Cela faisait plusieurs semaines maintenant que l’Américain n’avait pas quitté le petit appartement qui lui avait servi de planque jusque-là. Arrivé blessé, il avait été soigné par Stacey et avait récupéré au fil des jours. Les premiers jours furent compliqués, il ne pouvait s’empêcher de broyer du noir, se posant mille et une question sur l’avenir qui l’attendait. Allait-il de voir fuir toute sa vie ? Allait-il devoir quitter le sol australien ? Il avait passé en revue de nombreuses solution pour se sortir du merdier dans lequel il se retrouvait et sa haine n’avait cessé de grandir au fil des jours. Hors de question pour lui de fuir, il allait se battre et récupérer ce qu’on lui avait pris et ce même s’il devait y laisser la vie. Il cogitait, il buvait, fumait, les jours se ressemblaient et paraissaient interminables. Il hésitait chaque jour à contacter son petit frère qui contre toute attente avait pris part à sa destruction. Il l’avait pourtant prévenu que les flics allaient débarquer dans son appartement de Fortitude Valley, mais ce qu’il avait appris ensuite l’avait mis hors de lui. Il avait décidé de prendre le parti de Raelyn, un choix qui n’avait pas fait l’immunité. Si la relation des deux frères n’était pas au beau fixe, l’ainé n’avait jamais franchi ce cap, la trahison ne faisait pas partie de ses valeurs, pas envers sa propre famille et pourtant Alec ne s’était pas gêné, il avait tourné le dos une fois de plus à son grand frère. Il était en colère l’Américain, il était à bout de nerfs, imaginant de quelle manière il allait pouvoir se venger de son frère, ce qu’il n’avait jamais pensé faire.
Il avait passé quelques coups de fil à des contacts fiables. Malgré la colère et l’impulsivité dont il pouvait faire preuve, il n’oubliait pas d’être prudent et il ne pouvait pas s’adresser à n’importe qui prenant comme exemple la trahison d’un soit disant allié qui l’avait mené directement dans la gueule du loup. Il s’était fait tirer dessus et avait frôlé la mort. Il n’avait jamais été méfiant à ce point et c’est après avoir pris toutes les précautions nécessaires qu’il quitta l’appartement. Casquette sur la tête, tête baissée, une barbe de trente jours et une tenue décontractée. Il était prêt à taper fort. Il rejoignait à pied une route proche de l’autoroute ou il trouva le véhicule qui avait été déposé des heures plus tôt par un allié. La voiture de monsieur tout le monde, de quoi se fondre dans la masse. Il récupérait les clés dans un buisson et démarrait en direction de Brisbane et plus précisément Spring Hill. Que ça faisait du bien de prendre l’air et de voir autres choses que l’appartement maussade qu’il occupait depuis des semaines.
Durant tout le trajet, il ne manqua pas d’observer son rétroviseur, se méfiant du moindre véhicule le suivant. Il prenait un gros risque en retournant en ville, mais il n’en pouvait plus, il ne tenait plus, il était comme un lion en cage et il avait besoin d’agir. Les minutes défilaient et la pression ne cessait d’augmenter. Il observait l’arme posé sur le siège passager tout en soupirant. « Putain, je n’ai vraiment pas envie de faire ça. » Il n’avançait pas avec guetté de cœur et hésita même à descendre de la voiture lorsqu’il arriva en bas du bâtiment. Il sortait discrètement du véhicule, regardant autour de lui avant d’entrer dans l’immeuble. Il arrivait devant la porte et crocheta la serrure sans grande difficulté, entrant dans l’appartement de Mia Mckullan sans attendre. Il observa les lieux afin de s’assurer qu’il était bien seul et s’installa sur le canapé confortablement, attendant l’arrivé de la blonde avec impatience.
Une journée de plus s’est écoulée, durant laquelle j’ai pas mal couru pour réaliser un reportage sur une troupe de danseurs qui se donnait en représentation dans plusieurs endroits de la ville, spontanément. Pas d’indices laissés par avance, juste un message au dernier moment sur les réseaux sociaux. Je trouvais l’idée vraiment intéressante et donc j’ai décidé de les suivre durant toute cette journée. Lorsqu’enfin celle-ci touche à sa fin, je ne traîne pas dans les locaux du Brisbane Times. En sortant, j’essaye de joindre, en vain, Alec, pour lui demander s’il souhaitait passer ce soir. Voilà plus d’un mois et demi que lui et moi sommes désormais ensemble et il ne passe presque plus un jour sans que nous ne nous voyions. Sa présence me réconforte, cette petite routine que nous sommes parvenus à construire ensemble ne fait que conforter mon choix d’avoir accepter sa vie, d’avoir accepté qui il était malgré tout. Les sentiments ont été plus forts que la raison, quand tout pourtant aurait dû nous éloigner définitivement. Mais depuis ces nombreuses semaines avec lui, je me sens enfin heureuse, comblant ce manque que je ressentais inlassablement en étant loin de lui. Rassurée de me dire qu’il sera à mes côtés le soir après une longue journée éreintante comme celle que je venais de passer.
N’obtenant pas de réponse, je raccroche alors sans prendre la peine de lui laisser un message me disant que j’essayerai de le joindre une fois rentrée à l’appartement. C’est donc la direction de celui-ci que j’emprunte, comme souvent, à pied, mon lieu d’habitation et mon lieu de travail ne se trouvant pas si éloigné que ça. C’est aussi un moyen pour moi de prendre l’air, d’apprécier cette ville que j’affectionne tant, cette ville dans laquelle j’ai grandi. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, j’arrive devant mon immeuble. Je passe les portes coulissantes pour y pénétrer, et monte rapidement dans l’ascenseur pour atteindre l’avant dernier étage. Je sors mon trousseau de clé que je fais tomber maladroitement en arrivant devant la porte. « Shit » je laisse échapper en me baissant pour les ramasser. J’insère enfin la clé dans la serrure et me rend compte que la porte est déjà ouverte. Mes sourcils se froncent, étonnée mais pas plus que ça quand je vis en colocation et que mon meilleur ami est peut-être là ce soir. J’ouvre alors et lance un « Knox ? » en refermant la porte derrière moi. Je m’avance jusqu’à la grande pièce principale, où la cuisine ouverte donne sur le salon. Et soudainement… je me fige.
Je me fige car, dans le canapé, ce n’est pas Knox qui y est confortablement installé. Mais un inconnu. Une sueur froide parcourt mon corps au moment même où mes yeux se posent sur cette personne… Je lâche en même temps mon sac qui tombe bruyamment au sol et fait un pas en arrière « Qui… qui êtes-vous ? ». Ma voix tremble, mon yeux écarquillés, trahissant cette peur qui m’envahit lentement. Je comprends alors que cet inconnu est entré par infraction chez moi et je tressailli rien qu’à cette idée. Je suis incapable de bouger et pourtant, j’ai ce réflexe d’aller récupérer mon téléphone dans la poche arrière de mon jean, prête à le sortir, presque menaçante envers la personne qui se trouve devant « Sortez d’ici ou j’appelle la police ». C’est surtout à Alec que je pense à ce moment même, à ce regret de ne pas avoir essayé de le joindre encore une fois avant de rentrer, quand j’ignore si ce soir, il viendra. Et quand bien même il viendrait, je me demande si, finalement, ce ne sera pas trop tard…
L’attente était presque longue pour l’Américain qui risquait de se faire prendre en se trouvant à Brisbane. Quiconque l’avait vu pouvait le balancer aux flics ou même au Club dirigé par Raelyn. Il faisait partie des hommes les plus recherchés sur le territoire australien et le fait d’être arrivé jusqu’ici, entrant dans un appartement en crochetant une serrure, le faisait clairement rire. Il n’était pas si rouiller que ça, finalement. Il avait pris le temps d’observer ce qu’il y avait tout autour de lui, il observait quelques photos de loin et constatait que c’était l’appartement de monsieur tout le monde, rien ne laissait présager qu’un criminel avait une raison de venir ici pour porter des menaces à une jeune femme et pourtant, c’était le cas. La faute à la mauvaise fréquentation de la blonde qui avait décidé de donner son cœur à la mauvaise personne, en la présence de son petit frère qui se tirerait sûrement les cheveux s’il apprenait la présence de son ainé en ces lieux. Mitchell avait regardé sa montre quelques secondes avant d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir. Ça y est, le moment était venu, le moment qu’il attendait pour mettre en marche sa vengeance personnelle. Il soufflait un bon coup, un souffle digne d’un acteur se préparant à monter sur scène avant un spectacle. Il s’empressa d’afficher un sourire narquois lorsque son regard croisa celui de Mia qui était surprise d’apercevoir un étranger dans son salon. Il l’observait, il se rendait compte que son premier réflexe était d’attraper son téléphone. Mauvaise idée. « Mia ! J’ai failli perdre patience. » Qu’il disait tout en se levant avec un grand sourire. Il avançait doucement vers elle alors qu’elle ne tardait pas à lui demander qui il était. « Je vais vraiment me vexer. Tu ne me reconnais pas ? c’est moi, ton beau-frère ! » Son ton se voulait enjoué. « Et si tu veux bien, on va laisser la police en dehors de ça, je ne les aime pas vraiment et ça serait dommage qu’en arrivant, ils tombent sur le corps d’une belle blonde sans vie. » Son regard s’était assombri, il tenait son arme de façon à ce que la jeune femme la remarque et retirait sa casquette pour se sentir plus à l’aise. « Tu m’excuseras, j’aurai bien voulu faire un effort de présentation, mais me rendre chez le coiffeur en ce moment est plutôt risqué. » Il justifiait sa nonchalance avec un peu d’humour. « En tout cas, je suis vraiment, mais vraiment ravi de te rencontrer ! Je n’ai tellement pas entendu parler de toi ! » Alec avait gardé pour lui sa relation avec Mia et Mitchell l’avait appris via une source qui s’était ravie de balancer la nouvelle à Mitchell. « Ça va ? Tu supportes bien le fait d’être amoureuse d’un criminel ? » Il ne lui laissait pas vraiment le temps de répondre et saisissait le téléphone dans ses mains. « Si tu permets. » Il s’éloignait, faisant comme chez lui et reprenait place sur le canapé. « Je t’en prie ! Joins-toi à moi, je suis sûr que nous avons beaucoup de choses à nous dire ! » Sourire malicieux sur les lèvres, il ne la quittait pas du regard.
