| (#)Sam 8 Jan 2022 - 12:20 | |
| « On échange sur beaucoup de choses, mais jamais sur ton travail. » « C’est juste nouveau pour moi, tout ça. »
Ce n’est pas vraiment l’écriture en soit qui est nouvelle pour toi, même si comparativement à Wyatt, ton expérience dans le monde de la littérature est beaucoup plus récente que la sienne. Lui qui est plongé dans le monde des livres et de l’écriture depuis toujours, de ce que tu as entendu du moins, c’est sur le tard que tu t’es découvert une véritable passion pour les mots et tu as l’impression que ce simple fait lui donne une bonne longueur d’avance avec laquelle tu as parfois de la difficulté à gérer. Mais par-dessus-tout, c’est nouveau pour toi, de prendre si particulièrement à cœur l’opinion de quelqu’un. Oui, tu cherches constamment à être la meilleure dans tout ce que tu entreprends, oui tu veux finir la première dans toutes les compétitions, dans toutes les sphères. Mais c’est différent, lorsqu’il s’agit de recevoir l’opinion brut et sincère de ton petit-ami face à tes écrits, comme si lui seul avait le pouvoir de te bâtir et de te détruire en quelques mots seulement. Jamais personne n’avait su avoir autant d’influence sur ta personne par le passé, et ça t’effraie, de réaliser à quel point il a su renverser ton monde en quelques mois à peine. Alors oui, tu ne le dis pas à voix haute comme ça, tu te la joues détachée et tu trouves des prétextes constamment pour ne pas avoir à lui montrer ce que tu sais, mais la vérité c’est que tu es terrifiée. Et tu l’es toujours autant, même quand tu décides d’aller chercher ton manuscrit pour le lui tendre et demander qu’il soit parfaitement honnête avec toi. « Toujours. » Tu soupires, pas réellement rassurée. Tu cherches des raisons d’étirer le moment, d’éviter l’inévitable, mais Wyatt dit être confortable avec ta nièce dans les bras et te voilà contrainte à disparaître dans la chambre sans trop savoir quoi faire alors qu’il se plonge dans sa lecture.
Ta propre lecture n’avance pas le moindrement quand par cent fois au moins, tu es tentée de te lever pour aller voir comment ça se passe dans le salon, sans jamais oser le faire toutefois. Le temps passe sans que jamais ta nièce ne se réveille, c’est qui est un bon signe. Tu espères qu’elle dormira au moins quelques heures comme ça parce que tu n’es pas certaine d’avoir envie de gérer avec une autre crise comme plus tôt. Quand tu entends finalement du bruit dans le salon, tu relèves la tête et tu es surprise de voir seulement Wyatt apparaître dans l’embrassure de votre chambre. « C’est bien. » qu’il annonce alors qu’il vient s’allonger à tes côtés, plaçant ton manuscrit entre vous deux. Ce n’est pas le tas de papier qui t’intéresse toutefois, ton regard ne lâchant jamais le visage du Parker dont tu analyses tous les traits, tout le non-verbal. « Les personnages sont bien construits, j’ai eu du mal à m’arrêter. » Tes lèvres s’étirent doucement, soulagée de l’entendre. C’est con, parce que tu sais que tu tiens quelque chose de bien entre ses pages et pourtant, son opinion surpasse, pour une raison que tu ne comprends pas, toute la logique dont tu fais preuve normalement. « J’arrive à te reconnaître entre les lignes. » Et peut-être bien que c’est ce qui te fait le plus peur. La manière qu’il a de te comprendre sans que tu n’aies besoin d’ouvrir la bouche, la manière qu’il voit derrière les apparences que tu tentes de maintenir depuis toujours pour faire plaisir à ta famille, lui seul qui sait comment faire ressortir un côté de toi qui est capable d’être plus vrai. « Maintenant, il faudrait travailler sur la forme. » Tu fronces les sourcils, bien que tu ne sois pas surprise qu’après les compliments viennent les critiques. « Il y a des phrases trop longues, des tournures alambiquées qui font perdre les propos, c’est dommage. » On croirait presqu’entendre Ariane, sauf pour la simple différence que sa cadette elle aurait été bien plus tranchée, se foutant bien de l’idée d’heurter tes sentiments, là où étonnamment, Wyatt se veut honnête, mais plus prudent. « Tu vois juste par là, par exemple. » Tu tournes enfin ton attention sur ton manuscrit, relis la phrase qu’il te pointe et acquiesces d’un mouvement de la tête. « Tu la retournerais comment, toi? » que tu oses lui demander, comme si un clic venait de se produire, comme si tu réalisais enfin que c’était idiot de ta part, de le tenir à l’écart d’un pan si important de ta vie, un que vous avez en commun et qui a su vous rapprocher dès le départ. Les minutes filent à toute vitesse alors qu’allongés dans votre lit, vous revoyez certaines phrases, certaines scènes, débattant parfois doucement, parfois avec plus de vigueur d’idées et de visions. Et puis au beau milieu d’une de ses remarques, tu le coupes abruptement d’un baiser, te sentant plus près de lui que jamais. « Je t’aime. » que tu souffles d’un murmure contre ses lèvres, ses mots que vous ne vous offrez presque pas, mais qui se transcrivent de centaines de façons dans votre quotidien. Et puis, comme si cette petite pause n’avait jamais eu lieu, tu reprends la dernière phrase a travaillé et vous replonges ainsi dans l’univers de ton roman, prête à t’y perdre encore des heures durant. Votre soirée d’anniversaire n’aura en rien été comme tu te l’imaginais et pourtant, elle avait été encore plus belle et plus douce que tout ce que tu aurais pu souhaiter. |
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