6 février 2021. Hier, j’ai voulu faire mine d’oublier la fête de Tessa et de Link et je ne leur ai donc pas envoyé de sms remplis de souhaits avant… minuit moins quart. Moment durant lequel ma culpabilité a pris le dessus et m’a fait prendre le contrôle de mon téléphone pour leur envoyer chacun mes meilleurs souhaits suivis d’une série d’emojis sans rapport. Je voulais faire mine d’oublier pour donner un ton plus dramatique à leur fête surprise qu’Erin et moi leur organisons ce soir, en mode J'T'AI PAS VRAIMENT OUBLIÉ FRANCHEMENT AHAHAH. M’enfin, aucun des deux ne se doute encore, je crois, de ce que nous leur organisons dans mon petit studio. Ça va être génial. Erin s’occupe d’apporter les boissons et les cookies, et moi de faire le ménage de mon appart (ce qui est une pas pire tâche en elle-même considérant le fait que je me suis laissé allé cette semaine) et du repas. J’ai envie de mettre une extra dose d’amour aux préparatifs (donc extra fromage), surtout avec le coma de leur frère… J'ai l’impression que Tessa en est plus affectée que Link, mais c’est peut-être seulement parce qu’il arrive mieux à le cacher qu’elle. M’enfin, ce soir, Riri et moi, on leur changera les idées, on leur organisera une soirée mémorable.
Ma mère m’a donné la recette de lasagne [de son cuisinier] et en avant-midi, je tente tant bien que mal de la faire en suivant les instructions minutieusement. Mais rester concentré de cette manière sur autre chose que de la photo est une tâche ardue pour moi et j’ai inversé les quantités ici et là, oublié la lasagne dans le four et qui, soit dit en passant, ne ressemble que semi à une lasagne, ET en plus, j’ai oublié de mettre une extra dose de fromage. Bon… il y aura celle que ma mère m’a laissée dans le congélateur, un repas passe-partout qu’elle m’apporte régulièrement pour être certaine que je ne meurs pas de faim. J’attendrai quand même l’arrivée d’Erin pour la mettre au four, parce qu’elle, elle n’oubliera pas de la sortir. Et au pire, on commandera quelque chose à manger, ce que les jumeaux voudront, je ne suis pas stressé avec ça.
Erin arrive en milieu d’après-midi pour m’aider à préparer le tout et on passe le temps jusqu’à ce soir — grand moment attendu — en spéculant sur les réactions de Tess et de Link et en brainstormant des idées de jeux pour animer la soirée. Je dois user de tout mon contrôle de moi-même pour ne pas piger dans le bol de cookies qu’elle a apportés. « C’est pas juste, j’ai faim », je me plains dans un gros soupir, avant de me laisser tomber dans le canapé près d’elle. Puisqu’il nous reste un peu de temps avant l’arrivée des invités principaux, on pratique notre chanson pour le prochain karaoké, lorsqu’Erin s’exclame qu’on devrait trop faire ça ce soir. Je hausse les épaules, un sourire malicieux aux lèvres. « Oh ouais, je veux trop voir Link chanter », je m’exclame, sachant très bien qu’il n’aime pas trop. « Ouin, bon… peut-être pas finalement… » C’est son anniversaire, après tout. « Quant à Tessa… » Je me tais, n’en rajoutant pas plus, ayant peur des pensées qui pourraient surgir tout haut. Il y a tout un tas de belles paroles que j’aimerais lui chanter si j’en ai l’occasion.
L’heure de faire venir les deux fêtés a sonné et Erin et moi nous sommes entendus un peu plus tôt qu’elle se chargerait de Link et moi, de Tessa. Je signale le numéro de Tess, installé tête en bas sur mon divan, et je me mordille l’ongle du pouce en attendant qu’elle décroche. Au son de sa voix, je lâche: « TESS! Urgence — c’est Chat — j’ai besoin de toi — » Dans un dernier coup d’acting, je m’exclame, comme s’il arrivait réellement quelque chose en live: « AH MERDE — » et je raccroche brusquement comme si je ne pouvais plus tenir la ligne pour m’occuper de mon pauvre chat, alors qu’il est en train de se laver à l’autre bout du canapé et me dévisage avec des yeux ronds depuis qu’il a entendu un de ses nombreux surnoms. Je suis heureux que Tessa n’ait pas vu mon visage, elle aurait tout de suite détecté que je bluffais. Mais ma voix… ouais, je crois que c’était crédible. En tout cas, je l’espère. L’instant d’après, mon téléphone vibre et, lorsqu’elle tombe sur ma boîte vocale, elle m’envoie quelques messages pour me demander si ça va et me dire qu’elle arrive. Je dois tout faire pour ne pas répondre et je finis par cacher mon cellulaire entre deux coussins de mon divan pour étouffer le son de la vibration. Maintenant, ce n’est qu’une question de temps. Je sais, j’aurais pu tout simplement l’inviter à faire quelque chose avec moi, mais 1) ça aurait été trop simple, et 2) elle se serait sûrement doutée que ça serait pour son anniversaire, considérant que ce n’était que la veille. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre que tout le monde soit là.
« youhouuuuuu » Un pied sur le caddie et l’autre au sol pour se donner de l’élan, Erin file entre les rayons du supermarché toute joyeuse. Elle est bien décidée à remplir ce caddie. Et ça ne sera pas avec des légumes ou des trucs diététiques. Ce soir c’est fiestaaaa ! Il y aura sûrement plus de liquide que de solide. Elle boira certainement plus que de raison. Evidemment elle entraînera tout le monde dans sa descente. Bref, cette soirée s’annonce intéressante. C’est l’anniversaire de deux personnes qu’elle apprécie énormément. Il faut donc graver cette journée dans leur mémoire. En réalité c’était hier … Mais Tessa sortait tout juste de sa convalescence. D’ailleurs elle avait fait genre de zapper cette journée en n’envoyant aucun message. Ni au frère, ni à la soeur. Ils doivent sûrement faire la gueule à l’heure qu’il est. Qu’importe ! Erin joue très bien la comédie contrairement à Mayers ! Le connaissant, il doit se torturer à ne pas envoyer un petit message. Il a craqué c’est sûr ! - Petit joueur - Il n’a jamais su mentir. Une vraie catastrophe ! Et hop un paquet de chips par ici, des gâteaux apéro. Des mini Knacki hmmmm. Elle bifurque dans le rayon alcool. Whisky, Vodka, Rhum … que des alcools francs du collier. Mais le meilleur de tous à ses yeux c’est cette bouteille représentant une tête-de-mort contenant un liquide vert. Hors d’atteinte d’ailleurs. Pourquoi ses parents l’ont faite si petite ? Elle sautille, soupire, la main tendue vers le haut tel un enfant qui voudrait son paquet de bonbons. C’est presque mignon. Évidemment personne n’est dans le rayon pour venir l’aider. Déterminée, elle s’acharne à sauter pour l’attraper. Ses doigts frôlent la bouteille. Elle saute, elle saute en faisant glisser son précieux sésame. La bouteille finit par basculer dans le vide accompagnée d’une deuxième qu’elle rattrape de justesse. Large sourire aux lèvres, elle les range dans le caddie. « Be my little baby, Say you'll be my darling, Be my baby now, Ooh, ohh, ohh, oh * » Sa voix résonne dans les rayons du magasin. La demoiselle jette son dévolu sur une chanson des Ronnettes. Elle a un goût particulier pour les musiques rétro malgré son jeune âge. Après avoir acheté de quoi faire des petits fours, et les gâteaux, Elle s’en va à la caisse et charge tout ça dans sa fidèle coccinelle. Un vrai Tetris s’impose. Ça l’a fait toujours se marrer de voir la tête des gens quand elle ouvre le capot avant et qu’ils constatent qu’il n’y pas de moteur à cet endroit.
Elle chante à tue-tête tout le trajet (Pour changer). Cheveux au vent, lunette de soleil sur le nez, elle est toute fière dans sa vieille chariotte. Cette voiture compte beaucoup à ses yeux. Une valeur sentimentale que tout le monde ne cerne pas. Erin à tendance à s’attacher à n’importe quoi. Même à cet élastique rose autour de son rétro central qu’elle avait acheté juste en souvenir du bon vieux temps. Est-ce qu’on parle de sa banquette arrière ? Elle sourit tout en fixant la route. « ADIBOU VIENT M’AIDER » qu’elle gueule pour qu’il l’entende de là haut. Sa fenêtre était ouverte. Il ne pouvait que l’entendre ! De toute façon, elle grimpe dans l’ascenseur avec des sacs pleins les bras pour le rejoindre. Essoufflée, elle lâche les sacs au pied de sa porte. Il s’apprête à ramasser les sacs. « Heyyy !!! Bisouuu » Dit-elle en se penchant sur lui pour le recevoir. Ils entrent avec tous ces achats. « Hoo c’est tout propre ! » Sans aucun sous-entendu, vraiment. Erin s’en va faire un gros câlin à Peter Quill Menders puis au petit Rocket qu’elle prend dans ses mains pour lui grattouiller le ventre. « Ça sent le cramer ici ? » Vu la tête d’Addie, il avait merdé en cuisine. Elle rit en ouvrant grand les fenêtres. Pas le temps de bavasser. La blonde s’en va en cuisine et commence à confectionner les petits fours, les toasts, les gâteaux. Sans oublier les cookies. Adriel se prend un coup de spatule sur la main en tentant de voler un cookie. « C’est pas juste, j’ai faim » Erin le regarde en le menaçant du regard. Elle est très effrayante ! Autant qu’un petit chaton qui grogne. « T’auras tout le loisir d’en manger ce soir glouton » Par contre elle ne se prive pas pour manger un toast au saumon sous ses yeux. Elle s’éloigne en rigolant. Ils parlent un peu du programme de ce soir. « Oh ouais, je veux trop voir Link chanter » Erin allume la chaîne hifi du brun pour mettre l’ambiance. Elle tourne sur elle-même en faisant virevolter ses mèches blondes. « Moi je veux le voir danser. Il chante comme une Castafiore ! » Dit-elle un brin amusé. Elle adorait taquiner Link. Il lui tarde de passer la soirée avec eux. Tout est enfin prêt. Adriel se motive à prévenir Tessa. « TESS! Urgence — c’est Chat — j’ai besoin de toi — » Erin le regarde avec des gros yeux. « T’as pas fait ça ? Elle va te tuer ! » La pauvre Tessa sortait tout juste d’une opération du cœur et lui manquait de lui faire faire une crise cardiaque. Elle vient s’étaler la main sur le visage d’un air exaspéré. « Ravie de t’avoir connu Mayers » Elle lui vole un baiser sur la joue avant de quitter l’appartement. « Je vais chercher le plus beau » dit-elle en fermant la porte derrière elle.
Les yeux rivés sur sa montre. Elle roule en direction de la casse où il bosse. Elle marche d’un pas assuré jusqu’au bureau du responsable des lieux. « 500 dollars. » Erin regarde l’homme en s’interrogeant. « Pardon ? » Il semblait vouloir lui donner de l’argent mais elle ne savait pas vraiment pourquoi. « 500 pour la Volkswagen » Qu’il répond en pointant sa voiture avec son menton. « Ha mais NAN ! Même pas vous posez vos sales pattes dessus. Il est ou Link ? » Quel abrutit celui-là. « Partie » Okey tout ça pour ça. Elle quitte le bureau et remonte dans son vieux taco, remuant volontairement la poussière en partant brusquement. Elle frappe deux coups et entre dans l’appartement comme une fleur. « Billyyyy Elliot !! where is he ? » Ça lui plaisait de l’appeler comme ça. Elle faisait évidemment référence au film. Personne ne répond. Mais son oreille est vite attirée par l’eau de la douche qui coule à flot. Un sourire malicieux vient se dessiner sur ses lèvres alors qu’elle s’en va vers sa cuisine pour remplir un verre d’eau bien froide. À pas de félin, elle entre. Brusquement, elle tire rideau pour le découvrir nu comme un ver. - C’est bon, ce n’est pas comme s’ils ne s’étaient jamais vu tout nu ces deux-là. - Il n’y avait vraiment aucune pudeur entre eux. C’est bien le seul mec avec qui elle se balade à poil sans crainte. « DÉPÊCHE CE SOIR JE TE SORS » Elle balance l’eau froide sans crier gare avant de se barrer bien vite de la salle de bain en se bidonnant. Sanders prend soin de se mettre près d’objets auxquels il tient particulièrement dans le cas où il voudrait se venger en lui balançant de la flotte ou je ne sais quoi. C’est toujours le jeu du chat et de la souris. À savoir qui aura le dernier mot. Et Erin n’aimait pas vraiment lui donner raison… ça pouvait durer longtemps cette histoire.
Après avoir chahuté comme deux gamins. Elle l’embarque avec Herbie (Alias Choupette). Une main sur le volant, l’autre accoudé à la portière, elle garde plus ou moins les yeux sur la route tout en discutant avec son passager. « J’espère que t’avais rien prévu. De toute façon t’as le choix hein. Et ton patron est un con, j’annonce. Il a voulu me racheter Choupette 500 dollars. » Il fallait qu’elle trouve un moyen de ne pas éveiller les soupçons tout en se pointant chez Mayers. « Merde fait chier, j’ai oublié mon chargeur chez Addie. Je m’arrête vite fait chez lui. J’en ai pour 5min. Il est pas là de toute façon » Crédible ? Mais ouiii ! Elle roule jusqu’au studio où va se dérouler la fête. Elle serre les fesses pour pas que Tessa se pointe en même temps. La loose. Elle coupe le contact et sort de sa voiture d’un pas rapide. « Attends moi là » Vite vite viteeee. « ADDIEEEEEEE MAGNE » Elle rentre dans l’appartement en stress. C’est la panique à bord. < Link est en bas. Tessa ? > Elle se précipite vers la fenêtre pour regarder sa Cox d’en haut. « Link ramène TOI VITE ! Y a une méga fuite d’eau dans sa cuisine » Adriel la regarde chelou. Elle hausse les épaules en faisant une moue « Ouais bah désolé j’ai pas trouvé mieux. Éteint la lumière. » Les pas du brun se font entendre. Erin attrape Adriel pour se planquer derrière le canapé. « Shutt pas de bruit » Tessa arrive au même moment. Elle s’étonne de voir son frère là. Erin glousse c’est horrible. L’un d’eux se décide à ouvrir la porte. Les deux autres sortent de leur cachette en s’exclament « HAPPY BIRTHDAY LES PETITS LOUPS » Elle souffle dans une mini trompette de papier et jette des confettis en riant. Addie fera le ménage c’est pas bien grave …
Hier c’était notre anniversaire à Tessa et moi et nous avons passé la soirée chez nos parents. Sans Pete. Parce que l’enfant prodige a pris une méchante débarque en bas de son piédestal, il est finalement temps que nos parents le voient sous son véritable jour. Sauf que même si je me réjouis de sa chute que j’attendais depuis longtemps, une partie de moi est soulagée qu’il se prenne un peu en main, même s’il n’a pas vraiment eu le choix. Parce que je n’ai jamais souhaité qu’il meurt malgré tous nos différends. Parce que c’est mon frère et, même si je ne lui dirai probablement jamais, je l’aime quand même un peu. Malgré son absence, son nom a tout de même été prononcé à quelques reprises durant la soirée mais j’en ai profité pour clouer le bec de tout le monde en dropant la bombe : je suis en couple. Et pas avec n’importe qui, avec Bryn qu’ils connaissent très bien considérant que nous sommes amis depuis notre enfance. Mon annonce a eu l’effet escompté, ils étaient tous très surpris et je me suis fait mitrailler de questions. Sauf que j’ai fait exprès de leur annoncer alors que nous mangions le dessert pour pouvoir m’éclipser rapidement après sous prétexte que je travaillais le lendemain et que je devais me coucher tôt. Il ne me reste plus qu’à espérer avoir été crédible, même si ce n’est pas comme si j’avais l’habitude de m’inventer une vie amoureuse habituellement.
La levée du corps est difficile ce matin, je prends donc le temps de lire tous les messages de bonne fête qu’on m’a envoyés depuis la veille, dans mon lit. Et lorsque je finis de remercier tout le monde, je ne peux m’empêcher de les revérifier un à un pour m’assurer que je n’en ai pas sauté un par mégarde mais mon constat est le même : aucun message de la part d’Erin. Rien, niet, nada. Comment a-t-elle pu oublier mon anniversaire? Ça ne lui ressemble pas… Je contemple l’idée de lui envoyer un message pour lui demander comment elle a pu oublier mais je me retiens, décidant de voir combien de temps ça allait lui prendre pour le réaliser. C’est le cœur serré que je ferme mon téléphone, conscient que j’allais sinon vouloir le regarder aux deux minutes pour voir si j’avais un message de sa part, et que je me lève du pied gauche pour me rendre à mon travail. « T’es en retard » me dit mon patron alors que je franchis la porte de l’accueil. Je le salue d’un signe de la main, sans même le regarder. « C’était ma fête hier. » Je tente de me justifier pendant que je range mon repas dans le réfrigérateur des employés. « T’es ENCORE en retard. C’est ta fête combien de fois par année? » Je lève les yeux vers lui en soupirant. « Je vais reprendre mon temps, tu le sais bien. » Et je sors sans attendre sa réponse, coffre d’outils dans une main. Malgré ma mauvaise humeur, la journée passe relativement vite et je me réjouis du fait que je n’ai pas besoin d’interagir avec les clients.
En rentrant dans mon appartement, je dépose ma boîte à lunch sur le comptoir et je file directement dans la salle de bain pour prendre ma douche. Les mains noircies de cambouis, je les frotte vigoureusement avec un savon exfoliant sans entendre la petite souris qui s’infiltre dans ma salle de bain. Lorsque mon rideau de douche s’ouvre brusquement et que j’aperçois Erin, je cris en rapprochant mes bras de mon torse dans un réflexe défensif. « What the fuck Erin? » J’ai tellement fait le saut que mon cœur menace de me défoncer la cage thoracique. Il n’a pas le temps de se remettre de la première attaque qu’elle renchérit. « DÉPÊCHE CE SOIR JE TE SORS » crie-t-elle en me balançant un verre d’eau froide dessus, m’arrachant un deuxième cri. Et mon corps se défend comme il peut face à cette attaque violente, mon anatomie tente de littéralement de rentrer par en-dedans comme une tortue dans sa carapace. « ERIN! » Je ferme la champlure et je sors de la douche en grelottant, enroulant une serviette autour de ma taille. J’en attrape une deuxième et je pars à ses trousses, tentant de la fouetter avec la serviette pour me venger avant d’essayer de lui faire des câlins alors que mon corps est encore trempé.
Après quelques minutes, nous décrétons la trêve et je m’habille pendant qu’elle m’attend dans le salon. Je tente de lui tirer les vers du nez pour savoir où on va mais impossible de lui soutirer la moindre information. Je la suis donc jusqu’à son véhicule et je prends place sur le siège passager. « J’espère que t’avais rien prévu. De toute façon t’as le choix hein. Et ton patron est un con, j’annonce. Il a voulu me racheter Choupette 500 dollars. » J’accoude mon bras gauche sur la portière en riant. « J’avais pas prévu prendre une douche froide en tout cas. » Même si je devrais peut-être, considérant mes factures en retard. C’est un luxe que je pourrais forcément perdre bientôt. « Il est peut-être con mais il me donne un salaire. Et Choupette a beau être cool, ça doit être ce qu’elle vaut pour les pièces j’imagine. » Et elle n’a clairement pas la même valeur sentimentale pour Garry que pour Erin. « Merde fait chier, j’ai oublié mon chargeur chez Addie. Je m’arrête vite fait chez lui. J’en ai pour 5min. Il est pas là de toute façon. Attends moi là. » Je hoche la tête en silence et je sors mon téléphone de mes poches pour m’occuper en attendant. Mais je n’ai pas le temps de faire grand-chose avant d’entendre la voix d’Erin retentir par la fenêtre de l’appartement d’Adriel. « Link ramène TOI VITE ! Y a une méga fuite d’eau dans sa cuisine » Sérieux? J’espère qu’il a des outils dans son appartement parce que je ne traîne pas ça avec moi dans la poche arrière de mon pantalon. Je grogne en laissant ma tête retomber contre l’appuie-tête. « Ferme l’alimentation d’eau! » Je me dépêche de sortir du véhicule pour me diriger vers son appartement en courant mais je m’arrête sec en voyant ma sœur. « Tess? Qu’est-ce que tu fous là? » Les sourcils froncés, je tourne la tête vers la porte et c’est à ce moment que je fais 1 + 1. Suspicieux, j’ouvre la porte de l’appartement d’Adriel en souriant. « HAPPY BIRTHDAY LES PETITS LOUPS » Je fixe Erin d’un air faussement fâché et je me masse la nuque d’une main. « Putain, j’ai vraiment cru que t’avais oublié. » Le sourire fendu jusqu’aux oreilles, j’agrippe la main de Tessa et je m’approche de nos amis pour qu’on se donne un câlin collectif. « Tu fais chier, j’ai été de mauvaise humeur toute la journée à cause de toi. » dis-je le regard posé sur le visage d’Erin. Je tourne la tête vers Adriel en riant. « C’est pour ça le message si tard? T’as pas réussi à attendre c’est ça? Ça c’est un vrai ami. » Je pose une main sur l’épaule d’Adriel tout en tirant la langue à Erin.
J’étais sortie de l’hôpital depuis peu de temps et autant dire que mon état n’était pas vraiment des plus fringants. Si je passais le plus clair de mon temps à me raisonner et à essayer de récupérer de mon opération, l’envie de voir du monde et de ne plus penser à rien se faisait de plus en plus ressentir. C’était presque avec soulagement que je m’étais rendue chez mes parents le jour de mon anniversaire pour un repas calme en famille, me disant qu’on pourrait bien attendre encore une année pour faire la fête. Ma raison l’avait emporté sur ce coup, mais mon cœur avait envie de traîner Link pour que nous puissions fêter nos anniversaires dignement. Le repas chez mes parents s’était plutôt bien passé, même si le coma de Peter avait quelque peu miné le moral des Mulligan, apportant une touche sombre à cette soirée et surtout, laissant une chaise désespérément vide autour de la table. Si je savais Peter sorti d’affaire concernant son coma, c’était la suite que j’appréhendais et le fait que j’étais consciente qu’il pouvait malheureusement replonger à tout moment. Je lui avais promis d’être présente pour lui, mais malheureusement, j’étais consciente de ne pas pouvoir surveiller ses faits et gestes H24. Si les SMS de mes amis s’étaient enchaînés dans la journée, deux d’entre eux avaient brillé par leur absence : Erin et Adri. J’avais tenté d’y faire abstraction jusqu’à l’annonce brutale de Link, concernant sa vie amoureuse. Link… en couple avec une fille… Et Bryn, qui plus est ? J’avais du mal à me l’imaginer et malgré le fait que mon frère était un grand garçon, je restais méfiante face à cette relation. Peut-être ressentais-je un brin de jalousie, oui. Est-ce qu’il allait passer moins de temps avec moi, pour elle ? Je ne l’espérais pas, au risque de me forcer de lui faire clairement comprendre que j’étais arrivée dans sa vie la première, avant tout le monde, que j’avais été la seule à l’avoir vu grandir alors qu’il ne ressemblait encore qu’à un petit mollusque informe, dans le ventre de notre mère. Link avait quitté la table dès qu’il en avait eu l’occasion et après de longues embrassades avec mes parents et mon frère, je finissais moi-même par rejoindre mon propre appartement. Assise dans mon canapé, je lançais un énième regard sur mon téléphone… J’avais déjà beaucoup de mal avec l’oubli d’Erin, mais Adriel… C’était pire que tout… Est-ce qu’ils étaient ensemble ? Est-ce qu’ils s’amusaient tellement qu’ils en avaient oublié mon existence ? Je poussais un profond soupir et sursautais lorsque la sonnerie de mon portable retentit. Un sourire s’afficha sur mon visage lorsque je constatais qu’il s’agissait d’Adriel… Mais s’effaça aussitôt à la lecture de son message. S’il n’avait pas cherché à passer me voir, c’était une chose, mais qu’il m’envoie un simple message bateau juste avant minuit, c’était clairement du foutage de gueule. Je laissais mon portable tomber à côté de moi, blasée, avant de me décider d’aller me coucher. Anniversaire de merde, heureusement que le lendemain, ce dernier deviendrait un simple mauvais souvenir… Et heureusement que j’avais pu compter sur ma famille, à défaut de le faire pour Adriel et Erin.
