« Ca va aller Mia ». Ses mots m’apaisent quelques instants mais dès que mon regard se reporte sur son frère, et que j’ai compris depuis le début de cette rencontre le personnage qu’il est, la peur ne cesse de croitre. Les échanges entre les deux frères sont virulents, l’ironie dans la voix d’Alec résonne quand son frère lui parle de cette place qu’il occupe toujours au sein du Club. Mitch ne semble pas avoir dit son dernier mot, qualifiant notamment Alec de suiveur, capable d’occuper uniquement la deuxième place.
Les menaces fusent à nouveau, Mitch menaçant de me tirer dessus si Alec tente quoi que ce soit à son égard. Il l’invite à baisser son arme et à venir s’asseoir avec nous. Le frère ainé semble capable de tout, quitte à perdre la vie pour obtenir une certaine vengeance de ce frère qui l’a trahi « Sauf que t’as pas envie d’y rester ». Je supplie Alec de l’écouter, alors que les larmes s’écoulent le long de mes joues. « Tu devrais l’écouter et faire ce que je te dis ». Il hésite, je le sens, il ne veut pas baisser cette arme certainement parce qu’il a peur de perdre l’avantage quand son frère garde toujours son arme pointée sur moi « La ferme Mitch ! ». Il perd patience et j’ai peur. Peur que cela dégénère d’une seconde à l’autre et que tout s’arrête subitement. Pour lui. Pour moi. Pour nous. L’inquiétude grandit, se lit sur mon visage alors que je suis toujours stoïque depuis le début sur ce canapé, que je n’ose pas bouger le petit doigt. Je ne suis pas ligotée mais c’est tout comme. Même les mots sont incapables de sortir « Ca va aller. Je te le promets. Il ne t’arrivera rien ». Je le regarde, acquiesce doucement alors que mes yeux sont noyés sous les larmes. Je tremble et pourtant, je lui fais confiance. Je veux lui faire confiance. Me dire que dans quelques minutes, je serai dans ses bras, le seul endroit où je me sentirai en sécurité, où je n’aurai plus peur. « Tu devrais lui promette la lune, t’aurais peut-être plus de chance de l’obtenir. Elle ne sortira pas indemne. C’est triste, vraiment, elle n’était pas censée mourir ce soir ! Tu as tout gâché Finn… Alec, peu importe, tu n’étais pas censé être là ce soir et c’est elle qui va payer pour ça ». Je ferme les yeux, comme si en les réouvrant j’allais me rendre compte que ce n’était qu’un simple cauchemar. Pourtant, la réalité est là, et même Alec en vient à lui proposer un compromis « Tu veux que je m’asseye mon frère ? Tu veux qu’on discute ? Tu vois la table basse devant toi là ? On va tous les deux poser nos armes dessus. Et là on va s’asseoir et discuter ». Il tente le tout pour le tout, espérant apaiser la tension régnante dans toute la pièce. Une pression semblable à celle contenu par une cocotte-minute en ébullition. « Tu n’es pas en mesure de fixer la moindre règle, mon arme, je la garde et si tu ne veux pas jouer le jeu, il va falloir que je me montre persuasif ». J’ai un haut-le-cœur à ce moment même où je sens cette arme qui se mêle à mes cheveux, cette arme beaucoup trop proche et qu’il a cette possibilité bien trop facile d’appuyer sur la détente d’une seconde à l’autre. Mon cœur s’accélère, j’ai envie de crier mais aucun son n’est capable de sortir.
« Elle a rien à voir avec tout ça Alex. Laisse la partir. C’est moi que tu veux. Pas elle. C’est une innocente elle a rien à voir avec tout ça. Laisse la partir ». Alec est inquiet, je le sens à travers le ton qu’il utilise, à travers les mots qu’il prononce. Mais la raison ne fait définitivement pas partie du vocabulaire de son frère « Oh, arrête ! Nous ne sommes pas dans une comédie dramatique ! Personne est innocent, on est tous coupable de quelque chose ! Je suis sûr que la douce Mia a déjà commis une atrocité. Veux-tu te confesser tant qu’on y est ? Avant de mourir, c’est ce qui se fait ». Mon regard se relève alors vers lui, un regard noir qui lui montre à quel point je ne ressens que de la haine à son égard, pour ce qu’il est entrain de me faire vivre actuellement. J’ose ce geste de m’essuyer les trop nombreuses larmes qui se sont écoulées le long de mes joues avec le revers de ma main et surtout, je parviens enfin à lui adresser ces quelques mots « Je ne suis pas un monstre ! Je n’ai rien à confesser, je n’ai rien à me reprocher ». Le contrairement à toi n’est pas dit mais implicitement, il le comprendra. Il va très certainement me rire au nez, s’amuser de cette audace que j’ai eu de le regarder dans les yeux et de lui répondre de manière ferme, mais ça m’est égal. Ça m’est égal quand j’ai la sensation que, de toute évidence, il n’y a plus aucune issue favorable possible…
« Je te conseille de venir t’asseoir et vite. Tic-tac tic-tac. Oh et puis non, reste debout, ça donne un air dramatique à la situation ! Je ne vais pas être long de toute façon ». Mon cœur s’accélère à nouveau parce que la menace que la fin est proche est plus qu’omniprésente. J’ai peur, et j’ai besoin de retrouver le regard d’Alec, de me raccrocher à ce dernier espoir… lui. Lui qui va trouver un moyen de nous sortir de là et surtout, qu’on s’en sorte indemne. Mitchell continue à se mettre en scène à nouveau, proférant encore des menaces, disant qu’il a attendu ce moment, celui de sa vengeance, depuis des semaines. Et puis, il reparle du Club, de cette vie qu’Alec a choisie et me revoilà citer dans ses paroles « Je disais à Mia que c’était quand même bizarre que tu n’ai pas fait le choix de tout arrêter et maintenant que tu es là, je ne dirai pas non à une explication, éclaire ma lanterne Finnegan ! Mia dit lui, dit lui que c’est louche comme attitude ». Mon regard est à nouveau mauvais alors qu’il m’invite encore à m’exprimer. Je ferme à nouveau les yeux, prend une longue inspiration et les réouvre doucement pour poser ces derniers sur Alec « Tu n’as pas à te justifier », je prononce sur un ton qui se veut doux. Parce que je ne lui demandais pas de le faire ce choix, celui qui l’amènerait à me choisir moi plutôt que le Club. Alors, cette fois, c’est Mitchell que je regarde, levant ma tête vers lui alors que je suis toujours assise sur ce canapé que je ne regarderai plus de la même manière « Et toi, dis-nous, pourquoi tu ne saisi pas l'occasion qui t'a été donné pour fuir cette vie définitivement, Alex ? ». Je ne supporte plus de rester muette, je ne supporte plus son interrogatoire et encore moins qu’il mène la danse. Je joue avec le feu, je le sais, tout comme je le fais en l’appelant par ce qui semble être son vrai prénom. Je ne le lâche pas du regard, mon cœur bat à tout rompre et pourtant, je me refuse de rester une minute de plus spectatrice de tout ça.
Un suiveur. C’est sûrement tout ce qu’il a toujours été. Il ne contredira pas l’ainé, tout simplement parce qu’il a raison, il ne sera sans doute jamais plus que ça et il n’a jamais voulu de plus, du moins dans ce monde-là. Ses propres rêves ne concernent pas le Club.
