Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Les nuits sont de nouveaux assez compliquées. Ô qu’il fut court le temps des nuits de six heures sans entendre les pleurs de l’une ou de l’autre, ou pire des deux. Quelques semaines de répit auxquelles je m'étais rapidement habituée, avant que nous ne découvrions l’effet de la poussée dentaire sur le sommeil de nos jumelles. En résumé, et en très peu de mots, c'est un calvaire ! Nous dormons mal, chacun notre tour, on se relaie, on s’entraide, mais on est que deux et elles aussi et les temps de répit sont bien trop courts, tellement courts que j'ai l'impression de ne pas avoir le temps d'en profiter. « Je n'avais pas réalisé à quel point j'aimais dormir avant d'avoir les filles ! Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ? Je suis épuisée ! Heureusement qu’elles sont magnifiques et que je les aimes. » ce sont les mots que j'ai soufflé cette nuit là à Caleb, dépitée, alors que Lena venait de nous réveiller mais aussi sa sœur, pour la deuxième fois de la nuit et il n'était que trois heures du matin. Une nuit comme une autre dans la maison Anderson, suivis d'un réveil compliqué, forcément, et d'une matinée à consommer trop de café. Bien trop. Mais, après plus d'un an à me limiter et à me priver, je peux au moins compter à nouveau sur ce breuvage pour m'aider à me maintenir éveillée. Et c'est déjà avec ma cinquième tasse que je m'installe sur le canapé avec mon ordi portable, la télé en fond qui diffuse du sport en continu, et un objectif bien précis ; avancer dans les préparatifs du mariage. Parce qu'entre le retour des nuits agitées et la reprise du boulot, le temps que je peux consacrer à cette tâche n'est pas très grand mais aujourd'hui, je profite de la présence de la nounou et surtout de la sieste des filles après le repas, pour continuer mes recherches. Et si la liste des choses à faire est longue, c'est sur le lieux de la cérémonie que j'ai décidé de concentrer mes pensées aujourd'hui. Ça fait plusieurs jours -semaines- que je suis à la recherche du lieu de réception pour notre mariage. Ou plutôt d'une liste de lieux pour la proposer à Caleb. Mais je veux que tout soit parfait alors j'attends le coup de cœur. J'attends de tomber sur le lieu qui me fera dire « c'est ici et pas ailleurs que je veux célébrer notre mariage ». Et, si je ne pensais pas un jour me retrouver à préparer mon mariage, je réalise que je suis finalement investie et même exigeante dans toutes les tâches dont j'essaye de m'occuper. Hors de question de bâcler les recherches, c'est qu'un lieu dirait certains, et j'aurais sans doute pu avoir cette remarque moi aussi, mais c'est notre lieu, notre mariage, notre journée et je tiens à ce que le lieu ait quelque chose de spécial. C'est peut-être con, peut-être que je ne trouverai pas mais je veux au moins le chercher parce que je ne veux rien négliger, pas cette fois. Je ne sais même pas ce que je cherche, ce qui soyons honnête, ne m'aide pas du tout dans mes recherches, mais je ne veux pas risquer de passer à côté du lieu parfait en limitant mes recherches aux premiers lieux proposés. Quelques sites enregistrés dans mes favoris que je regarde à nouveau et je ne suis toujours pas emballée, convaincue par aucuns de ceux là. Je ne désespère pas, même si sincèrement je ne trouve rien qui soit à la hauteur de mes attentes. Peut-être que le lieu parfait n'existe pas, que j'ai trop de critères, trop d'exigences, mais je n'ai pas encore abdiqué à l'idée d'avoir ce coup de cœur que j'attends en regardant encore d'autres sites, d'autres lieux. Et, j'en ai vu des endroits, des beaux, des chics, des classes, des sophistiqués, des plus simples, des lieux intimistes, d'autres plus tape à l’œil, en pleine ville, ou en campagne, au bord de la mer ou même sur la mer, j'en ai vu beaucoup, des presque parfaits, mais pas le lieu parfait. Pas celui dans lequel je me suis imaginée partager ma première danse avec Caleb en tant que femme mariée, en tant que madame Anderson. Alors c'est une nouvelle session de recherche que j'entreprends, pas forcément convaincue, mais je ne désespère pas de pouvoir ajouter deux ou trois lieux dans mes favoris, à défaut du lieu parfait à mes yeux, j'espère pouvoir en trouver un qui le sera aux yeux de Caleb. Qu'au moins l'un de nous ait un coup de cœur, c'est important pour moi.
Au bout d'un peu plus d'une heure trente de recherches, c'est en cliquant sans grand espoir sur un énième site, un énième lieu, que j'ai ce moment que je n'attendais plus. Les photos qui défilent, et je m'y vois. Je le ressens, l'ambiance de ce lieu, l'envie d'en voir plus encore. Je regarde d'autres photos, je regarde les vidéos qui présentent les spécificités de l'endroit. Et ça me confirme ma première impression. J'ai flashé sur ce lieu, et je ne sais pas réellement à ce moment si c'est le coup de cœur que j'attendais mais c'est vraiment celui qui me fait le plus rêver. Celui dans lequel je me projette avec une vitesse assez folle et sans vraiment hésiter, je prends contact avec les propriétaires pour programmer une visite avec Caleb. Je sais qu'il peut aimer ce lieu, et je veux qu'on puisse y aller ensemble, découvrir ensemble cet endroit et voir si l'impression ressenti en voyant les photos est la même sur place. L'appel passé, je garde précieusement ce lien et je continu encore un peu mes recherches, me rendant compte que les autres lieux semblent encore moins intéressants désormais. Je cherche encore un peu malgré tout, jusqu'au moment ou les pleurs d'une de mes filles m'obligent à quitter l'ordinateur et je mets de côté l'ordinateur tout en gardant en tête que j'ai l'impression d'avoir fait un grand pas en avant aujourd'hui, et j'ai hâte de partager ça avec Caleb. Tellement hâte.
« Chéri ! » Mon enthousiasme se fait entendre alors qu'il rentre à peine du boulot. Lucy dans mes bras, je le rejoins assez vite, pour l'embrasser, un baiser court mais je suis trop excitée à l'idée de lui partager cette grande nouvelle qui me met de si bonne humeur malgré la fatigue de la nuit dernière (et des précédentes). « Enfin tu es là ! J'étais tellement impatiente que tu rentres ! J'ai avancé dans les recherches pour les préparatifs du mariage. » Je sais qu'avec ces mots je devrais attirer son attention, il y a beaucoup de sujets sur lesquels nous n'avons pas encore prit de décisions, alors il ne peut pas vraiment savoir à quelles recherches je fais référence. « Je pense avoir trouvé le lieu parfait pour la cérémonie. » J'en suis même sure! Je ne pensais pas que cette nouvelle me ferait autant d'effet, ce qui est sûr c'est que je suis heureuse quand je lui dis ça, parce que je sais que ce lieu va lui plaire, peut-être pas autant qu'il me plaît à moi mais plus j'y pense plus je me dis qu'il est parfait, vraiment parfait et Caleb devrait au moins être heureux à l'idée de découvrir ce lieu qui me fait tant d'effet. Je ne saurais même pas dire pourquoi mais j'ai craqué sur ce lieu, sur des photos et j'ai hâte de pouvoir le visiter désormais, pouvoir le réserver aussi et commencer à penser à la suite du mariage avec l'idée d'un lieu précis en tête. « Je sais que je devais faire une première liste pour qu'on puisse en discuter ensemble, mais ce lieu est vraiment parfait. Tu dois le voir. » J'insiste sur le parfait pour qu'il comprenne que j'ai eu un vrai coup de cœur. « J'ai même déjà appelé pour qu'on puisse aller le visiter le plus vite possible. » Je dépose Lucy dans ses bras, pour aller chercher mon ordinateur. Je veux qu'il voit ça, je veux qu'il partage mon enthousiasme et normalement quand il s'agit du mariage, il est plutôt du genre joyeux alors j'espère simplement que cette nouvelle lui donnera le sourire comme elle le fait pour moi. « Ils nous attendent à dix-neuf heures ce soir. » J'insiste sur le 'ce soir', parce que tout est définitivement trop beau aujourd'hui, tout va dans mon sens et je me dis que c'est sans doute un signe. Je pose l'ordinateur sur la table ouvert pour qu'il le voit en espérant qu'il ait lui aussi un véritable coup de cœur.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
La nuit a été courte. Tout comme celle d’avant et certainement la nuit de demain le sera tout autant. Lucy et Lena ont bientôt six mois et elles commencent à faire leurs dents, et si Alex et moi pensions que nous en avions fini avec les nuits courtes en étant réveillés beaucoup trop de fois, nous avions tort. Parce que les filles ne dorment plus, elles passent de nouveau une grande partie de leur temps à pleurer. Je les aime, je vous assure que je les aime plus que tout au monde mais je donnerai tout pour pouvoir de nouveau dormir six heures sans interruption. On s’y était fait, on s’y était habitué à ces nuits quasiment complètes et ce temps-là me manque déjà. Parce que ce matin quand je me réveille à sept heures pour aller travailler les cernes sous mes yeux me trahissent sur la nuit agitée que nous avons eue. Je soupire, je me tourne dans le lit, parce que je suis encore beaucoup trop fatigué et que je n’ai vraiment pas envie de me lever. Surtout que les filles semblent bien endormies alors qu’il y a encore deux heures il nous a fallu une bonne demi-heure pour réussir à calmer Lena qui pleurait. Certainement parce qu’elle avait mal, comme toujours. Je ne sais pas si elles pleureront comme ça le temps que toutes leurs dents ne poussent mais je n’espère vraiment pas. Après avoir traîné une dizaine de minutes au lit je finis par me lever en soupirant. Mais j’essaie de ne pas réveiller Alex, elle reste peut-être à la maison aujourd’hui mais elle a tout autant besoin de sommeil que moi surtout si les filles se montrent aussi agitées qu’elles ne l’ont été cette nuit. Un premier café. Un deuxième, quelques caresses à Dobby et Nala et je pars sous la douche, espérant que cela m’aide à me réveiller un peu mieux. Mais non pas vraiment, toujours à moitié endormi je glisse ma tête dans la chambre de Lucy et Lena. Cette dernière dort encore mais Lucy semble être réveillée alors j’en profite pour la prendre dans mes bras, je la berce un peu contre moi, je lui fais un câlin, je l’embrasse sur la joue et elle rit et quand l’une d’elle rigole, je souris. « Papa doit aller travailler mais je compte sur toi pour être sage avec maman aujourd’hui d’accord ? » Elle me répond avec ses petits gazouillis que j’aime tant et après l’avoir embrassé une dernière fois je la repose dans son berceau et cette petite interaction avec ma fille m’aide à partir au travail avec le sourire, malgré la fatigue. Au boulot c’est plutôt la routine aujourd’hui, j’arrive pour réceptionner une livraison que je vérifie et range. Un troisième café avec quelques cuisiniers et les serveurs du jour qui viennent d’arriver, et là, j’aurais bien eu besoin d’une cigarette. Il y a quelques mois je les aurais accompagnés dehors pour fumer, mais aujourd’hui, même si j’en meurs d’envie, je rabats ma frustration sur un peu de nourriture. Peut-être pas le meilleur des moyens mais le plus efficace quand je ressens soudainement l’envie de nicotine. Le restaurant est plein ce midi, comme presque toujours et à quatorze heures après avoir mangé rapidement un sandwich je pars pour une heure de rendez-vous avec le comptable. Le genre de rendez-vous assez difficile quand on a si peu dormi et pas eu l’occasion de faire une sieste. Mais ce n’est pas si grave, je dormirai un peu en rentrant.
