“Un peu partout, quand j’ai le temps.” Il réussit l’exploit de répondre parfaitement à la question sans livrer le moindre indice à Clyde quant aux doutes qui l’emparent, si bien qu’il n’a d’autre choix que de hocher la tête et de se contenter de ça. Le souvenir d’une Ariane aux traits tirés par la douleur ne quitte pas son esprit mais le raccourci est sans doute bien trop rapide entre ce type et l’histoire qu’elle lui a servie, même s’il espère pour elle qu’elle ne prend pas pour habitude de se faire cogner par des mecs. Officiellement ou pas, d’ailleurs, vu le peu de politesse avec laquelle elle réagit lorsqu’on ose lui casser un truc alors qu’elle est sans doute bien la première à connaître les risques et à aimer boxer pour ça.

“Je suis grand, elle a pas à me gérer.” “Je pense plutôt à ma gueule dans l’histoire en fait, j’y tiens un minimum.” Sa gueule à lui qu’elle prendra un plaisir à amocher si elle décide pour une raison ou une autre qu’elle n’apprécie pas qu’il vienne approcher ses amis lorsqu’elle a le dos tourné. Qu’à cela ne tienne, elle a cafté auprès de Raelyn à son sujet dès qu’elle en a eu l’occasion et ça justifie sans doute bien tout ce qu’il pourrait faire désormais - cela dit, ça ne l’empêchera peut-être pas de vouloir lui casser la gueule quand même. “Ça dépend sur quels vieux amis tu comptes tomber.” Rassurant, ou pas du tout, mais sans doute plus que les braises qui volent subitement dans leur direction et Clyde qui s’écarte juste à temps alors que le type n’a pas eu le même réflexe et a un mouvement de recul qui le fait s’étaler de tout son long sur le bord du burning man. Les flammes qui s’élèvent sur les côtés ne sont pas si hautes qu’au centre, mais cela n’empêche pas le tshirt du brun de commencer à prendre feu par le bas tandis que Clyde voit les sachets tomber de sa veste qu’il s’évertue à secouer en ne réalisant pas qu’il attise le feu. D’un geste rapide, il s’accroupit au sol et rattrape tout juste deux sachets parmi tous au passage avant de s’approcher au mieux du type et de lui tendre une main sans savoir s’il va la saisir - mais de là où il est, il ne peut pas l’aider à éteindre le feu sans attirer le brun vers lui. A choisir entre jouer au petit poucet avec la cam ou aider l’ami d’Ariane, le choix est quand même vite fait, même si aucune des options proposées ne semble être bonne dans cette situation qu’il ne maîtrise plus et qui ne lui plait pas, alors que les regards se posent sur eux.

On fonctionne un peu de la même manière, je réponds aussi vaguement à ses questions qu’il le fait avec les miennes. Je ne sais pas ce qu’il sait, mais je ne compte pas livrer d’autres informations que celles sur mon métier. “Je pense plutôt à ma gueule dans l’histoire en fait, j’y tiens un minimum.” Je hoche la tête, pourquoi ça ne m’étonne pas. “Je peux toujours lui dire que t’as essayé de soutirer des informations contre elle et elle pourrait t’éclater la gueule sans même avoir besoin de gants.” Ca pourrait être sympa comme distraction non ? Ariane qui casse la figure d’un homme que je connais à peine. Ariane a des tas de vieux amis, tous aussi pires les uns que les autres. C’est en partie à cause de moi, même si je n’ai pas souvenir d’avoir eu à faire à une enfant naïve lors de nos premières rencontres.