Il le déteste le rire qui passe la barrière des lèvres de Mitchell, alors qu’il essaye en vain de rassurer la jeune femme dont chaque larme coulant sur ses joues est à l’image d’un couteau le transperçant de toute part. « Tu devrais lui promette la lune, t’aurais peut-être plus de chance de l’obtenir. Elle ne sortira pas indemne. C’est triste, vraiment, elle n’était pas censée mourir ce soir ! Tu as tout gâché Finn… Alec, peu importe, tu n’étais pas censé être là ce soir et c’est elle qui va payer pour ça ». Il ferme les yeux une demie seconde, son cœur battant à tout rompre. Il la voit déjà dans une mare de sang, il n’a plus que cette image en tête, elle monopolise chacune de ses pensées alors qu’il tente en vain de réfléchir à une solution pour les sortir de cette impasse. Il n’y en a pas. Si l’un tire, l’autre tirera immédiatement. Il y aura deux morts ce soir, et ça il ne pourra jamais se le pardonner. « Quoi tu venais pourquoi peut être ? Pour prendre le thé avec ma petite amie ? Pour lui parler d’à quel point tu adores les repas de famille ? » Il ne supporte plus la comédie de Mitchell, elle l’insupporte. Pourtant malgré cela il tente de négocier, d’enlever les pistolets de cette situation, de leur donner une chance de s’en sortir vivant. Sans surprise Mitchell n’a aucune intention de poser son arme. « Tu n’es pas en mesure de fixer la moindre règle, mon arme, je la garde et si tu ne veux pas jouer le jeu, il va falloir que je me montre persuasif » L’arme est à présent posée contre le crane de Mia et d’instinct Alec a fait un pas en avant, dévoré par la peur. « Arrête ! » La jeune femme est innocente, n’a rien à voir avec sa trahison. Mitchell n’aurait jamais dû apprendre son existence, il n’aurait jamais dû savoir l’ampleur des sentiments qu’il ressent pour elle.
L’américain souligne à quel point personne n’est innocent et Mia répond avec furie qu’elle n’est pas un monstre. Lorsqu’Alec pose son regard sur son frère il ne voit plus que ça. Il n’arrive plus à voir la loyauté, il n’arrive plus à voir le lien de sang qui les unit, il ne voit plus qu’un homme qu’il ne reconnait pas, qui d’un instant à l’autre s’apprête à tuer une jeune femme innocente pour le faire souffrir lui. « Elle ne mourra pas ce soir. Tu ne la tueras pas. Tu me dois ça. Putain pour toutes ces années, pour t’avoir prévenu de cette perquisition, tu me dois au moins ça Alex ! » Sa voix est tremblante de rage et d’inquiétude alors qu’il tente en vain de trouver une quelconque miette d’empathie, de culpabilité dans le cœur noir de l’ainé. Mais rien ne semble l’attendrir et ils ont toujours un pistolet braqué l’un sur l’autre alors qu’Alec a refusé de s’asseoir.
« Je disais à Mia que c’était quand même bizarre que tu n’aies pas fait le choix de tout arrêter et maintenant que tu es là, je ne dirai pas non à une explication, éclaire ma lanterne Finnegan ! Mia dit lui, dit lui que c’est louche comme attitude.» Sa mâchoire se serre au simple fait d’entendre la mention du prénom de la jeune femme dans la bouche de son frère. Il se retient de lancer une énième insulte, trop conscient du flingue qu’il a toujours contre son crane. Il faudrait une demie seconde pour que tout dérape. Alec n’a aucune envie de parler du Club devant Mia et même s’il est aujourd’hui bien plus honnête avec elle sur ses activités, la conversation sur ce sujet-là reste difficile, il a depuis longtemps été habitué à cacher cette vie de tous.
« Tu n’as pas à te justifier » Son ton doux le rassure. Il tourne le regard vers son frère pour répondre. « Oh je compte pas me justifier devant lui. Qu’est ce qu’il y a Alexander tu te rends compte que tout le monde t’a laissé tomber ? Tu te rends compte que plus personne ne voulait de toi au sommet ? C’est bien peut être que pour une fois dans ta vie tu vas te remettre en question ». Il a utilisé son nom complet tout comme Mitchell a utilisé le sien. Ces prénoms qui ne semblent plus naturels tant ils ne se sont jamais appelés comme ça.
« Et toi, dis-nous, pourquoi tu ne saisis pas l'occasion qui t'a été donné pour fuir cette vie définitivement, Alex ? » Si en temps normal un sourire moqueur aurait étiré ses lèvres, si une pointe de fierté se serait glissée dans son cœur face au tempérament de feu de la jeune femme, il sait qu’aujourd’hui tout peut déraper en un instant. La colère malgré tout gronde en même temps que la peur. Jusqu’au bout son frère aura cherché à tout détruire. Jusqu’au bout, il est décidé à emporter le reste du monde dans sa chute.
« T’es là pour quoi Alex à part pour nous jouer ta comédie de victimisation comme si t’avais pas mérité tout ce qui t’arrive ? » Il crache les mots faisant un pas en avant vers l’ainé, le flingue toujours braqué sur lui. Il pourrait lui dire que s’il reste c’est pour le Club, pour cette famille qu’ils ont construite ensemble. S’il reste c’est pour Raelyn et pour obtenir son pardon. S’il reste c’est par culpabilité mais aussi par loyauté. Loyauté pour le Club et ses membres, loyauté pour Raelyn et tant pis pour l’ainé, il appartient au passé.
Mitchell Strange, était-il un monstre ? Il était considéré comme tel en tout cas et puisqu’on lui avait collé cette étiquette sur le front, il en jouait et se comportait comme un monstre. Mia n’avait visiblement rien à confesser, tant mieux pour elle. « Au moins une personne dans cette pièce qui n’est pas un monstre. » Il en disait pas plus pour le moment et tentait de semer le trouble en parlant de la présence de son frère au Club malgré l’opportunité de passer à autre chose. Mia ne lui en tenait visiblement pas rigueur, mince, lui qui pensait pouvoir semer la zizanie, c’était loupé. Alec touchait un point sensible auprès de son ainé : la solitude. Mitchell était seul, plus que jamais, un sentiment qu’il avait toujours eu. Peu de gens ont été proche de lui pour ce qu’il était, oh non, beaucoup le craignait et beaucoup restait à ses côtés pour ne pas se faire tuer ou par simple intérêt. Il était seul l’Américain et Alec l’avait compris. Il serrait les dents en regardant son frère. « Je n’ai besoin de personne ! » Qu’il lui crachait au visage.
Mia posait la question qui fâche, la question que l’Américain n’osait jamais se poser et pourtant, il y avait songé, bien des fois. Passer à autre chose, changer de vie pour avoir une vie bien rangée avec femme et enfants. Il levait les yeux au ciel rien qu’en y pensant. Il n’était pas taillé pour ça, il en était convaincu. Pourtant, dans de brefs moments de sa vie, il avait touché du bout du doigt ce désir de passer à autre chose, de laisser cette vie de criminelle derrière lui pour se ranger sur le bon chemin. Son désir le plus profond était celui de devenir père, un désir qu’il avait entrevu il y a quelques années alors que Lou lui annonçait être enceinte. Il avait fait le fier, il avait fait comme si de rien était, comme s’il n’en voulait pas, se donnant comme excuse que sa situation ne lui permettait pas d’avoir une faiblesse comme un enfant, puis il y avait cette pensée qu’il avait aussi au sujet de Nick Strange, le paternel fou que son petit frère avait tué après une énième confrontation. Il ne voulait pas être comme lui, il ne voulait pas lui ressembler et pourtant plus les jours passaient plus son comportement se rapprochait de celui de son père. Pourtant, au fond, il regrettait ce choix, parce qu’il craignait de ne plus avoir l’opportunité d’avoir sa propre famille. Une lueur de tristesse traversa son regard avant de très vite disparaître. Montrer le moindre signe de faiblesse pourrait lui porter préjudice. « T’en a d’autres des questions de ce genre ma belle ? C’est comme si le diable quittait l’enfer… » Il n’en rajoutait pas plus, n’étant clairement pas dans une position pour parler d’avenir ou de regrets quelconque. « Et je ne te permets pas de m’appeler ainsi. » Qu’il ajoutait en fronçant les sourcils avant de poser son regard à nouveau sur son petit frère qui lui demandait la raison de sa présence. Il faisait semblant d’être outré l’Américain avant de très vite répondre à son frère qui gardait son arme pointée sur lui et n’était visiblement pas pour faire ce qu’il demandait. À ses risques et périls.
