(22 mars 2021) L’œnologue pouvait se révéler surprenante lorsqu’elle décidait de sortir certaines bouteilles de sa cave à vins. Là voilà en train de dépoussiérer l’un de ses crus les plus précieux. Celui de son grand-père. Etrangement, les paroles coulèrent à flot, un simple objet avait réveillé ce souvenir en elle qu’elle ne racontait pas tous les jours. Peut-être que la fatigue mêlée à l’alcool avait délié certaines paroles ? Ou bien Channing avait peut-être cette aura qui incitait les gens à se confier ? Dani accepta de le faire, mais elle refusait de devenir un poids supplémentaire sur ses épaules. Dans les promesses de leurs baisers, ils avaient fait cet accord silencieux de s’élever dans le ciel et non se couler dans les noirceurs des eaux profondes. Il faudrait peut-être qu’un jour, ils arrivent à en parler de vive voix afin de ne pas avoir de mauvaises surprises en cours de route. A leur façon, ils apprenaient doucement à découvrir quelle personne se cachait derrière le masque de leurs personnages qu’ils incarnaient le jour. La nuit, leurs vieux démons étaient plus facile à cerner. Au fil de leurs échanges, ils apprenaient à mieux s’apprivoiser et communiquer ensemble. Dani avait pensé pendant un instant mal agir avec sa question interdite mais Channing la rassura vite en quelques mots et déposant sa paume de main sur sa cuisse. L’œnologue répondit avec un fin sourire sur les lèvres, déposant sa main libre sur celle de l’héritier comme pour lui donner l’autorisation de ce geste. Après tout, ils avaient été suffisamment intimes pour se permettre certaines libertés non ?

La mystérieuse avait donc levé le secret sur ce piano, l’ouvrant et sortant ce fil invisible de son passé. Elle dénichait dans cet instrument les plus vieux et précieux souvenirs de son existence. Dani s’était reconnue en Channing lorsqu’il lui avait raconté son histoire. Elle avait vu son reflet au masculin dans ce miroir des vérités. En pansant ses blessures, elle avait mis le doigt sur des cicatrices communes. Celle d’avoir une allure impeccable pour protéger les siens, mais aussi celle de se sacrifier son propre bonheur. Quelle triste existence mais l’optimiste ne voulait pas éternellement vivre dans ce monde de non-dits. Elle voulait parler, elle voulait se libérer de ses démons, mais elle peinait à trouver sa route dans ce labyrinthe des sentiments. Dans ses rêves, Wendy était toujours à la recherche de son Peter. Elle savait qu’au fond d’elle, dans les méandres de ce piano, elle trouvera la réponse un jour. Alors elle ouvrit sa boite à musique et jouer la triste mélodie de son passé. Un mentor disparu et surtout un second père emporté par la maladie. Elle ne s’était pas attardée sur les détails de son départ, mais parla plutôt de ce qu’il avait provoqué en elle et surtout dans sa vie. Une rêve de petite fille qui avait finalement vu le jour sans lui. Tristement, Dani avait raconté son histoire en expliquant à Channing qu’elle n’avait su par quoi commencer. Pourtant, son grand-père avait sonné comme une évidence pour elle.

Cette confession lui avait demandé beaucoup d’énergie. L’œnologue se sentait à la fois légère mais incroyablement fatiguée, qu’elle se laissa faire lorsque le brun les tira confortablement dans le moelleux du canapé les couvant d’un plaid. Elle s’était installée contre lui, son dos contre son cœur et avait fermé paisiblement ses yeux. « Ace. Ace Alvarez. C'est le nom que j'utilise la nuit. » Son nom inconnu éveilla l’esprit de la coréenne, qui rouvrit les yeux et écouta le pilote de nuit. Doucement la main de la coréenne était venue se déposer sur les bras masculins qui encerclaient ses épaules. Elle vint caresser sa peau en guise de réponse face à cette nouvelle confession. Dani était toujours sans mot alors qu’ils étaient tous les deux en train de se confier d'une facilité déconcertante. Comment cela était-il possible ? C’était la question à un million. A deux, ils étaient de plus en plus surprenants. « Ma question était vague, je sais que c'est compliqué de savoir par où commencer. Je suis touché que ce soit ce sujet-là plutôt qu'un autre qui te soit venu en premier. » Elle bougea doucement sa tête de haut en bas avant de répondre d’une voix douce et reconnaissante « Merci à toi aussi. » de m’avoir donnait cette chance de saisir ta main mais également de rester honnête avec moi. « Est-ce que... est-ce que tu vas bien, Dani ? D'une manière générale. » Piégée entre deux regards, les billes masculines captèrent les siennes cherchant la vérité dans cet océan de confessions. Dani était perdue lorsqu’il s’agissait de parler d’elle, mais elle ne se voyait pas mentir à son précieux allié. « C’est une excellente question. » qu’elle commença à dire sans quitter le regard masculin. « Je ne sais pas. » ses billes dévièrent vers le bas ne voulant affronter cette vérité qu’elle soupçonnait depuis un petit moment « Je sais juste que je dors peu et mal ces derniers temps. » et hop une nouvelle fenêtre ouverte sur son monde, mais elle n’avait pas la force de donner davantage d’explications à l’heure actuelle. « Tu voudras dormir ici ce soir ? » qu’elle finit par lui demander en écoutant  tout simplement ses envie. Parce qu’elle avait envie de passer plus de temps en sa compagnie, d’éterniser leurs moments ensemble alors qu’ils venaient à peine de se retrouver. A deux ils étaient plus fort, non ? « Enfin si tu as envie. » qu’elle termina en se pinçant légèrement les lèvres en attendant sa réponse.  

