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 Color my life with the chaos of trouble.

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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyLun 26 Avr 2021 - 6:44

Color my life with
the chaos of trouble.
ft. @Joseph Keegan
Qui l’aurait cru. Anna Heinsworth allait se marier. La même Anna avec qui Deborah avait fait assez de bêtises au musée pour se faire renvoyer de son poste de gardienne de nuit, il y a quelques années. Il y avait six mois de ça, une invitation était arrivée dans sa boite aux lettres et autant dire que Deborah était la première à en être étonnée, presque persuadée que c’était une blague. Instinctivement, elle avait proposé à Joseph de l’accompagner, d’enfin rencontrer en chair et en os cette Anna qu’il avait tenté de draguer en vain. La logique aurait voulu qu’elle s’y rende avec Camil, histoire que ce soit autant officiel du côté privé du blond que du sien, mais il avait un planning chargé, sa petite sœur a gérer, elle avait préféré ne pas le déranger avec ça. Et puis sincèrement, compte tenu de l’esprit folklore d’Anna, Deborah était beaucoup plus à l’aise d’emmener Jo avec elle sur ce genre de terrain. Certes, ce n’était pas conventionnel de venir avec son meilleur ami et non son petit-ami à un mariage mais Anna la connaissait assez pour savoir que Debbie n’était pas de cet acabit et elle non plus. Pour sûr que ça la ferait rire de rencontrer Keegan. « Jo ? Tu es prêt, on peut y aller ? » Demandait-elle alors qu’elle sortait de la salle de bain tout en enfilant sa seconde boucle d’oreille, ses talons claquants sur le sol et sa robe noire fleurie volant au fil de ses pas. Un coup d’œil vers le salon et un sourire tendre sur le visage suffisaient à comprendre que oui, il était prêt et même qu’il l’attendait. « Ça te va très bien les chemises, tu devrais en mettre plus souvent. Cela dit, ça serait encore mieux si tu fermais ta braguette. » Son sourire se transformait en un petit rire nasal alors qu’elle s’armait de son sac et des clés de sa voiture. « Merci d’avoir accepté de m’accompagner. Tu n’hésites pas au cours de la soirée si tu as envie de rentrer. Tu me le dis et on y va. » parce que Joseph, elle le connaissait assez pour savoir que même s’il avait accepté, ce genre d’événement pouvait vite devenir ennuyant voire gênant pour lui, d’autant plus quand on ne connait personne, ce qu’elle pouvait comprendre puisqu’elle serait pareille à sa place.

Finalement, les deux comparses s’en étaient allés vers la mairie et arrivaient à l’heure pour la cérémonie. D’abord la mairie puis arrivait assez vite le lieu de la réception, là où toute la soirée allait se dérouler. Bien entendu, pour un couple homosexuel, les deux femmes ne passaient pas par l’Eglise mais elles s’octroyaient une cérémonie Laïque des plus magnifiques, pour les plus romantiques des invités en tout cas. Si Deborah n’avait pas lâché de larmes, elle n’avait pas su retenir son sourire de joie pour son amie qui vivait sûrement le plus beau jour de sa vie entre blagues et émotions vives. La journée passait tellement vite que finalement, c’était à la fin du vin d’honneur, quand le repas s’apprêtait à commencer aux alentours de 21h30, que Deborah pouvait enfin serrer Anna dans ses bras. « Olala, félicitations vous faites un très joli couple, ta femme est magnifique. » Un baiser sur la joue et elle se détachait d’elle, forcément amusée par cette situation qu’elle continuait de trouver complètement improbable. « C’est tellement étrange de dire ça et en même temps je suis ravie pour toi. » Debbie ne rêvait pas encore de mariage mais elle ne pouvait s’empêcher de se dire que si elle trouvait la bonne personne, peut-être qu’elle finirait aussi unie par les liens du mariage. Ce jour-là serait certainement aussi improbable qu’aujourd’hui. « Enfin, je peux te présenter Joseph ! Jo, Anna. Anna, Jo. » Forcément, Deborah les regardait l’un après l’autre, presque impatiente de voir la réaction de chacun de se rencontrer. « Ahhhh Joseph, c’est pas trop tôt ! » Parce qu’elle était Anna, elle le prenait dans ses bras en guise de salutations et arrosait cette accolade furtive d’une réflexion gentiment édulcorée. « Vous deux à mon mariage ? Je croirais presque que c’est fait exprès pour mettre ton plan à exécution mais c’est un peu trop tard pour ça. » disait-elle en agitant son alliance, tellement fière de la porter. De son œil abîmé dont elle ne connaissait pas l’existence, elle ne pipait aucun mot, ne souhaitant sûrement pas le mettre à l’aise. Sa boutade précédente était bien suffisante pour faire le job de toute façon, d’autant plus quand cette dernière était accompagnée d’un gros clin d’œil pas du tout discret. Sacrée Anna ! Rapidement, elle passait à d’autres invités qu’elle n’avait pas encore eu le temps de saluer tandis que Deborah, son verre au bord des lèvres, lançait un coup d’œil à Joseph. « Ton plan hein ? »
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyVen 7 Mai 2021 - 3:59

Elle est ridicule, la bague qu’il a fabriquée lui-même. Certes, il a trouvé la base en argent à un prix réduit dans une bijouterie mais c’est lui-même qui a collé le ridicule haricot dur dans le socle qui attendait certainement une pierre précieuse. Un véritable artiste ; c’est ce qu’il pense à voix basse, pour essayer de se convaincre lui-même que Deborah aimera l’attention. Il est conscient que ce n’est pas un bijou qu’elle portera (on parle quand même d’un légumineuse) mais ce n’est pas ce qui importe. C’est sa signification. Le haricot a presque la forme d’un cœur, après tout. Elle n’avait pas complètement tort lorsqu’elle a confondu les deux dans sa lettre. « Jo ? Tu es prêt, on peut y aller ? » Le garçon redresse vivement la tête en enfonçant le petit objet dans sa poche. Il acquiesce vaguement, posant enfin ses yeux sur son amie, et un sourire nait machinalement sur ses lèvres quand il découvre pour l’énième fois sa beauté. Cette robe est magnifique, il se perd quelques secondes de trop dans sa contemplation. Il ne prend même pas la peine de baisser le nez pour vérifier si sa braguette est belle et bien ouverte : il la referme de façon lunatique. « Et tu devrais mettre des robes plus souvent. » Qu’il répond à son tour en lui glissant un clin d’œil complice lorsqu’elle le contourne pour se diriger vers la porte de sortie. Il en profite pour glisser son regard sur ses longues jambes élevées par les talons à aiguilles. Il se mord nerveusement la lèvre inférieure et jette un coup d’œil autour de lui pour s’assurer qu’il n’a rien oublié. À la dernière seconde, il glisse son précieux sac sur son dos. Il ne pourrait pas se séparer de lui, il contient tout le matériel nécessaire à sa survie. « J’le laisserai dans la voiture. » Il couine quand Deborah se tourne vers lui. Il se doute que l’objet encombrant casse le look soigné qu’il arbore. Il n’a pas l’intention de faire mauvaise impression. S’il ne peut pas camoufler les quelques cicatrices sur son visage et les cernes de fatigue qui creusent ses paupières, il a tout misé dans son accoutrement. « Merci d’avoir accepté de m’accompagner. Tu n’hésites pas au cours de la soirée si tu as envie de rentrer. Tu me le dis et on y va. » Ce sera la première fois qu’il se rend à un mariage et il n’est pas pour autant nerveux. Ce ne sont pas les événements sociaux qui arriveront à fragiliser son épaisse carapace. « Il y aura d’la bouffe gratuite. J’vois pas c’qui pourrait mal tourner. » Il annonce sur un ton amusé juste avant de suivre son amie en direction de la voiture.

Le mariage se passe exactement de la même façon que dans les films. Seulement, ce sont deux femmes qui se tiennent la main au milieu de la cérémonie. Joseph n’est pas particulièrement touché par l’événement puisqu’il ne connait personne et il n’est pas surpris lorsqu’il remarque qu’il s’est mis à compter les secondes dans sa tête quand les vœux sont échangés. Au moment où les deux mariées s’embrassent pour sceller leur avenir, Joseph laisse ses yeux lorgner sa compagne à sa droite et le magnifique sourire étirant ses lèvres lui en arrache un aussi. Quelle étrange sensation que de sentir son cœur battre en dessous de sa poitrine. Inconsciemment, Joseph se met à jouer avec la bague dans sa poche. De ses doigts, il en analyse la forme, gratte la bordure puis le haricot, peut-être pour s’assurer qu’il est bien collé. Le temps passe et les festivités deviennent de plus en plus lumineuses et, quand le soleil s’est finalement endormi, les deux amis peuvent finalement aller à la rencontre de la star de la soirée : Anna. « Olala, félicitations vous faites un très joli couple, ta femme est magnifique. » Le garçon s’empêche de rire, légèrement embarrassé en attendant la suite. Très rapidement, la mariée pose ses yeux sur lui et elle le reconnait immédiatement. « Ahhhh Joseph, c’est pas trop tôt ! » Il ne se défend pas quand elle le prend dans ses bras. Il se contente de répondre à son accolade, tapotant maladroitement son dos comme s’ils étaient des amis de longue date qui ne se sont pas revus depuis des années. « Oh, ça fait longtemps que j’ai laissé tomber. » Il répond en ricanant, posant ses yeux sur l’alliance brillante à son annulaire. Sa bague à lui est officiellement moins belle. « Félicitations, c’était un très beau mariage. » Il dit, laissant les formalités dicter la suite de la discussion. Après tout, il ne la connait pas vraiment alors il ne peut pas lui offrir des félicitations plus personnelles. Il sait seulement qu’elle et Deborah se sont bien familiarisées avec les dinosaures. Ce n’est pas le genre d’anecdote qui mérite d’être soulevée durant ce genre de soirée. Bien rapidement, Anna retrouve d’autres invités, le même sourire enjoué plaqué sur son visage brillant. Joseph l’observe en silence, peut-être jaloux de cette joie qu’elle transpire.  « Ton plan hein ? » Il repose son attention sur la jeune femme à ses côtés. Aussitôt, il hausse innocemment les épaules en humidifiant ses lèvres dans sa boisson pour imiter son amie. « Je ne sais pas de quoi elle parle. » Qu’il répond, préférant plutôt jouer la carte de l’innocence dans cette situation. Il se cache quelques secondes de plus derrière sa coupe. « Elle est aussi belle que sur les photos. » Le jeune homme lance, pour rapidement changer de conversation. Il se reprend toutefois bien rapidement pour ne pas laisser son amie stagner plus longtemps : « Pas aussi belle que ma meilleure amie, ceci dit. » Il bafouille juste avant d’avaler trois autres gorgées d’alcool pour faire du champagne le responsable de ses joues rougies. « Alors… » Il commence, observant les décorations autour, les jolies lumières accrochées sur les arbres et les buissons. « C’est un rêve à toi, de te marier ? »    