Je ne vois pas le feu ni le mouvement de foule. En quelques secondes seulement je me retrouve au sol. Je sens la chaleur du feu qui irradie ma peau et je grogne, je mets trop de temps à me relever. Je ne sais pas combien de temps je passe au sol mais lorsque je me retourne je vois la main de l’inconnu qui est tendue vers moi. Je réfléchis une seconde et vois les sachets étendus sur le sol. J’hésite une seconde, mais la douleur est bien trop forte, alors je laisserai tout brûler. J’attrape la main tendue et je grogne. “Je sais pas si je peux enlever le tee-shirt.” Mais j’ai l’impression que tout est collé à ma peau et que ça ne s’arrange pas. Plus les secondes passent plus la brûlure s’étend. “Putain.” Je cherche à éloigner le tissu, mais je n’arriverai à rien sans un peu d’aide. Et je ne sais pas si l’homme que je ne connais pas bien va bien vouloir prendre la place de celui qui m’aide.

Dééés:

“Je peux toujours lui dire que t’as essayé de soutirer des informations contre elle et elle pourrait t’éclater la gueule sans même avoir besoin de gants.” “J’apprécie la proposition.” Le sourire du brun est narquois mais tout de même légèrement amusé, alors qu’il se doute bien qu’Ariane aurait du mal à croire une seconde que ce type ait vraiment pu raconter quoi que ce soit sur elle. Après tout, elle n’aurait pas besoin de réelle raison pour lui en vouloir à part le fait qu’elle passe une sale journée ou une sale année, et ce n’est pas une chose répréhensible de plus ou de moins qui l’empêcherait de lui sauter dessus si elle en avait envie.

Pourtant, en un instant la rousse est reléguée au fin fond de leurs préoccupations alors que Clyde se laisse porter par le mouvement de foule soudain et le vent qui soulève des braises dans leur direction. L’autre est moins rapide à comprendre ce qu’il se passe, si bien qu’il perd l’équilibre au milieu de la foule et termine à proximité des flammes alors que Clyde voit son tshirt s’enflammer sous ses yeux sans qu’il n’arrive à l’atteindre autrement qu’en lui tendant la main. Le journaliste saisit bien le regard de l’autre qui avise la cam, hésite un instant puis saisit finalement l’aide offerte en grognant d’un mélange de douleur et de colère de se retrouver en position de difficulté, sans doute. “Je sais pas si je peux enlever le tee-shirt.” Clyde serre sa main aussi fort qu’il le peut et grimace en le traînant sur le sable pour l’éloigner du feu et des sachets plastiques dispersés autour de lui. “Putain.” De quelques gestes rapides, ils arrivent enfin à passer le tshirt autour du cou de celui qui se retrouve désormais torse nu mais surtout bien brûlé, même si tout semble superficiel. “C’est vraiment moche.” Les blessures les plus superficielles paraissent parfois bien pires, en attestent ses brûlures lors de son accident de moto qui se sont finalement résorbées relativement rapidement. “Tu peux te redresser? Tu vas pas me tomber dans les bras?” Ne manquerait plus qu’il s’évanouisse et qu’Ariane les retrouve ainsi.

Je ne comprends pas comment je n’ai pas vu les flammes et les gens. Mon regard était porté sur autre chose, je n’ai pas été attentif et ça m’énerve. J’ai hésité pendant de longues secondes entre sauver la drogue ou me sauver moi-même. Mes rapports avec Lou ne sont pas vraiment cordiaux ces derniers temps, alors je ne sais pas comment lui annoncer une perte de marchandises. Je ne lui dirai sûrement rien, ça restera entre moi et moi. Ou entre moi et le mec dont je ne connais même pas le prénom. Mais la douleur a été bien trop forte à supporter, l’instinct de survie a fait un choix pour moi. Et je me suis levée, grâce à l’aide du brun. Mon tee-shirt a brûlé, et je suis incapable de voir quels sont les dégâts qui ont été fait sur ma peau. Je vais avoir besoin de l’aide de l’inconnu et je me demande s’il va l’accepter. Il pourrait seulement vouloir partir.