Le lendemain fut une journée tout ce qu’il y avait de plus basique. Du repos, du repos et du repos. J’avais l’impression d’être un lion en cage, qui finirait par devenir fou à force de tourner en rond toute la journée. Ce fut dans la soirée qu’enfin, ma journée fut un peu plus agitée, un peu ou plutôt beaucoup d’ailleurs. Je recevais un coup de téléphone d’Adriel, que j’attendais sagement pour lui faire une gentille remarque sur son message, message dont je n’avais même pas pris la peine de répondre, d’ailleurs. A peine avais-je eu le temps de décrocher que sa voix paniquée résonna dans mon oreille. « TESS! Urgence — c’est Chat — j’ai besoin de toi — » Moi-même je commençais à paniquer, sans réellement comprendre les raisons de son appel. « Quoi ? Chat ? Qu’est-ce qu’il lui arrive ? » Inconsciemment, j’avais bondi de mon canapé pour sauter dans les premiers vêtements décents qui me tombaient sous la main. « AH MERDE — » Je sautillais sur une jambe, la seule que j’avais réussi à rentrer dans mon jean pour le moment, mon portable coincée entre mon épaule et mon oreille. « Qu’est-ce qui se passe ? Adri ? ADRI ? » C’est à cet instant qu’Adriel décida de raccrocher. « Quel imbécile ! » Lançais-je, prise dans un vent de panique, sans même en connaître les raisons. J’essayais de la rappeler à de nombreuses reprises, de lui envoyer des messages, en vain. J’enfilais enfin mon pantalon correctement, attrapais ma sacoche avec quelques médicaments de base et de quoi ausculter Chat et je courais vers ma voiture. J’avais manqué de me faire arrêter une bonne dizaine de fois pour excès de vitesse, mais j’arrivais tout de même chez Adriel sans trop de difficultés. Je courais jusqu’à son appartement, ma sacoche négligemment posée sur mon épaule, essoufflée de cette course folle, avant de manquer de rentrer de plein fouet dans… mon frère jumeau ? « Link ? » Je le regardais, interloquée, comprenant rapidement ce qui était en train de se passer. « Je vais le tuer… » Lançais-je, non sans un certain sourire lorsque la main de Link se glissa, naturellement, dans la mienne. « HAPPY BIRTHDAY LES PETITS LOUPS » Cette fois, j’oubliais totalement le calvaire qu’avaient été ces deux derniers jours, ou presque. Je laissais tomber ma sacoche pour me jeter dans les bras d’’Adri, sans manquer de lui glisser un : « Je te déteste… » Discrètement dans l’oreille. Ce câlin à deux se transforma en un câlin collectif, alors que Link fit immédiatement part de ses impressions. « C’est pour ça le message si tard ? T’as pas réussi à attendre c’est ça ? Ça c’est un vrai ami. » Etrangement, un sourire presque ému vint s’afficher sur mon visage devant le geste d’affection que Link fit à Adriel. Je profitais de ce moment entre hommes pour serrer Erin dans mes bras, puis je me tournais vers Adriel. « Donc je suppose que chat va bien ? » Commençais-je, avec ironie. Je préférais largement cette option, en réalité. « J’ai été idiote, j’aurais dû m’y attendre, venant de vous deux… » Lançais-je en lançant successivement un regard à Erin puis à Adri, avant de lever les yeux au ciel, exaspérée de constater que j’avais pu être aussi naïve.
6 février 2021. J’ai tranquillement commencé mon ménage — je m’acharne sur une tache qui s’est logée sur le comptoir — lorsque j’entends Erin gueuler par la fenêtre. « ADIBOU VIENT M’AIDER » Je roule des yeux, amusé par ce surnom. « Crie-le plus fort pour voir », je marmonne en me dirigeant vers la porte d’entrée. Mais lorsque je l’ouvre, Erin vient tout juste de déposer les sacs devant, à bout de souffle. « J’en peux plus ! J’ai soif ! » Je hausse un sourcil, dans deux secondes elle ne se gênera pas pour se prendre un truc à boire en rentrant. « T’as acheté pour une vingtaine de personnes ou quoi? Tu sais, on sera juste quatre. » Des sacs d’épicerie, il n’en manque pas, je peux comprendre pourquoi elle est essoufflée comme ça. Je repère une bouteille d’absinthe dans l’un d’eux, elle ne fait pas profil bas vu la tête de mort sur l’emballage et sa lueur verte. Je fais les gros yeux à ma meilleure amie, mais ne dis rien parce que c’est son breuvage alcoolisé de choix, de toute manière, et ce, depuis des années. Je viens donc pour me pencher pour ramasser les sacs lorsqu’elle me réclame un bisou en se penchant sur moi. Tout sourire, je prends son visage entre mes mains et je lui colle une tonne de bisous un peu partout. « Je sais pas si c’était bisous au pluriel ou au singulier », je dis en haussant les épaules. On rentre avec ses achats et elle s’exclame que c’est tout propre. Je souris en grand, content qu’elle remarque mes efforts. Peter Quill et Rocket ont le droit à des câlins de sa part, puis elle fait remarquer que ça sent le cramé. Je détourne le regard. Merde, j’ai oublié le repas au four… encore. J’étais préoccupé par le ménage; ça m’apprendra à faire trop de choses en même temps. Je soupire et vais éteindre immédiatement le four pendant qu’Erin va ouvrir les fenêtres en grand pour faire aérer le petit studio en riant. Avec le temps, elle est habituée à mes désastre culinaires, limite elle a dû prévoir le coup. Immédiatement, elle se met à la cuisine et je termine le ménage en tournant autour d’elle comme un animal affamé. Par sa cuisine, bien sûr. Lorsqu’elle a la tête tournée, j’en profite pour plonger ma main dans la pâte à gâteau. Lorsqu’elle sort les cookies du fourneau, je tente d’en voler un — faut bien que quelqu’un y goûte pour s’assurer qu’ils soient parfait pour les fêtés (s’entend, les pâtisseries d’Erin sont toujours parfaites, mais ce n’est qu’un détail) —, mais elle m’assène un coup de spatule sur la main. Grimaçant, je lui dis que ce n’est pas juste et que j’ai faim. À son regard, je souris en coin, amusé, mais je sais que je ferais mieux de ne pas recommencer. Elle est mignonne quand elle me fait ces yeux-là, mais je sais qu’elle serait capable de bien plus qu’un coup de spatule pour m’empêcher d’engloutir ses desserts avant le temps. « T’auras tout le loisir d’en manger ce soir glouton » J’affiche mon air le plus boudeur. « Ce soir! » je m’exclame, outré. « Tu veux que je meurs de faim ou quoi? » En plus, elle me nargue avec son toast au saumon qu’elle me mange directement sous les yeux. Et lorsque je tends la main pour le lui voler, elle s’éloigne en riant. Je me jette alors sur elle et l’enferme dans mes bras pour croquer dans son toast. J’y parviens, bien que ça n’ait pas été facile. Je me retourne donc vers le garde-manger pour me prendre une barre tendre protéinée, le genre que j’achète pour avoir la sensation d’être plein sans avoir à cuisiner. On parle ensuite du programme du soir et je m’exclame que je veux trop voir Link chanter, avant d’affirmer que bon, peut-être pas ce soir, considérant le fait qu’il n’aime pas et que c’est son anniversaire. Erin allume ma chaîne hifi et elle virevolte. « Moi je veux le voir danser. Il chante comme une Castafiore ! » Je ris. C’est vrai qu’il danse bien, elle a raison; on aimait bien aller voir les jumeaux à leur spectacle de fin d’année en danse. « J’espère que t’as une bonne playlist, alors. » Erin est bonne pour faire des playlists, alors je lui ai refilé cette tâche pour la soirée.
C’est le moment d’appeler Tessa pour qu’elle se pointe et je me suis préparé toute une petite mise en scène pour la faire venir en urgence chez moi, pour qu’elle ne se doute de rien. Alors que je balbutie des exclamations d’urgence au téléphone, Erin me fait les gros yeux et je dois détourner le regard pour ne pas éclater de rire. « Quoi ? Chat ? Qu’est-ce qu’il lui arrive ? » Je panique un peu intérieurement, me demandant comment je vais pouvoir terminer la conversion. Prétendre qu’il y a une urgence sur le moment avec un « AH MERDE — » bien senti me semble une bonne solution. « Qu’est-ce qui se passe ? Adri ? ADRI ? » Limite je me sens coupable de la faire paniquer sur le coup comme ça, surtout que ça ne doit pas être super bon pour son coeur, si? Alors je raccroche sèchement sous le regard ahuri de ma meilleure amie. « T’as pas fait ça ? Elle va te tuer ! » Je ris. « Elle me pardonnera bien vite en voyant ce qu’on lui a préparé… » Erin se lève, prête à partir. « Ravie de t’avoir connu Mayers. » Je roule des yeux alors que j’ai le droit à un bisou sur la joue, mais je n’ai pas le temps de lui en donner un en retour qu’elle est déjà à la porte d’entrée. « Je vais chercher le plus beau », dit-elle en refermant la porte alors que j’y suis presque moi-même. « Le plus beau il est déjà ici, Sanders! » je crie pour qu’elle m’entende de l’autre côté. Non, okay, j’avoue que Link est beau, mais qui serais-je si je ne me défendais pas?
Tout seul dans mon appartement, j’allume puis referme aussitôt la télé, je sors Rocket de sa cage pour qu’il puisse faire son inspection quotidienne du rez-de-chaussée. Car si on en croit nos prévisions à Erin et moi sur l’intensité de la soirée, il vaut mieux que mon hérisson reste sagement dans sa petite maison pendant que les adultes célèbrent. Puis, la porte d’entrée s’ouvre précipitamment et la voix forte d’Erin se prononce. « ADDIEEEEEEE MAGNE » Tout de suite, je repose Rocket dans sa cage et je me précipite à la rencontre de la blonde. « Link est en bas. Tessa ? » Je secoue la tête, soudain pris d’un burst d’excitation parce que ce n’est qu’une question de minutes maintenant et qu’on va pouvoir surprendre les deux fêtés. « Non, pas encore. Elle ne devrait pas tarder. » L’instant d’après, Erin se précipite à la fenêtre et ordonne à Link de se ramener parce qu’il y a une fuite d’eau dans mon appartement. « Ferme l’alimentation d’eau! » On entend la voix de Link et je me retiens tellement de rire que j’en ai mal au ventre. Je plisse les yeux en la regardant. « On est les pros des excuses aujourd’hui », je rigole, sarcastique. Elle hausse les épaules. « Ouais bah désolé j’ai pas trouvé mieux. Éteint la lumière. » Je jette un coup d’oeil par la fenêtre. « Tessa arrive aussi! » On est les pro du timing, on dirait bien. Je me précipite sur l’interrupteur, juste avant qu’Erin m’entraîne derrière le canapé. « Shutt pas de bruit » Elle n’arrête pas de glousser, et je dois avouer que j’ai de la misère à ne pas faire de même. « Mais c’est toi qui n’arrête pas de faire de bruit! » je chuchote, mais elle me pince les côtes pour me faire taire. Si ce n’était pas la porte d’entrée qu’on entend s’ouvrir au même moment, je me serais mis à la chatouiller jusqu’à ce qu’elle ne soit plus capable. Je suis le mouvement d’Erin qui se lève et on crie HAPPY BIRTHDAY! J’ai à peine le temps de scruter les visages surpris des jumeaux lorsque Tessa se jette dans mes bras; je les referme autour de ses épaules, toujours aussi apaisé par son parfum familier. Son parfum qui me rend très nostalgique, hum… « Je te déteste… », qu’elle me murmure à l’oreille. Frisson. « Je sais que tu m’aimes pareil », je lui chuchote en retour. L’instant d’après, je suis sorti de mes pensées parce qu’on se retrouve tous les quatre dans un câlin collectif. « Tu fais chier, j’ai été de mauvaise humeur toute la journée à cause de toi », dit Link en regardant Erin, avant de se tourner vers moi et d’ajouter « C’est pour ça le message si tard? T’as pas réussi à attendre c’est ça? Ça c’est un vrai ami. » Je lui offre un petit sourire alors qu’il pose sa main sur mon épaule et tire la langue à Sanders. « C’est ça… c’était plus fort que moi. Je vous imaginais tous les deux super tristes de pas avoir reçu de message des deux meilleurs », je lui réponds avec mon habituelle modestie. « Tu vois, moi je suis un vrai ami », je la taquine en oscillant des sourcils. Un ami qui ne sait pas tenir sa langue, par contre. Tessa se détache des bras d’Erin et se tourne vers moi. « Donc je suppose que chat va bien ? » Je me mords la lèvre en affichant mon air le plus sérieux, mais un sourire en coin vient s’ajouter à mon expression. « Ben non… » Je laisse trainer le suspens un instant. « …il s’ennuyait de toi », je réponds en lui faisant les yeux doux. « J’ai été idiote, j’aurais dû m’y attendre, venant de vous deux… » Je ris en la voyant lever les yeux au ciel. Je me tourne vers Erin. « Bon, on mange là? Mon estomac est af-fa-mé », je la supplie du regard. Je jette un coup d'œil aux confettis qu’Erin a lancés dans les airs et qui se sont retrouvés étalés sur le plancher. « J’avais fait touuuut le ménage, roh », je fais semblant de râler, mais tout en sachant pertinemment que ces petits bouts colorés étaient pour la meilleure des causes. Je me dirige vers la petite cuisine et me tourne vers les jumeaux. « Vous voulez quelque chose à boire? On a de la bière, de la Vodka et du Captain Morgan, de l’absinthe… » Je jette un coup d'œil à Erin. Depuis que j’ai pris une gorgée de son verre il y a des années de ça et que j’ai failli m’étouffer avec tellement c’était fort, je me suis abstenu de recommencer. Mon regard se fixe sur Link et Tessa. « Je vous interdis de prendre de l’eau, c’est boooooring pour le soir de votre anniversaire — en différé. » Je jette un regard tendre à Tess, un peu inquiet aussi. « M’enfin, t’es peut-être mieux à l’eau toi, ça ne fait pas longtemps que tu t’es fait opérée et tout… » Les yeux pleins de malice, je laisse un petit sourire plein d’amusement étirer mes lèvres. Connaissant Tess, elle si elle n’a pas envie d’être à l’eau ce soir, elle ne le sera pas. Oh mon dieu que ça peut être épuisant parfois que deux de mes plus proches amies soient aussi obstinées. C’est aussi pour ça que je les aime. « Alors, qu’est-ce qu’Erin t’a fait croire pour te ramener ici? » je demande à Link, curieux, parce qu’Erin ne m’a rien dit de ses plans avant de partir d’ici. « T’as été gentille avec lui au moins? », je demande à la blonde en lui faisant faussement les gros yeux.
Elle galère avec ses sacs. En même temps elle a acheté pour vingt alors qu’ils ne sont que quatre. Son capot claque, les bras chargés, elle lève les yeux sur cette fenêtre qu’elle connaît trop bien. Un sourire vient fendre ses lèvres. Ce studio était comme un havre de paix. Havre de paix qu’elle brise avec sa voix en râlant après son best friend pour qu’il vienne l’aider. Elle fait fuir le Kookaburra qui avait pris ses quartiers sur la rambarde d’un balcon. Le volatile prend ses cliques et ses claques en donnant l’impression de ricaner devant le surnom ridicule que la blonde vient d’énoncer. « Crie-le plus fort pour voir » Elle pouffe de rire. Est-ce qu’il venait vraiment de lui tendre une perche ? < ADIIIIBOUUUUUU RAMÉNE TON DERCHE > Qu’elle râle encore plus fort non sans sourire. Pas décidé à l’attendre, Sanders passe le hall d’entrée de l’immeuble puis monte dans l'ascenseur. Une fois devant sa porte elle lâche les sacs en soupirant. Ils sont si lourds que ça lui fend presque les doigts. « T’as acheté pour une vingtaine de personnes ou quoi? Tu sais, on sera juste quatre. » Jamais content. Elle roule des yeux puis se penche sur lui en réclamant un bisou de bienvenue. Mais Adriel fait son malin et c’est toute une pluie de baisers qu’elle reçoit. Un petit rire sort d’entre ses lèvres. Erin adorait cette complicité avec lui. Une complicité qu’elle ne partageait qu’avec lui. Et un peu avec Link aussi … « Je sais pas si c’était bisous au pluriel ou au singulier » Elle frotte son nez contre le sien pour ensuite lui fait un piou rapide comme l’éclair. < Tu en avais oublié un > Dit-elle d’un air taquin en creusant ses fossettes un peu plus. C’est le genre de chose qu’elle ne faisait qu’avec lui. Mais ils ont tout un background qui rend cette complicité évidente. Malgré leur rupture, ils ont conservé cette complicité qui leur est propre. Elle entre dans le studio et de suite elle sent cette odeur de brûlé. Elle s’approche alors de la fenêtre pour aérer la pièce. < Ne me dis pas que c’est encore tes lasagnes ... > Un petit rire lui échappe. Les lasagnes est Adriel c’est une grande histoire d’amour. Heureusement, elle a tout prévu. Ce n’est pas comme si elle ne le connaissait pas. Prévoyante Erin a prévu de quoi nourrir tout le monde. Elle s’affère alors à préparer des petits toasts. Adriel tente de piquer un cookie mais elle le menace avec sa spatule en lui faisant les gros yeux. Elle lui indique qu’il devra patienter ce soir pour y goûter. « Ce soir! » < T’as très bien entendu. > Dit-elle en plaçant les gâteaux dans un saladier. « Tu veux que je meurs de faim ou quoi? » Erin s’éloigne en riant, en amenant avec elle un petit toast au saumon. Ces préférés. Mais elle n’avait pas prévu que le brun l’emprisonne dans ses bras pour le lui voler. < Heyyyyy > Quelle s’exclame en essayant de reprendre son bien. Mais il la balaye avec son bras. Et puis ce n’est pas avec ses cinquante kilos qu’elle va faire le poids. Les bras croisés elle fait mine de bouder en lui tirant la langue.
Il commence son stratagème avec Tessa. Quand Erin découvre son idée, elle se retient de ne pas crier au scandale. La main devant la bouche, elle le regarde, les yeux écarquillés. « Elle me pardonnera bien vite en voyant ce qu’on lui a préparé… » Pour le coup elle n’en était pas si sûr. Sanders se lève du canapé et lui fait un bisou furtif sur la joue en ajoutant qu’elle s’en va chercher le plus beau. A peine la porte se ferme que déjà elle l’entend râler derrière. « Le plus beau il est déjà ici, Sanders! » Ses lippes s’étirent. Erin se stoppe et fait marche arrière pour rouvrir la porte et passer sa tête à l’intérieur. < NON ! Toi tu es le plus mignon. C’est PAS pareil > Elle lui tire la langue malicieusement. Puis elle fait mine de fermer la porte pour la rouvrir de nouveau. < Je t’aime, GROS JALOUX > Et franchement ça n’avait pas lieu d’être. Adriel avait une place unique dans le cœur de la blonde. Cette fois elle s’en va pour de bon.
