La fin du show, l’after party, le retour chez toi. Tout ça a été composé de rires, de baisers, de beaucoup de monde que tu aimes depuis de nombreuses années avec une pointe de Birdie juste où il faut. Vous avez été dans un club pour la suite de la soirée, y’avait pas tout le monde, mais y’avait du beau monde. Tout le monde étant dans le même délire, une super ambiance et bien plus de verres d’alcool que tu ne l’avais prémédité. Ta consommation si basse depuis plusieurs mois, tu l’as bien senti passer. Tu le sentiras encore plus quand tu te réveilleras dans ton lit en te souvenant combien t’es resté collé à Birdie tout le temps. Pas de ta faute si elle se mélange si bien avec tes potes, tes amis. Pas de ta faute si tu préfères avoir ton genou collé à elle, ta main jamais bien loin du tissu de sa robe. T’as même dansé Jordan. Ok dis comme ça c’est rien de si extraordinaire. Mais t’as dansé sur des chansons que tu ne connaissais pas et ça c’est signe que tu t’es bien trop amusé. C’est effectivement une chanson de Lady Gaga qui t’a fait lever ton cul plus vite que l’éclaire pour kiffer ta Life. Rain on me est magique sur toi. T’as pas su quitter le dancefloor après, surtout que la Miss Cadburry s’est mêlé à tes pas de danses.

Ce matin, ou plutôt, cet après midi, tu sens le lit bouger à côté de toi. Tu ne prends même pas la peine d’ouvrir les yeux. T’es trop fatigué pour déjà te lever. Tu restes immobile dans ton lit des plus confortable. Tu entends du bruit de vaisselle brièvement.

Jeremy qui est en train de manger un bol de céréales alors que la tête blonde de Birdie apparaît dans la pièce.  « Hi. » Qu’il lui adresse. Poli comme son ami. Il ne cherche pas à lui proposer un petit déjeuner, il pense qu’elle connait bien les lieux vu sa proximité avec toi. Il est installé sur la table du living room pour manger son premier repas de la journée tout en scrollant Instagram sur son téléphone. Il relève les yeux vers Birdie après un instant de réflexion. « You guys are something. » Bien sûr qu’il vous a vu toute la soirée, bien sûr qu’il vous a entendu ensuite entre ces murs. « What do you do for a living? You’re around here much? You live in Brizzy? Is it a real wedding ring on your finger? »

Presque comme si tu avais senti que Jeremy allait commencer un interrogatoire parce que tu es à présent dans le salon/cuisine vêtu d’un short et un t-shirt. Tu traines la patte parce que c’est dur de se lever, mais tu as bien fait de le faire. Tu n’as pas envie que Jeremy se mette à questionner Birdie comme ça, derrière ton dos. Dieu sait ce qu’il pourrait lui dire. « Let her be. » Que tu dis en frottant un de tes yeux. T’as tellement l’air d’un enfant à chaque fois quand tu viens de te réveiller Jordan. « Hi. » T’as la bouche pâteuse et tu vas te servir un grand verre d’eau.


@Birdie Cadburry

Ta soirée s’est enchaînée à ta nuit qui a été étroite avec ta matinée. Heureusement que tu n’avais rien prévu pour deux jours, qu’on ne t’attend pas aux studios dans l’immédiat. Parce que tu n’aurais pas été en capacité d’assurer devant la caméra, t’aurais zappé la carte d’Australie et t’aurais confondu les chiffres des températures tellement que t’as la tête dans les vapes. Et puis, t’es bien là où t’es. Après avoir dansé, sur la piste et dans les draps, t’as bien mérité de laisser ton corps se reposer. Emmêlé à celui de Jordan, même si y a bien un moment où t’as dû tourner pour t’éloigner parce qu’inconsciemment, tu l’aimes toujours autant, ta liberté. Mais vu que tu te réveilles avec une de tes jambes entre les siennes et le front contre son torse, il est clair que ta liberté a aussi ses limites. Surtout quand y a Jordan dans les parages, il faut croire. C’est normal, il veut bien de toi, que ce soit dans sa vie, dans son lit et dans ses soirées. Donc t’en profites. Mmh.

Mais t’en profite pas tant que ça parce que tu ne veux pas non plus le réveiller - c’est adorable - et que tu tentes de t’extraire avec toute la discrétion dont t’es capable - les mauvaises langues peuvent aller se faire foutre, t’y arrives très bien que tu le veux. Tu l’observes juste un quart de minute, ce qu’il faut pour apprécier son visage détendu et les cheveux en bordel, avant de sortir du lit, de lui piquer son plus grand et large hoodie et rejoindre la cuisine que tu vas finir par connaître aussi bien que la tienne à ce rythme. Retrouver un vêtement ample, il n’y a pas à dire, ça fait du bien.

« Hi. » Oh. T’avais oublié que Jeremy est dans le coin. Pourtant Jordan t’a prévenu. Oui mais Jordan a fait plein d’autres choses après, et t’en as fait encore plus qui font que c’est le genre d’informations qui a été complètement zappé de ton cerveau. Tu fais un signe de la main tout en te dirigeant vers la cafetière. « You guys are something. » Mmh, sorry ? Tu tournes la tête vers lui, un sourcil froncé, les connexions dans ta tête qui ne font pas. « What do you do for a living? You’re around here much? You live in Brizzy? Is it a real wedding ring on your finger? » “Okay, wow.” Tes deux mains qui se lèvent en signe de paix, de protection, de défense ? T’en sais trop rien. T’as juste la certitude que Jeremy est tout d’un coup bien trop curieux, que c’est presque agressif comme réveil et que même si parler de toi ne t’a jamais vraiment posé problème, t’aimerais bien qu’il te laisse au moins boire ton café. “Why the rush, inspector ? Coffe first. Questions later.”