« Chéri ! » Je n’ai même pas encore fermé la porte d’entrée derrière moi et son énergie m’impressionne déjà. Elle s’avance vers moi, Lucy dans les bras, elle m’embrasse rapidement et si j’aurais voulu prolonger un peu le baiser elle ne m’en laisse pas vraiment l’occasion puisqu’elle parle de nouveau. « Enfin tu es là ! J'étais tellement impatiente que tu rentres ! J'ai avancé dans les recherches pour les préparatifs du mariage. » J’enlève mes chaussures, ma veste et lorsqu’elle me parle du mariage, là, elle a toute mon attention. Je m’apprête à lui en demander plus mais encore une fois c’est elle qui parle. « Je pense avoir trouvé le lieu parfait pour la cérémonie. » Elle a encore plus mon attention. Je la regarde un sourire aux lèvres et avant que ce soit une nouvelle fois elle qui reprenne la parole, j’ouvre la bouche pour parler avant elle. « C’est vrai ? » Une pointe d’excitation mélangée à de l’interrogation se fait entendre dans ma voix parce que ce n’est clairement pas la première fois que nous parlons tous les deux du lieu pour la cérémonie. Des heures de recherches ont déjà été faites, en vain. « Je sais que je devais faire une première liste pour qu'on puisse en discuter ensemble, mais ce lieu est vraiment parfait. Tu dois le voir. J'ai même déjà appelé pour qu'on puisse aller le visiter le plus vite possible. » Elle déborde d’énergie, Alex et je l’admire vraiment parce que moi avec ma journée de travail je suis encore plus fatigué que je ne l’étais en quittant la maison ce matin. Elle me dépose Lucy dans mes bras et avant même que je ne puisse réagir elle s’est déjà éloigné de nous, ce qui m’arrache un léger rire. « Elle a beaucoup d‘énergie maman aujourd’hui. » C’est à Lucy que je m’adresse et elle me répond dans son langage habituel, elle sourit, elle rigole, elle est vraiment adorable et je la garde contre moi tout en déposant un baiser sur son front. « Ils nous attendent à dix-neuf heures ce soir. » Je m’avance vers Alex et une fois arrivé à sa hauteur je dépose un léger baiser sur sa joue en lui murmurant « t’es parfaite. » Ma main caresse le dos de Lucy alors que je porte enfin mon attention sur l’écran d’ordinateur et il ne me faut que quelques secondes pour changer complètement de comportement. Je me décompose, je ne souris plus du tout et j’ai même l’impression que mon cœur s’est arrêté de battre. Sur tous les lieux de Brisbane pourquoi est-ce qu’il a fallu qu’elle choisisse celui-là ? Le lieu que Victoria avait trouvé il y a quelques années, elle avait le même sourire qu’Alex en me montrant ces photos et je l’entends encore me dire ô combien elle trouvait ce lieu parfait. Et elle avait raison, il est parfait. Vraiment parfait. Mais cette fois je regarde à peine les photos et je reporte très vite mon attention sur Lucy. Je réagis, certainement pas de la meilleure des manières, je me ferme et je secoue la tête de droite à gauche. « Non. » Clair, net, et je sais que je ne devrais pas me fermer ainsi, elle ne le sait pas. Alex ne sait pas qu’elle est en train de me montrer le lieu que j’avais choisi avec Victoria pour notre mariage. « Appelle pour annuler s’il te plaît... On va continuer à chercher tous les deux ce soir, d’accord ? » Ma voix s’adoucie et je la regarde en lui disant cela et je me penche vers elle pour lui voler un baiser. Mais oui, Alex, je suis d’accord, ce lieu est parfait. Il l’est vraiment. Mais pas pour nous.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Caleb est rentré, et il n'a même pas encore franchi le seuil de la porte que je suis déjà beaucoup trop enthousiaste. J'aime le savoir à la maison, mais je ne l’accueille pas avec autant d'engouement tout les jours. Sauf qu'aujourd'hui, c'est différent et j'ai du résister un long moment pour ne pas lui envoyer pleins de sms et gâcher l'effet de surprise. Je suis heureuse, je suis enthousiaste et je suis un peu fière aussi d'avoir trouvé un lieu aussi parfait. De pouvoir lui faire cette surprise. Et j'ai hâte, vraiment hâte de le regarder découvrir ça. Mais avant ça, je parle beaucoup. Déjà que de base, je parle trop et il est le premier à me le dire tout le temps, mais quand je suis enthousiaste c'est encore pire. Je ne lui laisse même pas le temps de se poser, pourtant je sais qu'il doit être fatigué, et je le vois aussi mais j'espère que ce que j'ai à lui annoncer saura lui donner un peu d'énergie. Je n'ai même pas jugé bon de le questionner sur sa journée, beaucoup trop obnubilée par le mariage et le lieu ou je compte célébrer notre mariage. « C’est vrai ? » Son sourire, et sa question me laisse penser qu'il commence à lui aussi être enthousiaste par rapport à cette avancée dans les préparatifs de notre mariage dont je lui parle. Je secoue la tête de haut en bas, en souriant. Beaucoup. Si je le pouvais, je lui aurais déjà pris la main et je l'aurais traîné avec moi jusqu'au canapé pour lui montrer, mais je ne peux pas. Pas avec Lucy dans les bras, et je dois lui laisser le temps d'arriver quand même. Alors à défaut de pouvoir le traîner avec moi jusqu'à l'ordi, je dépose Lucy dans ses bras et je pars d'un pas pressé chercher mon ordi. Toujours dans l'optique de lui montrer ce lieu dont je lui parle et qui me rends si joyeuse aujourd'hui. Tout est top. Le lieu, l'emplacement, les services proposés, et les propriétaires sont même disponibles et agréables au téléphone, il n'y a aucune fausse note et je suis sûre de moi, c'est dans ce lieu que je veux me marier. C'est mon coup de cœur. Le seul après des heures de recherches. L'ordinateur ouvert à la bonne page, j'ai une pointe de stress au moment de montrer tout ça à Caleb parce que c'est important pour moi, pour nous. Et avant qu'il ne puisse regarder l'écran, je le regarde quelques secondes et je souris en le sentant déposer un baiser sur ma joue. « t’es parfaite. » Oh je suis très très très loin de l'être. Je lui souris quand même, touchée par ce petit geste de tendresse et ce compliment. « C'est ce lieu qui est parfait. » Oui je l'ai déjà dis, mais je le pense vraiment. Et enfin je tourne l'écran vers lui. Je regarde les photos qui défilent quelques secondes avant de le regarder lui. Je le regarde, un sourire aux lèvres, je scrute sa réaction espérant y voir une réaction similaire à la mienne. Sauf que je vois son sourire disparaître, je vois son regard changer, il ne sourit plus, plus du tout. Il n'y a même pas une toute petite pointe d'excitation dans son regard, ou sur son visage. Et mon sourire s'efface aussi à mesure que mes sourcils se froncent. « Non. » Je prends son refus assez durement, assez mal aussi finalement. Non ? C'est tout ? Juste non ? Alors que moi je te dis à quel point ce lieu me plaît, à quel point je l'aime, à quel point il est parfait. Et toi juste un non. Froid. Non! Ça me blesse et le pire c'est qu'il ne me regarde pas, il ne regarde pas non plus le lieu, il regarde Lucy. Et moi j'attends, parce qu'il me doit plus qu'un simple non. Enfin je crois. Alors d'accord ce lieu on était censé le choisir ensemble, et s'il aime pas, je peux comprendre, mais c'est même pas une discussion là, c'est un refus pur et dur, un rejet sans même essayer de laisser une chance à ce lieu que moi j'adore, alors que lui semble le détester. « Quoi non ? » J'emploie le même ton que lui, avec une pointe d'incompréhension en plus. Je me passe une main dans les cheveux, et je n'ai rien à dire de plus, et c'est très rare. Je suis juste déçue par sa réaction, voir même plus que déçue, dégoûtée, triste, j'étais si enthousiaste et il vient de tout gâcher et désormais toute la joie que je ressentais, je ne la ressens plus. Parce qu'il est contre, parce qu'il rejette ma proposition et je ne sais même pas pourquoi il se montre si ferme, si froid, si catégorique. « Appelle pour annuler s’il te plaît... On va continuer à chercher tous les deux ce soir, d’accord ? » Mais j'ai pas envie d'annuler moi. Il me regarde et moi aussi je le regarde, la joie et l'enthousiasme que je ressentais, ont laissé place à de l'incompréhension et de la déception et il saura sans doute le ressentir, ou le voir dans mes yeux. Ses lèvres qui se posent sur les miennes pour me voler un baiser que je ne lui rends pas. Il peut pas me faire ça. J'y comprends rien, absolument rien. D'habitude Caleb même quand il n'aime pas, il essaie de faire un effort, de discuter, de trouver des compromis, de savoir mon avis, mais pas aujourd'hui. Et pourtant, je lui ai bien montré comme ce lieu me plaisait énormément et comme c'était le seul aussi que j'avais vu. J'avais tout fait pour que ce soit une super nouvelle, qu'on partage ça ensemble, qu'on puisse passer une soirée à parler de ce lieu et à nous projeter, mais non. « Mais, je veux pas annuler, on peut au moins aller le voir non ? Il correspond à tout ce que l'on recherche et tu veux même pas te déplacer ? Ça ne coûte rien d'y aller et de voir, et si tu n'aimes toujours pas, on pourra en rediscuter et passer à un autre lieu. » Je ne suis pas énervée, je suis plutôt déçue et blessée, je ne m'en prends pas à lui, mais je n'y comprends rien. J'ai attendu une partie de la journée pour partager ce moment avec lui, et si habituellement le mariage est toujours un sujet qui lui donne le sourire, c'est pas le cas aujourd'hui et je suis déstabilisée par son rejet autant que par sa réaction. Je ferme l'écran de mon ordinateur avec un peu trop de vigueur, mais ça m'agace de voir les photos qui défilent parce que ça me conforte dans l'idée que c'est ici que je veux me marier et que c'est ici que lui il ne veut absolument pas. Pourquoi faut-il que notre premier gros désaccord sur le mariage soit sur une chose aussi importante ? Je le laisse avec Lucy, me dirigeant vers la cuisine pour me servir un café. Je sais qu'il va sûrement en vouloir un lui aussi alors j'en fais couler deux mais je ne lui apporte pas, il ira se le chercher s'il le veut. Caractère de merde Alex! Je reviens dans le salon et je m'approche de lui mais c'est à Lucy qui je prête attention. Je lui donne son anneau de dentition que je viens de sortir du congélateur, si on pouvait éviter que les pleurs liés aux douleurs des poussées dentaires viennent ajouter du stress à ce moment, ça m’arrangerait beaucoup. Je finis par m'assoir dans le canapé, après avoir jeté un coup d’œil au baby-phone pour m'assurer que Lena dormait toujours, et après avoir bu deux gorgées de mon café, je reprends la parole. « Je comprends vraiment pas pourquoi tu le détestes. Pourquoi tu réagis comme ça. C'est le seul que j'ai vu et qui a retenu mon attention, celui qui me fait rêver et toi tu le rejettes sans même qu'on puisse en discuter ? » J'ai besoin de comprendre sa réaction, d'avoir une vraie explication à son refus et je pourrais accepter s'il a des arguments, s'il n'aime pas ce lieu, c'est aussi son mariage et je veux qu'il puisse avoir le mariage dont il rêve, alors je pourrais passer à un autre et continuer les recherches mais pas sans explications. Je ne renoncerais pas à l'endroit de rêve sans savoir pourquoi.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
Je suis à peine rentré qu’Alex me saute déjà dessus – et pas de la manière que j’aurais aimé, malheureusement. – Elle est pleine d’énergie, elle parle, beaucoup. Comme souvent me direz-vous mais je ne sais pas si c’est mon état de fatigue avancé qui me donne l’impression qu’elle parle encore plus que d’habitude ou si elle est effectivement, réellement bien plus bavarde qu’à son habitude. Elle a trouvé le lieu parfait pour notre mariage et je comprends donc mieux sa soudaine énergie débordante et je n’ai aucun doute sur le fait que le lieu qu’elle s’apprête à me montrer sera effectivement parfait. Parce qu’elle a du goût, Alex. Elle a beaucoup de goût et je sais que je peux lui faire confiance sur ce point-là. Elle dépose Lucy dans mes bras et j’en profite pour embrasser encore un peu ma fille. Elle semble plutôt calme et je me dis que peut-être que sa sœur et elle ont été toutes les deux aussi sages que je ne lui ai demandé de l’être avant de partir au travail ce matin. Lucy est de bonne humeur comme sa mère semble l’être, elle sourit, elle rit, elle gesticule et elle commence à arriver à l’âge où elle essaie d’attraper tout ce qui est autour d’elle. Elle tend les bras pour essayer d’attraper mes cheveux, ce qui me fait rire mais je l’en empêche tout en m’avançant vers Alex qui a déjà préparé son ordinateur pour me montrer ce lieu-dit parfait selon elle. Mais de mon côté mon sourire s’efface presque à l’instant même où mes yeux se posent sur l’écran de son ordinateur et il ne me faut que quelques secondes pour reconnaître cet endroit. Je pourrais le reconnaître parmi tant d’autres et avec une facilité déconcertante. Ce lieu je le connais déjà je l’ai déjà visité puisqu’il y a un peu plus de cinq ans c’est Victoria qui me le montrait un grand sourire aux lèvres, les yeux brillants en m’annonçant avoir trouvé le lieu parfait pour notre mariage. Et oui il est parfait, je l’ai adoré et suis moi-même tombé sous le charme de celui-ci au fur et à mesure de la visite. Clairement, regarder les photos me replonge dans des souvenirs assez difficiles et pas forcément agréable. Si habituellement je suis maintenant en capacité de parler ou même de penser à Victoria sans avoir cette horrible douleur au cœur, aujourd’hui c’est différent. Aujourd’hui, voir ces photos ne fait que me rappeler que notre mariage à nous était presque finalisé. Depuis le début de l’organisation de mon mariage avec Alex dire