@Deborah Brody I love you
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyMar 18 Mai 2021 - 10:06

L’espoir avait été mince avant d’éclater en petits morceaux en quelques secondes. Elle aurait aimé qu’il ne le prenne pas, ce foutu sac à dos qu’il traîne partout depuis qu’il est sorti de prison. « Pas de problème. » En dépit de ce sourire compatissant, elle aurait aimé qu’il reste là, au moins une fois, parce qu’il était significatif de tellement de choses qu’elle voudrait oublier au moins pour aujourd’hui. Elle savait pourtant que c’était impossible. Si elle n’avait jamais fouillé dedans pour respecter sa vie privée, elle savait à peu près ce qu’il contenait. De quoi lui rappeler qu’elle était incapable de l’aider plus qu’en lui offrant le gîte et le couvert. Elle savait pertinemment que ce n’était pas entièrement de son ressort. Si Joseph n’avait pas de déclic, elle ne pouvait pas le forcer. Il fallait se rendre à l’évidence que la drogue avait un pouvoir sur lui bien supérieur à toutes formes d’amour, d’amitié, de souci de l’autre et même carrément d’envie de vivre. Il se tuait à petit feu sans savoir s’en empêcher et ce sac à dos avait le don de le lui rappeler à chaque fois, enfonçant un peu plus le couteau dans une plaie ouverte depuis 2019, à jamais condamnée à saigner. « Après la bouffe, Jo. Tu ne vas pas manger toute la nuit quand même ? » bien qu’elle le sentait tout à fait capable. Résignée, elle l’avait alors laissé faire et ils s’étaient rendus au mariage. La journée était passée à une vitesse folle, probablement plus vite encore pour Anna. L’heure du repas avait déjà sonné, les invités commençaient à s’installer tandis que la mariée et Joseph échangeaient quelques mots pour le moins énigmatiques pour Brody. Elle ne cachait absolument pas son regard suspect lorsque son meilleur ami lui affirmait qu’il ne savait pas de quoi elle voulait parler en évoquant un plan. « Et tu crois sincèrement que je vais avaler ça alors que tu viens de lui dire que tu avais abandonné l’idée depuis longtemps ? Ben voyons, prends-moi pour une pigeonne. » Elle en riait mais elle ne cherchait pas vraiment à savoir. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il pouvait dire des bêtises plus grosses que lui et probablement que ses conversations avec Anna en étaient truffées. Deborah se contenterait de mettre ça sur le plan du jardin secret entre eux.

Autant qu’elle mettait le compliment de Joseph sur le compte de la connerie. « Est-ce que l’ambiance romantique aurait déteint sur toi par hasard ? » semblait-elle s’étonner avec amusement. Elle ne croyait pas si bien dire. La seule fois où il lui avait dit mot pour mot, de vive voix, qu’elle était belle, c’était cette unique soirée par écrans interposés. Peut-être que ça aurait dû lui mettre la puce à l’oreille qu’il le répète une seconde fois ce soir. Haussant un peu les épaules, elle s’apprêtait à lui répondre tandis que des serveurs se chargeaient de déposer les entrées devant eux. Anna n’avait pas fait les choses à moitié, c’était le moins qu’on puisse dire. « Non, pas vraiment. Enfin on ne peut pas qualifier ça d’un rêve à mon sens. Pour moi, un rêve, c’est un truc incroyable, presque improbable qu’on souhaite de tout cœur et qui finit par nous arriver et nous combler entièrement de bonheur. Il n’y a pas plus grand qu’un rêve enfin exaucé. J’aspire à un peu plus qu’un mariage en tant que rêve ultime quand même. Cela dit, je ne dis pas non si on le qualifie de beau projet de vie. Je n’en rêve pas mais si ça devait arriver avec la bonne personne, ça serait forcément magique et personne ne dit non à un peu de magie. » Piquant un morceau d’entrée avec sa fourchette, elle le portait à sa bouche, ravie du goût avant d’aligner quelques mots auxquels son meilleur ami devait s’attendre. « Je te laisse le choix entre me dire pourquoi tu me poses cette question ou ce que toi tu penses du mariage. » Evidemment qu’elle allait lui retourner la question. Ils n’en avaient jamais parlé et qu’il mette ça sur le tapis la rendait d’autant plus curieuse de ce qu’il pouvait en penser. Certes, ils étaient à un mariage, ça pouvait justifier l’idée d’en parler mais il s’agissait de Joseph, celui qui ne parlait jamais d’amour, jamais sérieusement en tout cas. A croire qu’une drôle de mouche l’avait piqué. La même qui avait sûrement piqué la vieille dame à leur table – une parente d’Anna – qui se décidait à s’exprimer alors qu’elle les écoutait discrètement depuis le début. « Dites-lui ce que vous en pensez, je suis toute aussi curieuse qu’elle de le savoir. » De quoi faire rire Deborah qui se tournait immanquablement vers Joseph et semblait le lancer au défi du regard.
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyJeu 27 Mai 2021 - 20:31

Évidemment qu’il a entendu la déception dans la voix de Deborah lorsqu’il a mentionné ce sac à dos duquel il n’a jamais pu se séparer depuis qu’il l’a dégoté dans une vente de garage sur le bord de la route. Cinq petit dollars pour un vieux truc qui contient aujourd’hui tout ce qu’il possède, en dehors des quelques effets personnels qui parsèment l’appartement ici et là. Mais, le plus important, il renferme, de pair avec une petite boîte en métal, ce qu’il pourrait qualifier de son eau de vie. Il sait que son amie la déteste, cette drogue, et elle n’est pas la seule à la craindre. Lui-même serre les dents quand il la tient entre ses doigts, à la fois envieux et rempli de colère. « Après la bouffe, Jo. Tu ne vas pas manger toute la nuit quand même ? » Innocent, le sac posé sur le dos et caché par sa silhouette, il hausse les épaules. L’idée de se gaver toute la nuit de petits plats raffinés ne lui déplaît pas particulièrement même s’il sait pertinemment que son estomac n’est pas prêt à accueillir autant de contenu. Il regrettera d’avoir dit ça plus tard. Pour le moment, il ne fait que saliver en imaginant tout ce qu’il pourra trouver à ce mariage – et il sait très bien que, même si les mets luxueux l’ont toujours intrigué, comme l’interdit l’attire, son dévolu se posera certainement sur les petits sandwichs de viande artificielle. Il n’a pas des papilles gustatives bien aiguisées. « J'me préparerai un horaire. Un petit plat à toutes les quinze minutes. J’devrai pouvoir tenir le coup. » Il plaisante, s’amusant  à élaborer ces plans ridicules pour ne pas laisser la nervosité le gruger jusqu’à l’os. Il sent la petite alliance en plastique dans sa poche comme si elle était aussi lourde qu’une boule de pétanque.

La mariée est ravissante, comme sur les photos que Deborah a montrées à Joseph quelques mois auparavant. S’il s’était permis quelques plaisanteries à ce moment-là, aujourd’hui il ne s’imagine pas une seconde refaire ce genre de proposition à Anna (et pas seulement parce qu’elle s’est mariée aujourd’hui). Une autre personne a déjà pris possession de son cœur, il le craint. « Et tu crois sincèrement que je vais avaler ça alors que tu viens de lui dire que tu avais abandonné l’idée depuis longtemps ? Ben voyons, prends-moi pour une pigeonne. » Amusé, il lui fait signe de parler moins fort, comme si le sujet n’avait pas sa place ici – ce qui est le cas, en fait. « Laissons le passé derrière, tu veux bien ? » Il a les yeux brillants de malice, comme d’habitude, et un air complètement sérieux quand il se sépare encore plus de la foule avec son amie, juste avant de la complimenter. Il est nerveux quand elle l’interroge sur la raison derrière la remarque qu’il vient de lui passer. Elle est belle, elle l’a toujours été. Seulement, elle a raison : il lui a rarement parlé de façon franche, comme ça. La plupart de leurs discussions à l’appartement grouillent de sarcasme et de plaisanteries. Ils sont rarement sérieux, es deux-là, mais pendant un moment Joseph a envie de s’ouvrir un peu à elle. Certes, c’est peut-être l’ambiance romantique qui l’influence, et la beauté des plats posés devant eux. Le jeune homme se perd un moment dans la contemplation de la torsade de roquette et il trempe le bout de sa fourchette, sceptique, dans une sorte de purée violacée. « J'te trouve belle, alors j'te le dis. » Et il se penche légèrement vers elle pour lui murmurer : « Et je dois aussi admettre que cette entrée m’fait terriblement peur. J’crois que c’est végé. » Il grimace, faussement dégouté par l’aspect trop végétal de l’assiette. Il n’est pas habitué à ce genre de recette, il faut l’admettre. Mais il plante quand même sa fourchette dans la sorte de confiture de fruits (ce sont des canneberges, peut-être…) et il reprend la discussion. Il s’est toujours demandé si Deborah rêvait de mariage et de lune de miel et son regard s’emboîte au sien quand elle répond du fond du cœur. « […]Je n’en rêve pas mais si ça devait arriver avec la bonne personne, ça serait forcément magique et personne ne dit non à un peu de magie. » Il hoche doucement la tête, les lèvres entrouvertes. Elle ne semble pas lui envoyer de signes quelconques. Mais il ne se laisse pas décourager si facilement. Leur amitié est spéciale et il espère secrètement qu’elle le sait elle aussi. « As-tu un rêve ultime, alors ? » Il demande après avoir cédé au mutisme trop de secondes. Il goûte enfin au plat et ses paupières se plissent sous la surprise. Ce n’est décidemment pas le genre de repas qu’il a pour habitude de manger. Il manque de sel. « Je te laisse le choix entre me dire pourquoi tu me poses cette question ou ce que toi tu penses du mariage. » Un gloussement soulève sa poitrine et il passe sa main dans ses cheveux en réfléchissant. Une vieille dame derrière eux le presse ; il tente de ne pas l’insulter du regard bien qu’il ait envie de lui demander de tourner le regard. Pour qui se prend-elle à espionner la table voisine ? Non mais. Devant le regard amusé de Deborah, il décide de simplement entrer dans le jeu. Il hausse les épaules. « J’en pense rien. Ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Mais… » Il marque une pause, joue avec un morceau de roquette avec sa fourchette et murmure, pour que seulement son amie entende : « J’peux te parler ? Loin de mamie ? » Il semble complètement sérieux alors qu’il se redresse dans son siège, l’invitant à se joindre à elle, délaissant complètement son assiette. Il a aperçu un coin plus calme près d’une fontaine de laquelle s’échappent les clapotis de l’eau qu’elle crache. Son front est soudainement couvert de sueur comme si son addiction l'appelait ; au contraire.    
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptySam 5 Juin 2021 - 23:40

