| So please, say you'll meet me halfway ¤ Prim(e)tim(e) |
| | (#)Ven 26 Mar 2021 - 12:00 | |
| Primrose se demande avec quelle persistance et surtout pour quelle raison cette persistance subsiste chez Tim de vouloir absolument se rapprocher d’elle. Pas physiquement parce que la table lui fait gagner un peu d’espace tant souhaité au milieu d’eux - même si elle donne l’impression d’être ridiculement petite à chaque minute qui passe - mais sur un autre état. Le physique est une chose. Ils l’ont montré et démontré, aussi étonnant que cela soit-il quand on les voit maintenant rougir et devenir béat à chaque accrochage visuel. Commencer par la fin ne suffit pas forcément et pour Primrose, c’est comme si rien ne s’était passé entre eux. Quand cela concerne le club, tout semble si flou, si différent, d’un autre monde qu’elle ne peut pas associer leur moment à deux - pourtant ô combien différent dans la différence même - alors qu’elle l’observe dans toute sa délicatesse la plus pure. Primrose se trouve si banale, si quelconque qu’elle n’a jamais l’impression de pouvoir égaler Poppy. On pourrait presque parler du syndrome de Jekyll et Hyde si ce n’était pas aussi absurde. Le club force à être une personne différente de toute façon, et Poppy est aux antipodes de Primrose. Alors son moment avec Tim a été effectué sous le signe de la retenue, des barrières du professionnalisme pour ne pas s’empêcher de rêver trop haut. Parce que Tim donne envie qu’on rêve pour lui. Comme s’il porte quelque chose de bien plus grand derrière ses grandes prunelles claires et dont il n’a même pas conscience. Il a cette fragile douceur qui touche, qui émeut, qui charme aussi. Inconsciemment. Elle ne doit pas être la seule femme à être tombée dans le piège - et pourtant, il lui confirme qu’il n’a eu que deux relations, ce qui est presque criminel à ce stade. Tim a beau parler et raconter absolument beaucoup plus qu’elle ne l’aurait espéré, la jeune femme est persuadée qu’il reste des choses à gratter et à voir derrière tout cette mélancolie latente. Il a sûrement le poids de la parenté sur les épaules. Et visiblement, il cherche. Il enquête pour pouvoir recueillir l’affection et pour pouvoir en donner. Il est porteur d’un message si beau et si fort que Primrose ne considère pas qu’elle puisse en être digne. De tout ce qu’il a à offrir. Elle se tire déjà dans les ailes avant même de prendre son envol, la gamine, ignorant totalement qu’elle peut être capable de bien plus que de simples tourments perpétuels.
Une pause dans sa tête et dans sa vie qui ne pourrait qu’être bénéfique. Imaginez tout ce que cela pourrait lui apporter, lui offrir. A l’image de son frère qui est heureux comme jamais, même si c’est avec Alex, elle mériterait la même chose. Et pourtant, elle ne s’en sent pas digne. Comme si la jolie brune souhaite rester au supplice de ses peines parce que c’est ce qu’elle mérite. Alors que c’est faux, qu’il y a une partie d’elle-même qui se révolte contre cette idée, qui essaie de renverser la balance mais qui n’y arrive pas. Avec Tim en allié futur potentiel, peut-être que cela peut changer. A quel prix ? Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Tu ne peux pas savoir avant d’avoir essayé, Prim. “Mais tu continues à garder l’espoir malgré tout.” elle souligne de nouveau parce que c’est vraiment admirable. “Comment tu fais ? Il y a une recette miracle ou c’est naturel ?” elle a le sourire presque amusé en posant ces questions, le menton sur une de ses mains, malgré le fait que ce soit sincère comme interrogation. Primrose demande à en voir déjà beaucoup trop, elle a l’impression de marcher sur ses plates bandes qui ne sont pas les siennes, être l’intruse et peut-être que ça ne se fait pas de demander ce genre de choses, si ? Elle n’en sait rien, la petite brune, elle tente juste et de toute façon, il est trop tard pour revenir sur ses paroles.
Pour une fois, Primrose assumera sa curiosité et elle ne s’excusera pas. C’est un beau progrès. Même si le chemin reste encore long. Tim lui martèle déjà qu’elle est très bien comme elle est, qu’elle n’a pas besoin de s’affronter à son frère, encore moins à se comparer à lui ; un discours qu’elle entend de vive voix après s’être tentée de se le dire à elle-même. C’est toujours différent quand c’est autrui qui le fait. Encore mieux quand c’est Tim parce qu’il fait grossir son cœur en la flattant beaucoup trop alors que vraiment, ce n’est pas ce qu’elle recherche. “Le monde est bien trop compliqué pour moi à comprendre de toute façon.” Comment se détacher de tout le discours qu’il vient de lui tenir en une seule phrase qu’elle ose espérer en être la conclusion. A vrai dire, Primrose ignorait quoi dire face à tout ça. Mais elle se refusait de passer une nouvelle fois pour une idiote, alors au lieu de rester silencieuse en rougissant une énième fois (de trop), elle a débité une phrase qui est ponctuée de vérité. C’est toi qui t’exclus du monde, Primrose, arrête de croire que c’est l’inverse. Ce n’est pas parce que Tim le dit que c’est un gage de vérité.
Et pourtant, quand on pose ses yeux sur lui, il est clair que le jeune homme donne l’impression d’être dénué de capacité à mentir, à tricher, à être un autre. Elle retrouve quelques bribes de ce qu’elle a vécu lors de leur rencontre, de sa timidité, de sa maladresse, de chercher en elle qu’elle soit d’accord avec tout ce qui se passe, constamment. De chercher à la flatter, aussi, si ce n’est pas physique, ça sera spirituel. Même si Tim a l’air d’avoir effectivement évolué sur certains aspects et, heureusement pour lui. Autant qu’il y ait une positivité dans toute l’histoire qu’il a connu, de cette femme qu’il ne veut pas détester mais dont il ne peut sûrement pas s’empêcher de le faire. “Personne ne t’en voudra si tu ne la portes pas dans ton cœur.” qu’elle murmure doucement, la voix toujours trop basse, trop fluette, trop craintive, toujours parce qu’elle est sur son terrain à lui. Primrose cherche à le rassurer, que ce n’est pas ça qui pourrira son cœur et encore moins son âme. Qu’il peut se permettre de détester au moins une personne sur cette terre, qu’il a toutes les raisons pour et que personne ne pourra lui en tenir rigueur. Que ça ne fera pas de lui une mauvaise personne, bien au contraire. Tim se remet à sourire, illuminant tout son visage de nouveau, et what a sight. Primrose passe une main dans ses cheveux pour cacher son embarras alors qu’il lui dit textuellement la réponse à sa question qui ne l’était absolument pas. Elle ne se sent tellement pas à l’aise avec cette danse-là, se dévêtir devant des inconnus lui parait toujours bien plus simple que toute la scène qui se joue actuellement. Ce n’est pas la faute de Tim mais de la sienne. Tu peux y arriver, détends-toi. “Si c’est non négociable alors, je n’ai pas d’autres choix que de l’accepter.” La contrainte est dure à comprendre quand Primrose sourit à son tour. Ce terrain d’entente lui semble être un bon compromis. Cela leur permet d’être dans leur zone de confort respectif et c’est une pensée rassurante. Qu’il veuille partager le sien, qu’il l’accepte dans le sien aussi, c’est touchant à souhait.
Je sais ce que je veux, oui. Si les doigts n’en sont pas une preuve, les yeux peuvent l’être encore plus. Comme si Tim la déshabille de nouveau mais cette fois, c’est de son âme que l’on parle. Primrose a le souffle coupé pendant quelques secondes et par bonheur, il coupe tout lien en sortant son téléphone. Alors qu’il s’active dans sa recherche, elle regarde autour d’eux par prudence, comme si elle s’attend à ce que quelqu’un surgisse et les prenne en flagrant délit. Comme s’ils faisaient quelque chose de mal alors que non. Il y a juste Tim qui lui tend le téléphone pour qu’elle puisse voir la fleur en question. Alors que ses prunelles bleutées regardent le défilement des images, des fameuses fleurs dans des couleurs différentes, Tim se remet à parler et il est clair que c’est un passionné - comme si elle ne l’avait pas remarqué avant. Primrose sourit légèrement en relevant la tête vers lui. “C’est banal, les roses.” Pour le coup, elle le pense sincèrement. C’est joli mais terriblement banal. Elle repose le téléphone près de Tim, un petit sourire de coin qui s’agrandit doucement. “Si mon prénom t’inspire, fais-toi plaisir. Je suis sûre que tout ce que tu fais est beau. J’ai confiance en ton jugement.” Elle n’est personne pour l’empêcher. Elle ne veut pas non plus l’empêcher. Oh la réaction d’Adèle si jamais sa colocataire se met à recevoir des fleurs chez eux ou si elle rentre avec un bouquet. Mais ce n’est pas grave, ça en vaudra la peine.
Surtout quand Tim croise un peu plus les doigts et que ça fait battre son intérieur beaucoup trop fort - c’est toi qui l’as cherché en premier lieu. Il l’appelle Prim et c’est étrange en même temps qu’être émouvant. Il se sent assez en confiance pour la surnommer et ça lui fait bien trop plaisir pour un stupide surnom. Un rien veut dire beaucoup aux yeux de Primrose, encore plus si ça vient de Tim. Elle a oublié pourquoi elle était désolée en premier lieu, sûrement pour une raison idiote, comme d’habitude. Parce qu’elle n’a l’air que bouche bée, encore plus alors qu’il vient embrasser sa main comme le premier des gentlemen et c’est- C’est intense et fort, aussi bien de sentir ses lèvres contre sa peau que la beauté du geste en lui-même. Elle a le ventre qui se noue en même temps que sa main qui se serre autour de la sienne, le feu aux joues parce qu’il ne peut pas en être autrement. Il est si beau, si doux, c’est un cocktail dangereux et Primrose ne se rend qu’à peine compte à quel point elle glisse. Doucement mais sûrement, malgré elle, il va réussir non pas à la briser mais à faire ressortir le meilleur d’elle-même. C’est tout le mal que l’on lui souhaite. Quand il lui demande si elle veut autre chose, Primrose a l’air d’être une créature prise en plein phare dans la nuit noire. “Euh, je-” Tim maintient sa tête avec sa main en la regardant et, avec ses lunettes sur le nez, c’est une des images les plus adorables du monde ; naturellement, donc, la prise de confiance de quelques secondes de Primrose se retrouve évaporer dans la nature, son cerveau étant sûrement en alerte totale pour reconnecter ses neurones qui déraillent. “Je n’ai plus très faim.” Ce qui n’est pas faux ; elle a l’estomac trop noué pour ça. La faute au café - oui oui. “Tu es bien plus doué que moi pour parler donc tu peux continuer. Ça ne me dérange pas.” Au contraire. Primrose aime bien le voir s’animer quand il parle. Elle aime le son de sa voix. Ses yeux qui brillent quand il parle de ce qu’il aime. De la confiance qu’il en émane. De ses lèvres qui se mouvent, de ses airs maladroits qui la rassurent. “Et puis, j’ignore quoi dire. Je ne suis pas une… Très grande bavarde. Si tu ne l'avais pas remarqué.” Et quand elle parle, c’est pour buter tous les trois mots alors franchement. Encore pire quand il y a Tim qui la regarde comme si la jolie brune est le centre de son univers, sa main chaude contre la sienne et une table qui n’en finit pas de rétrécir entre eux. “Comment s’appellent les jumeaux ?” Terrain un peu plus neutre pour oublier un peu la tension agréable qui règne. Lui montrer que Primrose s’intéresse à lui. Qu’elle veut continuer à l’écouter. Parce qu’elle ne souhaite pas se mettre en avant, elle. Elle n’a rien d’intéressant, rien de trépidant et qu’elle gâcherait sûrement tout.
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| | | | (#)Sam 27 Mar 2021 - 21:08 | |
| Cet instinct là ne le quitte pas, de la protéger, de l'empêcher d'avoir mal, elle, Primrose, même si rien que ce fait présent n'a l'air d'avoir aucun sens. En tout cas, Tim ne peut se l'expliquer de son côté: il se contente de lire dans les prunelles de ses yeux, de capter ce désespoir qui la lie au reste de l'univers et il se reconnait assurément dans un tel message. Il a été elle de tant de manières avant d'en arriver là: combien de fois s'est-il demandé ce qu'il faisait ici bas? Combien de jurons a-t-il déjà prononcés parce qu'il était dans l'incompréhension de ce qui l'entourait? Beaucoup trop pour que le jeune Decastel puisse réellement le compter. Lui non plus ne se sent pas très à l'aise au sein de ce monde et il cherche encore à creuser son trou au milieu de tous les messages contradictoires que cette société leur envoie constamment. Il a envie de faire des efforts pourtant, pour s'intégrer un minimum dans ce qui se fait aujourd'hui, pas pour lui, non, car le brun considère que son heure est passé pour cela mais plutôt pour ses enfants, pour qu'il puisse obtenir les codes sociaux capitaux pour maîtriser leur sujet plus tard. Encore une fois, Tim ne pense pas à lui, il a arrêté de le faire depuis bien trop longtemps pour se rappeler de ce que c'était d'ailleurs. L'a t-il fait au moins une fois même? On peut se poser la question: il laisse partir les gens quand on lui demande une pause, il ne se bat pas contre les lois de l'univers et respecte les désirs de chacun quitte à ce que les siens soient relégués à l'état de néant. Ce n'est pas un problème pour le français, de ne pas être, de ne pas exister, d'être juste un outil pour rendre les gens heureux, c'est la seule chose qu'il a toujours fait et dans lequel il réussit. Timothy a réellement trop peu d'ambitions pour qu'il tienne le coup sur la durée, lui qui ne se considère que par ce que les autres lui disent, lui proposent et lui laissent... Que des miettes, c'est tout ce qu'il obtient toujours, les reste d'un passage de quelqu'un d'autre avant lui. Il a eu les restes de sa mère après qu'elle ait déjà eu un premier fils, il a eu les mêmes restes auprès de la mère des jumeaux qui ne l'aimait que par procuration, il a eu les restes de la santé mentale de Freya, les restes des traumatismes de Heïana, des restes, encore des restes, toujours des restes. Un jour, peut être, l'univers lui dirait que c'est assez, qu'il doit posséder le tout ou le rien, mais pas un semblant d'équilibre au milieu qui ne veut absolument rien dire. Tim n'ose pas penser ainsi, il préfère le peu que le pas du tout parce qu'il a déjà eu ce dernier et il en a souffert le martyr en allant mourir au fond des placards les plus lugubres de sa maison d'enfance. Decastel préfère être optimiste, voir toujours le verre à moitié plein plutôt que le vide qui subsiste, si réel et pourtant si dérisoire pour lui. Alors, quand il regarde Primrose: il voit ses qualités avant tout, il voit tout ce qu'elle essaie de restreindre de peur de souffrir et d'être blessée, il voit qu'elle a peur mais aussi qu'elle a envie de voir plus loin que le peu qu'elle a aujourd'hui. Comme il est taillé dans le même marbre, Tim a envie de l'encourager à déployer ses ailes justement, à se laisser aller à ses véritables désirs sans s'inquiéter des conséquences néfastes qu'ils peuvent avoir d'un autre côté. Qu'elle conserve son sourire, qu'elle fasse naître le bonheur dans ses prunelles bleutées si pétillantes lorsqu'elle ose, qu'elle respire toutes les jolies choses que Tim perçoit sans pouvoir forcément les atteindre pour le moment.