« Mia ! J’ai failli perdre patience ». Cette voix me fait me stopper net, me glace sur place, me retrouvant dans l’impossibilité d’effectuer un mouvement de plus. Parce que cette voix, je ne la connais pas, mais cet inconnu, en revanche, lui, me connait. Il prononce mon nom comme si nous étions des connaissances de longue date. Je me rends compte alors qu’il est entré par infraction chez moi mais surtout qu’il n’a pas choisi n’importe quel appartement de l’immeuble. Il aurait pu être qu’un simple voleur à la recherche d’un butin quelconque mais il semblerait que la personne qui se tient devant moi, confortablement installé sur mon canapé, avait choisi mon appartement parce qu’il avait un but ultime. Lequel ? Je l’ignore encore mais je suis persuadée que je ne vais pas tarder à le découvrir. La première question qui me vient est celle de savoir qui il est « Je vais vraiment me vexer. Tu ne me reconnais pas ? C’est moi, ton beau-frère ». Il s’approche, me permettant de l’observer plus attentivement. Il a cette casquette toujours vissée sur sa tête, et cette barbe qui ne peut me permettre de reconnaitre tout de suite que j’ai tout simplement en face de moi Mitchell Strange. Cet homme en cavale, cet homme qui n’est autre que l’ancien chef de gang du Club, cet homme vivement recherché par la police et dont le portrait est passé dans les médias maintes et maintes fois il y a de ça plus d’un mois et demi. Mais surtout, cet homme n’est autre que le frère d’Alec… Et lorsque je comprends enfin qui il est, mon cœur se met à tambouriner dans ma poitrine, à tout rompre. Parce que je me souviens de ce qu’Alec m’a confié, lorsqu’il est venu ce jour là aussi m’avouer ses sentiments pour moi. Il m’a avoué avoir trahi ce frère à qui il a été, pendant trop longtemps, loyal. « Mitchell… » je murmure alors, comme pour réaliser moi-même. « Et si tu veux bien, on va laisser la police en dehors de ça, je ne les aime pas vraiment et ça serait dommage qu’en arrivant, ils tombent sur le corps d’une belle blonde sans vie ». J’étais prête à rétorquer mais ces derniers mots m’en dissuadent, et encore plus quand je me rends compte de l’arme qu’il tient et de ce regard sombre qu’il me jette. Je maintiens son regard malgré tout mais je déglutis difficilement, ma main tremblante alors que je laisse retomber mon bras le long de mon corps, tenant mon téléphone que je n’essayerai pas d’utiliser. « Tu m’excuseras, j’aurai bien voulu faire un effort de présentation, mais me rendre chez le coiffeur en ce moment est plutôt risqué ». Il y a ce haussement de sourcil qui montre que là encore, en temps normal, j’y serai aller de mon petit commentaire sarcastique mais je restais muette comme une tombe. Parce que je reconnais désormais les traits de Mitchell Strange quand enfin il retire cette casquette qui ne m’a pas permis de le reconnaitre « En tout cas, je suis vraiment, mais vraiment ravi de te rencontrer ! Je n’ai tellement pas entendu parler de toi ! » « J’aimerai en dire autant », je lance sèchement et spontanément. Mon regard devient noir, tentant d’enfouir cette peur au fond de moi, essayant de faire abstraction de cette arme qu’il tient et de sa menace qu’il pourrait mettre à exécution à n’importe quel moment. « Ça va ? Tu supportes bien le fait d’être amoureuse d’un criminel ? ». Mes sourcils se froncent alors quand il évoque Alec mais je n’ai pas vraiment le temps de réagir qu’il vient me prendre mon téléphone des mains « Si tu permets ». Je ne résiste pas, je le laisse faire, le regardant s’éloigner pour reprendre place sur le canapé « Je t’en prie ! Joins-toi à moi, je suis sûr que nous avons beaucoup de choses à nous dire ! » « Je n’ai rien à vous dire ! » je réponds alors du tac au tac, ne m’exécutant pas à venir le rejoindre comme il m’invite pourtant à le faire « Pourquoi vous êtes là ? ». Je suis pétrifiée et pourtant je me risque à lui poser cette question. Je sens mon cœur battre à mille à l’heure dans ma poitrine, je ne le lâche pas du regard comme pour être sûre qu’il ne finira pas par pointer cette arme sur moi. « C’est quoi le plan ? Vous vengez de votre frère ? Tuer sa petite-amie et repartir en cavale ? Vous avez tout à perdre ! ». Je ne devrais peut-être rien dire, je ne devrais pas me risquer à continuer à parler de la sorte à cet homme, ce frère de l’homme que j’aime, mais il y a cette adrénaline nourrie par la peur qui me pousse même à faire un pas de plus dans le salon, comme prête à défier cet homme à mettre son plan à exécution.
Il ne perdait pas de temps l’Américain pour mettre l’ambiance tendue en place, il avait accueilli la blonde qui était malgré tout chez elle avec aise et ironie. Il était resté enfermé durant plus d’un mois et que ça lui faisait du bien de voir autre chose et de pouvoir à nouveau jouer au méchant. Malgré lui. Il n’avait jamais pensé s’en prendre à Mia et ce même si son petit-frère et lui était en froid, mais la trahison d’Alec avait nourri sa haine et il avait décidé de choisir la facilité, s’en prendre à la personne la plus proche de lui, taper là ou ça fait mal tout comme lui l’avait fait en rejoignant Raelyn. Ils étaient loin des deux frères seuls contre tous. L’Américain était bien trop fier pour avouer qu’il était blessé au plus haut point, il préférait agir de la même manière qu’on le voyait. Le paranoïaque fou, le méchant ou peu importe. Elle murmurait son nom et ça le faisait sourire. Elle savait qui il était, tout comme elle devait sûrement tout savoir sur la vie de son frère. Une question lui venu aussitôt, se demandant si Alec l’avait mise au courant de la mésaventure qui avait eu lieu à Las Vegas des années plus tôt. Une question qu’il décida de garder pour lui pour le moment.