“C’est vraiment moche.” “Je l’ai deviné.” Tout mon dos me lance, j’ai l’impression d’être gravement blessé mais je sais que même les brûlures superficielles sont très douloureuses. Alors j’espère qu’il n’y a rien de très grave, et surtout, que nous ne serons pas obligés d’aller jusqu’à l’hôpital. “Tu peux te redresser? Tu vas pas me tomber dans les bras?” “Tu voudrais bien !” Je trouve encore le ton de plaisanter même si je n’ai aucune foutue idée de ce qu’il est en train de se passer dans mon dos. Je n’ai plus de tee-shirt et je me relève en prenant appuie sur le brun. “Tu penses que tu peux savoir à quel point c’est grave ?” Je fronce les sourcils, peut-être qu’il va juste s’enfuir en courant en me disant que j’ai qu’à me démerder. Il pourrait, peut-être que moi je l’aurais fait.

“Je l’ai deviné.” La rhétorique est parfaite et l’ironie bien palpable, même si le moment ne s’y prête pas réellement alors que les personnes autour d’eux se dispersent finalement en réalisant que plus personne n’est réellement en danger immédiat. Pourtant, Clyde ne connaît pas assez ce type pour se laisser à des phrases réconfortantes pas plus qu’à des blagues, alors l’ironie fait office de bonne compagne qui semble être une chose qu’ils ont en commun, à défaut de beaucoup d’autres. “Tu voudrais bien!” Son ton à lui montre qu’il ne voudrait pas, et la moue de Clyde confirme que non - un grand brun dans ses bras, ça ne constitue pas vraiment la manière dont il comptait terminer la soirée.

Finalement, Clyde hisse l’autre à son niveau alors qu’ils tentent mutuellement d’évaluer à quel point l’action qui s’est déroulée en moins de quelques secondes vient en réalité de lui coûter bien plus qu’un tshirt. “Tu penses que tu peux savoir à quel point c’est grave?” Clyde ne répond rien alors qu’il observe déjà le dos du brun et ses côtes sur lesquelles le gros des braises ont laissé des traces sur sa peau par endroit brûlée superficiellement, contre toute attente. Cela ne doit pas l’empêcher de ressentir un mal de chien, mais le journaliste est étonnamment bien placé pour connaître la sensation des brûlures, pour avoir mangé l’asphalte d’un peu trop près dans un passé qui lui paraît également trop récent. “J’ai l’impression que c’est superficiel.” Après, qu’ils s’entendent, il n’est pas médecin, loin de là. “Ça ressemble un peu aux brûlures de frottement que j’me suis faites quand j’ai mangé le béton avec ma bécane y a quelques mois.” Il voulait une information personnelle - en voilà une, inattendue et dont il se fiche peut-être, mais tout de même. “Comme tu le vois, je suis toujours là.” Ce qu’il ne dit pas, en revanche, c’est que les médocs de l'hôpital l’ont grandement aidé à ne pas serrer les dents constamment les premiers jours - détail de l’histoire, évidemment. “Tu vas pas y passer, si c'est la question.” C'était pas la question, mais soit.

Je suis enfin debout, sur mes deux pieds, mais j’ai encore un peu la tête qui tourne. Je ne sais pas si c’est le choc ou la douleur, et j’ose espérer que ce n’est rien de grave et que je n’ai pas à m’inquiéter. Je ne veux pas me dire que je vais finir par devoir aller à l’hôpital à cause d’une foutue infection ou de quelque chose qui aurait voulu attaquer ma peau. J’ai déjà vécu bien pire, et je sais que dans quelques jours ça ira déjà mieux. Je n’ai pas vraiment le choix de toute façon. Je ferai absolument tout pour m’éviter un aller-retour jusqu’à l’hôpital. “J’ai l’impression que c’est superficiel. Ça ressemble un peu aux brûlures de frottement que j’me suis faites quand j’ai mangé le béton avec ma bécane y a quelques mois.” Je hoche la tête, donc il fait de la moto et la blessure ne semble pas grave. Au fond c’est tout ce qui compte et je suis rassuré, en espérant qu’il ne se fout pas de moi.