« C’est d’accord, pour cette fois. » lançait-elle amusée lorsqu’il s’agissait d’oublier le passé. Pour cet aspect-là, quand il s’agissait des bêtises qu’il avait pu dire avec Anna, elle acceptait d’oublier sans s’interroger plus que ça. Pour le reste, elle avait pardonné depuis bien longtemps mais elle n’oubliait pas. Oublier reviendrait à effacer les erreurs commises des deux côtés et à potentiellement recommencer. Elle ne voulait pas de ça pour eux, pour cette amitié bien trop précieuse à ses yeux. Elle était si forte et si fragile à la fois qu’elle craignait toujours qu’elle lui pète entre les doigts. C’était sûrement pour ça qu’elle détestait autant ce sac resté dans la voiture. Ce qu’il renfermait était la cause de tous leurs possibles maux. Elle était loin d’imaginer que ce n’était pas le seul tandis que Joseph réaffirmait son compliment, de quoi la faire sincèrement sourire quand sa main se posait avec tendresse sur l’avant-bras de son ami, quelques secondes à peine. « Merci, ça me fait plaisir de l’entendre. » Non pas qu’elle se trouvait moche ou qu’on ne lui disait pas assez mais venant de gens proches, ça faisait toujours plaisir parce qu’elle savait que le compliment se suffisait à lui-même, qu’il était sincère. Il ne l’avait pas dit pour la draguer ou pour on ne sait quoi d’autre. C’était dit avec le cœur, littéralement, sans autre but que de lui faire plaisir et ça, ça la touchait beaucoup. Peut-être devraient-ils faire ce genre de choses plus souvent, ça serait bien. Jusqu’à ce que le naturel revienne au galop et qu’il la fasse rire. « C’est bien possible ouais, la viande arrivera sûrement plus tard. Dis-toi que c’est l’occasion de goûter plein de choses nouvelles et si tu n’aimes pas, ce n’est pas grave. On est plus des enfants, personne ne va te forcer à finir ton assiette. » Peut-être même que c’était elle qui finirait son assiette. La gourmandise de Debra n’était plus à refaire et encore moins contestable.

Puis il lui posait une question à laquelle elle ne s’attendait franchement pas : quel était son rêve ultime. Une question qui la rendait muette pendant un moment, comme si elle réalisait qu’elle n’avait jamais rêvé plus loin que le bout de son nez, comme si sa vie, jusqu’à maintenant, ne lui avait pas permis de se faire des plans sur la comète. Y avait-elle seulement réfléchi ? Non. Elle ne s’était jamais posé la question parce qu’elle vivait toujours au jour le jour, elle prenait la vie comme elle venait et si ça la rendait heureuse, c’était tant mieux. Elle se contentait de plaisirs simples sans rêver de grandes choses, comme si elle ne se l’était jamais permis pour éviter une quelconque déception trop grande. C’était peut-être pour ça qu’elle était heureuse la plupart du temps, qu’elle avait plus souvent le sourire jusqu’aux oreilles que le moral dans les chaussettes : parce qu’elle n’attendait rien de la vie, elle se complaisait dans ce qu’elle avait et faisait toujours en sorte de se sortir le plus rapidement possible d’un malheur quand ça lui tombait dessus. « J’en sais rien à vrai dire. Je crois qu’être un maximum heureux, c’est très gnian gnian mais c’est déjà pas mal. Tout le monde ne peut pas se le permettre et c’est déjà très bien. Je préfère me contenter de ce que j’ai plutôt que d’avoir de grands rêves et d’être déçue. Au moins quand une chose bien arrive, je sais l’apprécier entièrement contrairement à d’autres qui se disent sans cesse qu’ils auraient préféré plus grands et plus beaux. » Elle haussait les épaules parce que c’était aussi simple que ça selon elle. « Et le tien ? » De quoi Joseph pouvait-il rêver ? Pendant un temps elle savait. Il rêvait de liberté quand il était derrière les barreaux. Aujourd’hui, en dehors de son désir profond de se séparer de la drogue, elle ignorait de quoi ses rêves les plus fous étaient constitués.

Contrairement au mariage dont il semblait ne rien penser – en dépit de ce mais qui ne pas trouvait de suite – Joseph avait bien des rêves, elle en était persuadée. Pourtant la discussion était interrompue par une mamie trop pressée et visiblement par un Joseph peu enclin à être écouté si des oreilles traînent trop près d’eux. « Oui bien sûr. » répondait-elle par la positive sans se poser de question. Elle se levait alors de sa chaise, sur les pas du brun pour se rendre à la fontaine. Instinctivement, elle posait ses fesses sur les bords de pierres. Au moins ici, même si quelqu’un les voyait, avec le bruit de l’eau il était peu probable qu’on les entende. « Qu’est-ce qu’il y a ? » Ce n’était réellement qu’à cet instant qu’elle levait les yeux vers lui et qu’elle remarquait cette sueur qui perlait sur son front. Elle la connaissait, lui semblait-il, alors forcément, c’était un regard inquiet qu’elle posait sur lui. « Tu as besoin des clés de la voiture ? Je vais te les chercher si tu veux. » Jamais elle ne serait capable de lui demander s’il avait le besoin immédiat de se droguer mais ils s’étaient compris. Pourtant quelque chose clochait. A présent elle connaissait les signes avant-coureurs du manque. La sueur, le regard fuyant, les tremblements, les bégaiements, sa façon de se gratter les bras. Il n’y avait rien de tout ça. Est-ce qu’il avait seulement chaud ? Quelques secondes d’interdit, le temps qu’il lui réponde puis elle réalisait, peut-être. Ce mais qu’il n’avait pas complété… L’esprit de Deborah était beaucoup trop vif et elle ne lui laissait pas le temps qu’elle parlait déjà. « Noooooon, Jo, ne me dis pas que tu as fait ça ? Ne me dis pas que tu t’es marié ?! » Se marier, oui ! Sur le moment, elle pensait immédiatement à ça. « […] Ça ne m’avait jamais traversé l’esprit. Mais… » Comment ne pouvait-elle pas penser qu’il s’était marié en douce ou sous l’effet de la drogue et/ou de l’alcool ? Bien sûr qu’elle n’imaginait que ça, si loin d’elle l’idée que ça puisse être autre chose.  « C’est quiiii ? C’était quand ? Putain, je n’ai même pas été invitée, je suis choquée ! » Bien trop excitée à l’idée ? Sûrement.

@Joseph Keegan
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyMer 23 Juin 2021 - 2:59

Ce n’était peut-être pas une bonne idée. Joseph s’était naïvement dit que ce mariage pourrait être l’occasion parfaite pour enfin révéler les sentiments qu’il ressent à l’encontre de sa meilleure amie depuis longtemps déjà. Il se souvient ; le simple fait de recevoir ses lettres derrière les barreaux et de les lire lui chatouillait l’estomac, et un jour il s’est rendu compte que ses lèvres s’étiraient naturellement à l’horizontale quand il voyait le visage de Deborah derrière ses paupières closes. Il n’a jamais su ce que c’est réellement, l’amour, mais de plus en plus il se dit que c’est peut-être aussi simple que ça. Il n’a pas besoin d’être un prince et elle n’a pas besoin d’être une princesse. Les compliments s’échappent naturellement de ses lèvres quand il croise le regard de la jeune femme attablé avec lui. Il ignore les quelques autres têtes inconnues qui partagent eu aussi cette table légèrement mise à l’écart. Ils ne sont pas les invités les plus proches des mariés. « Merci, ça me fait plaisir de l’entendre. » Il esquisse un sourire, hoche de la tête et se retrouve à contempler une assiette qui attire très peu l’intérêt du carnivore qui vit en lui. Les sandwichs à la viande, c’est ce qu’il y a de moins cher dans les épiceries, et c’est ce qui lui donne assez d’énergie pour traverser une journée. Devant cette entrée verte, il reste sceptique, et son estomac ne gronde pas (il ne gronde que très rarement, de toute façon, alors le plat n’a pas à le prendre personnel). La remarque de Deborah lui arrache un ricanement et il pique un morceau de poivron rouge avec le bout de sa fourchette. Il l’avale sans s’en plaindre, préférant éviter de jouer les difficiles. Comme l’a dit son amie, la viande viendra certainement plus tard.

Il la sent, la bague en plastique qui appuie contre sa cuisse dans la poche de son pantalon trop serré. Elle lui rappelle constamment qu’elle aura un rôle à jouer ce soir et, même si Joseph préférait jusqu’à présent dévier l’attention de Deborah sur la nourriture, maintenant il trouve assez de courage pour effleurer une discussion qu’il attend depuis des lustres. La terrasse extérieure est ceinturée de banderoles rouges et blanches et chaque décoration rappelle l’amour de façon subtile ou pas. Il se sent inspiré alors il se lance à petits pas dans le vif du sujet. Il veut savoir si la jeune femme a des rêves, si celui de se marier n’en est pas un. Il s’accroche à ses lèvres tandis qu’elle lui répond qu’elle souhaite tout simplement être heureuse et il comprend parfaitement. Lui non plus ne rêve pas de luxe, de l’or ou d’entourage fortuné. « Et le tien ? » Il cligne des paupières plusieurs fois et, après avoir réfléchit quelques secondes de plus à la réponse de son amie, il hausse les épaules. « Quand j’étais gamin, j’rêvais d’une énorme baraque sur le bord de la mer. Maintenant, j’sais pas c’que j’en ferais. » Ce n’était peut-être pas de la maison qu’il rêvait, mais d’être en compagnie de la seule personne qui le comprenait à cette époque-là. Alfie. Ils devaient vivre ensemble et être des complices à la vie à la mort. Aujourd’hui, il se rend compte que ce n’était peut-être pas de lui dont il avait besoin depuis tout ce temps. Après tout, il n’a jamais pris de ses nouvelles quand il était en prison alors que Deborah, elle a débuté une échange de missive avec lui sans même le connaître. Elle ne l’a jamais jugé pour cette description que le journal avait faite de lui. C’est avec elle qu’il vivrait dans la maison près de la mer. N’appréciant pas particulièrement les regards rivés sur eux, surtout celui de la dame qui a décidé de suivre leur discussion comme s’il s’agissait d’un téléroman, Joseph demande à son amie de se séparer un peu du groupe. Il a justement remarqué une jolie fontaine près de là, qui possède une bordure assez large pour accueillir leurs fesses. « Oui bien sûr. » Il le remercie en pinçant les lèvres et l’invite à le suivre. À chacun des pas qu’il faits, il se rapproche du moment où il devra sortir ce bijou stupide de sa poche. Il est nerveux mais il n’a pas assez mangé : il ne ressent pas l’envie de gerber, et heureusement. « Tu as besoin des clés de la voiture ? Je vais te les chercher si tu veux. » Pendant un moment, il ne comprend pas, mais en voyant l’inquiétude dans ses yeux noisettes, il arrive à faire les liens. « Oh non, non, j’ai pas besoin d’mon sac. » Il s’empresse tout de suite de préciser en levant la main devant lui. Il ne pensait pas à cette drogue. La fontaine chantonne derrière eux. Il cherche un moyen de se lancer mais Deborah saute tout de suites aux conclusions fausses. Ça lui arrache un rire nerveux. « Mais qu’est-ce que tu dis ? » Ses iris sont brillants. « Tu crois réellement que j’t’en aurais pas parlé si j’avais rencontré une fille ? » Il demande, rhétorique. Pourtant, cette joie qu’il lit dans les yeux de son amie quand elle propose cette théorie loufoque lui fait tirer une moue. Elle serait heureuse, alors, s'il avait trouvé quelqu’un. Même si ce quelqu’un, ce n’est pas elle. « Non, c’est pas ça. » Il relance, cette voix la voix légèrement plus faible. Il observe autour d’eux en enfonçant sa main dans sa poche pour serrer la bague haricot dans sa paume moite. « Deb… Ça fait un moment déjà qu’on s’connait et j’sais que j’suis pas l’mec le plus facile à vivre mais… J’me dis que, si t’es encore là, si tu partages cet appart avec moi sans rien me demander en retour, ça veut dire quelque chose, non ? » Il l’interroge du regard, inquiet. Il attend qu’un miracle se produise et qu’elle comprenne toute seul la suite de la discussion. Pourtant, sa lumière ne semble pas s’éclairer. Il rit nerveusement. « Ahah… Tu sais où j’veux en venir ou j’dois t’expliquer ? » Son pied tape répétitivement contre le sol au rythme d’une musique qui n’existe que dans sa tête.
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyLun 11 Oct 2021 - 2:44