que je n’y pense jamais serait mentir. Parce que j’essaie de ne pas choisir les mêmes fleurs que Victoria et moi avions choisi, j’essaie de penser à un autre groupe qui pourrait jouer à notre mariage parce que je ne peux pas choisir deux fois la même chose, non ? Je ne peux pas accepter de me marier avec Alex dans le lieu que j’avais réservé pour me marier avec Victoria il y a quatre ans. Je ne peux pas et je ne le veux surtout pas non plus. Et au lieu de lui expliquer tout ça, je me ferme, je suis froid, catégorique et je lui fais comprendre que la discussion ne sera pas possible. « Quoi non ? » Je relève les yeux vers elle, je la regarde mais je ne lui réponds pas. Non. C’est clair pourtant, non je ne veux pas me marier là-bas mais j’ai comme l’impression que je ne vais pas pouvoir m’en sortir comme ça. Alex, elle serait même capable de faire une scène pour pouvoir obtenir ce qu’elle veut, c’est-à-dire ; ce lieu. Mais je ne reviendrais pas sur ma décision. Quoiqu’elle dise et quoiqu’elle fasse. Je lui demande alors d’annuler le rendez-vous de ce soir en lui promettant que nous allons passer la soirée à faire des recherches pour trouver notre lieu parfait, et pas celui que j’avais choisi avec ma première fiancée, mais ma proposition ne semble pas l’emballer plus que ça. « Mais, je veux pas annuler, on peut au moins aller le voir non ? Il correspond à tout ce que l'on recherche et tu veux même pas te déplacer ? Ça ne coûte rien d'y aller et de voir, et si tu n'aimes toujours pas, on pourra en rediscuter et passer à un autre lieu. » Elle insiste et en soit, c’est plutôt logique puisque je ne lui ai donné aucune réelle explication sur mon refus catégorique. Mais pourtant l’entendre insister encore et encore m’énerve un peu, alors je lâche un long soupir. Agacé, et ne cherchant même pas à le cacher. « Pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui dois faire des concessions ? » C’est vraiment l’impression que j’ai, du moins. « Non, s’il te plaît, n’insiste pas. » J’ai mes raisons, dont je devrais lui en toucher deux mots je le sais mais je n’y arrive pas. Parce que je n’ai clairement pas envie de parler de ça et sûrement aussi parce que je ne sais jamais comment Alex va réagir quand je prononce le prénom de Victoria. Elle ferme l’écran d’ordinateur d’une manière assez violente et me laisse seul avec Lucy pour partir dans la cuisine. Je souffle et je marche un peu dans le salon avec ma fille qui commence à s’agiter et avec elle, je sais très bien que cela veut dire que quelque chose la dérange. Sûrement les dents qui lui font mal et quand Alex revient elle donne à Lucy son anneau de dentition qu’elle tient fermement pour l’amener à sa bouche et elle attrape mon t-shirt de sa deuxième main. Je la fais bouger un peu contre moi. « Je comprends vraiment pas pourquoi tu le détestes. Pourquoi tu réagis comme ça. C'est le seul que j'ai vu et qui a retenu mon attention, celui qui me fait rêver et toi tu le rejettes sans même qu'on puisse en discuter ? » Elle est têtue et ça m’énerve, je soupire une deuxième fois. Moi à sa place je n’aurais jamais insisté. Si je lui avais montré un lieu qu’elle aurait refusé jamais je ne l’aurais forcé, si elle n’aime pas c’est son droit. Même si pour mon cas il n’est même pas question de ne pas aimer mais ça, elle ne le sait même pas. J’assois Lucy dans son parc et je me frotte doucement les paupières. Pour la deuxième fois de la journée je meurs d’envie de fumer une cigarette, là, maintenant, tout de suite. C’est à mon tour de la laisser seule pour partir dans la cuisine et je la rejoins simplement quelques secondes plus tard avec un paquet de gâteaux. Je ne m’assois pas avec elle, préférant rester à côté de Lucy qui joue toujours dans le parc. « Je le déteste pas. » Je commence par ça, mais je sais que ça ne suffira pas. « C’est juste pas un lieu pour nous. » Encore une fois, je sais que ça ne suffira pas mais c’est tout ce que j’accepte de lui dire. Je suis aussi quasiment sûr qu’elle va s’énerver et que je vais regretter de ne pas être resté plus longtemps au travail mais je n’ai toujours pas envie de parler de ce que Victoria et moi avions prévu pour notre mariage. Au lieu de ça je préfère manger ces gâteaux, à défaut de pouvoir fumer.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Il a douché mes espoirs et il ne lui a fallu qu'un mot pour ça. Un simple « non », froid, sans explication. Un refus catégorique de sa part qui me laisse sans voix, perplexe et très déçue. Parce que j'ai tant attendu de trouver un lieu spécial, j'ai tant cherché avant d'avoir ce coup de cœur et lui il me refuse même l'idée d'en discuter. Il rejette le lieu que je trouve parfait, il se ferme et je n'y comprends absolument rien. Tout devait être parfait. Cette soirée, cette visite, les préparatifs du mariage, oui aujourd'hui, ça devait être une belle journée, si belle que j'en avais oublié la fatigue des nuits agitées, je ne pensais qu'à ça. Me projetant avec une telle facilité dans ce lieu. Oui, tout devait être parfait, jusqu'à son 'non'. Jusqu'à sa tête qui se ferme, jusqu'à son regard qui évite les photos. J'essaye d'obtenir des explications, explications qu'il me refuse en évitant de me répondre. Et si vous saviez comme ça m'agace encore un peu plus. Son refus suivis de son silence, je soupire. Mais expliques moi merde ! J'ai le droit de savoir pourquoi tu refuses non? Je ne lui dis pas ces mots, pourtant j'en meurs d'envie, mais je sais que je pourrais m'énerver alors je préfère me taire. Sauf qu'il me demande d'annuler la visite, et là je m'agace sincèrement et cette fois c'est moi qui refuse. Sauf que moi j'explique pourquoi je ne veux pas annuler cette visite. J'essaye de le convaincre, au moins de venir avec moi, j'essaye parce que je ne me contenterai pas d'un simple non sans raison, sans explication. Je peux accepter qu'il n'aime pas ce lieu, je peux accepter de discuter des raisons de son refus, et chercher un autre endroit avec lui, mais pas sans explication. Il soupire, il est agacé, je le vois, je le sens et il me le confirme par ses paroles. « Pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui dois faire des concessions ? » Je soupire bruyamment et je secoue la tête de gauche à droite, blessée et agacée par ses propos. Enfin agacée non, énervée oui. Je lui demande seulement de venir voir le lieu avec moi, et ensuite s'il n'aime pas, je lui propose de passer à un autre lieu. C'est quand même pas trop lui demander non ? Mais visiblement, même ça c'est trop pour lui. Ses mots me font mal, peut être parce qu'ils font échos à d'autres, à des reproches qu'il m'a déjà fait, et cette fois je le trouve injuste avec moi. A croire que je ne pense qu'à moi, qu'à ce que je veux, quand je le veux, c'est ce que j'entends dans ses mots. Et l'idée qu'il puisse sous-entendre que je me comporte encore comme une égoïste me dérange sincèrement. « Oh désolée chéri de ne penser qu'à ce que MOI je veux et te forcer tout le temps à faire ce que tu ne veux pas. » Je ne lève pas la voix, un brin sarcastique, je ne veux pas m'énerver contre lui, mais je suis blessée par son insinuation. Et sincèrement déçue de sa réaction. « Je te demande pas d'accepter mais au moins de m'expliquer. » Et je crois que je mérite au moins ça non ? On parle de notre mariage quand même, c'est important comme sujet. « Non, s’il te plaît, n’insiste pas. » Je lève les épaules, je soupire à nouveau, je sens que je suis énervée, et il me connaît assez pour le savoir aussi sans doute. Je m'éloigne un peu, il ne veut pas que j'insiste alors que moi je veux juste une explication, mais même ça, ça semble trop dur pour lui. Il m'énerve, ses mots m'énervent et son silence m'énerve aussi. Au final, tout m'énerve et je vais souffler loin de lui quelques secondes avant de dire des choses qui pourraient le blesser. Je passe quelques minutes dans la cuisine, mais même s'il m'a demandé de ne pas insister, je n'y arrive pas. Je veux comprendre pourquoi on est en train de se disputer, pourquoi ce lieu provoque une telle réaction chez lui, pourquoi il en vient même à être injuste avec moi ? Je ne pourrais pas rester sans réponse. Je veux comprendre, je veux pouvoir discuter de ce lieu comme on peut le faire pour tout les autres même ceux que l'on a pas choisi. Mais je me retrouve face à un nouveau silence quand je le questionne, un soupir, un silence et c'est lui qui disparaît dans la cuisine quelques secondes. Je le regarde quand il revient dans le salon, il ne vient pas vers moi, et ça aussi ça m'agace. Même si j'aurais sans doute aussi été agacée s'il était venu s'installer contre moi comme si ces dernières minutes n'avaient pas existé. Elles existent et je suis toujours là, à attendre de comprendre comment on en est arrivé là. Souvent c'est ma faute, souvent je m'énerve trop vite, je dis des trucs qui me dépassent, que je ne pense pas mais aujourd'hui je n'ai pas la sensation d'avoir dit ou fait quelque chose de mal, je regarde ma jambe qui s'agite, signe que je m'impatiente de plus en plus mais je ne dis rien. « Je le déteste pas. » Je relève les yeux vers lui, il parle, enfin. Mais je comprends encore moins sa réaction du coup. Il ne le déteste pas et pourtant il a été catégorique, c'est non et un non qui n'est même pas négociable. Alors pourquoi ? Je reste silencieuse, les sourcils froncés, ma main qui glisse dans mes cheveux et se pose sur ma nuque que je masse un peu. Calme toi Alex, tu peux gérer tes émotions. Je le regarde, j'en attends plus, j'attends son explication. « C’est juste pas un lieu pour nous. » Okay, il se fout de moi là non ? Pourquoi ça ne serait pas un lieu pour nous ? Il est parfait, il réponds à tout nos critères, c'est mon coup de cœur et il ne le déteste pas, mais ce n'est pas pour nous ? Et dire que normalement, dans notre couple, c'est moi qui suis la moins logique, là j'ai beau chercher, je ne comprends définitivement rien. Ni ses mots, ni son attitude. « Pas un lieu pour nous ? » Je répète ses mots parce que ça n'a pas de sens ce qu'il me dit là. « J'essaye Caleb, je t'assure que j'essaye mais je comprends rien. » Je suis sincèrement perdue, je suis passée d'un enthousiasme débordant à ça. A cette situation entre nous que je ne comprends pas, tout semble échapper à un semblant de logique, et je suis dépassée par ces dernières minutes. « Tu le détestes pas, il corresponds à ce que l'on recherche, je l'adore vraiment, mais c'est pas pour nous ? Pourquoi ? » Je le regarde, je me lève même pour être à sa hauteur et le regarder. « Je veux bien renoncer à ce lieu, c'est même pas ça le problème, c'est un choix que l'on doit faire ensemble et je veux que tu aimes l'endroit ou l'on va se marier, mais donne moi une bonne raison au lieu de me faire passer pour la méchante alors que je cherche juste à savoir pourquoi tu réagis comme ça. » J'ai passé près de deux heures de ma journée sur notre mariage, sur la recherche d'un lieu qui pourrait nous plaire à tout les deux, faire avancée notre projet de mariage, lui montrer que je suis investie et lui faire cette surprise de lui présenter mes trouvailles. Sauf que tout a déraillé, et au lieu d'être l'un contre l'autre dans le canapé à nous projeter, je suis face à lui, blessée par la tournure des événements.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
Je sais que je lui dois des explications et que je ne peux pas me contenter de lui répondre un non ferme, froid et définitif. Mais je lui en veux presque d’avoir choisi ce lieu, alors qu’elle ne pouvait pas le savoir. Elle n’a aucune idée de ce que cet endroit représente pour moi : des souvenirs qui auraient normalement dû être heureux mais qui ne le sont pas du tout. Elle ne peut pas savoir tout ça parce qu’à l’instant même où j’ai posé mon regard sur les photos qu’elle me montrait avec enthousiasme et fierté, je me suis fermé. Ma réaction doit être incompréhensible pour elle. Il me suffit de prendre trois minutes de ma journée pour lui expliquer mais je n’y arrive pas. Ce n’est pas franchement facile à dire en même temps. Je reste toujours discret sur la vie que j’ai eue avec Victoria. En partie parce que j’estime que lui en parler encore et encore pourrait être un manque de respect envers Alex, alors la plupart du temps, quand j’ai quelque chose sur le cœur, un souvenir qui me revient, j’en parle à ma psychologue. Avec elle je ne suis pas obligé de peser mes mots. Avec elle je peux lui dire à quel point Victoria me manque, sans avoir peur de lui faire du mal sans avoir peur de lui manquer de respect. Avec elle je peux sourire en parlant d’elle, avoir les yeux qui pétillent en me remémorant un beau souvenir. Et des bons souvenirs, avec elle, il y en a eu beaucoup. Vraiment beaucoup. Je sais qu’Alex a fait des efforts. Je sais qu’elle ne m’en voudrait pas si je lui en parlais de temps en temps, mais c’est délicat. Parce que quand je parle de Victoria je sais très bien qu’il y a encore de l’amour dans mon regard et je doute qu’Alex n’ait envie de voir ça. Je doute qu’elle ait envie de savoir que malgré tout l’amour que je ressens pour elle, Victoria est toujours là quelque part, dans mon cœur, dans ma tête. Je pense toujours à elle, de temps en temps. Et oui, j’ai toujours des sentiments pour elle également mais tout ça, elle n’a pas besoin de le savoir Alex, non ? Je doute que ce soit quelque chose de très agréable pour elle à entendre. Ce sont pour toutes ces raisons que le prénom de Victoria est rarement prononcé dans cette maison.