« Let her be. » Il a un sixième sens pour deviner quand t’as besoin de lui, même sans le savoir, ou quoi ? Enfin, à part si même la présence de Jordan ne stoppe pas Jeremy. « Hi. » Tu souris légèrement parce qu’il a l’air d’un grand enfant, à se frotter l'œil, la tronche à moitié enfarinée et les cheveux toujours aussi impeccablement en bordel. “Hi.” Le chemin habituel d’aller l’embrasser furtivement avant de faire le chemin tout aussi habituel vers le placard à mugs parce qu’une petite tasse ne suffira pas. Tu veux des toasts, des fruits et les céréales de Jeremy te font aussi de l’oeil. T’as faim, visiblement. Y a de quoi, vu que t’as quasiment pas mangé depuis la veille - Jordan ne compte pas dans le cycle alimentaire, malheureusement. “I thought your friend was a musician. Not a cop or some shit like that.” Tu parles comme si Jeremy était pas là mais ta voix est assez forte pour qu’il t’entende parfaitement bien.

“ Okay, wow. ” Tes yeux qui vont sur elle, tu captes ton hoodie. Tu le cherchais en te levant, tu viens de le trouver. “ Why the rush, inspector ? Coffe first. Questions later.” Hmmm. Tu sais pas si t’as envie qu’elle entre dans son jeu et qu’elle réponde à toutes ses questions. “ Hi. ” Elle vient embrasser tes lèvres avant de retourner se préparer son petit déj. Toi t’as juste ton verre d’eau dans la main c’est tout ce dont tu as besoin. Jeremy est en train de vous observer, l’incompréhension sur son visage. “ I thought your friend was a musician. Not a cop or some shit like that. ” Ca te fait un peu sourire de l’entendre dire. « He wishes. » Tu t’es calé contre le plan de travail. Tes yeux qui commencent doucement à s’ouvrir entièrement mais pas vraiment.

« I’m just very surprised you never told me about her. »
« Oh my god. »

Tu fermes les yeux en l’entendant - y’avait pas besoin de faire grand chose. Il devrait savoir que si tu n’en as pas parlé c’est parce qu’il n’y a rien à en dire.

« You know I’m not one that talks about all the people I sleep with. »
« I didn’t even know you started sleeping with people again. »
« I don’t want to talk about that. »
« I’m not trying to start a fight Jordan. I’m just saying I’m happy you are seeing people. »
« Happy you’re happy. »
« Happy you’re happy too. »

Tu sais que ça vient d’un bon sentiment de sa part mais que cette conversation se passe sous les yeux de Birdie ne te met pas forcément très à l’aise. Encore moins alors que tu viens de te réveiller. Visiblement Jeremy est bien plus en forme que toi et pour cause, il y a été moins fort que toi la veille. Tu bois le contenu de ton verre d’un trait avant de te retourner vers ton évier pour le remplir une deuxième fois. T’as encore soif.

Tu souris avec un oeil complice à Jordan avant de regarder avec précaution le mug que tu remplis de caféine bien méritée. T’as vraiment envie de manger. Ton ventre te le rappelle. Ugh. T’espères que Jordan a de quoi se mettre sous la dent. Tes yeux naviguent dans la cuisine avant que tu diriges vers le frigo, soufflant en même temps sur le liquide chaude, les deux oreilles écoutant cependant les deux hommes en pleine conversation.

« I’m just very surprised you never told me about her. »
« Oh my god. »

Tu te demandes pourquoi Jeremy est surpris. Pourquoi est-ce que Jordan aurait besoin de lui parler de ses plans culs. Il n’y a rien à signaler. Vous vous êtes juste trouvés au bon endroit au bon moment. Vous êtes sur la même longueur d’onde. Vous passez du bon temps ensemble. T’ignores comment cataloguer Jordan mais il est clair que ça ne mériterait pas un envoi recommandé pour indiquer à tes proches que tu le vois. Que tu le fréquentes ? Même pas. Ce n’est pas comme ça. Cela n’a jamais été comme ça, que ce soit avec lui ou avec d’autres. Tu ne fréquentes personne. Tu te contentes d’avoir du fun, voilà tout.

T’es restée coincée et silencieuse devant le frigo ouvert, ce qui va être suspicieux, mais tant pis. Tu ne caches pas ta curiosité face à leur conversation, cette sorte de joute verbale qui a l’air de monter légèrement en pression sans que tu comprennes vraiment la raison. T’as pas l’habitude de voir Jordan attaquer de la sorte. Tu te mords la joue tout en refermant le frigo. “Happy you’re… both happy ?” T’es même pas certaine que t’as le droit à la parole mais, hey, n’est pas encore né le premier qui te coupera le droit de parler. Tu vois que Jordan se sert de nouveau de l’eau et t’as un léger rictus qui apparaît. “Hard wakeup ?” Si on oublie les questions de Jeremy. Tu mets la main sur une clémentine, tu prends une cuillère et tu vas t’asseoir en tailleur en face du pote de Jordan pour tirer le bol de céréale vers toi. “Can I ? Thanks.” Tu souris, c’est moqueur et c’est sûrement ta façon de te venger parce qu’il a fauté sur toute la ligne, là. La cuillère qui plonge avant d’atterrir dans ta bouche, tu gigotes les doigts de ta main gauche malgré tout. “And that’s a real wedding ring, yeah. A crown, isn’t it beautiful ?” Parce que de toute façon, t’es bien trop fière de ton mariage que si on te pose la question, forcément que tu vas y répondre. Tu brandis même ladite bague sous le nez de Jeremy.

