire, tu le fais déjà et ce même si ce n’est pas quelque chose que tu cries sur tous les toits. Pas quelque chose que les gens de ton groupe comprennent, mais au moins ils le respectent et cela te donne une certaine forme d'anonymat et un espace pour créer ce que tu veux sans aucune conséquence. Il ne s’agit vraiment pas de partager cela avec qui que ce soit, de donner des leçons de vie ou de finir dans un studio, non, tu écris juste... pour toi.
"J’écris mes textes dans des livres que je connais par cœur la plupart du temps... donc tu n’es pas si loin que cela de la vérité." Pas quelque chose que tu admets devant tout le monde maintenant que tu y réfléchis bien et tu te retrouves à hausser les épaules la seconde suivante, parce que cela n’est pas si important que cela et que tu n’as même pas répondu à sa première question. "Et tout ce que je dirais en tant que personne qui chante l’amour avec un grand A une grande partie de son temps... ce ne sont jamais les meilleures chansons, pas vrai ? C’est plus celles sur les exs et les histoires qui finissent mal qui restent le plus dans la tête." Un fait universel maintenant que t’y songes bien et même toi, quand tu écris, quand tu composes, c’est rarement joyeux ou pour célébrer quelque chose, c’est plus une manière de passer à autre chose, d’alléger le poids que tu as sur les épaules... et tu n’es définitivement pas la personne la plus positive que tu connaisses, c’est certain. Tu n’aspires vraiment pas à l’être, ou à impressionner qui que ce soit, tu reviens de loin et la musique est la chose qui t’apaise le plus et très certainement la chose la plus importante dans ta vie en ce moment. "Mais si tu veux que je parle de ma vie amoureuse avec plus de détails, tu ne vas pas y arriver avec du gâteau..." Tu as un autre rire en disant cela, c’est la vérité et l’humeur est trop légère pour que tu la ruines avec tes erreurs passées. Si tu avais deux verres de plus dans ton système, peut-être que tu t’y risquerais et que le sujet Anton viendrait sur le tapis, peut-être, ce n’est pas comme si ta liste d’ex était très longue ou qu’autant d’histoires passées t’avait marqué de cette manière. Mais définitivement pas maintenant, pas ici et pas en aussi bonne compagnie. "D’ailleurs... tu penses que je passerais pour la personne la plus immature du monde si je demande un chocolat chaud ou...?" C’est plus fort que toi, la requête franchis enfin tes lèvres et si elle est positive, Evelyn gagnera quelques points de plus, c’est certain.

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Le léger rire qu’elle laissa échapper ne l’empêcha pas de s’apercevoir que Nicholas ne répondait pas à la question qu’elle venait de lui poser, attentive à ce qu’il lui transmettait entre deux bouchées de fraisier. Evie ne s’en formalisa pas. Au lieu de quoi, elle baissa la tête sur sa propre fourchette qu’elle avait débarrassé de son morceau de génoise, et marqua un temps infime de réflexion, consciente d’avoir sans aucun doute outrepassé la limite qu’il lui accordait en tant que collègue de travail. Elle ne poussa pas sa curiosité plus loin sur le moment, se contentant d’accepter ses paroles rassurantes comme gage qu’elle n’avait ni fauté, ni qu’elle s’était montrée trop zélée en voulant puiser dans ses secrets avec autant de volonté ; elle qui était si délicate d’ordinaire, elle se trouva drôlement culottée à ce moment donné, et peut-être qu’elle s’en fustigea sévèrement au fin fond de ses propres pensées.
Elle comprenait sa réticence à lui répondre qui plus est, et si les rôles avaient été inversés, elle aurait sûrement trouvé une parade aussi bonne que la sienne pour s’exempter de la corvée de s’enfoncer plus loin dans le récit de ses déboires amoureux. Ils n’étaient pas si nombreux au demeurant, mais ils avaient tous un parfum trop particulier pour qu’elle ne veuille les partager, les gardant jalousement pour elle, et ne communiquant que rarement sur sa vie privée. Probablement parce qu’il n’y avait rien d’engageant à révéler, seulement il s’agissait là d’une information, qu’elle aussi, elle préférait garder pour elle. Elle posa sa fourchette pour mieux s’attarder sur le reste des paroles de Nicholas, s’arrêtant sur les traits de son visage qu’elle voyait mieux sous cet éclairage-là. Et finalement, elle se rendit compte que c’était l’une des premières fois où ils se voyaient vraiment à la lumière du jour.