La brune a de la chance néanmoins parce que Tim est patient, il ne brusque pas, jamais. Il écoute, il reste à l'écart lorsque c'est nécessaire et il sait quand le silence n'est pas mauvais. Ce n'est jamais désagréable auprès de la belle Anderson, elle qui parle peu mais qui en dit pourtant beaucoup. Il a envie d'apprendre à lire ce néant sonore, à comprendre tous les messages qu'elle veut envoyer en choisissant ses pauses avec autant d'aisance mais Timothy n'a pas encore débloqué cette compétence. "Je dirais que c'est un peu des deux. J'ai toujours été optimiste, ça me permettait de tenir le coup sûrement et puis, j'y ai travaillé aussi pour éviter que le noir prenne trop de place parfois." Il a eu des heures sombres, Tim, des heures d'intense solitude où il ne se sentait plus l'envie de se lever de son lit parce que même poser un pied à terre créait des angoisses insurmontables chez lui. Il avait mal partout, il sentait son coeur tambouriner perpétuellement au fond de sa poitrine et il n'arrivait pas à voir plus loin que cette sensation maudite qui lui donnait la nausée. Il a travaillé alors, oui, pour se dire que ce n'est qu'un instant de passage, que cette peur qu'il a constamment au creux de son être est un message positif qu'on lui envoie pour qu'il ose, pour qu'il la surmonte, pour qu'il devienne la meilleure version de lui-même. C'est assurément ce qu'il veut dire à Primrose en tout cas. "Pour moi aussi, tu sais. Mais parfois, on s'en fout juste du monde entier, on peut se concentrer que sur quelques éléments du monde, juste quelques personnes et ça suffit amplement." Peut être qu'elle aura envie de le compter dans ce lot si elle essaie vraiment, peut être que c'est ce que Tim désire dans le fond, même s'il ne le clame pas totalement. Il sourit surtout parce que c'est la seule chose qu'il sait faire sans que ce ne soit trop risqué, alors que ses yeux azur brillent un peu plus fort, tâchant d'oublier les quelques bribes plus difficiles qu'il mentionne à la jolie danseuse. Parler de sa première fois, de cette femme qui l'a brisé, oser dire qu'il la méprise, tout cela, c'est difficile pour le grand brun et il a envie de tout renfermer dans une boîte de Pandore pour le moment. Alors, il ne dit rien, il hausse les épaules en espérant que ce sera assez, qu'elle comprendra qu'il n'est pas un garçon qui hait facilement, qu'il n'aime pas cela, qu'il ressent tout de suite une dose de culpabilité insurmontable. Au moins, il assure à la jeune femme qu'il veut que ce rendez-vous ait lieu et il a l'air si heureux quand elle lui répond qu'elle accepte le caractère non négociable de sa proposition. C'est une réussite pour Tim, quelque chose dont il est fier et qui provoque un frisson de joie dans son échine.
Il y a cette autre chose qui le rend heureux, ce petit truc en plus qui le fait d'autant plus sourire, leurs doigts entremêlés, le fait que Primrose ne les détache pas après qu'il ait osé vraiment les lier. Il n'a pas envisagé cela, Tim, mais c'est encore plus beau que l'image qu'il s'était mis en tête juste avant de le faire parce qu'il aime leur proximité, tout comme il apprécie la manière dont l'épiderme de la brune brûle quand ses lèvres entrent en contact avec elle. Il a encore une fois envie de plus mais ses joues rosissent sans qu'un message plus clair ne soit envoyé: pour le moment, Timothy veut simplement la connaître mieux, lui laisser un espace de parole qu'elle pourra remplir à sa guise parce qu'elle est originale, Prim', qu'elle est même franchement unique et c'est ce qui interpelle l'esprit vif du français. "Et tu n'es pas banale, c'est vrai." Non, elle ne l'est pas parce qu'il y a Poppy et Primrose, il y a le jour et la nuit, la ville et le club, tant de dualités qu'il ne saisit pas encore totalement et il ne sait même pas s'il pourra l'appréhender totalement un jour. Tim ne désire pas s'y attarder à l'heure actuelle, il ne veut que le présent, que les sensations qu'elle fait émaner de lui, tout cela est assez pour lui. "D'accord. Je te ferai un petit quelque chose alors." Un bouquet, une création, n'importe quoi, juste quelque chose qui lui vient quand il pense à elle et Tim espère simplement qu'elle en verra l'utilité, la beauté, ou juste un geste de bonté. Il en a beaucoup à revendre, de la bonté, ce n'est clairement pas de cela dont il manque et Anderson s'en rendra vite compte, lui qui se cale mieux pour pouvoir mieux apprécier la vue qu'il a de Primrose tout comme il ouvre ses oreilles pour qu'elle parle un peu plus d'elle. Elle bloque là dessus et il comprend qu'il doit lui en fournir plus, peut être qu'avec un peu de matière, elle trouvera de nouveaux mots pour se caractériser. "Hum... Disons que je te pose un panel de questions et tu réponds à ce qui t'inspire, d'accord? Comme ça, j'en apprends un peu plus sur toi et tu n'es pas embarrassée." Il a vraiment envie que cela soit donnant-donnant, même si la jeune femme est déjà à lui demander des détails sur les jumeaux, il entend sa question et il compte bien y répondre juste après. Primrose d'abord. "Quelle est ta fleur préférée? Ta couleur favorite? Est-ce que tu aimes la musique, les livres, le cinéma? Où est-ce que tu aimerais être à la place du club? De quoi est-ce que tu rêves, Prim'?" Il ose un petit florilège et Tim espère qu'elle choisira les questions les plus capitales, celles qui la libéreront de sa réserve parce qu'elle a beaucoup à dire, il le sent, il le sait. "Personnellement, je me vois installé en périphérie, avec une petite maison, un grand jardin parce que j'ai besoin de ça pour mes fleurs et puis, je veux que les enfants aient de la place, ils s'appellent Gabriel et Willow, ils ont un peu plus d'un an... Et puis, j'espère que je serai moins seul aussi." Il ne ment pas sur ce qu'il ressent et c'est ce qu'il a dans le coeur, cette solitude qui ne le quitte pas parce que tout le monde part autour de lui, qu'il se retrouve toujours sur la couche à picorer les miettes. Tim aspire à autre chose, il aspire à un autre sourire de Primrose, à quelques caresses sur les doigts de la belle qu'il ose et surtout, à la prendre dans ses bras lorsqu'il en aura le droit. Lorsqu'il le pourra. S'il le peut un jour. |
| | | | (#)Dim 28 Mar 2021 - 10:41 | |
| Pour éviter que le noir prenne trop de place. C’est sûrement là toute la différence entre eux deux. Tim a l’air de vouloir s’ériger vers le haut, il a la bienveillance au creux de ses mains, l’envie de porter le monde vers un lieu plus sûr, plus joli, plus beau. Il façonne ses bouquets de la façon dont il pense être le plus attrayant possible, sûrement comme il aimerait façonner le monde pour que les angles soient arrondis, que les gens arrêtent de se cogner dessus et que la terre stop ses hématomes qui la blesse toujours beaucoup trop. Primrose ne peut pas prétendre à avoir une volonté aussi noble que lui. Ne serait-ce que pour elle-même. Le noir prend une place considérable dans sa vie, la mélancolie dans ses jolis yeux bleus ne la quitte jamais. Cela se voit sur ses traits qu’elle n’est pas épanouie, qu’il lui manque les choses les plus basiques pour pouvoir voir qu’elle a des ailes pour voler. Elle mériterait pourtant tout autant que les autres. Elle a encore une lueur quelque part, dans le fond, parce que sinon, elle ne pourrait pas continuer à sortir de son lit tous les matins si elle pensait déjà que sa cause est perdue à tout jamais. Elle se raccroche à des brindilles, à des bonheurs éphémères ici et là. Il y a des gens qui lui donnent envie de poursuivre son chemin, sa famille en premier lieu. Primrose a beau ne pas s’en sentir digne, elle les aime bien trop pour les laisser tomber. Elle a encore quelques exceptions qui rendent son univers un peu plus agréable et surtout, il y a toujours pire que soi, c’est bien connu. C’est égoïste de penser cela, de se dire que le malheur des uns nous aide à nous réconforter dans le nôtre pour y voir la lumière. Malheureusement, Primrose n’a jamais prétendu être une sainte, les vices qui pourrissent son être en sont le moteur et la cause, et elle est la fautive qui les a laissé entrer.
Alors ce n’est qu’avec admiration que Primrose coince ses yeux sur Tim. Heureusement qu’il est comme il est, qu’il entreprend toujours et encore le chemin périlleux vers le bien-être avec soi-même. Elle se doute que le chemin est sûrement loin d’être fini mais il y a fort à parier que ses enfants n’en sont qu’un moteur supplémentaire vers la bonne direction. Elle le voit avec Alex ; elle a beau avoir une liste bien trop longue de critiques envers sa future belle-soeur, elle ne peut lui retirer que la maternité semble la réussir. Tant que l’on ne s’oublie pas soi-même et Primrose espère de tout coeur que Tim se voit lui autant que ses progénitures. En tout cas, s’il prend l’initiative de vouloir la voir avec des intentions de moins en moins dissimulées quant à la direction, cela signifie clairement qu’il pense à lui-même. La jolie brune ignore encore quoi penser de tout ça, il y a de fortes chances qu’elle va passer des heures et heures à y réfléchir, à y penser, à faire une liste de pour et contre. Aux buts, à la finalité, à ce que ça signifie. Sûrement trop absurde, elle finira peut-être par se faire des idées. Pour le moment, elle se contente de hocher la tête tout en songeant à quel point la lumière doit être belle avec Tim.
Les mots qui suivent de la bouche du jeune homme la font sourire parce qu’au moins, ils sont d’accord là-dessus. “C’est ce que j’essaie de me dire aussi. J’ai parfois l’impression que je vais être englober toute crue, que je n’arriverai pas à sortir de mon lit, que la pression d’être juste… En vie est trop forte.” Primrose a eu des envies de fondre contre son matelas, qu’on l’oublie, qu’on lui offre un répit éternel. Elle pince ses lèvres tout en baissant la tête, honteuse et sûrement gênée aussi de montrer un pan aussi macabre et lugubre de sa personne. Mais la confiance s’installe, sa main est contre la sienne et elle a envie, c’est ça, elle a envie et confiance. De parler à Tim, de l’écouter encore plus, d’observer ses lippes bouger, sourire, que ses yeux brillent, que son visage s’illumine doucement. De lui confier ce qu’elle n’aurait pas pu confier à quelqu’un d’autre, pas même à son frère, parce qu’elle sent qu’il peut comprendre. Qu’il ne va pas la juger, ni la rejeter. Du moins, elle l’espère. “Mais il suffit de quelques personnes pour donner l’envie de continuer.” Ton regard est bien trop appuyé sur lui pour que le double sens ne passe pas inaperçu. Tu n’es ni subtile ni discrète et encore moins réservée sur tes propres intentions, Primrose.
Cette dernière éclate d’un rire léger alors que Tim lui dit qu’elle n’est pas banale. “C’est pas ce que je sous-entendais!” Elle ne pourrait jamais prétendre d’être spéciale. Elle ne l’est pas et sa modestie étouffante ne peut s’empêcher de remettre les pendules à l’heure parce que vraiment, ce n’est pas ce qu’elle voulait dire. Primrose n’a d’original sûrement que son prénom, le reste était d’une banalité affligeante. Elle a ce réflexe de montrer à Tim qu’elle n’a rien d’une prétentieuse ni d’une égocentrique. De toute façon, vu sa façon de se cambrer contre elle-même et vouloir paraitre toujours plus petite dans l’univers, il est clair que ce ne sont pas des façons de montrer une grande confiance en soi. Son sourire illumine son visage jusqu’à ses pommettes et son regard quand il lui promet de faire une création juste pour elle. Tant pis si elle doit subir les railleries d’Adèle, le jeu en vaut largement la chandelle.
Primrose pose son bras libre contre la table tout en repliant un peu plus ses phalanges contre ceux de Tim, tout en secouant la tête devant ce qu’il propose. “Okay.” Même si elle se demande ce qu’elle va pouvoir dire d’assez intéressant, complètement ignorante que qu’importe ce qu’elle pourra dire, Tim prendra le tout malgré tout. Mais après tout ce qu’il lui a dit, cela est tout simplement juste qu’elle lui rende la pareille, non ? Là déferle les questions sous ses sourcils relevés - comment est-ce qu’il peut penser à tout ça, avoir autant d’idées en si peu de temps ? Est-ce qu’il a l’habitude de ce genre de rencontres ? Primrose est presque surprise, avant qu’une expression attendrissante s’installe sur son visage quand il lui parle de ce qu’il rêve, visiblement. Cela ne l’étonne pas vraiment, pas après tout ce qu’il lui a dit. Il n’a pas d’ambition à faire défrayer la chronique. Contrairement à elle qui se pâme bien trop devant les villas luxueuses et ces maisons qu’elle ne pourra jamais atteindre. Oh l’envie est un vilain défaut, par moment. Celle de vouloir profiter avec Tim de chaque instant lui semble tout d’un coup bien plus accessible que ce tout qu’elle a pu vouloir dans le passé. Primrose resserre brièvement ses doigts à ces derniers mots, le coeur gonflé, alors qu’elle se demande si elle pourrait avoir une place là-dedans. Et surtout, s’y contenter. Est-ce qu’elle en serait capable ? Tu ne peux pas savoir avant d’avoir essayé.