“ Happy you’re… both happy ?” Tout le monde est content dans le fond apparemment. Mais en ce qui concerne la forme, t’es plutôt saoulé là. Pas de la même manière que la veille et c’est l’addition de tout ça qui fait que ce n’était vraiment pas le moment pour cette conversation. Ca n’était pas planifié de la part de ton ami. Tu le sais. Il voulait en savoir plus sur Birdie et t’as brisé ses plans en arrivant. T’aurais dû rester couché. Peut importe ce qu’il lui aurait demandé de plus et les réponses qu’elle lui aurait donné, tu supposes que ça ne t’aurais pas autant contrarié que la scène qui vient de se dérouler. Une bonne chose Jordan c’est que tu sais de quoi tu vas parler avec ton psy la prochaine fois que tu as une session. Cette configuration c’est la première fois qu’elle se produit et t’as besoin d’y voir plus clair. Pourquoi ça t’énerve autant ? Alors tu bois ton eau pour essayer de t’apaiser même s’il te faudrait plutôt un shot de quelque chose ou un fix d’héroïne. “ Hard wakeup ? ” Tu hoches la tête. En plus d’avoir mal à la tête, t’as des courbatures parce qu’entre tes pas de danse pendant des heures et les quelques rounds de baise avec Birdie, t’as donné beaucoup de ta personne hier. Tu ne bouges pas de ton bout de plan de travail alors qu’elle va s’installer en face de Jeremy. Ce dernier est à présent bien silencieux et c’est parfait. “ Can I ? Thanks. ” Un léger sourire se forme sur tes lèvres de la voir prendre ton parti. Elle ne doit pas être très friande des questionnements à son propos également. En ce qui concerne vous deux, il n’y a rien à dire. Vous profitez du moment présent. C’est comme ça que tu le vois et tu sais que elle aussi.

“ And that’s a real wedding ring, yeah. A crown, isn’t it beautiful ? ” Jeremy qui comprend par là que Birdie et toi devez vous retrouver quelque part au milieu de vos mariages respectifs. Il se fait ses conclusions que tu ne peux pas entendre mais si tu pouvais, elles te plairaient. « That’s a nice ring. » Nice, le mot est bien faible à tes oreilles mais tu n’as pas envie de lui parler. T’as besoin de redescendre et d’ailleurs tu décides de quitter le living room pour retourner dans ta chambre. Tu te laisses tomber dans ton lit après avoir posé ton verre sur ta table de nuit.

« Sorry you had to hear all that. I talk too fast sometimes. » Jeremy s’inquiète beaucoup pour toi depuis le décès de Rosa. A juste titre parfois. Pas cette fois ci. Car tu es bien dans ta tête et mieux dans ton corps aussi. Peut être que tu aurais dû lui dire pour éviter tout ça. Mais nope. Et il regarde Birdie manger ses céréales, encore pas mal dans ses pensées de ce qu’il vient de se passer lui aussi.

« That’s a nice ring. » Nice? C’est clairement la meilleure bague du monde, ouais. Tu le penses en toute objectivité - bien sûr. Tu lâches même une expression outrée parce que tu espères toujours que les gens vont s’extasier comme toi tu peux t’extasier devant mais visiblement, Jeremy n’est pas facilement impressionnable. Il va falloir trouver mieux que ça alors. Pourquoi chercherais-tu à l’impressionner en premier lieu ? Tu n’as rien à lui prouver. Tu n’as pas à justifier ta présence dans la vie de Jordan. Pas plus que t’as besoin de donner ton cv ou ton historique pour qu’il t’accepte. A vrai dire, c’est bizarre. Parce que t’es comme ça, toi aussi, avec les proches de tes amis. Quand t’as l’oeil suspicieux quand on s’approche un peu trop d’un de tes amis de façon étroite. T’es peut-être un peu frustrée de Jeremy - ou plutôt de son comportement - mais t’oublies facilement que tu peux être pareil quand tu le veux. C’est sûrement pour ça que ça te donne une sensation étrange.

Tu tournes la tête pour voir Jordan quitter la pièce et ça aussi, c’est bizarre. Y a une onde de fumée qui a l’air de le suivre et c’est bien la première fois que tu le vois comme ça. La soirée d’avant, tu l’as vu déprimé. La fois d’avant, tu l’as vu compatissant. Et là, t’as l’impression que t’as la vision de ce que Jordan peut donner quand il est énervé. Ou au moins que son réveil a été bien trop brutal pour lui. Un petit ronchon matinal en plein milieu de l’après-midi parce que bébé s’est réveillé du mauvais pied. C’est presque mignon mais t’es pas attendrie pour autant parce que t’oublies pas la cause certaine. Qui n’est pas toi, pour une fois. « Sorry you had to hear all that. I talk too fast sometimes. » Tu soupires légèrement. “I’ve never seen him react like that.” En même temps, c'est la première fois qu'un de ses potes t'interroge comme ça. Tu penches la tête en regardant Jeremy. “You go or I go ?” A vrai dire, t’étais presque prête à y aller sans lui demander son avis mais sait-on jamais. T’offre une ouverture à Jeremy de parler en privé à Jordan s’il le veut. Même si t’es certaine que tu serais mieux accueillie par le grand blond que son plus vieux pote à l’instant T.

Enfin, tu l’espères. Parce que si Jordan t’envoie chier toi, il est clair que tu le prendrais affreusement mal.

“ I’ve never seen him react like that. ” Jeremy qui a bien compris qu’il a été trop loin et qui se sent comme le con qu’il doit se sentir à juste titre à ton avis. Il préfère ne rien dire et c’est tant mieux. Tu aurais été dans la même pièce qu’eux tu lui aurais lancé un regard sans équivoque quant au fond de tes pensées. Shut your damn mouth. Ça n’était pas le moment pour partir sur ces confessions à l’un comme à l’autre. Tu as naïvement cru qu’il laisserait couler. Ce coup là oui.