Elle n’était pas ravie de le rencontrer et c’était légitime. Il apercevait une lueur de rébellion dans le regard de la blonde et Mitchell ne manquait pas de se pavaner avec son arme pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas à rétorquer de la sorte. Il saisissait son téléphone et il le rangea dans sa poche sans même y prêter attention. Il l’inondait de question avec audace et fut surpris de l’entendre lui répondre ainsi. Il garda son calme, usant du même ton depuis le début. « Ah oui ? Parce que moi, j’ai beaucoup de choses à dire, ça tombe bien ! » Il lui offrait un grand sourire. « Ah et si tu veux bien, on va oublier le vouvoiement, on est presque de la même famille non ? » Elle n’avait pas la chance d’être tombé dans une famille dit « normale » et elle allait vite le comprendre. « Je suis là parce que j’ai envie de faire connaissance avec la petite amie de mon frère ! Je ne vois pas où est le mal, c’est ce qui se fait non ? C’est plutôt sérieux entre vous j’ai l’impression. » Il savait juste qu’elle faisait partie de la vie de son frère, qu’il devait sûrement en être fou amoureux et qu’il devait espérer une vie prospère à ses côtés. Il allait sûrement tout faire capoter et mettrait sûrement la faute sur son grand frère en pleurnichant que c’est à cause de lui s’il en est là. « Détends toi ! » Qu’il disait en s’adossant sur le canapé. « Ce qu’il faut que tu te dises c’est que si je suis là ce soir, c’est à cause de mon frère, si je te tire dessus ça sera aussi de sa faute, tout est de sa faute en réalité donc ne me regarde pas comme si j’étais le méchant, je suis une victime dans cette histoire ! » Le ton dramatique qu’il utilisait était digne des plus grandes pièces de théâtre et il affichait à présent un visage satisfait de sa prestation. « Donc, maintenant, viens t’asseoir et ne me force pas à te venir en aide pour le faire. » Il montrait à nouveau le canapé. « S’il te plaît ? »
Je devine qui il est dès l’instant où il annonce avec ironie être mon beau-frère. Les images des informations qui passaient en boucle en ce douze février, le portrait de Mitchell Strange en cavale, recherché activement par la police, la saisie du restaurant dans lequel Alec travaillait et où surtout, toutes les activités illégales menées par le Club se déroulaient, me reviennent en tête. Mon cœur s’accélère, la menace de son arme qu’il tient à bout de bras pour me faire comprendre qu’il n’est pas là pour une simple visite de courtoisie. Je suis au courant oui, je sais qui il est mais je sais aussi et surtout sa relation avec son frère. C’est ce qui m’effraie quand je me souviens des confessions d’Alec ce jour où il est venu frapper à ma porte pour m’ouvrir son cœur, m’avouer ses sentiments bien trop longtemps refoulés. Ce jour où il m’a avoué que tout n’était qu’un simple coup monté, que la police a été utilisée pour faire tomber son frère, celui qu’il a reconnu avoir trahi après avoir passé des années à ses côtés, à le soutenir. Malgré ce geste, malgré l’acte de trahison, j’ai décelé chez Alec des regrets, une part d’inquiétude. Une décision qui n’a pas été facile à prendre mais qui semblait nécessaire pour lui après tout ce temps. Je ne pouvais le juger quand je n’avais pas toutes les cartes en main, ne connaissant pas toute leur histoire. Mais ce que je sais présentement, c’est que si Mitchell Strange se tient dans mon appartement aujourd’hui, c’est uniquement pour se venger.
L’angoisse qu’il puisse mettre à exécution sa menace est présente, pourtant, je veux lui montrer le contraire. Je ne me démonte pas, osant lui répondre sèchement quand il pense qu’on a beaucoup de choses à se dire lui et moi. Il reste calme et pourtant son cynisme et cette manière d’agir montre qu’à tout instant, il peut vriller et les choses peuvent mal tourner. « Ah oui ? Parce que moi, j’ai beaucoup de choses à dire ça tombe bien ! ». Mon sourcil s’arque instinctivement, intriguée par ce qu’il pourrait bien avoir à me raconter quand je ne le considèrerai jamais comme le beau-frère qu’il se prétend être. « Ah et si tu veux bien, on va oublier le vouvoiement, on est presque de la même famille non ? ». Il m’est difficile de contenir un rire un peu moqueur « Jamais ! », je réponds alors assez vite, sans réfléchir. Le tutoiement sera aisé car il ne mérite pas cette distinction, ce respect que je lui offre, lui qui n’en a aucun, bien trop à l’aise alors qu’il n’a rien à faire ici. « Je suis là parce que j’ai envie de faire connaissance avec la petite amie de mon frère ! Je ne vois pas où est le mal, c’est ce qui se fait non ? C’est plutôt sérieux entre vous j’ai l’impression ». Je reste stoïque, ne bougeant pas d’un poil « Tu as une drôle de façon de t’y prendre. Peut-être que j’y aurai cru si tu avais daigné attendre que je sois là pour demander à entrer dans mon appartement ». Il n’a aucune bonne intention et je le sais. Il ne fait que faire durer le plaisir, celui où il a le rôle du méchant, où il a le dessus sur la situation bien que je tente de ne pas me laisser faire. Mais je sais que je ne fais pas le poids, je ne le ferai jamais quand il avait cette arme dans les mains. « Détends-toi ! Ce qu’il faut que tu te dises c’est que si je suis là ce soir, c’est à cause de mon frère, si je te tire dessus ça sera aussi de sa faute, tout est de sa faute en réalité donc ne me regarde pas comme si j’étais le méchant, je suis une victime dans cette histoire ». Il y a du mépris dans mon regard quand il ose accuser Alec de tous les maux, le blâmer alors qu’il est celui qui a les cartes en main, celui de mon sort. Ma gorge se noue parce que la peur m’habite un peu plus quand cette menace se fait plus oppressante, que j’aimerai me réfugier dans les bras de son frère à cet instant, qu’il soit là pour me protéger de Mitchell. Je déglutis difficilement, ne le quittant pas du regard « Donc, maintenant, viens t’asseoir et ne me force pas à te venir en aide pour le faire. S’il te plait ? ». Je ne veux pas lui obéir, je ne veux pas lui faire ce plaisir. Pourtant, je me dirige d’un pas lent et mal assuré vers ce canapé que je ne regarde plus de la même manière, moi qui ai toujours cette habitude en rentrant de m’étendre dessus pour pouvoir regarder un truc stupide à la télé ou écrire dans mon carnet. Je prends place au bout du canapé, tentant de retrouver une certaine contenance quand je daigne reprendre la parole « Tu as beaucoup de choses à me dire apparemment… Alors je t’écoute ». Lui obéir m’est difficile quand j’ai toujours détesté qu’on me dicte ce que je devais faire, ma présence sur ce canapé l’est tout autant quand il m’y force, ne m’en laisse pas le choix. A défaut de pouvoir le faire physiquement, j’utilise les mots pour tenter de reprendre un peu le dessus « Tu veux peut-être me dépeindre ton portrait, déconstruire cette image qu’Alec a pu me donner de toi ou celle que j’ai pu voir de toi aux infos ? Ou me prouver que j’ai choisi le mauvais frère peut-être ? ». Je sais que je prends un risque en agissant ainsi, mais je suis incapable de me terrer dans un silence que je ne supporte pas, quand j’ignore quel sera l’issue de cette rencontre… Il y a une certaine colère qui se lit dans mes yeux au fil des mots, mes mains posées sur mes cuisses, se crispant un peu plus, alors qu’elles commencent à devenir moites. Parce que si par mes mots je montre une certaine force, il n’en est rien en réalité. Mon cœur bat bien trop vite, les minutes s’écoulant me paraissant être une éternité.
Il n’avait pas tardé à se présenter à sa façon auprès de la blonde, laissant tout moyen conventionnelles de côté pour cette première rencontre avec la petite amie de son frère qui à ses yeux n’était rien d’autre qu’un traître. Il n’en était pas à son premier plan d’intimidation pour obtenir sa vengeance, il avait fait ça bien trop de fois déjà. Tuer des gens pour toucher d’autres personnes, c’était devenue un genre de routine pour l’Américain qui ne comptait plus les dommages collatéraux. Pourtant ce soir, face à Mia, il ne ressentait pas la même satisfaction qu’auparavant, non, il était venu ici avec hésitation, se demandant si c’était vraiment le bon choix de menacer l’innocente petite amie de son frère qui n’avait rien demandé. Il avait pesé le pour et le contre durant quelques minutes sur la route et avait finalement quand même franchit la porte de cet appartement. La seule raison qui l’aurait poussé à ne pas être présent face à la blonde, c’était que Alec est son frère. La vengeance n’était pas censée exister entre eux, jamais. Mitchell se l’était même juré un jour qu’il ne s’en prendrait pas à son frère si ça devait mal tourner et pourtant, il bafouait cette parole donnée à lui-même en tenant fermement son arme face à Mia. Il avait déjà prévu de nombreux arguments pour sa défense, puis il était dans une position qui le forçait à agir ainsi. Il devait reprendre du poil de la bête, regagner en crédibilité pour enfin affronter ceux qui lui avait tout pris. Sa vie était synonyme de vengeance de toute façon.