“Comme tu le vois, je suis toujours là.” Je hoche la tête, il est là et sans problème. “Tu fais toujours de la moto ?” Je hausse un sourcil. Est ce qu’il est le genre de mauviette à arrêter son activité après avoir fait une chute ou avoir eu un problème. “Tu vas pas y passer, si c'est la question.” “La question c’est juste est ce que je peux soigner ça tout seul ou si je dois trouver quelqu’un pour m’aider !” Et peut-être qu’il ne sera pas l’heureux élu pour être mon infirmière personnelle. Je n’ai plus de tee-shirt et il est à moitié détruit. Je vois des gens qui me regardent et qui regardent les sachets en train de brûler. “Faudrait qu’on se barre. J’ai pas besoin de me retrouver avec les flics au cul.” Et s’il veut rester là, je le laisserai volontier tout seul.

“Tu fais toujours de la moto?” Un hochement de tête et un mouvement de menton en direction du parking plus tard, Clyde acquiesce. “Plus la même parce que la fin de course sur le lampadaire lui a pas réussi, mais toujours.” Prendre la décision de se séparer de sa bécane qui allait lui coûter plus cher en réparation qu’elle ne le valait encore avait été difficile, car il la traînait depuis plusieurs années et y était plus attaché qu’à beaucoup d’objets qui ornaient son appartement. Pas réellement matérialiste, Clyde avait pourtant toujours accordé une importance particulière aux bécanes, comme le signe de sa réussite et du fait qu’il était désormais capable de s’offrir ce qu’il voulait.

“La question c’est juste est ce que je peux soigner ça tout seul ou si je dois trouver quelqu’un pour m’aider!” “Là je dirais qu’il faut surtout désinfecter, après ça dépend à quel point t’aimes l’hosto.” A entendre son ton, il paraît clair que Clyde porte le milieu hospitalier en désamour et ne s’y rend que lorsqu’urgemment nécessaire - ou quand il n’est plus assez conscient pour en prendre la décision, comme lors de son accident. “Faudrait qu’on se barre. J’ai pas besoin de me retrouver avec les flics au cul.” “Tu m’proposes un plan?” La plaisanterie est alambiquée mais c’est à peu près tout ce dans quoi Clyde se complait lorsqu’il se retrouve en compagnie de quelqu’un qu’il ne connait vraiment pas. “On va te dire quoi si tu laisses tout ça en plan?” Il y aurait encore quelques sachets à sauver, mais les regards se font de plus en plus insistants vers eux alors que Clyde se recule volontairement pour se fondre à la foule en y entraînant le brun. A cet instant-là, une femme d’une quarantaine d’années s’approche d’eux et lui tend un paquet de lingettes désinfectantes qu’il attrape en la remerciant, pas vraiment certain de se complaire dans le rôle de l’infirmier. Il est obligé, là, maintenant? Où est passée Ariane, putain?

“Plus la même parce que la fin de course sur le lampadaire lui a pas réussi, mais toujours.” Il continue la moto, et je pense que ça ne peut que montrer qu’il est courageux et qu’il aime aussi se mettre en danger. J’ai tendance à apprécier les personnes qui n’ont peur de rien, et peut-être que c’est vraiment le cas du type qui se tient encore en face de moi malgré les minutes qui se sont écoulées depuis qu’il m’a rejoint pour me demander où était partie Ariane. “Je vois.” C’est la seule chose que je peux lui dire. Mais il sait que cet aveu veut dire beaucoup de choses sur sa personnalité et la manière dont il peut se comporter dans la vie de tous les jours.