“ You go or I go ? ”
« I’m not going in there. »

T’es encore trop sous le coup de l’émotion. Jeremy te connait très bien. Il faut laisser le temps au temps. Il a déjà des idées de gestes pas discret pour s’excuser de la scène mais pas tout à fait en même temps. Car il pense sincèrement tout ce qu’il t’a dit. Le timing était juste pourri.

Allongé sur le ventre dans ton lit. Tu fermes les yeux mais tes pensées fusent bien trop pour réussir à t’endormir. Aussi, tu as pu te reposer un nombre considérable d’heures malgré la gueule que tu tirais quand tu t’es mis sur tes pieds. Ton corps n’a pas besoin de plus mais ta tête a besoin de paix. T’aurais dû prendre un paracétamol avant de t’avachir dans ton lit car tu n’as pas du tout envie de te relever maintenant. Pas grave. Tu vas supporter la douleur. Ce sera pas la première fois, pas la dernière.

Et puis tu entends la porte de ta chambre. Tu sais que ça doit être Birdie. Jeremy ne viendrait pas te confronter déjà. T’as besoin d’émerger avant de te reprendre éventuellement la tête avec lui. Mais tu sais déjà ce que tu vas lui dire pour qu’il arrête. Enfin, c’est à ça que tu es en train de réfléchir. Ton visage à moitié dans ton coussin, tu marmonnes. « You’re allowed to slap his face if you wish. » Comme si elle avait besoin de ton feu vert pour faire quoi que ce soit. Birdie est libre de faire tout ce qu’elle désire.

« I’m not going in there. » Au moins, ça a le mérite d’être clair. Tu souris légèrement parce que t’as l’impression que c’est devenu le territoire ennemi et que t’es la no man’s land actuellement. T’essaies de pas réfléchir trop à leur conflit passager, ça ne te regarde pas vraiment même si ça te concerne. Jordan n’aime pas être poussé dans une certaine direction et tu ne peux que le comprendre parce que, encore une fois, t’es pareille. Tu penses à la rencontre qu’il doit y avoir entre Jordan et Will du coup. Est-ce que tu devrais t’inquiéter ? Nah, Will sera pas aussi chiant. Il sera pas aussi protecteur. Il risque de délirer mais c’est tout. T’as pas à t’inquiéter. D’autant que toi, contrairement à Jordan visiblement, tu n’as pas arrêté de voir des gens du jour au lendemain. Et puis, les deux blonds sont les deux seules personnes de cet univers à connaître ton mal-être le plus pourri. Au moins, t’es plutôt rassurée de ce côté-là.

Donc tu hoches la tête, tu prends quelques cuillères supplémentaires, tu pousses le bol en direction de Jeremy pour qu’il finisse le reste s’il veut et t’attrapes ton mug pour engorger tout ça avec de la caféine tout en te levant. “If a pillow welcome me, I’ll be pissed.” que tu dis mais Jeremy a un léger sourire ; il ne dit rien mais il doit savoir comme toi que t’es plutôt safe de te risquer à y aller. T’espères. T’aimerais pas quitter Jordan en mauvais terme. Pas lui non plus, la liste est déjà assez longue en ce moment.

Les yeux qui passent par les deux millimètres de l’ouverture que tu fais, juste pour être sûre que tu ne vas pas te prendre un oreiller en pleine figure, avant de voir que sa silhouette est complètement affalée sur le lit et qu’il prend toute la place, l’égoïste. « You’re allowed to slap his face if you wish. » Tu souris légèrement, touchée de savoir que t’as son autorisation pour martyriser son ami si y a besoin. “Do you want me to slap him ?” Ta voix est toute douce alors que tu t’approches, les mains dans les poches de son hoodie, pour aller t’asseoir sur le bord du lit. “It hit you that hard ?” Tu parles de l’alcool ingurgité. Parce qu’il n’a pas l’air d’aller bien. Tu passes tes doigts dans ses mèches blondes, caressantes et massantes. A défaut d’ôter son mal de crâne, tu sais que ça peut faire du bien. “You’re too old for that.” T’es con. Tu te rends compte que t’ignores son âge. C’est absurde. Sous tes doigts s’approchent tes lèvres que tu poses sous son lobe. “You’re really mad or it’s just an act ?” que tu murmures doucement dans le secret de son oreille. Tu veux pas non plus être fautive d’un mal de crâne grandissant. T’es parfois pire que l’alcool mais là, t’as décrété que la délicatesse est la meilleure chose à faire. Parce que Jordan est bougon, il est de mauvaise humeur et il a mal au crâne. Le cocktail parfait pour se faire jarter en cinq minutes si y a un mot de travers.

“ Do you want me to slap him ?”
« Only in his face. Any other places he might enjoy. »

Que tu marmonnes encore. T’es bien décidé à ne pas bouger, t’es bien là. Etalé dans ton lit. Ton lit qui est si confortable. Ça te frappe à chaque fois que tu t’allonges dessus. Trop habitué à des lits de merde la majeur partie de ta vie. Même ceux de certains hôtels c’était vraiment pourri comparé à ton lit. Peut être parce que c’est ton lit justement. Qu’il a un goût d’indépendance et liberté contrairement aux autres d’avant qui pourraient s’aligner niveau confort. Tu sens qu’elle s’assieds sur le matelas. “ It hit you that hard ?” c’est vraiment un tout cette affaire là. Ton corps, ta tête, ton âme aussi. « My body entirely is suffering. » Tu sens ses doigts dans tes cheveux. Sur ton crâne. Tu te détends doucement, appréciant le geste. “ You’re too old for that.” Un bref sourire se forme sur tes lèvres de l’entendre.