La jeune femme n’avait pas sa langue dans la poche et cela ne l’arrangeait pas du tout. Son but étant de l’intimider, elle le regardait directement dans les yeux et ne cédait pas à la panique malgré l’arme présente. Elle lui répondait sans aucune retenue et le forçait à reformuler sa demande en se montrant plus persuasif. « Ce n’est pas une chose qui m’arrange crois-moi, je ne suis pas du genre à m’en prendre à ma propre famille et pourtant ! » Il lui répondait avec un grand sourire sur les lèvres. « Oui et tu m’aurais invité à boire le thé pour qu’on discute et pour que je te raconte la belle enfance que nous avons eut ! » Il riait. « D’ailleurs, j’ai de belles photos de mon frère bébé, fais-moi penser à te les montrer ! » Il en faisait des tonnes et ne manquait pas d’user d’humour. « Je ne suis pas le genre de personne qu’on invite, c’est plutôt l’inverse ! » Qu’il ajoutait finalement avec plus de sérieux. Il mettait ensuite sa présence sur le dos de son frère, voulant faire comprendre à la jeune femme qu’il n’était pas celui à blâmer pour tout ça, lui proposant ensuite une fois encore de se joindre à lui pour pouvoir discuter calmement. Elle ne montrait aucune joie à le rejoindre, mais exécutait sa demande sous la contrainte. « Bien. Tu vois ce n’était pas si compliqué. » Commentait-il avant qu’elle l’invite à lui dire ce qu’il avait à dire. Il ne manqua pas de sourire. « Nous allons y venir. » Qu’il disait juste avant qu’elle prît la parole. Il riait en premier lieu en l’entendant parler. « Si tu veux, je peux faire ça, mais franchement, on sait tout les deux que c’est Alec le gentil et moi le méchant, aucune surprise à ce niveau-là, du moins en apparence. » Sourire narquois sur les lèvres. « Tu es très jolie, mais ça serait mal placé, et même de ma part Mia, mais promis, je ne dirai rien à Alec ! » Il s’éclatait, mais reprit très vite son sérieux. « Si tu veux bien, je vais t’expliquer pourquoi je vais vouloir m’en prendre à toi.» Il marquait une pause. « Pas de panique, ce n’est pas pour ce soir ! » Il croisait les jambes. « Comme tu le sais déjà, mon frère m’a trahi et a choisi le camp de l’ennemie, après des années passées ensemble, seuls contre tous.» Penser à ce qu’il avait vécu avec Alec le rendait maussade, mais il faisait tout pour garder bonne figure. « Tu trouves ça normal ? » Qu’il lui demandait finalement.
« Ce n’est pas une chose qui m’arrange crois-moi, je ne suis pas du genre à m’en prendre à ma propre famille et pourtant ! ». Je me retiens de rire à cette affirmation quand il semble exprimer des regrets à devoir en arriver là. Des regrets auxquels je ne crois pas. La remarque pourrait être facile là aussi mais je préfère me retenir tant la menace plane et que cette arme, qu’il tient fermement, pourrait à tout moment être pointé sur moi. « Oui et tu m’aurais invité à boire le thé pour qu’on discute et pour que je te raconte la belle enfance que nous avons eu ». Son rire et son sarcasme alimentent cette colère que je tente de contenir, tout comme ces réponses que j’ai envie de lui balancer. « D’ailleurs, j’ai de belles photos de mon frère bébé, fais-moi penser à te les montrer ! ». « Comme si nous allons nous revoir » je ne parviens pas à me retenir, son comportement m’agaçant, cette trop grande aisance qu’il a, tel un acteur sur scène se donnant en spectacle. « Je ne suis pas le genre de personne qu’on invite, c’est plutôt l’inverse ! ». Le ton change soudainement, il redevient sérieux, reprend sa place d’homme menaçant, d’homme à craindre, celui d’un ancien chef de gang avec qui vous n’avez pas envie de plaisanter.
Cette fois, je m’exécute, à contre cœur, mais je le rejoins sur le canapé, m’asseyant à l’autre bout pour ne pas avoir à être à ses côtés, cherchant à maintenir une certaine distance, comme si cela allait me protéger, me permettre de fuir si les choses venaient à s’envenimer. « Bien. Tu vois ce n’était pas si compliqué ». Je ne le lâche pas du regard, le surveillant comme l’huile sur le feu. Mes mains posées sur mes cuisses, ma posture assise mal assurée, je reprend de la contenance pour lui demander ce qu’il a à me dire. « Nous allons y venir ». Il fait durer le suspense, semble vouloir faire languir le plaisir, celui de la menace qui plane au-dessus de ma tête et qu’il sait que cela m’effraie malgré cette apparence que je tente de maintenir. « Si tu veux, je peux faire ça, mais franchement, on sait tous les deux que c’est Alec le gentil et moi le méchant, aucune surprise à ce niveau-là, du moins en apparence ». « Au moins une chose sur laquelle nous sommes d’accord », je ne peux m’empêcher de lancer. Je voyais Alec comme ce petit frère qui s’était laissé influencer bien trop longtemps par son frère ainé. Un frère qui devait certainement être son modèle et qui s’est laissé entraîner dans de sales affaires, dont il ne sait plus comment se tirer désormais. Parce que les seules issues selon lui ne sont que la case prison ou une balle dans la tête. Ses paroles résonnent encore dans ma tête, me perdant dans mes pensées, mais j’en suis vite extirpées par la prise de parole de Mitchell « Tu es très jolie, mais ça serait mal placé, et même de ma part Mia, mais promis, je ne dirai rien à Alec ! » « Quelle déception !». Je joue, je rentre dans son jeu, dans son ironie, parce que je suis incapable de me taire, de rester impassible. Strange retrouve alors son sérieux « Si tu veux bien, je vais t’expliquer pourquoi je vais vouloir m’en prendre à toi ». Cette fois, il n’y a plus de jeu et je me fige, un frisson parcourant mon corps tant la menace est à nouveau bien présente ; Il compte s’en prendre à moi, de quelle manière, je l’ignore, mais je me décompose « Pas de panique, ce n’est pas pour ce soir ! ». Je gagne visiblement quelques heures au point que je devrais visiblement l’en remercier. Mais aucun son ne sortira d’entre mes lèvres « Comme tu le sais déjà, mon frère m’a trahi et a choisi le camp de l’ennemie, après des années passées ensemble, seuls contre tous. Tu trouves ça normal ? ». Mon regard vient retrouver le sien et il peut voir du mépris dans celui-ci. S’il pense naïvement que je puisse être de son côté, comprendre qu’il a mal vécu la trahison de son frère, il se met clairement le doigt dans l’oeil. « S’il a fait ça, c’est qu’il avait certainement ses raisons, Mitchell ». J’ose prononcer son prénom, insistant bien sur celui-ci « T’es-tu déjà demandé ce dont ton frère avait réellement envie ? Il a été toujours là pour toi, et ça jusqu’au bout, au point de te prévenir pour la descente de flics. Il a été loyal à ton égard pendant toutes ces années. Tous les sacrifices qu’il a pu faire en ton nom… Mais pour quoi finalement ? Qu’est-ce qu’il a gagné dans tout ça ? ». Je prends évidemment la défense d’Alec, repensant aux explications qu’il a pu me donner quand il s’est enfin autorisé d’avoir un semblant de vie normale à mes côtés. Quand il m’a fait part qu’il avait sacrifié beaucoup trop de choses, son bonheur notamment, cette possibilité d’être avec moi surtout. Je viens à prendre une position plus confortable, croisant mes jambes et venant poser mes bras sur celles-ci, croisés également « Peut-être devrais-tu te remettre en question pour comprendre pourquoi ton propre frère en est venu à te trahir. Et si tu cherches à obtenir de l’aide de ma part, que je joue ta psychologue ou que je sois de ton côté, ce n’est pas ici que tu la trouveras ».
L’Américain était resté enfermer un bon mois et avait été comme un lion dans une cage ayant hâte de sauter sur sa proie. Malheureusement pour la blonde, elle était la première personne sur sa liste et ce n’était pas la meilleure place à avoir. Mitchell était plus tendu que jamais, très en colère et le moindre agacement pouvait le pousser à appuyer sur la détente. Il s’était longuement posé la question avant de se rendre dans l’appartement de Mia. Voulait-il vraiment faire de la petite amie de son frère un dommage collatéral à leur histoire ? Il avait pesé le pour et le contre et malheureusement la balance avait penché du mauvais côté. Il se décidait à piétiner la chance d’être en vie pour être fidèle à lui-même, pour être ce monstre, cet homme paranoïaque qui se méfie même de son ombre. Il surjouait pour rendre la situation plus amusante à ses yeux, il observait chaque trait du visage de la jeune femme et ne manquait pas de remarquer qu’elle serrait les dents, elle avait envie de lui répondre, mais se retenait et ça le poussait à être encore plus détestable. Il parlait de son frère, il proposait à la blonde des photos de lui bébé, faisant comme s’ils étaient dans une situation classique, comme si c’était elle qui lui avait ouvert la porte pour l’inviter à rentrer. Il haussait les sourcils lorsqu’elle songea à ne jamais avoir à le revoir. « Tu devrais pourtant espérer que ce soi le cas, car l’inverse signifierait que je t’ai collé une balle dans la tête ma douce.» Qu’il disait en jouant avec son arme comme si c’était un objet banal. Il tentait de lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune chance, que son destin était scellé et qu’elle n’avait surtout pas intérêt à tenter quoi que ce soi sous peine d’en finir rapidement.