« Dit la victime… » Des mots sur joué. « Je suis là pour mettre les pendules à l’heure ! Vous jouez le rôle du couple qui n’a aucun secret l’un pour l’autre, mais ma très chère Mia, il y a tant de choses que tu devrais savoir ! » Un sourire en coin ne tardait pas à apparaître. Son regard laissait paraître l’ombre du diable en personne. « Tu es sûr que tu ne veux pas venir t’asseoir, mon frère et te confesser ? » Qu’il demandait à son petit frère sans pour autant éloigner l’arme qu’il tenait contre la tête de la blonde, prêt à agir en cas de nécessité. Alec était allé trop loin aux yeux de son grand frère, il ne méritait plus la moindre empathie de sa part et il estimait qu’il était temps de mettre un sujet sur la table qui était devenu tabou. « Si papa nous voyait, il se retournerait dans sa tombe ! » Il faisait du salon de l’appartement de la blonde, une scène dans un théâtre, il usait d’un ton qui donnerait l’envie de lui mettre un poing dans le visage. « Ou peut-être pas, il se vengerait sûrement de ce que tu lui as fait Finnegan. » Il prononçait chaque mot d’une lenteur extrême. « Ça fait quoi de dormir à côté d’un meurtrier Mia ? » Il baissait le regard vers elle sans perdre le sourire. « Un tueur de famille ! Il a tué papa Strange et là il veut tuer son grand-frère, assassin ! » Il jouait, il en faisait des tonnes, mais il venait de balancer une information qui était resté entre eux et qui allait sûrement avoir l’effet d’une bombe. Il regardait à nouveau Alec. « Tu devrais te laver les mains avant de me montrer du doigt mon frère, j'te rappel que sans moi t’aurais passé une bonne partie de ta vie en prison.» Ses paroles étaient remplies de haine et son regard, c’était à nouveau assombrit.
Alec tente de dissuader son frère de passer à l’acte. Celui d’actionner cette gâchette qui ferait tout droit atterrir cette balle menaçante dans mon crâne. Cet acte qui mettrait fin à mes jours pour une histoire de simple vengeance. Ma meilleure amie m’avait prévenue, je suis la cible facile dans la vie d’Alec. Le dommage collatéral que toute personne qui cherchera à s’en prendre à lui trouvera aisément et viendra sans aucun scrupule sans prendre à moi. Nous y voilà pourtant à ce fameux jour auquel je pensais pouvoir réchapper… naïvement. « Au moins une personne dans cette pièce qui n’est pas un monstre ». Il reconnait l’être lui sans hésitation, mais semble mettre son frère aussi dans le même panier, ce qui me vaut un regard sombre à l’encontre de Mitchell Strange. Parce qu’à mes yeux, Alec et lui ne sont pas comparables. Il n’a rien à voir avec son ainé. « Elle ne mourra pas ce soir. Tu ne la tueras pas. Tu me dois ça. Putain pour toutes ces années, pour t’avoir prévenu de cette perquisition, tu me dois au moins ça Alex ! ». Sa voix est tremblante, démontrant la peur que lui-même pouvait ressentir face à la situation. Cette peur qu’il manifeste ne fait qu’alimenter la frayeur qui m’habite un peu plus à chaque seconde qui s’écoule.
« Oh je compte pas me justifier devant lui. Qu’est-ce qu’il y a Alexander tu te rends compte que tout le monde t’a laissé tomber ? Tu te rends compte que plus personne ne voulait de toi au sommet ? C’est bien peut-être que pour une fois dans ta vie tu vas te remettre en question ». « Je n’ai besoin de personne ! ». Sa réponse a le don de me faire avoir un mouvement de recul mais je me rends compte que les paroles d’Alec ont touché un point sensible chez son frère ainé. Le fait qu’il se retrouve subitement seul, une solitude qui doit certainement le ronger et le poussait à cette folie. Cela pourrait presque me faire avoir de la pitié pour cet homme, mais il n’en obtiendra aucune, tellement à ce moment-même, je le hais de tout mon être, pour ce qu’il est en train de nous faire vivre… Au point où je continue sur la lancée, osant ouvrir ma bouche quand je l’ai trop longtemps laissé fermer, apeurée par le monstre qu’il est. Je prends le risque de lui demander à son tour pourquoi il n’a pas choisi de quitter cette vie de criminel, lui qui en a clairement l’occasion maintenant qu’il semble être rejeté par l’organisation dont il était le chef. Mon regard ne quitte pas le sien alors que j’attends sa réaction dans une certaine appréhension. La réaction de l’homme pourtant n’est pas violente. Il y a même durant une fraction de secondes dans son regard une certaine tristesse qui se manifeste. « T’en a d’autres des questions de ce genre ma belle ? C’est comme si le diable quittait l’enfer… ». Il semble ancrer dans cette vie-là, ne pas vouloir s’en sortir et cela n’a rien d’étonnant « Et je ne te permets pas de m’appeler ainsi ».
« T’es là pour quoi Alex à part nous jouer ta comédie de victimisation comme si t’avais pas mérité tout ce qui t’arrive ? ». J’observe Alec faire un pas de plus vers nous, mon cœur s’accélère davantage parce que chaque geste que nous exécutons, chaque mot que nous prononçons peuvent risquer de faire tout basculer… « Dit la victime… Je suis là pour mettre les pendules à l’heure ! Vous jouez le rôle du couple qui n’a aucun secret l’un pour l’autre, mais ma très chère Mia, il y a tant de choses que tu devrais savoir ! ». Mon regard quitte Alec pour se poser sur Mitchell, à qui je lance à nouveau un regard noir « Vas-y, crache le morceau, tu en meurs d’envie depuis que tu es arrivé ! ». Ce suspens qu’il alimente depuis le début, le doute de passer à l’action qu’il se délecte de faire planer m’insupporte. Je n’ai plus la patience, je n’ai plus la capacité de me taire. J’ai beau sentir cette arme sur mon crâne, j’ose le regarder encore dans les yeux et lui adresser la parole. « Tu es sûr que tu ne veux pas venir t’asseoir, mon frère et te confesser ? ». Je prends une profonde inspiration et reporte mon regard inquiet et intrigué sur Alec. Il parle de confession alors qu’à mes yeux, il n’a plus aucun secret à mon égard. Les seuls secrets qu’il peut avoir sont ceux liés aux activités du Club, et clairement, ce n’est pas ce qui m’intéresse, préférant surement ignorer l’étendue des actions de l’organisation… A tort, peut-être. « Si papa nous voyait, il se retournerait dans sa tombe ! ». Il continue à prendre le temps de dire ce qu’il a envie de dire et continue de nourrir cette colère qui grandit en moi. Il évoque ce père, leur père, dont Alec m’a très peu parlé. Je n’ai de souvenir que ses confessions sur son enfance malheureuse, cette enfance qui ne lui a pas permis de connaitre des instants heureux du fait de la violence de son paternel. « Ou peut-être pas, il se vengerait sûrement de ce que tu lui as fait Finnegan ». Mon regard se relève sur l’ainé, mes sourcils se fronçant un peu plus à chaque mot qu’il pouvait prononcer « Ca fait quoi de dormir à côté d’un meurtrier Mia ? ». Nos regards se croisent et l’instant d’après il a ces mots qui vont me faire avoir des sueurs froides « Un tueur de famille ! Il a tué papa Strange et là il veut tuer son grand-frère, assassin ! Tu devrais te laver les mains avant de me montrer du doigt mon frère, j’te rappel que sans moi t’aurais passé une bonne partie de ta vie en prison ». « Je ne te crois pas…» je murmure d’abord avant de finalement le répéter un peu plus fort « Je ne te crois pas ! » Je marque une pause, ne le lâchant pas du regard « Tu cherches juste à détruire ce que tu n’auras jamais. Et si tu penses qu’avec tes paroles, avec tes mensonges tu parviendras à détruire ce que nous avons Alec et moi, tu te trompes ! », j’ajoute alors de colère, ayant ce mouvement qui me fait avoir son arme un peu plus plaquée contre mon crâne. Il y a de la rage désormais en moi, celle provoquée par le fait d’accuser son frère capable d’un tel acte. C’est ma réaction à chaud, cette réaction que j’ai bien souvent, quand je ne prends pas le temps de réfléchir… Réfléchir et surtout me remémorer cette conversation que nous avons eu Alec et moi lorsque j’ai découvert son appartenance au Club. Me rappeler alors que, lorsque je lui ai demandé s’il avait déjà commis l’irréparable, il était resté silencieux. Un silence que j’avais interprété comme un oui. Un silence qui me revient et qui me pousse à tourner mon regard vers Alec, alors que la colère s’estompe soudainement et laisse place à l’inquiétude, à l’incompréhension et à la peur... Je cherche alors dans le regard d’Alec la vérité, celle qui me rassurera, celle que j’ai besoin d’entendre… celle qui me dira qu’il n’a pas tué son père. « Alec ? » je susurre alors, comme pour le pousser à dire quelque chose quand son regard me fait craindre le pire.