“ You’re really mad or it’s just an act ?” Tu laisses s’échapper très léger rire. « It’s pretty cute that you think I can act for shit. » Tu tournes ton visage de ton oreiller afin d’arrêter de marmonner. Tu ouvres même les yeux pour la regarder. Elle est proche. Elle est douce. T’es encore en train de réfléchir à ce qu’il t’a dit et la réaction que tu as eu qui était peut être - sûrement - démesuré. « I don’t want to talk about it. » T’aurais pu juste esquiver sans répondre mais tu as décidé d’utiliser de nouveau cette phrase. Cette phrase magique que tu sors à outrance lors de certaines situations comme celle ci. Le déni est vraiment un de tes meilleurs amis, mais t’y travailles. Tu veux juste pas en parler avec eux. Après réflexion elle ne t'aurait certainement pas poser plus de question. Tu t'es pensé bien plus important à ses yeux que tu ne l'es sûrement, mais au moins, elle sait que cette direction est un cul de sac. Tu te décales un peu pour lui laisser de la place. Tu vas glisser ton bras autour d’elle pour l’avoir plus près de toi encore. « You’re so delicate… » Que tu murmures parce que tu as bien remarqué et ça te touche beaucoup. Elle aurait pu rester dans le salon à manger son petit déj mais nope, elle est là à faire attention à ne pas parler fort, à te masser le crâne. Tu aimes beaucoup soft Birdie qui prend soin de toi comme ça. Tu serres ton bras autour d’elle comme si elle était ton doudou car t’as clairement l’air d’un enfant encore Jordan.

« Only in his face. Any other places he might enjoy. » Tu ne peux pas empêcher le bref rire amusé qui sort de tes lèvres. Effectivement, t’éviteras les autres endroits autre que sa tête, à Jeremy, parce que tu ne veux pas lui faire plaisir. C’est juste par pur esprit de soutien avec Jordan que tu réagis là, surtout quand il fait l’éventail sur son propre lit et qu’il a l’air de vouloir juste communier jusqu’à ne faire qu’un avec son matelas. « My body entirely is suffering. » Oh le drama. Tu souris légèrement. “Because of the drinks or because of me ?” Sûrement un peu des deux, smartass. Comment tu fais pour être aussi pimpante, d’ailleurs ? Très simple ; tu n’as pas bu autant que lui a dû le faire. On ne pourrait pas dire comme ça mais t’es une fille relativement sage de ce côté-là. Tu n’as pas besoin d’éthanol pour tenir, pour t’amuser ; tu te la procures à toi-même sans aucun problème. T’aurais dû te douter qu’il était bien rond quand il a été le premier à s’endormir comme une masse une fois que vous avez fini votre propre after d’after dans les draps présentement en bordel.

« It’s pretty cute that you think I can act for shit. » T’hausses les épaules. “I act for shit. There’s nothing wrong with that.” Comme l’enfer que t’as fait vivre à Will quelques jours avant. Pour une simple broutille passagère qui a exaspéré tout le monde sauf toi. Que tu butes encore dessus et encore, sans cesse et sans fin. “The whole life is a play and you are the main character. You can act for shit if you wish.” Evidemment que tu vas penser être la star de la pièce qu’est ta vie. Etoile polaire, your ass, quand t’as encore des doutes sur ta droite et ta gauche. Mais tout ça pour dire que c’est ok de réagir comme on le sent venir. Même si tu ne comprends pas forcément les tenants et aboutissants des revers de leur conversation.

« I don’t want to talk about it. »
“I didn’t ask for it.”

Même si t’aurais aimé savoir pourquoi. Mais t’as été sur la réserve avec Jeremy, il n’y a pas de raison de ne pas l’être avec Jordan. Il ne veut pas en parler alors t’insisteras pas. T’as jamais beaucoup aimé les conversations sérieuses. Surtout que tu sais maintenant que si tu persistes, Jordan risque de mal réagir, qu’il va t’envoyer chier et que ça va t’emmerder encore plus. Tout le monde serait perdant et tout ça pourquoi ? Pour une conversation que t’aurais sûrement préféré ne pas avoir.

D’autant que t’aurais loupé Jordan qui t’amène contre lui et ça, ça aurait été un grand drame. Comme si t’en avais pas eu assez - non. « You’re so delicate… » T’as envie de dire une connerie mais tu restes coi, un sourire qui perle sur tes lèvres alors que tu tentes de remonter un peu sur les oreillers afin qu’il est sa tête contre ton tronc et que tu puisses tripoter de nouveau le sommet de son crâne tout en le serrant doucement contre toi. “I happen to be when needed.” On ne parlera pas de ton côté mama parce que tu n’assumes pas trop, toi l’indépendance même mais qui s’inquiète toujours pourquoi trop pour les autres. Qui aime prendre soin de ses proches. Que Jordan semble atteindre un peu plus au fil du temps. Est-ce que c’est parce qu’il lui procure des orgasmes de toutes les façons possibles ? Tu sais que non ; t’as d’autres personnes qui te font la même chose mais ce n’est pas pareil. C’est différent avec Jordan mais tu saurais pas dire pourquoi, ni comment. “You wanna some medicine ? More water ? A shower ?” La dernière proposition fait dans l’indécence même, que ce soit au ton, aux traits ou au sourire. T’aurais bien besoin d’une douche, toi. Voire même d’un bain parce que la robe d’hier, ta peau s’en rappelle encore. T’as besoin d’éliminer tout ça. Juste à savoir si Jordan voudra venir économiser la planète avec toi.