La jeune femme se racle la gorge tout en déviant son regard, un léger sourire perlant sur ses lèvres malgré tout. “C’est un joli rêve.” Bien plus joli que toutes ceux qu’elle a pu avoir et cumuler, éphémères, passagers et ô combien inaccessibles. Elle passe un doigt sur son arcade en réfléchissant brièvement. “J’ai toujours aimé les fleurs où tu peux souffler dessus. Tu vois lesquelles ? J’ignore si ce sont vraiment des fleurs mais j’aimais bien faire des vœux quand je soufflais dessus. Je pensais qu’ils s’envolaient vers le marchand de rêve pour les faire devenir réalité un jour.” Pauvre gamine bien trop rêveuse que tu as été. Au final, rien ne s’est passé comme prévu et encore moins voulu. “J’ai le rituel du dimanche après-midi devant un film ou une série. C’était le seul moment où nos parents nous laissaient regarder la télé à volonté donc j’ai gardé l’habitude.” C’est sûrement stupide, non, de garder une habitude de gamine quand on a accès à une télévision quand on le veut maintenant ? Primrose se mord la lèvre tout en passant une main à sa nuque, relevant la tête vers le plafond de la librairie en s’imaginant où elle pourrait être. Oh, si ça ne tenait qu’à elle, elle serait quelque part à Malibu ou sur une île luxueuse, à boire du champagne au petit déjeuner au bord de sa piscine qui aura vu sur la mer dans une robe de chambre qui coûtera plus que l'entièreté de sa tenue du jour. La frustration qu’elle ressent en y repensant à chaque fois est indescriptible et elle serre brièvement la mâchoire avant d’expirer un souffle pour la détendre. “Je sais pas de quoi rêver.” Elle se mord la lèvre. “Ou plutôt, j’ai des rêves bien trop grands pour pouvoir les atteindre.” A part si elle épouse un riche héritier ou qu’elle gagne au loto demain. “Je n’ai pas de diplôme donc j’ignore ce que je pourrai faire à part travailler au club. Je n’ai l’expérience en rien, pas même en serveuse. Je ne sais que… Que me déshabiller pour le plaisir des autres.” Au détriment du sien, toujours et encore. Primrose baisse la tête. Le tableau qu’elle lui offre est si peu glorieux, si peu attrayant, qu’elle ne lui en voudrait pas si Tim la lâche. Elle est pitoyable, elle est nulle, elle n’a aucune ambition, elle se laisse happer par des désirs affligeants, futiles, qui n’ont aucune teneur. Face à Tim qui n’a que la beauté entre les doigts et qui lui fait comprendre qu’il ne veut pas être seul, qu’il veut cette vie simple et tranquille, qu’est-ce qu’elle peut lui offrir, elle ? Un poids, un fardeau en plus. Est-ce que c’est vraiment ce qu’il veut ? En tout cas, Primrose établit que ce n’est pas son souhait à elle. Mais ce désir qui la pousse à relever les paupières pour poser ses prunelles sur lui se suffira-t-il à lui-même pour la pousser dans la bonne direction ?
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| | | | (#)Dim 28 Mar 2021 - 16:56 | |
| La guérison est un processus lent et qui demande beaucoup de travail sur soi. Tim a donné le meilleur pour s'en sortir mais même cela ne garantit pas qu'il soit à son top désormais. Non, parfois, il se sent encore épuisé, prêt à tout abandonner au moindre signe du destin parce qu'il a passé la majorité de sa vie à n'être qu'un pantin entre les mains d'autres personnes. Tout cela a commencé avec sa mère mais le jeu ne s'est jamais vraiment arrêté: il est passé de main en main, de douleur en sacrifice et il a fini sur les rotules. Aujourd'hui, il essaie de se relever, ce qui n'est pas toujours aisé quand on a eu un parcours comme le sien. Il voit encore la noirceur qui l'entoure mais il tâche de la chasser du mieux qu'il peut, convaincu qu'il faut toujours se battre pour avoir le droit de ne plus souffrir. Oh bien évidemment, le français a conscience que d'autres épreuves viendront, que de nouveaux individus viendraient lui broyer le coeur sans qu'il ne le demande mais c'est là encore le coeur même de ce que doit être la vie. Il en a peur, bien sûr, Timothy n'a pas l'impression d'être taillé pour tout ce mal être qui suit un abandon ou un rejet: combien de fois a t-il pleuré en se disant que tout cela n'en valait pas tellement la peine? Il ne peut même plus compter tant sa sensibilité a été mise à rude épreuve. Trop de fois, il a voulu poser le genou à terre et rester sur le carreau, loin des autres, loin des mots affreux qu'il peut entendre, loin des gestes violents qu'il reçoit encore bien trop souvent. Pourtant, Tim n'est resté que douceur de son côté: il n'a jamais rendu les coups, n'a pas eu plus de mots durs qu'il n'aurait dû avoir en réalité. Il ne s'est pas rebellé, il a accepté son sort mais il n'a pas pourtant décidé de poser ses armes à terre, il est juste patient, trop serviable et généreux pour rester là à voir le mal partout. Non, il préfère largement capter la moindre once de bien autour de lui, dans chaque personne qu'il rencontre, dans chaque chagrin qu'il perçoit dans les yeux de ses interlocuteurs. Tim voit Primrose, il la voit vraiment, à travers ce qu'elle cache, à travers le mépris qu'elle a envers elle-même, il ne désire que lui faire oublier les épreuves et les doutes, lui prouver que tout ne sera pas toujours aussi noir, si elle se donne une chance. Si elle lui offre, à lui.
Timothy ne parle pourtant pas pour asseoir une énième vérité générale, il sourit malgré ce sentiment de défaite qu'il ressent chez la petite brune parce qu'elle a peut être déjà abandonné. Elle n'a plus l'air de se battre contre son destin, se rendant au club comme si cette vie-là est une fatalité qu'elle ne peut pas chasser. Elle se trompe, mon dieu qu'elle se trompe car la danseuse mérite bien que ce qu'elle obtient, sûrement beaucoup de violence et de mots absurdes. Timothy ne peut clairement pas lui annoncer ce genre de vérités maintenant, pas alors qu'il n'en sait encore que trop peu sur le parcours de sa vis-à-vis mais c'est en tout ce qu'il ressent... Elle n'a a pas à subir tout cela, à être victime d'elle même et de choix passés qu'elle a sûrement dû faire car il faut bien amasser quelques billets pour survivre. Le français ne se doute pas une seule seconde qu'elle a un mode de vie trop luxueux pour sa fine silhouette, qu'elle sombre dans une addiction qui lui semblerait totalement folle tant il n'a besoin de rien de son côté. Non, il ne sait pas mais il ne jugerait pas, c'est certain. Il comprend simplement que ce qui est noir n'est pas obligé de le rester, que ce malheur qu'elle semble encore ressentir quelques matins, il le ressent également mais qu'ils ne sont pas seuls, ni l'un ni l'autre, encore moins depuis qu'ils se sont miraculeusement trouvés. Il lui narre cette histoire d'un large sourire sur ses traits, heureux de savoir qu'ils sont en mesure de se comprendre malgré tout, au moins sur ce point là. Il ne la laissera pas, voilà ce qu'il lui propose d'un sourire enjoué, d'un regard appuyé. Si elle le laisse entrer dans un pan de son existence, Timothy se fera une joie de la faire briller autant qu'il peut parce qu'il sait le faire, qu'il comprend les peines et les douleurs, qu'il les partage avec elle mais que rien de ce qui leur arrive n'est une fatalité en soi. Elle est spéciale, sûrement pas comme elle l'entend elle même mais Tim la laisse rire légèrement parce qu'il trouve tout cela beau et qu'il ne souhaite rien d'autre que ce sourire. Il espère l'obtenir également lorsqu'il lui fera une jolie couronne de fleurs, une qui sera à sa taille et surtout à son goût. Il l'espère. Il ne veut que cela.
Le brun veut creuser encore la question: certes, ils ont les mains liées, ils ont eu leurs corps également liées par le passé mais il y a encore un aspect de cette union qu'ils n'ont pas partagé, la véritable connaissance de l'autre, les aveux et les peurs qui s'évanouissent quand on sait que la personne en face ne rira pas ni ne se perdra dans la colère. Tim l'écoute, il sourit en hochant la tête lorsqu'elle parle de cette fleur enfantine parce que tout le monde joue avec un jour ou l'autre... Tout le monde sauf lui, mais cela, il ne le dit pas car elle l'apprendra bientôt assurément qu'il n'a pas été un enfant comme les autres et que cette honte ne s'efface pas depuis lors. Il se contente de sourire en la voyant partager quelques pans de ce qu'elle est, de ce qu'elle aime et des habitudes qu'elle a. "Peut être que le marchand de rêves a reçu tes commandes et qu'il attend le bon moment pour les envoyer... Tu regardes quoi comme genre de programmes alors tous les dimanches? Lui n'a jamais été trop télévision et compagnie, sûrement parce qu'il n'en avait pas lorsqu'il était petit et que l'argent a toujours manqué par la suite chez les deux frères Decastel pour qu'ils se perdent devant. Tim n'a pas spécialement rattrapé le temps perdu en la matière, sûrement parce qu'il a les enfants et que les heures passent à grande vitesse, sans qu'il ne puisse rien y faire et il est plutôt là à jouer des berceuses plutôt qu'à s'endormir devant une émission. "Quels genres de rêves? Rien n'est franchement inaccessible." Oh pourtant, quand l'argent n'est pas là, Timothy sait bien que cela peut l'être. Il n'a que ses yeux et son esprit pour rêver, sa main collée à celle de Primrose. Lui rêve qu'elle n'ait plus mal, qu'elle s'ouvre à lui comme une fleur lors du premier jour de printemps. Il n'y a clairement pas image plus claire et plus vivace dans son esprit mais il ne peut pas entendre le discours de la belle sans réagir. "Au contraire, tu as beaucoup d'autres talents, Prim'. La pâtisserie par exemple. Pourquoi tu n'as pas voulu travailler dans ce domaine qui a l'air de te transporter et te rendre heureuse?" Il a mis longtemps, lui, pour aller vers les fleurs. Enfin, il a été gardien de cimetière mais le coeur du travail n'est probablement pas de composer de beaux bouquets quand un défunt est prêt à partir sous terre. "Moi, je pense que tu peux réaliser absolument tout ce que tu veux. En plus, rappelle toi que l'expérience ne veut pas dire grand chose..." Il rougit parce que les instants partagés au club remontent à la surface avec ce genre de discours, Tim ne l'a pas fait exprès cela dit. "Dis moi ce qui te rendrait heureuse, là, tout de suite, instantanément. Et je vais voir ce que je peux faire pour te l'apporter. T'auras qu'à fermer les yeux et tu l'auras." Il est prêt à lui conter l'histoire, à l'emmener dans un rêve qu'elle a sûrement arrêté de faire trop tôt, trop jeune, perdu avec son innocence d'antan. Tim peut remettre le tout au goût du jour, il en est capable en approchant son visage du sien pour sonder ses prunelles, remontant leurs mains liées devant elles, attendant qu'elle joue le jeu, qu'elle se laisse aller et que son esprit s'oublie. L'instant présent, eux deux, rien d'autre n'existe, voilà ce qu'elle doit avoir en tête. Juste cela. |
| | | | (#)Dim 28 Mar 2021 - 22:19 | |
| Primrose en dit sûrement beaucoup trop. Elle doit dépasser les frontières de ce qui se dit dans un moment pareil ; quel moment est-ce que c’est ? C’est une rencontre inattendue, des retrouvailles qu’elle n’aurait jamais pensé faire, certainement pas en venant à la librairie. Et la voilà qui délie sa langue peu à peu, à force de patience et de persistance tranquille de la part de Tim qui façonne un peu plus les liens qui se créent entre eux. Elle ne l’a pas venu venir, ni lui ni tout ce qui va avec. Tout ce qui viendra peut-être avec. La pensée d’une suite lui donnerait presque le vertige et son principal réflexe serait sûrement de rebrousser chemin, de tourner les talons et de fuir. Il est sûrement une question de mérite ; est-ce que Primrose se sent digne d’une telle attention ? La seule qu’elle connaît est celle qui est payée en poids de billets. C’est triste à en mourir de croire qu’elle ne peut pas tout simplement susciter un intérêt certain sans qu’on lui donne quelque chose en retour. Sans qu’on attende rien d’elle. Techniquement, si elle n’avait pas succombé au charme délicat et discret de Tim au club, est-ce qu’il serait en face d’elle avec cette curiosité étrange mais plaisante ? Est-ce qu’il chercherait à sonder les profondeurs de son âme à travers leurs yeux céruléens perçants ? Il ne l’aurait sûrement pas vu s’il n’y avait pas de ce frêle mais intense historique entre eux.
Et pourtant, ce qu’il se passe aujourd’hui est bien plus intimiste que ce qu’ils ont vécu au club. Certes, Primrose se rappelle des sensations qu’elle a éprouvées en l’ayant si proche d’elle, mais c’est différent à présent. Parce que cette fois, Tim veut la connexion et Primrose a l’air de peu à peu vouloir la lui concéder. Se soumettre à ses questions, c’est se soumettre à ses envies de vouloir l’apprendre un peu plus. La jolie brune a beau avoir toutes les peurs du monde, elle mentirait si ça ne la flattait pas. Encore pire, elle en vient à être curieuse envers lui - comme elle l’a été il y a deux ans - et que cette fois, elle peut savoir ce qui se passe derrière ses traits charmants. Déceler le secret d’une candeur qui lui échappe, qui l’intrigue. Sans compter sur le fait que Tim est attirant, qu’il est patient et qu’il est enchanteur sans même sans rendre compte. Primrose n’est qu’une fille comme les autres, après tout, même si son esprit est alourdi par une certaine morosité qui file jusqu’à son cœur, elle reste sensible à tout ça. Se sentir voulue sans avoir à tendre la main pour récolter son dû, ça lui gonfle le peu d’estime qu’elle a d’elle-même et, à n'en pas douter, ça fait du bien.
Primrose n’a pas l’air si ridicule avec sa fleur à voeux, même si l’évoquer à haute voix lui paraît stupide. Si Tim ne lui avait pas demandé, elle aurait même oublié ce détail. Les joies de vivre dans une ferme, à la campagne, certainement. Un monde qui aurait sûrement plu à Tim, à vrai dire. Lui qui lui a confirmé que le monde est bien trop grand pour lui aussi, il aurait connu une parenthèse de douceur à Warwick. “J’attends avec impatience les retombés alors. Il s’est peut-être perdu en cours de route.” A vrai dire, Primrose ne sait même plus ce qu’elle a pu souhaiter quand elle était gamine. Elle a grandi bien trop vite une fois que ses sœurs sont nées, encore plus vite quand Caleb est parti de la maison. Elle n’arrive plus à se rappeler à quoi ressemblait sa vie avant l’appel tentateur de l’avarice, de l’envie, de la jalousie. Empoisonnée à présent, le marchand ne serait pas accueilli comme il se doit s’il met plus d’une dizaine d’années à arriver. “Des films ou des séries. J’ai toujours une liste plus longue que mon bras. Parfois des dessins animés.” Primrose fronce son nez avec un petit sourire contrarié. “Je crois que je reste une grande gamine dans le fond.” Elle se mord la joue en se disant que si Tim rigole, elle ne lui en tiendra même pas rigueur. Elle ne le crie pas sur tous les toits mais au moins ça, c’est quelque chose qu’elle assume, considérant qu’il n’y a pas d’âge pour les dessins animés.