« Je n’ai besoin de personne ! » Le regard qu’il lui lance en dit long sur son opinion, un rictus cruel étirant ses lèvres, au moins il aura touché juste. Son frère n’avait aucune envie de quitter cette vie, ça c’était quelque chose dont Alec était persuadé. Il aimait bien trop ce monde, il aimait bien trop les sommets, le danger et l’argent. Se voyait-il réellement comme le diable ? Il fut un temps où son frère n’était pas parti aussi loin dans la folie et la paranoïa, il fut un temps où il était un homme normal, où les frères étaient une famille. Pas une famille heureuse, mais une famille malgré tout.
« Vous jouez le rôle du couple qui n’a aucun secret l’un pour l’autre, mais ma très chère Mia, il y a tant de choses que tu devrais savoir ! » A ça, sa mâchoire se serre, son regard se braquant sur l’ainé, son regard menaçant. Que compte-t-il révéler ? Que compte-t-il lancer pour détruire leur relation ? Il y a tant de choses dont il n’a pas parlé à Mia, dont il évite toujours la conversation. La sueur commence à couler sur son front. « Vas-y, crache le morceau, tu en meurs d’envie depuis que tu es arrivé ! »
« Tu es sûr que tu ne veux pas venir t’asseoir, mon frère et te confesser ? » « J’ai rien à confesser. » crache-t-il, le bras toujours tendu, sa main se serrant un peu plus sur l’arme. « Si papa nous voyait, il se retournerait dans sa tombe ! ». Il est là le sujet qu’il craint, celui qu’il n’a jamais abordé avec la jeune femme. « Il a rien à faire dans cette conversation. » lance-t-il, chaque muscle de son corps tendu alors que son cœur tambourine dans sa poitrine.
« Ou peut-être pas, il se vengerait sûrement de ce que tu lui as fait Finnegan ». Sa respiration se bloque dans sa poitrine, il ferme les yeux une demie seconde, son arme s’abaissant un peu. Il le hait d’amener ce sujet, d’utiliser ce souvenir pour blesser. « La ferme. » dit-il les dents serrées. « Ca fait quoi de dormir à côté d’un meurtrier Mia ? ». « J’ai dit la ferme ! » répète-t-il comme si cela allait changer quoique ce soit. Il sait déjà ce qui l’attend, il connait déjà les phrases qui vont sortir de la bouche de son frère, et son regard s’ancre dans celui de son frère pour se préparer au pire, pour se préparer à l’irréparable. « Un tueur de famille ! Il a tué papa Strange et là il veut tuer son grand-frère, assassin ! Tu devrais te laver les mains avant de me montrer du doigt mon frère, j’te rappel que sans moi t’aurais passé une bonne partie de ta vie en prison »
La douleur n’est pas nouvelle, elle est celle d’une culpabilité qui l’a rongé pendant des années, qui pendant des nuits l’a réveillé en hurlant l’année qui a suivi la mort de leur père. Les cauchemars, dont son frère est parfaitement au courant, sont plus vivace que jamais dans son esprit. Tueur, assassin, prison. Ce qui a commencé la fuite, ce qui a été le fondement de la loyauté qu’il a toujours voué à Alexander.
« Je te crois pas. » Son regard quitte son frère pour se poser sur la journaliste, la tristesse s’emparant de ses traits. « Je ne te crois pas ! » répète-t-elle plus fort alors que son cœur bat plus vite quand il la regarde et qu’il réalise qu’elle sait ce qu’il a fait de pire, qu’elle connait ce secret qu’il aurait voulu garder pour lui à tout jamais, enterré dans les vestiges du passé.
« Alec ? » Et à la façon dont elle le regarde, à la peur qu’il lit dans ses yeux, il sait, au fond de lui, qu’elle ne le regardera plus jamais pareil. Que ses mains seront entachées de sang. Si elle pouvait prétendre ne pas savoir auparavant, si elle pouvait rester aveugle, la vérité bien d’être dévoilée au grand jour sans qu’il ne puisse y faire quoique ce soir.
« Mia. » Il prononce son prénom avec douceur, comme pour tenter déjà d’apaiser la peur. « Ce n’est pas un mensonge. » il souffle en la regardant, les mots manquant de rester coincés dans sa gorge. La culpabilité déforme les traits de son visage. Il aimerait retourner en arrière, reprendre son geste. Et pourtant une part de lui ne le regrette pas et c’est sans doute cela qui lui fait le plus honte. « Je pourrais dire qu’il le méritait et ça serait vrai, mais ça n’empêche que j’ai tué mon père Mia. » Les mots sont durs à prononcer et il déteste le mal qui est fait ce soir, il déteste cette part de lui qu’il lui montre aujourd’hui.
« J’pourrais dire que je n’ai jamais voulu faire ça Mia, mais la vérité c’est que ce jour-là, j’aurais été prêt à tout pour que ça s’arrête. Je peux pas te dire que je voulais pas le tuer Mia, parce que même ça, ça serait faux. » Parce qu’au fond il avait cherché à se venger des dizaines de cigarettes écrasées sur sa peau, de chaque hématome qui était apparu sur son corps ou celui de son frère mais surtout de celui de sa mère. Celle qu’il avait voulu venger ce jour là c’était elle. Il n’avait jamais pensé que ça irait aussi loin. Il n’avait pas pensé qu’il allait réellement le tuer. Mais c’était arrivé.
Son regard quitte difficilement le visage de Mia pour retrouver celui de Mitchell. « On a promis qu’on en parlerait jamais à quique ce soit. Tu m’as promis. » C'est l'enfant qu'il a un jour été qui parle, l'enfant qui regarde son grand frère comme s'il ne le reconnaissait plus. La première promesse qui a créé cette loyauté inscrite dans leur sang se brise avec une facilité déconcertante alors qu’il regarde l’ainé avec dégoût, trahi à son tour. Parce qu’il a toujours été celui qui a compris. Qui ne l’a jamais accusé de quoique ce soit, qui l’a protégé dès le moment où il l’a trouvé dans ce salon avec le corps sans vie de leur père. Et cette trahison-là détruit un peu plus tout ce qu’ils ont un jour partagé.
Il a baissé son arme sans le réaliser, les souvenirs qu’il a cherché à enterrer revenant se venger. « J’aurais dû faire quoi ? J’aurais dû attendre qu’il me tabasse à la place Alex ? Ou quoi on aurait dû attendre de se barrer de cette maison et qu’il frappe Gaby jusqu’à ce qu’elle ait envie de s’ouvrir les veines dans la cuisine ? » Il a retourné cet homicide dans son esprit des dizaines et des dizaines de fois, se demandant ce qu’il aurait pu faire, ce qu’il aurait dû faire, rongé par la culpabilité dévorante. « Ca aurait fait que le deuxième suicide qu’on aurait pas pu empêcher, Maman aurait été fière. » Il rit jaune. Tant pis pour les secrets, tant pis pour cette enfance qu’il dévoile au grand jour à Mia sans essayer de la cacher.
Son regard s’ancre de nouveau dans celui de Mitchell et la culpabilité laisse place au dégoût. « La vérité c’est que t’as voulu que je te suive jusqu’en Australie, t’as voulu que je t’accompagne dans ta stupide quête de pouvoir parce que tu savais qu’il y aurait que moi qui te pardonnerait inlassablement ! Tu savais qu’il n’y aurait que moi qui te suivrait comme un chien en laisse parce que t’estimais que c’était ce que je te devais pour avoir couvert la mort de Papa. La vérité Alex, c’est que si tu m’as demandé de te suivre, c’est que tu savais qu’au fond t’étais terrifié à l’idée d’être seul. » Il est bien décidé à lui dire tout ce qu’il ne lui a jamais dit, à le blesser comme jamais il ne l’a fait. C’est une vengeance, au fond, il n’a plus rien à perdre. « Tu penses que je t’ai trahi Alex ? Moi je pense que j’ai ouvert les yeux. Et c’est ça qui te tue, c’est que même ton petit frère t’a abandonné. Et si c’était à refaire, je t’aurais laissé croupir en prison. Si c’était à refaire, je te porterais jusqu’à Lou moi-même pour qu’elle te tue. Si c’était à refaire, je reprendrais les quinze ans de ma vie et je ne serais jamais parti du Nouveau Mexique. » Les mots sont articulés avec froideur et pourtant une part de lui crie au mensonge. Il aurait aimé être capable de faire tous ces choix, mais la réalité était toute autre.