“ Because of the drinks or because of me ?”
« Both. »

Tu vas reprendre ton régime strict de un verre par jour. Ça te réussissait bien mieux. Tu aurais sûrement pas réagit comme tu l’as fait si tu avais pas cumuler tout ça de la veille. Oui tu penses encore à ce que Jeremy t’a dit et vraiment ça te fait chier. Tu te demandes si tu devrais pas passer un coup de fil à ton psy histoire de lui lâcher tout ça et d’évacuer ces pensées. Is it an emergency? Only if you want it to be. “ I act for shit. There’s nothing wrong with that.” I could make it an emergency. Que tu penses après qu’elle t’ait comme donné le feu vert de passer ce coup de fil même si on est samedi. Ton psy t’a toujours dit que son numéro était open pour toi à n’importe quel moment. Ça fait bien longtemps que tu n’as pas eu d’urgences parce que tu te gères bien. Vos séances hebdomadaire te suffisent pour déverser ton soul. “ The whole life is a play and you are the main character. You can act for shit if you wish.” Tu aimes sa comparaison et pas seulement parce que ton histoire préféré de tous les temps est une pièce de théâtre, mais si en fait.

“ I didn’t ask for it.” Ouch. Tu le savais mais ça fait un peu mal de se l’entendre dire. T’es un peu susceptible Jordan là nan ? Yeah. Might be an emergency. Si tu n’arrives pas à faire la part des choses ça va pas du tout, mais tu relativises bien vite, te disant que t’as juste été con de penser qu’elle te demanderait. Toi même tu n’aurais pas été sur ce terrain là si les rôles étaient inversés. T’es tout needy d’un coup là. “ I happen to be when needed.” C’est absolument tout ce dont tu as besoin. Tu te cales un peu plus contre elle si c’est possible. Elle t’a donné le feu vert qu’elle est là, qu’elle ne bouge pas. « Thank you. » Toujours aussi reconnaissant de tout ce que la vie t’envoie. Jamais habitué à ce que des personnes vivantes veulent ton bien. Toujours traumatisé par ton enfance et l’amour (non) de ton père, tes demi-frères et ta belle famille.

“ You wanna some medicine ? More water ? A shower ?”
« I wanna be Romeo. »

Ca fait longtemps que tu avais pas mentionné Romeo. Bien sûr que tu visu Leonardo d’antant. Bien sûr que tu te visu mort avec ta femme aussi. Ça t’es sorti si naturellement comme réponse. Tu penses à ça depuis qu’elle a parlé de ta vie qui est une pièce où tu es l’acteur. Et puis comme tu ne veux pas non plus continuer dans le côté drama qui est par contre bel et bien réel, tu réponds réellement à sa question à choix multiple.« Shower and medicine would be a good start… » Que tu dis en relevant le visage vers elle. « Can you carry me? » Tu abuses légèrement mais si tu plaisantes, c’est un bon signe. Le sourire sur tes lèvres le prouve aussi, car tu l’imagines essayer de te porter et ça t’amuse pas mal.

« Both. » Oops. Not even sorry. En tout cas pour ta part. Tu ne pourras jamais être désolée pour ça, de toute façon. Il n’avait pas l’air de s’en plaindre. Que ce soit la nuit (le matin) ou même maintenant ceci dit. Non, pour l’instant, la seule plainte que tu peux entendre dans le silence, c’est celle qui est dirigée vers Jeremy de l’autre côté de la porte. Il a sûrement été bien raisonnable de ne pas être venu ici parce que l’accueil n’aurait sûrement pas été aussi chaleureux. Et t’es bien contente d’avoir pris l’initiative finale ; tu n’es pas une cold bitch malgré ce que tu peux laisser croire. Voir Jordan dans un tel état, ça te désole presque. Mais c’est un grand garçon. Il suffit d’attendre que ça passe, pas vrai ? « Thank you. » Il te remercie et les raisons t’échappent, encore une fois. Il y a plein de trucs qui semblent t’échapper, en vrai. Tu n’as pas l’impression de faire grand chose, là, à part emmerder ses cheveux, titiller son crâne et rapprocher ses genoux de lui.

« I wanna be Romeo. » Là, tu fronces des sourcils. “What?” Il a parlé de Roméo ? Pendant un moment, tu crois que t’as peut-être imaginé les mots qu’il a dit ; mais non, t’es certaine qu’il a bien parlé de Roméo. “The dude that killed himself wrongly by love ?” Tu grimaces parce que vraiment, Jordan ? “Don’t end up like him, Jordan.” T’aimes pas l’idée. T’as jamais aimé les conversations autour de la mort. Certes, c’est toi qui amène ce trait-là sur le tapis parce que lui, il a juste dit qu’il veut être Roméo mais la distance entre l’envie de mourir à cet instant n’est sûrement pas loin. Rosa. Right. Sa Juliette qui est déjà au paradis. Tu te mords la lèvre, la joue, tu pinces tes lippes et tu soupires légèrement en le serrant un peu plus. Tu ne veux pas que Rosa l’entraîne là-haut. Tu veux le garder sur terre, toi. Let him be. Que tu dis silencieusement. L’image de sa femme ne le quittant pas, t’es pas rassurée de le savoir aux proies de ce genre d’envies à ce moment-là. Ce n’est pas que Jeremy. Ce n’est pas que toi. Il y a autre chose alors. Tu le sens. Mais toi, tu murmures un simple “please” contre ses cheveux parce que t’es égoïste et que tu ne veux pas alourdir la note des personnes que t’as déjà perdu. Même si toi, t’es rien face à son souvenir. Mais t’espères quand même lui ôter rapidement cette image de la tête.