Evelyn aurait dû se douter qu’il écrivait ses textes, il avait le même aura que les auteurs qu’elle avait rencontré lorsqu’elle suivait ses études et dans le sillage desquels elle avait évolué dans l’espoir d’avoir ses dessins sélectionnés pour illustrer leurs belles histoires. Aussi la précision ne la surprit pas plus que ça, et tandis qu’elle se redressait pour plisser les yeux et le fixer sans trop le vouloir, elle lui demanda à voix douce, ses doigts chassant les miettes invisibles de leur festin de sucre "Ça t’est déjà arrivé de les mettre en musique et de les interpréter lors de vos prestations avec le groupe ? Ça me plairait d’entendre ce que tu as à dire sur ce sujet." Et elle lui sourit, le haut du nez légèrement froncé, et la suite de sa rhétorique prête à être prononcée sur le même ton "Si c’est aussi joli que tes projets de mariage, je te trouve cruel de les garder pour toi. Tu nous prives de quelque chose, Nicholas." Et elle opéra une petite inclinaison pour pouvoir s’accouder au bord de la table, méditant sur ce qu’il ajouta et qui laissait sous entendre que son sujet de prédilection était les déceptions amoureuses. Ce qui répondait en partie à la question qu’il avait sciemment éludé tout à l’heure, et qui lui fit songer à sa propre playlist qui débordait de titres entraînants qui sur le fond, traitaient en bonne partie du même vaste sujet qu’étaient les ruptures.
Nicholas avait donc raison, et même s’il ne se montra pas volubile à ce propos, elle comprit que pour lui aussi, l’inspiration lui venait lorsqu’il souffrait un peu. Elle se surprit à se demander combien de fois exactement il avait pu regretter de s’être amouraché de quelqu’un, et s’il avait trouvé en l’écriture une thérapie digne de soigner la douleur de ses ruptures. Elle avait appris de ses erreurs cependant, et elle garda ses interrogations pour elle cette fois-ci, roulant ses lèvres l’une sur l’autre pour chasser la saveur vanillée du gâteau qu’elle avait dégusté, et s’adossant de nouveau à sa chaise pendant qu’elle gardait ses yeux sur le visage du jeune homme.
Il n’en avait pas tellement l’air, mais il savait cultiver le mystère autour de lui — une qualité qu’on associait souvent aux grands artistes se dit-elle, levant à nouveau les mains devant elle comme un truand pris sur le fait alors qu’il lui prêtait des intentions qui, dans le même temps, la firent sourire et lui répondre "Je ne t’obliges à rien. Je sais que c’est un sujet compliqué à aborder, surtout avec des inconnus." admit-elle, baissant les mains tout en continuant "On peut tout aussi bien décider de ne jamais en parler. Là encore, je saurais respecter ma promesse." Elle lui laissait le choix, mais elle avait compris qu’il valait mieux enchaîner sur autre chose quand de son côté, il prit la tangente pour s’élancer sur une nouvelle bribe de conversation. Avec un sourire rentré face à sa demande, Evie jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule, cherchant du regard le serveur qui les avait accueilli tout à l’heure, mais qu’elle ne trouva pas flanqué derrière son comptoir comme à son habitude. Reportant son attention sur Nicholas, elle lui répondit en se penchant vers lui, créant un faut aparté que la manière dont elle chuchota rendit presque comique "Je peux le commander à ta place si tu tiens à sauver les apparences… ce sera notre petit secret." termina-t-elle plus bas, feignant le mystère avant de lui adresser un nouveau sourire. Se redressant, elle se dit qu’elle en profiterait pour se commander un thé — c’était la bonne heure, comme elle s’en aperçut en jetant un coup d’oeil au cadran de la montre qu’elle portait au poignet.