A vrai dire, Primrose ignore comment parler de ce sujet, surtout quand elle ne souhaite pas l’aborder. Son rêve ultime serait dénué de tous les poisons de sa vie. Mais elle ne peut pas lui dire ça. C’est impossible, parce qu’elle a bien trop honte, qu’elle n’assume pas totalement et que pour le coup, Tim prendrait sûrement peur. Elle réfléchit un moment, ses yeux sillonnant la table entre eux avant de redresser le buste. “D’une vie plus simple.” Voilà qu’il devrait comprendre sans mesurer l’ampleur. Sans connaître les maux de la jolie brune. Il peut supposer que dans cette vie, elle s’accepterait, elle s’assumerait, elle serait plus heureuse. Peut-être qu’elle serait en train de vivre cette scène avec plus d’entrain, moins de crainte. Elle serait plus agréable, elle ne rechignerait plus sur sa vie, elle aurait un travail qui la comble. Tellement de poids s’évaporant qui pourrait lui rendre la vie plus simple, plus douce. “Je veux garder la pâtisserie comme un loisir. Un passe-temps. Un échappatoire. Je ne veux pas le transformer en contrainte.” Même si tu te contraints un peu quand même parfois car il faut bien alimenter son instagram. C’est la réponse typique que tu donnes à toute personne te posant la question. Tu tairas le fait que la pâtisserie ne rapporte pas autant que le striptease. Que ton amour pour les gâteaux est inférieur à celui pour les produits de marque. “Peut-être qu’un jour je me déciderai mais… Pas pour l’instant.” Ce n’est jamais le bon moment, Primrose. Ce n’est jamais maintenant, c’est toujours demain, puis plus tard, et au final, c’est jamais. C’est épuisant à la longue et Tim finira peut-être par s’en rendre compte au fur et à mesure de vos rencontres. S’il le veut bien.
Primrose sourit timidement devant la gêne passagère de Tim, provoquée par lui-même car elle ne lui a pas demandé d’aller sur ce terrain-là. Elle sait très bien à quoi il pense quand il parle d’expérience et elle baisse la tête pour masquer l’amusement qui passe sur son propre visage. Elle caresse doucement sa peau d’une de ses phalanges pour lui faire comprendre qu’il n’a pas besoin d’aller plus loin, qu’elle a compris le message. Elle a l’impression d’entendre son frère. Elle ne cherche pas à ce que Tim joue son supporter, surtout si c’est une cause vaine pour le moment. "Dis moi ce qui te rendrait heureuse, là, tout de suite, instantanément. Et je vais voir ce que je peux faire pour te l'apporter. T'auras qu'à fermer les yeux et tu l'auras." La petite brune est surprise par ce changement soudain de cap, du rapprochement qu’il opère, entrant dans la zone dont elle a mis un moment à être confortable et sereine. Son coeur manque un battement, ou alors il en énumère beaucoup trop à la minute, elle n’en sait trop rien. La seule chose dont elle a conscience, ce sont les perles bleutées de Tim qui brillent comme des joyaux, ses lippes non loin et sa proximité qui est soudaine mais agréable. “Je, euh, mmh-” Il la prend complètement au dépourvu, Primrose finissant par fermer les yeux comme il le lui a demandé pour s’éviter de se pencher un peu plus ou, pire, de rester pétrifiée. Toi, qu’elle pense furtivement, se maudissant intérieurement pour cette simple évocation. Baby steps. Elle cache sa nervosité apparente en riant légèrement, sa main libre dans ses cheveux, ses dents appuyant contre sa lèvre. “J’ignore quoi demander. Mmh...Ta pâtisserie préférée ?” Les mains moites, c’est idiot, parce que ça ne la rendrait pas plus heureuse, hormis le fait qu’elle pourra savoir ce que Tim aime. “Ou ton livre favori ? Je-” Tout autour de Tim à vrai dire, à croire qu’il n’y a que ça qui tourne rond pour le moment. Oh girl, you’re so falling. Elle a le cœur qui s’emballe car elle sait très bien ce qu’elle veut. Ses propres désirs lui font peur, autant que la crainte qu’il la rejette ou, pire, qu’il concède. Ça devient un peu trop d’un seul coup. Beaucoup trop, tellement trop que dans un mouvement brusque, Primrose se lève de sa chaise. Elle rouvre les yeux, elle lâche sa main et surtout, la tasse se prend à sa cuisse et dégringole au sol dans un fracas sourd. “Désolée, désolée, désolée.” alors qu’elle s’accroupit au sol pour récupérer les débris au milieu de ses talons qui sont envahis par le café non bu car totalement oublié. Ses doigts récupèrent les morceaux, un bout se prend contre sa peau pour lui créer une jolie marque sous un “aie” discret car elle a bien trop l’habitude. Les débris qu’elle porte sur la table avant de mener son doigt à sa bouche tout en attrapant les serviettes qui trainent pour éponger le liquide qui coule gentiment. “Je suis désolée, j’ai pas fait attention. J’en ramènerai une nouvelle.” Oh, te connaissait, Primrose, tu vas revenir le lendemain non pas avec une tasse mais avec un set complet d’au moins six verres. Vraiment, tu ne peux pas faire attention. Bravo pour avoir fait exactement l’inverse de ce qu’il a demandé.
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| | | | (#)Lun 29 Mar 2021 - 14:42 | |
| Il se dirige à tâtons désormais, Tim, hors de question d'aller trop vite en besogne quand il fait le constat de ce qui s'est passé en l'espace de deux années. Tout est allé si rapidement pour lui, il n'est même pas tout à fait certain d'avoir réussi à assimiler toutes les informations. Il était gardien de cimetière, incapable d'aligner deux mots sans bégayer ni rougir et il n'avait pas spécialement un avenir merveilleux par ailleurs. Puis, il est devenu père de famille célibataire, lui qui a toujours pensé qu'il finirait sa vie comme il l'a débutée, seul. Timothy s'est trompé dans la recette, il n'a pas anticipé le parcours qu'il a finalement pris et parfois, c'est dur de s'en rendre compte. Il se rappelle forcément du calme qu'il ressentait lorsqu'il se promenait nonchalamment entre les pierres tombales de son cimetière: Tim était sans attache à cette époque, il n'avait pas à avoir peur de perdre les personnes essentielles à son existence car elles étaient déjà toutes parties. Alex avait quitté l'Australie, ses parents étaient hors d'état de nuire, ne restait que Noé mais qui travaillait tellement qu'il ne le voyait finalement pas tant que cela. A cette période, il n'avait rien à perdre et potentiellement tout à gagner. Aujourd'hui, les faits sont différents: Decastel est passé de l'autre côté de la barrière, celle où il peut tout perdre au moindre faux pas parce qu'il a deux enfants et qu'il ne sait pas trop où tout cela va le mener. Cela dit, il est encore définitivement seul en dehors de cela, il fait donc au mieux pour tenir un cap aussi rectiligne que possible mais le jeune homme n'a pas l'air de vouloir prendre les directions les plus sûres. Sinon, serait-il ici à converser avec la danseuse du club qui l'a sauvé d'une déconvenue majeure près de deux ans auparavant? Rien n'était moins sûr parce que Timothy sait qu'elle ne navigue pas dans les mêmes eaux que lui, qu'elle ne va pas lâcher toute son existence pour vivre une existence parfaite à ses côtés. Primrose a sa vie, ses habitudes, ce travail qui doit lui bouffer toute son énergie et toute l'estime qu'elle peut avoir envers elle-même. Pourtant, Tim ne veut pas la laisser tomber, non, il ne désire pas faire demi tour et la laisser derrière lui parce qu'elle le touche, il n'y peut rien, c'est juste ainsi que les choses se sont faites naturellement lorsqu'ils se sont rencontrés. Après tout, on parle de la jeune femme qui a volé à son secours alors qu'elle aurait pu le laisser se faire humilier par un client plus remonté que les autres, le français l'aurait certainement mérité puisqu'elle n'avait pas franchement sa place dans ce genre de lieux. Elle était venue, elle l'avait emmené en sécurité et après cela... Le contrôle leur a échappé, à tous les deux.
Il est probable que celui-ci leur échappe encore à l'heure actuelle, même si Tim se montre comme l'homme avec les deux pieds fermement campés dans le sol. Son esprit, lui, divague, mais ce n'est assurément rien à côté de son rythme cardiaque, c'est certain. Le français se sent si faible à ce sujet, il a mal aux zygomatiques à force de sourire à la belle Anderson et il n'a pas l'air décidé à arrêter, comme si c'est écrit quelque part dans son patrimoine génétique qu'il doit être ce garçon absolument charmant et idéalement heureux lorsqu'elle est dans les parages. Elle attend son marchand de rêves et lui sait qu'il ne viendra jamais. Il n'est pas venu pour lui après tout, en quoi aura-t-elle un résultat différent? Tim ne lui dit rien pourtant, il espère avec elle et il attendra à ses côtés si c'est ce qu'elle désire. Primrose s'ouvre un peu plus en parlant alors d'une habitude, de ce nouveau quelque chose qui les rend si différent. "Tu vas rire mais... J'ai jamais regardé de dessin animé. J'ai jamais eu la télévision." Quel vieux mec, sérieusement. Il rougit parce qu'il doit sûrement être le seul grand dadais de cette planète à ne pas avoir regardé de programme télévisé de manière sérieuse depuis sa naissance. Pourtant, Tim a eu tout le temps de se rattraper en plus de vingt ans, il ne l'a pas fait, c'est comme s'il n'est pas spécialement attiré par les médias. En un sens, tant mieux, même s'il sait que tout cela ne pourra pas durer avec deux enfants en bas âge qui voudront faire comme leurs copains de l'école en rentrant le soir. Il verra bien, en attendant, il parle de rêves avec la danseuse et elle souhaite une vie simple, elle, un peu comme lui au bout du compte. Oh bien sûr, Tim n'a pas la moindre idée de sa vision de la simplicité: après tout, il ne la connait qu'en surface et c'est bien là le coeur de son problème parce qu'il désire creuser, le beau brun, mais elle est encore plutôt farouche sur la question, certainement qu'elle ne s'adonne pas à ce genre d'exercices très fréquemment. "Je comprends. Je faisais la même chose avec les fleurs et puis, finalement, j'ai craqué. Et je regrette pas. Bon, j'ai la librairie à côté, bien sûr." Chaque chose en son temps et Primrose a sûrement du temps devant elle justement pour voir la pâtisserie comme quelque chose de plus qu'un simple échappatoire ou comme une passion banale. Les choses changeront lorsqu'elle sera prête, ce n'est pas le jeune Decastel qui lui dira quoi faire, il est très loin de ce genre de personnalités.
La preuve, il est encore si doux en ayant approché son visage d'elle, presque imperceptiblement, son regard électrisant coincé dans le sien alors qu'il lui demande expressément ce qu'elle désire dans l'immédiat. Ne pas voir le lendemain, encore moins les jours d'après, juste se concentrer sur la seconde suivante et sur des désirs à combler dans la minute. Primrose bégaie, elle cherche ses mots, Tim reste patient mais il ne s'attend finalement pas à de telles réactions. Elle l'interroge, repart sur des questions autour de ce qu'il aime, de ce qui le rend lui et il montre son incompréhension en fronçant les sourcils. Il parle d'elle, elle parle de lui, comment se sortir d'une telle situation? Peut être ne sait-elle tout simplement pas ce qu'elle veut et c'est le moyen qu'elle a trouvé pour cacher ce fait, par honte ou une autre émotion qu'elle n'ose dire. Ou alors, au contraire, elle le sait très bien mais n'ose pas le dire parce qu'elle a peur de tout ce que cela implique. Tim comprend beaucoup mieux cette deuxième possibilité et il reste sans voix parce qu'il sent que c'est inéluctable, qu'il aura toujours au fond de lui cette envie de l'embrasser. Il n'a pas le temps d'agir en ce sens cela dit puisque la tasse de la belle brune chute sur ses genoux puis à terre alors qu'elle se précipite pour réparer le méfait. D'une démarche précipitée, Decastel la rejoint vers le sol et d'un geste de la main, il l'invite délicatement à arrêter de ramasser les morceaux de tasse avec ses doigts. "Prim', c'est rien. C'est qu'une tasse. Il y en a plein dans les placards, ne t'inquiète pas." Il caresse doucement son poignet alors qu'il la regarde porter son doigt meurtri à ses lèvres et il s'inquiète, c'est dans sa nature profonde après tout. "Tu ne t'es pas brûlée au moins? Est-ce que tu as besoin d'un pansement ou quelque chose?" Il n'a pas l'air de soucier des restes de café ni des quelques débris qui jaillissent le sol de la librairie, tout cela n'est que matériel et Tim ne s'est toujours intéressé qu'à l'humain. "Assis toi et détends toi, d'accord?" Il ose faire glisser un doigt contre une de ses mèches de cheveux, sans forcément le réaliser, geste tendre qu'il ne contient pas, raison de plus pour vite s'enfuir en quête d'outils de nettoyage, revenant quelques secondes plus tard à l'endroit du crime avec un sourire réconfortant sur les lèvres en direction de la petite brune. "J'ai des armes, tu vois, pas d'inquiétude. Et si tu savais le nombre de pots cassés que j'ai dû nettoyer au cimetière, ça me rappelle de très bons souvenirs, cette tasse." Il a cet air rieur, de quoi calmer les nerfs mis à rude épreuve de Primrose. "Était-ce une stratégie pour ne pas répondre à ma requête sur le désir immédiat? Je n'ai pas manqué de constater que tu es repartie vers des questions sur moi... Alors que je parlais de toi. C'est toi qui compte." Elle n'a pas l'habitude de se concentrer sur elle, elle répond toujours aux voeux des autres et Tim le perçoit bien en nettoyant doucement les traces de liquide noir sur le sol, sans se presser, parfaitement détendu. Il espère simplement que Primrose ne s'en voudra pas trop, qu'elle se libérera de tout ce qui l'empêche de dire et d'agir. Par elle-même et pour elle-même, pour une fois. |
| | | | (#)Lun 29 Mar 2021 - 22:08 | |
| Il avoue presque sans détour mais avec cette hésitation dans le fond de sa voix la non existence de dessins animés et encore moins de télévision. Primrose aurait pu être surprise mais elle avait des copines qui n’avaient pas non plus de télévision, dans la petite bourgade de Warwick, où il faisait meilleur de vivre dehors que dedans. Cependant, ses sourcils se soulèvent légèrement, pensant certainement que Tim doit se sentir comme elle a pu l’être mille et deux fois depuis le début de cette rencontre inédite ; mal à l’aise, honteux, confus. Elle avance des hypothèses qu’elle juge fondées. Tim a beau prendre le taureau par les cornes, déballer tout devant elle comme des morceaux de puzzle éparpillés, lui sourire tendrement, toujours, inlassablement, sans s’arrêter, la jolie brune n’a pas oublié comment il fut il y a deux ans et comment elle peut le percevoir encore à travers cet élan de confiance. Est-ce que c’est elle qui lui donne cette confiance-là ? Est-ce que c’est pour elle ? Il prend son courage comme il prend sa main contre la sienne, en y emmêlant les doigts et en tenant avec douceur mais rigueur. Primrose se mord la joue. “Ca peut s'arranger. Il est jamais trop tard pour commencer.” Tu peux faire partie de mon rituel. D’habitude, c’est Teddy l’Ourson qui a ses faveurs et qu’elle tient avec force quand elle regarde quelque chose mais il ne serait qu’un mensonge de dire qu’à cet instant-là, elle ne préfèrerait pas les bras qu’elle sait réconfortants de Tim autour d’elle. Que ce soit devant les aventures du Scooby Gang, devant une série stupide ou un film d’épouvante. Tim prendrait plus de place que Teddy, c’est certain, mais elle saura s’adapter.