Elle est agacée, Alex, et elle en a tous les droits. Je devrais prendre sur moi et lui apporter des explications mais j’en suis toujours incapable. « Oh désolée chéri de ne penser qu'à ce que MOI je veux et te forcer tout le temps à faire ce que tu ne veux pas. » Et ce n’est d’ailleurs très clairement pas en me parlant de la sorte qu’elle va réussir à me mettre en confiance pour lui parler. « Je te demande pas d'accepter mais au moins de m'expliquer. » Une deuxième fois, je relève les yeux vers elle sans pour autant ouvrir la bouche pour lui répondre. Je sais qu’elle n’aime pas quand je me montre aussi silencieux, mais quand elle est énervée comme ça je n’ai pas envie de lui parler de quoique ce soit. Alors que moi je ne suis pas réellement énervé, mais juste complètement perturbé mais elle ne semble même pas le voir. Sûrement bien trop concentrée sur le fait que je ne cède pas et que je lui tienne tête. Elle préférait sûrement que je lâche l’affaire et que j’accepte de visiter ce lieu, dans ce cas-là je suis persuadé qu’elle sera souriante et de nouveau agréable. Sauf que ça n’arrivera pas. Quoiqu’il arrive elle n’aura pas le dernier mot à ce sujet et je l’abandonne quelques secondes pour partir dans la cuisine, à défaut de ne pas pouvoir fumer – et pourtant dieu seul sait à quel point j’en meurs d’envie aujourd’hui – je me rabats sur la nourriture, des gâteaux plus particulièrement. Sa jambe tremble, c’est une cocotte-minute prête à exploser à tout moment, Alex, j’ai l’impression qu’elle est à deux doigts de me sauter dessus pour m’étriper alors que moi je suis simplement debout à côté de Lucy qui est dans son parc. J’ai le regard perdu dans le vide et tout en me gavant de gâteaux je prends une fois la parole. Et puis une deuxième fois. Mais je sens bien que ça ne lui suffit pas ou du moins qu’elle n’est pas prête à s’en satisfaire. « Pas un lieu pour nous ? J'essaye Caleb, je t'assure que j'essaye mais je comprends rien. » En même temps il est impossible pour elle d’y comprendre quoi que ce soit. « Tu le détestes pas, il corresponds à ce que l'on recherche, je l'adore vraiment, mais c'est pas pour nous ? Pourquoi ? Je veux bien renoncer à ce lieu, c'est même pas ça le problème, c'est un choix que l'on doit faire ensemble et je veux que tu aimes l'endroit ou l'on va se marier, mais donne moi une bonne raison au lieu de me faire passer pour la méchante alors que je cherche juste à savoir pourquoi tu réagis comme ça. » Elle réussit à me faire complètement culpabiliser de ma réaction. Je ne sais pas si c’était son but, mais maintenant je me sens nul et coupable d’avoir réagi ainsi. Elle me regarde et si tout à l’heure elle était assise sur le canapé elle s’est maintenant levée pour se placer à mes côtés. Je la regarde juste un instant et puis je baisse les yeux, je soupire légèrement et commence à me mordre l’intérieur de la joue. « C’est le lieu qu’on avait choisi avec Victoria pour notre mariage. » Je ne la regarde pas en disant cette phrase. Mais elle voulait savoir ? Et bien maintenant elle le sait, elle peut être contente, elle a réussi à me tirer les vers du nez. Sur tous les endroits de Brisbane, il a fallu qu’elle choisisse celui-là et je commence très sincèrement à croire que je dois sûrement vraiment porter la poisse. Par le baby phone j’entends Lena qui commence à bouger et à pleurer, très vite j’y jette un coup d’œil et je pose le paquet de gâteaux sur la table du salon. « Appelle et annule. » Et j’espère très sincèrement qu’elle ne va pas continuer à insister pour que je réfléchisse à ce que notre mariage puisse se dérouler là. C’est impossible pour moi. « S’il te plaît. » Sans un mot de plus je quitte le salon pour partir voir Lena que je n’ai pas vu de la journée. Je la prends dans mes bras quand alors qu’elle se met à pleurer de plus belle. Je la fais bouger contre moi, je la serre dans mes bras, je l’embrasse sur le front et je caresse doucement son dos. S’il y a bien une personne qui va pouvoir m’apaiser c’est elle, ou sa sœur, mais en l’occurrence ce sera elle, en espérant me sentir bien moins stressé après avoir passé un moment avec elle.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Cette fin de journée avait absolument tout pour être parfaite, ou presque, si on oublie la fatigue qui est bien trop présente depuis quelques temps maintenant. Je fais avec, et j'avais bien fais abstraction de tout ça alors que j'avais l'impression d'avoir réussi à faire une avancée importante dans les préparatifs de notre mariage. Je le pensais sincèrement, me projetant dans ce lieu, imaginant même la disposition des tables, les couleurs, enfin je m'y voyais vraiment sauf que lui non. Pas du tout même et son refus couplé à son attitude, ont fini par avoir raison de mon enthousiasme et de mes espoirs. Je suis triste désormais, je dois renoncer à ce lieu sans même savoir pourquoi. Je dois oublier les dernières heures à penser à ce lieu et à notre mariage, mais je ne sais pas pour quelle raison, puisqu'il me prive de cette discussion. Il me fait même me sentir mal, sûrement sans le vouloir, mais je lui en veux, de sous-entendre que je l'oblige à faire des choses qu'il ne veut pas faire. Alors, oui je l'oblige à m'expliquer son refus, mais il ne le fait pas. Il ne veut pas me parler et cette situation me fait me sentir mal, énervée, et déçue alors que cette journée s'annonçait si bonne, tout a prit une tournure que je n'aime pas, pas du tout. Et les choses ne vont pas aller en s'arrangeant, je le crains. Je lui fais face, je réitère mes questions, lui faisant part de mon incompréhension, lui montrant que je ne vais pas me contenter d'un refus et c'est tout. Je veux comprendre, je veux le comprendre. Lui, son refus, son attitude, je veux comprendre pourquoi il est distant, silencieux, froid, ce n'est qu'un lieu après tout, il n'a qu'à me dire pourquoi il ne veut pas d'un lieu qu'il ne déteste pas. C'est tout, et ça me semble pas être trop compliquée non ? Alors pourquoi tout ce silence, toute cette tension, et même les reproches sur mon comportement ? Je veux juste savoir. Devant lui, la tête relevé, les yeux qui le fixe, j'attends une explication, je lui montre qu'il n'échappera pas à une discussion, quelque soit le temps qu'il prends pour me répondre, je ne lâcherai pas l'affaire. Il me regarde quelques secondes avant de baisser les yeux. Je n'aime pas ça, encore une chose que je n'aime pas. Et j'ai presque envie qu'on rembobine et qu'on reprenne les choses avant qu'il ne rentre. Il soupire, encore. Je fais craquer mes doigts, faut bien que je lui montre que je suis toujours là. Que j'attends. « C’est le lieu qu’on avait choisi avec Victoria pour notre mariage. » Il ne me regarde pas et finalement c'est pas plus mal, parce que je crois que je me décompose en quelques secondes en entendant ses mots. C'est moi qui voulais une explication et bien là voilà et je regrette désormais de l'avoir poussé autant. Tout prends un sens désormais, et je me sens si conne. Sincèrement conne. De ne pas avoir comprit. Comment aurais-je pu le faire ? Comment j'aurais pu penser une seconde que de tout les lieux de Brisbane celui pour lequel j'aurais un coup de cœur, s’avérait être le même que celui qu'il avait choisi avec elle, son ex-femme. Celle avec qui il a déjà eu toutes les discussions que l'on a en ce moment. Celle avec qui il devrait déjà être marié s'il n'y avait pas eu cet accident. Celle avec qui il avait choisi de se marier, avant moi. Comment j'aurais pu le savoir ? J'en sais rien, mais je m'en veux de ne pas avoir compris malgré tout. De ne pas avoir vu que derrière son refus, il y avait quelque chose de plus, de ne pas avoir saisi son malaise, de ne pas avoir comprit les signes. Il a raison, je ne pense qu'à moi. Je me sens sincèrement minable, et coupable d'avoir réagis ainsi. La colère que je ressentais, se retourne contre moi même. « Je suis désolée. » Oh oui je le suis sincèrement, désolée d'avoir choisi ce lieu et de faire remonter des souvenirs, désolée de t'avoir obligé à me parler. Désolée aussi d'être la seconde, d'être enthousiaste pour le mariage alors que je réalise que pour toi, tout ça ne doit finalement pas être simple. Lena pleure et finalement, je crois que je n'ai jamais été aussi soulagée de l'entendre pleurer. Elle attire notre attention, celle de Caleb mais la mienne aussi. Je regarde vers le baby phone au même moment que Caleb, et je sais qu'il va vouloir y aller, c'est ce qu'il fait toujours en rentrant du travail, aller voir ses filles et je vais le laisser faire. Parce que je crois qu'il a besoin que je lui laisse du temps, et moi j'ai besoin de me laisser le temps de gérer cette information. « Appelle et annule. » A la minute ou il m'a dit que c'était le lieu choisi par Victoria pour leur mariage, j'ai compris que ce lieu n'était pas le notre, mais le leur. J'ai compris que je devais oublier ce coup de cœur, il me rappelle que je dois annuler, et je vais le faire. « S’il te plaît. » Je secoue la tête et comme il est déjà en train de quitter le salon et qu'il ne me regarde plus, je lui confirme verbalement que j'ai pris note de son envie. « Je vais annuler. » Je vais le faire parce que désormais, je déteste ce lieu, leur lieu, leur mariage. Caleb quitte la pièce et je me retrouve avec Lucy dans son parc. Je pourrais la laisser jouer, je devrais même la laisser alors qu'elle est calme mais je me penche vers elle et je la prends dans mes bras tout en prenant mon téléphone pour appeler pour la seconde fois de la journée les propriétaires de ce fameux lieu. Je réfléchis à ce que je vais pouvoir donner comme explication. J'appelle pour annuler notre visite de ce soir, mon fiancé ne veut pas parce que votre lieu est si beau que c'était déjà celui qu'il avait choisi avec son ancienne fiancée qui est depuis décédée donc on peut définitivement pas se marier chez vous. Je me contente de m'excuser de l'annulation, de les remercier pour leur disponibilité et je raccroche. Voilà l'annulation est faite, peut-être qu'on peut désormais oublier ces dernières minutes, ce lieu et tout ? C'est sans doute ce que j'aurais fais il y a quelques mois. Penser à ce qui allait me mettre le moins mal à l'aise, fuir cette discussion peu agréable, oui c'est sans doute ce que j'aurais pu faire. Mais je crois que cette situation a mit en lumière quelque chose dont on avait pas encore parlé et qu'il va falloir évoquer. Notre mariage et ce que ça représente pour lui, de ce que ça lui provoque comme souvenirs, comme émotions. Je sais qu'il est heureux, enfin la plupart du temps, mais je comprends aujourd'hui, que tout ça, ça ne doit pas être anodin pour lui. Je regarde l'écran du babyphone, je le regarde notre fille dans ses bras, je le regarde s'occuper de Lena et je suis toujours aussi émue de voir avec quelle tendresse il prends soin d'elles. Cette vision me tire un sourire et c'est avec Lucy dans les bras que je rejoins Caleb dans la chambre des filles. Je dépose un baiser sur le front de Lena et un autre sur la joue de Caleb, sans pour autant le regarder. « C'est fait. » C'est tout ce que je lui dis et je pose Lucy sur la table à langer. Je commence à lui masser les gencives avec un gel censé apaiser les douleurs. Je m'occupe d'elle, et ça m'évite d'avoir à regarder Caleb alors que j'ai peur qu'il m'en veuille ou qu'il soit mal et j'ai peur de ne pas réussir à le gérer. Tout ce qui concerne son ex reste toujours délicat. « Je suis désolée d'avoir insisté. J'aurais du comprendre. » Je regarde Lucy, mes yeux posés sur elle et elle seule pour m'aider à gérer la situation. « J'ai pas pensé à ce que le mariage pouvait représenter pour toi, et ce que ça pouvait faire revenir comme souvenirs. » Le lieu c'est vraiment pas de chance, mais il y a tout un tas d'autres choses à faire, à penser, à choisir et je me demande sincèrement si à chaque décision, il repense à elle, à ce qu'ils avaient choisi ensembles. Si à chaque discussion il pense à elle, et si ça lui fait du mal de préparer notre mariage. « Comment tu te sens ? » Là maintenant, mais aussi plus globalement vis à vis du mariage. Je reprends Lucy dans mes bras et je me tourne vers lui pour le regarder, pour m'assurer qu'il n'essaye pas de me mentir ou de ma cacher des choses. Cette fois c'est à lui que je veux penser, oublier mes émotions pour me concentrer sur les siennes, c'est ce que j'aurais du faire lorsqu'il a refusé, ce que je n'ai pas su faire, et je veux vraiment lui montrer que je suis concernée par ce qu'il a à dire, et aussi peut-être que je veux lui montrer que j'ai envie qu'il me parle.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