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crédit/ (rostovarps/tumblr) ✰ w/ @Evelyn Pearson

Tu ne sais pas comment la conversation a dérivé sur toi et sur tes compositions, mais vous en êtes là maintenant. Tu n'es guère surpris, la musique est une partie trop importante de ta vie pour être mise de côté et si tu ne faisais pas parti d'un groupe, si tu ne jouais pas d'un instrument quotidiennement, tu ne sais pas ce que tu ferais. Ce ne serait pas vraiment toi et tu remettrais sans doute un peu plus en cause tout ce qui t'entoure. Peut-être qu'Evelyn peut le détecter et maintenant que tu y songes, elle t'a plus vu sur scène qu'en dehors et il est certain que si tu devais choisir, ton choix se porterait directement sur la personne beaucoup plus assurée, sans aucune angoisse et sans aucun doute qui évolue sur scène. Parce que tu sais ce que tu fais et ce que tu dois faire sous les feux projecteurs, qu'il n'y a aucune raison de douter car s'il y a bien une chose que tu sais faire, c'est jouer de la guitare, ou même du piano, ou encore de ton violon, ou un autre instrument que maitrises, tout en chantant juste, et ça c'est une certitude. Quelque chose que tu pourras toujours retrouver et ce peu importe ce qui se passe dans le reste de ta vie, c'est réconfortant et tu ne saurais pas vraiment décrire ton procédé ou pourquoi tu préfères garder certains textes et certains accords pour toi. Sans doute parce que cela est trop intime, un peu trop personnel et qu'il y a des parts de toi que tu n'es pas encore prêt à exposer au reste du monde ?
Oui, quelque chose comme ça, aussi, tu hoches la tête face aux mots plus que doux d'Evelyn, sentant le rouge légèrement te monter aux joues. Tu ne doutes pas de sincérité, c'est sûrement ce qui explique pourquoi tu baisses légèrement le regard, haussant les épaules la seconde suivante, te concentrant sur ton dessert l'instant d'après. "Cela ne me dérange pas trop de répondre à tes questions, pas du tout d'ailleurs..." Tu es honnête en retour, ne te sentant pas brusqué ou acculé comme le font souvent les questions des autres, ceux qui veulent à tout prix savoir et qui ne comprennent pas vraiment pourquoi tu te mets volontairement sur la touche. Là encore, impossible de mettre directement le doigt là-dessus, et ce n'est pas si grave si tu préfères ta propre compagnie et tes propres mots parfois, pour en dire peu face aux autres. Pas face à Evelyn cependant, tu as été un beaucoup plus bavard que d'habitude, tu en as bien conscience. "Je sais que tu ne m'en voudras pas si je ne réponds pas à certaines alors..." Alors elle n'a pas encore dépassé de limites, tu le lui feras savoir si c'est le cas et tu te redresses légèrement sur ta chaise comme gage de ta bonne foi, pas encore prêt à laisser passer le moment. "Sauver les apparences ? Hmm non, c'est déjà trop tard pour moi, où est le serveur..." Tu as un léger rire, accordé au sourire de la brune et plus qu'attaché à l'idée que vous ayez déjà des secrets à partager.
Tu réussis à capter l'attention du serveur justement, et tu n'hésites pas du tout à demander ton chocolat chaud, un signe de tête vers Evelyn la seconde suivante au cas où elle veuille commander quelque chose elle aussi. Une fois que l'employé s'éloigne, tu décides de répondre à ses précédentes interrogations. "Pour te répondre oui, j'écris mes propres textes, et je les mets souvent en musique, je crois que j'ai assez de matériel chez moi pour ouvrir mon propre studio d'enregistrement, mais c'est principalement pour moi." Toi, pour passer à autre chose, pour vocaliser toutes les choses que tu ne dis pas et que tu serais bien incapable d'avouer à toutes les personnes concernées. Car tu n'écris pas que sur les déceptions amoureuses, mais sur ta vie en générale, puisant dans ton quotidien les mots nécessaires et les bonnes notes de musique, tu l'as toujours fait, c'est nécessaire pour faire le point, pour t'aider à relativiser, mais également... à tourner la page. Quand tu as pris la décision, plutôt lourde et difficile, de t'éloigner d'Anton et de le faire sortir de ta vie, tu as griffonné et composé plus de refrains que certains le font dans toute leur vie, juste pour réparer ton cœur brisé, ou du moins, tenter de le faire. "Et de temps en temps, quelques chansons se fraient un chemin jusqu'à l'oreille de Dahlia et dans la playlist du groupe." Ta meilleure amie et co-fondatrice de votre groupe peut se montrer très insistante parfois, assez pour faire sortir n'importe qui de sa coquille, toi y compris.  "Tu nous as déjà vu sur scène, je suis certain que tu as déjà entendu une de mes chansons sans le savoir." Que tu décrètes avant de prendre une autre bouchée, un haussement de sourcils ponctuant ton expression. Ce n'est pas comme si tu t'arrangeais pour toujours faire passer tes textes entre deux chansons plus que connues... absolument pas.