Il perdait son air enjoué pour faire place à un air bien plus sérieux. Elle le rejoignait enfin sur le canapé et c’est avec un sourire qu’il lui montra être satisfait de son choix de faire ce qu’il demandait. Il continuait de tourner autour du pot, il jouait, il s’amusait. Il ne niait pas le fait d’être le méchant de l’histoire, il l’a toujours été et ce n'est pas devant la jeune femme qu’il allait se retenir de l’être. Il assumait sa façon d’être. Cependant, lorsqu’elle confirma ses dires, il ne put s’empêcher de froncer les sourcils. « Je ne t’ai pas demandé ton avis. » Qu’il disait avec un sourire en coin. Elle voyait peut-être Alec comme un jeune homme qui n’a pas eu le choix que de suivre son frère qui l’a entraîné dans de mauvaises histoires, mais c’était bien plus profond que ça. Il continuait son petit jeu, un jeu auquel Mia ne tarda pas à prendre part en se contentant de commenter les dires de l’Américain. « Oh, crois-moi s’en est une ! » Qu’il disait sans la lâcher du regard, se décidant qu’il était temps, temps d’en venir aux faits. Il commençait doucement, n’entrant pas vraiment dans les détails, puis il écouta ce que Mia avait à dire. Chaque mot nourrissait sa haine, chaque seconde qui passait lui donnait envie d’appuyer sur la détente. Pourquoi ne se contentait-elle pas de fermer sa gueule qu’il se disait intérieurement, ne voulant montrer aucun signe de faiblesse. Sans surprise, elle tentait de défendre son cher et tendre. Le faisant passer comme la victime de l’histoire. Il serra le poing en levant les yeux au ciel. «Mia, Mia, Mia. » Il se levait doucement. « Tu ne m’aides pas vraiment là ! » Il se penchait vers elle. « J’attendais autre chose de ta part, tu joues trop à la fille folle amoureuse qui défend son mec, ce n’est pas drôle, vraiment pas drôle ! » Il tentait de garder une touche d’humour à sa réplique, mais au fond, il s’agaçait petit à petit, il n’appréciait pas qu’elle lui fasse la morale. Il s’éloigna à nouveau. « Est-ce qu’on parle d’un pantin ? Corrige-moi si je me trompe, mais Alec est un être humain, comme toi, comme moi, libre de faire ce qu’il veut, quand il veut, je ne suis pas son marionnettiste Mia, je ne lui ai jamais mis un couteau sous la gorge pour être là ou il en est actuellement ! » Qu’il précisait en haussant le ton. « Putain ! » Il souffla un petit instant avant de très vite reprendre. « M’avoir prévenu n’excuse pas ce qu’il a fait, puis si ça a vraiment été une contrainte pour lui de vivre cette vie, pourquoi il continue ? Pourquoi il n’en a pas profité pour mettre une croix sur la vie de criminelle ? Il aurait pu vivre heureux pour toujours avec sa princesse, avoir pleins d’enfants, bla bla bla ! » Il montait dans les tours en quelques secondes. « La vérité, c’est qu’il aime cette vie, il l’a toujours aimé, il a ça dans le sang crois-moi, il ne l'assume juste pas ! » Il reprenait place à côté de la jeune femme en la gratifiant d’un nouveau sourire. « Je pense que c’est toi qui devrais te poser les bonnes questions, s’il avait vraiment envie d’être avec toi, il serait là ce soir et ne serait pas à en train de lécher le cul de sa nouvelle patronne. » Il s'était dangereusement approché de la blonde, frôlant sa peau avec son arme.
« Tu devrais pourtant espérer que ce soit le cas, car l’inverse signifierait que je t’ai collé une balle dans la tête ma douce ». La menace est plus que présente, trop réelle et à cet instant encore, un frisson parcourt mon corps. Je me rends compte que l’homme qui se tient devant moi, malgré l’humour dont il peut user, n’est pas là pour plaisanter. Loin de là. Son arme me le fait comprendre, ces menaces un peu plus et je crains de plus en plus pour mon sort.
Il y a la peur, cette peur qui alimente l’adrénaline, celle qui me donne finalement le courage de lui répondre. De prendre sur moi, d’utiliser cette haine que je ressens contre celui qui est rentré chez moi sans y être invité. La Mia que je suis, celle qui n’a pas la langue dans sa poche, qui dit toujours ce qu’elle pense, refusant de se laisser marcher sur les pieds refait surface à plusieurs reprises, osant tenir tête au frère ainé des Strange. J’ose aller de mes petits commentaires à ces affirmations et évidemment, cela lui déplait « Je ne t’ai pas demandé ton avis ». J’arque un sourcil mais sa réponse n’a pas le don de me faire vaciller pour autant alors que ma posture sur ce canapé, sur lequel je n’ai eu d’autre choix de m’asseoir pour l’y rejoindre, montre que je ne me sens pas pour autant à l’aise. Mais j’utilise le subterfuge des mots pour prouver le contraire « Oh, crois-moi s’en est une ! ». Le sous-entendu de la déception, celle qui pour sa part fait sûrement référence à ce frère qui lui a tourné le dos. Voilà les raisons qui ont poussé Mitchell Strange à entrer par effraction dans mon appartement ce soir. Voilà les raisons qui le pousse à me menacer de son arme. Il m’expose son point de vue, celui qui l’espère sûrement qui me fera changer d’avis sur la personne que peut être Alec. Alors, évidemment, je prends sa défense, parce qu’à mes yeux, Alec s’est interdit d’être heureux à cause de ce frère envers qui il a juré de rester loyal. Je ne me mords pas la langue, partageant mon point de vue avec Mitchell qui ne semble pas apprécier mon audace, celle de ne pas rester muette et surtout de ne pas approuver ses dires « Mia, Mia, Mia ». Est-ce qu’à cet instant, je commence à craindre le pire ? Parce que je sais que mes mots ne lui ont pas plu, et surtout parce qu’il a cette façon de prononcer mon prénom, trois fois d’affilés, qui n’annonce rien de bon. Je sens qu’à tout moment tout peut basculer. Qu’il peut exploser, pointer cette arme sur ma tempe et tirer. Le fait qu’il se lève et surtout qu’il se penche vers moi, me fait me figer alors que je suis assisse un peu plus confortablement, les jambes croisées. Mes mains se crispent à nouveau de part et autre de mon corps, s’agrippant au canapé, comme si celui-ci pouvait me protéger « Tu ne m’aides pas vraiment là ! J’attendais autre chose de ta part, tu joues trop à la fille folle amoureuse qui défend son mec, ce n’est pas drôle, vraiment pas drôle ! ». Je me mords la langue à nouveau, mais j’ai envie de lui dire que oui j’aime son frère et que rien ne m’empêchera de le défendre. J’ai aussi l’envie de lui demander ce qu’il attendait comme aide de ma part, mais je ne m’y risque pas. Non il est bien trop proche, son arme aussi. Il s’éloigne pourtant, me permettant de retrouver une respiration plus normale, moins saccadée. « Est-ce qu’on parle d’un pantin ? Corrige-moi si je me trompe, mais Alec est un être humain, comme toi, comme moi, libre de faire ce qu’il veut, quand il veut, je ne suis pas son marionnettiste Mia, je ne lui ai jamais mis un couteau sous la gorge pour être là où il en est actuellement ! ». Je l’écoute mais je sens que sa colère grandit parce que son ton devient plus fort « Putain ! ». Il y a ce petit sursaut que je fais quand il jure de la sorte. Pourtant, il ne tente rien… pas encore et continue son monologue « M’avoir prévenu n’excuse pas ce qu’il a fait, puis si ça a vraiment été une contrainte pour lui de vivre cette vie, pourquoi il continue ? Pourquoi il n’en a pas profité pour mettre une croix sur sa vie de criminel ? Il aurait pu vivre heureux pour toujours avec sa princesse, avoir pleins d’enfants, bla bla bla ! ». Mon attention est plus forte cette fois sur chaque mot qu’il prononce, surtout en me rendant compte que, sur ça, il a raison. A contre cœur et oh non bien sûr je ne lui ferai pas ce plaisir, je dois reconnaitre qu’il marque un point. Alec n’a plus le poids de sa loyauté envers son frère, ce poids qui l’a obligé à faire des sacrifices… Mais il n’a pas cherché à tirer un trait définitivement sur cette vie qu’il a choisi… Pourquoi ? Mitchell ne le sait pas, et il ne le saura pas, mais ses paroles vont semer le doute… « La vérité, c’est qu’il aime cette vie, il l’a toujours aimé, il a ça dans le sang crois-moi, il ne l’assume juste pas ! ». Je l’observe revenir prendre place doucement vers moi, je décroise mes jambes alors qu’il vient s’asseoir à mes côtés, bien trop proche cette fois, plus menaçant que jamais « Je pense que c’est toi qui devrais te poser les bonnes questions, s’il avait vraiment envie d’être avec toi, il serait là ce soir et ne serait pas en train de lécher le cul de sa nouvelle patronne ». Il touche la corde sensible, ma gorge se noue et la menace de son arme sur ma peau n’aide en rien. Cette fois, je ne parviens pas à garder une certaine contenance, une larme s’échappant furtivement de mes yeux. Je ne peux pas la faire disparaitre d’un revers de main parce qu’il pourrait croire que j’essaye de me dégager de son emprise. Les seuls mots que j’arrive à prononcer alors que ma gorge se serre un peu plus sont « S’il te plait… Ne fais pas ça… ». Je me hais de lui offrir sur un plateau tout ce qu’il attendait… Ma vulnérabilité, celle dont il va pouvoir se servir pour réellement se venger de son frère cadet.