Elle voulait des explications sur mon refus, et bien elle les a. Bien qu’elle ne devait sûrement pas s’attendre à ça. Elle devait même s’attendre à tout sauf à ça, tout comme je ne m’attendais pas à ce lieu-là quand Alex m’a sauté dessus il y a quelques minutes seulement m’annonçant un grand sourire aux lèvres avoir trouvé l’endroit parfait pour notre mariage. Et oui, Alex, il est parfait ce lieu je suis totalement d’accord avec toi. Mais ce n’est pas notre lieu, il a déjà une place toute particulière dans mon cœur et contre rien au monde je n’y changerai la moindre chose. On trouvera autre chose, je n’en ai pas un seul doute, un lieu tout aussi bien que celui-ci. Tous ceux qu’elle veut. Vraiment tous ceux qu’elle désirera, je serai d’accord. Mais pas celui-là. « Je suis désolée. » J’hausse les épaules. Elle n’a pas à l’être. Pourquoi est-ce qu’elle s’excuse ? Elle ne pouvait pas deviner que cet endroit avait déjà été choisi par Victoria avant elle, elle ne pouvait pas imaginer ne serait-ce qu’une seule seconde que c’était un endroit déjà précieux pour moi. Je ne lui en veux pas. Même si j’aurais aimé qu’elle ne s’énerve pas comme ça, même si j’aurais largement préféré qu’elle fasse attention à moi, un minimum, assez pour réaliser que je ne disais pas non pour la forme et qu’il y avait une véritable raison derrière ce refus. J’aurais aimé qu’elle puisse voir mo, malaise et ma tristesse à partir du moment où j’ai posé les yeux sur son écran d’ordinateur. Tout ça, je l’aurais apprécié. Mais elle n’est pas comme ça, Alex, et je ne peux pas lui demander de changer. Lena pleure et juste avant de partir la voir, je demande à Alex d’annuler ce rendez-vous ne m’imaginant pas remettre les pieds dans cet endroit ou encore pire, organiser un nouveau mariage avec une autre femme dans cet endroit. Je pars m’occuper de ma fille, je la prends dans mes bras et je la serre fort contre moi. J’ai besoin d’elle, de sa présence, de ses petites mains qui attrapent mon t-shirt pour me détendre un petit peu et pour m’aider à m’apaiser après ma journée de travail et malheureusement la soirée à venir ne s’annonce pas beaucoup plus plaisante ou plus apaisante du moins. « Je t’aime tellement ma chérie… » Des mots que je murmure à l’attention de ma fille juste avant de déposer un baiser sur son front et c’est à peu près à ce même moment que je ses les lèvres d’Alex se poser sur ma joue. « C’est fait. » Je me retourne pour lui faire face et la regarder. « Merci. » Mais elle son regard est fuyant, elle ne me regarde pas du tout. Et voilà, une autre raison pour laquelle je ne lui parle que très peu de Victoria. Parce que je vois bien que ça la dérange, qu’elle n’aime pas ça, alors je préfère largement tout garder pour moi et en parler à ma psychologue qui elle, ne semble pas me faire la gueule à l’entente de ce prénom. Lena pleure un peu plus, je colle sa tête sur mon torse et caresse son dos. « Je suis désolée d'avoir insisté. J'aurais du comprendre. » Encore une fois ce n’est pas moi qu’elle regarde mais notre fille. J’hausse doucement les épaules. « Tu ne pouvais pas savoir. » Et c’est vrai, raison pour laquelle je ne lui en veux vraiment pas. Ce qui me dérange en revanche, c’est la voir me parler sans oser me regarder ne serait-ce que quelques secondes. « J'ai pas pensé à ce que le mariage pouvait représenter pour toi, et ce que ça pouvait faire revenir comme souvenirs. » Oui, parce que moi je suis déjà passé par-là. Par la case préparatif du mariage, avec une autre femme. Une autre que j’avais envie d’épouser, que je voulais voir porter mon nom de famille. Tout ça, je connais. Trouver un traiteur, un groupe, des fleurs, un lieu, une décoration. Tout ça ne m’est pas inconnu, malheureusement pour moi. « Comment tu te sens ? » En voilà, une bonne question à laquelle je ne sais même pas quoi lui répondre. Je me sens bizarre. Parce que je ne m’étais pas préparé psychologiquement à me replonger dans tous ces souvenirs. Je ne voulais pas nécessairement repenser à notre mariage. Enfin pas au mariage prévu avec Victoria qui n’aura finalement jamais eu lieu. Je m’efforce de ne pas y penser quand je me penche sur l’organisation de mon mariage avec Alex et j’y arrive. Quelque fois. Pas tout le temps, mais quelque fois. Je relève les yeux vers elle pour constater qu’elle daigne enfin me regarder et elle semble attendre une réponse de ma part, alors je lui réponds moyennement convaincu. « Ça va. À peu près. » Je pense, du moins. Je suis juste complètement déstabilisé. « T’en fais pas. » Et c’est vrai. Même si je suis presque sûr qu’elle va insister – c’est ce qu’elle fait, Alex, elle insiste beaucoup – et qu’elle ne va sûrement pas me croire quand je lui dis que je vais bien alors que c’est le cas. « C’est juste déstabilisant, c’est tout. » Plus ou moins juste déstabilisant oui. Lena ne se calme pas et pleure de plus en plus, je soupire légèrement et fini par de nouveau quitter la pièce pour partir chercher son anneau de dentition et le lui donne. Je la berce, je l’embrasse sur la joue, sur le front, j’essaie de la calmer, en vain. « Ça va aller ma chérie… Dis-moi ce que je peux faire pour t’aider à aller mieux ? » Encore une phrase adressée à Lena qui ne peut évidemment pas me répondre, mais j’ai de nouveau l’impression d’être totalement impuissant en entendant ses pleurs.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Je suis dans la même pièce que lui et c'est moi qui ait choisi de venir le rejoindre ici, j'aurais pu rester dans le salon, nous laisser du temps, lui laisser du temps et le laisser revenir vers moi et faire comme si de rien n'était. Passer à autre chose et oublier ces dernières minutes, mais c'est pas ce que j'ai fais. Ce n'est pas ce que je choisis de faire, parce que j'ai bien trop souvent évité d'assumer les choses, éviter les discussions qui pouvaient potentiellement faire mal, mais aujourd'hui je ne fuis pas. Du moins je ne fuis pas la discussion, même si je fuis son regard, me concentrant sur ma fille. Je suis quand même là, je lui annonce avoir annulé la visite, voilà au moins sur ça il devrait être soulagé. Il me remercie même s'il n'a pas vraiment à le faire, j'aurais du le faire bien avant, j'aurais même du le faire à la minute ou il me l'a demandé, mais je voulais une explication et désormais, on a à gérer une discussion face à laquelle je ne sais pas forcément comment me comporter. Je n'aime pas que l'on parle de Victoria, et je crois qu'il n'aime pas m'en parler non plus. « Tu ne pouvais pas savoir. » C'est à moitié vrai, je ne pouvais pas savoir que c'était ce lieu, ou que c'était pour ça qu'il réagissait comme ça mais j'aurais pu comprendre avant que le mariage risquait d'être difficile pour lui et ça je ne l'ai pas compris. Pas jusqu'à présent. « Si. J'aurais du me demander comment tu vivais les choses et je l'ai pas fais. » Mais je crois que je ne voulais pas y penser tout simplement. Parce que je n'aime pas me dire qu'il a vécu tout ça avec une autre. Qu'il avait choisi une autre, qu'il aurait pu faire sa vie avec elle, qu'il a aimé une autre femme, et qu'il l'aime peut-être encore puisque ce n'est pas lui qui a rompu avec elle, c'est la vie qui l'a obligé à renoncer à elle. Je me suis faite à cette idée, sincèrement, je m'y suis faite, et je ne me sens plus jalouse d'une femme morte comme ce fut le cas, et pourtant je ne suis pas à l'aise dès qu'on évoque Victoria. Peut-être que c'est parce que j'ai toujours l'impression d'avoir prit sa place, d'être heureuse parce qu'elle est morte, et c'est pas une sensation très agréable, pas du tout. Se dire que son bonheur dépend du décès d'une autre et que sans cet accident je n'aurais ni Caleb, ni nos filles. C'est une pensée délicate à gérer. Peut-être aussi que ça me fait me sentir nulle, parce que je me sens inférieure à elle, que je me demande si un jour je pourrais rendre heureux Caleb comme elle a pu le faire. Au fond j'en sais rien, je l'ai pas connu, mais j'ai l'impression qu'elle était parfaite, après tout les morts sont souvent plus parfaits que les vivants non ? Plus parfaite que moi, elle devait l'être, parce que c'est pas dur en soit. Mais ce n'est pas le sujet de cet après-midi, aujourd'hui, je réalise que toutes nos discussions avec Caleb, il les a déjà eu. Il a déjà choisi ce qu'il voulait pour son mariage parfait, et tout ce qu'il voulait avec elle, il ne le voudra pas avec moi, il ne voudra pas de son mariage rêvé puisqu'il l'avait prévu avec elle. Au mieux, on aura des deuxièmes choix, des choix par défaut, pas ceux qu'il avait déjà fait. Ça me rends un peu triste, mais c'est à lui que je dois penser et pas à moi et à mes pensées égoïstes. C'est lui qui doit vivre cette situation délicate, c'est lui qui doit avoir à penser à chaque décision, à chaque discussion, à ce que Victoria voulait, en espérant que je ne veuille pas la même chose. Enfin c'est comme ça que j'imagine le truc alors qu'il n'a rien dit lui. Pas encore du moins, et je lui demande comment il se sent. Sincèrement concernée par la réponse. « Ça va. À peu près. » Déjà il n'élude pas la question, une bonne chose. Il ne me demande pas de passer à autre chose. Il ne fuit pas la question. Mais je reste tout de même perplexe devant sa réponse. Caleb, en général ça va toujours, du moins souvent, il évite de m'inquiéter, sauf qu'aujourd'hui, il ajoute 'à peu près' et ça suffit pour me faire comprendre, que s'il va bien, tout ne va pas bien pour autant. « T’en fais pas. » ça c'est impossible et il le sait. C'est trop me demander. Je pense à moi, souvent, mais à côté de ça, je m'inquiète aussi beaucoup pour lui, pour les filles, pour pleins de choses sauf que je suis pas douée pour le gérer ou le montrer. « Arrêtes de penser à moi. » Que je m'en fasse ou pas, c'est pas le sujet. « Je suis désolée qu'on n'ait pas pu en parler avant, ça aurait évité que tu te retrouves dans une telle situation. » Les photos de ce lieu, de leur lieu sous les yeux. Si j'avais su, si je m'étais intéressée un peu plus à lui, à son passé, à ce qu'il ressent peut-être que j'aurais évité de lui présenter ce lieu, ou au moins j'aurais compris et on serait passé à autre chose. « C’est juste déstabilisant, c’est tout. » Déstabilisant ça l'est aussi pour moi, mais si moi je sais pourquoi je suis déstabilisée, j'aimerais comprendre pourquoi lui il l'est. Ou du moins l'entendre de sa bouche pour éviter d'avoir à interpréter ses propos et à me mettre à penser à des choses peu agréables. Je pense à cinquante questions à la minute, je cherche la meilleure à lui poser, celle qui lui prouvera que je peux entendre tout ce qu'il a à dire, celle qui lui donnera aussi envie de me parler, celle qui lui montrera que j'ai envie de le comprendre et ce n'est pas simple, parce que si parler sans réfléchir je sais le faire, dès que je me mets à penser, c'est parfois trop d'un coup et il n'aime pas que je parle beaucoup. Alors je réfléchis, je berce Lucy qui s'endort contre moi, tout en regardant Lena qui s'agite et au moment ou je m'apprête à lui poser une question, il quitte la pièce avec Lena dans les bras. Je soupire, encore une chose qu'on ne peut même plus faire sans être coupé depuis qu'on à nos filles : parler. Je reste là quelques secondes avec Lucy dans les bras, je la regarde endormie et calme. J'aimerais me sentir aussi apaisée qu'elle, elle a l'air de l'être du moins. Je pose un baiser sur son front et je la couche dans son lit, en prenant soin de lui poser son doudou contre elle et je quitte la chambre. J'entends les pleurs de Lena, je reste posée contre la porte, sans oser entrer, je regarde Caleb tenter de calmer Lena, je les regarde tout les deux et j'entends Caleb parler à notre fille, essayer de la calmer. Je me dirige dans la cuisine et je prépare un biberon pour Lena et j'en profite pour faire réchauffer le café que j'avais fais pour Caleb mais qu'il n'a pas prit. Et quelques minutes plus tard je reviens, avec dans une main le biberon de Lena et dans l'autre un café pour Caleb. « Tiens essayes le biberon, c'est pas forcément l'heure mais elle a pas beaucoup mangé ce midi. » Rien d'alarmant, la perte d'appétit est aussi l'un des symptômes de la poussée dentaire, oui, oui j'ai déjà appelé la pédiatre pour avoir un vrai avis médical à ce sujet. Je lui tends le biberon et je pose le café devant lui, et je me dis que pendant qu'il donnera le biberon de Lena, il ne pourra pas s'enfuir. C'est presque le bon moment pour avoir cette discussion, celle qu'il a évité en quittant la pièce quelques minutes plus tôt. « Ca te fait du mal. » je marque une toute petite pause et je reprends avec ses mots. « Enfin ça te déstabilise qu'on parle du mariage ? » Je pèse mes mots, je m'assoies sur le fauteuil, les jambes croisés et les mains sur mes cuisses. Je le regarde, je veux m'assurer de ne pas manquer un signe de sa part. Quelque chose qu'il tenterait de me cacher. « Je veux comprendre ce que tu ressens et ce que tu vis quand on parle du mariage. » Je ne peux pas faire plus claire comme question je crois. C'est censé être un sujet joyeux, c'est censé être notre projet, c'est censé lui donner le sourire et j'espère juste que ça ne lui fait pas plus de mal que de bien de se replonger dans les préparatifs d'un mariage, de notre mariage en l'occurrence. « Et s'il te plaît, arrête de vouloir me ménager ou me protéger. » ne me dis pas de ne pas m'en faire ! Je peux gérer, j'en suis capable désormais. Du moins je le pense sincèrement être capable d'être un soutien pour lui, j'ai envie de l'être mais pour ça, il doit arrêter de vouloir me ménager et penser à lui, à ce qu'il ressent sans me cacher des choses par peur que je le vive mal. Même si je risque de mal le vivre, je suis prête à entendre tout ce qu'il a à me dire. A part s'il finit par me dire qu'il aurait préféré se marier avec elle, ça peut-être pas quand même, mais tout le reste je peux l'entendre.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
« Si. J'aurais du me demander comment tu vivais les choses et je l'ai pas fais. » Sauf que moi je ne lui en veux pas du tout. Comment est-ce qu’elle aurait pu deviner que le lieu pour lequel elle avait eu un coup de cœur est exactement le même que Victoria avait elle aussi voulu pour notre mariage à nous ? C’est insensé et surtout, clairement pas de chance. Je ne lui réponds pas ne sachant pas quoi ajouter de plus à tout ça, je sais que je vais pouvoir lui répéter encore et encore qu’elle ne pouvait pas avoir la moindre idée de la raison pour laquelle j’ai refusé de manière aussi catégorique la visite de ce lieu, elle ne changera pas d’avis et moi non plus. « Arrêtes de penser à moi. Je suis désolée qu'on n'ait pas pu en parler avant, ça aurait évité que tu te retrouves dans une telle situation. » Elle s’excuse une nouvelle fois pour une chose dont elle n’est même pas forcément coupable. Parler de quoi ? Du fait que j’aurais normalement dû me marier avec une autre femme si la mort n’avait pas décidé de nous séparer plus tôt que prévu ? Et si nous n’avons pas pu en parler beaucoup c’est aussi parce que je n’aborde que très rarement le sujet. Pour moi, Victoria reste toujours un sujet assez sensible et même si parfois parler d’elle me fait du bien, ça peut également me faire beaucoup de mal. Mais je ne suis pas non plus contre l’idée de parler de Victoria avec Alex mais je doute très fortement qu’elle soit intéressée par ce genre de discussion. « Tu n’y peux rien bébé, je t’assure. Sur tous les lieux à Brisbane qui aurait pu croire que tu allais flasher le même qu’elle avait choisi ? » Et ça, clairement, c’est pas de chance. Je relève les yeux vers elle. « Faut croire que vous vous ressemblez plus que ce que je croyais. » À moitié assumée cette phrase n’est que murmurée sans que je ne sache vraiment pourquoi et j’hausse doucement les épaules pour accompagner ma prise de parole. Pourtant les ressemblances entre Alex et Victoria n’étaient pas frappantes et c’est même bien l’une des premières choses que j’ai aimé chez Victoria. Elle semblait très différente de cette ex qui m’avait complètement brisé le cœur une année plus tôt. Plus calme, plus posée, un peu plus sérieuse, qui partageait les mêmes rêves et les mêmes envies que moi. Mais peut-être que finalement elles avaient bien plus en commun que je n’aurais pu le penser.