Après avoir tourné en bourrique dans tout Brisbane à la recherche de boucle d’or, elle se rend finalement chez lui. Monsieur était déjà rentré au bercail. Elle frappe deux coups et entre sans attendre qu’on lui réponde. L’appartement semble désert jusqu’à ce qu’elle entende l’eau de la douche couler. Un plan machiavélique est en train de se monter dans sa tête. Elle va dans la cuisine chercher un verre d’eau bien froide puis elle se faufile dans la pièce à pas de velours. Sa main agrippe le rideau. Elle se retient de glousser. La scène est vraiment cocasse. Elle sait qu’elle s’apprête à faire une grosse connerie et ça lui plaît énormément. D’un geste vif et rapide, elle fait glisser le rideau sur côté. « What the fuck Erin? » Cette fois elle rit très fort. Pour ensuite lui dire de se dépêcher parce qu’elle a tout un programme pour ce soir. Et histoire de le saisir, elle lui balance le verre d’eau froide. « ERIN! » < En chair et en os babe > Elle lui tire ouvertement la langue en quittant précipitant la salle de bain, avant qu’il n’ait l’idée de se venger. Elle se pense sortie d'affaire. Mais ses gros pas la mettent en alerte. L’étudiante se met à rire en pressant le pas. Link tente de la fouetter avec sa serviette. < Heyyyy !!! > Elle rouspète. Grimpe sur le canapé pour sauter par-dessus le dossier. - Agile tel un ninja - < Ça va mal finir !!! > Mais il continue le bougre. Elle lui fait face et il manque de lui rentrer dedans. < Tu l’auras voulu > De suite elle tire sur sa serviette pour ENCORE découvrir son mollusque. - Ça va … y' a pire … - Mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qui lui fasse un gros câlin dans son élan. < Heuuu…. Si je te savais pas gay je trouverai ça vraiment bizarre > Le connaissant, il a agit sans anticiper ce qu’elle allait lui faire. Erin lui remet sa serviette à sa taille et lui tapote les fesses en souriant largement. < Tu as déjà eu ta chance. Garde ce trop plein de câlins pour un beau mâle. D’ailleurs j’attends toujours que tu m’en présente un > Elle sait que son ami a encore du mal à assumer son orientation sexuelle. D’ailleurs, elle trouve ça franchement dommage. C’est donc volontairement qu’elle blague sur le sujet pour dédramatiser la chose. Ils arrêtent de chahuter et grimpe dans Choupette. Non pas sur la banquette arrière mais à l’avant évidemment. Link tente de savoir le programme mais Sanders reste volontairement mystérieuse sur ce point. Elle en profite pour souligner que le patron de Mulligan est un vrai con. « J’avais pas prévu prendre une douche froide en tout cas. » Elle quitte la route des yeux deux secondes pour regarder son passager par-dessus ses grosses lunettes de soleil. < Et moi je n’avais pas prévu d’avoir ton anatomie contre moi > En vrai elle s’en foutait. Elle savait qu’avec Link il n’y avait aucun souci avec ça. C’est surtout pour le taquiner et le mettre mal à l’aise. Quoi qu’avec Erin il commence à s’y faire. « Il est peut-être con mais il me donne un salaire. Et Choupette a beau être cool, ça doit être ce qu’elle vaut pour les pièces j'imagine.> Debout sur le frein, elle s’arrête au beau milieu du flot de la circulation. < Tu lui donnes raison ??? Hann je suis choquée. Même pour pièces elle vaut plus que 500dollars. > Les autres automobilistes commencent à klaxonner à l’arrière. < Ça va ça vaaa > Qu’elle râle avant de repasser la première. Elle prétend avoir oublié son chargeur chez Mayers. Link ne tique pas et c’est tant mieux. Elle grimpe les marches deux par deux. Ses jambes sont trop courtes pour en tenter trois … Elle se précipite dans l’appartement à la recherche d’Adriel, toute paniquée. Adriel manque de faire une syncope. Elle lui demande si Tessa est arrivée. « Non, pas encore. Elle ne devrait pas tarder. » Sanders se dirige alors à la fenêtre pour dire à Link de venir ici l’aider pour une fuite d’eau complètement imaginaire. « Ferme l’alimentation d’eau! » Elle recule rapidement de la fenêtre pour pouvoir lâcher un rire trop dur à retenir. « On est les pros des excuses aujourd’hui » Elle vient lui en taper cinq. Trop fière de son coup. « Tessa arrive aussi! » < Ho my god > Elle est totalement paniquée. Adriel éteint la lumière. Elle lui agrippe aussitôt la main pour qu’il vienne de planquer avec elle derrière le canapé. Erin lui donne un coup de coude car il glousse de trop. « Mais c’est toi qui n’arrête pas de faire du bruit! » Et il n’a pas tort. D’ailleurs elle glousse encore. La poignée de la porte s’agite. Sa main vient broyer celle de Mayers. Trop de stress. Link entre le premier. Direct elle se lève en entraînant Adriel avec elle. En chœur, ils crient un joyeux anniversaire à leurs deux amis. « Putain, j’ai vraiment cru que t’avais oublié. » Erin ouvre grand la bouche en prenant un air faussement outré. < Comment t’as pu penser ça ? Tu me sous estime boucle d’or > Elle place sa langue entre ses dents en souriant telle une chipie. Les deux jumeaux s’approchent pour un câlin collectif. Sanders ouvre grand ses bras pour essayer d’enrouler tout le monde, mais elle manque clairement de longueur. C’est l’intention qui compte. « Tu fais chier, j’ai été de mauvaise humeur toute la journée à cause de toi. » Elle lui sourit avec tendresse avant d’ajouter. < T’es tellement mignon quand tu râle > Link se tourne alors vers Adriel pour balancer une info qu’elle n’avait pas encore. « C’est pour ça le message si tard? T’as pas réussi à attendre c’est ça? Ça c’est un vrai ami. » < QUOI ????? Espèce de faible > Dit-elle à son meilleur ami en fronçant les sourcils. En même temps, ça ne l’étonnait pas plus que ça. Adriel n’a jamais su tenir sa langue. « J’ai été idiote, j’aurais dû m’y attendre, venant de vous deux… » Erin lui fait un clin d'œil et tapote son épaule comme pour la mettre en garde. < Ce n’est pas moi qui a eu cette idée stupide avec Peter Quill Manders chat. Par contre j’espère que t’es en forme. Parce que ce soir je ne compte pas te ménager !! > Ce n’est pas comme si elle ne l’avait pas déjà prévenu. Adriel commence déjà à se plaindre qu’il a faim. Erin s’en va chercher les plats pour les poser sur la table basse. < Allez viens manger mon glouton > Tout le monde est invité à s’asseoir sur le canapé. Elle met une musique d’ambiance histoire de mettre le ton. « Vous voulez quelque chose à boire? On a de la bière, de la Vodka et du Captain Morgan, de l’absinthe… » Elle gobe un petit toast au saumon tout en fronçant les sourcils sur la fin de sa phrase. < Critique pas. T’es juste pas assez … viril pour ça. > Erin voulait le provoquer et elle sait que ça va fonctionner. « T’as été gentille avec lui au moins? » Sanders hausse les épaules en souriant en coin. < Donne moi ma bouteille au lieu de dire des bêtises. > Elle se serre une bonne dose et lève son verre pour trinquer avec tout le monde. < A la vôtre les petits vieux > Leurs verres s’entrechoquent. L’alcool vient lui brûler la gorge mais c’est comme ça qu’elle l’aime. Ils papotent. Mais ça devient tout de suite trop sage pour Erin. < Action ou vérité ? > Dit-elle en fixant Link. Il lui répond vérité en soutenant son regard. < Lequel de nous trois tu apprécie le plus ? Et répond pas ta sœur c’est trop prévisible > Ils sont jumeaux, blablabla ! Nan fallait qu’il soit original. Son verre rejoint ses lèvres pour une unième gorgée. Erin sentait déjà l’alcool la rendre joyeuse. En même temps avec deux verres elle est déjà pompette.
Je pensais pouvoir relaxer après une longue journée de travail mais Erin et ses idées tordues viennent s’introduire dans mon intimité. Je cris une fois, puis deux fois, surpris par sa présence dans mon appartement mais aussi par le choc thermique de l’eau glaciale qui entre en contact avec ma peau rougie par le jet d’eau brûlant de la douche. « En chair et en os babe » Pas question de la laisser s’en sortir aussi facilement. J’enroule une serviette autour de mes hanches et je pars à ses trousses pour me venger. Lorsque j’arrive suffisamment près d’elle, je commence à la fouetter avec une deuxième serviette. « Heyyyy !!! » Je rigole en haussant les sourcils. « Comment tu trouves ça moins drôle quand ça se retourne contre toi! » Je la pourchasse dans mon appartement et je contourne le canapé plutôt que de l’enjamber, conscient que la serviette que j’ai autour de ma taille ne survivrait pas à ce mouvement. « Attends que je t’attrape! » Erin se retrouve coincée dans un coin et je rase de lui rentrer dedans quand elle me fait finalement face. « Ça va mal finir !!! » Je m’esclaffe en roulant des yeux. « C’est toi qui as commencé je signale! » Je laisse tomber au sol la serviette qui me servait de fouet. « Tu l’auras voulu » dit-elle alors que je m’élance dans sa direction pour la prendre dans mes bras. Au même moment, elle tire sur la serviette enroulée autour de mes hanches et je lâche un énième cri, ne la lâchant pas de mes bras pour qu’elle ne puisse pas baisser la tête et se rincer l’œil. « Redonnes-moi ma serviette Erin. » demandé-je en riant nerveusement, mal à l’aise de me retrouver en tenu d’Adam devant mon amie malgré les rapprochements que nous avons eus à une autre époque. Je n’ai jamais été à l’aise avec mon corps et le fait qu’elle l’a vu de long et en large n’y changera rien. « Heuuu…. Si je te savais pas gay je trouverai ça vraiment bizarre » Je ne ris plus et je m’apprêtais à lui réitérer ma demande lorsqu’elle replace finalement la serviette autour de mon corps. « Merci… » Je relâche mon étreinte et je me recule sans lâcher la serviette d’une main au cas où elle serait tentée de me l’enlever une nouvelle fois. Avec Erin, on n’est jamais trop prudent… « Tu as déjà eu ta chance. Garde ce trop plein de câlins pour un beau mâle. D’ailleurs j’attends toujours que tu m’en présente un. » Je la fixe d’un air renfrogné, regrettant presque de lui avoir confié ce secret maintenant qu’elle ne manque pas une occasion de me passer un commentaire sur le sujet dès qu’elle le peut. « Ouais bah prends ton mal en patience, tu risques d’attendre longtemps. » dis-je en m’éloignant pour aller m’habiller dans ma chambre. Pendant ce temps, mes pensées s’orientent vers cet inconnu avec qui, Erin l’ignore, j’ai sincèrement songé retenter l’expérience. Stan, ce serveur dont le sourire m’avait rendu les jambes molles. Son assurance m’avait fait croire que je pouvais surmonter ma peur, l’espace d’un instant, jusqu’à ce que je prenne mes jambes à mon cou. Humilié, je n’ai plus jamais remis les pieds dans ce bar et je n’ai jamais trouvé le courage de réessayer malgré les années passées.
Nous prenons place dans la voiture d’Erin et elle refuse de me donner toute information sur notre destination. En attendant, je ne peux m’empêcher de lui remettre sous le nez l’attaque dont j’ai été victime quelques minutes plus tôt. « Et moi je n’avais pas prévu d’avoir ton anatomie contre moi » répond-elle, ce à quoi je roule des yeux avant de la regarder d’un air innocent. « C’est parce que c’est toi qui m’as enlevé ma serviette, just saying. » Qu’elle ne vienne pas s’en plaindre après, elle me connaît assez pour savoir que rien de tout ça ne se serait produit si ce n’était que de moi. « Tu lui donnes raison ??? Hann je suis choquée. Même pour pièces elle vaut plus que 500dollars. » Je hausse une épaule avec nonchalance. « Du métal c’est du métal un moment donné. » Nous nous arrêtons devant la résidence de Mayers pour que blondinette puisse aller chercher son chargeur de téléphone mais elle me crie de la fenêtre qu’il y a un dégât d’eau. Je sors de sa voiture et je tombe face à ma jumelle quelques mètres plus loin et c’est à ce moment qu’on commence à se douter qu’on vient tous les deux de se faire mener en bateau. Dès que nous ouvrons la porte, nous nous faisons attaquer par une pluie de confettis. Mon sourire s’étire et je me trouve stupide d’avoir pu croire qu’ils avaient vraiment oublié notre anniversaire. « Comment t’as pu penser ça ? Tu me sous estime boucle d’or » Je hausse les épaules en me massant la nuque. Les dernières semaines ont été riches en émotions, il faut croire que je ne voyais plus clair. « Je ne sais pas… j’ai vraiment cru que t’avais oublié. » « T’es tellement mignon quand tu râle » Je lève les yeux au ciel. Je me tourne ensuite vers Adriel pour souligner que LUI il m’a envoyé un message de bonne fête. « C’est ça… c’était plus fort que moi. Je vous imaginais tous les deux super tristes de pas avoir reçu de message des deux meilleurs. » Et il ne pouvait pas avoir plus raison, même s’ils ont bien réussi à cacher la surprise qu’ils nous préparaient. On peut dire qu’ils sont pardonnés, tout dépendant de ce qu’ils ont prévu pour la suite de la soirée. « Tu vois, moi je suis un vrai ami » Mon sourire s’étire et je donne une bine sur l’épaule d’Adriel. « Love you bro. » Tessa confirme alors que le chat d’Adriel va bien. « Donc je suppose que chat va bien ? » J’ouvre la bouche, estomaqué. « Nonnnnnnnnnn, t’as fait ça?! » demandé-je en riant. Comment Tessa avait dû être inquiète. Ça expliquait en même temps le matériel vétérinaire qu’elle avait apporté, à moins qu’elle planifiait de jouer au docteur avec quelqu’un ce soir… « Ben non… …il s’ennuyait de toi » « J’ai été idiote, j’aurais dû m’y attendre, venant de vous deux… » Je tourne la tête vers ma sœur tout en posant une main dans le haut de son dos. « On est deux cons, j’ai rien vu venir moi non plus. » Twin connection jusqu’au bout. Et pourtant, on aurait dû s’en douter depuis le temps qu’on les connait ces deux-là. « Ce n’est pas moi qui a eu cette idée stupide avec Peter Quill Manders chat. Par contre j’espère que t’es en forme. Parce que ce soir je ne compte pas te ménager !! » Je m’interpose entre Erin et Tessa en levant un index devant le nez de la blonde. « Hey, faut lui faire attention là, sérieusement… elle vient de se faire opérer. » Je me tourne la tête vers Adriel et je lui donne un tape dans le dos avant de murmurer à son attention : « Je compte sur toi. » Bah quoi? C’est ma fête après tout et, connaissant Erin, ça risque de déraper. « Bon, on mange là? Mon estomac est af-fa-mé » Je hoche vivement la tête et mon ventre gargouille en écho des paroles d’Adriel. Erin part vers la cuisine et revient avec des plats qu’elle dépose sur la table basse. Sans attendre, je me mets à grignoter. « Vous voulez quelque chose à boire? On a de la bière, de la Vodka et du Captain Morgan, de l’absinthe… Je vous interdis de prendre de l’eau, c’est boooooring pour le soir de votre anniversaire — en différé. M’enfin, t’es peut-être mieux à l’eau toi, ça ne fait pas longtemps que tu t’es fait opérée et tout…» Je m’essuie la bouche du revers de la main puis je hausse une épaule. « Surprends-moi. » Pas certain que ce soit une bonne idée avec Erin dans les parages mais je prends le risque. « Alors, qu’est-ce qu’Erin t’a fait croire pour te ramener ici? T’as été gentille avec lui au moins? » Je ricane. « Non. » Mon regard se pose sur Erin alors que j’engloutis une deuxième toast au saumon, un petit sourire au coin des lèvres. Je suis impatient de l’entendre expliquer son stratagème. « Donne moi ma bouteille au lieu de dire des bêtises. » Je laisse tomber ma tête vers l’arrière en soupirant bruyamment, déçu qu’elle n’assume pas ses conneries. « MADAME est entrée dans mon appartement pendant que je prenais ma douche et elle m’a balancé un verre d’eau. Est-ce que j’ai précisé que l’eau était très FROIDE? » Je plisse les yeux pour faire semblant que je suis en colère puis je rapporte mon attention sur le brun. « Après nous être battus comme des forcenés, elle m’a fait croire qu’elle avait oublié son chargeur ici. » Je grimace en passant une main dans mes cheveux bouclés. « C’est un peu décevant comme raison je trouve… mais ça a fonctionné. » expliqué-je en faisant un clin d’œil à Erin. Adriel s’éloigne le temps de préparer nos boissons, revenant dans le salon quelques minutes plus tard. J’observe le verre curieusement en essayant d’en deviner les ingrédients. « A la vôtre les petits vieux » Je cogne mon verre contre les leurs et je porte mon verre à mes lèvres pour en prendre une gorgée. Dès que ma langue entre en contact avec le liquide, je grimace de dégoût en gémissant, posant une main sur ma bouche alors que je déglutis difficilement. Je lève les yeux vers Adriel en tenant ma gorge brûlante. « Putain, qu’est-ce t’as mis là-dedans? Un conseil, ne deviens pas barman » dis-je en riant. Finalement peut-être que j’aurais été mieux de laisser Erin me servir. Je vais quand même me forcer et finir mon verre, même si je devine à la quantité d’alcool qu’il a dû y mettre que leur but n’est pas que je termine la soirée en possession de mes moyens. « Action ou vérité ? » Je fais mine de réfléchir en me massant le menton. « Boire le drink d’Adriel ça peut pas déjà compter comme une action? » Je frappe gentiment Adriel dans les côtes avec mes jointures. Je choisis finalement vérité, ne faisant pas tellement confiance à ce que la blonde pourrait me demander de faire. « Lequel de nous trois tu apprécie le plus ? Et répond pas ta sœur c’est trop prévisible » Je suis surpris de la facilité de sa question. Franchement, je m’attendais à pire. « Tessa, duh! Il fallait formuler ta question différemment. Meilleure chance la prochaine fois blondie. » Je me doute toutefois qu’elle ne me laissera pas aussi bien m’en sortir la deuxième fois et je crains les représailles. Je prends une deuxième gorgée de mon verre en grimaçant toujours autant, secouant vivement la tête en avalant. « Tessa… Action ou vérité? » Je plonge mon regard dans celui de ma sœur tout en battant des cils d’un air innocent. Elle choisit action. « Tu dois prendre une bouchée d’un oignon cru. » Comme ça Adriel va se sentir moins seul à sentir mauvais.
La surprise est totale ! Les jumeaux ont le droit aux confettis et à un concert de petites trompettes en papier. Mayers la regarde un peu travers quand elle balance une poignée supplémentaire de ses objets volants. Elle le provoque en soufflant dans sa corne pour la dérouler entièrement et ainsi atteindre le visage du brun. Elle glousse, les yeux rieurs. Ces deux là n’ont pas fini de se chercher des noises. Elle s’insurge lorsque Link insinue qu’elle avait pu zapper son anniversaire. Chose impensable quand on la connaît. Et il sait pertinemment. « Je ne sais pas… j’ai vraiment cru que t’avais oublié. » Sanders roule des yeux. Elle voit les deux hommes, plus complices que jamais. Adriel se vante même d’avoir envoyé un message au deux alors qu’ils avaient conclu de ne pas le faire pour que la surprise soit optimale. « C’est ça… c’était plus fort que moi. Je vous imaginais tous les deux super tristes de pas avoir reçu de message des deux meilleurs. Tu vois, moi je suis un vrai ami » Qu’il rajoute tout en la fixant. Erin le traite aussitôt de faible. Mayers n’a jamais réussi à tenir sa langue. Enfin si, la seule fois où il est parvenu c’est pour « leur idylle » qui a tenu tout un été quand ils étaient encore à l’université. Ça l’étonne d’ailleurs, que personne n’ait capté depuis le temps. Ils ont toujours prétexté qu’ils avaient une amitié ‘spéciale’. Chose pas complètement fausse au final. « Love you bro. » Rah les mecs … Parfois elle se demande si Adriel ne va pas finir gay lui aussi. Son regard se fige sur son meilleur ami. Un frisson la parcourt. Elle secoue la tête pour chasser ça de ses pensées. Impossible, pas lui ! Ça lui ferait trop bizarre… Ça …ça serait difficile à accepter sachant qu’il a été plus qu’un ami. Tessa l’engueule pour lui avoir fait croire que Peter Quill Manders était souffrant. Et elle a bien raison. Qu’elle idée ! « Nonnnnnnnnnn, t’as fait ça?! » « Et si …. » Soupire t-elle. Link se rapproche de sa soeur pour lui confier qu’il n’est pas beaucoup mieux. « On est deux cons, j’ai rien vu venir moi non plus. » Sanders pouffe de rire. Pas peu fière de son coup de maitre. Elle annonce que la soirée va être épique. On en attend pas moins d’elle. C’est toujours la première pour mettre l’ambiance. C’est d’ailleurs ce qui inquiète Mulligan. « Hey, faut lui faire attention là, sérieusement… elle vient de se faire opérer. » Il joue les grand frère en s’interposant entre les deux filles, l’index bien droit devant le nez de Sanders. Elle pose sa main sur la sienne pour la lui faire baisser tout en le fixant droit dans les yeux. « C’est bon, ça va bien se passer. T’inquièteeeeeeeee (Le fameux) Et Tessa a ramener sa trousse de secours. On est sauvé » Elle rit de ses conneries. Le pire c’est qu’elle est sérieuse. Adriel lance les hostilités en proposant à boire. La blonde revient avec un plateau garnit. La musique d’ambiance est enclenchée. « Surprends-moi. » HooOooOO, ce n’est pas tomber dans l’oreille d’une sourde même si ça ne lui est apparemment pas destiné. « Laisse je m’en occupe. » Elle donne un coup de fesse à Adriel pour qu’il se décale du canapé. Sanders se retrouve assise entre les deux hommes. Rapidement elle se charge de préparer un cocktail explosif à Link. Tout y passe. Un peu de bourbon, du rhum, de la vodka. Elle a la main lourde sur l’absinthe. Si avec ça il ne crache pas des flammes elle ne s’appelle pas Sanders. Fièrement elle lui tend le verre en ayant un sourire sournois au bout des lèvres. Pas sûr que le mélange soit bon. Mais le but c’était surtout de lui mettre la tête à l’envers. D’autant plus qu’elle a des projets pour lui durant la soirée. « Boit ça mon grand, tu m’en dira des nouvelles » Ils finiront surement en vrac dans la baignoire pour changer. Adriel s'interroge sur le subterfuge qu’Erin a utiliser pour ramener Link jusqu’ici. « MADAME est entrée dans mon appartement pendant que je prenais ma douche et elle m’a balancé un verre d’eau. Est-ce que j’ai précisé que l’eau était très FROIDE? » Elle manque de s’étouffer en buvant son absinthe. La scène était tellement drôle quand elle y repense. « Oui bah j’ai vu à la réaction de ton mollusque qu’elle devait être bien froide » Qu’elle sort sans se dire que ça pourrait choquer les deux autres qu’elle parle de son anatomie sans complexe. Pour elle s’était presque normal de le voir se balader à poils sous ses yeux sans qu’elle sourcille. Mais ça, ils ne sont pas censé le savoir. « Après nous être battus comme des forcenés, elle m’a fait croire qu’elle avait oublié son chargeur ici. » Elle lui donne un petit coup de coude dans les côtes en souriant en coin. « C’est toi qui a chercher à me fouetter avec ta serviette ! JE suis la victime dans l’histoire » Evidemment ….! Son portable vibre dans sa poche. Byron lui signal qu’il est sur le départ. Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’elle cache l’écran pour pas que Link puisse lire. Son plan machiavélique se met en place doucement mais sûrement. On pourrait presque voir sa petite queue de diablesse et ses cornes pousser sur sa tête. Adriel revient avec une mixture pour Link, décidément, il va finir la tête à l’envers avec tout ça. « Putain, qu’est-ce t’as mis là-dedans? Un conseil, ne devient pas barman » Le rire d’Erin résonne dans le studio. Sa main vient saisir le verre de Link. « Fait voir ça » Elle boit une gorgée. Encore plus joyeuse qu’avant. Sayé …. Elle est bourrée. « Hooo je veux le même. Tu peux m’en faire un steuplé mi amor ? ! » Le sourire niait. Elle s’enfonce dans le canapé en gardant le verre dans les mains. Les gorgées s’enchaînent. Sanders lance un action/vérité histoire de mettre l’ambiance. Link est bien évidemment le premier à passer. « Boire le drink d’Adriel ça peut pas déjà compter comme une action? » Elle remue l’index en secouant la tête - Pas trop vite parce que ça tourne déjà un peu trop là-haut - Il doit dire lequel des trois il apprécie le plus. « Tessa, duh! Il fallait formuler ta question différemment. Meilleure chance la prochaine fois blondie. » « MAIS ! J’ai dis PAS TA SOEUR ! Tu tricheeee » Pour la peine elle finit presque son verre. Un peu trop vite peut-être. Elle se pince les yeux avec son pouce et son index pour tenter de reconnecter son cerveau. Finalement, il lance une action à sa jumelle. « Tu dois prendre une bouchée d’un oignon cru. » Erin grimace. Franchement c’est horrible. Mais au lieu de venir en aide à son amie, la blonde se lève - Whouuu, elle se rattrape en posant une main sur l’épaule d’Adriel. - Il a mit quoi dans ce verre ?! Elle s’en va couper une rondelle d’oignon qu’elle tend à Tessa. « Avale ça ma chérie. Tu vas tous les faire tomber après ça » Elle va surtout avoir une haleine de chacal ! Sanders revient avec un drôle de serre-tête dans les mains. Deux gros yeux globuleux qu’elle pose sur la tête de Link. « Ça c’est ton gage pour avoir triché. Tu dois le porter jusqu’à la fin de la soirée. Gary….. » Elle sourit d’un air taquin. La musique des Black Eyed Peas retentit. Sanders devient incontrôlable. « PUTAIN J’ADORE CETTE CHANSON » Elle attrape la main d’Adriel pour l’obliger à se lever, et ensuite danser coller serrer avec lui tout en chantant les paroles. Son front vient se coller au sien, elle caresse sa joue. - Allo qu’est -ce qui se passe ? - Revirement de situation. Elle se rend compte que son comportement n’est pas très approprié. L’alcool la rend un peu trop "tactile" avec son ex. Trop joyeuse aussi. Erin fait volte face et va chercher Link. Mais il fait contre poids. « Debouuuuuutttttt Vas-yyyy fait pas ton timide. » Il refuse catégoriquement de danser. Le carillon sonne. Elle regarde Le brun droit dans les yeux avec un air diabolique. « Bob est arrivé. » Gary… Bob, what else ? Sa main relâche celle de Link pour aller ouvrir au mystérieux invité. « Heyy salut Baby driver, comment tu vas ? Je t’ai pas trop manqué ? Vas-y entre » Elle s’écarte pour le laisser entrer. « Alors tu as mon best best best (best), on oublie pas les parenthèses » qu’elle précise avec ses mains «…friend, alias Adriel.Ensuite tu as Tessa mon acolyte. Tu l’excusera pour son haleine … Elle n’a rien trouvé de mieux que d’avaler un oignon » Erin adresse à sourire à son amie. Sa main se pose dans le dos du brun pour l’inviter à s’approcher des trois autres. « Et voici le fameux Gary !! hAHAH, mais je pense que tu l’as reconnu ?! » Avec ses yeux globuleux. Erin est persuadée de faire les présentations alors qu’en faite tout le monde se connaît déjà. « Je vous présente Byron. Un chevalier servant qui n’a pas hésiter à me venir en aide sur le parking. Tu sais Link !!! Le fameux gars. Tu me demandais comment il était … bah voilààààààààà. JOYEUX ANNIVERSAIIIIREEEE » THE cadeau. Elle espère secrètement qu’avec tout ce qu’il a bu ça allait le rendre plus avenant, moins timide. « Tu bois quoi chevalier ? Attends je te prépare un petit truc » Il a le droit au même mélange que Link. D’ailleurs elle remplit aussi le verre de Mulligan au passage. Elle lui tend son verre en souriant et trinque au passage avec le sien. « A cette soirée mémorable ! Tout ce qui passe ce soir restera entre nous. Deal !! Que la fête commence. » Elle boit une gorgée de son verre en souriant Adriel. Elle fait un clin d’oeil à Link. Ça annonce la couleur … ça fait peur surtout. (moi j'ai peur )
Une vibration dans la poche de mon jean. Nouveau message. J’ai ma petite idée sur l’émetteur. Les traits d’une jeune femme blonde au visage angélique se dessine dans mon esprit. Depuis notre rencontre, depuis que j’ai eu la bonne idée de lui envoyer un message, elle me bombarde de textos. Gary par ci. Gary par là. Elle veut absolument que nous nous rencontrions Gary et moi. Au point de m’inviter à son propre anniversaire. Elle a insisté. J’ai accepté. Depuis, elle s’assure que je ne l’oublie pas… [J – 2 avant Gary Baby Driver !] Elle est sérieuse. Pauvre Gary, Link, Lincoln. Chaque message est une piqûre de rappel. Elle ne veut pas que lui fasse faux bon. À croire que c’est une question de vie ou de mort. Ses messages s’apparentent à du harcèlement. Tous les jours, je reçois des notifications. Hier, lorsque j’ai reçu son message [J – 1 avant Gary Baby Driver !], et que j’ai émis l’hypothèse que je puisse ne pas venir, elle ne m’a répondu qu’avec une [image]. Je crois qu’elle serait prête à attenter à ma vie si je ne viens pas. Là, ultime message [Bon tu arrives quand ? Gary s’impatiente !] Nouveau message. Une seule [image]. J’écarquille les yeux. ‘Oh mon dieu ! Elle n’a pas osé…’ J’ai de la compassion pour Gary, Link je ne sais plus. [Tu déconnes ? Pauvre de lui !] Je pose mon téléphone sur la table. Nouvelles vibrations. Elle ne lâchera pas le morceau. J’enfile une veste. Un coup de peigne. Je suis prêt. J’attrape la bouteille de whisky que j’avais acheté pour l’occasion, histoire de pas arriver les mains vides. J’attrape le cadeau pour Link. Après tout c’est son anniversaire, il paraît. Pas sûr qu’il apprécie le clin d’œil. Il va me haïr, sans me connaître. Je chope mon téléphone et, sans lire les derniers messages de la diablesse blonde, je lui envoie [Je pars de chez moi !]. Je décolle. J’ignore dans quelle histoire je m’embarque avec elle.