La réponse de Joseph ne faisait qu’afficher une moue rapide sur le visage de la brune. Ses rêves étaient au passé. Une maison dont il avait rêvé mais dont il ne rêvait plus. Une partie d’elle était peinée à l’idée qu’il ne puisse pas avoir de rêve, qu’il ne semblait pas s’y autoriser. Elle n’en disait pourtant rien parce qu’elle ne pouvait définitivement pas lui tirer les vers du nez, ce n’était ni l’endroit ni le moment à vrai dire. Elle se contentait de mettre ça dans un coin de sa tête, comme souvent lorsque ça concernait son ami, pour mieux y revenir peut-être plus tard. C’était bête comme envie mais depuis qu’ils savaient qu’il allait sortir de prison, elle s’était promis de tout faire pour le faire bien vivre et lui mettre des petits rêves en tête, tel des objectifs, en faisait partie pour le faire évoluer et avancer. Elle ne voulait que son bonheur, depuis le début. Alors forcément, lorsqu’il lui demandait de le suivre, elle ne se posait aucune question et s’exécutait sans rechigner. Eloignés de toutes oreilles bien trop curieuses, c’était l’inquiétude qui happait un instant le cœur de Deborah, persuadée qu’il avait besoin de son sac – et surtout ce qu’il contenait. Rapidement rassurée par Joseph, c’était dorénavant l’interrogation qui se lisait sur son visage. Elle ne voyait pas bien pourquoi il avait besoin de s’éloigner des autres. Quand bien même il n’est jamais agréable d’être écoutés par des personnes non invitées dans la conversation, Brody était intimement persuadée qu’un éloignement était nécessaire seulement en cas de secret et pour le coup, elle ne voyait pas bien ce qu’il pouvait encore lui cacher. Jusqu’à ce qu’elle ne saute à des conclusions bien trop hâtives tant son cerveau cherchait à comprendre le pourquoi. Elle était toujours comme ça, à vouloir savoir rapidement, à tenter de deviner si la personne concernée mettait trop de temps à lui révéler les choses. « Ca pourrait. On fait tous des bêtises dans la vie. » disait-elle non sans un sourire malicieux qui soulignait ses propos et qui semblait aussi tenter de détendre l’atmosphère. Elle l’avait entendu son rire nerveux et cette faiblesse dans la voix dans sa conclusion.

Deborah se faisait alors plus calme, plus attentive et surtout plus silencieuse. L’instant semblait plus important pour Joseph qu’elle ne l’avait cru. Elle s’en pinçait légèrement les lèvres, cherchant toujours à comprendre, à peser les mots qu’il lui accordait. Il ne la regardait pas vraiment, davantage soucieux qu’ils soient bien seuls et lorsqu’il osait poser sur elle, ce n’était qu’un rapide regard, davantage absorbée par son pied agité. De toute évidence, Deborah ne comprenait pas où il voulait en venir – ou peut-être avait-elle, au contraire, peur de trop comprendre. « Je sais pas trop quoi te dire Jo. Je suis un peu perdue… » Elle haussait légèrement les épaules, s’assurant d’être tout de même claire dans ses mots. « Je vois pas ce que ça pourrait dire de plus que tu ne sais déjà en fait. » Parce qu’il avait connaissance de l’envie de Brody de prendre soin de lui, depuis le début. Il savait combien elle l’aimait au nombre de fois où elle avait pu le répéter ou encore lui pardonner le presque impardonnable. Il savait tout ça, alors que cherchait-il à dire de plus ? Est-ce qu’elle oserait réellement y penser, une fraction de seconde laisser cette idée frôler son esprit ? Elle n’en avait pas envie parce qu’elle en craignait trop les conséquences alors elle préférait ne même pas l’imaginer et simplement laisser Joseph s’expliquer davantage. Elle avait déjà tiré des conclusions trop hâtives, ce n’était pas le moment de recommencer. « Tu me stresses. » disait-elle en attrapant sa main libre, celle qui ne traîne pas dans l’une de ses poches, pour le tirer à côté d’elle et le faire asseoir – quand bien même elle prenait le risque qu’il continue de balancer son pied contre la fontaine même une fois assis. « Tu sais que tu peux me faire confiance quoi que tu ais à dire, je te jugerais pas, alors lance-toi. » lançait-elle en gardant sa main dans la sienne, la serrant légèrement pour l’encourager dans sa démarche, la recouvrant même de la seconde en soutien supplémentaire. Son sourire se voulait rassurant et détendue mais au fond d’elle, elle bouillonnait d’impatience et de stress.

@Joseph Keegan
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyMar 26 Oct 2021 - 1:18

« Ca pourrait. On fait tous des bêtises dans la vie. » Sa bêtise à lui était peut-être de tomber en amour avec une femme qui mériterait une personne beaucoup plus fiable que lui. Un homme qui pourrait prendre soin de ses enfants, qui saurait cuisiner, qui aurait un travail légal, voire même noble et payant, et dont la santé ne menace pas de flancher à chaque fois qu’il s’endort trop tard dans la nuit. Joseph a conscience qu’il ressemble davantage à un fardeau qu’à un cadeau et c’est bien pour cette raison que ses mains sont terriblement moites tandis qu’il tente de trouver les mots à employer. Il lit pourtant beaucoup de romances ; il devrait savoir comment faire. Hélas, comme d’habitude, il ressemble davantage à un drogué en manque qu’à un homme prêt à offrir son cœur. Deborah ne le croira sûrement pas s’il réussit à lui avouer ses sentiments. Elle rirait peut-être, lui taperait l’épaule de façon ironique et proposerait de retourner assister au dîner du véritable mariage qui se passe sous les chapiteaux.

« Je sais pas trop quoi te dire Jo. Je suis un peu perdue… » Il sait ce que ça veut dire. Elle ne se doute de rien, alors il ne pourra pas compter sur la réciprocité. Mais ça ne l’empêche pas de mettre fin à son spectacle. Il est trop tard pour revenir en arrière, de toute façon. Il semble vouloir annoncer une immense nouvelle alors il ne pourra pas s’en sortir en lui révélant une banalité telle que « j’ai fait les courses ce matin ». « Je vois pas ce que ça pourrait dire de plus que tu ne sais déjà en fait. » Ils sont d’excellents amis. Les meilleurs. Elle prend soin de lui et il tente de ne pas tout briser. Elle l’a pris dans ses bras quand il était seul derrière les barreaux par le biais de lettres écrites à la main. Il aurait peut-être dû planifier de lui parler d’amour en utilisant une feuille et un crayon. Ses petits personnages crayonnés l’avaient toujours fait sourire. « Tu me stresses. » Seulement à cet instant il réalise qu’il fait trop tarder le moment. Une chanson a eu le temps de se terminer au milieu des festivités. L’eau de la fontaine derrière eux coule au même rythme et Joseph se perd dans les secondes et les minutes. En passant sa main dans ses cheveux, il réalise qu’il est complètement mouillé. Il voudrait dire que c’est la fontaine qui se moque de lui mais c’est la sueur qui s’accumule parce qu’il est terriblement nerveux. Il croise le regard de son amie, s’attarde un peu sur la couleur sombre de ses prunelles et il se mord la langue quand elle le rassure en disant qu’elle ne le jugera jamais. Ce n’est pas le problème, en effet. Joseph n’a pas peur des moqueries et il aurait du mal à la surprendre. Elle l’a vu dans tous ses états. La poudre au nez, les larmes aux yeux, le sang sur les poings, nu, même, une fois. « Bon, d’accord. » Il relance dans un souffle. Il serre une dernière fois sa bague dans sa poche avant de la sortir. Il garde la paume fermée autour du haricot. Il observe du coin de l’œil l’une des mariée tellement heureuse, sourire jusqu’aux oreilles et dents blanches. Elle prend la main de sa femme et la serre pour la soulever avant de l’embrasser sous une pluie d’applaudissements. Joseph mâche un dernier juron avant de se lancer. Il ouvre sa main pour dévoiler le bijou artisanal tellement ridicule. « C’est pas une demande… en mariage… » Il précise tout de suite, comme s’il craignait que Deborah s’imagine le pire. Il coince la bague entre son index et son pouce pour le présenter un peu mieux à son amie qu’il souhaiterait copine. « Est-ce que tu voudrais… devenir ma p’tite amie ? Peu importe comment on appelle ça à notre âge ahahah… » Petite amie est un terme à l’allure adolescente. Mais il ne l’avait jamais utilisé avant aujourd’hui et il penserait que ça lui ferait moins mal d’en prononcer les syllabes.  Pourquoi a-t-il envie de vomir ? « Enfin… Si tu… Me considères comme… Plus qu’un simple ami. » Il hausse mollement les épaules et se déteste tellement de ne pas arriver à faire de ce moment une scène de film romantique dans lequel les feux d’artifices explosent en arrière-plan. Il se sent simplement ridicule et maigre comme une allumette. Un gamin qui est tombé en amour avec sa maitresse et qui tente de la charmer avec une construction en pâte à modeler.    