Si les tensions semblent s’être apaisées entre Alex et moi il en est autre chose pour Lena qui elle s’agite de plus en plus. Elle doit avoir mal et le problème c’est que j’ai l’impression que quoique je fasse je n’arrive pas à l’aider ou la soulager. Elle pleure toujours autant, alors j’essaie de bouger un peu, de marcher dans la maison parce que je sais que quelque fois le simple fait de bouger un peu avec les filles peut suffire à les calmer mais aujourd’hui non. Alex nous rejoint quelques minutes plus tard avec un biberon à la main et un café. « Tiens essayes le biberon, c'est pas forcément l'heure mais elle a pas beaucoup mangé ce midi. » J’attrape le biberon. « Elle a mangé un peu quand même ? » Je suis à deux doigts de lui prendre sa température, juste au cas où et je sais que je suis un peu parano très certainement mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir toujours peur que l’une des filles aient à nouveau de la fièvre. Je pars m’installer sur le canapé installant Lena assise sur mes genoux, son dos contre mon torse. Elle attrape le biberon mais je garde quand même une main à moitié sur le biberon pour éviter qu’elle ne le fasse tomber ou qu’elle en mette partout. « Ca te fait du mal. Enfin ça te déstabilise qu'on parle du mariage ? » Si le mariage me fait du mal ? Non pas du tout et comme elle se rectifie juste après le mot déstabilisant est plus approprié. Toute mon attention est portée sur Lena qui boit doucement son biberon. « Non pas vraiment… » Je m’arrête, je cherche les bons mots ne sachant vraiment pas comment lui expliquer mon ressenti. « Quand je disais que c’était déstabilisant je parlais simplement du fait que tu aies choisi ce lieu-là en particulier. » Parce que comme j’ai pu le sous-entendre, c’est un lieu très spécial à mes yeux, qui a déjà toute une histoire pour moi et malheureusement, cette histoire, Alex n’en fait pas partie. C’était Victoria. Raison pour laquelle se marier dans le lieu est impossible. « Je veux comprendre ce que tu ressens et ce que tu vis quand on parle du mariage. » Si sa question paraît assez simple et basiques les réponses à lui apporter me semblent beaucoup plus floues. Parler du mariage me rend heureux. Très heureux même et je ne comprends clairement pas le sens de sa question. Je pense qu’elle a pu le constater à plusieurs reprises que nos discussions à propos de notre mariage me donnaient le sourire. « Et s'il te plaît, arrête de vouloir me ménager ou me protéger. » Je relève les yeux vers elle quelques secondes cette fois pour la regarder mais mon attention se poser à nouveau sur Lena et je redresse un peu son biberon avant de lui répondre. « J’avoue ne pas comprendre tes inquiétudes Alex. Parler de notre mariage ça me rend heureux et ça a toujours été le cas d’ailleurs. » Sauf quand tu me mets devant le lieu qui avait été choisi par Victoria. Mais ce qu’il y a à retenir de ma phrase c’est surtout le notre. Parler de notre mariage me rend heureux, mais pas parler de mon mariage avec Victoria. « Je ne sais pas ce que tu veux savoir. Je t’assure que je vais bien, et je dis pas ça pour te protéger. C’est juste perturbant de voir que tu as choisi le même lieu que Victoria avait choisi aussi. » Déstabilisant, perturbant, ce sont les bons mots pour décrire ce que j’ai ressenti en voyant ces photos.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
« Tu n’y peux rien bébé, je t’assure. Sur tous les lieux à Brisbane qui aurait pu croire que tu allais flasher le même qu’elle avait choisi ? » C'est vrai que la coïncidence est sacrément malheureuse. Le lieu qui me plaît le plus, et aussi le lieu qu'ils avaient choisi, ou plutôt qu'elle avait choisi d'après ses dires. « Elle avait bon goût. » C'est la seule chose que je trouve à redire. Mais c'est sincère, ce lieu est/était parfait, elle l'a choisi avant moi. C'est pas ma faute, c'est pas non plus la faute de Caleb, c'est juste un sacré coup du destin et ça m'agace vraiment. Parce que jusqu'à présent, depuis le jour de nos fiançailles à la maternité, je n'avais pas eu à penser au fait qu'il avait déjà été fiancé. J'y avais pensé bien sur. Mais avant. Quand je doutais. Quand je me demandais si je pouvais le rendre heureux. Quand je me demandais si j'étais assez bien pour lui. Et aussi le jour ou il avait refusé, ou plutôt qu'il m'avait dit qu'il était pas prêt de se marier à nouveau avec quelqu'un. J'y avais pensé, souvent. Mais pas depuis un moment alors aujourd'hui ce n'était clairement pas au programme. Mais c'est le destin ou quoique ce soit d'autre qui nous pousse devant cette réalité. Il a déjà vécu ça, il a déjà fait des choix, et notre mariage c'est le second qu'il organise, et qui dit seconde fois, dit choix différents, deuxième choix aussi. De là à penser que je suis son second choix, c'est pas agréable, mais c'est pourtant ce que j'en viens à penser, mais je ne lui montre pas. Je ne lui dis pas, parce qu'il n'y ait pour rien lui. Il se retrouve à cause de moi devant les souvenirs de son ancienne fiancée, et je sais qu'il doit déjà avoir assez à gérer comme ça. Je croise son regard quand il relève les yeux, je tente de lui sourire légèrement, pour ne pas laisser percevoir ce malaise. « Faut croire que vous vous ressemblez plus que ce que je croyais. » Est-ce que l'idée qu'il nous compare ou qu'il voit des ressemblances entre nous me plaît ? Non pas du tout. Mais je ne dis rien. Je baisse les yeux sur Lucy, et je ne réagis pas à ses mots, et même si je voulais réagir je ne saurais finalement même pas comment le faire. Quoi dire à ce genre de phrase ? Je ressemble plus à son ex qu'il n'y croyait ? Oui et bien j'aimerais ne pas du tout lui ressembler, ou surtout ne pas du tout être mise en lien avec elle, ou avec son souvenir, mais elle est là, elle a existé, elle a compté pour Caleb et je dois faire avec. Il a aimé deux femmes dans sa vie, il a voulu se marié avec l'une d'elle, et la deuxième c'est moi. Je dois me concentrer sur ça. Sur le faite qu'aujourd'hui c'est avec moi qu'il est, peut-être pas son choix premier, ou plutôt pas le choix qu'il aurait fait si la vie ne l'avait pas privé de Victoria, mais elle n'est plus là, je suis là, et c'est moi qui porte une bague de fiançailles. Oui c'est la dessus que je dois me concentrer et éviter de laisser certaines pensées ou doutes m'assaillirent parce que je sais que ça ne nous aidera pas à aller de l'avant, à discuter de ce qu'il doit être abordé, parce que la discussion est inévitable non ? C'est ce que je croyais et pourtant il s'éclipse avec notre fille, enfin il quitte la pièce pour la calmer un peu. Peut-être que c'est pas plus mal finalement qu'il nous donne un peu de répit à tout les deux, même si je sais que je vais avoir à aborder des choses avec lui.
Je le retrouve dans le salon, bien décidée à ne pas abandonner l'idée d'une discussion avec lui, même si Lena est au centre de ses préoccupations, et des miennes, ses pleurs ne sont pas inhabituels, mais en général elle arrive à s'apaiser quand elle est contre nous, sauf que ce n'est pas forcément le cas aujourd'hui et je vois bien que ça inquiète Caleb. « Elle a mangé un peu quand même ? » Je secoue la tête positivement. « Oui oui t'inquiète pas j'ai eu la pédiatre tout à l'heure, c'est courant quand elles font leurs dents, et si ça peut te rassurer, j'ai pris sa température deux fois ce matin et tout est normal. » Je ne veux pas qu'il trouve le prétexte Lena pour changer de sujet, pour éviter d'aborder la mariage et tout ce qu'il ressent vis à vis de ça. Et quand je dis ça, je parle de notre mariage, mais aussi des souvenirs de celui avorté avec Victoria. De ses souvenirs, de tout ce que ça peut lui faire ressentir quand je me montre enthousiaste à l'idée de préparer ce mariage. Je le regarde s'installer avec notre fille et j'en profite pour le questionner à nouveau. Pas de façon frontal ou brutal, juste pour comprendre, pour m'intéresser à lui aussi. « Non pas vraiment… » Non pas vraiment ? C'est pas un non franc ça. Et au final je ne sais pas si ça lui fait du mal, ou si ça le déstabilise seulement. Mais dans tout les cas sa réponse me semble pas vraiment positive quand même. Je le regarde, même si lui regarde Lena. Je ne lui en veux pas, je suis la première à faire la même chose quand je cherche mes mots ou quand la discussion me semble difficile. Je sais que ça ne doit pas être simple pour lui et je lui laisse le temps pour me répondre. « Quand je disais que c’était déstabilisant je parlais simplement du fait que tu aies choisi ce lieu-là en particulier. » J'ai envie de le croire, de croire que ce n'est que le lieu qui le déstabilise et c'est compréhensible au final. Il s'est retrouvé sans prévenir face à mon enthousiasme pour un lieu qui représente beaucoup trop de souvenirs pour lui. Je le comprends, mais est-ce que c'est aussi le cas pour d'autres choix ? Pour d'autres discussions ? Si demain je choisis les mêmes fleurs qu'elle, comment réagira t-il ? Alors oui c'est sans doute bien moins important que le lieu, mais si j'ai finalement les mêmes goûts qu'elle, et que tout ce que je lui propose ça lui rappelle son premier mariage ? « C'est que le lieu ? Pas le mariage qui te déstabilise tu es sur ? » Je ne veux pas le faire replonger à chaque fois dans des souvenirs ou le mettre mal à l'aise. J'en viens à presque regretter d'avoir voulu m'investir dans mon coin dans ce mariage, et peut-être que je vais me contenter de faire les recherches avec lui désormais pour éviter de m'emballer sur des trucs qui ne seront pas possibles. « J’avoue ne pas comprendre tes inquiétudes Alex. Parler de notre mariage ça me rend heureux et ça a toujours été le cas d’ailleurs. » Je souris doucement à ses mots. Parler de notre mariage le rend heureux et c'est tout ce qui compte, ou ce qui devrait compter non ? Ça me rassure un peu, du moins ça me rassure moi mais j'ai toujours peur qu'il me dise ses mots justement pour me rassurer et pour éviter d'avoir à me montrer ce qu'il ressent vraiment. Qu'il pense à moi, avant de penser à lui. Je ne doute pas de ses mots, je sais que ça le rends heureux, mais est-ce que ça le déstabilise aussi ? Est-ce que parfois pendant qu'il pense à ce qu'il voudrait, il pense à ce qu'il a voulu ? J'ai bien trop de questions que je ne sais pas comment lui poser. « Je ne sais pas ce que tu veux savoir. Je t’assure que je vais bien, et je dis pas ça pour te protéger. C’est juste perturbant de voir que tu as choisi le même lieu que Victoria avait choisi aussi. » Il y a tellement de chose que je voudrais savoir, comprendre, entendre, mais ce n'est pas évident de lui dire tout ça, de savoir comment formuler mes questions. Je comprends et je me force à garder en mémoire que NOTRE mariage le rends heureux et qu'il va bien, mais j'ai envie de comprendre ce qu'il vit, ce qu'il pense, comment il gère tout ça. « Jusqu'à aujourd'hui, à aucun moment j'ai pensé à ce que ça représentait pour toi. La préparation d'un mariage, je veux dire. Je ne sais pas ce que tu ressens, comment tu vis tout ça, parce que pour moi c'est nouveau, j'ai jamais vécu ça avec personne et j'ai pas de souvenirs liés à un précédent mariage. » Il le sait tout ça, alors pourquoi je me sens obligée de le dire à voix haute ? Je parle encore beaucoup trop, sans doute pour cacher le fait que je me sens stressée par cette discussion par tout ce que ça représente alors que c'est lui qui est le principal concerné. « Je sais que tu es heureux, mais si demain je te propose les même fleurs qu'elle, est-ce que tu vas être déstabilisé ? Est-ce que parfois quand on parle de notre mariage tu repenses à elle ? Je veux juste comprendre ce que je peux faire ou ne pas faire pour éviter que tu sois déstabilisé. » Je le regarde, j'essaye de ne pas détourner mon regard, de me concentrer sur lui et d'assumer mes mots, parce que je pense tout ce que je dis, malgré le fait que je parle trop et que ça traduise de ma gêne je suis sincère. J'ai besoin de savoir, d'avoir des réponses claires. « Je veux te donner le mariage de tes rêves. » Je baisse les yeux quelques secondes, je joue avec ma bague. « Enfin le meilleur possible, parce que tu mérites le meilleur chéri. » Parce que son mariage de rêve, il l'a déjà préparé, pas vécu mais déjà organisé, alors je lui donnerai le meilleur, parce qu'il mérite le meilleur, il le mérite tellement et je veux être à la hauteur, ce qui est pas franchement bien parti quand on voit le fiasco avec le choix du lieu.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
« Elle avait bon goût. » Je sais. Oui. Je trouve aussi. Voilà tout ce qui me passe par la tête en réponse à cette phrase mais je ne peux pas lui répondre ça. Enfin, si ? Peut-être ? Je ne sais pas. Et c’est bien ça le vrai fond du problème avec Alex, c’est que je ne sais jamais ce que je peux dire ou non lorsque le sujet de Victoria est sur la table. J’en ai des choses à dire sur elle. Beaucoup. Mais je ne sais pas si Alex est prête à tout entendre ni même si elle en a envie alors la plupart du temps, je préfère me dire qu’il est préférable que je me taise. Et puis dans tous les cas en règle générale on ne suggère que rarement de parler de son ex encore et encore avec notre nouveau conjoint, non ? Enfin pas en parler dans les détails du moins, alors pourquoi ça serait différent pour moi ? Parce que Victoria est morte ? Parce qu’on s’aimait toujours quand elle est partie ? Ou bien parce que je sais qu’une partie de moi pense encore souvent à elle et que cette même partie l’aime toujours ? Peut-être. Je n’en sais rien. Peut-être que ce sont des questions que je devrais poser à ma psychologue. Ou pas. Je ne sais pas.