J’arrive à Spring Hill. Je me gare. Je respire. Je sors de ma voiture. Je suis devant le 4 Parkland Boulevard. Il est encore temps pour moi de faire demi-tour. Disparaître et subir la fureur d’Erin. Derrière la porte pourtant, j’entends de la musique et des éclats de voix. L’ambiance semble déjà bien là. Je respire. J’observe le bouton de la sonnette. Je lis le nom. Sans réellement le lire. Je respire. Je sonne. Les dés sont jetés. J’ai une montée de stress. Qui va ouvrir la porte ? Après tout, je ne suis pas chez Erin. M’accueillera-t-elle ? Serait-ce un inconnu ? Son meilleur ami. Ou pire. Gary-Link. La poignée s’abaisse. Une personne derrière ouvre la porte. C’est elle. Erin. « Heyy salut Baby driver, comment tu vas ? Je t’ai pas trop manqué ? Vas-y entre » Une tornade. Déjà. « Si je réponds non, tu me sautes à la gorge ? » Je la suis. « J’ai amené une bouteille de whisky, au cas où ! » Mais j’ai la sensation que l’alcool coule déjà à flots. Sans attendre elle fait les présentations. « Alors tu as mon best best best (best), on oublie pas les parenthèses friend, alias Adriel. Ensuite tu as Tessa mon acolyte. Tu l’excusera pour son haleine … Elle n’a rien trouvé de mieux que d’avaler un oignon » Elle pose une main dans le bas de mon dos. Invitation à avancer. Je reconnais Adriel. Son best best best (best) friend. Sur cinq personnes, en voilà déjà deux qui ont couché ensemble, si je me trompe pas. « Salut Adriel ! Comment vas-tu ? Alors tu connais Erin aussi... » Comme c’est cocasse. Je lui serre chaleureusement la main après avoir glissé la bouteille de whisky sous le bras. « Du coup, si on est chez le best best best (best) friend... » Comme Erin, quelques secondes plus tôt, je tente de dessiner maladroitement deux parenthèses avec mes mains. « … c’est à toi que je dois donner la bouteille de whisky ? » Petit clin d’œil avant de lui tendre. Je me tourne vers Tessa… « Salut Tessa, que je connais aussi… Tu m’excuseras, mais je ne te fais pas la bise » Je lève la main et, à l’image de la reine d’Angleterre, je fais pivoter ma main de droite à gauche. Décidément, je connais du monde à cette soirée. « Et voici le fameux Gary !! hAHAH, mais je pense que tu l’as reconnu ?! » Mes yeux s’abaisse vers le canapé où un jeune homme se retrouve avachi… Un serre-tête au milieu de sa chevelure bouclée. Deux antennes se terminant par deux yeux globuleux… « Au mon dieu ! Elle a osé… J’suis désolé pour toi mec ! » Machinalement, je lui tends ma main, avant de réellement m’attarder sur lui, sur les traits de son visage, sur son regard. Le vrai. « Merde ! » Ce juron s’échappe tandis qu’Erin commence les présentations. « Je vous présente Byron. Un chevalier servant qui n’a pas hésiter à me venir en aide sur le parking. Tu sais Link !!! Le fameux gars. Tu me demandais comment il était … bah voilààààààààà. JOYEUX ANNIVERSAIIIIREEEE » Gary… Link… Joey… Je ne sais plus où donner de la tête. C’est une farce. Moment gênant. À l’extrême. Lui, ici et maintenant. Qui l’aurait cru. Après notre mésaventure. Sa fuite. « Ouais bon anniversaire ! » Je regarde le cadeau que j’ai dans une main. Dois-je lui offrir ? Ou m’enterrer dix pieds sous terre ? « Tiens, j’avais un truc pour toi... » Je lui tends, le sourire crispé. J’ai besoin de boire. Un remontant. ‘Merde ! J’ai donné la bouteille de whisky à Adriel !’ C’est sans compter sur Erin. Ma sauveuse. « Tu bois quoi chevalier ? » Du tac au tac, je lui réponds « Ce que tu veux ! » Quelque chose de fort. Un truc qui me permettrait d’oublier cet instant gênant. « Attends je te prépare un petit truc » Je la vois brasser de l’air, remplir un verre avant différent alcool. Je redoute le pire. Elle me tend un verre avant d’ajouter « A cette soirée mémorable ! Tout ce qui passe ce soir restera entre nous. Deal !! Que la fête commence. » Mémorable. Elle l’est déjà. Avec l’apparition d’un fantôme. Joey. ‘Je peux partir ? M’enfuir avant qu’il ne soit trop tard ?’ J’avale son mélange explosif. « LA VAAAAAAAAAACHE ! ». Mon Dieu ! Il arrache… Je voulais quelque chose de fort. Je ne suis pas déçu. « Je ne sais pas où tu as pris des cours de mixologie… Mais faut arrêter ! » Mon foie risque de ne pas survivre à ça.
6 février 2021. Bien entendu, quand je dis sarcastiquement à Erin de crier ce fabuleux surnom plus fort, elle le fait pour vrai. « ADIIIIBOUUUUUU RAMÉNE TON DERCHE » Non, mais ce respect, quoi. Elle se dit ma meilleure amie? Pff. Sauf que lorsque j’ouvre la porte pour sortir, je tombe nez à nez avec elle, cette petite impatiente. Voyant le nombre de sacs à ses pieds et leur contenu, je lui passe une remarque, c’est plus fort que moi, lui rappelant qu’on sera juste quatre — du moins, c’est ce que je crois. Elle roule des yeux avant de réclamer un ou des bisous et je lui en pose donc une tonne sur son visage, me justifiant que je ne savais pas si elle voulait dire bisous au pluriel ou au singulier. Erin, tout sourire, frotte son nez contre le mien avant de me donner à son tour un bisou éclair. « Tu en avais oublié un » Je souris, attendri par son geste. Cette complicité avec elle, je ne l’échangerais pour rien au monde. Pas même contre la nouvelle PS5 et tous les jeux qui existent sur la planète. Elle passe une remarque sur l’odeur de brûlé et je me rends compte que j’ai encore oublié le repas au fourneau. « Ne me dis pas que c’est encore tes lasagnes ... » Je me mords la lèvre, refusant de répondre à cette question. Bien sûr que ce sont des lasagnes, et je me garderai bien de dire que c’est le deuxième plat que je rate aujourd’hui. Va vraiment falloir que je prenne des cours de cuisine un jour. Peut-être. Ou que je garde mon génie créatif, aussi, c’est une solution. De toute manière, Erin me connaît trop bien et semble avoir prévu le coup. Elle ne veut toutefois pas que je goûte à ce qu’elle fait avant ce soir — non, mais, j’aurai le temps de mourir affamé d’ici là. « T’as très bien entendu. » Je fais mon drama king, rôle dans lequel je me sens plutôt bien de manière générale, et j’entreprends de tenter de lui piquer son toast, et je dois finalement me ruer sur elle et l’emprisonner dans mes bras pour y arriver. Elle proteste en tentant de me le reprendre, mais je réussis à le mettre au complet dans ma bouche. « Chtrop tard », je dis, la bouche pleine, riant lorsqu’elle boude en me tirant la langue.
C’est maintenant le moment d’attirer les fêtés à mon appartement et il a été entendu que je m’occupais de Tessa, et Erin, de Link. Ma meilleure amie semble choquée que je puisse prendre de tels moyens avec Tessa, mais j’affirme qu’elle me pardonnera bien vite en voyant ce qu’on leur prépare… si? Elle sort du studio en disant qu’elle s’en va chercher le plus beau et, je ne doute pas de la beauté de mon bro là, mais je me défends en lui disant que celui qu’elle cherche est déjà ici. La porte se rouvre quelques secondes plus tard et elle passe la tête à l’intérieur. « NON ! Toi tu es le plus mignon. C’est PAS pareil » J’ouvre la bouche pour répondre quelque chose, incertain de si c’est un compliment ou pas. Mignon, du genre t’es-tellement-mignon-mon-garçon-dit-la-tante-en-pinçant-la-joue-de-son-neveu? Ou mignon, genre canon, vraiment canon. C’est drôle, mais je préfère la deuxième option. Erin fait mine de fermer la porte, mais elle rouvre immédiatement après. « Je t’aime, GROS JALOUX » « J’SUIS PAS JALOUX », je proteste aussitôt, alors qu’elle ferme la porte pour vrai, cette fois-ci. « Mais je t’aime aussi », je marmonne en retournant à la cuisine piquer un toast au saumon fumée tout en alternant avec ma barre tendre protéinée. Un certain moment plus tard, Erin revient précipitamment dans l’appartement et je m’interroge d’où est-ce qu’elle a bien pu mettre Link, mais je comprends qu’il est toujours dans sa voiture lorsqu’elle s’approche de la fenêtre pour lui crier qu’il y a un dégât d’eau. On pouffe de rire tous les deux lorsqu’il répond de fermer l’alimentation d’eau. Je clame qu’on est les pros des excuses aujourd’hui et elle me fait un high five bien mérité. Je vois Tessa par la fenêtre et je l’annonce à Erin, qui semble paniquer un peu plus, excitée à l’idée que la fête va bientôt commencer. Tout comme moi; nerveux un peu aussi, il faut dire. « Ho my god » « On en a déjà parlé, tu peux m’appeler Adriel, Riri… » Cette blague un peu trop clichée, mais que voulez-vous, c’est la nervosité qui l’emporte. Elle me tire derrière le canapé et s’ensuit une petite guerre à savoir qui fait le plus de bruit ou pas. « AÏE, ma main! » je râle tout en continuant de glousser alors que sa main broie la mienne. L’instant d’après, les jumeaux font leur apparition, on se lève en criant un joyeux anniversaire et j’ai à peine le temps de réagir que Tessa me saute au cou. Link râle de l’absence de souhaits de bonne fête de la part d’Erin et celle-ci rétorque qu’il la sous-estime. « Je ne sais pas… j’ai vraiment cru que t’avais oublié. » S’ensuit un câlin collectif qui fait du bien et Link continue de râler en affirmant qu’il a été de mauvaise humeur toute la journée à côté d’elle. Je ris. « T’es tellement mignon quand tu râle » « Je croyais qu’il était beau, lui, pas mignon », je fais à Erin en haussant un sourcil, un sourire amusé sur les lèvres. Gnagnagna. Je me tourne vers mon bro lorsqu’il me dit que je suis un vrai ami et je lui explique alors que je les avais imaginés super tristes, Tessa et lui, et que c’est pour ça qu’au final je n’ai pu tenir ma langue. Je me tourne vers Erin pour la narguer un peu à ce sujet, clamant que moi, je suis un vrai ami. J’ai le droit à un froncement de sourcils et elle me traite de faible. « Love you bro. » Je me tourne de nouveau vers Lincoln et papillonne des cils exagérément. « Love you too, bro », je dis en lui rendant sa bine. Du coin de l’oeil, je vois Erin frissonner. Pourquoi, aucune idée… Elle a ouvert les fenêtres tantôt pour aérer l’appart, c’est peut-être ça. Je vais donc les fermer avant de revenir vers eux. Tessa veut s’assurer que Chat va bien et je tente de feindre que non, pour finalement dire qu’il s’ennuyait trop d’elle. Tout comme moi… « Nonnnnnnnnnn, t’as fait ça?! » « Et si …. » Je hausse les épaules, sourire aux lèvres, quand même fier de ma ruse, il faut dire. Tessa n’a pas fait de crise cardiaque, c’est bon, tout va bien. Elle affirme qu’elle a été idiote, qu’elle aurait dû s’en douter venant d’Erin et moi. J’éclate de rire et Link pose sa main sur le haut de son dos en disant qu’ils sont deux cons, il n’a rien vu venir lui non plus. Je secoue la tête en continuant de rire, accompagné d’Erin. En même temps, je ne me rappelle pas qu’on leur ait laissé des indices ou quoi. Je sais tenir ma langue, quand il le faut. « Ce n’est pas moi qui a eu cette idée stupide avec Peter Quill Manders Chat. Par contre j’espère que t’es en forme. Parce que ce soir je ne compte pas te ménager !! » « Stupide? » je m’exclame. « Genius, tu veux dire. Regarde, elle est arrivée rapidement… » « Hey, faut lui faire attention là, sérieusement… elle vient de se faire opérer. » Il pointe un index sur le bout du nez de la blonde, se doutant très bien qu’elle arrive très (trop) bien à mettre le party dans la place. « C’est bon, ça va bien se passer. T’inquièteeeeeeeee. Et Tessa a ramener sa trousse de secours. On est sauvé. » Son fameux t’inquièteeeeee ne me dit rien qui vaille. Je jette un coup d’oeil à la fameuse trousse de véto de Tessa. Ouin, c’est pas ça qui va nous aider, je pense. C’est bien Link pour s’assurer qu’on fait attention à sa soeur jumelle — normal, quoi. Et bon, faut dire que je suis plutôt d’accord avec lui, même si j’ai l’impression que Tess n’en fera qu’à sa tête. « Je compte sur toi », me dit-il dans un murmure en me donnant une tape dans le dos. Je hoche la tête, me disant déjà que je devrais peut-être ne pas boire énormément, pas comme en novembre ou en décembre derniers par exemple, si je veux être capable de jeter un oeil sur Tessa. Parce que bon, je compte bien à ce que mon bro profite de sa soirée d’anniversaire, aussi.
Par contre, je ne m’empêcherai pas de manger, loin du là, et je déclare que mon estomac est affamé. Je ne dois pas être le seul, et Erin va chercher les plats pour les poser sur la table basse du salon. Mmmm, ça sent delicious. « Allez viens manger mon glouton. » Je ris alors qu’on va tous s’installer sur le grand canapé en L. On a même le droit à la fameuse playlist de Riri et je commence à bouger de la tête et des épaules au rythme de la musique. Un autre petit toast au saumon plus tard, je propose à boire aux autres. Je peux bien jouer au barman pour ce soir. Je glisse peut-être un petit peu de jugement à la fin de ma phrase à l’intention de ma meilleure amie quand je parle d’absinthe. « Critique pas. T’es juste pas assez … viril pour ça. » Je hausse un sourcil. « N’importe quoi! Parce que toi, t’es virile, c’est ça? » Sachant très bien que ça l’énerve, je tends la main et lui ébouriffe les cheveux. « Surprends-moi », me dit Link en haussant une épaule. Une lueur d’excitation apparaît dans mes yeux. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir lui faire? « Laisse je m’en occupe. » Elle me donne un coup de fesses et je me décale par automatisme, elle s’installe entre Link et moi et entreprend de lui préparer un truc avec ce qu’il y a sur la table. Elle ne se gêne pas avec l’absinthe et j’écarquille les yeux lorsqu’elle tend le cocktail à Link en le sommant de boire ça. J’en profite pour demander au bouclé si Erin a été gentille avec lui et comment elle a fait pour le ramener ici. Rien qu’à son ricanement, je me doute de la suite. « Non. » Je ris en levant les yeux au ciel. « Donne moi ma bouteille au lieu de dire des bêtises. » Link semble découragé de la réponse de notre amie. « MADAME est entrée dans mon appartement pendant que je prenais ma douche et elle m’a balancé un verre d’eau. Est-ce que j’ai précisé que l’eau était très FROIDE? » Je me tourne brusquement vers elle. « T’as pas fait ça pour vrai?! » Je frissonne rien qu’à penser à me faire jeter de l’eau, surtout si je suis dans la douche… nu… Je fige en réalisant qu’elle a sûrement vu Lincoln tout nu. Qu’est-ce qu’elle est pas gênée, elle. Le connaissant, lui, il devait l’être un peu plus. Et comme de fait… « Oui bah j’ai vu à la réaction de ton mollusque qu’elle devait être bien froide. » Bouche-bée qu’elle ait appelé son membre un mollusque, je ne réponds rien. Elle l’a bel et bien vu nu. En même temps, elle m’a déjà vu sans vêtements, moi, plus récemment que prévu en plus, alors devrais-je être surpris? Sauf qu’il ne s’est rien passé entre Lincoln et elle. « Après nous être battus comme des forcenés, elle m’a fait croire qu’elle avait oublié son chargeur ici. » Je hoche la tête, tout sourire. « Ahhhh, je vois. » Ce qui serait très plausible, en plus, si elle n’utilisait pas le mien quand elle vient ici. Je le sais très bien parce que, quand elle dort ici, il arrive souvent toujours qu’elle utilise le mien et que je ne puisse pas charger mon téléphone comme je le fais d’habitude pendant la nuit. Erin lui assène un coup de coude dans les côtes. « C’est toi qui a chercher à me fouetter avec ta serviette ! JE suis la victime dans l’histoire » Je roule des yeux. Bien sûr, bien sûr. Link grimace en se passant une main dans les cheveux. « C’est un peu décevant comme raison je trouve… mais ça a fonctionné. » Je me tourne vers Erin, un sourire malicieux en coin, l’air triomphant. « Tu vois… c’était vraiment mieux ma raison avec Peter Quill… » Erin se cache pratiquement pour regarder l’écran de son téléphone et je tends la main pour le lui enlever. « Mais à qui tu peux bien texter là? On célèèèèèèbre, lâche ça. » Mais elle se débrouille bien pour le garder et finit par le ranger avec un sourire sur les lèvres — un sourire que je lui connais bien, celui qu’elle a quand elle a un plan derrière la tête. Mais qu’est-ce qu’elle peut bien avoir prévu…?
« Je reviens! » Je franchis les quelques pas jusqu’au comptoir de cuisine et entreprend de verser du rhum, de la grenadine, de la vodka, de la bière, avant de terminer avec une petite touche de jus d’orange pour diluer un peu. Faut bien que j’offre un cocktail de fête à mon best bro, aussi. De toute manière, il est hors de question qu’il termine la soirée le moindrement sobre — juste pas au point de se rendre malade, espérons-le. Le verre de Link dans une main, la deuxième bouteille d’absinthe d’Erin dans l’autre, je retourne au salon avant de leur tendre leur dû. « Doucement sur l’absinthe, toi », j’avertis la blonde en lui faisant les gros yeux. « Je viens de nettoyer ma baignoire. » Je retourne chercher la boisson de Tessa et me sers un verre de coca avec un tout petit peu de rhum. Lorsque je reviens de nouveau, j’étouffe un rire en voyant Link observer son verre. Je me réinstalle et Erin propose de trinquer. « A la vôtre les petits vieux » On cogne nos verres les uns contre les autres, on boit la première gorgée. Ça semble passer difficilement pour mon partenaire de Smash Bros et je manque de m’étouffer avec mon coca en riant. « Putain, qu’est-ce t’as mis là-dedans? Un conseil, ne deviens pas barman » « Ou…. mes cocktails ne sont peut-être juste pas dans tes goûts », je réponds en haussant les épaules. « Je suis sûr que je pourrais trouver un public cible. » Je dois quand même admettre que je ne ressens pas particulièrement le besoin de goûter à mon propre cocktail. Erin se saisit de son verre et le porte à sa bouche. Elle semble faire plus partie de mon public cible, elle, déjà. Je le vois dans ses yeux que la boisson verte commence déjà à faire son effet. « Hooo je veux le même. Tu peux m’en faire un steuplé mi amor ?! » Elle s’enfonce dans le canapé, un très grand sourire sur les lèvres, et je me pose sincèrement la question si je devrais accepter sa demande ou pas. Et puis… pourquoi pas. Elle peut bien boire pour moi. Je veux juste pas qu’elle se rende malade, par contre, alors je reviens quelques minutes plus tard avec un cocktail assez dilué avec du jus d’orange et de l’eau pétillante aux fruits, vu toute l’absinthe qu’elle a déjà englouti. Elle ne s’en rendra peut-être pas compte…
Erin lance le jeu de vérité et action et Link est sa première victime. Il demande si mon cocktail peut compter comme une action déjà et j’éclate de rire, avant de secouer la tête. « Naaaaaan, meilleure chance la prochaine fois bro », je réponds, les yeux pétillants. La blonde lui demande une question qui me semble impossible à réponde, je scrute le bouclé en lui faisant les beaux yeux pour qu’il me choisisse moi, mais il arrive très bien à détourner sa question pour répondre Tessa quand même. Je hoche la tête, impressionné. Erin râle et l’accuse de tricher, juste avant de presque finir son verre. Mon dieu, ça va être quoi dans deux heures. Link choisit donc Tessa comme sa victime du jeu et il la met au défi de prendre une bouchée d’un oignon cru. Je grimace tout comme Erin, imaginant déjà que ça doit être dégueulasse. Lorsque la blonde se lève pour aller en chercher un, elle manque de tomber et se rattrape de justesse sur mon épaule. « Doucement sur l’alcool, j’ai dit », je la préviens en penchant la tête, l’observant se rendre jusqu’au frigo pour m’assurer qu’elle revienne en un seul morceau. Depuis quand j’ai un oignon chez moi, d’ailleurs? Je ne me rappelle pas en avoir acheté. « Avale ça ma chérie. Tu vas tous les faire tomber après ça » Je retiens mon souffle en regardant Tessa croquer dans l’oignon, après avoir hésité, bien entendu, un peu au début. Je tapote son épaule comme pour l’encourager et elle laisse tomber l’oignon sur la table basse en grimaçant. Erin revient avec un drôle de serre-tête qu’elle pose direct sur les cheveux de Link. Je pouffe. « Ça c’est ton gage pour avoir triché. Tu dois le porter jusqu’à la fin de la soirée. Gary….. » « Gary? De quoi tu parles, Erin? » je lui demande, me demandant si elle a si bu de l’alcool qu’elle ne se rappelle même pas du nom d’un de ses meilleurs potes.