Alec fait un pas en avant, son regard cruel. « Parce que tu sais quoi Alex, tu vaux pas mieux que Papa. T’es pire que lui. Je suis sûr que tu ne sais même plus combien de personnes sont mortes à cause de toi. T’as trahi tous les gens qui t’ont été loyaux. Même ta femme a préféré se laisser crever dans la drogue plutôt que de te supporter. » Une pause, il n’espère que ça, voir la douleur dans le regard de son frère. Un léger rire secoue ses épaules, il est loin la façade dont Mia est tombée amoureuse, la façade a disparu pour ne laisser place qu’au pire de ce qu’il peut être. Il est prisonnier de sa colère, prisonnier de cette perte de contrôle qui empire plus les secondes s’écoulent. « Donc je suis peut être un tueur de famille Alex, et peut être même qu’en fait, toi aussi j’aurais dû te fracasser le crane contre la table basse. Parce que le monde s’en porterait mieux. Y compris moi. » Il ne le pense pas, aurait été bien incapable d’être responsable de la mort de son frère mais ça n’a pas d’importance en cet instant. Il a toujours été un bon menteur, il a appris du meilleur. Mitchell l’a traité de monstre et ce soir c’est ce monstre là qu’il verra et rien d’autre, alors il relève l'arme de nouveau vers l'ainé : « T’es seul Alex. Tu penses que t’as besoin de personne ? Moi je pense que tu vas crever dans ta solitude. T’es plus rien, t’es plus rien à mes yeux, t'es plus rien aux yeux de quique ce soit. »
Il fut un temps ou Alexander aurait tout fait pour son frère. La famille occupait une grande place dans sa vie et même s’il ne le montrait pas, c’était tout ce qu’il avait de précieux dans la vie. Il pensait souvent à sa petite sœur Gaby qui menait sa vie aux Etats-Unis, loin d’eux, loin de tout les problèmes qu’ils avaient dû affronter et devaient encore affronter. Mitchell tenait à tout prix de la préserver de ce monde qui avait fini par les envahir. Il ne se le pardonnerai jamais si elle se retrouvait un jour mêlé à tout et pour cela il avait coupé les ponts avec elle. Il préférait qu’elle lui en veuille de ne pas avoir donné de nouvelles plutôt qu’elle finisse six pied sous terre suite à une énième vengeance d’un ennemi. Entre Alec et Mitchell le point de non retour était atteint ce soir-là. Une arme en main, se visant l’un l’autre comme s’ils étaient deux ennemis, la cadence du cœur de l’Américain ne cessait d’augmenter à chaque mot prononcer par son petit frère qui ne tenait pas à se confesser suite la énième invitation de son grand-frère de venir se joindre à eux sur le canapé. C’était dommage, dommage pour lui d’en arriver là. Parler de leur père. Mitchell jouait de ce sujet, mais au fond la nausée pointait le bout de son nez. Penser à son père c’était lui rappeler de vieux souvenirs, des mauvais souvenirs qui lui n’inspirait rien de plus que haine et tristesse. Il n’avait pas oublié l’horrible scène du jour ou il avait trouvé Nick Strange sur le sol du salon et encore moins le fait de lui avoir tirer une balle dans la tête pour aider son frère à se sortir de là. Il avait commis un acte cruel pour lui venir en aide et ce soir son arme était pointée vers lui. Il ne manquait pas la réaction de son cadet et malgré lui son sourire ne s’estompa pas. Il le poussait à bout en entrant dans les détails de ce qui leur était arrivé à Las Vegas, mettant Mia dans la confidence d’un secret qui avait tenu dix huit ans. Alec l’implorait de se taire, mais Mitchell continuait d’avancer dans sa folie. Semer le trouble, il n’y avait que ça qui l’intéressait à présent. Il regardait son frère dans les yeux et brisait la promesse qu’il avait fait à son petit frère en une fraction de seconde. La réaction de la blonde ne tardait pas à se faire attendre. Elle ne voulait pas y croire, elle voulait sûrement continuer de voir le meilleur du cuisinier. « Tu sais au fond de toi que c’est la vérité, tu ne veux juste pas ouvrir les yeux sur l’homme qui partage ta vie. » Qu’il disait à Mia avec beaucoup de calme avant de tourner son regard à nouveau sur son frère. « Dis-lui, elle mérité de savoir ! » Un ton qui se voulait plus tendu lorsqu’il s’adressait à lui. Alec ne tarda pas à avouer à sa bien aimée et Mitchell ne manqua d’écouter chaque mot prononcer sans pour autant éloigner son arme. Il gardait les sourcils froncé, mais intérieurement la tristesse se faisait ressentir. Cette haine qu’il dégageait l’avait envahit et pourtant son cœur se resserrait sur lui-même en écoutant Alec. Il lui disait la vérité et alors que Mitchell devait y voir une victoire, il baissa les yeux quelques secondes pour tenter de chasser la souffrance qu’il éprouvait à ce sujet.
Alec s’adressa à lui, le frappant en plein cœur. Cette promesse, la promesse d’une vie. Il venait de trahir son petit frère, il venait de rompre encore plus ce lien qui les unissaient pour en laisser que des miettes. Balayant le souvenir de frères unis et loyaux l’un envers l’autre. C’était la fin. « Rien est éternel mon frère. » Répondait Mitchell en fuyant le regard de son frère pour la première fois depuis le début de la confrontation. Il avait l’impression de faire face au petit garçon qu’était Alec autrefois et ça lui faisait mal, ça le faisait souffrir intérieurement et le rendait plus instable que jamais. Alec baissait son arme, une opportunité pour Mitchell de prendre le dessus une bonne fois pour toute, mais non, il l’écoutait parler en fronçant les sourcils, il subissait chaque mot que prononçait son petit frère et les encaissaient difficilement. Leur sœur, puis leur mère, s’en était trop pour l’Américain qui avait du mal à retenir ses émotions. Il mettait un point d’honneur sur la peur d’être seul de son grand-frère et il visait juste. « Tu ne sais pas de quoi tu parles Finn. » Durant quelques instants il y avait qu’eux dans la pièce. Mia était inexistante aux yeux de Mitchell si ce n’était que l’armé contre sa tête qui montrait sa présence. « Tout ce que j’ai fais je l’ai fait pour notre famille, je l’ai fait pour toi, pour nos sœurs ! Pour vous offrir une vie meilleure ! » Il disait regretter de ne pas l’avoir laissé croupir en prison, regretter de l’avoir suivi. Tout était remis en question et Mitchell peinait à cacher le fait que ça le touchait profondément. « Tu ne pense pas ce que tu dis mon frère ! » Qu’il hurlait presque de douleur. Puis il parlait à nouveau de leur père, le comparant à son grand-frère en pire, puis de Mavis, la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. « Je t’interdis de parler d’elle ! » Qu’il hurlait agitant son bras tenant l’arme, laissant présager un coup de feu à venir. Il avait mal vécu la mort de sa femme, il en avait souffert malgré que leur relation était tangible et la comparaison avec le paternel était de trop, il ne supportait pas d’être comparé à ce monstre et pourtant il était devenu ce monstre en bien pire, mais il ne pouvait pas l’admettre. « Tu aurais dû le faire Finnegan ! ça m’aurai évité de passer toutes ces années à tes côtés ! Tu as toujours été un poids pour moi mon frère, toi et tes rêves de merdes ! Putain ! Aucune reconnaissance pour tout ce que j’ai fait pour toi ! Tu me fais passer pour un monstre, mais regarde toi !» Il ne pensait rien de ce qu’il disait et même s’il manquait de repartie sur le moment, sa haine était parfaitement visible nourrie par la douleur qu’il ressentait. « Je préfère être seule plutôt que de devenir un suiveur comme toi, tu le regretteras un jour d’avoir fait ce choix et tu me suppliera pour me demander pardon, mais ça sera trop tard Alec, je ne te tendrais plus jamais la main.» L’appeler Alec le faisait revenir à la réalité. Ils n’étaient plus frère à ce moment-là. Mitchell serrait son arme et ôtait la sécurité tout en éloignant son arme de la tête de Mia, il se laissait submergé par la colère et d’un seul coup il tira pour se venger, parce qu’au final c’était sa seule issue. Son petit frère l’avait fortement blessé et la seule réaction possible était la violence à défaut de trouver les mots pour se défendre convenablement.