Mon attention finit par se poser sur Lena. Parce qu’elle pleure, beaucoup. Elle doit sûrement avoir faim ou bien avoir mal. Je penche surtout sur la deuxième option mais quand Alex me dit que notre fille n’a pas beaucoup mangé ce midi je ne peux pas m’empêcher de m’inquiéter. « Oui oui t'inquiète pas j'ai eu la pédiatre tout à l'heure, c'est courant quand elles font leurs dents, et si ça peut te rassurer, j'ai pris sa température deux fois ce matin et tout est normal. » J’hoche doucement la tête, oui, ça me rassure mais je n’aime pas entendre mes filles pleurer et ne rien pouvoir faire pour les apaiser et c’est malheureusement souvent le cas en ce moment. Elles font leurs dents alors forcément, elles ont beaucoup de douleurs et à mon niveau je ne peux pas y faire grand-chose. Mais elle ne semble déjà pas refuser le biberon ce qui est déjà une bonne chose. Ses petites mains attrapent le biberon alors que les miennes l’aide à bien le tenir pour éviter qu’elle n’en mette partout à côté et Alex me pose des questions en même temps. Beaucoup trop de questions à mon goût d’ailleurs. « C'est que le lieu ? Pas le mariage qui te déstabilise tu es sur ? » Cette question m’arrache un soupir, même si je sais très bien que ça ne part pas d’une mauvaise attention, ses mots ne me plaisent pas vraiment. Je relève les yeux vers elle un instant avant de me concentrer à nouveau sur Lena qui vient de faire tomber un peu de lait dans son cou. « Si je ne voulais pas t’épouser je ne t’aurais pas demandé en mariage, Alex. » Je lui réponds, légèrement agacé tout en attrapant une serviette pour essuyer Lena qui commence sérieusement à en mettre – un peu – partout. Alors je l’aide un peu plus ma main tient avec un peu plus de vigueur le biberon pour la guider ainsi un peu mieux dans ses gestes. « Jusqu'à aujourd'hui, à aucun moment j'ai pensé à ce que ça représentait pour toi. La préparation d'un mariage, je veux dire. Je ne sais pas ce que tu ressens, comment tu vis tout ça, parce que pour moi c'est nouveau, j'ai jamais vécu ça avec personne et j'ai pas de souvenirs liés à un précédent mariage. » Je ne sais pas vraiment comment prendre ses derniers mots. Non elle n’a jamais vécu ça avec personne avant, mais moi oui. Moi, je suis tombé amoureux d’une autre. J’ai embrassé une autre femme avec autant d’amour que j’embrasse Alex. J’ai déjà dit à une autre femme que je l’aimais. Je me suis déjà imaginé vieillir auprès d’une autre, avoir des enfants avec une autre. Tout ça moi, je l’ai déjà fait, oui, mais pas elle. Est-ce que ce sont des reproches qu’elle est en train de me faire ? Je ne crois pas non. « Je sais que tu es heureux, mais si demain je te propose les même fleurs qu'elle, est-ce que tu vas être déstabilisé ? Est-ce que parfois quand on parle de notre mariage tu repenses à elle ? Je veux juste comprendre ce que je peux faire ou ne pas faire pour éviter que tu sois déstabilisé. » C’est une question piège ça, non ? Quand elle me demande si je pense à Victoria quand on organise notre mariage. C’est comme ça que je le vois du moins et je ne sais même pas quoi lui répondre. J’aurais presque envie de soupirer une nouvelle fois mais je ne le fais pas. À la place je me pince les lèvres. « J’en sais rien, Alex. » Elle ne va pas aimer ma réponse, je le sais mais je n’ai réellement aucune réponse claire à lui apporter. « Pour éviter ça je vais m’occuper des fleurs si tu veux. » Encore une fois, je sais qu’elle ne va pas aimer ma réponse mais c’est une manière détournée de lui dire que non, je ne veux pas qu’elle choisisse les mêmes fleurs que nous avions prévues Victoria et moi. « Je veux te donner le mariage de tes rêves. Enfin le meilleur possible, parce que tu mérites le meilleur chéri. » Une nouvelle fois, je relève les yeux vers elle mais cette fois je ne détourne pas les yeux sur Lena et je continue à la regarder, elle. Je la regarde une poignée de secondes sans savoir quoi lui répondre. Lena commence à rejeter le biberon, je baisse les yeux vers elle un instant et pose le biberon sur la table pour prendre ma fille contre moi. « Je ne veux juste pas avoir un mariage trop similaire à ce qu’on avait prévu avec Victoria. C’est tout. » C’est simple, clair et je ne sais clairement pas ce que je peux lui dire de plus.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
Il soupire, et j'ai l'impression que cette discussion l'agace alors qu'à mon sens elle ne fait que commencer. Peut-être que je devrais arrêter de le questionner et le laisser s'exprimer, mais je doute qu'il le fasse de lui même si je ne lui pose pas les questions. Si je ne l'interroge pas, et pourtant mes interrogations semblent l'agacer. « Si je ne voulais pas t’épouser je ne t’aurais pas demandé en mariage, Alex. » J'espère bien ! Ça semble si logique, dis comme ça c'est vrai mais ce n'était pas vraiment le sens de ma question. Je n'avais pas douté de son envie de m'épouser, enfin je crois pas du moins. Non je n'en doute pas de ça, mais comme je ne doutais pas avant aujourd'hui, que notre mariage, ou du moins le choix d'un élément du mariage pourrait le mettre dans une situation comme celle ci. Le mettre mal à l'aise, le déstabiliser aussi au point ou il se ferme comme il l'a fait en découvrant le lieu. Je n'y avais pas pensé, parce que j'ai tendance, pour mon propre bien-être, à oublier qu'il a vécu une belle histoire avec une autre, qu'il y a eu une autre à ses côtés. Surement une autre à qui il a dit tout les mots qu'il me dit. Tout ça, je ne veux pas y penser, mais aujourd'hui, la situation fait que nous sommes tout les deux confrontés à cette discussion, qui semble l'agacer et qui moi me mets mal à l'aise. Je le regarde s'occuper de notre fille, il a toujours le geste juste, l'attention portée sur elles quand il le faut, il arrive à gérer ses émotions et nos filles, et je sais que même si aujourd'hui, il n'a pas son sourire habituel, il est heureux Caleb. Je le sais mais pourtant cette discussion sur le mariage et sur son précédent mariage surtout, me rends un peu vulnérable face à certaines émotions que je tente de gérer au mieux. Je peux le rendre heureux, je peux lui donner la vie dont il rêve, je peux le combler, et je peux lui donner le mariage qu'il veut aussi. Je peux faire tout ça et je dois garder ça en tête, même quand j'aborde son passé, même quand je parle d'elle. De ce qu'il ressent quand on parle du mariage. Je dois penser à ce que je ressens à ses côtés et de tout l'amour qu'il me donne chaque jours, je dois me forcer à ne penser qu'à ça, quand je lui demande s'il pense à elle quand nous parlons de notre mariage. Ce n'est pas une chose que j'ai envie d'entendre, mais c'est pourtant une question que je lui pose sincèrement. Parce que je préfère le savoir, je préfère avoir des réponses, même si elles ne me plaisent pas plutôt que rester avec mes doutes et me poser cette question encore et encore à chaque fois que nous évoquerons le mariage à l'avenir. Je veux savoir ce que je dois faire pour l'aider, pour lui rendre tout ça moins compliquée, et si je dois en passer par cette discussion, alors j'assume la situation. « J’en sais rien, Alex. » Il en sait rien ? Il ne sait donc pas ce que je peux faire pour éviter qu'il soit déstabilisé ? Merci Caleb tu m'aides beaucoup là. Je suis censée faire comment moi désormais ? « Pour éviter ça je vais m’occuper des fleurs si tu veux. » C'est à mon tour de soupirer, doucement mais de soupirer tout de même. Parce que ce n'est pas une réponse et ce n'est absolument pas ce que je veux. Est-ce que pour qu'il ne soit pas déstabilisé je dois le laisser gérer chaque point de notre mariage pour éviter d'avoir à faire un choix qui serait trop proche de celui de Victoria ? Parce qu'il évoque les fleurs ici, en réponse à l'exemple que j'ai fais, mais ce n'est pas la seule décision que nous aurons à prendre dans les semaines ou mois à venir. Loin de là. « C'est pas ce que je veux. » Et tu réponds pas à mes questions là Caleb. Finalement c'était peut-être mieux quand je n'avais aucune exigence, aucune envie liée au mariage non ? Mais c'est pas comme ça que je veux que l'on procède. Je ne veux pas qu'il s'occupe des fleurs tout seuls, ni rien d'autres d'ailleurs. « Les fleurs c'était un exemple. Je peux comprendre que tu ne veuilles pas que je choisisse comme elle, et on s'adaptera, mais je veux pas que tu t'occupes des fleurs tout seul. Je veux qu'on puisse en discuter ensemble. » Je veux juste que pour notre mariage, nous ayons tout les deux approuvés les choses, que nous ayons choisi ensemble. Est-ce que c'est une idée folle ? « Je ne veux juste pas avoir un mariage trop similaire à ce qu’on avait prévu avec Victoria. C’est tout. » Et ça tombe bien je ne veux pas être elle, je ne suis pas elle, je ne veux pas que notre mariage ait quoique ce soit de commun avec le leur. Je veux que ce soit le notre, à notre image, des choix que l'on aura fait ensemble. Pas seulement pour me plaire, pas seulement par dépit non plus, nos choix à nous. « Ça tombe bien parce que je veux que notre mariage soit unique. » Oui je sais c'est con, et d'or et déjà, je dois renoncer au premier lieu qui m'a vraiment plu pour éviter que notre mariage ne soit trop similaire à son précédent. Mais je peux faire avec ça, je peux faire des concessions pour lui parce que les circonstances sont spéciales. Et que je comprends son besoin de différencier les deux, de ne rien avoir de trop similaires. Je m'avance vers lui, je dépose mes lèvres sur le front de Lena qui ne semble pas vraiment apaisée, et qui commence à m'inquiéter un peu mais après avoir déposé un baiser sur son front, je m'assoies sur le canapé à côté de Caleb, je me tourne vers lui. « Je te demande pas de me dire tout ce que vous aviez choisi ensemble, c'est quelque chose qui t'appartient et j'ai pas envie de savoir tout ça. Je veux juste que tu me promettes de me dire à l'avenir si certaines choses te mettent mal à l'aise ou que tu ne veux pas parce que ça te fait penser à elle, ou à vous. Le lieu, les fleurs, le repas, une musique, le faire-part, je sais pas quoi d'autres encore, mais si quelque chose te dérange je veux que tu m'en parles et pas que tu te fermes. Je peux gérer, je te promets que je peux. Mais j'ai besoin que tu me parles quand il y a un truc qui te dérange. » Et c'est con puisqu'il est en train de le faire là maintenant, mais c'est aussi parce que je l'ai mis dans une situation ou il n'a pas eu le choix. Si je n'avais pas insisté après son refus catégorique, m'aurait-il parlé ? Je ne le saurais jamais. « Je te propose qu'on arrête les recherches chacun de notre côté et qu'on regarde ensemble désormais, comme ça, tu me dis direct si quelque chose te déstabilise et on passe à autre chose, ça te va comme ça ? » Je fais attention à mes mots, je reste sur l'emploi du verbe déstabiliser, même s'il ne veut tout et rien dire et je garde même certaines questions pour moi auxquelles il n'a pas répondu, pour me concentrer sur l'avenir. Sur comment nous allons pouvoir faire désormais pour que la préparation du mariage reste un moment à nous, et agréable pour nous deux.
“CAUSE BABY EVERY TIME I SEE YOU IN AND OUT OF MY LIFE I GO CRAZY. BABY I JUST GOTTA GET YOU MORE AND MORE IN MY LIFE WHEN IM WITH YOU BABY LOVE NEVER FELT SO GOOD.”
Tout est partie d’un rien, d’un refus et puis d’une explication de ma part pour qu’Alex en fasse des tonnes et des tonnes. Comme elle le fait souvent, d’ailleurs. Oui, la voir me proposer ce lieu m’a énormément perturbé et déstabilisé mais après quelques explications j’étais prêt à passer à autre chose et à passer la soirée à chercher un autre lieu avec elle. Mais maintenant je ne suis plus sûr d’en avoir envie. Parce qu’elle insiste encore et encore. Elle enchaîne mini monologue sur mini monologue pour m’expliquer que je dois lui parler pour que ça ne se reproduise plus à l’avenir et je sais que ça ne part pas d’une mauvaise attention de sa part. Je sais que ce n’est pas méchant mais elle m’énerve. Parce qu’elle voit très bien que je n’ai pas envie de m’éterniser sur le sujet ou du moins, elle devrait le voir puisqu’elle est censée me connaître. Elle parle. Beaucoup, beaucoup trop à mon goût et moi je me contente de ne lui répondre que des simples mots ou des phrases courtes parce que je ne vois sincèrement pas ce que je peux lui dire de plus. Il n’y a pourtant pas à polémiquer sur ce sujet encore très longtemps normalement, elle a flashé sur le même lieu que Victoria avait choisi pour notre mariage, j’ai refusé auprès d’Alex que nous nous marions là-bas, je lui ai expliqué pourquoi – et certes elle a dû insister pour me faire parler mais ses explications, elle les a eues. – Normalement on devrait pouvoir changer de sujet de conversation maintenant mais c’est sans compter sur Alex qui continue encore et encore ses questions et ses monologues. « C'est pas ce que je veux. Les fleurs c'était un exemple. Je peux comprendre que tu ne veuilles pas que je choisisse comme elle, et on s'adaptera, mais je veux pas que tu t'occupes des fleurs tout seul. Je veux qu'on puisse en discuter ensemble. » C’est pourtant la seule réponse que tu auras de ma part. Elle devrait comprendre qu’elle m’agace et qu’elle va trop loin. Elle devrait comprendre qu’elle me force à aborder un sujet dont je n’ai pas envie de parler, et je pense qu’elle l’a très bien compris mais elle s’en fiche complètement. Alex, elle a décidé qu’elle voulait parler de mon premier mariage de tous les sentiments que l’organisation du nôtre pourraient faire ressortir alors peu importe ce que moi je veux, elle continue cette conversation. Le fond de sa pensée n’est certes, pas méchant et pourrait même être plutôt touchant si elle n’insistait pas alors qu’elle voit pertinemment qu’elle me force à lui parler de tout ça. Mais finalement ça devient presque égoïste de sa part, puisqu’elle continue alors qu’elle voit très bien que je ne veux plus en parler – ou même que je n’ai peut-être pas besoin d’en parler pendant une demie heure comme elle semble déterminée à le faire quoiqu’il arrive. – J’essaie de clôturer la conversation et j’espère très sincèrement qu’elle comprendra le message. « Ça tombe bien parce que je veux que notre mariage soit unique. » Très bien, comme ça on est sur la même longueur d’onde. Elle doit avoir terminé là, non ? Elle bouge, elle vient s’asseoir à côté de moi et quelque chose me dit que non, elle n’a pas fini et qu’elle compte encore continuer. « Je te demande pas de me dire tout ce que vous aviez choisi ensemble, c'est quelque chose qui t'appartient et j'ai pas envie de savoir tout ça. Je veux juste que tu me promettes de me dire à l'avenir si certaines choses te mettent mal à l'aise ou que tu ne veux pas parce que ça te fait penser à elle, ou à vous. Le lieu, les fleurs, le repas, une musique, le faire-part, je sais pas quoi d'autres encore, mais si quelque chose te dérange je veux que tu m'en parles et pas que tu te fermes. Je peux gérer, je te promets que je peux. Mais j'ai besoin que tu me parles quand il y a un truc qui te dérange. » Mais non, elle continue et encore une fois je soupire. Un long soupir qui parle pour moi, qui lui montre que là, elle commence très sérieusement à m’énerver. Je ferme les yeux tout en laissant ma tête basculer vers l’arrière et Lena pose la sienne contre mon torse tout en agrippant de ses petites mains mon t-shirt. Elle insiste. Elle insiste encore et encore et encore elle ferme les yeux sur tous les signes qui montrent qu’elle est la seule à vouloir avoir cette conversation qui pourtant me concerne moi. On parle de mon mariage, on parle de mes sentiments de mon ressenti et si je n’ai pas envie de discuter de manière aussi détaillée de tout ça elle devrait le respecter, non ? Elle a eu des questions, auxquelles j’ai répondu dans un premier temps mais là je commence vraiment à avoir la sensation qu’elle pousse la conversation dans son propre intérêt à elle. « Je t’en supplie arrête d’en faire toute une histoire maintenant. C’est ce qu’on fait depuis tout à l’heure, on parle. » Enfin elle parle, et moi je l’écoute, puisqu’elle semble avoir bien plus besoin d’en parler que moi. « Alors s’il te plaît maintenant arrête.» Je suis vraiment à deux doigts d’exploser et je pense que la seule raison qui m’aide à tenir depuis tout à l’heure c’est Lena qui est dans mes bras. « Je te propose qu'on arrête les recherches chacun de notre côté et qu'on regarde ensemble désormais, comme ça, tu me dis direct si quelque chose te déstabilise et on passe à autre chose, ça te va comme ça ? » Passer à autre chose, moi ça fait trente minutes que je lui demande de passer à autre chose mais elle en est incapable. Mais sauf que là, maintenant, Alexandra, je veux bien parler de tout, sauf de notre mariage. « Oui oui c’est bon ça me va. » Je me lève et oui, je la fuis, je fuis cette conversation mais c’est en grande partie parce que je ne veux pas me disputer avec elle. « Je vais aller donner aux filles leur bain. » Si après ça elle continue cette conversation je ne pourrais plus me retenir et je sais qu’une grosse dispute risque d’éclater et ça ne sera plus à propos du mariage mais de son comportement qui m’a plus qu’agacer. Est-ce que c’est trop compliqué d’arrêter une conversation quand elle voit très bien qu’elle ne me met vraiment pas à l’aise ? C’est ce que je me demande quand je quitte le salon sans un regard pour elle, parce que je préfère très largement me concentrer sur mes filles pour les prochaines minutes.