Alec n’a pu voir les messages laissés par Mia que lorsqu’il est sorti de l’entrepôt dans lequel il a passé plusieurs heures à discuter avec un de leurs plus vieux clients. A utiliser son charme, son nom, à lui rappeler que le Club est toujours ce qu’il est, mais surtout à être un lieutenant exemplaire. Pourtant dès l’instant où il quitte l’entrepôt, le Club s’évapore. Il a envie de la voir, de la serrer contre lui, d’oublier le reste. Il tente de la rappeler mais elle reste injoignable, alors par habitude il se décide à prendre sa voiture pour aller la rejoindre.
Il y a des moments où l’on pressent ce qui va arriver. Comme un tsunami au loin. C’est exactement l’impression qu’il a en garant sa voiture, la sensation d’être sur une plage et de voir la vague de destruction arriver.
Quelque chose ne va pas.
Il le sait dans chacune des fibres de son corps. Quelque chose de terrible est sur le point d’arriver ou est arrivé. Elle aurait dû répondre à ses appels. Ca ne devrait pas tomber sur son répondeur. Bien sûr qu’elle pourrait être occupée. Bien sûr qu’elle n’est peut-être pas chez elle. Et pourtant il a vu sa voiture dans la rue. Elle est chez elle il en est sûr. Alec sait simplement que quelque chose ne va pas. C’est ce pressentiment qui le pousse à ouvrir la boite à gant de sa voiture, à en sortir un pistolet, qu’il glisse à l’arrière de son pantalon, dans son dos. C’est sûrement stupide. Un moment de paranoïa. Il n’aura pas à utiliser cette arme.
Et pourtant, chaque minute qu’il passe dans l’ascenseur qui monte à son appartement fait battre son cœur un peu plus vite.
Quelque chose ne va pas.
Alec est agité, incapable de rester en place, son doigt appuyant sur le bouton de l’étage de l’appartement dans l’espoir que l’ascenseurs aille plus vite. L’instant d’après il est à sa porte. Sa porte dont il a les clefs et pourtant son premier réflexe est d’essayer d’ouvrir. Il n’y a pas de résistance et en cet instant il n’entend plus que son cœur qui tambourine dans sa poitrine et qui efface tout le reste.
Quelque chose ne va pas.
« Mia ? » sa voix raisonne dans l’appartement alors qu’il arrive dans le salon d’un pas prudent. Il lui faut une demie seconde. Une demie seconde pour analyser la situation. Pour que son regard se pose sur son frère et qu’il comprenne. La vengeance a sonné. L’heure du glas est arrivée. Que croyait-il ? Un mois sans nouvelle, un mois sans savoir où son ainé se trouvait. Un mois à se persuader qu’il en avait fini, que plus jamais il ne reverrait Mitchell Strange. Un mois où il s’était senti en sécurité, un mois et il était devenu naïf. Toutes couleurs disparaissent de son visage alors que chaque muscle de son corps se tend. Une demie seconde et il a sorti son flingue. Une demie seconde et l’arme est pointée sur son frère sans aucune hésitation. « Éloigne toi. MAINTENANT. » Il crache les mots, ne le lâchant des yeux que pour se poser sur Mia, pour chercher son regard, son visage, pour y voir les larmes qui roulent sur ses joues. « Il t’a touchée ? » Il demande, sa voix laissant pourtant transparaître l’inquiétude, son regard continuant à chercher n’importe quelle trace sur sa peau. Il ne sait pas ce qu’il fera. Il n’a aucune idée de ce qu’il fera si jamais elle est blessée. Cette colère-là, qui se met à gronder dans son ventre, qui prend possession de son visage et qui efface l’inquiétude, la dernière fois qu’il l’a ressenti, son père est mort peu de temps après. « Je vais pas le répéter Mitchell, TU T’ELOIGNES D’ELLE MAINTENANT. » Il n’avait peut-être pas tué personne depuis plus de quinze ans mais, pour lui ce soir il était prêt à faire une exception. Il avait appris depuis longtemps à savoir utiliser une arme, une précaution nécessaire quand le Gang avait autant d’ennemis que d’alliés. Il n’avait jamais eu à appuyer sur la détente. Mais si Mitchell avait touché à un seul des cheveux de Mia, si la femme qu’il aimait ne sortait pas indemne de cette soirée, il ne donnait pas cher de la peau de son frère. Il le tuerait lui-même. Tant pis pour les principes, tant pis pour la culpabilité, tant pis pour ce qui restait de sa loyauté. Dès l’instant où Mitchell avait mis un pied dans cet appartement, il avait tout effacé.
« J’aurais dû te laisser crever en prison. Ou tu sais quoi, mieux, Aberline aurait dû réussir à te foutre une putain de balle dans la tête. » Il ne lui a jamais parlé comme ça, jamais avec une telle haine dans le regard, une haine pure et simple, toute culpabilité effacée. Il ne pense qu’à protéger la jeune femme, peu importe les conséquences.
Il était hors de lui l’Américain alors que la blonde s’était permis de lui faire la morale. Il n’avait jamais supporté ça, personne n’avait à lui dire comment réagir et encore moins une parfaite inconnue dans sa situation. Il ne se montrait pas tendre avec elle et ne manquait pas de faire monter la tension déjà présente dans l’appartement. Son arme frôlant légèrement la joue de la jeune femme et son sourire satisfait montrait clairement le danger présent et pourtant, il s’était juré de ne pas la tuer, pas ce soir. Il voulait avant tout, la prévenir –la menacer- Il n’allait pas faire les choses à moitié, oh non, s’il devait mettre fin à la vie de Mia Mckullan ça serait sous les yeux de son petit frère et heureusement pour elle, il n’était pas présent. Rien ne l’empêchait cependant de ne pas s’amuser un petit peu. Sous le silence de la blonde, il se contentait de sourire encore et toujours, l’observant d’un regard qui était digne d’un prédateur voulant chasser sa proie. « Tu vois quand tu veux. » Qu’il disait sans éloigner son arme, alors qu’elle le suppliait de ne pas appuyer sur la détente. « Je veux vraiment que tu te rendes compte… » il n’eut le temps de terminer sa phrase qu’une silhouette très familière apparu. Son petit frère. L’Américain leva le bras qui ne tenait pas l’arme pour montrer sa joie de le voir tout en prenant aussitôt la parole. « Salut mon frère ! » Il utilisait un ton rempli d’enthousiasme, à croire qu’il attendait que sa venue à la fête qu’il avait organisée. Il ne manquait pas une miette de la colère d’Alec et ne se retenu pas de rire lorsqu’il lui demanda de s’éloigner de sa blonde. Il tourna durant une petite seconde son regard vers Mia. « Tu n’es pas obligé de lui répondre.» Qu’il disait avant de se concentrer sur son frère qui le menaçait avec son arme. –même pas peur- « Le traitre en personne ! Tu m’as manqué, je t’ai manqué ? » Qu’il lui demandait sans le quitter du regard, un regard rempli d’ironie et de folie. « Ne joue pas au rabat-joie, on s’amusait bien avant que t’arrives ! » Il n’éloignait pas son arme, au contraire, il l’approchait davantage, défiant clairement son petit frère. « Bon et sinon comment ça va ? Tu te sens épanoui dans ton nouveau rôle ? » Il marquait une pause. « Ah non, rien a changé, tu occupes toujours la même place ! » Mitchell n’allait pas céder à l'arme qui lui faisait face, si Lou Aberline ne l’avait pas achevé ce n’était pas son frère qui allait le faire. Il levait les yeux au ciel en entendant les dires de son frère, jetant un coup d’œil à Mia. « Tu entends ça ? C’est vraiment horrible de parler comme ça à son frère, tu ne trouves pas ? » Il ironisait la situation et se fichait de ce qu’elle pouvait penser. « Pourquoi tant de haine, hein, pourquoi tant de haine Finn ! » Il faisait les gros yeux à son frère en haussant le ton. « Tu vas plutôt m’écouter et je ne me répéterai pas sinon je connais une petite cervelle qui va se retrouver sur les murs. » Il tournait le regard à nouveau vers Mia. « Ce n’est pas contre toi. » Il se levait pour donner plus d’ampleur à ses paroles, son arme toujours pointée au niveau de la tête de la blonde. « Tu vas baisser ton arme et venir t’asseoir avec nous, on a beaucoup de choses à se dire mon frère ! » Il perdait son sourire. « Joue au héros et je lui tire dessus, ça me prendra qu’une seule seconde pour l’achever, donc même si j’y reste je partirai heureux car tu te retrouveras seul avec sa mort sur la conscience, car si tu ne l’avais toujours pas compris, ça serait ta faute et uniquement la tienne. » Il parlait doucement, articulant chaque mot pour qu’il comprenne qu’il ne plaisantait pas. « Puis je pense que vous avez beaucoup de choses à me raconter ! Comment vous vous êtes connu, comment Mia a réagit quand elle a su que tu n’étais pas qu’un simple cuisinier, quand elle a su tout ce que tu as vécu avant d’en arriver là, je suis vraiment curieux ! » Son sourire s’affichait à nouveau, il ne perdait pas son frère du regard, ne voulant manquer aucune miette de sa réaction.