@Deborah Brody
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyJeu 11 Nov 2021 - 1:01

Il avait mis l’instant en pause, il semblait avoir arrêté le temps tandis que le stress grandissait sans équivoque dans les entrailles tordues de la brune. Ce n’était pas qu’elle ne se doutait de rien, au contraire. Elle se doutait mais se refusait de croire à cette idée sans avoir l’affirmation de la bouche du concerné. Elle n’était pas dupe, elle comprenait bien que ce genre d’instant était propice à des révélations de l’ordre des sentiments mais sa crainte que ça puisse tout détruire sur son passage, y compris leur amitié si spéciale, prenait irrémédiablement le dessus. Elle avait juste envie de le couper dans son élan et rejoindre les autres invités avec lui en trouvant une excuse bidon simplement pour ne pas affronter cette situation. Mais elle n’en faisait rien parce qu’elle savait, au fond d’elle, que si ça ne se faisait pas maintenant, ça ne se ferait peut-être jamais et que le doute se maintiendrait en plus de faire potentiellement souffrir Joseph sur une longue durée. Elle n’avait évidemment pas envie de ça. En dépit de tout, elle tenait à lui bien plus qu’à un simple ami ou meilleur ami. Une évidence, un lien dont la nature était indescriptible et qu’elle choyait tout particulièrement.

C’était ce qu’elle pensait de son côté en tout cas. Joseph, lui, semblait réussir à y mettre des mots, quand bien même il mettait du temps à les poser. Visiblement stressé, il déteignait sur elle et tous les deux étaient bien bêtes de se mettre dans ce genre d’état. C’était idiot. Ils étaient Joseph et Deborah, Jo et Debbie. Rien ne pouvait les atteindre réellement, pas vrai ? Pourtant, dès lors qu’il se décidait à parler et lui présentait une bague de sa fabrication, le nœud qui entravait son estomac ne s’en allait pas. Il n’avait pas besoin de préciser que ce n’était pas une demande en mariage, elle le connaissait assez pour le savoir sans avoir besoin de l’énoncer et pourtant elle le bénissait presque de le faire. Ça lui permettait déjà de chercher ses mots, de peser le pour et le contre. Ça lui laissait un peu de temps alors qu’il lui demandait officiellement d’être sa partenaire tout en lui présentant un peu mieux cette bague qu’elle se retenait tant bien que mal de saisir. Il fallait l’avouer, c’était mignon, même adorable. Ce simple anneau serti d’un haricot sec prouvait à lui seul que les sentiments de Joseph n’étaient pas sortis de nulle part, que cette demande était un minimum préparée, qu’il y avait réfléchi, qu’il était sûr de ce qu’il voulait.

« Oh Jo... » L’intonation de ces simples mots parlaient d’eux-mêmes. Elle aurait tant aimé lui répondre par la positive. Elle aurait tant aimé prendre cette bague, la glisser sur l’un de ses doigts et simplement l’embrasser en guise de réponse. Elle ne pouvait pas faire ça. Elle aurait pu être amoureuse de lui, dans d’autres circonstances de rencontre et surtout dans d’autres circonstances que celles du présent. Non seulement, elle n’était pas amoureuse de lui mais pire encore, elle s’entichait sérieusement d’un autre. « Bien sûr que tu n’es pas qu’un simple ami et j’espère que tu le sais sans que j’ai besoin de te le dire tous les quatre matins. » Elle pourrait encore lui dire oui. Elle pourrait saisir l’occasion pour essayer, pour se donner le temps de tomber en amour avec lui en entamant une relation. Mais si ça ne venait jamais ? Ça ne ferait qu’empirer les choses, qu’entraver Joseph dans ses sentiments et dans un espoir peut-être vain. Ce n’était pas question alors cette bague, elle ne la saisissait que pour la reposer à plat dans la paume du brun, refermant son poing au passage dans un geste délicat de sa main, ne lui laissant pas l’occasion de s’échapper en gardant sa main dans la sienne un instant. « Je t’aime Jo, sincèrement, je te le dirais jamais assez mais pas sur ce plan là. Je suis désolée. » C’était à son tour d’avoir envie de vomir, c’était à son tour d’appréhender sa réaction. Et s’il s’en allait du mariage ? Et si le temps de rentrer à l’appartement, il prenait ses affaires pour mieux disparaître ? C’était une crainte réelle qui lui faisait mal au cœur, assez pour l’obliger à s’exprimer. « Je comprendrais si tu as besoin de t’éloigner, peut-être même de t’en aller de l’appartement si ça te met mal à l’aise mais sache que pour moi ça ne change rien. J’ai aucune envie que tu t’en ailles et si tu le fais, ne le fais pas dans mon dos et ne coupe pas les ponts, s’il te plait. » Peut-être qu’elle en demandait trop sur l’instant, peut-être que la déception allait prendre le dessus avant toute chose mais au moins, elle mettait les choses au clair et exprimait ce qu’elle désirait : Que rien ne change entre eux mais qu’il puisse avancer de son côté.

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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyMer 24 Nov 2021 - 0:40

C’était une mauvaise idée et il aurait dû le savoir bien avant qu’il n’ait l’idée stupide d’avouer ses sentiments à Deborah. Joseph peine à soutenir son regard lorsqu’un très court silence flotte entre lui et la jeune femme, et il sait que quelque chose ne tourne pas rond. S’il n’a aucune idée du fonctionnement de l’amour et de ses relations, il n’est pas assez ignorant pour ne pas entendre le rejet imminent dans l’intonation de la voix de son amie quand elle s’exprime enfin. « Oh Jo... » On aurait dit le début d’une chanson brise cœur qu’il pourra par la suite chanter en vivant son deuil sous la douche. « Bien sûr que tu n’es pas qu’un simple ami et j’espère que tu le sais sans que j’ai besoin de te le dire tous les quatre matins. » Elle l’aime comme un frère, c’est ça ? Pourtant il n’a jamais été un bon frère ; il pensait qu’il pourrait au moins tenter sa chance en devenant un petit copain. Il n’a évidemment jamais douté de l’attention qu’elle lui donnait ainsi que de la complicité qui était née entre eux dès les premiers échanges de lettre. Mais, de son côté des barreaux, il ne pouvait que poser ses photographies sur son cœur en s’imaginant que, libre comme l’air, Deborah avait tout le temps du monde pour rencontrer quelqu’un qu’elle n’aurait pas honte de présenter à sa famille en Irlande. Un homme qui lui aurait donné l’amour, la protection, la loyauté, mais aussi des enfants qu’ils verraient ensemble grandir. La compétition n’était pas rude dans cette arène. Joseph n’avait aucune chance et il aurait dû s’en tenir à ça. « Je t’aime Jo, sincèrement, je te le dirais jamais assez mais pas sur ce plan là. Je suis désolée. » Et elle lui redonne la ridicule bague laide. Il l’aurait jetée au loin, ou piétinée, si son amie n’avait pas gardé sa main dans la sienne. Il n’arrive plus à relever les yeux, cette fois. Il préfère concentrer tous ses efforts vers les battements de son cœur et le rythme de sa respiration pour ne pas craquer devant elle, pour ne pas lui faire voir des larmes qu’elle aurait déclenchées. Il est plus fort que ça. Il aurait dû mourir cinquante fois mais il est encore vivant. Il n’a jamais bronché quand son père abusait de son autorité, il a su contenir la panique quand il se rendait à l’Église et croisait le regard de père David, il ne s’est jamais plaint de la douleur quand cette dernière a fait partie de son quotidien lorsqu’il a rejoint les rangs d’un gang. Mais, les douleurs du cœur étaient nouvelles et il les détestait déjà. « D’accord. » Il aurait aimé que sa voix soit moins cassée mais, le contrôle de ses cordes vocales, il l’avait perdu depuis que les yeux de Deborah s’étaient attristés. Il trouvait assez de courage pour demander d’un ton détaché, parce qu’il préfère semblant de s’en ficher : « J’peux savoir c’est quoi l’problème, alors ? Pourquoi tu ne m’aimes pas sur ce plan là ? Tu m’héberges par pitié ? C’est un pari, comme la lettre ? » Les regrets se préparent déjà tandis qu’il se met à nouveau à taper du pied. Il se retient de poser mille autres questions qui le feraient tomber encore plus bas et qui, injustement, attaqueraient celle qui n’a jamais demandé à ce qu’il tombe en amour. Il ne faut pas lui demander de raisonner parce qu’il est blessé, et il souffre tellement qu’il ne peut que sourire. « Je comprendrais si tu as besoin de t’éloigner, peut-être même de t’en aller de l’appartement si ça te met mal à l’aise mais sache que pour moi ça ne change rien. J’ai aucune envie que tu t’en ailles et si tu le fais, ne le fais pas dans mon dos et ne coupe pas les ponts, s’il te plait. » Il préférait ne pas penser à la suite de leur relation alors il ignorait totalement sa demande et lançait, toujours aussi venimeux, comme si c’était la faute à Deborah, seulement à elle : « J’aurais aimé savoir qu’tu es du genre à t’taper les mecs sans sentiments. » Ils n’avaient jamais fait l’amour, certes, mais ça aurait pu se passer s’il n’était pas aussi brisé. Mais, peu importe, il est injuste Joseph car il est le premier à avoir goûté aux plaisirs charnels sans même connaître le véritable nom de ses partenaires. Il en a rencontré des dizaines, des prostituées, alors il sait bien que l’amour n’est pas un synonyme de sexualité.

Mais il préfère trouver un coupable qui n’est pas lui. Il pourrait blâmer le monde dans lequel il est né, ses parents qui ont fait de sa vie un enfer, les injustices qu’il a subies, les peines qu’il a surmontées sans jamais tomber trop bas, mais c’est beaucoup plus facile de blâmer Deborah parce qu’elle se trouve juste devant lui. C’est sa faute s’il est tombé amoureux d’elle, point final. « Donc, tu fais tout pour que je tombe amoureux de toi et, quand t’as réussi, tu t’moques de moi, et tu m’demandes de pas partir ? » Il glousse nerveusement en secouant sa tête de droite à gauche. Quelle blague. Il reprend sa main de force, laisse tomber l'horrible haricot au sol, et ses yeux se mettent à analyser les tables sous le chapiteau à la recherche d'alcool.