"Du moment que cela plaît à nos clients, c'est tout ce qui compte final, ma carrière musicale me convient très bien pour le moment." Tu fais l'affirmation suivante avec un air plus que serein sur le visage, vous avez une certaine indépendance au final, vous pouvez accepter ou refuser les contrats et les cérémonies que vous voulez et tu es entouré d'amis de longue date, que demander de plus, vraiment... "Mais je mange gratuitement aujourd'hui, il faudra bien que je te rende l'appareil, donc..." Et ce serait bien ton genre de lui dire merci en chanson... Tout à fait ton genre d'ailleurs.

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crédits gif & code fiche/ (ssoveia & malibu) ✰ w/ @Nicholas Hurley

"Tu en es sûr ? Parce que je peux vraiment être trop bavarde parfois." C’était une façon comme une autre d’assumer la curiosité qu’elle alimentait l’air de ne pas y toucher, et qu’elle décida de laisser de côté pour de bon cette fois, consciente que l’avantage qu’elle semblait avoir, elle ne devait pas le pousser plus loin pour subtiliser au jeune homme ce qu’il donnait l’impression de vouloir conserver pour lui et pour sa propre psyché. Elle ne jugeait pas le mystère entretenu par les autres comme une tare à soigner bien au contraire, et s’il fallait qu’elle joue le jeu, elle respecterait la manière qu’il avait de rester en lui-même pour mieux gérer ce qui lui donnait de la difficulté. Evelyn avait tendance à faire la même chose après tout, aussi ne le fustigeait-elle pas de préférer la réserve au déballage inopiné de ses plus gros secrets. En d’autres termes, elle le comprenait mieux que personne à ce sujet, alors d’un commun accord avec sa fichue curiosité, elle décida qu’elle cesserait de vouloir creuser là où il ne tenait pas qu’elle le fasse ; quand bien même il lui assura le contraire, elle le soupçonnait d’être trop poli pour prétendre autre chose dans tous les cas. Lui souriant, elle le rassura à son tour, se rasseyant dos contre sa chaise, le regard ne sondant pas trop loin le sien à cette distance, l’accrochant juste assez pour qu’il comprenne qu’elle était on ne peut plus sincère "C’est vrai, je ne t’en voudrais pas. Entre toi et moi, il m’en faut plus que ça pour en vouloir à quelqu’un." laissa-t-elle filer avant de se lancer dans une farce à propos du chocolat chaud qui lui faisait envie. D’ailleurs, Stuart ne mit pas bien longtemps à faire son apparition.
S’il s’était aperçu que le rendez-vous de mademoiselle Pearson ne s’était pas passé comme elle l’avait entendu lorsqu’elle avait contacté le salon de thé comme à son habitude, il ne montra rien, et prit sa commande et celle de son invité sans démontrer autre chose que de la bienséance enseignée dans l’école prestigieuse qu’il avait fréquenté ; un thé nature sucré, et un chocolat chaud qu’il prépara lui-même selon un rituel qui permit à Evie et Nicholas de poursuivre leur conversation sans avoir à se préoccuper d’autre chose que d’apprécier la présence de l’autre — ce qui était définitivement le cas de l’organisatrice de mariage dont les paupières se plissèrent quand Nicholas rebondit sur les questions qu’elle lui avait posé.

Et ça la fit sourire intérieurement, cette manière qu’il avait d’y aller prudemment avec ses réponses, un peu comme s’il jaugeait le degré de risques qu’il prenait en sortant de ses habitudes. Evelyn ne lui ferait pas remarquer, elle ne pouvait qu’apprécier qu’il la juge assez digne de confiance pour ne pas s’enfuir en courant, et tandis que Stuart revint avec leurs boissons chaudes qu’il pose devant eux, elle attendit qu’il tourne les talons pour dire à Nicholas.