« Shower and medicine would be a good start… » Au moins, ça, ça te fait un peu plus sourire. C’est plus satisfaisant comme réponse. « Can you carry me? » Tu penches la tête en regardant toute sa longueur avec un air mi-figue mi-raisin. Au moins, il a l’air de retrouver un peu d’humour et c’est toujours un signe dans la bonne direction. “I can try but I’m not sure we will go very far.” Parce que tu fais trente centimètres de moins que lui donc ça suffit dans la géométrie pour savoir que ça ne peut qu’être un risque de se casser la tronche. “But I can be your third leg if you need. Like the old man you are.” T’es aussi bête quand tu t’y mets mais t’en es même pas désolée. Par contre, ça te chagrine de devoir te détacher de lui. Mais tu le fais quand même ; pour son bien à lui et aussi pour ton hygiène à toi. T’as vraiment besoin de te laver. Alors tu te décolles de lui en le tirant par les mains. “Come on, papy. Let’s have good sweet bath time. But first medicine.” Et après, Jordan va sûrement tomber comme une masse à nouveau dans son lit parce que vaincre une migraine, une gueule de bois et après une douche, voire un bain, il y a des chances qu’il soit complètement happé par la fatigue. Au moins, il aura le temps de se remettre de la frustration provoquée par Jeremy. Tu l’espères en tout cas.

“ What?” Question rhétorique, t’es sûr qu’elle a bien entendu. “ The dude that killed himself wrongly by love ? ” Confirmation qu’elle a très bien entendu. Elle a l’air de prendre cette information très à coeur en tout cas. C’est la première fois que tu lui parles de Romeo ? C’est un record Jordan, toi qui n’a que lui à la bouche. Il est vrai que tu n’as pas revu le film depuis que tu vois Birdie. (Lire ici : baise Birdie.). “ Don’t end up like him, Jordan. ” Hmmm. Pas exactement les mêmes mots que ceux de Rosa mais le même fond. Tu la sens te serrer un peu plus. She cares. Bien sûr qu’elle tient à toi Jordan t’es con ou quoi ? “ please” Elle persiste et signe avec ce mot en plus. « I won’t. » T’as déjà fait cette promesse à quelqu’un d’autre. Rosa pour ne citer que elle. Ton seul désir de ne pas la décevoir une nouvelle fois est plus fort que tout. Pendant une dizaine d’année, tu t’es traîné le fardeau de votre dernier échange avant son accident. Ce dernier échange qui était une dispute pour une décision stupide que tu avais pris. Elle voulait que tu reviennes sur cette décision et tu as refusé. Elle croyait plus en toi que toi même. Si tu l’avais écouté. Elle aurait été avec toi ce jour là plutôt que dans cette voiture… Surtout qu’elle avait raison sur toute la ligne car tu es parvenu à tes fins. Quand on veut, on peut.

Le mood de la pièce change un peu quand tu lui demande de te porter pour aller jusqu’à la salle de bain. Le plus drôle c’est qu’elle a l’air de le considérer. “ I can try but I’m not sure we will go very far. ” Et elle le confirme. Tu trouves ça cute qu’elle ne dise pas non tout de suite. “ But I can be your third leg if you need. Like the old man you are. ” Deuxième fois qu’elle parle de ton âge avancé. Ca te fait sourire. T’es pas un sportif, elle devrait le savoir. Elle se défait de toi, te tirant avec elle. “ Come on, papy. Let’s have good sweet bath time. But first medicine. ” Elle vient de changer la douche en bain. Tu l’as bien relevé ça.

Tu as beau avoir une maison qui est modeste, tu as une douche, ainsi qu’une baignoire dans ta salle de bain. Tu te souviens encore du jour où tu as du prendre une décision à propos de celle ci. Tu n’arrivais pas à choisir entre l’un ou l’autre, alors tu as juste mis les deux. Tu ne l’utilises quasiment jamais par contre, ta baignoire. Mais si c’est effectivement de ça dont elle parle, tu vas la suivre.

Et vous voilà dans le bain qu’elle a fait couler pendant que tu comatais encore un peu après avoir pris le cachet. Tous les deux l’un en face de l’autre de cette baignoire. Elle est grande, mais pas assez pour que tes jambes soient allongées intégralement. Ca te fait partir dans tes pensées. Des moments que tu aurais aimé ne jamais avoir à vivre. Tu restes silencieux un moment, complètement dans ta bulle - et celle de Rosa - tellement que si Birdie a dit quelque chose, tu ne l’as pas entendu. Tu tournes la tête vers elle pour observer Birdie qui joue avec la mousse qu’elle a rajouté. Tu avais quelques Bath bomb à disposition et elle s’en est donné à coeur joie. I wish you wouldn’t be so soft sometimes. Mensonge. Gros mensonge. Car c’est la version d’elle que tu préfères. « I’ll have to make a phone call. When we get out. » Ton coup de fil qui risque de durer une demi heure mais tu n’as pas d’horaire à tenir sur quand tu vas quitter ce cocon de chaleur qu’est ce bain avec elle. Tu n’as aucune idée si elle compte rester plus longtemps après ou non, mais au moins elle sait que tu vas l’abandonner pour ce coup de fil.

« I won’t. » Il a pas intérêt. Parce que t’as déjà eu à retenir du bout des doigts beaucoup trop de gens dernièrement et que cette liste là non plus tu ne veux pas l’allonger. C’est sûrement pour ça que t’es sur les côtes de tout le monde depuis plusieurs mois. Malachi et Asher en tête. Alors t’espères que Jordan ne va pas te faire un sale coup comme ça parce que tu lui en voudrais. Terriblement. Ce qui n’est pas le but recherché dans votre relation. Quoi que ce soit. Y a pas de définition pour l’écart qu’il y a en même temps que cette proximité qui se coud au fil du temps. Vous en savez beaucoup l’un sur l’autre mais pas assez en même temps. C’est étrange, d’un point de vue extérieur. Tout comme ton mariage. Mais toi, tu ne vois rien d’anormal. Tu ne vois pas ce qui peut déranger. T’apprécies pouvoir partager l’extase du sexe tout autant que t’aimes pouvoir te presser contre lui sans aucune arrière pensée. D’autant que Jordan t’accepte. Il n’est pas chiant de ce côté-là. Il t’en donne sûrement beaucoup trop et t’en profite joyeusement. Même si tu donnes beaucoup de ta personne aussi. C’est quelque chose d’indéfinissable mais qui te convient parfaitement. A Jordan aussi. Au diable les Jeremy style qui s’inquiètent et qui ne comprennent rien.