On se concentre sur la blessure, j’en ai besoin, parce que je n’ai aucune visibilité sur ce qui se passe dans mon dos. “Là je dirais qu’il faut surtout désinfecter, après ça dépend à quel point t’aimes l’hosto.” “Au point de même avec un bras en moins je préfère essayer de me recoudre moi-même.” J’espère que c’est assez clair désormais, et qu’il va comprendre que je veux éviter les médecins à tout prix. “Tu m’proposes un plan?” Je fronce les sourcils, il compte donc m’accompagner dans les emmerdes, ça ne fait qu’augmenter le fait que je pense qu’il est réellement un mec à embrouilles. “Suffit de me suivre.” Je croise son regard, en essayant de savoir s’il est réellement sincère ou s’il pourrait me faire un sale coup après que j’ai essayé de m’enfuir. “On va te dire quoi si tu laisses tout ça en plan?” Je regarde les sachets qui ne sont pas encore brûlés mais qui sont proches du feu. “Si tu m’aides à en récupérer t’es officiellement hors la loi.” Peut-être qu’il n’en a pas envie. Je cale mon tee-shirt brûlé sur ma tête, il fait sombre et je ne pense pas que quelqu’un puisse reconnaitre mon visage. J’attrape quelques sachets en me brûlant un peu les mains. “On dégage.”

Déééééés:

“Je vois.” Il ne voit sûrement pas grand chose, mais à en juger par son air qui relève plus du hochement presque respectueux que de la banalité lancée avec dédain, la réponse ne semble pas vraiment lui déplaire. Evidemment que Clyde s’empêche bien de lui préciser que les premiers jours la douleur était parfois si intense qu’il en avait terminé avec les larmes aux yeux - un détail de l’histoire qui ne le fait pas passer pour le mec courageux qu’il apparaît être désormais, et qui mérite donc d’être tu. Tout est une question d’apparence lors d’une rencontre, et cela semble être exacerbé face à celui qui est, ne l’oublions pas, un ami d’Ariane. Peu importe ce que cela est censé signifier.

Il ne semble pas être friand à l’idée de se rendre à l’hôpital, et Clyde ne sait pas s’il s’agit là d’un acte de bravoure ou le signe d’une certaine idiotie - mais ce n’est pas sa peau, et donc pas réellement son problème. “Au point de même avec un bras en moins je préfère essayer de me recoudre moi-même.” Le journaliste hoche la tête et lâche son bras comme pour signifier qu’il ne sera pas celui qui le forcera à faire quoi que ce soit. Encore une fois, pas son problème. “Suffit de me suivre.” Ce n’est peut-être pas une bonne idée mais c’est la seule qui semble valable alors que Clyde jette tout de même un regard aux sachets un peu trop visibles sur le sable et qui sont encore sauvables. “Si tu m’aides à en récupérer t’es officiellement hors la loi.” “Je dirais que j’ai été forcé.” Il est déjà hors-la-loi mais ne le précise pas car à ses yeux, les actes répréhensibles auxquels il s’adonne sont largement compensés par le fait qu’il ne s’attaque qu’à ceux qui le méritent un minimum. Alors, sans attendre, il s’accroupit aussi rapidement que l’autre et attrape quelques sachets qu’il fait glisser dans les poches de sa veste avant de se redresser. “On dégage.” Ils n’ont même pas fait deux pas qu’un agent de sécurité se dresse devant eux avec un air mauvais, alors que Clyde jette un coup d'œil aux alentours et voit ceux qui ressemblent à ses collègues se rapprocher. Plutôt que de subir ce qui ressemblera très certainement à un interrogatoire d’ici quelques secondes, Clyde prend les devants en arborant son air le plus sincère. “Vous gérez la sécurité?” Question purement rhétorique qui le fait sans doute passer pour un simplet, mais il n’est plus à ça près. “Un type vient de nous pousser dans le feu avant de s’enfuir, il a laissé tomber ça. Il avait une casquette rouge mais j’ai rien vu d’autre...” D’un geste, il sort deux sachets de sa poche, gardant bien profondément enfoncés le reste. S’il doit en sacrifier quelques-uns pour la majorité, il espère que l’autre ne lui en voudra pas trop.