"C’est une sorte de thérapie. L’art de manière générale, ça aide à se focaliser sur autre chose, ou à résoudre des problématiques selon ses propres termes et besoins… c’est bien que tu le fasses pour toi, même si encore une fois, tu joues avec ma curiosité, et si je n’avais pas déjà l’impression de te harceler, je te demanderais de quoi parle tes chansons." Elle s’était promise de ne plus le faire cependant. Aussi se tût-elle pour se perdre dans ses propres pensées, au moins le temps de quelques secondes. Le dessin, et plus tard la calligraphie, avait eu ce rôle là pour elle ; celui de lui occuper suffisamment l’esprit, tout en la libérant, car elle avait prit conscience de la possibilité offerte par son talent d’exprimer ce qu’elle ressentait vraiment. Elle connaissait l’importance de la signification réelle d’une oeuvre qu’on osait partager avec les autres, et c’est ce qui lui fit ajouter, sa tasse de thé déjà empoignée par la anse avec une distinction qu’elle avait hérité de ses années passées en Angleterre "Mais j’ai appris mes leçons, et je ne te demande pas de me céder ces secrets-là. Ça t’appartient, et je me tais, c’est juré." Au moins pendant qu’elle savourait la gorgée brûlante de thé qu’elle prit du bout des lèvres, et qu’elle avala par à coup ; avant d’enchaîner naturellement sur ce qu’il continuait de partager avec elle tout en gardant sa tasse à proximité de son visage "Peut-être. Je suis sûre que j’aurais reconnu ta patte… mais si je dois être honnête, je suis souvent trop occupée alors je suis sans doute passé à côté. Je serai beaucoup plus attentive la prochaine fois." Elle espérait que cette promesse-là ne lui paraîtrait pas trop anecdotique, puisque dans le fond d’elle-même, elle savait qu’elle l’honorerait sans aucune hésitation. Apprendre à connaître quelqu’un, c’était accepter de s’abandonner au moins quelques instants, et si elle n’était pas très franche dans cette exercice-là, trop portée sur le contrôle pour se laisser totalement aller dans ces cas de figure-ci, il y avait des efforts qu’elle était prête à faire quand elle s’apercevait qu’elle appréciait quelqu’un.
Nicholas faisait une belle entrée dans sa courte liste, et c’était autant cette conclusion que ce qu’il lui dit à cet instant qui la fit rire pour de bon. Posant sa tasse devant elle en continuant de sourire, elle pencha la tête très légèrement sur le côté avant de la secouer et de lui dire, le nez froncé par la réponse qu’elle avait anticipé dans l’intimité de ses pensées "Je ne vais pas t’obliger à me remercier avec une chanson, un dîner suffit tu sais." Et une nouvelle fois, parce qu’il était opportun de le faire à ce moment-là, ne serait-ce que pour éviter que le court silence qui s’installa entre eux ne perdure, Evie jeta un coup d’oeil au cadran de sa montre dans l’espoir de trouver quelque chose à ajouter pour minimiser les effets du culot dont elle venait de faire preuve, et qui la gêna un peu dans le fond. Jusqu’à ce qu’elle retrouve son panache, et que pointant du doigt l’assiette vide de Nicholas, elle lui fit avec malice "Je pense ne pas me tromper si je conclus qu’on part sur un fraisier ?"

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crédit/ (rostovarps/tumblr) ✰ w/ @Evelyn Pearson

"Eh bien... sache que si tu es trop bavarde, je suis un peu trop silencieux parfois, donc on se complète bien." Que tu lances dans un premier temps, tentant de rassurer à Evelyn à ta manière. Et pour expliquer à l'organisatrice de mariage que si elle avait dépassé ne serait-ce qu'une seule limite, elle l'aurait compris rapidement. Tu n'estimes pas être la personne la plus subtile du monde et tes zones de confort ne sont pas si grandes que cela... tant et si bien que n'importe qui peut lire sur ton visage s’il ou elle va un peu trop loin et que tu souhaiterais que la conversation dérive sur quelque chose de neutre. Ce n'est pas du tout le cas dans la présente, la conversation évolue de manière organique et naturelle, tu ne te sens forcé de rien et tu te retrouves à esquisser un sourire en entendant autant de diplomatie venir de la part d'Evelyn. Preuve qu'elle a bien l'habitude de converser avec des personnes de tous les horizons, de gérer les situations de crises et de calmer les plus anxieux. Et tu peux dire que cela fonctionne, avec brio, tu n'as pas regardé la semelle de tes chaussures depuis le début de votre échange et tu n'as même pas songé à cacher tes deux mains dans les manches de ton pull, histoire de te protéger un peu plus, du tout. Si cela ne veut pas dire qu'Evie est sur la bonne voie alors tu ne t'appelles pas Nicholas Hurley, c'est certain.