Okay, il est temps d'abaisser un peu les espoirs. Primrose décide de mettre ses jolies images dans un coin dans sa tête, même si elle sait qu’elle les ressortira plus tard, dans l’intimité de sa chambre, le regard qui attendra Morphée patiemment. Tu es une romantique dans le sang, par les gènes, tu ne peux pas y échapper. Elle se trouve niaise alors qu’il n’y a encore rien à espérer mais- Mais Tim appuie son regard sur elle comme s’il veut lui offrir le monde et c’est plus qu’on ne lui a jamais donné. Primrose se sent déjà appréciée alors qu’il ne sait rien, elle se découvre souhaitée quelque part alors qu’il ne la connaît toujours pas si bien que cela malgré ses efforts. Même si, en lui posant la question sur les raisons qui font qu’elle n’est pas pâtissière de façon professionnelle, Primrose s’amuse à penser qu’il a déjà atteint un certain niveau. “Faut dire que c’est un petit cocon, ici. Y a pire comme lieu de travail.” Et non, pour une fois, elle ne dira pas que son établissement est un des pires lieux du monde. Ce sont les gens qui s’y mouvent et qui y défilent qui donnent le ton. Mais les murs du club sont son cocon à elle, un refuge où elle n’a plus à penser à elle et parfois, ça fait du bien. Un échappatoire non négligeable et que le commun des mortels ne pourra jamais comprendre. C’est peut-être pour cela qu’elle trouve un attrait à son job.
Tim a voulu être gentil en lui offrant ce qu’elle souhaite, tel un génie grandeur nature, mais Primrose s’est laissée emporter dans ses émotions jusqu’à en faire dégringoler cette foutue tasse jusqu’au sol. Elle se maudit, elle s’insulte de la plus exécrable des façons, un de ses talents innés, à ne pas en douter, alors que ses doigts fébriles ramassent ce qu’ils peuvent avant d’être arrêtés par la main de Tim, qui joint la parole à son geste et, bon dieu, elle aurait presque envie de lui dire d’arrêter. D’être aussi tendre, d’être aussi gentil, d’être aussi proche. La jolie brune a la sensation qu’il va entendre son cœur tellement qu’il carbure dans sa cage alors qu’elle n’aimerait que le freiner, l’apaiser, le ralentir pour qu’il arrête de la mettre dans des états pareils. Ce n’est pas qu’une tasse, Tim. Ça commence par une tasse, ça poursuivra avec le reste et ça finira par toi. Cela est un rappel de l’univers, ce doux rappel que Primrose brise ce qu’elle touche, qu’elle n’est pas faite pour ce petit voyage enchanté que lui propose Tim. Voyez le pessimiste qui revient au galop, tout comme son envie de pleurer parce qu’elle ressent sûrement beaucoup trop fort ce qui n’est rien. Tu les lui apporteras, ces nouvelles tasses. Elle va même écumer les sites et les boutiques pour en trouver avec des fleurs. Des jolies. Cette façon macabre qu’elle a de vouloir offrir tout à tout le monde pour ne voir leur lumière de joie qu’une demi-seconde dans leurs yeux. On n’achète pas l’amour des autres, Prim. Elle voit cela comme de la générosité. Qui coûte cher mais ça lui fait plaisir. Il pensera à elle, comme ça. Ce n’est pas ce qu’il veut ? Sûrement pas comme ça, susurre la petite voix en renvoyant un flash de leur rencontre au club. Quand Tim la tenait contre elle, qu’il avait les prunelles brûlantes ancrées sur ses lippes.
Ce n’est pas la même chose qu’elle perçoit maintenant alors qu’il lui demande si elle a besoin de quelque chose. Primrose se rend compte de son geste qui peut être vu comme obscène - elle, la danseuse exotique - et retire immédiatement son doigt de sa bouche avant de regarder la petite plaie rougeâtre. Elle n’a pas eu le temps d’être éclaboussée, elle secoue la tête par la négation ; la seule chose qui brûle, ça doit être quelque part entre son bas ventre et ses poumons. Et peut-être même ses fibres crâniennes qui viennent d’exploser à cause d’un court circuit, la pression ayant été trop forte à supporter. “Ca va aller. C’est rien.” Primrose est déjà assez désolée du dérangement. Tim lui demande de s’asseoir et surtout de se détendre, mais pour ça, il faut que tu arrêtes de faire tout ça, Tim. La caresse de sa mèche, la caresse de ses iris sur son visage, comment elle peut se détendre ? Finalement, s’asseoir lui semble être la dernière des bonnes idées parce que Tim se soulève presque précipitamment à son tour, qu’elle peut réfléchir quelques minutes. Si elle avait un minimum d’amour propre, elle tournerait les talons, attraperait son sac et filerait de la plus fourbe des manières. Mais la jolie brune n’en fit rien. Assise sur le bord de la chaise, elle relève les yeux vers le jeune homme qui revient ; elle ne regrette pas d’être restée, car sa fuite n’aurait engendré qu’une honte encore plus pesante qui l’aurait forcément stoppée à le contacter par la suite.
Primrose a beau paniquer, c’est parce que la certitude se fait plus claire dans son esprit ; elle veut le revoir. Pour lui montrer son univers à elle, pour qu’il lui partage le sien, pour qu’il regarde ses dessins animés, qu’elle lui présente Teddy, qu’elle rougisse face à une colocataire envahissante et curieuse à son sujet. Elle reprend une respiration avant de sourire légèrement tout en enveloppant son doigt dans une serviette. “C’est bizarre, comme souvenirs.” Elle fronce son nez par contrariété avant de soupirer. “J’aurai quand même préféré qu’on s’en passe.” Même si au final, cet interlude (oh brother, sors de mon esprit) aurait permis à la charmante fleur de reprendre un peu ses esprits. Et surtout, contempler que rester assise et proche de Tim ne sont pas des ingrédients positifs s’il veut qu’elle parle d’elle. Primrose ne peut s’empêcher de rosir de nouveau, la coloration de ses joues s’évaporant en chaleur jusqu’à son cou. Elle passe sa langue sur ses lèvres parce que Tim a vu juste mais il pointe aussi là où le bât blesse. Elle se décide quand même à réunir le plus gros des débris ensemble, pour faciliter le nettoyage et ne pas se sentir complètement inutile, à part pour briser ton environnement. “Je veux vraiment savoir ta pâtisserie préférée. Histoire de savoir si t’es plutôt pâte d’amande, caramel, chocolat, vanille, fruits, tarte, flan, tourte, original ou traditionnel. Parce qu’après, je pourrai m’adapter, je pourrai en faire et ça me fera plaisir de le faire. Tout en te faisant plaisir à toi aussi.” Occuper ses mains et son attention sur le sol lui fait du bien et Primrose s’octroie même de lever la tête vers lui avec un léger sourire. “Tout le monde est gagnant.” Oui, mais ce n’est pas ce qu’il a demandé. Elle recouvre les morceaux de mille serviettes de protection avant d’aller les jeter dans un sac. Au moins, elle ne fait pas l’empotée et elle ne s’est blessée aucun autre doigt. Une fierté pour elle, debout, qui observe Tim éponger les dernières gouttes du liquide, avant de se mettre à naviguer entre les tables, chaises et fauteuils. Son cœur respire un peu mieux, il n’est visiblement pas encore près à remettre une proximité certaine avec Tim, pas s’il continue à lui parler de “désir” en tout cas. Ses bras se balancent doucement, espérant éliminer les mauvaises toxines qui l’ont envahies afin de ne pas continuer à se sentir aussi faible, aussi nulle. Ses perles bleues passent sur les bouquets exposés ici et là, les fleurs qui trônent et dont elle frôle gentiment les pétales sans pour autant les toucher. “Pourquoi ça te tient autant à cœur de savoir ce que je veux ?” Primrose se tourne à moitié pour le regarder, ses membres s'engouffrant brièvement dans un doux sentiment de plénitude. Elle n’a pas prévu de manquer un battement dès qu’il reviendrait dans son champ de vision. Rien n’est prévu, de toute façon. Si ça avait été le cas, la jolie brune aurait pu être mieux préparée, mais ce n’est pas le cas. Elle finit par s’engouffrer dans les chemins des rayons où au moins, de là, elle est sûre de pouvoir reprendre un minimum de contenance sans être tentée de le regarder par-dessus l’épaule. Douce utopie. “Tu m’as prise au dépourvu. C'est ma façon de réagir. J'ignore quoi te répondre.” Ce qui est faux, même elle le sait, dans un sens ou dans l’autre. Que ce soit l’appel d’une vie plus luxueuse, plus trépidante. Ou bien l’autre, le plus simple, le plus accessible, mais le plus dangereux, l’appel de Tim lui-même. “Qu’est-ce tu aurais répondu si je te l’avais demandé ?” Sa voix douce est plus élevée que jusqu’à maintenant, se soulevant de quelque part au milieu des livres que Primrose parcourt des yeux et du doigt, admirant les reliures pour ne pas penser à qui elle parle. Au grand brun qui lui fait ressentir bien plus que son petit corps peut encaisser. Au moins, ça lui permet de parler d’un timbre plus clair et plus assuré. Même si Primrose ne va pas pouvoir l’éviter éternellement.
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| | | | (#)Lun 29 Mar 2021 - 22:41 | |
| On ne peut pas dire que Tim soit à l'image de l'homme traditionnel. Il s'en félicite sûrement d'ailleurs car il n'a jamais réellement compris ce que cette société désirait véhiculer comme valeurs à ses enfants. Il le voit bien, pourtant, le français, qu'il n'est pas comme les autres, qu'on se moque de lui parce qu'il est sensible, qu'il pleure quand il sent l'envie venir, qu'il ne fait pas attention à ce principe de "virilité" à tout prix. Timothy veut juste être lui-même, un droit qu'on lui a injustement retiré pendant treize longues années de sa vie, ce qui fait beaucoup en soi, et il ne s'attarde plus vraiment sur ce qu'on peut penser de ce qu'il devient. Le jeune Decastel souhaite simplement s'assumer et trouver le bonheur, une notion bel et bien rare qui lui échappe désespérément depuis ce qui semble être des siècles. Pourtant, il essaie encore, s'attachant aux personnes qui osent passer la porte de cette façade joyeuse et optimiste. Malheureusement, on le quitte toujours, sûrement que l'herbe est plus verte ailleurs, que sa douceur n'attire qu'un temps parce que c'est un besoin du moment qui finit par s'estomper. Ne dit-on pas après tout que les bad boys font fureur? Timothy est loin d'en être un, lui qui ne ferait pas de mal à une mouche: c'est même une réalité puisqu'il se refuse à mettre du produit pour les chasser, préférant les attirer vers les fenêtres pour les attirer vers l'extérieur... A croire qu'il en fait trop, qu'il ne peut pas s'empêcher d'aimer tout et surtout tout le monde, même ceux qui le blessent, ceux qui l'écrasent, ceux qui ne veulent que son malheur et l'enterrer avec. Malheureusement pour eux, Tim n'a pas une once de méchanceté envers ce genre d'individus, il n'a même pas de rancoeur à proprement parler, il ne sait pas réellement si c'est normal. De toute façon, il n'a jamais réussi à se considérer de la sorte: il est beaucoup trop bizarre pour s'intégrer dans une société lambda. Alors, Timothy fait à sa sauce, il suit ses envies et espère qu'il ne souffrira pas trop de ses égarements.
A l'heure actuelle, en tout cas, le grand brun ne regrette rien parce qu'il se sent bien en compagnie de Primrose, qu'il se libère toujours un peu plus de sa réserve pour laisser place à la version plus assurée de lui-même. Certes, ce n'est pas parfait, il est encore en thérapie après tout mais il a la sensation de s'améliorer de seconde en seconde et que ses mots, ses actes, ont des effets sur la femme dont il croise le regard à intervalles régulières. Le brun ne se l'avoue pas forcément mais il apprécie ce fait, il apprécie même plus que cela, cette envie permanente de s'approcher d'elle, de lui sourire, de la regarder en retour et de se perdre dans le bleu de ses grands yeux. Tim temporise néanmoins, ce n'est pas le moment de partir vers des folies alors que sa vie dérape dans tous les sens, qu'il n'a plus le moindre contrôle car il est de nouveau seul avec deux enfants à charge et apparemment aucune porte de sortie pour que ses finances boudent moins. Il a besoin de temps, c'est en tout cas ce qu'il se dit depuis quelques semaines mais il sait également que des chances ne se présentent pas cent fois dans une vie, son expérience lui a prouvé cela par le passé. "Si tu m'invites un jour, j'accepterais l'initiation." D'ici là, le français ne se voit clairement pas devant les programmes pour enfants sans que les siens ne soient dans le coin pour être choisis en justification idéale. Tim préfère être dehors, au milieu de ses fleurs, en train de créer mille compositions uniques avec le cerveau vide de toute pensée négative. C'est la vie qu'il a choisi de mener dès son plus jeune âge, alors qu'il n'était qu'un vulgaire gardien de cimetière que personne ne voyait réellement. Tim n'est pas traumatisé, il a eu une existence différente de celle des autres simplement et Primrose a raison, il n'est pas le plus à plaindre maintenant qu'il travaille en intérieur et que personne n'est là pour lui faire des misères. Il se sent bien, suffisamment bien pour oser des rapprochements subtils envers la brune, elle qui semble paniquer et qui fait chuter sa lourde tasse de café sur le sol. L'angoisse est totale pour elle mais Tim ne la laisse pas se répandre en excuses durant un quart d'heure, il ne capte clairement pas la gravité de la situation, du moins, la seule chose qui l'interpelle sur le moment, c'est son état physique, à elle. Il est soulagé lorsqu'elle lui indique ne pas avoir été brûlée, conservant de cette aventure une simple plaie au doigt, rien qui ne nécessite une intervention médicale poussée. Tim peut donc mieux respirer en lui faisant son plus beau sourire, sentant que la situation revient peu à peu à la normale, avec quelques besoin de ménage supplémentaires cependant.