Lorsque la musique des Black Eyed Peas retentit, Erin pète un câble. « PUTAIN J’ADORE CETTE CHANSON » Elle me tire par la main et on se retrouve à danser plutôt proches, gueulant les paroles, et elle me caresse même la joue… Soucieux de ce que Link ou Tessa pourrait penser, surtout Tessa… je prends doucement la main de ma meilleure amie dans la mienne et en profite pour la faire tourner sur elle-même. Je me pose tout de même toutes sortes de questions, genre pourquoi elle me caresse la joue comme ça… Bon, en même temps, on a toujours été tactiles ensemble, c’est peut-être juste l’alcool. Elle tente d’inciter le fêté à se joindre à nous, mais il refuse de danser. « Allleeeeeeezzzz, Link », je l’encourage en faisant des gestes pour qu’il s’approche de nous. Je suis pour me tourner vers Tessa pour l’inviter aussi lorsque la sonnette retentit. Je fixe Erin — je sais pas pourquoi, j’ai l’impression que ça vient d’elle. « Bob est arrivé. » Bob? Je tente de chercher si on connaît un Bob, mais rien ne me vient. Elle a peut-être poussé son stratagème pour amener Link ici jusqu’au bout et elle a appelé un plombier pour le faux dégât d’eau? Tessa, Link et moi restons plantés dans le salon pendant qu’elle va ouvrir. « Heyy salut Baby driver, comment tu vas ? Je t’ai pas trop manqué ? Vas-y entre », l’entend-on d’ici. « Si je réponds non, tu me sautes à la gorge ? » Une voix d’homme? J’entends leurs pas s’avancer dans le couloir dans notre direction. Mais qui peut-elle bien avoir invité? « J’ai amené une bouteille de whisky, au cas où ! » Yeeeeaaaah, une autre, je pense. On n’en a jamais assez. Je reconnais Byron, cet ami assez récent qui s’est joint à ma beuverie en décembre dernier. Vu l’alcool qu’il y avait de disponible et la quantité qu’on a bue, je me rappelle de cette soirée de manière un peu vague, mais je me rappelle lui avoir fait quelques confidences en particulier. Je rougis en jetant un coup d’oeil à Erin, évite totalement le regard de Tessa et de Link. Erin nous présente, moi comme étant son best best best BEST friend en lui disant de ne pas oublier les parenthèses. « Oublie totalement les parenthèses, By! » que je m’empresse de rattraper en fronçant les sourcils à l’intention d’Erin. « Salut Adriel ! Comment vas-tu ? Alors tu connais Erin aussi... » Je lui donne une poignée de main tout en souriant chaleureusement, amusé par la situation. Le monde est petit. « Hey, Byron », je commence, « Ouais, c’est moi qui l’ai élevée. » N’importe quoi. « J’en reviens pas que vous vous connaissiez… » Peut-être se sont-ils rencontrés récemment, et qu’elle a pensé l’inviter pour plus de fun. « Du coup, si on est chez le best best best (best) friend… … c’est à toi que je dois donner la bouteille de whisky ? » Je ris en prenant la bouteille qu’il me tend. « Merci, et oui, c’est chez moi ici, bienvenue dans ma batcave », je lance avant d’aller porter ladite bouteille sur la table basse. [color#cornflowerblue]« Content que tu sois des nôtres ce soir! »[/color] Il salue Tessa comme la reine d’Angleterre, qu’il connait également apparemment — Tessa, pas la reine — m’enfin, ça serait cool —, et je hausse un sourcil. Manquerait plus qu’il connaisse Link aussi! Link qui ne dit pas grand chose jusqu’à maintenant, avachi sur le divan. « Et voici le fameux Gary !! hAHAH, mais je pense que tu l’as reconnu ?! » [color=cornflowerblue« Mais c’est quoi cette histoire de Gary? Eriiiin, son nom c’est Lincoln, tu sais. »[/color] Je vais rejoindre mon ami sur le canapé en profitant pour prendre une gorgée de mon rhum-n’-coke, que j’ai presque fini. « Au mon dieu ! Elle a osé… J’suis désolé pour toi mec ! » Je ris en replaçant le bandeau sur la tête de la victime d’Erin. « Si ça peut te rassurer, Link, ça te va vraiment bien… » Mais l’instant d’après, Byron lance un « Merde! » qui nous fait tous tourner les yeux dans sa direction. Mais avant que je ne puisse poser une quelconque question, Erin poursuit les présentations, nous racontant comment elle l’a rencontré. Ahhhh, c’est lui le gars qui l’a aidée sur le parking. Et apparemment, elle l’a emmené en cadeau à Link… Hum. Byron tend un cadeau au fêté et Erin lui demande ce qu’il boit; il répond n’importe quoi et elle entreprend de lui concocter un mélange. « A cette soirée mémorable ! Tout ce qui passe ce soir restera entre nous. Deal !! Que la fête commence. » Ne comprenant vraiment rien de la situation, je lève quand même mon verre en affirmant un « DEAL! » Je bois la dernière gorgée de mon verre. « Qu’est-ce que t’as en tête, toi? » je plisse les yeux à l’égard d’Erin, comme si je pouvais découvrir ce qui se passe dans son cerveau en ce moment. « LA VAAAAAAAAAACHE ! Je ne sais pas où tu as pris des cours de mixologie… Mais faut arrêter ! » Je ris en voyant Byron qui vient de prendre une gorgée du drink que lui a préparé Erin. « Je t’en fais un autre si tu veux », je dis, malicieux.
Tessa demeure silencieuse depuis tantôt et je m’approche d’elle. Sur le canapé, les yeux fermés, elle ne semble pas aller si bien et ça m’inquiète. « Tess? Ça va? » Elle secoue la tête et je relève les yeux sur Link pour lui signaler de s’approcher. Il convient qu’il serait peut-être mieux qu’elle rentre, ça ne fait pas longtemps qu’elle est sortie de l’hôpital, après tout… Link se charge d’appeler leurs parents, qui arrivent peu de temps après pour venir la chercher, vu qu’aucun de nous ne pouvons conduire avec les mélanges explosifs qu’on a pris. Je serre Tess fort dans mes bras, lui promets qu’on se reprendra et que je lui donnerai son cadeau quand on sera juste tous les deux bientôt, et je referme la porte derrière elle et sa mère, qui nous rappelle d’être prudents avec l’alcool, ce soir. Je reviens près des autres et sors quatre petits verres de shooters et les aligne sur la table basse. Je les remplis à ras bord avec de la vodka, en empoigne un, pousse les autres devant mes amis et déclare: « Bon, un shooter pour commencer la soirée. » J’avale le mien, manque de m’étouffer, mais tout va bien. J’observe les échanges de regards entre Byron et Link, et lance, semi à la blague: « Dites-moi pas que vous vous connaissez aussi, si? » avant de rire et de remplir de nouveau mon verre de shooter. Vu que je n’ai plus à jeter un oeil sur Tess, autant me laisser aller.
Depuis le temps que je connais Erin, je me doute que la soirée risque d’être très arrosée et je ne peux faire autrement que de m’inquiéter pour Tessa alors qu’elle vient de se faire opérer au cœur il y a tout juste un peu plus de deux semaines. Je ne suis pas convaincu que ce soit une très bonne idée de mélanger ses médicaments avec de l’alcool. « C’est bon, ça va bien se passer. T’inquièteeeeeeeee (Le fameux) Et Tessa a ramener sa trousse de secours. On est sauvé. » Je lance un regard inquiet vers Adriel, peu rassuré par les paroles de la blonde. Il y a déjà assez de Peter qui vient de faire un coma éthylique, je n’ai pas vraiment besoin que ma sœur termine la soirée à l’hôpital en plus. Elle vient tout juste d’en sortir, en plus. Je décide de faire confiance à Erin malgré les doutes et de me laisser un peu aller puisqu’il s’agit de mon anniversaire. On me demande ce que je veux boire, ce à quoi je réponds de me surprendre. Erin s’occupe de me servir à boire et je la surveille du coin de l’œil. Lorsqu’elle me tend mon verre, je plisse les yeux en la fixant avec suspicion. « Boit ça mon grand, tu m’en dira des nouvelles » Je porte le verre à mes lèvres sans la quitter des yeux, grimaçant légèrement en avalant le liquide qui me brûle la gorge. « Mon petit doigt me dit que vous voulez que je finisse la soirée paqueté. » dis-je en faisant tourner le liquide dans mon verre tout en regardant Erin et Adriel l’un après l’autre.
Chacun leur tour, ils expliquent (ou j’explique, dans le cas d’Erin) leur stratagème pour nous avoir fait venir ici sans que l’on ne se doute de rien. Je balance Erin sans aucune hésitation. Après tout, elle n’a pas hésité un instant pour me balancer un verre d’eau dessus, elle. « T’as pas fait ça pour vrai?! » Je hoche vivement la tête, le regard rivé sur la blonde. Elle a beau avoir l’air d’un ange, elle n’en est pas un. Depuis les années, j’ai appris qu’il fallait se méfier d’elle en tout temps parce qu’elle ne rate jamais une occasion de me sortir de ma zone de confort. Même si elle me fait parfois suer avec ses conneries, je ne l’échangerais pas pour rien au monde. « Oui bah j’ai vu à la réaction de ton mollusque qu’elle devait être bien froide » dit-elle au même moment où je prenais une gorgée. Je m’étouffe. « Er… » Je pose mon verre sur la table basse tout en levant mon autre main pour tousser dedans. Je me cogne sur le torse quelques fois avec mon poing en me raclant la gorge. « Sans commentaire. » Je la fusille du regard, le visage rouge comme une tomate. Je regrette soudainement d’avoir fait mention de l’épisode de la douche en voyant avec quelle aisance Erin a expliqué qu’elle m’avait vu nu. Je préfèrerais que mon mollusque reste une légende ce soir avec eux. Un peu comme le Loch Ness. Le portable d’Erin se met à vibrer et elle se dépêche d’envoyer un message tout en cachant l’écran pour que je ne puisse pas le voir. À voir le petit sourire qui naît sur son visage, je me doute qu’elle prépare un mauvais coup. « Erinnnnnnnnn? À qui tu écris? » Légèrement penché vers l’avant, je lève les yeux vers ceux d’Adriel qui semble lui aussi intrigué par les actes de la blonde assise entre nous deux. « Mais à qui tu peux bien texter là? On célèèèèèèbre, lâche ça. » Je tente d’attraper le téléphone d’Erin, sans succès. Elle se dépêche de le ranger. Premier verre terminé, Adriel m’en sert un deuxième aussi fort – sinon plus – que celui qu’Erin m’avait préparé. Même s’il goûte franchement mauvais, je n’ai pas l’intention de le gaspiller. « Ou…. mes cocktails ne sont peut-être juste pas dans tes goûts. Je suis sûr que je pourrais trouver un public cible. » Je me mets à rire en fixant le verre une nouvelle fois en réfléchissant. Dubitatif, je lève les yeux vers Adriel, un sourcil haussé. « Genre un alcoolique qui serait prêt à boire n’importe quoi rien que pour avoir une goutte d’alcool? » Je ricane en baissant les yeux vers mon verre. « Quelqu’un comme Peter. » Je lève les yeux au ciel puis je cale une gorgée de mon verre pour changer le mal de place, je n’ai vraiment pas envie de penser à lui ce soir. Disons que notre dernière discussion ne s’est pas bien déroulée. « Fait voir ça » Erin prend mon verre et en prend une gorgée. « Hooo je veux le même. Tu peux m’en faire un steuplé mi amor ? ! » Elle me le rend et Adriel lui prépare un verre à son tour juste avant qu’on commence à jouer à action vérité. Évidemment, Erin s’acharne sur moi et je tente désespérément de m’en sortir en suggérant que boire le verre d’Adriel compte comme mon action mais c’est refusé au conseil. J’aurai au moins essayé. « Naaaaaan, meilleure chance la prochaine fois bro » Je hausse les épaules en riant, m’enfonçant de plus en plus dans le canapé. Je sens que l’alcool commence à faire son effet, j’ai de plus en plus le rire facile. « MAIS ! J’ai dis PAS TA SOEUR ! Tu tricheeee » Je m’esclaffe et je remue mon index devant le nez d’Erin. « Mais t’as dit d’nous trois », c’est qui la troisième personne aloooooooors? » Je me tords de rire à côté d’elle, fier de mon coup. Je suis un génie. Maintenant c’est le tour de Tessa et je la défie de manger un oignon, ce qu’elle fait. Erin revient ensuite avec un serre-tête avec des yeux globuleux, qu’elle pose sur ma tête. « Ça c’est ton gage pour avoir triché. Tu dois le porter jusqu’à la fin de la soirée. Gary….. » J’ouvre la bouche en grand, presque offusqué qu’elle m’accuse d’avoir triché. « Mais j’ai pas trichéééééééééééé. » C’est pas ma faute si elle pose mal ses questions. « Gary? De quoi tu parles, Erin? » Je fronce les sourcils en tournant la tête vers Erin. « C’est vrai, pourquoi Garry? Garry c’est mon patron. C’est pour te venger du prix qu’il a fait pour Choupette ça? Je suis plus beau que lui quand même! Enfin j’espère. Non? » Une chanson de Black Eyed Peas retentit dans la pièce. « PUTAIN J’ADORE CETTE CHANSON » Elle se lève et entraîne Adriel avec elle pour danser. De mon côté, je reste sagement assis sur le canapé en balançant mes épaules de droite à gauche au rythme de la musique. Erin attrape mes mains après un moment dans l’espoir que je les rejoigne. « Debouuuuuutttttt Vas-yyyy fait pas ton timide. » Je secoue négativement la tête. « Nah. » Adriel s’y met aussi. « Allleeeeeeezzzz, Link » Mon sourire disparait tandis qu’ils insistent. Je secoue négativement la tête une fois de plus en tentant de dégager mes poignets. Elle est loin l’époque où je rêvais d’une carrière de danseur. Les compétitions ne sont maintenant que de lointain souvenirs que je préfère oublier.
« Bob est arrivé. » Bob? Je fronce les sourcils, l’air de réfléchir. Je ne connais pas de Bob. « Bob? C’est qui Bob? Attends, tu déconnes… T’as invité Mina? C’est qui?! » Erin n’aime pas Mina, ce serait assez surprenant. Mais qui d’autre ça pouvait bien être? Eleonor? Aux dernières nouvelles elle n’est pas revenue à Brisbane. Ambre? Pourquoi elle l’appellerait Bob? Je ne comprends rien. Je scrute Adriel à la recherche d’une réponse. Après tout, il a organisé la soirée avec Erin, il doit bien savoir qui elle a invité, non? Et puis comme il est le seul à avoir flanché hier, à nous avoir souhaité bonne fête, c’est lui qui est plus à risque de me donner des réponses. « C’est qui?! » demandé-je nerveusement. Je n’aime pas les surprises, encore moins celles préparées par Sanders. Je me méfie. Erin s’éloigne pour accueillir Bob et c’est une voix masculine qui résonne de loin. J’interroge Mayers du regard, mais il a l’air de se poser les mêmes questions que moi. Les pas d’Erin et de Bob se rapprochent. « J’ai amené une bouteille de whisky, au cas où ! » Je tente de voir de qui il s’agit, mais je ne vois rien d’où je me trouve, mes amis me surplombant. « Alors tu as mon best best best (best), on oublie pas les parenthèses, friend, alias Adriel. Ensuite tu as Tessa mon acolyte. Tu l’excusera pour son haleine … Elle n’a rien trouvé de mieux que d’avaler un oignon » Je grimace en repensant à Tessa qui a mangé l’oignon. « Sorry not sorry. » Je porte mon verre à mes lèvres en gloussant. « Salut Adriel ! Comment vas-tu ? Alors tu connais Erin aussi... Du coup, si on est chez le best best best (best) friend... c’est à toi que je dois donner la bouteille de whisky ? » Je comprends qu’Adriel connait Bob finalement. « Salut Tessa, que je connais aussi… Tu m’excuseras, mais je ne te fais pas la bise » Et Tessa? Forcément, si tous les trois le connaissent, je dois bien le connaître aussi. Pourtant, j’ai beau chercher, je n’arrive pas à mettre le doigt sur l’identité de cette voix qui me dit vaguement quelque chose. « Et voici le fameux Gary !! hAHAH, mais je pense que tu l’as reconnu ?! » « Mais c’est quoi cette histoire de Gary? Eriiiin, son nom c’est Lincoln, tu sais. » Je hoche vivement la tête en pointant Adriel tandis qu’il vient me rejoindre sur le canapé. « Il a raison. T’as raison. J’sais pas pourquoi elle m’appelle Gary. J’pas Gary. » Le fameux Bob s’approche finalement de moi. « Au mon dieu ! Elle a osé… J’suis désolé pour toi mec ! » « Si ça peut te rassurer, Link, ça te va vraiment bien… » Je lève les yeux au ciel, peu convaincu, avant de rapporter mon attention sur la main que Bob me tend. Je relève la tête vers lui mais avant de me rendre à son visage j’en perds mon serre-tête. « Wooopsie. » Je ris en me penchant pour le ramasser. D’un mouvement de tête, je rejette mes bouclettes vers l’arrière - digne d'une publicité de shampoing - puis je replace le serre-tête dans mes cheveux tant bien que mal - à l’envers. Détail. Le sourire aux lèvres, j’empoigne finalement sa main pour la lui serrer au même moment où nos regards se croisent. Je fige, surpris de le voir lui, ici, à ma fête. « Merde! » La bouche entrouverte et les yeux écarquillés, je le fixe en silence, incapable de prononcer le moindre mot. Mon cœur s’emballe dans ma poitrine et je me sens rougir tandis que sa présence ravive le souvenir de ses doigts sur ma peau. D’un mouvement sec, je me dépêche de retirer ma main de la sienne en détournant le regard après avoir envoyé valser le serre-tête aux yeux globuleux plus loin. Brisbane est une grande ville, pourquoi est-ce qu’il faut que Stan connaisse mes amis? Qu’il soit invité à ma fête? Et s’il racontait aux autres ce qui s’était passé entre nous? (ou pas passé) Et s’il leur disait que j’étais parti comme un lâche? Je veux qu’il parte. Il faut qu’il parte. « Je vous présente Byron. Un chevalier servant qui n’a pas hésiter à me venir en aide sur le parking. Tu sais Link !!! Le fameux gars. Tu me demandais comment il était … bah voilààààààààà. JOYEUX ANNIVERSAIIIIREEEE » Je relève brusquement la tête, sous le choc qu’elle balance pratiquement mon homosexualité devant tout le monde en faisant croire que j’ai dit des choses que je n’ai visiblement pas dites. « Quoi?! J’ai pas… ERIN! » Je m’enfonce un peu plus dans le canapé en cachant mon visage à l’aide d’une de mes mains. « Ouais bon anniversaire ! Tiens, j’avais un truc pour toi... » Je laisse retomber ma main sur ma cuisse et je relève timidement mes yeux vers les siens. « Pour moi? Ah bah… uh… c’était pas nécessaire. » Je ris nerveusement en déposant mon verre sur la table basse pour pouvoir déballer son cadeau. Je fronce les sourcils, intrigué, en découvrant les pantoufles en forme d’escargot. « Merci Stan… Uh Byron pardon. » Je ne sais plus comment l’appeler putain. Je replace les pantoufles dans la boîte en regardant furtivement Tessa. « On en mettra une chacun. » lui dis-je maladroitement en réalisant que Byron n’avait apporté qu’un seul cadeau. Erin sert à boire à Byron et remplit mon verre par la même occasion. À peine a-t-elle le temps de me le redonner que j’en cale deux ou trois gorgées. Je ne compte plus. J’ai besoin de courage liquide là, maintenant. « A cette soirée mémorable ! Tout ce qui passe ce soir restera entre nous. Deal !! Que la fête commence. » Comme mon homosexualité, Erin? « LA VAAAAAAAAAACHE ! Je ne sais pas où tu as pris des cours de mixologie… Mais faut arrêter ! » J’acquiesce en silence alors que j’ai eu la malchance de goûter aux cocktails des deux ce soir. Et franchement, de ce que je me souviens, ceux de Byron étaient cent fois meilleur mais le dire serait avouer que nous nous sommes déjà vus alors je me tais.
Le temps passe et Tessa ne semble pas dans son assiette, ce que Mayers remarque. Il va la rejoindre sur le canapé pour prendre de ses nouvelles. « Tess? Ça va? » Avec la musique, je n’entends pas la discussion, mais je les observe attentivement, inquiet de l’état de ma sœur jumelle. Lorsque mon ami me fait signe d’aller les rejoindre, je me lève difficilement en me tenant après le canapé. Je vais les rejoindre d’un pas chancelant. Je réussis à convaincre Tessa sans trop de difficulté qu’il serait mieux qu’elle rentre. Considérant dans l’état dans lequel nous sommes tous présentement, j’appelle nos parents pour qu’ils viennent la chercher, ce qu’ils font sans tarder. Dès qu’ils sont partis, Adriel revient dans le salon et remplit des shooters pour tout le monde. « Bon, un shooter pour commencer la soirée. » Je cale le shooter sans dire un mot, trop troublé par la présence de Byron ici alors que je croyais ne jamais le revoir de ma vie. Je pensais pouvoir oublier ce moment humiliant, que personne de mon entourage ne soit jamais au courant. Mais à voir la quantité d’alcool qu’il y a ici ce soir, je crains que sa langue se délie et qu’il parle. Étrangement silencieux, je m’avachis dans le canapé en croisant mes bras contre mon torse. Subtilement (ou pas), j’observe Byron à distance. Mes yeux jouent au chat et à la souris avec les siens, toutefois, dès qu’il me regarde je me dépêche de détourner la tête. « Dites-moi pas que vous vous connaissez aussi, si? » Silence. Je tourne la tête vers Byron et je l’interroge du regard comme si je voulais qu’on s’entende silencieusement sur la même version. Nerveusement, mon regard se pose sur Adriel et Erin à tour de rôle. J’essuie mes mains moites sur mon pantalon en secouant négativement la tête. « Naaaaaaaah. Pas vraiment. » réponds-je après un silence prolongé sans oser les regarder plus longtemps. Rapidement, je m’empare de la bouteille de vodka de Mayers pour me servir un shooter de plus. Sauf que quand je suis nerveux, j’ai les mains pleines de pouces alors je verse la moitié sur la table plutôt que dans le verre. Et merde.