Spoiler:
1. WIN Mitch tire sur Alec 2. SO CLOSE Mitch tire sur Alec, Mia s’interpose 3. FAIL Mitch tire sur Mia
Dernière édition par Mitchell Strange le Mar 20 Avr 2021 - 18:57, édité 2 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Il crache enfin le morceau. Cette vérité, celle qu’il cherche depuis le début à me confesser à propos d’Alec. Il jubile de la révéler pour tenter de détruire cette confiance que je peux avoir en lui. Il se doute que jamais Alec ne m’aurait avoué son acte. Celui d’avoir tuer son propre père. Ma première réaction est évidemment de ne pas vouloir le croire, parce qu’à mes yeux, l’homme que j’aime n’aurait jamais été capable de faire une chose pareille. « Tu sais au fond de toi que c’est la vérité, tu ne veux juste pas ouvrir les yeux sur l’homme qui partage ta vie ». Et les mots de Mitchell ont finalement l’effet de m’amener à réfléchir, surtout à me remémorer cette conversation que nous avons eu début décembre… Quand je lui ai demandé s’il avait déjà commis l’irréparable quand dans cette ruelle j’ai pu y voir une tout autre facette… Celle d’un homme violent, en colère, prêt à en finir avec Geo pour le faire taire. Cette violence qui m’a effrayé, qui m’a poussé à lui poser cette question. Une question qui était restée en suspens, le silence étant la seule réponse que j’ai pu obtenir de sa part ce jour-là. Mon cœur se serre en même temps qu’il tambourine plus fort parce que je me rends compte que la réponse à ma question, je viens de l’obtenir…. Aujourd’hui. « Dis-lui, elle mérite de savoir ! ». Mon regard se tourne vers Alec, tremblante à nouveau, la peur qu’il confirme alors que je ne cherche qu’à être rassurée… Qu’il me montre qu’il est incapable d’avoir fait une chose pareille, que c’est la folie de son frère qui parle encore. « Mia. » Et je sais à la manière dont il prononce mon prénom, à la manière dont son regard se pose sur moi, cette expression qu’il a dans celui-ci, qu’il s’apprête à affirmer les dires de son ainé « Ce n’est pas un mensonge ». Les mots me glacent le sang, alors qu’il peut lire le choc de cette affirmation dans mes yeux. « Je pourrais dire qu’il le méritait et ça serait vrai, mais ça n’empêche que j’ai tué mon père Mia ». Dans l’incompréhension de ce geste qui l’a poussé à tuer son propre père, il y a une première larme qui se déverse sur une de mes joues. Je suis incapable d’exécuter un geste, comme celui du revers de main qui viendrait estomper cette larme qui trahit et appuie la déception… « J’pourrais dire que je n’ai jamais voulu faire ça Mia, mais la vérité c’est que ce jour-là, j’aurais été prêt à tout pour que ça s’arrête. Je peux pas te dire que je voulais pas le tuer Mia, parce que même ça, ça serait faux ». Il me révèle l’intention dans le geste qu’il a eu. J’ignore les circonstances, j’ignore comment il s’y est pris… Mais pour le moment, il n’y a que l’horreur du geste et le mensonge de cette vérité qu’il n’a jamais daigné me révéler que je retiens. L’impression de découvrir une nouvelle fois l’homme violent que j’ai pu voir dans cette ruelle… Cette facette de lui que j’ai préféré oublier… Cette facette qui, aujourd’hui, me revient en pleine face et m’oblige à me rendre compte de cette part de lui que je ne peux plus ignorer… Aucun mot ne sortira, aucun mot qui pourrait l’apaiser, lui faire penser que je ne lui en tiens pas rigueur, que je peux comprendre même l’ampleur de son geste… Parce que les mots restent bloqués dans ma gorge, et peut-être aussi parce que simplement, aucun mot n’est capable de traduire ce que je ressens. Alors mon regard reste ancré dans celui d’Alec, la tendresse a sûrement disparu, l’expression dans mon regard similaire à celui de ce mois de décembre : la déception et sûrement une once de dégoût.
Alec ne s’adresse plus à moi mais à son frère désormais. « On a promis qu’on en parlerait jamais à qui que ce soit. Tu m’as promis » J’entends la détresse dans sa voix, la déception aussi de cette trahison que vient de lui infliger son frère en trahissant cette promesse faite entre eux de ne jamais révéler ce secret. « Rien est éternel mon frère ». Alors que l’autre frère en revanche montre une indifférence totale, celle d’avoir briser à jamais ce lien fraternel. « J’aurais dû faire quoi ? J’aurais dû attendre qu’il me tabasse à la place Alex ? Ou quoi on aurait dû attendre de se barrer de cette maison et qu’il frappe Gaby jusqu’à ce qu’elle ait envie de s’ouvrir les veines dans la cuisine ? Ca aurait fait que le deuxième suicide qu’on aurait pas pu empêcher, Maman aurait été fière ». Plus il parle, plus les mots me glacent le sang. Je découvre son histoire, celle de la famille Strange. Cette histoire dont il s’est toujours gardé de me raconter, quand, en revanche, il connaissait les détails de la mienne. Aujourd’hui, je découvre les raisons, tragiques, de la disparition de son père mais aussi de sa mère. Je découvre aussi un peu plus le portrait de ce père violent. Cette violence qui a poussé Alec à faire ce qu’il a fait… pour protéger cette sœur dont il évoque le prénom. Mon regard se relève sur lui alors, un regard désolé, un regard rempli de tristesse face à la tragédie de son histoire… de leur histoire, une certaine douceur réapparaissant alors.