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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyLun 29 Nov 2021 - 4:27

Elle n’aimait pas ce qui était en train de se passer. Pendant un quart de seconde, elle pensait à ces femmes et ces hommes pour qui il était coutume de briser le cœur d’autrui par challenge, par vengeance, par envie, peu importe. Comment parvenaient-ils à faire ça ? L’intonation de sa voix et le choix de ses mots ne mentaient pas. Elle n’avait pas envie de faire ça et en même temps, elle n’avait pas le choix, elle se devait d’être claire. L’appréhension lui donnait mal au ventre. Une envie soudaine de vomir, craintive d’une réaction trop excessive. Si elle ne voulait pas de lui en petit-ami, elle ne voulait pas pour autant le briser – et faire du mariage de son amie une scène de ménage par la même occasion. Elle s’en voulait de devoir faire ça alors, en vain, elle cherchait à apaiser la blessure, glissant quelques mots réconfortants à son égard, n’oubliant pas de lui ouvrir toutes les portes de sortie possibles – à défaut de celles de son cœur. Mais peut-être que c’était encore trop, qu’elle s’y prenait de nouveau mal. Bien sûr qu’elle comprenait que la voix de Joseph puisse se briser. Elle connaissait les maux du cœur, elle ne pouvait pas s’étonner d’une telle réaction. Sûrement qu’elle n’aurait pas dû s’étonner de la suivante non plus. Elle le connaissait par cœur, elle aurait se doutait qu’il allait se parer de son masque neutre mais elle ne s’attendait pas à de telles questions. « Racontes pas de la merde, tu sais bien que non. » Non il n’est pas un pari, il ne l’a jamais été à partir du moment où l’échange de lettres a commencé. Il le savait très bien. Tout comme elle savait que ce n’était pas la question la plus importante du lot. Comment pouvait-elle lui expliquer qu’elle ne l’aimait pas d’amour ? L’amour ne s’explique pas mais le non-amour, lui, on en fait quoi ? Surtout dans une relation telle que la leur. De celles où les gens sont persuadés qu’il se trame un truc. Ils n’avaient pas tort visiblement…

Elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Elle pourrait lui dire qu’elle en aimait un autre mais elle ne voulait pas en rajouter. Ou peut-être n’en avait-elle pas envie parce qu’elle savait qu’elle se voilait la face depuis longtemps. Elle ne l’aimait pas d’amour parce qu’elle s’était obligée à enterrer ce qu’elle avait commencé à ressentir pour lui, il y a des années maintenant. S’il jouait carte sur table, elle allait en faire autant. « Tu te poses sérieusement la question du problème ? J’aurais pu être amoureuse de toi quand tu es sorti de prison, quand tout allait bien. » C’était à son tour d’avoir envie de pleurer, une paire de seconde avant que la colère ne vienne remplacer cette peine tant elle n’avait pas digéré la chose. « Puis tu m’as menti. Ouvertement, droit dans les yeux sans jamais sourciller. Je t’ai pardonné le mensonge mais tu as brisé la confiance que j’avais mise en toi. Tu as recommencé à te droguer. Tu as même été violent avec moi pour pouvoir te piquer. Tu as fait de cette merde ta priorité. Tu crois sérieusement que j’allais prendre le risque de laisser des sentiments autres qu’amicaux se développer pour un type qui est incapable de me toucher parce que ça lui donne juste envie de se défoncer davantage ? Qui peut me laisser toute seule en mourant du jour au lendemain d’une overdose ou d’organes qui lâchent ? » Elle s’en pinçait les lèvres tant elle pouvait lui balancer des raisons qui allaient dans ce sens-là mais elle préférait conclure avant de s’énerver davantage et d’être entendue par d’autres personnes. « Je ne t’aime pas sur ce plan-là parce que, pour une fois, j’ai été égoïste dans notre amitié et je me suis protégée. » Protégée d’un cœur qui aurait fini brisé. Elle en était persuadée.

Parce que Jo était comme ça. Dès qu’il était blessé lui-même, il renvoyait l’ascenseur et putain ça faisait mal. Il devenait piquant avec elle et sans langue de bois, il l’insultait gratuitement de salope parce qu’elle avait osé le séduire, physiquement parlant, sans avoir de sentiments pour lui. Elle aurait pu répliquer. Lui dire qu’elle aurait aimé savoir qu’il n’était pas du genre connard de première même avec sa meilleure amie. Elle ne disait pourtant rien, elle s’en mordait la langue et ne marmonnait que quelques mots. « Je vais faire semblant de n’avoir rien entendu et mettre ça sur le dos de ta colère, tristesse ou déception. Appelle ça comme tu veux. » Clairement, elle ne voulait pas retenir de choses comme ça venant de lui. Il n’avait pas idée comme à chaque fois qu’il faisait ce genre de chose – l’insulter, l’ignorer, la menacer – il la brisait un peu plus et ne faisait que lui donner raison sur son envie de ne pas aller plus loin dans leur relation pour ne pas finir par en souffrir. Il lui faisait du mal et ne faisait qu’en rajouter une couche à lui faisant porter le poids de son cœur brisé sur les épaules. Il la rendait fautive de tout en plus de faire d’elle la méchante de l’histoire qui s’en amuse. Bien sûr qu’elle comprenait qu’il ait besoin d’évacuer la peine qu’elle venait d’engendrer mais il n’était pas question de le laisser dire des choses pareilles sans piper mot – bien qu’avant de dire quoi que ce soit, elle prenait trois secondes pour ramasser la bague et la garder dans la paume de sa main. « Non mais je rêve putain ! Dites-moi que je rêve ! » Bon, peut-être que cette fois, quelques personnes l’avaient certainement entendue.

Jo en fuite vers le bar du mariage, Deborah était sur ses talons, ne lui laissant pas le temps d’atteindre son objectif qu’elle attrapait sa main et le tirait avec assez de force pour le stopper dans sa course et le faire de nouveau pivoter vers elle. « Arrêtes de fuir putain, sois un adulte pour une fois ! Qu’est-ce que tu aurais voulu que je fasse en moins pour que tu ne sois pas amoureux, hein ? Dis-moi vas-y ! Il aurait fallu que j’arrête de t’écrire dès le début ? Que je ne vienne jamais te chercher à ta sortie et que je te laisse crever dans la rue parce que tu aurais été SDF ? Que je fasse la même chose quand tu étais comme un con en crise de panique pendant une rave ? Tu aurais préféré que je te laisse dans ta merde et que je n’essaie pas de te rendre la vie plus facile au quotidien, que je ne tente pas de t’en sortir ? Excuse-moi d’avoir essayé d’être la meilleure amie possible pour toi, vraiment ! Pardon de me soucier de toi et de me faire un sang d’encre parfois comme n’importe quel ami le ferait ! Pardon d’avoir pardonné l’impardonnable par moment, vraiment désolée ! » Elle en devenait méchamment ironique mais elle était fatiguée de tout faire pour lui et qu’il en vienne à lui reprocher. C’était douloureux parce qu’à chaque fois qu’elle essayait de faire les choses bien pour lui, elle avait toujours la sensation d’aggraver les choses. « Et ne déforme pas mes propos. Je ne t’ai pas demandé de ne pas t’en aller, j’ai même dit que je comprendrais si tu en as besoin. Je demande juste à ce que tu sois franc avec moi si tu le fais. Je ne veux pas rentrer chez moi un beau jour et découvrir ta chambre vide, tes affaires envolées et ne plus jamais avoir de nouvelles ensuite. » Est-ce que c’était vraiment trop demandé que d’être là s’il s’en va ? Que de ne pas le savoir dans la nature sans rien pouvoir lui parler, sans savoir où il est ? Elle en venait à se demander si elle n’était pas juste de trop dans son entourage tant ils étaient différents dans leur façon de penser.

Et s’il avait raison ? Si c’était le cas ?
Et s’ils n’auraient jamais dû être amis pour s’éviter tout ça ?
Et si son cœur était brisé aussi ce soir ?


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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptySam 1 Jan 2022 - 3:15

Il ne voulait pas les entendre les raisons parce qu’il les connaissait déjà. Maintenant que Deborah les a énumérées à voix hautes, elles sont réelles. Il est malade, menteur, impulsif, il brise tout ce qu’il touche, il va bientôt crever alors qu’il n’a pas encore quarante ans. Il ne vivra jamais les histoires d’amour autrement qu’en dévorant des bouquins. Il pensait pouvoir s’en satisfaire, des romances qui ne le concernent pas mais qui le font rêver, mais plus les années passent et plus il réalise qu’il ne sera jamais été complètement heureux.

Et s’il avait besoin d’une femme à embrasser, à enlacer, à caresser, à gâter, à aimer, pour se mettre à s’aimer lui-même et à protéger son propre corps du poison qu’il ingère allègrement sans plus compter les quantités ? « Je ne t’aime pas sur ce plan-là parce que, pour une fois, j’ai été égoïste dans notre amitié et je me suis protégée. » Il la comprendrait si le trop plein d’émotions qui boue en lui ne l’empêchait pas de penser à plus loin que ses orteils. Comme d’habitude, parce qu’il est soupe-au-lait et parce que son corps réclame constamment des remèdes empoisonnés à ses maux, il sent la colère lui monter dans les yeux. Impossible pour lui de réfléchir alors les mots lui sortent de la bouche et il les regrettera plus tard. Il l’insulte gratuitement alors qu’il sait pertinemment que lui-même aurait profité des plaisirs de la chair si ces derniers ne réactivaient pas ses instincts auto destructeurs. Ils sont humains et c’est ce que la majorité des humains fait. « Je vais faire semblant de n’avoir rien entendu et mettre ça sur le dos de ta colère, tristesse ou déception. Appelle ça comme tu veux. » Il appellerait ça la rage car il se sent comme un renard malade et baveux qui tente de se ronger la patte pour se sortir d’un piège à ours. Cette fois, il a besoin de la clef de l’automobile pour récupérer son sac à dos mais il ne donne pas à Deborah le mérite de lui prouver qu’il n’est qu’un cadavre qui a gardé ses quelques couleurs. Il jette son dévolu sur l’alcool parce qu’il paraît que cette drogue-là est universellement acceptée. « Non mais je rêve putain ! Dites-moi que je rêve ! » Il se crispe en l’entendant et quelques yeux se tournent vers eux, lui donnant la dernière impulsions dont il avait besoin pour se lever et mettre de la distance entre lui et la jeune femme.