Son arme menaçante sur moi, qui frôle la peau de ma joue, sentant le froid du canon parcourir chaque millimètre, je ne pense à rien d’autre qu’à la fin. Une fin certaine, me disant que Mitchell Strange ne me laissera pas sortir vivante de cette rencontre. Et j’ai très peu d’espoir désormais qu’Alec puisse arriver d’une seconde à l’autre pour me sauver des mains de son frère. Mon téléphone n’est plus à porter, Mitchell me l’ayant pris immédiatement. Je n’ai aucune possibilité pour m’en sortir, je ne peux pas crier, je ne peux pas appeler à l’aide. Non. Je ne peux rien faire que de rester figée à côté de ce criminel qui me menace de son arme. Espérer qu’il revienne à la raison parce que je le supplie de ne pas le faire. Mais je sais qu’il va s’en amuser, qu’il en aura rien à faire de mes supplications et que cela n’aura aucun effet. Il m’a pourtant dit que la vengeance n’était pas pour ce soir, mais l’homme semble avoir perdu son sang-froid, incapable de rester calme une seconde de plus quand j’ai eu l’audace de lui répondre. Je regrette, je regrette déjà les mots que j’ai pu avoir à son encontre. Parce que le point de non-retour me semble désormais atteint… « Tu vois quand tu veux ». Il se réjouit de m’avoir réduite au mutisme, mais la crainte est telle, que je tremble à chacun des mots qu’il peut prononcer « Je veux vraiment que tu te rendes compte… » « Mia ? ». Le son de sa voix me parvient, cette voix que je reconnaitrais parmi mille. Soulagée, je le suis une fraction de secondes. « Salut mon frère ! ». Je vois alors Alec sortir à son tour une arme et son mouvement me fait avoir un mouvement de recul à mon tour. Léger, mais perceptible à l’œil nu. Je l’observe, mes larmes désormais vagabondent à tout va sur mes joues. « Eloigne toi. MAINTENANT ». Je vois la colère dans ses yeux, la même que j’ai pu voir dans cette ruelle sombre où j’ai appris la vérité sur sa personne. Elle est peut-être même pire cette fois. « Il t’a touchée ? » Je sens l’inquiétude dans sa voix mais aucun son ne sort de ma bouche, car son frère est bien trop proche, son arme toujours braquée sur moi « Tu n’es pas obligé de lui répondre ». J’adresse un regard en coin à l’ainé des Strange quand il m’adresse la parole mais retrouver immédiatement le regard d’Alec. Je tourne subtilement la tête de gauche à droite pour le rassurer, pour lui dire que, malgré tout, il ne m’a fait aucun mal. « Le traitre en personne ! Tu m’as manqué, je t’ai manqué ? ». Il a ce sarcasme que je ne supporte plus depuis que cette rencontre a commencé. Pourtant, je ne peux rien faire, je ne peux rien dire… « Je vais pas le répéter Mitchell, TU T’ELOIGNES D’ELLE MAINTENANT ». « Ne joue pas au rabat-joie, on s’amusait bien avant que t’arrives ! ». Mon sourcil s’arque instinctivement, signe que je ne partage pas du tout son avis. Mais il rapproche son arme et je me fige parce que je me dis que désormais, la présence d’Alec ne l’empêchera encore moins à passer à l’acte. Au contraire, c’est tout ce qu’il attendait. « Bon et sinon comme ça va ? Tu te sens épanouie dans ton nouveau rôle ? Ah non, rien a changé, tu occupes toujours la même place ! ». Je n’ose plus un regard vers Mitchell, désormais, le mien ne quitte plus Alec qui brandit cette arme vers son frère. Sa colère transparait autant dans son comportement, que dans ses gestes et davantage encore dans les mots qui suivent « J’aurais dû te laisser crever en prison. Ou tu sais quoi, mieux, Aberline aurait dû réussir à te foutre une putain de balle dans la tête ». Il n’y a aucune expression qui transparait sur mon visage et pourtant, les mots qu’Alec peut avoir pour son frère me surprenne du fait de leur virulence. Mais la situation explique aussi ses mots, cette haine qu’il crache à la figure de son frère « Tu entends ça ? C’est vraiment horrible de parler comme ça à son frère, tu ne trouves pas ? ». Je ne réponds évidemment pas, lui regardant à nouveau de biais, n’osant pas bouger d’un millimètre de peur qu’il finisse par appuyer sur la détente « Pourquoi tant de haine, hein, pourquoi tant de haine Finn ! […] Tu vas plutôt m’écouter et je ne me répéterai pas sinon je connais une petite cervelle qui va se retrouver sur les murs ». Les larmes s’étaient calmées et pourtant, elles recommencent à apparaitre parce qu’il n’y a plus que de la peur en moi, je tremble et mon regard est suppliant envers Alec pour qu’il fasse quelque chose afin que cette situation s’arrête et vite « Ce n’est pas contre toi » Je ne prête même pas attention à ce qu’il dit, ne saisit que la moitié des mots qu’il peut prononcer. Il se lève mais l’arme reste braquée au niveau de ma tête « Tu vas baisser ton arme et venir t’asseoir avec nous, on a beaucoup de choses à se dire mon frère ! Joue au héros et je lui tire dessus, ça me prendra qu’une seule seconde pour l’achever, donc même si j’y reste je partirai heureux car tu te retrouveras seul avec sa mort sur la conscience, car si tu ne l’avais toujours pas compris, ça serait ta faute et uniquement la tienne ». Je plisse les yeux comme pour essayer d’empêcher le flot de larmes de couler encore alors que les mots prononcés par Mitchell me font craindre le pire. Et cette façon qu’il a de blâmer Alec, de l’accuser, de lui dire que c’est de sa faute me fait avoir un regard vers lui pour encore tourner doucement la tête de gauche à droite, comme pour le rassurer de ne pas le croire si les choses venaient à mal finir. Parce qu’à mes yeux, la faute est uniquement celle de son frère ainé, cet homme fou qui est prêt à tout pour retrouver un semblant de pouvoir même si cela ne durera qu’une seconde. Alors je me risque, je me risque à ces quelques mots « Ecoute-le… Alec… ». Mon regard est suppliant à nouveau à son égard, ma voix saccadée. « Puis je pense que vous avez beaucoup de choses à me raconter ! Comment vous vous êtes connu, comment Mia a réagit quand elle a su que tu n’étais pas qu’un simple cuisinier, quand elle a su tout ce que tu as vécu avant d’en arriver là, je suis vraiment curieux ! ». Mon regard se tourne alors vers l’ainé, une certaine colère se manifestant à nouveau quand il prétend s’intéresser à notre histoire, qu’il cherche à amener sur le tapis des sujets qu’il sait très bien sensible, et qu’il s’en réjouit de la sorte.
Il est pris au piège. Il est pris au piège dans cette pièce face à ce frère qui a son flingue braqué sur la femme qu’il aime. Il est incapable de penser à autre chose que du temps qu’il faudrait à Mitchell pour appuyer sur la gâchette, pour que la balle parte et s’enfonce dans le crane de la demoiselle. Il la voit déjà au sol dans une marre de sang. Il la voit déjà morte et il n’est pas sûr qu’il serait capable d’y survivre. Ce n’est pas une option.
« Tu n’es pas obligé de lui répondre.» Le simple fait qu’il la regarde lui donne envie de tirer, alors qu’il a toujours le pistolet braqué sur l’ainé. « Lui parle pas. » siffle-t-il entre ses dents, son regard se posant sur Mia. Aucun son ne sort de sa bouche, il ne voit que les larmes qui roulent sur ses joues, la peur omniprésente dans chacun de ses traits. « Ca va aller Mia. » qu’il souffle doucement comme pour tenter de la rassurer. Bien sûr que non ça n’ira pas. Il a trahi son frère et il s’attendait à ce que celui-ci ne réagisse pas ? Il s’attendait à ne pas en subir les conséquences ? A ce que Mitchell le laisse vivre sa vie ? Lorsque l’homme s’approche de la journaliste avec un air de défi, la rage déforme un peu plus les traits d’Alec qui fait lui aussi un pas en avant. « Alex ! » Le vrai prénom claque dans l’air comme s’il essayait de lui faire entendre raison.