Ils peuvent alors de nouveau converser, Primrose assise sur la chaise, refusant toutefois de rester bras ballants en train de le regarder serpiller le sol, elle a la bougeote et il comprend les raisons. Il fait la même chose lorsqu'il stresse de se retrouver dans une situation dont il n'a pas la parfaite maîtrise, celle-ci en fait définitivement partie. Tim n'a pas l'air paniqué pourtant, il ne le ressent pas ainsi d'ailleurs, il se sent juste joyeux d'avoir retrouvé les pupilles brillantes de la jolie danseuse, se laissant aller à des pensées pleines d'espoir pour la première fois depuis bien des jours; Bien évidemment, Decastel n'ira pas lui clamer ce genre de choses, surtout pas alors qu'elle lui indique qu'il a des souvenirs bizarres. Il le sait, il l'a toujours su. "Je suis un garçon bizarre, tu sais. Enfin, j'ai jamais été comme les autres alors..." Oui, Primrose, c'est certainement normal que tu me trouves bizarre mais si tu ne fuis pas face à mon étrangeté, c'est que tu la veux dans ton entourage proche, n'est-ce pas? Après tout, il lui a laissé une bonne minute pour prendre son sac et tourner les talons en direction de l'entrée du magasin, elle n'a pas bougé pendant ce temps-là. Elle est restée, ce n'est que maintenant qu'elle se lève, prétextant jeter les bouts de verre à la poubelle pour se dégourdir les jambes et s'éloigner quelque peu de la silhouette de Tim qui en termine avec son nettoyage inopiné. Il repose la serpillière là où il l'a trouvée et suit du regard l'errance de Primrose à travers la librairie. "J'aime beaucoup la vanille. Tu peux me faire n'importe quel dessert avec de la vanille dedans, je suis le plus heureux des hommes." Il n'a pourtant même pas besoin d'un tel acte pour se trouver bien en sa compagnie, Tim ne peut pas lui annoncer ainsi de but en blanc mais il le pense. Elle disparaît de son champ de vision pour aller toucher à quelques couvertures de livres qui ne sont pas dans l'allée centrale et Timothy a l'impression de découvrir ce fameux jeu de cache cache que Rose lui avait présenté. Alors, il se lance dans cette épopée lui aussi, choisissant un autre rayon, écoutant la petite brune répondre à sa vraie requête avec une certaine timidité. Bien sûr, elle ne va pas oser tout lui dire, pas tout de suite et il faut toujours qu'elle lui relance la balle parce que c'est ce qu'elle a toujours fait de mieux avec les autres, n'est-ce pas? "Parce que j'ai la sensation que personne ne te demande jamais ce que tu veux et que tu finis donc par l'oublier... Et puis, parce que j'ai envie d'apprendre à te connaître mieux, Prim', je ne mens pas là dessus." Il n'a jamais menti à la danseuse, pas même le soir de leur rencontre où il aurait eu mille occasions de le faire tant l'habitude devait être ancrée dans les décrets du club. Lui n'est qu'un homme honnête, sûrement trop loyal pour son propre bien, voyageant entre des livres aux reliures dorées, s'attardant ça et là sur des ouvrages qu'il aime tant mais dont il laisse le souvenir se perdre au fond de son esprit parce que Primrose parle à nouveau et il n'y a que cela qui l'intéresse. Il n'y a toujours eu que cela qui l'a intéressé par ailleurs. Il sourit sans qu'elle ne le voit alors qu'il se dirige à la voix, suivant la trace de la belle Anderson jusqu'à se trouver juste derrière elle au détour d'une courte allée, pile au moment où la fin de sa question résonne à ses tympans. "T'embrasser. Voilà ce que j'aurais répondu. Aujourd'hui. Le soir de notre rencontre aussi." A nouveau, la vérité lui échappe parce qu'il est proche de son corps, qu'il sent son parfum si unique et qu'il sait à quel point elle lui est interdit. Tim lui dit pourtant parce qu'il ne sait pas franchement ce qu'il lui prend. Il voulait juste lui donner un exemple de sincérité pour qu'elle prenne conscience de ce qu'elle veut, elle. Tim ne demande absolument rien en retour, il lui dit juste parce qu'il en a envie et que ce sera oublié quelques instants plus tard par la petite brune. Ce n'est pas grave du tout, il reste planté là, il attend et il se contente de sourire parce qu'il est Tim et qu'il ne sait pas qui être d'autre, pas un menteur, pas un lâche, pas un profiteur comme tant d'autres. Juste Tim, sa douceur, ses intentions pures et ses envies persistantes. |
| | | | (#)Mar 30 Mar 2021 - 7:27 | |
| Alors l’initiation à la beauté de la télévision est actée. Primrose retrousse ses lippes dans un doux signe de contentement, soulagée de voir qu’il ne se moque pas et encore moins ne la rejette. Ni elle ni sa proposition, qui est d’une innocence même parce qu’il n’y a pas plus important parfois que les rituels et les habitudes. La jeune femme les apprécie, ses habitudes. Ses petites manies. Partager un moment avec Tim ce qu’elle partageait autrefois avec sa fratrie, c’est quelque chose de particulier même si en soi, le geste ne l’est pas tant que ça. Sûrement qu’elle espère donner une envie certaine au jeune homme de venir se perdre quelques instants dans des mondes imaginaires. Elle juge d’autant plus nécessaire qu’il se doit de voir les futurs animés que ses enfants voudront certainement regarder plus tard. D’apprendre ce qui est de leur âge, ce qui ne l’est pas, ce qui est violent, ce qui est mignon. Oh l’excuse des enfants a bon dos, Prim. Elle qui a déjà l’image de son dos contre son buste, image tendre mais ô combien précipitée.
C’est une façon de pouvoir partager ce bout d’elle-même que Tim souhaite tant voir. Primrose a conscience que ce n’est pas grand chose, que ce n’est rien, que ce n’est pas ce qu’il veut savoir. Tim navigue sur les mots et les maux, il veut qu’elle s’exprime, qu’elle énumère à haute voix tout ce qu’elle cache, tout ce qu’elle regorge. Il cherche sûrement à connaître ses secrets les plus doux, les plus violents, lui donner ses oreilles et son âme empathique pour l’apaiser, la soutenir. Primrose ignore qu’une bonté peut exister encore dans ce monde absurde et obscur. Elle qui n’a plus foi en rien, qui est désillusionnée de jour en jour, il lui renvoit un souffle de fraîcheur, une lumière inattendue et il donne envie d’espérer, de promettre, de désirer bien plus qu’il ne le faudrait.
Même si Tim clame qu’il est un garçon bizarre, Primrose ne peut qu’être séduite du fait qu’il n’est pas comme les autres. S’il est différent comme il le prétend, alors tout devrait être différent avec lui, n’est-ce pas ? Mais elle a terriblement peur, autant pour lui que pour elle. De tout ce que ça peut engendrer, de savoir ce qui pourrait se passer, de comment la gestion pourrait se faire. Il y aura des contraintes, il y aura des choses à supporter, il y aura leurs maux à dévoiler un peu plus, à gérer, à apprendre. Primrose a peur de le détruire, elle a peur de lui faire du mal, de le blesser même sans rendre compte. Comme si elle n’est capable que de cela. Comme si elle ne peut pas espérer de l’affection et de l’amour comme tout être mortel de cette planète. La jolie brune est d’une nature craintive, sur ses gardes, son air discret qui se perd dans la foule aussi rapidement que l’on perd un enfant parce que c’est ce qu’elle cherche la plupart du temps.
Pourtant, ses prunelles bleutées soutiennent ce visage aux traits fins qui n’a nullement conscience de l’attrait qu’elle peut dégager, de cette sensibilité palpable qui doit éveiller un sentiment protecteur envers chaque personne qu’elle peut croiser. Elle ne songe pas une seule seconde qu’on puisse la voir, encore moins la respecter, comme si son métier est gravé en néon rouge brillant sur son front alors que son comportement hors club est diamétralement opposé. Pourtant elle dégage ce quelque chose qui attire Tim vers elle et si elle ne voit pas, le jeune homme a l’air de le faire pour elle. Ce n’est pas surprenant alors qu’elle a perdu ses moyens, que tout devenait bien trop et qu’elle a fini par craquer, lamentablement.
La douce gamine l’entend parler de vanille et elle sourit légèrement, libérée d’un poids certain de la vision de Tim alors qu’elle est en sécurité entre les rangées, les livres emportant le secret de ses pas entre eux. “Simple mais efficace. L’information est dûment notée.” Elle saura s’en rappeler quand il le faudra, à ne pas en douter. Primrose n’est jamais la dernière pour faire plaisir aux autres - elle qui est littéralement payée pour me faire. Que Tim ne parte pas dans des fantaisies culinaires ne l’a surprend pas le moins du monde. C’est un homme aux goûts simples, aux envies simples, qui rêve de la maison, du jardin et d’une vie meilleure pour lui et ses enfants. Il a beau s’étiqueter de “bizarre”, Primrose n’a pas encore pu juger en quoi. Certes, quand ils se sont rencontrés la première fois, elle ne fut que sa deuxième relation. Ce qui fut bizarre, c’est clairement ce point là, ce chiffre de numéro deux alors que Tim aurait mérité plus d’attention, plus de tendresse. Avoir été gardien de cimetière, ne pas avoir vu de dessins animés, ce ne sont que des détails futiles.
La jeune femme ne mesure pas tout l’ampleur des maux de Decastel, certainement parce que ce dernier réussit parfaitement bien à se camoufler derrière ses paroles qui ont beau être douces et parfois maladroites, elles n’en demeurent pas moins fermes et assurées. Il a beaucoup plus évolué qu’elle ces derniers mois, sûrement que la paternité change véritablement les gens. Ce n’est pas quelque chose que Primrose souhaite tout de même ; elle qui essaie déjà de mettre de côté ce détail parce qu’elle ignore encore comment la digérer. Être père signifie avoir des responsabilités et Primrose le voit bien avec Caleb que ses enfants sont toute sa vie. S’il en est de même pour Tim, où est-ce qu’elle peut trouver sa place ? Mais ce n’est pas pour maintenant qu’elle débattra dessus. Pas quand elle l’entend dire qu’elle finit par s’oublier - pas faux - et qu’il n’a émis aucun mensonge depuis son entrée à la librairie. Même quand ils se sont rencontrés, la jolie brune songe qu’il n’aurait pas pu mentir non plus. Si elle le lui avait donné l’opportunité, pour sûr qu’il aurait sauté dessus comme il le fait maintenant. Ses pieds qui s’arrêtent à une intersection, la tête penchée sur la reliure d’un livre - Autant en emporte le vent, le culte - s’y intéressant d’autant plus qu’autant d’honnêteté quand on est une cachottière comme elle, on ignore quoi en faire ni même quoi dire.
"T'embrasser. Voilà ce que j'aurais répondu. Aujourd'hui. Le soir de notre rencontre aussi." Oh. Il est bien plus proche qu’elle ne le pensait, comme s’il murmure par-dessus son épaule. Il est si proche que ça ? Primrose se demande comment il a fait, comment elle ne l’a pas entendu mais ce ne sont que des interrogations futiles pour oublier à quel point Tim vient de nouveau provoquer un raz-de-marée en elle. Happée par des vagues qui vont du sommet de son crâne jusqu’à la voûte de ses pieds, sa cage thoracique qui n’a plus l’air de pouvoir respirer comme il faut, le coeur battant si fort qu’elle l’entend jusqu’à ses oreilles, qu’elle le ressent jusque dans ses côtes. Il expose une vérité simple, basique, celle qu’elle n’a pas voulu dire à haute voix, et c’est pour cette raison ultime qu’elle se mord la lèvre avec férocité. Comme un luxe qu’elle ne peut pas se mettre. Quelque chose qui est bien trop beau pour elle, bien trop magnifique, bien trop fragile.
Pourtant, la jolie brune se retourne malgré tout. Elle a la confirmation qu’il est bien proche, quelques centimètres de ses propres chaussures, assez pour que ses yeux tombent sur son torse et que sa tête doit s’incliner vers le haut pour les remonter sur son visage. Si la technique de la fuite a fait ses preuves le temps de l’éloignement, il est certain que tous lui retombent dessus comme plein de cartons emmagasinés derrière une porte de placard. Il sourit tendrement, il est magnifique, il est beau, il est charmant, il est gentil, il est bienveillant, il met son esprit sans dessus dessous, ses rotules qui pourraient défaillir à tout moment si Primrose ne gardait pas un minimum de self control qu’elle a de plus en plus de mal à trouver. “Pourquoi ?” Oh Prim, arrête de demander des explications tout le temps, toi qui n’es même pas fichue de répondre à la moindre de ses questions. Alors elle serre la mâchoire, déglutissant difficilement tout en gardant ses bras le long de sa forme pour ne pas foutre ses mains là où il ne faudrait pas. “Je pourrai faire la liste de toutes les raisons qui prouveraient que c’est une mauvaise idée.” Telle une automate, voilà comment elle s’exprime. Les prunelles perdues sur ses traits, la lueur à l’intérieur qui ne trompe personne, la faute à cette proximité retrouvée qui fout en émois absolument tout chez elle. “Mais la seule que je trouve pour l’instant, c’est... “ Sa langue qui passe sur ses lèvres, l’inclinaison qui se soulève un peu plus, le buste plus affirmé en même temps que la peur mélangée à cette envie qu’elle ne peut plus dénier de toute façon coule dans ses veines. “C’est que si je commence, j’ai peur de ne plus pouvoir arrêter.” Qu’elle chuchote dans un souffle léger, une confession comme elle ne lui a pas faite jusqu’à maintenant et l'honnêteté qui brûle ses iris. Oh elle est stressée. Anxieuse. Paralysée. Malgré ses mots qui semblent réfléchis pour une fois. Ils ne le sont pas. Tim veut savoir l’intérieur, alors il l’a. Pour une fois, il commence à obtenir ce qu’il souhaite, avec force, patience, charme. Primrose a ses sens en éveil, d’autres qui se font la malle - comme le bon sens, par exemple, qui laisse place à la rêveuse, certainement. Ou à la pècheresse qui va se trouver une nouvelle addiction, la plus douce, la plus tortueuse.