Cause baby every time I see you in and out of my life I go crazy. Baby I just gotta get you more and more in my life when Im with you baby love never felt so good.
J'entends ses soupirs, je vois son agacement, je ressens son énervement mais je ne me tais pas et forcément ça l'énerve encore plus et je n'obtiens même pas de réponses à mes questions. Je parle, il ne m'écoute sans doute même plus, il soupire, voilà tout. Bravo Alex, tu l'as énervé. Tu voulais te rapprocher de lui, et bien tu as réussi à l'éloigner ! Bravo, on est presque obligé de s'incliner devant autant de talent pour tout gâcher. Me sentir nulle ; j'en ai l'habitude. Tout gâcher ; j'en ai l'habitude aussi. Le blesser, l'énerver : ça aussi malheureusement c'est devenu une habitude. Une habitude que j'aimerai changer mais le constat reste le même, quoique je fasse, quoique je dise, quelques soient mes intentions, j'arrive à l'énerver. A croire que je suis juste nulle, tout simplement incapable de comprendre ce dont il a besoin. La soirée que j'avais envisagé, est depuis longtemps tombée à l'eau. Il n'y aura pas de visite prévue, pas de discussion sur la cérémonie de mariage, peut-être même pas de discussion tout court, parce que je ressens son énervement et je sais que c'est moi qui provoque ça. « Je t'en supplie arrête d'en faire toute une histoire maintenant. C'est ce qu'on fait depuis tout à l'heure, on parle. » Je parle. J'ai envie de rectifier ses mots, je parle, pas on parle. Mais je ne dis rien. Du moins je sens bien que c'est le genre de remarque qui n'aura que pour effet d'augmenter encore son énervement alors je ne dis rien. Je prends sa remarque, pas forcément très bien. J'en fais toute une histoire ? Peut-être mais ça me semble important non ? Et dire que normalement c'est lui qui aurait du faire de ce mariage toute une histoire, c'est pour lui que ça représentait le plus avant, moi le mariage j'avais jamais été pour. Il n'y a que pour lui que j'ai changé d'avis. Qu'avec lui que je veux penser au mariage, mais faut croire que j'en fais tout une histoire d'après ses dires. Et je sais que je suis en train de tout mélanger, que je confonds tout, que je prends les choses à cœur pour rien mais cette situation me met mal à l'aise. Très bien, puisque c'est comme ça, je ne proposerais plus rien alors. Je me vexe, mais je ne dis rien. Je ne lui montre même pas. Mais ses réactions m'agacent aussi. Je veux juste qu'il me parle, qu'il me promette de me dire si un jour je dis ou fais un truc qui le déstabilise à propos du mariage, mais il ne le fait pas, il me demande d'arrêter maintenant. Je n'ai pas de réponse à toutes mes questions, et peut-être que j'en aurais jamais à certaines, et je dois faire avec. Je dois accepter qu'il y a des doutes que j'ai qu'il ne peut pas gérer et que je dois gérer toute seule. Il ne peut pas me rassurer constamment, surtout si c'est un sujet ou ça devrait être moi qui le rassure. Même ça j'échoue. Même quand j'essaye de m'intéresser à lui, à ce qu'il ressent, à comment il vit les choses, ça ne va pas. Y'a rien qui va, et dire que j'avais trouvé le lieu parfait pour notre mariage, et que je rêvais de lui montrer, de partager ma joie avec lui, mon enthousiasme aussi. Et bien tout ça c'est loin maintenant. Très loin. Et si lui me dit ne pas être déstabilisé par notre mariage, c'est peut-être finalement moi qui finit par l'être parce que je ne sais plus ce que je dois penser de son attitude, de sa réaction et surtout de mes questionnements sans réponses. Est-ce que désormais je vais avoir peur de lui proposer une idée pour le mariage ? Peut-être ou peut-être pas j'en sais trop rien mais je sais désormais qu'il a encore en tête son précédent mariage avorté et qu'il rejettera toutes idées qui se rapproche de trop près à ce qu'il avait déjà choisi avant, et donc il peut encore possiblement refuser beaucoup de mes idées, si je continue de lui en proposer. J'essaye de trouver un compromis, de lui proposer un compromis pour que ça soit plus simple pour lui et aussi pour moi finalement et si sa réponse est positive, elle ne me semble pourtant pas vraiment l'être. « Oui, oui c'est bon ça me va. » C'est fou comme ce que j'entends moi c'est « oui, oui c'est bon tu me fais chier. » Je le regarde se lever, quitter le canapé sans un regard vers moi, pas un geste, pas un regard, rien. Il me laisse en plan. « Je vais aller donner aux filles leur bain. » Je suis assez adepte des fuites pour savoir qu'il est en train de me fuir, il se trouve une excuse mais je sais ce que tout cela signifie. Je reste là, assisse sur le canapé, toute seule, les yeux dans le vide. Comment on en est arrivé là ? Le mariage c'est censé être un sujet joyeux, pourquoi tout est toujours compliqué ? Pourquoi je complique toujours tout ? Il m'a demandé d'arrêter et j'arrête, voilà c'est décidé j'arrête. J'arrête de t'embêter avec le mariage mais j'arrête aussi de chercher quoique ce soit pour le mariage comme ça je ne risque pas de te proposer un truc qui te déstabilisera et tu choisiras les fleurs tout seul j'en ai rien à faire de ces putains de fleurs et de ce lieu, et de tout le reste. Je rumine, je m'énerve, je réalise que j'ai encore tout gâché et c'est pourtant sur le mariage que je concentre ma colère. Avec elle ça devait être plus simple, tout devait être toujours plus simple ... Maintenant c'est après elle que je ressens de la colère. Tout ça parce alors que je sais que c'est ma faute mais je ne sais pas vraiment comment l'assumer pour le moment. C'est pas facile de tout gâcher constamment, et encore moins facile de s'en rendre compte trop tard. Je n'ose pas aller le rejoindre, je lui laisse du temps, il veut passer du temps avec les filles, il a dit qu'il allait leur donner le bain et il m'a pas dit de venir avec lui alors je le laisse avec les filles. Je finis pas quitter le canapé au bout d'une dizaine de minutes assisse en silence, le regard dans le vide à tenter de refouler la déception et la colère que je ressens. Et puisqu'il n'a pas l'air de vouloir me parler encore, je décide de lui laisser un peu d'espace, après tout c'est ce qu'il m'a demandé non ? Je pars enfiler mes affaires de sport et une fois prête je ne m'arrête même pas dans la salle de bain, je lui annonce depuis le couloir que je vais courir avec Dobby. Et je n'attends pas de réponse de sa part, je prends la laisse de Dobby et je pars, sans même l'embrasser lui ou nos filles, je pars courir, me vider l'esprit, me débarrasser de cette énergie négative que je ressens et essayer de faire le tri dans mes pensées et dans mes doutes. Il ne m'aidera pas avec certaines de mes questions, alors je dois me débrouiller. Je dois comprendre toute seule si je peux gérer l'idée qu'il puisse penser à une autre quand moi je lui parle de notre mariage. Première question à laquelle il n'a pas répondu. Je dois comprendre si je suis prête à m'enthousiasmer pour d'autres sujets au risque de le voir venir mettre fin à mes espoirs d'un non catégorique et ferme. Je ne sais pas ce qu'il attends de moi et c'est pas simple finalement. Je n'ai jamais prétendue être une future épouse parfaite, mais j'étais enthousiaste pour le mariage. Je l'étais vraiment. Putain de lieu … Pourquoi fallait-il que ce soit le même ? Pourquoi fallait-il que j'insiste ? Pourquoi je n'ai pas su l'écouter quand il m'a dit que ce n'était que le lieu, ce même lieu qui le déstabilisait ? Pourquoi faut-il que je doute alors qu'il m'a dit que parler de notre mariage le rendait heureux ? Et le pire c'est que je le crois, mais alors pourquoi j'arrive pas à comprendre que tout ça ce n'est pas si grave finalement. Pourquoi je transforme tout, pourquoi je me sens complètement nulle, pourquoi dès qu'on aborde un sujet un peu compliqué, je perds mes moyens, je ne comprends pas ses besoins, je ne saisis pas ce qu'il faut faire ou ne pas faire ? Ce n'est plus tant le sujet du mariage le problème, mais mon comportement, le sien, ces disputes qui finissent toujours de la même manière parce que je ne sais pas me taire, parce que je ne sais pas écouter non plus. C'est toi le problème Alex et pas le mariage, pas Victoria, pas le lieu, pas Caleb. Toi et uniquement toi. Je le sais tout ça, mais ça ne rends pas les choses plus simples. Au contraire. Debout au milieu du parc j'ai arrêté de courir mais je ne m'en rends même pas compte, c'est Dobby en tirant sur la laisse et en aboyant qui me fait réaliser que je suis immobile le regard dans le vide sur ce chemin qui j'emprunte habituellement avec la poussette. Et après quelques secondes à regarder autour de moi, je me demande ce que je fais là. Pourquoi je suis là et pas chez moi, avec mes filles, avec Caleb. Pourquoi il a fallu que je prenne les choses à cœur, que je m'énerve, que je doute pour rien ? Il l'a dit, il veut m'épouser. Il l'a dit, le mariage le rends heureux, le notre. Il m'a dit tout ça, mais j'ai préféré me concentrer sur le reste. Sur le fait qu'il soit déstabilisé par des détails, au lieu de me contenter de ses explications positives, j'ai creusé encore et encore jusqu'à le pousser à en avoir marre de moi. Pas du mariage, non de moi. J'ai gâché notre soirée, encore une et je m'en veux. Encore. Faut croire qu'il y a des choses qui ne changent pas, et que je n'ai pas tant changé que ça, toujours aussi incroyablement nulle quand il s'agit de le comprendre. De le rendre heureux aussi peut-être ? Je déteste cette distance, je déteste le savoir énervé contre moi, je déteste cette situation mais c'est moi qui ait tout provoqué et c'est à moi, de tenter de sauver ce qui peut encore être sauvé de cette soirée. Et c'est dans un rythme rapide, bien plus qu'à l'aller que je fais le chemin du retour jusqu'à notre maison, avec dans l'optique de laisser toutes mes pensées négatives et fausses derrière moi, pour me concentrer sur un moyen de sauver cette soirée et cette situation aussi. Ne pas parler de mariage sous aucun prétexte. C'est la première chose que je me répète encore et encore. Et je réfléchis à comment faire en sorte qu'il oublie mon comportement, qu'il oublie sa colère et son agacement contre moi. Je ne peux pas rentrer et faire comme si de rien était non ? J'oublie cette idée, comme j'oublie l'idée de m'excuser par peur qu'il y voit là une nouvelle tentative de ma part pour aborder le sujet qui fâche. Fais simple Alex pour une fois dans ta vie, fais simple. J'aperçois notre maison, et je ralentis le rythme, pour retrouver un semblant de souffle et de calme, ça faisait longtemps que je n'avais pas couru ainsi. J'ouvre la porte et je cherche à découvrir ou se trouve Caleb pour le retrouver, pour faire ce que j'aurais du faire y'a près d'une heure maintenant. Je le trouve et je me place derrière lui, mes mains entourant son corps, je pose ma tête sur son épaule. J'évite son regard, mais je ne lui demande pas trop son avis, je me blottis contre lui parce que j'en ai besoin. En silence, du moins pendant quelques secondes. « Je me disais qu'on pourrait sortir un peu ce soir, on pourrait commander des sushis et aller pic-niquer sur la plage tout les quatre. A moins que tu préfères rester ici. » Être attentive à ce qu'il veut, à ce dont il a besoin, je dois faire ça, ce soir et les autres jours, au moins essayer. « Comment elles vont ? » La vraie question, celle que je voudrais lui poser c'est plutôt comment lui il va, mais j'ai peur que ça l'agace, alors je parle des filles. Au moins sur ce sujet, je ne pense pas pouvoir faire de fausses notes. « Demain ça fera déjà six mois qu'elles sont avec nous. Ça passe tellement vite. » En réalisant que demain elles auront six mois, je réalise aussi que cette date n'est pas anodine pour moi, pour nous. Un an déjà. Je n'en parle pas, je ne veux pas gâcher ce moment, je ne veux pas encore transformer un sujet joyeux en un sujet triste. Il en est hors de question et pourtant j'y pense, elles auraient pu ne pas être là, avec nous, j'aurais pu les perdre elles aussi. « Je les aimes tellement. Et toi aussi je t'aime. » Je l'aime mal, je ne fais pas les choses comme il faudrait que je le fasse, je fais des erreurs, beaucoup mais mon amour pour lui est sincère, il est vrai, même s'il ne m'aide pas à mieux me comporter avec lui, j'espère au moins qu'il pourra aider à lui faire oublier mon comportement.