« Bon et sinon comment ça va ? Tu te sens épanoui dans ton nouveau rôle ? Ah non, rien a changé, tu occupes toujours la même place ! » La remarque le fait lever les yeux au ciel. Pourquoi tout le monde semblait persuadé qu’il voulait plus que ça ? Qu’il aurait dû être celui qui aurait dû prendre la tête du gang quand il avait toujours été clair que cela ne faisait pas partie de ses ambitions ? « Ecoute oui tout à fait, c’est fou ce qu’un changement de leadership peut faire sur le moral d’une entreprise ! » il ironise entre ses dents, la mâchoire contractée. « Tu croyais quoi que c’était ta place que je voulais ? »
Bien sûr que Mitchell joue la victime, bien sûr qu’il prétend ne pas comprendre pourquoi il a été trahi, pourquoi il y a tant de haine dans son regard. « Tu vas plutôt m’écouter et je ne me répéterai pas sinon je connais une petite cervelle qui va se retrouver sur les murs. » Les mots lui font froid dans le dos et il réalise avec horreur qu’il n’a aucun doute sur le fait que son frère serait capable de le faire. Tuer Mia sous ses yeux, l’achever sans une once de culpabilité.
« Tu vas baisser ton arme et venir t’asseoir avec nous, on a beaucoup de choses à se dire mon frère ! Joue au héros et je lui tire dessus, ça me prendra qu’une seule seconde pour l’achever, donc même si j’y reste je partirai heureux car tu te retrouveras seul avec sa mort sur la conscience, car si tu ne l’avais toujours pas compris, ça serait ta faute et uniquement la tienne. » Il hésite, serrant les dents. S’il s’assoit, s’il baisse son arme, il perd l’unique avantage, ou plutôt l’unique chose qui les met à égalité ce soir. « Sauf que t’as pas envie d’y rester. » argumente-t-il son ton froid. Non s’il sait bien une chose sur son frère c’est qu’il serait prêt à tout pour survivre, peu importe les sacrifices à faire.
« Ecoute le..Alec… » son regard hésitant croise celui de Mia, suppliant. Chaque larme qui coule sur son visage lui transperce le cœur. Mitchell a raison. S’il lui arrive quoique ce soit, cela sera de sa faute. Il sera responsable des dégâts causés, parce qu’il aurait dû rester éloigné d’elle depuis le départ. Il ignore le monologue de son frère. « La ferme Mitch ! » Son cerveau fonctionne à dix mille à l’heure alors qu’il essaye désespérément de trouver une solution qui n’impliquerait pas la mort de la jeune femme. Même dans le cas où il tirerait assez vite, Mitchell aurait le temps de tuer Mia. Il se force à prendre une respiration un peu plus profonde, à tenter de retrouver le contrôle, son regard s’ancrant dans celui de Mia. « Ca va aller. Je te le promets. Il ne t’arrivera rien. » C’est une promesse qu’il n’est pas capable de tenir, qui ne dépend pas de lui et pourtant il y met toute la détermination possible, se battant contre chaque instinct qui le pousse à se précipiter vers elle pour la mettre derrière lui.
L’américain reporte son intention sur son ainé. « Tu veux que je m’asseye mon frère ? » les deux derniers mots sont prononcés avec dégoût. « Tu veux qu’on discute ? » Il a besoin de gagner du temps, de temporiser, de rendre le danger moins immédiat. « Tu vois la table basse devant toi là ? On va tous les deux poser nos armes dessus. Et là on va s’asseoir et discuter. » Un compromis que son frère pourrait ne pas accepter mais malgré tout il tente sa chance.
Il observe Mia, son cœur battant à tout rompre et il se force à ne pas laisser la rage l’emporter alors qu’il se tourne de nouveau vers son frère. « Elle a rien à voir avec tout ça Alex. Laisse la partir. C’est moi que tu veux. Pas elle. C’est une innocente elle a rien à voir avec tout ça. Laisse la partir. » il répète, l’inquiétude transparaissant, son ton cherchant désespérément à le convaincre. Il n’aurait jamais dû apprendre son existence.
Mitchell prenait des nouvelles à sa façon de son frère et de l’organisation criminel. Alec se montrait arrogant face à sa question, mais cela n’empêcha pas Mitchell de rebondir rapidement. « C’est vrai, l’ambition chez toi ça n’a jamais été trop ça, tu es un suiveur. » Il haussait les épaules tout en poursuivant. « Tu aurais pu avoir ma place sans difficulté et pourtant, tu restes le second, très décevant mon frère ! » Si c’était Alec qui lui avait volé son trône, la conversation n’aurait pas eu lieu d’être, il lui aurait sûrement fait comprendre sa déception par la violence, sans détour. Alec tentait de rassurer Mia comme il le pouvait, il tentait de lui montrer qu’il était à la hauteur, qu’il allait la protéger, qu’elle n’avait rien à craindre, mais ce n’était pas le cas. « Tu devrais l’écouter et faire ce que je te dis. » Alec résistait, il pointait son arme sur son grand frère sans faire marche arrière. Il ne maîtrisait rien du tout pourtant, c’était que de belles paroles pour la rassurer, des paroles qui ne manqua pas de faire rire l’ainé des Strange ouvertement. Il ne cachait pas l’ironie présente dans son rire. « Tu devrais lui promettre la lune, t’aurais peut-être plus de chance de l’obtenir.» S’exclamait-il. « Elle ne sortira pas d’ici indemne. C’est triste, vraiment, elle n’était pas censée mourir ce soir ! » Il utilisait un ton dramatique cette fois-ci. « Tu as tout gâché Finn … Alec, peu importe, tu n’étais pas censé être là ce soir et c’est elle qui va payer pour ça. » Qu’il précisait. « Tu n’es pas en mesure de fixer la moindre règle, mon arme, je la garde et si tu ne veux pas jouer le jeu, il va falloir que je me montre persuasif. » Son arme jouait avec les cheveux de la jeune femme, il ne manquait aucune miette du visage de son frère. « Oh, arrête ! Nous ne sommes pas dans une comédie dramatique ! » Qu’il disait. « Personne est innocent, on est tous coupable de quelque chose ! Je suis sûr que la douce Mia a déjà commis une atrocité. » Il regardait Mia avec un grand sourire. « Veux-tu te confesser tant qu’on y est ? Avant de mourir, c’est ce qui se fait. » Il ignorait totalement la tentative de son frère voulant épargner sa bien-aimée, ça ne marchait pas comme ça, si la blonde quittait les lieux la menace qu’exerçait Mitchell n’aurait plus le même poids sur son frère et ça perdrait tout son sens. Son arme continuait de fixer sa cible sans relâche, il ne baisserait pas la garde tout comme il ne laissera pas son frère prendre l’avantage. Il n’était pas le maître du jeu et il comptait bien le lui faire comprendre. « Je te conseille de venir t’asseoir et vite. Tic-tac tic-tac.» Il haussait les sourcils. Il n’était clairement pas dupe à un point d’abandonner son seul moyen de pression. « Oh et puis non, reste debout, ça donne un air dramatique à la situation ! Je ne vais pas être long de toute façon.» Il continuait de jouer, de sourire et de rire à la moindre occasion pour montrer que rien ne pouvait le toucher et rien ne le ferait changer d’avis. Il avait été blessé par la trahison de son frère et il comptait bien le lui faire payer. « J’ai passé plus d’un mois enfermé à ruminer, à attendre ce moment et crois-moi, tu ne le gâcheras pas.» Il marquait une petite pause. « Tu te sens à ta place ou tu pleurniches quand tu te retrouves seul en te disant que ton méchant frère t’a forcé à avoir cette vie ? » Il n’avait toujours pas digéré le fait qu’Alec lui reproche de lui avoir fait mené cette vie dont il ne voulait pas et il ne pouvait pas s’empêcher de remuer le couteau dans la plaie en sachant qu’il n’avait pas quitté ce monde pour autant. « Je disais à Mia que c’était quand même bizarre que tu n’ai pas fait le choix de tout arrêter et maintenant que tu es là, je ne dirai pas non à une explication, éclaire ma lanterne Finnegan ! » Il le défiait du regard, mais n’oubliait pas de jeter un œil à la jeune femme qui était devenue spectatrice de tout ça. « Mia dit lui, dit lui que c’est louche comme attitude. » L’Américain avait vraiment du mal à comprendre les choix de son frère et il ne manquait pas de le faire comprendre.