Primrose n’a pas grand chose à offrir. Rien à part ses défauts, ses vices, ses contrariétés et ses bâtons. Mais elle veut s’autoriser ce moment. Juste là, maintenant, entre le secret des livres qui commencent par J et ceux qui finissent par P. Entre la droite et la gauche où elle aurait pu fuir mais qu’elle ne fait pas. Qu’elle préfère garder la proximité de Tim. De faire preuve d’un peu de courage et d’assurance. Sans pour autant faire plus d’action parce qu’elle n’est pas téméraire de ce côté-là. Pas pour faire le premier pas. Même si assurément, Primrose sera là pour le deuxième. Mais elle ignore si le reste de la danse sera viable. Supportable. Tant pis. Elle s’en fiche. Y a que Tim qui compte à cet instant précis, lui qui a réussi à lui faire déposer les armes malgré tout. Pour le meilleur et pour le pire.
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| | | | (#)Mar 30 Mar 2021 - 22:25 | |
| Tim ne sait pas grand chose mais il a au moins conscience d'une vérité implacable, il n'a nullement l'intention de blesser Primrose. C'est la seule peur qui persiste à l'heure actuelle car le beau brun en oublie tout le reste: c'est plus ou moins à chaque fois le cas par ailleurs, ce cher Decastel étant toujours beaucoup trop concentré sur les plaisirs des autres plutôt que les siens, ses souhaits n'ayant rien d'intéressant dans le fond à côté de ceux d'autrui. Il a tort, bien sûr qu'il a tort mais il n'a toujours vécu qu'en s'effaçant, sûrement parce que sa mère a justement tout fait pour lui retirer son âme. Elle ne voulait pas de lui, pas d'un autre fils et malheureusement pour elle, c'est tout ce qu'elle a récolté mais c'est bien Timothy qui a dû en assumer les conséquences. Il n'était qu'un enfant, d'une innocence commune, et il a payé le prix des décisions chaotiques des adultes: comment espérer de lui qu'il ne répète pas inlassablement le même schéma? Il est toujours ce petit garçon serviable, doux et généreux, celui qui veut mener les autres vers la gloire pour mieux qu'on l'oublie par la suite. Il en a toujours mal, de ce résultat pour sûr, mais il finit toujours par se remettre sur pied, à relativiser en se disant que ce n'est le cours normal de la vie, qu'il a au moins atteint quelques objectifs avant que le chagrin ne le happe. Pourtant, Tim aimerait ne plus avoir à pleurer aussi souvent, à se faire du mal perpétuellement pour rendre les autres heureux quand il le mérite tout autant qu'eux. Il est évident qu'il a tout un travail à faire sur le sujet mais il ne veut pas commencer maintenant, surtout pas alors que Prim' est en face de lui et que, par conséquent, elle devient son univers tout entier pour les minutes passées et à venir. Elle ne se rend potentiellement pas compte de tout le cheminement de pensées du français devant elle à cet instant et pourtant, elle devrait s'interroger sur tout ce qui l'amène à agir de la sorte, à la louer aussi haut et aussi fort parce qu'il sait, contrairement aux autres, qu'elle vaut beaucoup plus que ce qu'elle souhaite montrer. Aux yeux du brun, c'est une honte immense de la voir aussi malheureuse quand elle pourrait avoir le monde entier à ses pieds, si seulement elle pouvait tendre le bras vers ce genre de circonstances. Elle ne le veut pas, ou alors, elle ne le peut pas, Tim n'est pas certain mais il voit qu'elle en souffre parce qu'elle est certainement aussi seule que lui au bout du compte, se refusant à la notion même de bonheur pour des principes qui doivent être erronés depuis le temps.
Pauvre d'eux deux, assurément, mais Tim tente l'approche, sans le vouloir, inconsciemment parce que c'est ce qu'il ressent, c'est son désir profond qui s'exprime et il n'est plus obligé de le contrôler. C'est ce qu'il a fait toute son existence, se taire, attendre, s'enfoncer dans ses rêves sans jamais les vivres mais le grand brun ne peut plus réellement se permettre de continuer sur sa lancée parce qu'il va bientôt atteindre ses trente cinq années d'existence et il en avait gâché tout autant en laissant les belles occasions lui échapper. Il ne veut pas que Primrose parte, il ne saurait probablement pas l'expliquer, c'est juste un fait qui est écrit quelque part au fond de lui et contre lequel il ne peut pas réellement lutter. Qu'il ne le fasse pas, voilà, tout simplement. Alors, quand la petite danseuse lui demande pourquoi, il ne peut que la regarder et lui sourire maintenant qu'elle est devant lui, qu'elle a osé se retourner et qu'elle n'a pas encore pris la fuite sans demander son reste. Elle s'interroge encore sur des raisons, des causes, des faits que Tim ne peut même pas expliquer alors, il hausse les épaules, il ne cherche rien d'autre parce qu'il sait qu'il n'y a aucune logique là-dedans, si c'est cela qu'elle cherche. "Parce que c'est comme ça, Prim'." C'était déjà ainsi lors de leur première soirée ensemble, près de deux années auparavant: Tim est trop vulnérable et sensible pour coucher avec une femme sans partager la moindre connexion émotionnelle et spirituelle. Il sait qu'ils ont eu cela, Primrose et lui ce soir-là, même si elle s'est refusée à lui d'une certaine façon, ses lèvres restant loin des siennes pour se préserver d'une faiblesse sentimentale. Il l'a compris, il le comprend encore quand elle cherche mille raisons à ce fait qui ne doit pas arriver, à cette envie qui doit disparaître et Tim sait qu'elles sont toutes vraies, autant pour elle que pour lui. Et alors? C'est tout ce qu'il a envie de lui répondre mais il la laisse continuer, non, il la laisse même clore le débat avec cette réplique qui vaut bien plus que toutes les autres. Elle ne voudra pas s'arrêter. S'il ose, s'il avance, elle pourra vivre une certaine addiction qu'il partagera sans aucun doute. Il sourit en s'approchant légèrement d'elle, son odeur retrouvant ses narines dès lors qu'il ose poser une main délicate contre sa hanche alors que la seconde vient frôler la joue de la belle Anderson. "Est-ce que c'est un crime, ça? Je ne pense pas, Prim'." Ce n'est pas grave s'ils doivent recommencer, si l'envie ne part jamais, ils ne sont pas obligés d'arrêter, ni d'en parler des heures. C'est certainement pour cela que Tim ose en premier, qu'il pose son regard bleu si brûlant dans ceux de Primrose, lui indiquant très nettement ses intentions alors qu'il se baisse pour que ses lèvres atteignent les siennes, avec douceur, sans précipitation, laissant la jeune femme toute la liberté nécessaire de le repousser si elle veut réellement. Pourtant, Timothy sent qu'elle veut cela autant que lui, qu'elle s'en empêche pour des raisons qui lui sont propres, parce qu'elle a peur, que lui aussi a peur de tant de manières mais il ne désire plus se brider comme il l'a tant fait par le passé. Non, il laisse ses doigts bouger contre la silhouette de la belle brune et il l'embrasse, dans la plus intense des puretés, sans s'attendre à quoique ce soit en retour, juste la joie de cet instant présent lui suffit. Tim n'a besoin de rien d'autre, il se contente de ce qu'il a et il le fera également pour le bien de Primrose, il ne lui en demandera jamais trop. Juste ce qu'elle veut bien lui donner, à commencer par ses lippes, le brun l'espère réellement. |
| | | | (#)Mar 30 Mar 2021 - 23:42 | |
| Chercher à creuser là où il ne sert à rien de le faire est futile en soi. Ce n’est qu’un moyen comme un autre de combler les trous, le vide, le manque, le silence. Détourner l’attention pendant une millième de seconde, quand bien même l’un comme l’autre auront conscience que cela ne suffira pas. Que la façon de se regarder ne trompe personne, que la proximité qu’il y a entre eux ne peut qu’attiser ce que Primrose a essayé de repousser. Est-ce que ça va trop vite ? Est-ce que ce n’est pas précipité ? Est-ce que c’est convenable ? Est-ce que l’un ou l’autre va rejeter le prochain ? Est-ce que c’est possible de tomber aussi fort aussi rapidement ? Primrose n’entend que ses oreilles bourdonner, son cerveau qui n’a pas fini de comburer parce que Tim est si proche qu’elle pourrait voir toutes les nuances de bleu de ses yeux. Même si elle n’y connait rien dans le domaine l’art, même si la lumière est mauvaise et même si elle est sûrement bien trop happée par autre chose pour y faire vraiment attention. Elle regarde sans voir, sûrement parce qu’elle est plus concentrée sur ses lèvres, toujours aussi tentantes. Elle qui avait trouvé un moyen de retrouver un peu ses esprits, il vient de nouveau lui couper le souffle. "Parce que c'est comme ça, Prim'." Arrête de chercher là où il n’y a rien. Tout n’a pas de raison, la logique est parfois absente quand les relations humaines sont présentes. Quand ce sont les émotions, les sentiments qui prennent le dessus. Il n’y a pas d’explication à chercher, Primrose. Il faut juste que t’acceptes qu’il t’apprécie comme chaque être humain devrait le faire. Elle a si peu d’estime qu’elle s’efface trop rapidement. Alors forcément, qu’on lui concède une telle attention, cela ne peut être qu’étrange et bizarre à ses yeux.
D’autant que Primrose a senti qu’il y a eu quelque chose déjà il y a deux ans. Qu’ils avaient laissé évaporer, envoler parce que la vie a repris le cours de son fleuve, que Tim a eu ses propres démons autant que la jolie brune avait les siens qui lui tiennent toujours aux jambes. Ce qui revient en force depuis le début, qui se renforce depuis quelques minutes, et les dernières secondes parce que le beau brun s’est rapproché, une main sur la hanche comme pour l’empêcher de fuir et l’autre sur la joue, signe de l’indéfectible délicatesse qu’il lui promet à chaque pas, à chaque geste, à chaque mot, à chaque regard. "Est-ce que c'est un crime, ça? Je ne pense pas, Prim'." Le débat pourrait faire rage. Il y aurait des points pour et des points contre à établir dans une liste réfléchie et posée. Il y a des arguments à démontrer, à contrer, à trouver. Il y aurait tellement à redire sur cette phrase, sur cette question qui n’en est pas une. Primrose n’est qu’une pécheresse qui succombe à tous les péchés un à un, telle l’être faible qu’elle est sans pouvoir l’assumer.
Mais il n’y a pas de débat, ni à l’oral ni dans sa tête parce que Tim se penche et que Tim vient frôler ses lèvres des siennes et que c’est foutu pour foutu. Le frôlement qui devient un véritable appel, Primrose restante raide pendant quelques brèves secondes avant de réagir ses lippes contre les siennes. Elle n’a jamais su résister à la tentation, encore moins si ça lui procure une satisfaction certaine. Le mot satisfaction n’est pas suffisant pour décrire ce qu’il se passe. Ses lèvres qui se font plus ardentes contre les siennes, ses bras qui s’enroulent du cou de Tim tout en le rapprochant un peu plus contre elle, la jolie brune démontre à quel point elle ne compte pas fuir. Pas maintenant en tout cas, complètement charmée, attirée, irrémédiablement. Pas quand il a ses phalanges sur sa hanche, pas quand elle réalise qu’elle a des papillons dans le ventre et encore moins quand elle se dit qu’elle peut s’habituer à cela très facilement. Tim est si doux, tellement avenant et à l’attention de tout, comment elle peut résister ?
Primrose a tout son être au bord du précipice mais pour une fois, elle aimerait bien y plonger avec passion. Avec entrain et ferveur. Tous ses sens sont envahis par Tim actuellement, continuant à l’attirer contre elle. S’abandonner un instant, ressentir ce qu’ils n’ont pas connu il y a deux ans, revoir les images de cette scène, connaitre les gestes de Tim sur elle, les apprendre, jouer avec elle. Elle a déjà l’angoisse qui revient en force quand elle se sent obligée d’abandonner ses lippes au profit de sa respiration, saccadée, irrégulière, contre la sienne. Elle dépose un baiser sur la commissure de sa bouche, délicat et léger, ses bras qui n’ont pas bougé autour de lui, profitant encore de quelques minutes comme si c’est déjà les dernières. C’est un crime, Tim, un véritable carnage que tu viens de commettre dans son intérieur. Elle n’est pas fiable, Tim, tu vas droit dans le mur avec elle, elle va fuir, tu vas te sentir abandonner encore une fois et tu vas rejeter la faute sur toi. Alors que la fautive sera elle, elle toute entière qui s’entête tout simplement à lutter contre l’inévitable. Contre ces sentiments forts qui sont déjà en train de se créer entre vous, intenses, forts, renversants.
Quand elle aura quitté le cocon, Primrose va sûrement le réaliser. Elle va établir l’état des lieux, elle va s’inquiéter et elle va vouloir s’effacer de nouveau. Mais pour l’instant, elle reste dans la chaleur de l’étreinte de Tim. A qui elle confie doucement “ce n’est peut-être pas un crime mais ça reste une idée discutable.” Mais la jolie brune n’a nullement l’intention d’en parler. Ni maintenant ni demain. Peut-être plus tard, quand ils se retrouveront. Dans le secret des livres, elle se permet de l’embrasser timidement de nouveau. De quérir ses lippes rosées du bout des siennes. Prête à donner de l’espoir pour mieux pouvoir les anéantir après. Elle ne sait pas sur quel pied danser. Pas plus qu’elle peut mettre un voile clair sur ses sentiments. La seule certitude qu’elle a alors qu’une de ses mains vient caresser sa joue, c’est qu’elle est bien contre lui. Un peu trop bien, même. Et qu’elle ne veut pas le briser comme elle l’a fait avec la tasse. Par mégarde ou volontairement.
Encore un moment.