Il n’arrête pas de loucher sur ses toasts depuis tout à l’heure. Erin le surveille du coin de l’oeil. Finalement elle cède à nourrir l’animal. Elle se dirige donc vers la cuisine pour aller chercher les plateaux qu’elle a préparer avec soin tout à l’heure. Mais son regard se fronce légèrement en voyant un petit toast absent dans les rangs qu’elle avait parfaitement aligné. Me dit pas … « ADRIEL MANDERS ! Heuu… Mayers ! » Oupsii, ça lui a échappé. Mais ça sonnait bien cela dit. « Il nous manque un petit soldat. Ne me dit pas qu’il est parti à la guerre celui là » Elle remue la tête d’un air faussement exaspéré. Et ça se voit car elle ce petit sourire au coin des lèvres. Toute façon elle est incapable de le bouder plus d'une demi seconde. Sanders revient avec tout plein de nourriture pour tout le monde. Un petit verre d’absinthe ne sera pas de trop pour avaler tout cela. Mais le brun ose la critique. Ho grand malheur, Erin le tacle direct. Elle n’apprécie guère qu’on parle de sa boisson fétiche comme ça. « N’importe quoi! Parce que toi, t’es virile, c’est ça? » Elle va pour lui répondre mais il lui ébouriffe les cheveux. Elle déteste ça. Il le sait en plus ! « Toi tu ne vas pas finir la soirée vivant. Tu pourra constater ma virilité » D’un geste de la main elle se recoiffe et marque un temps d’arrêt pour lui tirer la langue. « Surprends-moi » Demande Link à Adriel. Mais Erin décide de prendre les choses en mains. Il lui faut un truc bien corsé. Un truc dont il se rappellera encore longtemps. On n’a pas tous les jours vingt-huit ans. Erin prend toutes les bouteilles qui lui passe sous la main. Un peu de ça, un peu ça aussi. Sans oublier l’absinthe. L’alcool qui vous rend viril n’importe quel homme, si si. « Mon petit doigt me dit que vous voulez que je finisse la soirée paqueté. »Sanders lui tend le verre avec innocence pour le mettre en confiance. Les deux ne se quittent pas des yeux. Elle s’assure qu’il boit bien son mélange. Et quel mélange ! En voyant sa grimace elle glousse comme une dinde. « Je veux que tu t’amuse grand gaillard, c’est pas pareil. Ce soir c’est TA soirée » Elle se tourne vers Tessa en souriant « Et à la miss aussi » Ouais parce que apparemment ils sont nés le même jour ces deux là. Mayers fait son curieux concernant le stratagème de madame. Link explique et se fait passé pour une victime. Tsss….C’est lui qui avait essayé de la fouetter avec sa serviette et non l’inverse. « T’as pas fait ça pour vrai?! »«Erin hausse les épaules en souriant. Ça laisse sous-entendre que oui. Évidemment que c’est oui. C’est pas le genre à faire les choses dans la dentelle. C’est une Sanders. Et elle en rajoute en précisément que le membre de Mulligan c’est fait tout petit au contact de cette eau beaucoup trop froide. « Après nous être battus comme des forcenés, elle m’a fait croire qu’elle avait oublié son chargeur ici. » « Ahhhh, je vois. » « Bah quoi ? » « Er… » Qu’est-ce qu’il le dérange le plus ? Cette histoire de chargeur ou de mollusque. ? Elle regarde brièvement Link en se rappelant ce qui c’était passé ce fameux soir sur la banquette de Choupette. Personne n’est au courant si ce n’est eux. C’était juste un échange de bons procédés et aucunement une idylle. Pourquoi le crier sur tous les toits. Et on en parle de ces vacances d’été ? Qui me parle ? « Sans commentaire. » Link la fusille du regard. Elle en fait autant avant de lui faire un petit clin d’oeil malicieux. Que de souvenirs. Quel timide celui là. Adriel en profite pour vanter la façon dont il a attirer Tessa ici. Mais elle en doute fortement. Contrairement à lui, elle n’a pas inquiété inutilement Link. Ils ont même beaucoup rit. Discrètement elle répond au texto de Byron l’air de rien en s’enfonçant dans le canapé. Avec un peu de chance ils vont continuer de discuter entre "bro". « Erinnnnnnnnn? À qui tu écris? » Link tente de faire sa commère en levant les yeux sur son portable, mais elle rapproche l’écran de ses yeux pour ne pas qu’il voit « T’occupe » Ses doigts écrivent à la vitesse de la lumière. Il ne fallait pas qu’elle se fasse prendre. « Mais à qui tu peux bien texter là? On célèèèèèèbre, lâche ça. » Elle soupire. « Nan mais HooO j’ai le droit de répondre vite fait lààà ! Bande de rabat-joie. » Si c’était eux qui lui avait écrit, ils seraient bien content qu’elle réponde dans la seconde. Mulligan tente de lui piquer son téléphone. « MAIS ! Bas les pattes. Tss » Envoyé ! Hop, elle range son précieux dans sa poche.
« Je reviens! » Elle le suit du regard, intriguée. Adriel file dans la cuisine et revient quelques instants plus tard avec un cocktail dans une main et une bouteille d’absinthe dans l’autre. Le sourire renait sur le visage angélique de la blonde. « Doucement sur l’absinthe, toi » Elle un rire satanique. « T’inquièèèèèteeeee » (Le fameux; toujours) Qu’elle lui siffle en récupérant la bouteille. « Je viens de nettoyer ma baignoire. » Elle arque un sourcil tout en remplissant son verre exagérément. « Qu’est-ce que je dois en déduire ? » Qu’elle finira probablement la nuit dedans ? Car c’est souvent la finalité que ça prend quand elle a trop bu. Entre le sofa et la salle de bain, il n’y a qu’un pas… Les toilettes à proximité ça peut s’avérer utilise aussi. Sait-ont jamais si il y a un trop plein de quelque chose. Siffle. Ils trinquent tous chaleureusement. Les verres scintillent entre eux. Erin célèbre ça en buvant une bonne gorgée de son verre. A ce rythme elle va « chanter » avant la fin de la soirée. « Putain, qu’est-ce t’as mis là-dedans? Un conseil, ne deviens pas barman » « Ou…. mes cocktails ne sont peut-être juste pas dans tes goûts. Je suis sûr que je pourrais trouver un public cible. » Ça la rend curieux Erin. Elle louche sur le verre de boucle d’or comme si c’était une potion magique. « Quelqu’un comme Peter. » Hooo ! Il a osé. Un sujet qui pique auquel elle ne se frotte pas. Par contre elle lui pique volontiers son verre. Contrairement à Link, Erin trouve cette boisson à son goût. Tellement qu’elle réclame la même à Adriel en le suppliant comme un enfant pour des bonbons. Au détail prés que les siens sont imbibés d’alcool. Alcoolique ! Il revient avec un verre. «Merci»Mais au moment de boire et recrache en s’apercevant de la supercherie. « Heyy !!! J'ai une tête à boire de l'eau ??» Elle prend la bouteille de vodka et remplit le verre en en fixant Adriel avec un regard menaçant. Un dosage qui lui convenait beaucoup plus que le sien.
Histoire d’animer la soirée, Erin trouve bon de lancer un action vérité. Et c’est évidemment Link qui s’y colle. De suite, il essaye d’y échapper en demandant si ce cocktail ne pourrait pas servir de première action. Sanders remue la tête négativement. Hors de question de se défiler.« Naaaaaan, meilleure chance la prochaine fois bro » Pour une fois elle est d’accord avec Adriel. Il choisit une vérité. Erin aurait préféré une action ça aurait été plus fun. Tant pis. Il doit avouer lequel des trois il préfère. Mais sans choisir sa soeur. C’est un méli-mélo son explication. D’ailleurs, Mulligan saute sur cette opportunité en choisissant délibérément Tessa. Elle râle. « Mais t’as dit d’nous trois, c’est qui la troisième personne aloooooooors? » Qu’il s’exclame en remuant l’index. Les yeux de la blonde font le balancier deux secondes. On la perdu. ALLO. Trop d’absinthe coule dans ses veines. Déjà. Elle revient à elle en soupirant. Au tour de Tessa qui elle se montre plus courageuse en choisissant l’action. Son frère trouve rien de mieux que de lui dire de manger une rondelle d’oignon. « T’es ingrat » Franchement c’est vache. Pleine de bonne volonté, Erin se lève - un peu trop vite - Ça tourne. Heureusement l’épaule d’Adriel et là pour retrouver son équilibre. Elle part en cuisine pour aller chercher l’oignon. « Doucement sur l’alcool, j’ai dit » Elle mime un bisou avec ses lèvres. Les yeux vitreux. Traduction -> Cause toujours tu m’intéresses. Pauvre Tessa, elle n’était pas déjà dans son assiette mais là ça n’arrange rien. Erin à presque pitié. Au passage elle pose un serre-tête ridicule sur la tête de Link en guise de gage pour avoir triché. Car elle décrète que c’est le cas. Ça sera difficile de la faire changer d’avis. Ce rappelant de cette entrevue avec Byron, elle le surnomme Gary. « Gary? De quoi tu parles, Erin? » « C’est vrai, pourquoi Garry? Garry c’est mon patron. C’est pour te venger du prix qu’il a fait pour Choupette ça? Je suis plus beau que lui quand même! Enfin j’espère. Non? » Elle pouffe de rire en les voyant chercher. « MAIS ? Vous connaissez pas le célèbre Gary ? » Le regard interrogateur, elle les fixe en essayant de ne pas loucher. Pas simple. Elle reprend une gorgée d’absinthe. Normal. Et là, elle s’enflamme ! Une musique qu’elle affectionne pour danser. Quoi que dans l’état quelle se trouve, n’importe qu’elle chanson aurait fait l’affaire … Sans la moindre hésitation, elle entraine son meilleur ami avec elle dans une danse endiablée. Le rythme l’emporte. Elle se déhanche et se montre plutôt tactile - plus que d’habitude - avec. lui. Ses émeraudes se perdent dans ses yeux. Elle se mordille lèvres tout en lui caressant la joue affectueusement. Ça la plonge dans des souvenirs pas si lointains. La température monte d’un cran. Elle ne maîtrise plus grand chose. Les barrières lui semble si fragiles. Qu’est-ce qui se passe ? Heureusement, Adriel prend les choses en main. Et c’est le cas de le dire. Sa main vient se poser sur celle de Sanders qu’il retire de sa joue pour la faire tourner sur elle même. Joli échappatoire Mayers. Sauf que la faire tourner comme il fait c’est pas génial pour elle. Erin perd l’équilibre et se rattrape sur Adriel. Hey coucou toi. Il a même le droit à ses yeux de biche. Mon dieu … Elle tente d’amener Link sur cette piste de danse improvisé. « Nah. » Mais elle insiste en voulant le tirer du canapé. On dirait Laurel qui tente de soulever Hardy. S’en est presque comique. Ça l’est ! « Allleeeeeeezzzz, Link » Rien à faire, il ne veut rien savoir. Nul.
La sonnette de l’appartement retentit. Erin devine aisément qui se trouve derrière la porte contrairement aux trois autres. Ha ha, elle rit intérieurement et s’exclame fièrement que Bob est arrivé. « Bob? C’est qui Bob? Attends, tu déconnes… T’as invité Mina? C’est qui?! » Elle se dirige vers la porte mais se retourne brusquement lorsqu’il prononce son nom. « MINA ? Hors de question. C’est elle ou c’est moi. No way » Elle reprend son chemin vers l’entrée en sifflant la chanson du célèbre dessin animé, Bob l’éponge. Le visage de Byron apparaît. Il est beau garçon en fait. Elle le salue toute pimpante. - ivre surtout - Avec humour elle lui demande si elle ne lui a pas trop manqué. Elle manque à tout le monde c’est évident. « Si je réponds non, tu me sautes à la gorge ? » Elle lui pince la hanche en riant. Beaucoup trop joyeuse. Puis elle l’invite à entrer pour faire les présentations. En fait il connaît déjà tout le monde mais elle l’impression de tenir un scoop. « J’ai amené une bouteille de whisky, au cas où ! » Elle s’empare de la bouteille et dépose ses lèvres dessus pour un bisou d’amour. « Super ! On en a jamais assez » Ou pas. Lorsqu’ils arrivent à hauteur des trois autres, Erin commence à présenter chacun de ses amis à son invité surprise. « Salut Adriel ! Comment vas-tu ? Alors tu connais Erin aussi... » Elle fronce les sourcils en fixant Mayers. « Vous vous connaissez vous deux ? Depuis quand ? » Elle a raté un wagon apparemment. « Ouais, c’est moi qui l’ai élevée. » Quoi ?? Elle fait les gros yeux. Non mais il l’a prise pour une chèvre ? « Qu’est-ce qu’il faut pas entendre » soupire t’elle blasée. « Du coup, si on est chez le best best best (best) friend... » Elle sourit lorsqu’il insiste sur les parenthèses. Il est extra, elle adore. Prend ça Adibou hahaha *rire maléfique* « … c’est à toi que je dois donner la bouteille de whisky ? » Elle le laisse confier la bouteille à Adriel. De toute façon elle saura la récupérer au besoin. D’ailleurs, elle prendrait bien un autre verre … « Salut Tessa, que je connais aussi… Tu m’excuseras, mais je ne te fais pas la bise » Il connaît aussi Tessa ? C’est plus un wagon mais un train qu’elle a raté. « Tu connais tout le monde en fait ? » Elle se met à rire. Si elle savait. Byron sait bien des choses … Viens au tour de Link, enfin Gary pour ce soir. Il est trop mignon avec ses yeux globuleux. « Mais c’est quoi cette histoire de Gary? Eriiiin, son nom c’est Lincoln, tu sais. » Elle fait une tape sur l’épaule de Byron. « Je te laisse leur expliquer hein. C’était TON idée.> Elle se dédouane sans honte et sans remords. Mais en plus c’est vrai ! C’est lui qui lui là montrer la photo du célèbre escargot quand elle a préciser que Link était un mollusque. Nuance. « Il a raison. T’as raison. J’sais pas pourquoi elle m’appelle Gary. J’pas Gary. » « Bonne merde » Qu’elle lui murmure à l’oreille en souriant machiavéliquement. #Mode garce enclenché. Ils se saluent avec Link. Elle observe avec malice. Son plan avait l’air de fonctionner. Parfait. « Wooopsie. » Il en perd son beau serre tête. Link se penche pour le ramasser ensuite le remettre sur sa tête. Mais à l’envers. Erin s’avance et le remet correctement. Une petite tape affectueuse sur la joue. « Voilà t’es tout beau Gary chéri » Elle ne s’attarde pas. Consciente qu’il faut laisser l’éponge éponger. « Merde! » De quoi merde ? Elle arque un sourcil. Le comportement de Link devient suspect. Le voilà qu’il stresse, elle le devine avec ses mimiques. Petit chéri. Il balance carrément le serre-tête. « Heyy mais ? Qu’est-ce qui te prend. Adriel ressert lui un verre s'il te plaît » Qu’elle lui dit presque autoritaire. Quelle mouche l’a piquer sérieux. Ils sont pas prêt de s’accoupler ces deux là. Réfléchit réfléchit. Ouais mais c’est dur quand tes neurones sont grillés par l’alcool. Elle s’en va ramasser l’objet et le met machinalement sur la tête en continuant d’essayer de réfléchir. Piouff…c’est quoi la question déjà ? Elle a oublié. Erin revient à hauteur et fait les présentations de Byron aux autres en ne manquant pas de taquiner Link à ce sujet. « Quoi?! J’ai pas… ERIN! » Elle fait battre ses cils en affichant un large sourire. « Ouais bon anniversaire ! Tiens, j’avais un truc pour toi... » Son cadeau est extra. Forcément, elle a acheté la même chose. Shitt. Il aura deux paires. « Pour moi? Ah bah… uh… c’était pas nécessaire. Merci Stan… Uh Byron pardon. » Stan ? « Arrête de boire ça te rend chèvre. Oublie ce que j’ai dis » Il ne fallait SURTOUT PAS qu’il arrête de boire. Il est encore trop sobre là. Elle le sent tendu comme un string. Un string léopard …Wouuhhh. Un regard vers Adriel. Elle dérive. L'absinthe rend réellement fou, ce n’est pas une légende. Alcool d'artiste l’allemand à dit. Ils trinquent tous gaiement. Erin décrète que ce tout ce qui se passera ce soir restera secret. Comme Very Bad trip. Ils éviteront d’en laisser un dormir sur le toit … « DEAL! Qu’est-ce que t’as en tête, toi? » Sanders rapproche de son oreille pour lui chuchoter « Des tas de choses, t’as pas idée » Qu’elle susurre d’une voix suave et sexy. Elle le spoile sans complexe. Elle le cherche ouais ! « LA VAAAAAAAAAACHE ! Je ne sais pas où tu as pris des cours de mixologie… Mais faut arrêter ! » Erin pouffe de rire. Sa gorge se remplit d’Absinthe encore. Son corps vient s’affaler dans le canapé entre les deux hommes. Sa place favorite. Au moins là elle contrôle. Enfin, elle en a l’impression en tout cas. « Je t’en fais un autre si tu veux », « Ouaiiisss je veux bien » Elle passe sa main dans ses cheveux en le regardant avec des yeux doux. On l’a perdu … Si bien qu’elle ne capte même pas que Tessa quitte le navire. Bravo ! Pendant un laps de temps, elle comate les yeux ouvert. Ça fait presque peur. Il faut quelle se concentre pour ne pas vomir. « Bon, un shooter pour commencer la soirée. » Le mot shooter la réveil d’un coup. Le mot magique ! Elle secoue la tête - Pas trop fort - Et se redresse pour se pencher sur la table basse et attraper son petit shooter. « Yeahhh on shoote » Cul sec elle le boit sans sourciller et repose son verre bruyamment sur la table. « Suivant » A ce rythme elle vous vide une bouteille en deux deux. « Dites-moi pas que vous vous connaissez aussi, si? » « Manquerait plus que ça » C’est toute la ligne ferroviaire qu’elle a ratée « Naaaaaaaah. Pas vraiment. » Link cherche à remplir son verre de nouveau mais il en verse la moitié à côté. « Dans le verre Mulligan, c’est précieux ces choses-là » Bon ! Fallait trouver un truc. LE TRUC qui décoince. Elle sent un malaise. « Je vous propose un jeu » La bonde se frotte les mains. Elle remplit avec soin tous les shooters non pas de vodka mais d’absinthe en faisant glisser la bouteille sur la lignée de verres. Même comme ça elle en verse moins à côté que Mulligan. Prend en de la graine ! « Je commence ! » Elle prend son verre et le tient face à elle. « Deux vérités un mensonge. Tu devines, tu gagnes, tu perds tu bois. C’est pas compliqué. ALORS ! » Elle se gratte la gorge et cherche qu’elle connerie elle pourrait sortie. Ça se bouscule au portillon. « Je n’ai jamais lorgner sur Bryron, je n’ai jamais embrasser quelqu'un de vous 4, Je n’ai jamais couché avec mon, ma ou mes meilleur(es) ami(es), A toi Bob » Elle boit son shoot d’une traite et se laisse tomber dans le fond du canapé en poussant un soupire. Elle sait pas pourquoi mais elle sent qu’elle vient de lâcher une bombe. LE super jeu qui va mettre tout le monde d’accord. Carpe diem. Demain, ils auront tout oublié.
Je sais parler aux femmes. À Erin. Il suffit d’une bouteille de whisky et l’affaire est dans le sac. Elle la récupère, se l’accapare, la couvre de baisers. Certaines sont en amour avec leur godemichet. La blonde préfère les bouteilles d’alcool. Sauf si elle cache bien son jeu. Après tout, derrière son visage d’ange (personne n’est dupe), qui sait, peut-être qu’une grosse coquine sommeille. La suite me le dira. Ou pas. Je la suis, nous nous retrouvons rapidement dans la pièce à vivre. En parfaite hôte, qu’elle n’est pas, elle débute les présentation. Rapidement, je m’aperçois que je ne suis pas en terre inconnue. Je connais l’hôte. Le vrai. Le best friend. Avec ou sans parenthèse. Ça m’est égal. Ils sont drôle ces deux plaisantins. Ils se chamaillent. Ils se cherchent des noises. Il s’envoient des piques. Comme un vieux couple. Pourtant Erin semble étonnée que nous nous connaissions Adriel et moi. Est-ce un soupçon d’inquiétude que je décèle dans son œil. Je laisse planer le doute, je la laisse croire ce qu’elle veut. Je reste silencieux quelques instants. Je jubile. Elle ne maîtrise pas tout. Je sais des choses. Elle l’ignore. Je lâche le morceau. « Nous avons partagé quelques bières sur la plage, un soir… » Je n’en dis pas plus. Si seulement nous avions partagé seulement quelques bières… Non. Nous nous sommes confiés l’un à l’autre, avons partagé nos états d’âme. Nous avons abusés de l’alcool. Chacun avait ses raison. Des secrets ont été éventés. Une relation charnelle entre meilleurs amis. Entre elle et lui. D’un point de vue extérieur, la situation est cocasse. Finalement, je lui offre la bouteille. Dans les faits, Erin s’en déleste et lui colle contre le thorax. À contre cœur. « Fais-en bonne usage ! » Dis-je, avant de poursuivre mes salutations. Après Adriel, je reconnais Tessa. Par entremise de Mia. Quelques soirées en communs. Quelques échanges réglementaires. Afin de me préserver d’une attaque imminente d’effluves d’oignon, je la salue. De loin. Comme la reine Elisabeth au balcon de Buckingham Palace. « Tu connais tout le monde en fait ? » Je souris. « Faut croire ! » Il manque encore une personne à découvrir. « Mais c’est quoi cette histoire de Gary? Eriiiin, son nom c’est Lincoln, tu sais. » Le fameux. Si ça se trouve, je le connais aussi. Et qui sait ? Peut-être que j’ai couché avec lui, sans le savoir. Heureusement pour moi. Je ne connais ni de Lincoln, ni de Link. Encore moins de Gary. Aucun risque que cela arrive. Non, je ne le connais pas. Juste un coup de chance pour Adriel et Tessa. Rien de plus. « Il a raison. T’as raison. J’sais pas pourquoi elle m’appelle Gary. J’pas Gary. » Entends-je encore fuser tandis qu’elle m’invite à saluer le dernier convive. Ils sont dans le flou total. Et Erin n’arrange pas les chose. Elle se dédouane complètement. « Je te laisse leur expliquer hein. C’était TON idée. Bonne merde » Je me tourne vers la blonde. Je la fusille du regard. Elle ne manque pas d’air… « Mon idée ? C’est toi qui m’a parlé de Mollusque… Je n’ai fait qu’extrapoler tes propos ! Association d’idées… Et PAF. Gary est arrivé ! » Je n’en dis pas plus. Ils sauront bien assez tôt qui est le fameux Gary, lorsque son pendant humain ouvrira son cadeau. Quand je le vois, ou plutôt son attribut capillaire, j’ai envie de rire. Je me retiens. Deux yeux globuleux m’observent au dessus d’une crinière brune bouclée. Je compatis avec le jeune homme. Et lui tends chaleureusement la main. Dans un mouvement brusque, voulu ou non, le serre-tête chavire et choit au sol. Dans un mouvement théâtral, sa tête effectue un mouvement de balancier, sa chevelure ondulée virevolte. Et il replace le serre-tête au sommet de son crâne. À l’envers. Mais l’œil de Moscou est là. Erin veille au grain. Elle remet d’aplomb la paire d’yeux. Au grand dam du jeune homme. « Quand elle a une idée dans la tête… Je crois qu’on ne peut pas lut... » Le moment de découvrir son visage, la prunelle de ses yeux est arrivé. Sous le choc, je ne termine pas ma phrase. Lui aussi je le connais. Décidément. Le monde est petit. Ses iris, je ne pensais plus les revoir. Je m’étais fait une raison. Un énième garçon excité comme une puce, qui se détend au premier baiser, mais qui décharge bien trop rapidement dans son caleçon, avant même d’avoir commencé les choses sérieuses. Un juron s’échappe de ma bouche. Je reste imperturbable, tandis que je vois ses joues rougir. Avant que son regard ne devienne fuyant, qu’il lâche ma main, qu’il se débarrasse de son serre-tête. Et qu’Erin s’emporte dans les présentations sous les protestations du bouclé. « Quoi?! J’ai pas… ERIN! » Il s’insurge. Baratine-t-elle un peu l’assistance ? Elle en fait souvent des caisses la jolie blonde. Quitte à mettre mal à l’aise son ami, que je vois s’enfoncer dans le canapé, comme s’il s’agissait de sables mouvants. Je finis par lui offrir mon cadeau. Nos regards se croisent à nouveau, quelques instants. « Pour moi? Ah bah… uh… c’était pas nécessaire. Merci Stan… Uh Byron pardon. » Je l’observe déballer son présent, en le mettant en garde. « Ce n’est pas grand-chose ! Un petit clin d’oeil ! » Je ne remarque pas que sa langue a fourché, sur mon pseudonyme. Celui qu’il connaît. Celui sous lequel je m’étais présenté à lui. Pas Byron. Je ne m’attarde pas sur lui. Je préfère boire. Oublier cet instant malaisant. La proposition d’Erin tombe à pique. Elle me propose un cocktail. Pour mon plus grand regret. Il arrache tellement la gueule, qu’il déboucherait un chiotte à l’aise… « Je t’en fais un autre si tu veux » Je me tourne vers Adriel. « Soyons fous ! » J’ai peur. Il ne peut pas être pire que celui d’Erin ? Si ? Je finis d’une traite le verre d’Erin « Faut pas gâcher... » Silence. Je fais une grimace de trois pans de long. J’ouvre « AAAAAAAAAH ça désinfecte ! » Je regarde Adriel, j’ignore exactement ce qu’il met dedans. La seule certitude, je risque d’avoir la tête toute retournée d’ici la fin de la soirée.
