« Rien de plus ». Je peine à la croire quand j’ai cette impression qu’elle sait déjà beaucoup trop de choses. Ce n’est clairement pas moi qui lui ai donné les informations concernant ce changement de « règne » au sein de Club et je ne suis pas sûre que ce soit quelque chose qui se répète facilement dans les rues de Brisbane. « C’est déjà beaucoup Dani ! ». Je lance alors, cherchant à la faire flancher. « A quel point TOI tu es au courant de tout ce qui se passe Mia ? Comment tu peux être sûr qu’il soit honnête ? ». Elle retourne la situation à son avantage, mettant en doute la sincérité qu’Alec peut avoir à mon égard « Je lui fais confiance ». Je souffle à demi-mots. Peut-être que je manque de confiance quand je dis cela et pourtant, je suis convaincue que c’est le cas. Parce qu’il se livre plus facilement, parce qu’il me parle un peu plus chaque jour de cette vie qu’il a souhaité me cacher.

« La ferme Mia ! ». Cette réponse suffit pour me montrer que j’ai visé juste. Qu’elle sait aussi que j’ai raison mais qu’elle préfère exprimer sa colère plutôt que de l’avouer. Comme toujours. Trop de fierté de son côté pour reconnaitre ses torts. Il y a encore un mouvement de tête en arrière quand elle me jette ses mots à la figure, et peut-être un sourire de ma part parce que je la vois désemparée. Le sujet est désormais tourné sur elle, sur sa relation avec Lawrence et ce sentiment que j’ai qu’elle se défend encore bien trop vite pour être honnête. Cette impression qu’elle n’assume pas ce qu’elle peut ressentir pour Cabbott, comme il y a des années en arrière, où elle a préféré mettre un terme à sa relation avec lui plutôt qu’assumer ses sentiments. « Et alors Mia ? Même s’il s’était repassé quelque chose, contrairement à toi je me berce pas d’illusions sur le fait que ça pourrait marcher ! ». Je croise les bras sur ma poitrine, l’écoutant en levant les yeux au ciel quand elle décide de m’attaquer encore, de me comparer à elle « Je ne me réveillerais pas dans quatre mois avec le cœur en miettes parce que oh non c’était une mauvaise idée, quelle déception ». Mes bras tombent le long de mon corps alors qu’elle prend cette voix pour m’imiter, ses paroles que j’ai déjà pu prononcer. Mon regard est noir et j’avance d’un pas vers elle « J’aurai au moins eu le cran d’essayer, quand toi tu te refuses de te laisser aller alors que tu aimes ce type depuis des années et que tu es juste INCAPABLE d’assumer ! ». Elle s’est trahie en plus, m’avouant à moitié qu’il s’est bel et bien passé quelque chose avec Lawrence « Peut-être que j’enchaine les déceptions, les désillusions, mais contrairement à toi, je sais ce que signifie qu’être heureuse. Même si cela n’a duré que quatre mois comme tu le dis. Tu n’as jamais connu le bonheur Danika et tu ne le connaitras sûrement jamais en agissant de la sorte ! ». Mon ton est las, plus calme, presque désolé d’en être rendue à ce triste constat pour elle.

« C’est déjà beaucoup Dani ! » La remarque est ignorée, rendue insignifiante par un haussement d’épaule, comme si ce n’était pas important, comme si elle n’en savait pas plus que ça, comme s’il n’y avait pas une pile de mensonges qui menaçait d’être dévoilée d’un moment à l’autre.

« Je lui fais confiance. » Danika secoue la tête d’un air désespéré, comme si elle voyait venir de loin la chute qui aurait lieu inévitablement que ce soit dans quelques semaines ou dans quelques mois.  Mia a l’air sûr d’elle, persuadée de ce qu’elle avance et la brune sait que ce n’est pas ce soir qu’elle arrivera à la convaincre de quoique ce soit.

Plus la conversation continue, plus elle prend une tournure que beaucoup qualifierai d’immature alors que les deux femmes se renvoient la balle, Danika allant même jusqu’à imiter le ton qu’elle a déjà employé pour mentionner ces précédents regrets.  Elle affronte son regard noir lorsqu’elle s’avance vers elle, le visage froid.

« J’aurai au moins eu le cran d’essayer, quand toi tu te refuses de te laisser aller alors que tu aimes ce type depuis des années et que tu es juste INCAPABLE d’assumer ! » Elle est incapable d’accepter les paroles de Mia. Alors que ces dernières raisonnent en elle, deviennent l’écho de ce qu’elle ressent, soulignent les sentiments bel et bien présents pour Lawrence qu’elle connait depuis trop d’années et qu’elle cherche à fuir depuis longtemps déjà.  Son visage n’exprime rien à part une colère noire, alors que ses poings se serrent et qu’elle n’a malheureusement rien à répondre, tant Mia touche juste  en réalité. « Peut-être que j’enchaine les déceptions, les désillusions, mais contrairement à toi, je sais ce que signifie qu’être heureuse. Même si cela n’a duré que quatre mois comme tu le dis. Tu n’as jamais connu le bonheur Danika et tu ne le connaitras sûrement jamais en agissant de la sorte ! ».

Elle fait un pas en arrière, refusant de montrer que les mots blessent bien plus qu’elle ne veut l’admettre. Danika se contente d’un regard et se détourne.  Car elle sait qu’une seconde de plus et elle ne contiendra plus la colère qui bouille dans son sang, l’envie de faire mal verbalement mais aussi physiquement. Et les mots comme les actes ne seront pas rattrapables, seront de trop dans cette amitié qui chancèle sous la lumière du feu de joie au loin.  Alors elle ne répond rien, se contentant de se glisser dans la foule sans un regard en arrière et de disparaître. Ce soir-là elle ne rentre finalement pas chez elle, incapable de faire face à Lawrence après que Mia ait si justement souligné les sentiments qu’elle ressent, se décidant à la place à retourner au bowling. C’est sur le ring du BB8 qu’elle déchaînera la tempête d’émotions. Quant au bonheur au fond, il n’y a que sur ce ring qu’elle le ressent vraiment.



@Mia McKullan