J’apprends aussi l’histoire des deux frères, le chemin parcouru, expliquant pourquoi ils en étaient arrivés à ce point aujourd’hui. Les reproches fusent à l’égard de son frère ainé, les regrets de l’avoir suivi alors qu’il estime que Mitchell s’est usé de lui dans sa quête du pouvoir. Parce qu’il avait finalement le contrôle sur Alec en l’ayant couvert face à ce meurtre commis. Je comprends ainsi d’où est née la loyauté d’Alec envers Mitchell. Je comprends aussi pourquoi il s’est interdit d’être heureux, de mener la vie dont il rêvait pendant tout ce temps… Mon cœur se serre un peu plus à chaque mot qu’il prononce. Les regrets exprimés sont forts, certains me figeant sur place lorsqu’il se dit capable de l’amener à une dénommée Lou pour qu’elle vienne à le tuer. La violence renait dans ses paroles, celle qui me fait à nouveau froncer les sourcils. Mitchell ne parvient pas à rester indifférent face aux mots de son cadet, lui disant en hurlant qu’il ne pensait pas ce qu’il disait. Leur lien s’égrène davantage chaque seconde et la scène sous mes yeux me fait oublier ce pistolet toujours menaçant sur mon crâne. Je ressens même de la peine, ne pouvant imaginer en arriver là avec ma propre famille… espérant n’avoir jamais à vivre une déchirure pareille… Alec crache encore ce qu’il a sur le cœur, sûrement les mots qu’il a dû retenir pendant des années, l’accumulation de cette frustration longtemps conservée et qui a besoin d’être exprimé aujourd’hui. Plus rien ne semble l’arrêter, il fait référence à leur père, le comparant à Mitchell. Et surtout il vient à parler de cette femme que son frère a aimé et qui s’est perdue dans les méandres de la drogue… au point d’en perdre la vie. La colère de l’ainé est immédiate à l’évocation de cette personne, ce qui me fait tourner mon regard vers lui à nouveau. J’ai peur à cet instant que ce soit l’élément déclencheur qui le fasse appuyer sur la gâchette, me ramenant à la réalité. Alec ne s’arrête plus, exprimant le regret de ne pas avoir fini par tuer son propre frère. Horrifiée par les mots, par cette facette de lui qui refait surface, je tente de prononcer son nom « Al… » et de lui dire qu’il ne peut pas avoir de tels mots mais la furie de Mitchell me coupe dans mon élan. La peur grandit à nouveau en moi, je sens que la situation est sur le point de dégénérer et qu’il est fort probable que je sois bien ce dommage collatéral ce soir…
Tout a été rapide. Il y a eu ce mouvement de recul de la part de Mitchell, ce mince espoir le voyant s’éloigner de plus en plus de moi, m’apprêtant à courir dans les bras d’Alec, malgré l’arme qu’il venait de déverrouiller. Mais il a été plus rapide. Plus rapide, ne me laissant pas le temps de mouvoir le moindre petit orteil. Plus rapide quand je sens la balle effleurée mon épaule, que la douleur est subite et surtout bien réelle. Qu’un premier cri s’échappe du fait de la peur et un deuxième de douleur. Ma main vient se porter à l’endroit de l’impact, voyant celle-ci se teintait de rouge. Je relève le regard vers Mitchell, horrifiée de son geste. Mes larmes coulent intensément, je suis paniquée, figée, incapable même d’exprimer la douleur à tel point je suis effrayée par l’homme qui se tient face à moi. J’ai peur qu’il estime que je ne suis pas suffisamment blessée, qu’il décide de tirer un deuxième coup pour me faire subir le pire des sorts, pour se venger définitivement de son frère et le faire souffrir à jamais. Le faire devenir définitivement un monstre s’il viendrait à perdre celle qu’il aime… Le faire devenir un monstre comme lui. J’étouffe un autre cri de douleur, me penchant légèrement sur moi-même. « Va t’en » je dis alors relevant à nouveau mon regard sur Mitchell « VA T-EN » je hurle entre deux sanglots. J’exprime un autre cri de douleur étouffé alors que j’espère que ce cauchemar cesse et que j’espère ne plus jamais revoir Mitchell Strange de ma vie.
Elle ne le regardera plus jamais de la même façon. La peur qu’il lit dans son regard les larmes qui s’échappent et qu’elle cherche en vain à effacer, il est incapable de les effacer de son esprit. Elle le voit enfin comme il est. En cet instant elle connaît de le pire, et tout ce qu’il a un jour cherché à cacher pour éviter de ne voir apparaître la déception et le dégoût dans son regard sont révélés au grand jour. Il n’y aura pas de retour en arrière possible. Il sera à jamais l’homme qui a tué son père. Et ça, il n’est pas sûr qu’elle pourra l’accepter, pas quand elle a déjà dû tant accepter pour l’aimer. Lorsqu’il la quitte des yeux c’est pour plonger un regard haineux et déçu dans celui de Mitchell.
« Rien est éternel mon frère. » Rien n’est éternel et pourtant leur lien aurait dû l’être. Il aurait dû l’être dès le moment où Mitchell avait trouvé son frère les mains couvertes du sang de leur père. Il aurait dû l’être dès le moment où l’ainé avait tiré une balle dans la tête du cadavre pour le maquiller en suicide, dès le moment où ils avaient fui. « Tout ce que j’ai fait je l’ai fait pour notre famille, je l’ai fait pour toi, pour nos sœurs ! Pour vous offrir une vie meilleure ! » « Tout ce que tu as fait TU L’AS FAIT POUR TOI ! Tu l’as fait pour l’argent, tu l’as fait pour le pouvoir, tu l’as fait pour ton égo ! Tu l’as JAMAIS FAIT POUR NOUS. » rugit-il hors de lui, fatigué d’entendre les mêmes justifications qui ont perdu tout leur sens à ses yeux. Il n’y croit plus depuis longtemps.
Alec lui déverse tout sa haine au visage, prêt à détruire tout ce qui reste de leur relation. « Tu ne pense pas ce que tu dis mon frère ! » Peut-être qu’il a raison, peut-être qu’il y a une part de lui qui ne pense pas les mots et pourtant Alec n’en a que faire il souhaite blesser. « Tu aurais dû le faire Finnegan ! ça m’aurai évité de passer toutes ces années à tes côtés ! Tu as toujours été un poids pour moi mon frère, toi et tes rêves de merdes ! Putain ! Aucune reconnaissance pour tout ce que j’ai fait pour toi ! Tu me fais passer pour un monstre, mais regarde toi !» Il fuit son regard, incapable de le regarder, il avait voulu effacer ses rêves, il avait tout sacrifié pour lui. Il ne lui devait plus rien.
« Je préfère être seul plutôt que de devenir un suiveur comme toi, tu le regretteras un jour d’avoir fait ce choix et tu me supplieras pour me demander pardon, mais ça sera trop tard Alec, je ne te tendrais plus jamais la main.» Il ne le suppliera jamais. Pas après aujourd’hui. « Va te faire foutre Mitch ! » crache-t-il, les prénoms d’apparence revenant. La tension dans la pièce est sur le point d’exploser. Et lors que Mitchell recule soudainement, lorsqu’il s’éloigne de Mia, le corps d’Alec se tend, sentant que tout est sur le point de déraper.
Le coup de feu part. L’arme ne fait pas de bruit. l’homme a été assez intelligent pour mettre un silencieux. Et pourtant en cet instant, le son lui semble tonitruant. Ou est-ce son cœur qui a loupé un battement, l’envie soudaine de vomir, son regard qui se pose sur Mia en même temps qu’il a rugi son nom. Le choc pourtant qui paralyse ses gestes, qui fige son corps alors que son regard ne voit que le sang qui se met à couler, qu’à colorer de rouge ses vêtements « Non, non, non, non. » Comme s’il pouvait retourner quelques secondes en arrière. Comme s’il pouvait se prendre cette balle à la place de Mia. « Qu’est ce que t’as fait ?! QU’EST-CE QUE T’AS FAIT ?! » il y a un désespoir dans les mots, un choc certain alors que le temps semble figé, alors qu’il se précipite vers la jeune femme, peu importe le fait que Mitchell pourrait tuer à nouveau, peu importe les conséquences quand il ne voit que le sang qui commence à teinter ses vêtements de rouge, qu’il n’entend que son cri de douleur qui tourne en boucle dans son esprit. « Va t’en. VA T’EN. » hurle-t-elle à destination de Mitchell. Lui ne s’en préoccupe même plus, ses mains viennent trouver son bras pour soutenir, qu’ils finissent par tomber à genoux sur ce sol, lui laissant son arme à côté d’elle. « Je suis désolé, je suis désolé. » balbutie-t-il en touchant son visage , près de son épaule, un instant d’après ses mains sont couvertes de sang. Il n’arrive pas à se raisonner. A se dire que si Mitchell l’avait voulu morte elle serait morte. Il ne voit que le rouge vif, ne voit que les larmes de la jeune femme et surtout ne voit que le sang sur ses propres mains.
Son sang, sur ses mains. Sa faute. Sa faute. Sa faute. Sa faute.
Il semble retrouver possession de ses moyens, le choc passé et retrouve en même temps la colère, le besoin de vengeance immédiat et urgent. Alors il se redresse, attrapant son arme, et se tournant vers son frère, bien décidé cette fois, à en finir. Mitchell a tout détruit. En un instant il a tout détruit. Il aura suffi de quelques mots, de quelques secrets utilisés pour blesser, pour changer son image, pour rappeler qu’au fond Alec ne vaut sans doute pas mieux que son frère.