Fort de cette nouvelle assurance et à l'aise, tu prends une longue gorgée de ta boisson chaude, te laissant porter par les mots de la brune, hochant la tête l'instant suivant, ton pouce passant sur le haut de ta bouche, pour effacer toute trace de lait chaud. "Hmm... j'avoue que je n'y avais jamais pensé comme cela, mais j'aime bien ta façon de voir les choses, Evie." Et tu n'as jamais été un grand fan de la thérapie, estimant que cela ne fonctionnait pas du tout pour toi, allant même jusqu'à supplier Esmée de t'épargner tout cela quand on a jugé que c'était nécessaire... c'est derrière toi maintenant, et dès fois tu te dis que si tu avais été un peu plus diligent, tu serais sans doute une personne un peu plus équilibrée mais, à quoi bon vivre en hypothèses ? Cela n'a jamais aidé personne, tu le sais, et tes démons sont rangés depuis longtemps, ils appartiennent au passé et tu n'as vraiment pas besoin de parler de cette partie-là de ta vie avec qui que ce soit, cela ne te définit pas et tu as tourné la page depuis longtemps en fait. Tu es bien plus que ton sordide passé, fort heureusement. Et si tu pouvais lui faire un résumé complet de tous tes textes, tu le lui ferais, certainement en rougissant légèrement, mais même toi tu sais que cela ne rendrait pas du tout justice à tes morceaux. Et Evelyn passerait à côté de quelque chose... d'unique. Oui, tu n'as pas d'autres mots pour cela en fait.  
"Comme je te l'ai déjà dit, jouer un instrument c'est un peu obligatoire dans ma famille. Enfin pas obligatoire, on a ça dans le sang, quand ça va mal... c'est un peu le premier refuge et presque comme un réflexe. C'est rassurant dans un sens." Rassurant, familier, tellement d'adjectifs pour d'écrire ce sentiment de sécurité quand tu finis par retrouver ta guitare ou même t'asseoir devant un piano, c'est ce que tu fais de mieux, c'est qui tu es et ce même s'il y a des hauts et des bas, cela ne changera pas. Et en chanson, tu peux un peu plus t'exprimer, sur les sujets que tu refoules et repousses le plus loin possible, pas quelque chose que tu fais en temps normal. "Ah tu vois ! Je parle." Tu as un léger rire, faisant référence à la remarque précédente d'Evelyn et tu hausses les épaules la seconde suivante, quand elle tente, encore une fois de te rassurer.  "Et tu ne m’obligerais pas à chanter, du tout, ce serait même le contraire, une excuse pour t'embêter un peu, avec ma guitare, ou me violon, ou ce que j'arrive à transporter ce jour-là... ces temps-ci, j'essaye de m'acheter une harpe et de trouver quelqu'un de patient pour me donner des cours." Pourquoi autant d'informations qu'Evie n'avait jamais demandé ou exigé de ta part ? Tu n'en as aucune idée, l'information t'a paru importante sur le moment et quand tu te retrouves face à une assiette vide et Evelyn qui suggère une autre tête à tête de ce genre, tu relèves les yeux vers elle, tes yeux bleus face à la nouvelle expression, indéchiffrable et inconnue, de la jeune femme.
"Un dîner suffit, je note donc cette précieuse information."  Certain, que tu trouveras une bonne occasion de l'inviter et le bon restaurant... ou alors tu demanderas de l'aide à Dahlia, qui sera ravie de remplir son rôle de meilleure amie, tu le sais.  "Oh décidément, le fraisier..." Tu as un autre rire, réalisant avec un temps de retard que tu n'as vraiment pas su cacher ton enthousiaste au final, tu as été transparent au possible sur ce coup-là. "Mais il faut trouver autre chose pour les invités, le fraisier c'est pour moi, l'invité d'honneur." Et tu crois même ce que tu te dis, paraissant sincère pendant quelques secondes, alors que tu détestes l'attention et tu es certain qu'Evelyn a pu s'en apercevoir et très vite en plus. "Blague à part, merci de m'avoir invité, la prochaine fois que tu as une montage de pâtisseries à finir... tu sais déjà où me trouver."