Trop de personnes commencent à nous regarder, et je n’aime pas ça. Je déteste attirer l’attention de cette manière. Ce n’est ni pour mon physique, ni pour mes musiques qu’on m’observe. Mais seulement parce que je suis le mec torse nu qui se baladait avec des sachets de drogues dans ses poches. Je fronce le nez sans trop regarder autour de moi, je n’ai pas envie d’aller frapper tous ceux qui me regardent de travers, alors je fais comme si j’étais innocent, comme si je ne voyais absolument rien. “Je dirais que j’ai été forcé.” Je ne sais pas pourquoi il compte m’aider, pourquoi il n’est pas parti aussi vite qu’il est arrivé si c’est réellement Ariane qui l’intéresse. Il est en train de se mettre dans la merde, et il ne sait même pas encore à quel point. Il ne devrait pas faire ça, il ne faut jamais me faire confiance, c’est une règle d’or qu’il n’aura même pas le temps d’apprendre. “Très bien.” J’ai besoin d’aide, mais je ne compte pas le dire à voix haute, alors je le laisse mimer mes gestes, espérant qu’il ne va pas s’enfuir avec toute la marchandise.

La sécurité est rapide. En moins d’une minute on se retrouve entourés par 4 agents, et je ne sais pas ce qu’on peut faire. Il y a du monde, beaucoup de témoins. “Vous gérez la sécurité?” Je me tais, attendant de voir ce qu’il peut bien avoir comme idée. “Un type vient de nous pousser dans le feu avant de s’enfuir, il a laissé tomber ça. Il avait une casquette rouge mais j’ai rien vu d’autre...” Je hoche la tête pour appuyer ses propos. Mais je me tais, c’est certainement le meilleur moyen de passer pour une personne innocente. Je n’ai pas la tête de l’emploi, mais on peut toujours garder espoir. "Videz vos poches." Ce sera bien moins facile que prévu. "On peut faire ça plus loin ?" Bien loin des regards indiscrets.

Déééééés:

“Très bien.” La situation n’a de très bien que le nom, alors que Clyde se sent en réalité presque forcé de ramasser à son tour les sachets alors qu’il sait très bien que les personnes autour l’ont vues avec ce type et imaginent qu’il l’accompagne. La plus sage décision serait de se tirer tout de suite, mais il ne pouvait pas décemment le laisser brûler sur place et il se retrouve donc maintenant à devoir l’aider pour récupérer la cam au plus vite et éviter de se faire attraper. Ils sont sur le point de filer lorsque des vigiles se dressent devant eux, imposants mais surtout plus nombreux qu’eux - et si Clyde aime boxer, ce n’est pas vraiment dans ce genre de contexte qui lui assure presque de finir au poste. Il s’agit bien là de la dernière chose qu’il souhaite et qu’il évite soigneusement depuis des années alors qu’il se fait le plus souvent aussi discret que possible. Ce n’est pas le cas ce soir - et il n’aura plus qu’à rappeler à Ariane qu’elle devrait mieux choisir ses amis.

“Videz vos poches.” Mauvaise pioche. Clyde tente de garder une expression impassible qu’il voit également sur la tête de l’autre qui ne se rebelle pas mais ouvre enfin la bouche à son tour. “On peut faire ça plus loin?” Ça sonne très clairement comme une phrase de coupable, mais le journaliste lui-même n’a pas réellement d’autre tour dans sa manche et se retrouve à serrer les dents de rage d’en finir là alors que les agents les attirent dans un bâtiment à la bordure de la plage. Alors qu’un des types le malmène un peu trop, Clyde profite de cogner contre le flanc brûlé du dealer - tant pis s’il hurle de douleur, à la guerre comme à la guerre - pour lui souffler quelques mots à l’oreille. “Si tu dois t'évanouir c'est maintenant.” Et ce, même s'il n'aime pas l'hosto, car aucune autre option ne lui vient à l’esprit - mais libre à l’autre de le surprendre.