Ellipse narrative. Départ de Tessa. La soirée prend un nouveau tournant.
Et l’alcool continue à couler. Après un second cocktail pas piqué des hannetons, l’hôte de ces lieux proposent des shooters. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Sur quelle pente raide nous nous engageons. Erin, déjà plus imbibée qu’un baba au rhum, s’extasie déjà. Elle finit son verre en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Elle a une descente que je n’aimerais pas remonter à vélo. À côté d’elle, le bouclé est avachi, dans une position tellement peu flatteuse. Il ne cesse de m’envoyer des regards. Aussi discrets que des gyrophares dans la nuit. Le plus drôle, c’est qu’il pense le faire en catimini, ce n’est pas le cas. Je le grille à chaque fois. Et il détourne les yeux à peine mon regard azur fond sur lui. C’est mignonnet. Enfantin. Il n’en a pas conscience mais il joue à un jeu dangereux. Et Adriel n’est pas dupe. Il a ferré le poisson. « Dites-moi pas que vous vous connaissez aussi, si? » Même si Erin ose y croire « Manquerait plus que ça » Tandis qu’il fuyait mon regard, le voilà en train de le chercher. D’y lire des réponses. Il est pris dans les mailles du filet. Et il se débat. Maladroitement. Un regard à Adriel. Puis à Erin. À nouveau à Adriel. Encore Erin. Son langage corporel est à l’opposé de sa réponse. « Naaaaaaaah. Pas vraiment. » Mythomane. Absolument pas crédible… D’autant plus lorsque l’on voit ses mains aussi tremblantes qu’un vibromasseur, et qu’il baptise plus la table qu’il ne remplit son verre. Erin en a conscience. Il gaspille un précieux breuvage. De la vodka. J’enfile mon propre verre tandis qu’Erin s’insurge. Il est maladroit le bouclé. Tandis que je voulais l’épauler, dans sa vérité, la blonde me coupe l’herbe sous les pieds. « Dans le verre Mulligan, c’est précieux ces choses-là » Le silence s’installe. La vétérinaire m’a coupé la chique. Faut dire que Joey Gary Link. Lincoln (trop de noms… Le bouclé c’est très bien) ne sait pas garder son sang froid. Un vrai boulet. En attendant, les quelques neurones tourmentés, surtout alcoolisés, d’Erin formalisent une idée. Un jeu à boire, révélateur de son appétence pour l’alcool. J’ai peur. Je retiens ma respiration. Prêt à entendre la sentence. « Je commence ! » Normal. Elle veut rester maîtresse du jeu. « La belle affaire ! » Dis-je, tandis que j’observe les lignées de shooter que la jeune femme a rempli, d’une main de maître. Elle est plus habile que le bouclé. Tandis qu’elle prend un verre, elle annonce les modalités du jeu. Nous sommes tout ouï « Deux vérités un mensonge. Tu devines, tu gagnes, tu perds tu bois. C’est pas compliqué. ALORS ! » Roulement de tambour. Coup de pression. Elle lâche le morceau. Enfin « Je n’ai jamais lorgner sur Bryron, je n’ai jamais embrasser quelqu'un de vous 4, Je n’ai jamais couché avec mon, ma ou mes meilleur(es) ami(es), A toi Bob » Déjà je m’appelle Byron. Je vais l’excuser… Elle est aussi fraîche qu’un glaçon sur la plage de Copacabana. Elle boit un verre. Je la scrute du regard. J’analyse chacune de ses réponses. Une à une. Elle n’a jamais lorgné sur Byron… « GEEEEEEEEEEEEEEEEENRE ! » Silence. « Bois ! ». Silence. Elle n’a jamais embrassé l’un de nous quatre. Je jette un regard à Lincoln. Elle a couché avec lui. Je regarde Adriel. Il a couché avec elle. « GEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENRE, tu n’as jamais fait la bise à l’un ou l’autre... » Faire la bise. Je reste chaste dans mes propos… Si elle a mis le couvert avec l’un, avec l’autre, elle les a forcément embrasser… « Bois ! » Je n’ai jamais couché avec mon meilleur ami… La blague. Elle a couché avec le bouclé, avec Adriel « GEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENRE ! » Silence. « Bois ! ». La pauvre s’est tirée une balle dans le pied. A présent, je prends une shooter. Je le bois. Sans dire un mot. L’avantage, en étant l’inconnu de la soirée… Ils ne connaissent pas ma vie. Qui pourrait croire que j’ai déjà embrassé Joey ? Ils ne savent pas. J’ai peut-être déjà couché avec mon ou ma meilleure ami(e). Peut-être que tous les matins, tel Narcisse, je me contemple face à mon miroir… Et je suis complètement ‘In love’ de moi-même. « Je n’ai jamais rien fait d’illégal, je n’ai jamais fait crac-crac dans une voiture, je suis en froid avec mon frère ! » A l’image d’Erin, je bois un verre de shooter. Et j’attends la suite.
6 février 2021. Les petits toasts qu’Erin a préparés me font envie. Beaucoup envie. Mon estomac en réclame, je peine à croire que je vais devoir attendre à ce soir. Arf. J’en profite pendant qu’elle est partie chercher Link pour en voler un. Juste un. C’est sage, si? Mais elle ne manque pas de le remarquer lorsqu’elle revient. « ADRIEL MANDERS ! Heuu… Mayers ! » Je relève la tête dans sa direction, un petit sourire amusé sur les lèvres. Ça sonne vraiment bien, en tout cas. C’est une belle musique à mes oreilles. Mayers, Manders, ça se ressemble; c’est le parfait agencement de nos deux noms de famille. « Il nous manque un petit soldat. Ne me dit pas qu’il est parti à la guerre celui là » Je joue l’innocent d’abord. « Je ne vois pas de quoi tu parles, Colonelle Erin Manders », je dis. Ou Colonel Sanders, comme le fondateur des PFK. « Il s’est sacrifié pour le bien de mon estomac, en fait, il devrait recevoir une médaille d’honneur… », je marmonne, tout sourire, les yeux pétillants. Elle fait mine d’être exaspérée, mais je vois bel et bien son petit sourire au bord de ses lèvres. Je la nargue un peu sur l’absinthe et elle m’insulte en me disant que je ne suis pas assez virile. Je rétorque en affirmant qu’elle, elle l’est, ouais c’est ça — sarcastique. Je l’empêche de répondre en ébouriffant ses cheveux pour la taquiner, sachant très bien qu’elle déteste que je fasse ça. « Toi tu ne vas pas finir la soirée vivant. Tu pourra constater ma virilité. » Non, mais à quel point elle tient à moi, elle. Je m’éloigne en riant, des fois qu’elle déciderait de se venger immédiatement. On parie combien que je vais être le plus sage de nous quatre? Boooooon, ça sera peut-être Tessa, si elle décide de faire attention ce soir. Ce dont je doute. C’est son anniversaire, après tout.
Lorsque Link mentionne que son petit doigt lui dit qu’Erin et moi voulons qu’il termine la soirée paqueté, je me contente d’un petit sourire mystérieux et espiègle. Non, non, du tout bro… c’est ton anniversaire, après tout, je pense, me demandant si ce lien de bros épique qui nous unit veut dire qu’il lit mes pensées. Bref. Erin pense la même chose aussi, elle le dit d’ailleurs tout haut. C’est SA soirée. Et celle de Tessa; je promets à mon meilleur ami que je veillerai sur sa jumelle ce soir. Link me raconte les bêtises d’Erin quand elle est allée le chercher chez lui et je trouve que son excuse de chargeur n’est pas si crédible que ça, vu qu’elle prend toujours le mien quand elle dort ici. Même si le sien reste dans son sac. « Bah quoi? » me demande-t-elle. Je lui offre un regard plein de sous-entendus, mais finis par répondre: « Rien, rien. » Je reste bouche-bée en comprenant qu’elle a appelé ce que Link a entre les jambes un mollusque. Non, mais c’est sacré, ça. Il s’étouffe carrément, lève la main pour tousser dedans. « Er… sans commentaire », dit-il finalement. Le pauvre, il est tout rouge. J’suis avec toi à 1000%, bro. Ça semble faire rire Tessa, mais discrètement, on dirait qu’elle se retient. Erin lui adresse un petit clin d’oeil. Non, mais ça veut dire quoi, ça? Ça suffit les cachoteries, les gens. Lincoln et moi sommes deux à remarquer qu’Erin nous délaisse le temps d’un moment pour répondre à un texto. Alors, évidemment, curieux comme on est, on veut savoir absolument. « Erinnnnnnnnn? À qui tu écris? » « T’occupe. » La blonde rapproche l’écran de ses yeux pour éviter qu’on ne voit son écran. Je lui pose moi aussi la question, la somme de lâcher son téléphone et de se concentrer sur nous. Un grand soupir sort de ses lèvres. « Nan mais HooO j’ai le droit de répondre vite fait lààà ! Bande de rabat-joie. » Je roule des yeux. « Non, mais c’est quiiiii. » Link tente de lui piquer son téléphone, peut-être qu’à deux on y arriverait… « MAIS ! Bas les pattes. Tss » Mais en un battement de cils, elle l’a déjà rangé dans sa poche. « Petite cachottière », je fais en plissant les yeux.
Je reviens avec moi aussi un super mélange pour mon bro, ainsi que la fameuse bouteille d’Erin. Je la somme d’y aller doucement. « T’inquièèèèèteeeee », dit-elle en empoignant la bouteille. Je roule des yeux, peu convaincu. Je mentionne que j’ai nettoyé la baignoire, sous-entendant que je ne veux pas avoir à la nettoyer de nouveau, hein. Parce que c’est chiant à faire, mais aussi parce que je ne veux pas qu’Erin se rende au point d’être si malade que ça. Pas du tout, ça serait l’idéal. Déjà, elle ne se gêne pas pour remplir son verre. D’absinthe. Je grimace. « Qu’est-ce que je dois en déduire ? » Je soupire. « Tu sais ce que je veux dire. Mon lit est plus confortable, Riri. » Et puis, il y a une salle de bain directement à côté. On trinque tous ensemble et Link goûte mon fameux mélange qu’il ne semble pas aimer. Je réplique qu’il ne fait juste peut-être pas partie de mon public cible et il rit en fixant son verre. Il relève finalement les yeux sur moi en haussant un sourcil. Tu me crois pas? Pff. « Genre un alcoolique qui serait prêt à boire n’importe quoi rien que pour avoir une goutte d’alcool? » Je ris, c’est fort possible. Avec un niveau aussi élevé d’alcool dans le sang, ça ne m’étonnerait même pas qu’on ne goûte plus rien. Faudrait que je teste un jour. « Quelqu’un comme Peter. » Le silence retombe. On sait tous à quoi il fait référence, bien sûr. Je le connais assez pour savoir qu’il fait genre que ça le dérange pas toute cette situation avec son aîné, alors que oui. Je tapote son épaule dans un petit regard compatissant. C’était sûrement le cas de Max, aussi. Avant. Selon les dires de mes parents, il est sobre depuis un moment. Ça reste à voir. Erin pique le cocktail de Link et m’en réclame un aussi. Je tente alors de tricher en lui mettant moins d’alcool dans le sien, elle est déjà bien avancée et la soirée ne fait que commencer. Mais qu’est-ce que je croyais, elle ne manque pas de s’en rendre. compte. « Heyy !!! J'ai une tête à boire de l'eau ??» Je fronce les sourcils. « Bah tu devrais. » Elle attrape la bouteille de vodka pour en verser dans son verre en me jetant un regard “menaçant” — p’tit chaton. Et pas rien qu’un peu de vodka, non, du tout. Un aquarium au complet de poissons tropicaux. « ERIN », je la gronde en plaquant une main sur mon front. Oh la la.
Link est la première victime au jeu d’actions et vérités que commence Erin et il réussit très bien à s’en sortir à sa première question. Bien sûr, elle râle et le traite de tricheur. « Mais t’as dit d’nous trois, c’est qui la troisième personne aloooooooors? » Ohhh okay, l’alcool commence à rentrer. Il s’esclaffe déjà, en tout cas. Pour Erin aussi, dont les yeux commencent sérieusement à loucher. Je jette un regard de désespération complice à Tessa en me disant qu’on est au moins deux à être restés dans le pays de la sobriété. (Pour l’instant.) Elle sirote son cocktail à petites gorgées. Link donne le meilleur des défi à sa soeur et Erin le traite d’ingrat, ce qui me fait rire. Ça ne l’empêche pas d’aller chercher l’oignon en question jusqu’au frigo en chancelant. Lorsque je lui dis d’y aller doucement avec l’alcool, elle mime un bisou avec ses lèvres et je lui tire immédiatement la langue. Tu me cherches, là? Alors que Tess relève son défi — merci son jumeau —, Erin pose le gage de Link sur sa tête. Magnifique. Bien entendu, il proteste. « Mais j’ai pas trichéééééééééééé. » Techniquement… il n’a pas tort, si? Mais je bug sur le fait qu’Erin l’a appelé Gary. « C’est vrai, pourquoi Garry? Garry c’est mon patron. C’est pour te venger du prix qu’il a fait pour Choupette ça? Je suis plus beau que lui quand même! Enfin j’espère. Non? » Je me tourne vers mon meilleur ami avec de grands points d’interrogation dans les yeux, pas sûr de les suivre pour Choupette. « Je suis sûr que oui », je dis en riant à Link à sa question. Non mais quoi, un bro a le droit de trouver son bro bel homme. Erin, elle, se marre. « MAIS ? Vous connaissez pas le célèbre Gary ? » Mais qu’est-ce qu’elle raconte, elle? Je cherche des noms de chanteurs, d’acteurs… ah, y’a le Gary qui fait Sirius Black, non? Et il y a un Gary qui a écrit des livres que je n’ai même pas lus, mais qui sont très populaires. Genre Coraline. Mais je ne vois pas le rapport avec la conversation. Peut-être que ce fameux Gary est bouclé ou grand comme Link, ou les deux, je ne sais pas trop. Je mets plutôt ça sur le compte de l’alcool, ouais ça doit être ça. Elle ne sait plus ce qu’elle dit. Je mets aussi les caresses d’Erin à mon encontre sur le compte de l’alcool, alors qu’elle se déhanche devant — contre serait plus juste — moi, sa main sur ma joue. C’est loin d’être désagréable, au contraire… Je bouge au rythme de la musique, mais saisis sa main pour la faire tourner et ainsi dériver les caresses, les transformer en autre chose. Je ne sais pas ce qui est pire, que Link nous voit aussi proches en sachant très bien ce qui s’est passé entre elle et moi et en sachant aussi qu’Erin est en couple, ou Tessa qui, justement, ne sait rien. Et c’est mieux comme ça. Sauf qu’avec le taux d’alcool qu’elle a déjà dans le sang, Riri perd pied et se raccroche à moi. Non, mais arrête de me faire ces yeux-là, toi. Ses beaux yeux verts. Je prends le temps de la stabiliser sur ses deux pieds et elle se tourne vers Link comme si rien ne s’était passé — et peut-être est-ce le cas — pour lui demander de se joindre à nous. Je m’y mets, mais il ne veut rien savoir. Arf. Il se contente de balancer ses épaules de gauche à droite. Bon, okay. On réessayera un peu plus tard — quelques verres plus tard, peut-être qu’il dira oui.
Apparemment, on a un invité de plus ce soir. Je sens le regard de Link sur moi, mais je suis aussi sans réponse que lui. Erin parle de Bob et ça nous confuse encore plus. Elle se trompe peut-être de prénom, comme pour Gary. Euh, Link. Les deux. « Bob? C’est qui Bob? Attends, tu déconnes… T’as invité Mina? C’est qui?! » Je ne peux pas m’empêcher de rire. J’adore Mina, mais Erin a ses difficultés avec elle, disons. J’en ai bien eu la preuve au centre équestre. Alors bon, ça m’étonnerait que ce soit elle; oui, vraiment, ça serait très surprenant. Quoi que pour faire plaisir à Link… « MINA ? Hors de question. C’est elle ou c’est moi. No way » Ah non, et voilà. Je roule des yeux. Erin se dirige vers la porte en sifflant la chanson de Bob l’Éponge. Bob l’Éponge… Ce Bob? Elle fait venir une mascotte ou quoi? Je me lève, curieux, pour aller à l’encontre de notre nouvel invité. Il a amené une bouteille de whisky et ça en réjouit plus d’un, Erin la première. « Super ! On en a jamais assez » Je la foudroie du regard alors qu’ils se rapprochent de nous, l’air de dire de se slacker le pompon immédiatement. C’est là que je reconnais Byron et je jette un petit regard en direction d’Erin, me rappelant les confidences que je lui ai faites en décembre dernier, suite à ce qui s’est passé avec elle. « Vous vous connaissez vous deux ? Depuis quand ? » « Hum… », je commence, ne sachant que répondre. Tessa est juste derrière, aussi. Cette soirée est un peu floue par moment, mais elle est également le début d’une chouette amitié avec Oberkampf. « Nous avons partagé quelques bières sur la plage, un soir… » Je hoche la tête, évite volontairement le regard d’Erin en fixant By. J’ai comme le sentiment qu’elle m’en voudrait d’avoir raconté ce côté-là de notre relation à un gars que je connaissais à peine. Quoi qu’elle le connaît aussi, maintenant… « C’est ça », je réponds tout simplement en priant pour qu’il ne révèle pas le sujet de nos conversations tout bonnement. Ça m’a fait du bien de parler des événements de l’automne ce soir-là. À son tour, il m’a confié bien des choses. Il n’était pas dans son assiette lui non plus. En une soirée, j’ai l’impression qu’il a appris à me connaître plus que certains amis que j’ai depuis plus longtemps. Je suis aussi surpris que lui qu’on aille la blonde en commun. Je prétends avoir élevé Erin rien que pour la taquiner. « Qu’est-ce qu’il faut pas entendre », soupire-t-elle. À mon tour, je mime un bisou comme elle l’a fait un moment plus tôt. On se dispute sur les parenthèses, même Byron s’y met. Pff. Je le défis du regard; on est chez moi, ici, dude. Erin s’en réjouit, avant de me donner la bouteille de whisky presqu’à contre coeur lorsque Byron mentionne que c’est moi l’hôte. Gnagna. « Fais-en bonne usage ! » Le regard malicieux, je hoche la tête. Je hausse le sourcil lorsqu’il dit connaître Tessa. Qu’est-ce que le monde est petit. Je lui jette d’ailleurs un regard inquiet, c’est comme si elle manque d’énergie, un peu. Elle sourit, mais elle n’est pas toute là. « Tu connais tout le monde en fait ? » On dirait bien. « Faut croire ! » dit By en souriant. Cette histoire de Gary revient à grand galop. Ne se souvient-elle donc pas du prénom de Lincoln? Lui non plus ne comprend pas. « Je te laisse leur expliquer hein. C’était TON idée. » « Il a raison. T’as raison. J’sais pas pourquoi elle m’appelle Gary. J’pas Gary. » « On est d’accord », je réponds le plus sérieusement du monde en regardant mon ami, avant de lui dire que le serre-tête lui va bien, vu la réaction de Byron. Okayyyy peut-être que le rhum mélangé avec le Coke commence à faire effet. Pas autant que deux autres des participants, s’entend. « Mon idée ? C’est toi qui m’a parlé de Mollusque… Je n’ai fait qu’extrapoler tes propos ! Association d’idées… Et PAF. Gary est arrivé ! » s’explique Byron. Je fronce les sourcils. « Attendez… », je commence, faisant 1+1=2 dans ma tête. Ou un truc qui y ressemble. Je me tourne vers Erin pour lui faire les gros yeux. « ERIN, t’as pas parlé de l’entre-jambe de Link à Byron, quand même, là? » Je ne fais que reprendre ses propos précédents, hein. Oberkampf s’approche du fêté pour lui serrer la main et ce dernier perd son serre-tête au même moment. « Quand elle a une idée dans la tête… Je crois qu’on ne peut pas lut... » Oh goodness, oui. J’en suis la preuve, Link aussi, d’ailleurs. Ouais, définitivement lui ce soir, vu comment elle a été le chercher. Une fois le serre-tête récupéré (et balancé plus loin), ils se serrent la main et Byron lâche un « merde » qui nous laisse perplexes. « Heyy mais ? Qu’est-ce qui te prend. Adriel ressert lui un verre s'il te plaît », dit-elle de sa voix autoritaire. Dommage que je n’aime pas toujours écouter l’autorité. Mon regard dérive sur les quelques bouteilles posées sur la table basse. Est-ce une si bonne idée que ça? Hum, pas sûr. Je me lève plutôt pour aller chercher un verre d’eau à mon partenaire de Smash Bros. Qui dit alcool dit boire beaucoup d’eau, aussi — c’est ennuyeux, mais si ça peut éviter à ce qu’il soit malade, c’est tant mieux. Je m’attends presqu’à un « rabat-joie! » de la part de ma meilleure amie, mais ça ne l’empêchera pas de continuer à boire de l’alcool après. Je lui tend son verre alors qu’Erin s’empresse d’ailleurs de lui remettre les yeux globuleux sur la tête. « Quoi?! J’ai pas… ERIN! », s’exclame-t-il quand elle nous a officiellement présenté Byron. Je regarde la blonde, vraiment confus, je n’arrive plus à suivre. Link, il a l’air bien gêné des paroles de notre amie. Je me contente de siroter mon rhum n’ coke, avec Tessa tout près qui ne dit pas grand chose. Le dernier venu a un cadeau pour le jumeau, qui semble timide de cette attention, et j’écarquille les yeux en voyant ce que le paquet contient. « C’EST LE CÉLÈBRE GARY! » je m’exclame, riant en comprenant soudainement pourquoi Erin a appelé l’heureux élu comme l’escargot un peu plus tôt. Gary, Bob l’Éponge, mollusque… okay. Je ne comprends toujours pas tout, d’où ça sort, mais c’est déjà un tantinet plus clair dans mon esprit. « Merci Stan… Uh Byron pardon. » Non mais, c’est quoi toute cette histoire avec les noms, ce soir? Je ne réponds rien sur le coup, mais ça me met la puce à l’oreille. Ils ont l’air de se connaître. « Arrête de boire ça te rend chèvre. » Je regarde ma meilleure amie, surpris qu’elle dise ça. Mais… « Oublie ce que j’ai dis » Je soupire.