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| | | | (#)Mer 31 Mar 2021 - 0:52 | |
| Il fait ce qu'il n'a jamais pensé réaliser auparavant. Il montre qu'il a changé, Tim, qu'il peut se permettre plus de libertés sans avoir peur du refus qui vient relativement fréquemment. Il n'a pas si peur cette fois-là, sûrement parce qu'il a senti dès les premiers instants que c'était là, entre eux, dans leur atmosphère rien qu'à eux, cette envie de faire un peu plus que de profiter du corps de l'autre gratuitement. Il y a ce désir de se connecter plus encore, de vouloir ouvrir les vannes pour laisser libre court à toutes sortes d'émotions auxquelles ils se refusent dans d'autres circonstances. Après tout, ils ne l'ont pas fait deux années auparavant, malgré ce désir profond de faire vaciller les règlements dictés par la Poppy de l'époque, Timothy avait respecté le contrat. Il n'était là qu'en tant que client, il ne se considérait pas en droit de réclamer d'autres parts de ce qu'était la jeune femme. Pourtant, il a pris quelque chose d'essentiel ce soir-là parce qu'il a respecté Primrose dès les premiers instants, qu'il a capté sa présence derrière celle de Poppy et qu'il a tout de suite essayé de poser sa main sur celle-ci plutôt que la danseuse. Elle ne l'a pas forcément laissé faire, ce qui s'avérait plutôt normal à l'époque car elle n'était qu'une sauveuse d'un soir, la jeune femme qui passait par là au moment où Tim se faisait à nouveau agresser par une personne lambda aux attitudes douteuses. Ce n'était pas prévu au programme de ressentir quoique ce soit dans un moment intime avec ce client là en particulier mais Tim ne sait pas faire autrement que de donner, se donner, s'emporter aussi et c'est ce qu'elle a fait pour elle parce qu'il l'a désirée à ce moment-là et qu'il le fait encore aujourd'hui, même s'il n'est pas capable de mettre un sens ou des mots à tout cela. Parfois, il vaut mieux ne pas le faire, cela l'empêche aussi de souffrir mine de rien car les ruptures s'enchaînent de son côté et il n'a pas le coeur suffisamment accroché pour s'attacher vraiment et sans peur. Il veut juste avoir l'instant présent, ne pas avoir à réfléchir à la moindre conséquence pour une fois. Il a juste envie de l'embrasser, c'est ce qu'il lui dit, c'est sa réalité, sa vision de l'instant présent et Timothy ne peut pas lui offrir une meilleure argumentation que celle-là.
Parfois, il n'y a juste rien à saisir d'autre que l'occasion et c'est ce que veut faire le jeune français en sentant le corps de Primrose presque calé contre le sien et il voit que c'est harmonieux, qu'il n'y a pas un angle de travers, que tout colle à merveille... Il ne réfléchit pourtant pas à cela, il pose simplement ses lèvres là où il a envie de les mettre depuis longtemps déjà et il espère simplement que la jeune femme ne sera pas réfractaire à cette idée. Elle lui a indiqué l'inverse, c'est sûrement pour cela qu'il a osé et qu'il attend qu'elle réagisse, ce qu'elle fait au terme de quelques secondes, le temps de s'abandonner totalement à la magie de ce désir qui n'a jamais été assouvi jusque là. Là, Timothy réalise qu'ils s'embrassent vraiment, il la serre contre lui alors qu'elle lui rend son étreinte et qu'il approfondit le bonheur de l'instant, cherchant à se nourrir d'elle autant qu'il lui offre son âme entre ses lippes. Il ne cherche que cela, cette connexion profonde qu'ils vivent sans le vouloir mais qui peut aussi leur procurer plus de bonheur que tout le reste dans ce bas monde. Les bras de Primrose bougent, l'un derrière sa nuque, l'autre contre son visage et Tim bouge les siens contre son cou pour la bercer encore plus, son souffle mêlé au sien. Sa main est calée dans son dos et il a tellement envie de sentir sa peau plus que cela encore, il le sent, il le sait, mais le moment doit s'apaiser parce qu'une respiration doit être prise. Anderson se détache d'abord et les yeux azur plus sombres qu'à l'accoutumée de Tim ne la lâche pas pour autant. Elle n'est pas partie encore, elle ne bouge pas ses doigts et le français a juste envie de la soulever de terre et la caler contre lui, sans forcément qu'il n'y ait plus que cela, qu'une étreinte douce, quoiqu'il ne refuserait pas à leur passion d'antan de refleurir à nouveau. Il caresse sa joue d'un pouce tendre, son sourire s'étalant alors qu'un baiser à la commissure de là s'attache et il aime le geste, il l'accepte sans sourciller. "Parce que tu comptais en discuter de cette idée? Pas moi, pas maintenant. C'est bien aussi d'en profiter simplement..." Il a toujours ses yeux rivés sur les lèvres tentatrices de la petite brune et il avance un tout petit peu, sentant que le dos de Primrose se retrouve contre une étagère de bouquins. Il vient de nouveau l'embrasser parce que c'est une sensation délicieuse, une sensation dont il est avide, évidemment, ses lèvres glissant doucement contre d'autres parties du visage de la brune parce qu'il a envie de lui offrir cette affection, que sa joue est douce, que sa mâchoire est idéalement dessinée et que son cou lui tend les bras alors, autant s'y inviter, n'est-ce pas? Juste quelques secondes alors qu'il cale son buste contre le sien, un instant où il n'a envie de rien d'autre que cela, que revenir finalement à ses lèvres parce que c'est un privilège qu'elle lui donne et dont il veut profiter un maximum, la danse se voulant plus fiévreuse de son côté parce qu'il doit rattraper ce moment deux années auparavant où il n'a pas pu lui donner cette tendresse particulier, cette attention unique que, pourtant, elle mérite. Oh que oui, Primrose la mérite aux yeux de Timothy. |
| | | | (#)Mer 31 Mar 2021 - 7:31 | |
| C’est un goût différent, une saveur particulière et ça lui fait tourner la tête, à Primrose. Autoriser Tim à venir conquérir ses lèvres n’a rien d’anodin pour elle. Elle qui s’évertue de ne pas les laisser à la portée de n’importe qui, qu’il y a là une limite imposée parce que le geste est bien trop intime pour s’évertuer à l’accomplir dans un lieu aussi sordide que le club de striptease. Un geste qui fait gonfler le coeur tendre de la jolie brune, elle qui n’est que désireuse de l’offrir à quelqu’un malgré tout ce qui en découle derrière, des appels perfides de la réalité via la crainte et l’angoisse, le recul et la peur. Un geste qui lui fait oublier absolument tout à part lui, à part la solidité de ses bras autour d’elle, à part chaque expiration qu’il lui insuffle, qui lui donne. C’est vibrant, et cela lui rappelle exactement toutes les raisons qui font qu’elle ne s’y abandonne pas facilement.
Son cerveau éteint, complètement envahi, et ce ne sont que les pulsions physiques qui réagissent, qui opèrent. Elle s’en est privée depuis longtemps, elle s’est refusée à lui de cette façon-là il y a deux ans, elle a tenté d’ériger des murs et un panel de contraintes entre eux, en ayant toujours espéré que Tim ne finirait pas par craquer en perdant patience. Le temps est plutôt rapide, pourtant, mais il lui a semblé être une éternité. C’est sûrement dû au fait que Primrose ressent beaucoup trop en une seule seconde, et toutes celles qui se cumulent après, juste par la simple proximité de Tim.
Tim qui la garde contre lui, qui sourit contre ses lèvres, qui se doit sûrement d’être satisfait et comblé d’avoir opéré une telle victoire. Il a réussi à contrecarrer absolument tout et tout cela avec une douceur exquise qui ne peut que la faire chavirer, elle, la gamine en manque de solitude absolument tout le temps. "Parce que tu comptais en discuter de cette idée? Pas moi, pas maintenant. C'est bien aussi d'en profiter simplement..." Oh. Il se la joue perfide, en la coinçant aussi bien entre ses prunelles que contre l’étagère. Primrose secoue la tête légèrement alors qu’il vient l’embrasser de nouveau, qui s’applique à abandonner ses lippes aussi rapidement pour aller enflammer chaque parcelle de la peau de son visage. S’il essaie de la faire rougir, c’est chose faite. Toute cette attention est une compilation d’un ensemble dont elle n’était pas prête en faisant ici, elle qui rit légèrement quand Tim vient flatter son cou parce que ça chatouille agréablement et qu’elle n’a pas d’autre chose à faire que de respirer son odeur, d’apprécier l’inclinaison qu’il a vers elle, de ce corps qu’elle a déjà connu mais qui reste différent sous ses doigts parce que cette fois, c’est Primrose qui le tient et non Poppy.
C’est Primrose qui accueille de nouveau la fièvre sur Tim contre elle, de quoi lui faire perdre un peu plus la tête. Tic toc tic toc, profitez-en avant que le monde revienne à vous. La douce jeune femme qui s’étire légèrement sur la pointe de ses pieds tout en glissant une main dans la chevelure du français, tirant faiblement dessus alors qu’elle soupire contre lui. Il serait si facile de s’abandonner complètement, là, ici, à même les rayons. Mais ce n’est pas correct, c’est même carrément indécent et Primrose n’est pas assez téméraire pour ce genre d’initiative.
Et surtout, parce qu’il y a une pédale qui vient d’être appuyée avec brutalité dans sa tête en sentant qu’elle s’emballe avec une force inégalable. La faiblesse de Primrose réside ici ; dans le creux d’un membre qui ressent tellement la moindre sensation qu’il finit par rêvasser et donner à son cerveau bien plus à espérer qu’il ne faudrait. Alors quand la jolie brune se voit contrainte de laisser une nouvelle fois la bouche de Tim partir et qu’elle observe ce visage joliment dessiné, cette mâchoire fine et attrayante, ses cils qui soulignent la profondeur de ses iris, il y a une réalisation simple qui se fait. Un truc idiot, stupide ; vouloir être la raison de ce sourire absolument tous les jours. De s’incruster dans sa vie, de venir chambouler son quotidien, de redorer le blason de ce coeur esseulé par tant de malheur et de douleur. Elle se veut jouer les guérisseuses, Primrose, alors qu’elle-même n’a jamais réussi à se guérir en premier lieu ?
Ce n’est pas sérieux. Rien de tout ça ne l’est, elle le constate au fur et à mesure que son visage s’éloigne, que ses doigts perdent le contact avec lui, contre lui. Il n’y a rien de plus stupide de penser qu’il ne finira pas par la quitter un jour ou l’autre parce qu’elle n’est pas celle qu’il image. Il n’y a rien de sérieux dans cet espoir vain qu’il lui propose, qu’il lui offre. C’est complètement fou, elle ne peut pas juste profiter sans penser aux conséquences derrière. En son âme et conscience, Tim n’imagine pas tout le bagage qu’elle tient derrière elle - si tu lui disais comme il te le demandait au lieu de te la jouer mystérieuse aussi. Elle ne peut pas être une nouvelle personne sur sa liste qui va l’abandonner et pourtant…
Et pourtant, c’est exactement ce que tu comptes faire alors que tu places ta main sur son buste pour le reculer de quelques pas. Voilà, t’es déjà en manque. Pas de cocaïne à l’horizon, ni dans l’envie des veines, mais le bonheur plus simple de se camoufler dans ses bras. Mais Primrose ne peut pas s’oublier à son profit. Cela serait une erreur pour Tim en premier lieu que d’être égoïste et de lui promettre la lune alors qu’elle ne peut lui offrir que du gravier d’un sol sur lequel il finira forcément par tomber et s’écorcher parce qu’elle n’est douée que pour cela. Il est trop précieux pour ce monde pour qu’elle l'abîme, il est trop honnête pour sa perversité qui coule dans ses veines. Elle pense à lui autant qu’à elle car elle finira par forcément tout gâcher un moment ou un autre, non ?
Pauvre petite princesse incapable de voir plus loin. Qui n’arrive pas à faire confiance à Tim. Qui ne peut pas voir que celui-ci peut être un soutien, un pilier, qu’il est plus fort qu’il n’y parait. Qu’il peut être tout ce qui lui manque en ce moment. Qu’il peut lui offrir le monde rien qu’en la regardant, avec ses traits rieurs et agréables, son regard toujours un peu mélancolique et profond. Elle ne mérite pas de se battre le dos avec force et vigueur de la sorte, elle se punit autant qu’elle punit le brun, qui n’a rien demandé à part la quérir et la sublimer. Qui aurait envie de s’enticher d’un boulet pareil ? Je le fais pour son propre bien. Il est dangereux, Tim, et il ne s’en rend même pas compte. Les lignes sont brouillées et elle pourrait presque continuer comme ça, à naviguer entre l’incertitude et l’envie, mais il y a la petite cloche de l’entrée qui se fait entendre.
“Bonjour, y a quelqu’un ?” Quelqu’un qui n’a pas dû faire attention au panneau sur la porte et cela suffit à Primrose pour qu’elle s’écarte sur le côté pour se libérer de l’étagère contre son dos. C’est la réalité qui reprend le dessus, brisant leur cocon chaleureux et réconfortant dans un éclat brutal. La jolie brune baisse les yeux en passant ses doigts sur ses lèvres, comme si elle a honte d’avoir été pris sur un fait que personne n’a vu - mais il y a quelqu’un, qu’ils ont les joues et les lippes qui ont rougi admirablement et que ce n’est pas convenable. “Je- Je crois que je vais y aller.” Tout le charme s’est envolé et Primrose s’entête à fuir le regard de son partenaire avant que ses pieds l’entrainent précipitamment loin de l’intimité des rayons, loin des bras de Tim. Elle s’arrête pile quand elle voit le client au milieu des chaises et tables, le nez en l’air qui sillonne pour voir s’il y a quelqu’un. “Il y a quelqu’un. Il arrive. Il va s’occuper de vous.” Comme il s’est occupé de toi ? Oh l’humour n’est pas bien placé. Il a un goût amer et cela est sûrement du fait que tu profites de la présence du client pour ramasser tes affaires rapidement. C’est pour le mieux, c’est un signe, c’est la réalité qui revient en pleine figure.
Le pire étant sûrement qu’après tout ce qu’il t’a dit, tu ne lui laisses même pas le temps de s’expliquer. Ni même de te rattraper. Pas cette fois-ci. Elle déteste ce client autant qu’elle le remercie intérieurement. Ses doigts maladroits rattrapent le tout et elle garde la tête baissée quand elle se dirige vers la porte. La musique de la cloche titille une nouvelle fois et ce n’est que pour faire sonner ta fuite misérable. C’est mieux ici, tu te répètes. Tu emportes avec toi le souvenir persistant de ses lèvres contre les tiennes et surtout de ce numéro de téléphone, te rappelant que cette fois, la balle est dans ton camp. Que si vous vous revoyez, ce sera parce que tu auras pris ton courage tout entier. Mais pour l’instant, le courage se fait caduc alors que ses pas l’entrainent ailleurs. Elle ignore où aller et c’est avec la plus affreuse des peines qu’elle sait pertinemment où elle souhaiterait se réfugier ; dans ses bras, tout simplement. Damn you, Tim.
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| | | | | | | | So please, say you'll meet me halfway ¤ Prim(e)tim(e) |
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