Impossible de le faire retomber sur Terre, il ignore toute l’attention que la querelle lui a attiré et, juste avant de disparaître dans la foule en ayant pour cible le bar extérieur, Deborah lui attrape la main. Elle lui déboite presque l’épaule, visiblement poussée par l’adrénaline, et elle lui vomit tous les mots qu’elle a sur le cœur. Le visage du garçon se couvre larmes au fur et à mesure qu’elle lui rappelle toutes les épreuves qu’il a traversées en sortant de prison, quand il avait enfin sa seconde chance qu’il a écrasée avec sa semelle comme s’il ne s’agissait que d’une cigarette. Il a merdé, il le sait, depuis toujours, depuis qu’il a sauté tête première dans la rivière pour chasser les grenouilles, depuis qu’il a copié les gestes d’Alfie et écouté ses idées ravageuses, depuis qu’il a quitté sa sœur pour la laisser seule avec un diable et un fantôme, depuis qu’il a fait une croix sur son éducation, depuis qu’il s’est laissé manipuler comme une marionnette, depuis qu’il s’est laissé contrôler par un sachet de poudre, des centaines, même, depuis qu’il est tombé amoureux de celle qu’il ne cesse de blesser. « Pardon d’avoir pardonné l’impardonnable par moment, vraiment désolée ! » Cette dernière phrase résonne dans son crâne pour faire encore plus dégâts. Il secoue la tête en tentant de s’en débarrasser mais le geste ne fait qu’empirer sa migraine et ses traits étirés en une grimace démolie. « Et pardonne-moi d’avoir répondu à ces lettres, j’aurais pas dû t’imposer ça. » La phrase lui sort du cœur, pas de la bouche. C’est vrai. C’est lui le coupable. Elle ne savait pas qu’elle tomberait sur un homme impossible à aimer qui ne lui apporterait pas assez de positif pour compenser au négatif. Oui, parfois il peut la faire rire, parfois il peut transformer ses soirées ennuyantes en soirée karaoké improvisée, mais le jour suivant il frôlera la mort, le jour suivant il passera près du commissariat la tête basse et la moue fautive, et le dernier il crèvera pour vrai et il n’aura pas le choix, cette fois. « Et ne déforme pas mes propos. Je ne t’ai pas demandé de ne pas t’en aller, j’ai même dit que je comprendrais si tu en as besoin. Je demande juste à ce que tu sois franc avec moi si tu le fais. Je ne veux pas rentrer chez moi un beau jour et découvrir ta chambre vide, tes affaires envolées et ne plus jamais avoir de nouvelles ensuite. » Ses yeux n’arrivent plus à se souder à ceux de Deborah. Il regarde ailleurs, tout sauf elle, pour ne pas avoir à lui donner une réponse. La foule s’est éloignée d’eux pour les laisser dans leur petit cercle. La musique ne s’est pas arrêtée mais des murmures s’élèvent d’une paire de lèvres à une paire d’oreille et Joseph se sent terriblement intimidé. Tous ces gens sont magnifiques et vivants. Les joues sont rougies par l’alcool et l’amusement, les siennes sont blanches et cireuses. Le cœur  est à la fête et le sien a complètement fondu comme une glace au soleil. Sa tête lui tourne. Il ne sait pas quoi faire. Il rêve à la voiture et à son sac rempli de magie. Il rêve à la ruelle où on le laisserait tranquille, où on cesserait de le dévisager parce que là-bas il se fond au décor. Mais il n’a toujours pas la force de donner raison à la jeune femme. « J’sais pas c’que je fais. J’ai jamais su. J’ai besoin d’être seul. » Pour réfléchir ? Pour perdre le contrôle ? « Lâche, moi, putain ! » Et il reprend sa main pour mieux fuir, incapable de soutenir une seconde de plus tous ces regards rivés vers eux parce qu’ils sont deux clowns. Avec un peu de chance, il a assez d’argent dans son portefeuille pour acheter sa propre bouteille d’alcool en chemin. Ainsi, il pourra être ridicule devant aucun public, et personne ne pourra se dire que, au moins, il y a pire qu’eux dans la vie.  

L'amour paraissait plus désirable dans les livres.

@Deborah Brody Bonne année surtout :face:
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyDim 23 Jan 2022 - 21:57

A bout. Il la poussait à bout à chaque fois. Elle l’avait déjà frappé, elle avait déjà hurlé, elle avait pleuré des dizaines de fois et elle pardonnait tout le temps. Idiotie ou sincère envie de croire en cette flamme jumelle, peu importait la raison, ça la brisait toujours plus qu’ils en soient arrivés là, à ne plus savoir se comprendre et s’entendre et aujourd’hui, c’était elle qui faisait couler les larmes de Joseph, supportant mal cette idée. Lui laissait-il seulement le choix ? Quand il fuit, quand il raconte de la merde, n’avait-elle pas le choix que de lui mettre ses quatre vérités en face ? S’il fallait qu’elle se fasse entendre de tous pour qu’il puisse lui-même comprendre, elle n’hésitait pas une seconde. La colère dans la voix, les éclats des constats étaient piquants mais ils étaient bien réels, ravivant chez Keegan des souvenirs qu’on aimerait sûrement enterrer et qui faisaient tout ce qu’il était aujourd’hui : cette poupée de cire aux couleurs ternies par le temps et les mauvais choix. Elle détestait devoir faire ça parce qu’elle ne supportait pas de lui faire du mal mais il n’était plus question de le laisser lui faire porter le chapeau sans raison valable. Elle avait tout fait pour lui, dans la mesure du possible qu’elle pouvait lui donner sans trop en pâtir de son côté – loupé – et elle ne pouvait plus supporter de le voir utiliser son dévouement comme argument destructeur, comme excuse à son comportement. Sa faute, à elle, s’il était tombé amoureux ? Peut-être, oui mais davantage sa faute, à lui, si elle s’interdisait de l’aimer trop fort en retour. Si elle connaissait son histoire, il connaissait tout autant la sienne, y compris cette peur viscérale de la souffrance possiblement engendrée par l’amour – ou plus précisément par un amour toxique, un amour fini et perdu, un amour désabusé ou tout à la fois. En connaissance de causes, comment pouvait-il imaginer qu’elle se laisserait glisser sur ce terrain avec lui quand, à l’heure actuelle, ils se détruisaient autant sans même parler de sentiments amoureux ? La vie de Joseph était trop fragile pour la lier à la sienne au-delà de cette amitié qui leur faisait déjà tant de mal quand elle était ébranlée. Comment l’aimer en le regardant se tuer ? Elle en était incapable et elle refusait d’être désolée pour ça, d’être désolée d’avoir fait ce choix en taisant ce qui était né autrefois, quelques années dans le passé.

Elle était pourtant désolée d’apprendre qu’il l’était lui-même. Il lui coupait le sifflet parce que ça l’attristait d’apprendre qu’il se pensait imposer à elle. Jamais elle ne l’avait considéré comme un boulet dans sa vie, même dans les pires épreuves qu’ils ont pu traverser et surmonter. « Tu n’as rien imposé du tout. » Disait-elle dans un murmure presque inaudible. Ne le voyait-il donc pas, cet amour qu’elle avait pour lui quand bien même il n’était pas le même que le sien ? Ne le voyait-il donc pas qu’il ne s’imposait pas parce qu’elle l’acceptait tel qu’il était, parce qu’elle savait ce qu’il valait sans cette foutue drogue de merde ? Ne le voyait-il donc pas qu’elle s’imposait les choses elle-même parce qu’elle le voulait bien et non parce que lui-même le faisait ? Elle était là parce qu’elle avait décidé de l’être, point final. Alors, dès lors qu’il arrachait sa main de la sienne pour mieux prendre la fuite de nouveau, elle ne le suivait pas et se contentait de respecter le sien, de choix. Elle le laissait s’en aller quand tous les regards se tournaient dorénavant vers elle et que le sien se posait dans celui de la mariée, son amie, s’excusant à demi-mot avant de s’éloigner de la foule à son tour.

*Cinq jours plus tard*

Ses talons dans les mains, Deborah poussait la porte de son appartement qu’elle trouvait bien vide ces derniers temps. Joseph avait littéralement disparu depuis le mariage d’Anna, ou presque. Elle voyait bien quelques objets bouger de temps en temps, signe de son passage rapide dans l’appartement et parfois il laissait même un chaton, dont elle ignorait l’histoire et le prénom, pour mieux le récupérer quand elle n’était pas là. Par conséquent, elle-même avait tendance à fuir les lieux, peu encline à se retrouver seule entre ces murs, rongée par le regret de lui avoir demandé de l’accompagner avec elle au mariage. Peut-être que sans ça, il n’aurait pas osé lui avouer quoi que ce soit et leur amitié serait toujours intacte. C’était égoïste de penser ainsi, elle s’en rendait bien compte, mais putain ce qu’elle détestait cet appartement sans lui ! Elle ne serait certainement pas revenue ici ce soir si elle n’avait pas eu une urgence de fille et le besoin express de rentrer à la maison après sa soirée avec Camil.

Sans conviction, elle laissait tomber ses talons dans le couloir et après un rapide passage aux toilettes, elle prenait la direction de la salle de bain dans l’objectif de s’y démaquiller, commençant déjà à se déshabiller en tirant sur la fermeture éclaire de sa robe. Ses gestes furent suspendus quand son œil habitué à l’obscurité trouvait une nouvelle source de lumière. Quelques rayons de lune se faufilaient par la porte entrouverte de la chambre de Joseph. Il était là. Elle le savait parce qu’elle laissait toujours cette porte fermée dans l’espoir idiot de l’entendre grincer dans la nuit si jamais le brun rentrait à l’improviste pour venir passer la nuit. Sa présence ici ce soir ne faisait qu’affirmer ce qu’elle pensait : il attendait son absence pour venir, il l’évitait par tous les moyens possibles. Le cœur pincé à cette idée, elle passait son chemin sans le déranger dans son sommeil pour terminer sa routine du soir.

Ce n’était que quelques minutes plus tard, une fois glissée dans son lit qu’elle se mettait à hurler en sentant quelque chose toucher ses pieds, les retirant rapidement… trop peut-être. Le chaton de Joseph, toutes griffes dehors sous la peur du cri de la brune, s’était agrippé à son bas de pyjama, volant quelques mètres plus loin sous l’impulsion du geste… Heureusement que les chats, chatons compris, retombaient toujours sur leurs pattes – et qu’il n’avait rien percuté dans son vol plané. « Oh putain ! » Naturellement inquiète pour le chaton, Deborah avait allumé la lumière et s’était précipitée sur lui, l’attrapant entre ses mains pour constater qu’il n’avait, heureusement, rien. « Pardon, pardon, pardon, pardon… » quelques dizaines de pardons accompagnés d’autant de bisous ponctuaient l’ouverture de sa porte dans l’objectif d’aller le remettre dans celle de Joseph… mais c’était sans compter sur le fait de se cogner littéralement à Joseph en y arrivant, tous les deux bien trop habitués à se déplacer dans l’obscurité. Sur le coup, son cœur loupait un battement de surprise, sa silhouette se dessinant sous la lumière de la lune. « Désolée… je voulais pas te réveiller, il m’a surprise et je voulais juste… » te parler, se réconcilier quand ses gestes disaient le contraire parce qu’elle s’évertuait à respecter son envie, à lui, de ne pas la voir. « … le remettre dans ta chambre. » Sans attendre plus longtemps, elle déposait le chaton entre ses mains. Elle devrait s’en aller, retourner dans sa chambre… pourquoi ne le fait-elle pas ?

@Joseph Keegan
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptySam 19 Fév 2022 - 16:18

Demandez à un chaton assoiffé de retirer sa tête d’une flaque d’eau : il lutera pour s’abreuver davantage. Il se souillera le poil, tendra sa langue plate le plus loin possible en battant des pattes et des griffes, défiera sa peur d’être trempé et oubliera le poids de l’eau qui tire sa fourrure vers le bas. Il fera tout pour goûter une dernière fois parce que l’instinct de survie de tous les animaux est encré dans leurs gênes comme un tatouage indélébile.