Toi, tout ce que tu vois pour l’instant, c’est que Jordan est dans tes bras et que si tu continues à l’étouffer de tout son poids, il ne partira pas. C’est un bon plan, ça. Mais tu veux détendre tes muscles et Jordan a besoin d’aller mieux. Alors tu fais l’effort de te lever.

Dans le bain, tu passes outre ton angoisse de la noyade. Parce qu’il y a des bulles, de la mousse et des couleurs à foison pour t’occuper l’esprit, pour t’émerveiller comme une pure et véritable gamine. Et aussi parce que t’as fait de sacrés efforts depuis le temps. Tu peux profiter d’un bain sans avoir l’impression que tu vas crever ou ne suffoquer. C’est ce qu’on appelle un développement. « I’ll have to make a phone call. When we get out. » T’es en train de souffler sur l’amas de mousse dans ta main à la direction de son visage. “Don’t tell me stuff like that. I will want to know, you won’t tell me and it’s going to be frustrating.” T’as conscience que c’est juste une façon polie de sa part de dire qu’il s'éclipsera. Ta curiosité est piquée et ta réplique à peine faussée. Tu badigeonnes son visage de mousse avant de tourner des doigts de ton autre main dans l’eau afin d’apprécier les couleurs qu’y a. C’est vraiment trop joli. “Looks like the sky. Even the psychedelic ones.” Parce qu’il y a du dégradé de bleu sombre et du rose pâle et du orange doux au milieu du jaune verdâtre et du rouge saillant. “You’re going to be okay with Jeremy ?” T’es juste un peu soucieuse. Ce que tu caches en souriant bien trop alors que t’es censée être une grown-up woman. Find yourself a girl that can do both. Des phalanges qui vont caresser son mollet sous l’eau en remontant sournoisement vers le genou, la pliure, qui glisse derrière parce que c’est en général un point sensible. “I can stay a bit longer. Just to be sure.” C’est ça, Birdie, trouves-toi des raisons de rester. De traîner un peu plus tes pattes chez lui.

“ Don’t tell me stuff like that. I will want to know, you won’t tell me and it’s going to be frustrating .” Tu essuies la mousse de ton visage en l’entendant te répondre. Tu ne pensais pas qu’elle réagirait comme ça par contre. Est-ce que c’est elle qui devient trop sensible ou c’est toi qui ne pense plus correctement depuis que tu t’es réveillé ? Faudrait que ton cerveau se rebranche correctement là Jordan. Tu n’as laissé s’échappé qu’un mince rire qui a surtout affiché ta surprise qu’autre chose. Tu ne sais d’ailleurs pas quoi répondre alors tu ne dis rien. Ca te laisse pensif néanmoins. Should I tell her? Uniquement si tu veux qu’elle en découvre plus à ton propos. Encore plus. Parce que tu n’es pas de ceux qui mentent. Tu n’as pas non plus honte de la nature de ton coup de fil. Juste que c’est privé. Tu n’affiches pas tes rendez vous thérapeutique à la vue de tout le monde. Tu sors de tes pensées quand elle vient s’attaquer à ton visage avec encore plus de mousse. Tu fronces le nez, amusé quand même. “ Looks like the sky. Even the psychedelic ones. ” Tu es déjà en train d’enlever encore la mousse de ton nez. T’as l’impression qu’elle va continuer comme ça encore longtemps. Tant que y’a de la mousse. Visiblement le meilleur endroit pour la déposer c’est ton visage. Toi tu bouges pas dans ce bain - hormis pour t’enlever la mousse qu’elle fou sur toi - tu l’observes la miss Birdie. Jolie vue juste en face de toi .“ You’re going to be okay with Jeremy ?” Encore une phrase à laquelle tu ne t’attendais pas venant de Birdie. Voilà qu’elle s’en prend à ton mollet dans l’eau, ta jambe même. T’es presque sûr qu’elle en a marre de te voir static et silencieux. “ I can stay a bit longer. Just to be sure.” Oooookay? Une phrase de plus que tu n’aurais pas cru entendre de sa bouche.« Yeah ok. Just to be sure. » Ni toi ni elle n’êtes dupe dans vos derniers mots. Elle veut rester. Tu veux qu’elle reste, mais vous n’allez pas aller jusqu’à le dire directement. Surtout que tu connais Jeremy, tu sais comment ça se passe entre vous quand vous vous prenez la tête. Tu sais aussi que tout sera bien plus clair dans ta tête après ton coup de fil. Ca va aller.

Tu aurais limite envie de faire une vanne en lui demandant si c’était parce qu’elle était homeless en ce moment qu’elle veut rester plus longtemps mais tu n’as pas la force de briser le moment de votre pur déni à tous les deux. Y’a un truc qui flotte dans l’air et ce n’est pas de la mousse cette fois. C’est de la gratitude, c’est de l’inquiétude aussi. « Where did you buy your dress ? Asking for a friend. » Car tu viens de réaliser que c’est le seul vêtement à elle chez toi et qu’elle va devoir la remettre sur le dos quand elle se décidera à partir - si elle se décide. Car tu ne sais pas ce que constitue son a bit longer. Ça peut être quelques jours comme quelques heures. Tout est possible avec Birdie. Tout comme elle avait sûrement déjà prévu de te piquer des fringues pour repartir. Ca ne serait pas la première fois.