Le regard d’Erin se pose sur moi, je lui souris en simple réponse. Qu’est-ce qu’elle est belle. Elle déclare que ce qui se passe ici devra rester ici; sans trop savoir dans quoi je m’embarque, je scelle le deal avant de lui demander davantage de détails. « Des tas de choses, t’as pas idée », me chuchote-t-elle à l’oreille. Je me pince les lèvres, rougis, je sais pas. Sa voix est particulièrement, hum… sexy. Sous-entend-elle des trucs? Pourquoi mon coeur s’emballe? N’importe quoi, Adri. Elle t’aime pas comme ça. Elle rit lorsque Byron la complimente sur ses talents de mixologie. Link est d’accord, vu son hochement de tête. Je me propose pour faire un autre cocktail à notre plus récent invité — il fait peut-être partie de mon public cible, lui — et Erin pense que je lui dis ça à elle. J’aimerais qu’elle arrête de boire, mais j’ai l’impression de n’avoir aucun contrôle là-dessus. Ce n’est pas comme si je pouvais me débarrasser de toutes les bouteilles d’alcool qu’il y a dans cet appartement. « Ouaiiisss je veux bien » Sa main vient jouer dans mes cheveux. Merde, elle sait à quel point j’aime ça. Essaie-t-elle de me faire passer un message? Nan, ça ne se peut pas. Elle a été bien claire avec moi. « Soyons fous ! » Byron est partant. Dans un sourire un peu troublé, je vais chercher un autre verre et entreprend de faire le même cocktail que j’ai fait à Link un peu plus tôt. À peu près, je ne me souviens pas de la recette exacte. Pendant ce temps-là, il s’aventure à finir le mélange d’Erin en clamant qu’il ne faut pas gaspiller. « AAAAAAAAAH ça désinfecte ! » J’ai mal aux abdos tellement je ris. Son regard se tourne vers moi et, tout sourire, je m’approche pour lui tendre son verre. « C’est le Awesome Mix, volume 2 », je déclare en faisant référence à Guardians of the Galaxy.
C’est alors que je remarque que Tessa ne semble pas bien aller et je réclame l’aide de son jumeau. Jumeau qui, clairement, n’est pas dans un état pour aller la reconduire, tout comme le reste des invités. Il finit donc par appeler leurs parents — je me retiens pour ne pas rire en l’écoutant leur donner des explications pêle-mêle concernant la situation d’une voix pâteuse —, qui ne tardent pas à venir la chercher. Lorsque nous ne sommes plus que quatre, je verse de la vodka dans les petits verres de shooters pour bien commencer la soirée. « Yeahhh on shoote » Ça semble donner un regain d’énergie à la blonde. Link, pour sa part, le prend en silence, tout comme Byron. « Suivant » Je lui lance un regard d’avertissement, mais mon attention est détournée lorsque je remarque les regards que s’échangent Byron et Link. Non mais, ça veut dire quoi? Je m’empresse donc de leur demander s’ils se connaissent aussi, à moitié en blague. « Manquerait plus que ça », dit Erin, tout aussi perdue que moi. « Naaaaaaaah. Pas vraiment. » « Lincoln Mulligan… », je commence, me doutant qu’il ment (c’est à cause de son pas vraiment, surtout — non, mais ça veut dire quoi?), mais il gaspille un peu de vodka en tentant de se verser un nouveau shooter et je me tais. Pour l’instant. Je scrute les deux gars, essayant de déterminer la nature de leur relation. Se pourrait-il que…? Nan…? Des tonnes d’hypothèses volent dans mon cerveau comme des papillons et je n’arrive pas à les attraper. Mon cerveau commence déjà à se ramollir, super. « Dans le verre Mulligan, c’est précieux ces choses-là » Je ri, un peu distraitement, toujours un peu perdu dans mes pensées. Mais Erin m’en sort en parlant de jeu. Ahhhh, c’est toujours fun des jeux. Je grimace en réalisant qu’elle remplit les petits verres non de vodka, mais d’absinthe. Ugh, on va mourrir. « Je commence ! » Bien sûr, parce qu’on est pas au courant du jeu encore, de toute manière. Je pourrais bien m’essayer, mais hum, vaut mieux pas. « La belle affaire ! » « Deux vérités un mensonge. Tu devines, tu gagnes, tu perds tu bois. C’est pas compliqué. ALORS ! » Okay… c’est pas compliqué, comme elle dit. « Je n’ai jamais lorgner sur Bryron, je n’ai jamais embrasser quelqu'un de vous 4, Je n’ai jamais couché avec mon, ma ou mes meilleur(es) ami(es), A toi Bob » Je fige. Je rougis. J’ai envie de m’enfoncer dans le divan. Et pourtant, pourtant je sais que Link et Byron sont tous les deux au courant de ce qui s’est passé entre Riri et moi. Sauf que voir qu’elle dit ça tout bonnement comme ça, là, maintenant. Elle se cale dans le canapé en buvant son shooter d’une traite. « GEEEEEEEEEEEEEEEEENRE ! Bois ! » Ça, j’en sais rien, si elle a déjà lorgné sur Byron. Bon, c’est très possible honnêtement, si? Même si elle est en couple? Mais je sais que les deux autres énoncés sont vrais, et que donc, par défaut, le premier doit être faux. Mais Byron les déclare tous comme étant la vérité. C’est peut-être ça, le jeu, finalement. Dire trois vérités en prétendant en dire deux. Poker face. Okay. « GEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENRE, tu n’as jamais fait la bise à l’un ou l’autre… Bois ! » « Okay… la bise. Hum. Ça compte, okay. » Je ne sais pas pourquoi, mon coeur tambourine dans ma poitrine en attendant sa réponse au troisième énoncé. Plus parce que ça me ramène à novembre dernier, à ce canapé, à bien de l’alcool. Ce string léopard, encore caché dans mon tiroir à boxers en haut. Pas si inconfortable, ceci-dit. Je me sens visé par les vérités d’Erin, parce que suis bien le seul avec qui elle a fait ça. M’enfin, je crois. Hein? Je retiens mon souffle. « GEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENRE ! Bois ! » Je relâche mon souffle. Byron se prend un shooter — j’assume que c’est parce qu’il a fait le dernier truc qu’Erin a dit. Il a peut-être couché avec son ou sa meilleure ami/e, je ne sais pas. Je ne sais d’ailleurs pas qui est son meilleur ami, en fait, donc je ne saurais dire. Coucher avec la mienne, c’était moi que ça tracassait, quand on a bu ensemble; lui, il avait autre chose sur le coeur. Je me sers deux shooters et les bois le plus discrètement possible, attendant la suite. « Je n’ai jamais rien fait d’illégal, je n’ai jamais fait crac-crac dans une voiture, je suis en froid avec mon frère ! » J’analyse ses paroles, penche la tête comme si ça pouvait ramener les informations toutes du même côté dans ma tête. J’essaie d’y aller par élimination. « Alors en froid contre ton frère… vérité », je souffle. En quelque sorte. Il n’y a pas si longtemps, il ne savait pas qu’il avait un frère; mais à ce que je sache, celui-ci n’a pas été très chaleureux à son égard, et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il buvait en décembre. « Bois », je dis. Je prends également un shooter, l’estomac noué, en pensant à Maxence. J’arrête pas de penser au fait que je devrais aller le voir pour le confronter par rapport à tout ce qui s’est passé avec Ava et Erin. « Rien fait d’illégal… » J’observe Byron, essayant de juger ce qu’il aurait pu faire d’illégal. Mais ça ne me vient pas. De ce que je connais de lui — et notre amitié est toute récente —, il est sage, By. « Mensonge. Alors t’as déjà couché avec quelqu’un dans une voiture? » je demande, curieux. Avec son ou sa meilleur/e ami/e, peut-être. Je pouffe en me servant un autre petit verre — de vodka, merci. J’en profite pour remplir ceux des autres. Je réalise que c’est maintenant mon tour de dire mes vérités et mensonges. Je passe l’index sur le bord de mon petit verre afin de mieux réfléchir. Vodka, transmet-moi ta sagesse. Ma tête commence déjà à tourner. Arf. « Je n’ai jamais éprouvé de sentiments amoureux pour un ou une amie proche », je commence, le regard rivé sur mon verre. « Je n’ai jamais embrassé une personne du même sexe et… » Je prends une pause. « Je n’ai jamais porté de string. » Ah, merde. Deux ou trois vérités, déjà? Oups. C’est que techniquement, je n’ai jamais embrassé un garçon, c’est Diego qui l’a fait. Je n’ai pas trop réagi, je pense, j’étais trop surpris. Et bourré. Je cale mon petit verre de shooter, je ne les compte plus. Quatre, peut-être. Cinq? Whatever. Je relève les yeux sur Link. « Qu’est-ce que t’en penses, Gaaaaaary? » Je pouffe.
« MINA ? Hors de question. C’est elle ou c’est moi. No way » Qui ça peut bien être, si ce n’est pas Mina? J’essaie de réfléchir mais j’ai le cerveau qui tourne au ralenti avec toute l’alcool que je commence à avoir dans le sang. Bob c’est un nom masculin, est-ce que c’est donc un gars? Des amis masculins j’en n’ai pas en quantité industrielle. Mon cousin Alan? Ash? Mais pourquoi Erin les appellerait Bob? Je ne comprends pas, j’abandonne. Rapidement, une voix masculine retentit et je peux au moins confirmer que ce n’est ni Alan, ni Ash. La voix me semble familière, mais je n’arrive quand même pas à mettre le doigt sur l’identité de son propriétaire et ça m’énerve. D’où je suis assis, je me penche à droite et à gauche pour essayer de voir le nouvel invité, mais y’a toujours quelqu’un dans mon champ de vision qui me cache. Adriel vient me rejoindre sur le canapé et il prend ma défense en rappelant à Erin que mon nom ce n’est pas Gary. Je suis presque touché, j’aurais fait la même chose pour mon bro si j’avais dû. « Je te laisse leur expliquer hein. C’était TON idée. » Je fronce les sourcils en levant les yeux vers Erin. « Vous avez parlé de moi? » demandé-je avec un petit sourire gêné avant de me rendre compte que, évidemment qu’ils ont parlé de moi si elle l’a invité à ma fête d’anniversaire. DUH. « Mon idée ? C’est toi qui m’a parlé de Mollusque… Je n’ai fait qu’extrapoler tes propos ! Association d’idées… Et PAF. Gary est arrivé ! » Je regarde furtivement ma sœur, à cause de qui je me fais parfois surnommer « le mollusque », un surnom que je n’affectionne pas particulièrement d’ailleurs. J’ai compris au fil du temps que ça ne sert plus à rien de lui demander d’arrêter de m’appeler comme ça, les gens autour de moi prennent beaucoup trop plaisir à me faire chier. On taquine ceux qu’on aime, dit-on, j’aimerais ça qu’on m’aime un peu moins. « Attendez…ERIN, t’as pas parlé de l’entre-jambe de Link à Byron, quand même, là? » dit Adriel au même moment où je prenais une gorgée de ma bière. Une fois de plus, je m’étouffe à l’évocation de mon entrejambe. « Vous avez quand même pas… » Je stoppe net, le corps secoué par la toux. « Pourquoi vous auriez parlé de mon entrejambe? On parle vraiment trop de mon entrejambe ce soir. » Le Loch Ness, on se souvient? J’attrape un coussin sur le canapé de Mayers et je le pose sur mes cuisses pour davantage cacher la bête. Y’en a plus, on passe au prochain appel.
Les pieds de Byron s’approchent de moi – le reste de son corps aussi, en l’occurrence – et je suis emballé de finalement connaître l’identité de l’invité mystère même si ça me stresse considérant que c’est blondinette qui l’a invité. Je lève la tête trop brusquement lorsqu’il arrive finalement devant moi et j’en perds mon serre-tête que je replace, mais à l’envers. Erin vient le replacer dans le bon sens et je tente de la chasser en donnant des tapes dans le vide d’une main. « Lâche mes cheveuuuuuuuuux. » « Voilà t’es tout beau Gary chéri » Je n’ai pas besoin de ce truc ridicule sur la tête pour être beau, mais détail. Je la fusille un peu du regard en tassant quelques bouclettes de mon visage avant d’empoigner la main que me tend le fameux Bob. « Quand elle a une idée dans la tête… Je crois qu’on ne peut pas lut... » Il stoppe net en plein milieu de sa phrase au même moment où nos regards se croisent, signe qu’il me reconnait. Je le reconnais aussi, comment oublier le charme qu’il dégage ou ces iris azurés dans lesquels je me suis perdu le temps d’une soirée il y a plusieurs années déjà. J’avais cru réussir à passer outre mes craintes ce soir-là, avec lui, il représentait l’espoir que je réussisse enfin à être moi-même jusqu’à ce que je me sauve. Un vrai pissou. Et aujourd’hui je ne peux pas me sauver de mon propre anniversaire, je suis coincé ici à devoir l’affronter devant tout le monde. Mon cœur saute un battement et je le fixe en silence trop longtemps à mon goût pour que ça passe inaperçu. Je me dépêche de lâcher sa main et je me sens soudainement ridicule avec les yeux globuleux qui flottent au-dessus de ma tête, je balance donc le serre-tête plus loin à bout de bras. « Heyy mais ? Qu’est-ce qui te prend. Adriel ressert lui un verre s'il te plaît » Adriel l’écoute et me tend un verre que je me dépêche de caler. Je suis presque déçu de constater que ce n’est rien d’autre que de l’eau, même si ça part d’une bonne intention j’en suis sûr. C’est du courage liquide que j’ai besoin, mais comment pourrait-il le deviner alors qu’il ne sait pas du tout qui est Byron pour moi? Ce dernier me tend un cadeau, ce qui me gêne encore plus. Ce n’était pas nécessaire et je lui fais savoir. « Ce n’est pas grand-chose ! Un petit clin d’oeil ! » Je ris nerveusement en déballant le cadeau et je suis tellement perturbé par sa présence que je ne fais même pas le lien que les pantoufles représentent le fameux Gary de Bob l’éponge. Je le remercie, mais je me trompe de nom et je l’appelle Stan. « Arrête de boire ça te rend chèvre. Oublie ce que j’ai dis » Pour une fois, j’acquiesce avec elle. Pas question d’arrêter de boire avec Byron dans les parages, plus vite j’oublie qu’il est là mieux c’est et je suis confiant que l’alcool me fera oublier. Ou pas.
Tessa est partie avec mes parents et je me retrouve maintenant seul en compagnie de Byron et de mes deux amis qui semblent avoir un peu trop d’idées derrière la tête à mon goût me concernant. Je cale mon shooter en silence puis je m’avachis dans le canapé comme si j’essayais d’y disparaître, en espérant qu’on oublie un peu ma présence. En attendant, mes yeux sont attirés sur Byron comme des aimants et j’ai une poussée d’adrénaline chaque fois que nos regards se rencontrent malgré moi. Je fais comme si de rien n’était en regardant ailleurs pour quelques secondes, mais c’est plus fort que moi, je suis incapable de m’empêcher de l’observer encore. Je dois me rendre à l’évidence que j’éprouve toujours de l’attirance pour lui malgré les années qui se sont écoulées et j’aurais préféré que ce ne soit pas le cas, d’autant plus devant Erin et Adriel. Parlant d’Adriel, il me prend la main dans le sac et me demande si Byron et moi nous connaissons. Mon cœur s’emballe et je ne sais pas quoi lui répondre pour être crédible. Mon silence me trahi, tout comme ma réponse hésitante. « Lincoln Mulligan… » J’ai l’impression de me faire gronder par ma mère, mais je l’ignore en concentrant plutôt mon attention sur la bouteille de vodka comme si la solution s’y trouvait. Sauf que mes mains tremblent tellement que j’en renverse plein sur la table. « Dans le verre Mulligan, c’est précieux ces choses-là » Je ne réponds rien, me contentant de déposer la bouteille de vodka sur la table et de caler mon shooter.
« Je vous propose un jeu. Je commence ! Deux vérités un mensonge. Tu devines, tu gagnes, tu perds tu bois. C’est pas compliqué. ALORS ! Je n’ai jamais lorgner sur Bryron, je n’ai jamais embrasser quelqu'un de vous 4, Je n’ai jamais couché avec mon, ma ou mes meilleur(es) ami(es), A toi Bob » J’écoute Erin énumérer ses vérités et son mensonge avec attention, écarquillant les yeux lorsque je réalise que je suis concerné par les trois énoncés et que je devrai donc boire trois shooter. Sauf que si je fais ça, ils vont bien comprendre que j’ai déjà eu des vues sur Byron. À moins que je mente et que je n’en boive que deux? Sauf que je ne suis clairement pas en état de mentir, Adriel ne m’a pas cru quand j’ai dit que Byron et moi ne nous connaissons pas. Je ne peux pas mentir. « GEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEENRE, tu n’as jamais fait la bise à l’un ou l’autre... » La bise? Qu’il est chaste. Ce n’est pourtant pas le Byron dont je me souviens... mais ce n’est pas le moment de repenser à ça, je balaie ces souvenirs d’un battement de cils en calant un premier shooter. Considérant mes talents (nope) pour me servir à boire, je tape le bord de mon verre deux fois avec mes doigts pour qu’on m’en serve un autre. Je cale le deuxième shooter et je répète mon geste en fixant mon verre avec beaucoup trop d’intérêt, n’osant regarder personne tandis que je réalise à quel point ce jeu révèle beaucoup trop d’information à mon goût. Je cale le troisième shooter en grimaçant avant de porter ma main à ma bouche pour roter bruyamment. « Comment tu fais pour boire ça, c’est dégueulasse. » dis-je à l’attention de la blonde. « Je n’ai jamais rien fait d’illégal, je n’ai jamais fait crac-crac dans une voiture, je suis en froid avec mon frère ! » Je laisse ma tête basculer contre le dossier du canapé en grognant. « Nonnnnnnnnnnnnnn, mais vous allez me chier le foie. Je ne suis pas Peter. » Pendant que Mayers essaie deviner quel est le mensonge de Byron, je cale les trois shooter l’un après l’autre en grimaçant un peu plus à chaque fois. Le tour d’Adriel arrive et je prie pour ne pas devoir boire trois shooter encore parce que je commence à avoir salement les jambes molles et je ne suis pas sûr que ce soit l’effet du sourire de Byron cette fois-ci. « Je n’ai jamais éprouvé de sentiments amoureux pour un ou une amie proche. Je n’ai jamais embrassé une personne du même sexe et… Je n’ai jamais porté de string. » Je lève les bras au ciel en hurlant de victoire. « YESSSSSSSSSSSSSS. Juste un. » Je cale mon shooter. « Qu’est-ce que t’en penses, Gaaaaaary? » Je glousse en le fixant, une main posée devant ma bouche comme si je réfléchissais. « Faciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiile, t’as jamais embrassé quelqu’un du même sexe. » Je le sais, parce qu’il a déjà été amoureux d’Erin et Tessa qui sont deux amies proches et qu’il m’a aussi raconté la fois où il a dû porter un string léopard. C’est maintenant mon tour mais chaque fois que j’ai une idée de quoi dire, je ne sais plus si c’est bon parce que je suis tout mélangé avec les tournures de phrase. Je me caresse le menton en fixant le plancher, jusqu’à ce que je lève mon index lorsque je suis enfin prêt. Je lève les yeux vers Erin assise à côté avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles. « J’ai jamais été amoureux. Je me suis jamais battu. J’ai déjà passé en cour. » Ça risque d’être facile, considérant qu’Erin est bien l’une des seules à qui j’ai eu le courage de parler d’Andy, mais bon.
Sans même attendre sa réponse, je me lève tranquillement en me tenant après le bras du canapé pour ne pas tomber. « Faut vraiment que j’aille pisser. » Je pars en direction de la salle de bain du rez-de-chaussée d’une démarche chancelante. Malgré les pas que je fais, je n’ai pas tant l’impression de m’en approcher, probablement parce que je marche en zig zag même si j’essaie de me concentrer. Jusqu’à ce que j’arrive enfin à proximité du mur salvateur que je peux longer en m’y tenant jusqu’à ce que j’arrive dans la fameuse salle de bain de mon ami. « JE SUIS RENDU! » m’exclamé-je en déboutonnant mon pantalon. Histoire de ne pas tomber pendant que je me soulage, j’appuie une main sur le mur, au-dessus de la toilette. Fatigué, je finis par fermer les yeux et je devine au son que je pisse aussi droit que je verse de la vodka dans un verre. « Oups. » murmuré-je à mon attention en riant. Je sais que mon bro m’aimera même si j’en ai mis partout, de toute façon j’ai trop bu pour m’en faire pour si peu. Je sors de la salle de bain et je longe de nouveau le mur pour faire le même trajet que précédemment mais en sens inverse. Je lâche appuie sur ce dernier et je me mets à me déhancher sur le rythme de la musique sans trop regarder où je vais. Je fonce dans Byron qui est toujours debout. « Oh pardon. » dis-je en poursuivant mon chemin tout en riant, sans le quitter des yeux. C’est la table qui arrête ma course lorsque je me frappe les tibias dessus. Je lâche un cri pendant que je tombe tête première par-dessus la table. « Help? » Je me tords de rire tandis que je tente de me déprendre de ma situation fâcheuse mais j’ai le haut du corps coincé entre la table et le canapé, tandis que mes jambes sont toujours par-dessus la table et que j’ai le cul dans les airs. Je n’ai plus aucune force, j’ai l’impression que tous mes membres se sont transformés en spaghettis. « Helpppppppppppppppppppppp! » Je cris, la face écrasée contre le plancher. Quelqu’un s’approche de moi par derrière et m’aide à me relever. « Merciiiiiiiiiii. » réponds-je en m’agrippant aux bras de Byron pour ne pas tomber. C’est seulement lorsque mon regard se pose sur son visage que je prends conscience de notre proximité. Mon cœur s’emballe dans ma poitrine et je le fixe silencieusement en souriant avant de murmurer : « Je suis désolé d’être parti.» Je me pince les lèvres d’un air coupable tandis que mon regard plonge dans l’océan du sien. Je m’y perds un instant et j’en viens même à oublier que nous ne sommes pas seuls. Sans trop réfléchir, je prends mon courage à deux mains et je franchis la distance qui sépare nos visages pour capturer ses lèvres avec les miennes en espérant qu’il ne me repoussera pas même si, clairement, je le mérite.