(22 mars 2021) Dormir était peut-être la meilleure alternative après avoir vider la bouteille de ses regrets ? L’œnologue n’avait pas prévu de le faire ce soir, le jour de son anniversaire. Mais tout le monde connaissait la douce mélodie de la vie : la vie n’était pas un long fleuve tranquille. Pour l’instant, Dani ne s’était pas encore noyée, ses petits démons ne l’avaient pas attiré dans les profondeurs. Ce soir, elle avait même gagné le plus beau des anges gardien dans son lit. Enfin, cette petite satisfaction personnelle elle se le gardait bien sagement en elle. Ce soir contre toute attente, elle avait baissé les armes et autorisé le Walker à voir la vraie couleur de sa peau qui était loin d’être un blanc immaculé. « J'aimerais beaucoup. » Tant mieux car la fatigue commençait à prendre le dessus sur elle. Se réveiller à l’aube avant les oiseaux commençait à être compliqué et Channing en aurait l’agréable surprise au petit matin. « Est-ce que tu veux qu'on aille se coucher ? Je suis fatigué aussi de toute façon. » Les derniers doutes féminins s’évanouir dans l’océan noir et Dani se leva du canapé à ses derniers mots. Elle se retourna et lui tendit la main afin de l’inviter dans un nouveau recoin de son monde qui n’était pas autorisé à n’importe qui. La dernière fois qu’elle avait fait rentrer un homme dans cette pièce, c’était Eddie, quelques semaines plus tôt à Seollal. Le pauvre danseur avait été puni dans un coin de sa chambre, assis sur un pouf à veiller sur sa noona. Dani ne réservait pas une telle punition à l’héritier, bien au contraire « Tu as raison, il est plus sage que nous allions dormir. » qu’elle murmura avant de l’inviter dans sa chambre.

« Ça va.. tu n’es pas trop à l’étroit ? » qu’elle demanda d’une petite voix amusée alors que la couette était remontée jusqu’au menton de la demoiselle. Le lit était assez large pour contenir deux adultes, cependant le matelas de 180 de Dani faisait littéralement la longueur de Channing. Elle n’avait pu s’empêcher de rire en constatant le résultat lorsque le grand brun s’était glissé sous les draps. Dani n’avait pas prévu que son amant soit si grand, puis habituellement elle dormait seule chez elle. Pourtant les choses dans sa vie semblaient doucement prendre une autre tournure et ce n’était pas pour lui déplaire. « Je penserai à investir dans un lit king size à l’avenir. » qu’elle s’amusa à dire au souvenir de leur première nuit dans cette suite de l’Emporium Hotel. Un agréable souvenir qui ne semblait pas quitter l’esprit rêveur de la coréenne. Finalement, elle s’approcha pour venir embrasser tendrement Channing avant de murmurer contre ses lèvres. « Merci pour cette belle soirée Chan. » Lentement, elle se décala pour caresser les traits masculins avec tendresse. Elle resta de longues minutes à faire cela, un sourire bête aux lèvres et son regard perdu dans les étoiles. Malgré ses peurs, elle était heureuse à ses côtés. C’était un sentiment indescriptible, seul son cœur connaissait les raisons. « Fais de beaux rêves. » qu’elle avait fini par glisser dans un dernier baiser avant de doucement sombrer dans un sommeil qu’elle espérait réparateur.