Mais, de l’eau, Joseph peut en trouver en tournant la tête dans n’importe quel sens cardinaux. Il y a ce bar forgé de briques qui se dresse juste sous ses yeux, mais gardé par un homme plus baraqué que lui qui le regarde d’un mauvais œil, le croyant déjà assez bourré alors qu’il n’est que fou amoureux. Il y a cette supérette qui fermera ses portes dans une quinzaine de minutes puisque la nuit s’est avancée au même rythme que Joseph a traversé la ville. Mais le garçon a beau sentir sa langue rauque et sèche contre son palet, il n’a pas la force de faire une pause. Il a besoin de marcher encore et encore, de s’éloigner de la source de ses peines. Il ne pourra jamais en vouloir à Deborah de ne pas partager ses sentiments, il peut seulement tenter de tourner la page, peut-être en faisant un trait sur elle le temps que ses émotions se démêlent, ou alors le temps qu’il s’empoisonne la tête en piquant son bras, ou plutôt l’intérieur de sa cheville pour disperser la voie lactée de cicatrices qui parsème son corps. Seulement, son sac et sa dope, ils sont restés dans la voiture de son amie et il n’est pas question de faire demi-tour et de supporter à nouveau son regard désolé. Il n’y a rien au monde que Joseph déteste plus que la pitié. Il ne fait pas pitié. Il est seulement complètement débile. Paraître idiot lui plaira toujours plus que d’être la mascotte de la charité.

Il s’arrête enfin dans une ruelle dont le sol imparfait n’avait jamais accueilli sa bile – à moins que Joseph ait été trop drogué pour se rendre compte que son estomac se vidait sur celui-ci. Sa cheville se tord quand il piétine le rebord d’un trou plus profond qu’il ne l’aurait cru et il tombe lourdement, sa paume arrêtant sa chute non sans se faire percer par des dizaines de petits gravillons pointus. La douleur lui rappelle celle de ses jeux de gamin, quand il courait après sa sœur dans la cour de récréation pour lui tirer les cheveux, parce qu’Alfie lui avait demandé de le faire. Seulement, ce soir (ou cette nuit ?), il n’y a personne pour donner des ordres à Joseph alors il se perd à nouveau dans ses pleurs. Il essuie grossièrement sa main éraflée sur son jean déjà sale et se serre la tête entre les poignets pour exercer une pression assez importante. C’est plus agréable de souffrir de cette façon. Un gémissement de colère s’échappe froidement de ses lèvres et, quand il relève la tête après avoir entendu un petit couinement inoffensif dans la ruelle, son corps entier se fait traverser d’une vague chaude qui le détend complètement. Son regard s’accroche à celui du petit chaton qui le fixe comme s’il avait un morceau de lard ou de poulet à lui tendre. « Hey… » Il murmure en tendant sa main vers lui. Le minuscule félin à la robe tachetée hésite un moment et, après avoir flairé l’air, s’approche de l’inconnu pour renifler son doigt. Il lui caresse le bout du nez, humide comme le reflet de la lune dans un lac, et un sourire contemplatif efface la moindre trace de douleur dans son visage. Un cœur d’enfant dans un grand corps malade.    

Cinq jours plus tard.

Joseph n’aurait pas pu trimbaler tous ses biens dans son sac à dos parce que, depuis qu’il avait une chambre dans l’appartement de Deborah, il avait pu s’acheter de nouvelles fringues, de nouveaux produits de soin, même une autre paire de chaussures dont il était terriblement fier. Ainsi, de temps en temps, il passait chez elle en plein milieu de la nuit ou au milieu de la journée, quand il savait que son amie ne serait pas là. Dans l’incapacité de ramener Stéphane à la Ruche (pour des raisons évidentes), il le laissait parfois à l’appartement en espérant que Deborah ne se pose pas trop de questions ou, pire, ne le jette pas à la porte en pensant qu’il ne s’agit que d’un chat perdu.

Ce soir-là, Joseph décide de s’offrir le luxe d’une véritable nuit de repos (même s’il ne dort jamais plus que quelques heures). Quand rentre, il ne voit pas la jeune femme et cette dernière n’avait pas montré le moindre signe de vie avant minuit. Ainsi, il avait décidé de se faufiler jusqu’à la salle de bains, de se doucher correctement, même de passer un peigne dans ses cheveux avant d’y refoutre le bordel parce qu’il ressemblait à un homme d’affaire trop propre. Vers onze heures, il fume un joint, posé contre la fenêtre pour envoyer l’odeur de cannabis à l’extérieur et une vingtaine de minutes plus tard, il arrive à s’assoupir dans un sommeil léger, très léger, trop léger et, pour cette raison, quelques temps plus tard, il entend son amie rentrer. Il reste silencieux sous ses couvertures en fixant la porte de sa chambre, prêt à bondir sur ses pieds au moindre grincement. Non. Il ne voulait pas la voir. Elle lui faisait mal sans le vouloir.

Un cri d’effroi le redresse hors de son lit mais Joseph est rapidement rassuré lorsqu’il entend à nouveau la voix de Deborah. Elle s’excuse à voix basse, certainement à Stéphane, parce qu’elle utilise le même ton qu’elle utiliserait pour parler à un enfant. Curieux, et pour s’assurer que son chat n’a pas trop souffert, il s’approche de la porte de sa chambre pour y coller son oreille mais, bien rapidement, le battant de celle-ci se colle à sa poitrine et il se recule en lâchant une sorte de plainte surprise. « Désolée… je voulais pas te réveiller, il m’a surprise et je voulais juste… » Il garde la tête baissée pour ne pas voir les yeux noisette qu’il aime trop, et qu’il ne devrait pas aimer. « … le remettre dans ta chambre. » Il hoche de la tête et accueille le chaton dans ses mains. Il s’assure, distraitement, qu’il n’est pas blessé. Machinalement, il se met à appuyer sur sa patte molle afin de masser ses coussinets. Aussitôt, Stéphane se met à ronronner. « Tu m’as pas réveillé, t’inquiète. » Il glousse, conscient qu’il s’agit d’une phrase qu’il dit trop souvent. Après avoir pris une grande inspiration épuisée, il marmonne : « Stéphane t’a fait une frayeur, alors ? » Il est parfois rusé et coquin. « Rassure-moi, c’est pas la première fois qu’tu l’vois ici ? » Parler du chat, c’est bien. C’est plus facile. Après, ils pourront aussi parler de la météo, pourquoi pas.    

@Deborah Brody I love you
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. EmptyMar 1 Mar 2022 - 18:01

Elle n’aimait pas cette sensation qui la prenait aux tripes : la gêne. Face à lui, elle était gênée, elle avait la sensation de faire face à un hiver russe. Elle voulait tellement lui parler mais aussi respecter son désir de ne pas la voir – parce qu’il était évident pour elle qu’il la fuyait comme il l’avait rarement fait. Les sentiments que Joseph éprouvait pour elle étaient comme avoir un cadavre dans le placard. Depuis qu’il l’avait ouvert, ce foutu placard, les choses n’étaient plus les mêmes. Le secret dévoilé, elle avait de la difficulté à en faire abstraction. Alors forcément, face à lui, elle peinait à le regarder dans les yeux tout comme lui fuyait les siens. C’était idiot, ils avaient l’air de deux adolescents incapables de se parler et peut-être qu’au fond, c’était le cas. Quand elle lui rendait son chaton, elle se rendait bien compte que c’était le moment de fuir et de retourner dans sa chambre. Pourtant, elle avait l’air grec à ne pas savoir bouger de là, bien incapable de partir à la française et de faire semblant de rien. A l’instant même où elle se mordait l’intérieur des joues et qu’elle s’apprêtait à retourner dans sa grotte, Joseph la questionnait sur Stéphan. « Non, c’est pas la première fois que je le vois... cela dit, il m’a fait flipper la première fois aussi. » lançait-elle en octroyant une gratouille rapide sur le haut du crâne de l’animal en pleine séance de ronronnements contre le brun. « Je m’attendais pas franchement à sentir un truc se frotter ma cheville à peine le seuil de la porte passé. » Elle avait tellement peu l’habitude de regarder le sol qu’elle avait même failli lui marcher dessus. Heureusement ce n’était pas le cas et aujourd’hui elle y prêtait davantage d’attention. « J’ai même déjà craqué en lui achetant une espèce de jouet avec une plume et un grelot au bout pour qu’au final son jouet préféré soit un bout de ficelle quelconque. » Elle parlait trop, signe évident d’un stress que son inconscient cherchait à camoufler.

Elle n’avait à présent plus rien à dire sur le chat et elle se sentait bien bobet à ne plus savoir quoi lui dire. Alors instinctivement, elle se reculait un peu et désignait rapidement le couloir qu’elle s’apprêtait à emprunter. « Je vais me chercher de l’eau, tu veux un truc ? » demandait-elle alors que ses pas la menaient déjà vers la cuisine. Là où même le lilas blanc avait une ombre, Deborah faisait du mal à Joseph malgré elle, simplement par sa présence. Pourtant elle n’avait pas su s’empêcher de lui poser une question qui demandait une réponse. Une façon simplette mais efficace de garder une forme de contact. Quand bien même sa réponse pourrait être négative, c’était une façon pour elle de s’assurer que la conversation n’allait sûrement pas s’arrêter là. Mais allait-elle avoir la force de l’affronter ? Elle n’avait pas envie de se battre avec lui, elle n’avait pas envie de le faire fuir non plus. Face au frigo qu’elle n’avait pas la force de fermer – parce que ça voudrait dire qu’elle n’avait plus rien à faire à la cuisine et qu’elle devait retourner sur ses pas – elle se pinçait les lèvres d’une hésitation visible jusqu’à la jointure de ses doigts blanchie par la pression qu’ils exerçaient sur la poignée du frigo. Attrapant une petite bouteille d’eau – ou deux selon la réponse que Joseph lui avait donné – elle se retrouvait de nouveau dans l’obscurité de l’appartement en fermant la porte du frigo, prenant son courage à deux mains pour retourner dans le couloir. Peut-être que la pénombre allait aider parce qu’elle n’aurait pas à affronter directement dans son regard céruléen où elle se perdait trop souvent. « C’est égoïste si je te dis que j’ai pas envie que ça continue de se passer comme ça hein ? » La façon qu’il avait de l’éviter, cette incapacité qu’ils avaient à se parler naturellement. Pour sûr qu’il savait de quoi elle parlait alors qu’elle avait la sensation d’être la seule à ne pas vouloir de ça. « Est-ce que tu es mieux quand je suis pas là ? » Une question dont la réponse pouvait être douloureuse, elle le savait bien mais elle avait besoin de savoir.

@Joseph Keegan
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