Il aimerait le tuer. Il aimerait appuyer sur la gâchette et que la balle traverse le crâne de Mitchell. Il aimerait en finir, se venger des sanglots de douleur et de peur de la jeune femme derrière lui. Il aimerait reprendre une vie entière à suivre cet ainé aveuglement, à lui vouer une loyauté sans faille. Trente-huit ans. Et pas une seul où il n’aurait pas donné sa vie pour lui. Pas une seule où il ne l’aurait pas suivi jusqu’à l’autre bout du monde, il ne l’aurait pas défendu corps et âme. Pas une seule où ça n’aurait pas été Mitchell et lui contre le reste du monde. Il n’y a plus rien de tout ça en cet instant. Non il n’y a plus que la trahison sans nom, la douleur mais plus que tout la peur. Le moment est suspendu dans le temps, alors que Alec a son pistolet braqué sur l’ainé avec l’envie, non le besoin, d’en finir cette fois. La rage fait tambouriner son cœur bien trop vite. Il n’y a plus d’autre choix que celui-ci. Il doit le tuer, maintenant. Il doit en finir pour être à tout jamais débarrassé de lui. Et pourtant, pourtant, alors que le regard des deux frères se croisent, le bras d’Alec tremble, les traits déformés par la douleur. Sa respiration se fait plus difficile.
Il en est incapable.
Malgré toutes les belles paroles, malgré toutes les belles menaces, alors qu’il pourrait mettre fin à cette vengeance ici et maintenant, il en est incapable. Incapable de le tuer, incapable de venger Mia, incapable de la protéger. Un moins que rien.
« Je te déteste. » souffle-t-il entre ses dents incapables de le lâcher du regard. « Je te déteste. » Comme un enfant à qui on a tout pris. Peut-être comme un adulte qui construit une vie entière sur quelqu’un qui ne l’a jamais mérité. « Je te déteste. » Le pistolet tremble car sa main tremble. Est-ce Mitchell qu’il déteste ou est-ce lui au fond ? Car c’est à cause de lui et de ses choix qu’ils en sont là. C’est à cause de lui que Mia est blessée, c’est à cause de lui qu’elle a été prise pour cible. C’est à cause de lui, qu’encore une fois aujourd’hui, Mitchell sortira vivant. Il est incapable de le tuer et tout est de sa faute.
C’est à ce moment-là qu’on entend des sirènes de police au loin dans la rue.
« Va-t’en. » dit-il en reprenant les mots de Mia. Qu’il parte, qu’il disparaisse. Ca n’a plus d’importance. L’homme en face de lui n’est pas son frère. Sans doute n’en a-t-il jamais mérité le titre.
Avait-il tout fait pour sa propre personne ? Était-il finalement qu'un égoïste sans cœur ? C'est ce que lui reprochait son petit-frère et pourtant il ne pouvait pas lui donner raison, pas sur ce point. La course à l'or était certes une course qu'il avait débuté seul et ce bien avant tout les drames qu'ils avaient vécu. À Las Vegas, après son accident il s'était mis en tête de réussir sa vie coûte que coûte, gagner suffisamment d'argent pour ne pas avoir à vivre les même erreurs commise par Nick Strange. Il y avait mis un pied dans ce monde rempli d'interdit, poussé par la femme qu'il aimait, il y avait gouté à cet argent facile et il avait apprécié l’adrénaline qui ça lui procurait. Mettre une balle dans la tête de leur père mort était qu'un avant goût de ce qui l'attendait pour les années à suivre. Malheureusement, après des années à se serré les coudes, les frères n’avançaient plus avec un souhait commun, Alec rêvait d'une vie paisible tandis que Mitchell lui voulait le pouvoir, mais tout ce qu'il avait fait c'était avant tout pour sa famille, au début du moins. L'Américain haussait les sourcils face aux dires de son frère. «Tu as la mémoire courte.» Qu'il se contentait de dire avant de nourrir la haine de son frère à son égard. La tension ne cessait d'augmenter dans l'appartement, les armes présentes nourrissait cette tension sous le regard impuissant de Mia qui venait d'apprendre que son petit ami était finalement lui aussi un meurtrier. « Toi va te faire foutre ! » Qu'il prononçait tel un enfant avant de finalement s'éloigner de la jeune femme pour tirer en direction de son épaule.
L'irréparable venait d'être commis. Mitchell avait laissé sa colère et sa haine prendre le dessus sur ce qui devait être seulement un avertissement. Il le savait, il savait qu'aucun retour en arrière allait être possible après ça. Il observait le sang sur l'épaule de la blonde, il se forçait à un garder un semblant de sourire, mais il n'avait pas aimé faire ça et il le regrettait. Il croisait le regard de son frère qui en une seule seconde c'était rempli d'inquiétude. Une fois encore Mitchell Strange était le monstre de l'histoire. Il était resté silencieux durant un moment, observant son frère se précipiter vers sa bien aimée. Était-il arrivé à un stade ou seul la violence pouvait lui donner satisfaction ? Semer le trouble pour se faire respecter ? Pour montrer qu'il est le plus fort ? Lui-même ne savait pas pourquoi il en était arrivé jusque-là. Certes, il avait envie de se venger, mais il se rendait compte qu'en agissant ainsi il venait de faire du mal à son frère également et que ce n'était pas ce qu'il voulait. Il ressentait aucune satisfaction suite au coup de feu, au contraire. Il aurait eu envie de s'excuser, de faire l'impossible pour que son frère lui pardonne son égarement, mais il n'était pas idiot et savait d'avance qu'il venait de briser d'avantage leur lien fraternel. Il n'y avait plus aucun espoir et il allait devoir agir au plus vite pour ne pas sombrer. Il remettait son masque, celui de l'homme détestable à souhait. Il affichait un sourire satisfait, faux, mais bien joué. Le mal était fait et il n'allait pas pouvoir revenir là-dessus. «Que c'est dramatique !» S'exclamait-il d'un seul coup. « J'ai presque envie de verser une petite larme. » Il tenait fermement son arme sans perdre son sourire. Il ne tardait pas à observer la réaction de son petit frère qui sans surprise pointa son arme vers son ainé.
L'Américain s'approcha volontairement de l'arme sans quitter son frère du regard. «Qu'est-ce que tu attends ? Je l'ai mérité !» Il le provoquait, mais savait au fond qu'il ne tirerait pas, il serait déjà étendu sur le sol si ça avait été son intention. Alec contrôlait sa colère bien plus facilement que son ainé et le lui enviait presque cette qualité. Il le détestait, il le lui répéta plus d'une fois. Si le visage de Mitchell ne montrait aucune émotion, à l’intérieur il souffrait. Il s'en voulait, il était triste et s'efforçait à tenir bon pour ne pas montrer le moindre signe de cette faiblesse qui grandissait en lui. «Tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenu, mon frère. » Suite à ces mots, son petit-frère l'invita à quitter les lieux, tout comme Mia l'avait fait quelques secondes plus tôt alors que les sirènes de polices s'entendait au loin. Il ne s'avait pas si ça lui était destiné, mais le risque n'était pas à prendre. Il avança rapidement jusqu'à la porte sans les quitter pour autant du regard. «Profitez du temps qu'il vous reste à deux, la prochaine fois je viserai autre chose que l'épaule. » Par sa menace il avouait avoir visé volontairement l'épaule, un détail qui ne lui vaudrait sûrement pas la compassion, mais qui se valait d'être dit. Il quittait l'appartement rapidement, retrouvant sa voiture qui l'attendait sagement sur le bord du trottoirs. Il jetait un œil autour de lui avant de monter dans celle-ci. Tapant fortement sur le volant tout en hurlant. «Putain !!!» Il soufflait fortement, il retrouvait ses esprits et se détestait d'avoir fait tout ça. Il observait son regard dans le rétroviseur, sentant une larme couler sur sa joue. Une larme qu'il essuya sans attendre. «C'était la meilleure chose à faire, c'était la meilleure chose à faire.» Qu'il se répétait à lui-même, tentant de se convaincre que ce coup de feu était vraiment nécessaire pour se faire entendre. Pourquoi se sentait-il pas mieux pour autant ? Pourquoi sa haine ne cessait de croitre et pourquoi la tristesse envahissait tout son esprit. Il démarrait et s'éloigna du centre ville pour rejoindre sa planque. Il tentait de ne pas se laisser submerger par ses pensées et se concentrait sur ce qu'il lui restait à faire pour retrouver sa vie qui lui avait été arraché de force. Il devait aller de l'avant quitte à semer la discorde sur son chemin.