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 Color my life with the chaos of trouble.

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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. - Page 2 EmptySam 19 Mar 2022 - 19:35

Ce qui est bien avec les chats, c’est qu’ils ne font l’expérience que de seulement quelques émotions. Ils connaissent la peur, la joie, l’excitation… Mais rien d’assez développé pour commencer à en vouloir à un être humain au point d’avoir besoin de le quitter. Quand Stéphane est tombé sur Joseph dans la ruelle, cette nuit-là, il ne s’est pas demandé quel genre d’homme il était. Il s’est approché de lui, ne s’est posé aucune question. Il ne l’a pas regardé avec dégoût ou pitié. Il a ensuite accepté de se faire porter par ses deux mains fatiguées et a ronronné sur toute la durée du trajet jusqu’au-dessous d’un toit sous lequel dormir. Les amitiés avec les animaux sont tellement plus simples.

La vérité, c’est que Joseph a pris goût à ce genre de relation. Stéphane lui arrache constamment des sourires et même s’il laisse traîner des poils derrière lui, il s’est terriblement attaché à ce tout petit truc à quatre pattes. Il n’est pas timide en sa présence, il ne le fuit pas, ils ne discutent pas et évitent donc les sujets tabous. Avec Deborah, c’est différent. Sa simple présence dans l’appartement, devant lui, lui noue les tripes et assèche sa bouche. Il décide de parler de Stéphane parce que c’est beaucoup plus facile que de ramener ce mariage qui s’est terminé en douche froide. « Non, c’est pas la première fois que je le vois... cela dit, il m’a fait flipper la première fois aussi. » La main de la jeune femme qui s’approche du chaton pour le caresser provoque un choc électrique dans la colonne vertébrale de Joseph qui détourne les yeux. Elle est si près de lui et pourtant si loin. Il n’était pas prêt à la revoir. Il ne pensait d’ailleurs pas l’être dans un futur rapproché. « Je m’attendais pas franchement à sentir un truc se frotter ma cheville à peine le seuil de la porte passé. » Le sourire qu’il esquisse est terriblement fade. Il évite soigneusement le regard de Deborah. Il ne la déteste pas, mais c’est tout comme. Il ne pourrait jamais se résigner à lui en vouloir réellement. Ce n’est pas sa faute si les sentiments ne sont pas réciproques. Hélas, Joseph a beau se répéter cette phrase dans sa tête jour et nuit, il n’arrive pas à comprendre pourquoi le vent qu’il s’est pris était aussi magistral. Il pensait qu’ils avaient quelque chose. Elle était la seule à accepter sa réalité sans tenter de faire de lui l’homme qu’il n’est pas et qu’il ne sera jamais, trop taché par son passé sale. « J’ai même déjà craqué en lui achetant une espèce de jouet avec une plume et un grelot au bout pour qu’au final son jouet préféré soit un bout de ficelle quelconque. » Il opine. « Ouais. J’ai vu. » Le jouet qui traîne dans le coin du salon sans jamais attirer l’attention du félin trop occupé à chasser des mouchoirs, des trombones ou les rideaux. Joseph et ce jouet se ressemblent beaucoup au fond : ils amassent la poussière sans attirer l’attention. C’est une jolie métaphore qu’il pense mais ne soulèvera pas. S’il est du genre à se replier sur lui-même dans les moments difficiles, il ne fera jamais part de ses problèmes à voix haute. C’est lui contre le reste du monde. Ça l’a toujours été. Deborah aura été une bonne partenaire de crime au cours des dernières années mais la page est tournée, Joseph pense, toujours trop affecté par l’échec cuisant de sa déclaration d’amour. Il ne faut pas lui demander de raisonner correctement pour le moment. La claque est trop fraiche dans ses souvenirs qu’il sent encore son pincement sur sa joue. C’est pour cette raison qu’il n’arrive pas à alimenter la discussion. Il est trop fatigué pour le faire. Il s’est lié d’amitié avec le silence. « Je vais me chercher de l’eau, tu veux un truc ? » Seulement quand la jeune femme a le dos tourné, il relève les yeux pour la regarder rejoindre la cuisine dans la fraiche noirceur de l’appartement. Il veut un truc, oui. Une bouteille de vodka, un autre joint, une ligne, s’endormir, arrêter de penser, oublier Deborah, frôler la mort sans jamais la rencontrer réellement, expérimenter de nouvelles sensations, sortir de sa routine étouffante, se couper les doigts avec une hachette pour déplacer le mal… « De l’eau aussi. Merci. » Il pourra l’avaler en une gorgée et retourner d’enfermer dans sa chambre après, pas vrai ?

Joseph en est dorénavant certain : quelqu’un d’autre est en train d’écrire sa vie actuellement parce que jamais il n’aurait laissé la discussion avec Deborah se prolonger. Il s’accroche à Stéphane comme à une bouée en la rejoignant à mi-chemin et attrape la bouteille qu’elle lui tend. Incapable de laisser partir son chaton, il ne fait que la tenir dans sa main libre sans jamais en dévisser le bouchon. « C’est égoïste si je te dis que j’ai pas envie que ça continue de se passer comme ça hein ? » Il ne connait plus la définition de l’égoïsme. Il l’est peut-être lui-même en la privant de leur amitié. Personne n’est tout blanc ou tout noir. Mais, la vérité, c’est qu’il n’a pas le courage de faire comme si rien ne s’était passé. Il ne pourrait pas le faire sans serrer constamment les poings ou se tordre les membres dans tous les sens sous la nervosité et l’inconfort. Il souffre déjà assez en s’empêchant de trop approcher la jeune femme pour sentir son odeur ou sa chaleur. Qu’est-ce que c’est chiant, l’amour. « J’sais pas. » Au moins il ne se cache pas derrière une fausse confiance en lui : il est tout aussi perdu qu’elle, sinon plus. « Est-ce que tu es mieux quand je suis pas là ? » « C’est ton appartement. Tu viens quand tu veux, j’ai pas mon mot à dire. » Il lance aussitôt avant de capter son regard une seule seconde pour comprendre que ce n’est pas la question qu’elle posait. Un soupir gonfle ses poumons en même temps qu’il déglutit. Stéphane lâche un roucoulement qui le détend et l’incite à continuer : « Je suis mal à l’aise maintenant qu’t’es là, ouais. Si c’est c’que tu veux savoir. J’veux pas revenir sur le sujet. J’ai compris que j’me suis fait des idées, et j’suis désolé d’t’imposer ça. Mais j’suis pas prêt à redevenir ton… ton ami. Pas tout de suite. » Il murmure à la fin, faisant craquer la bouteille de plastique entre ses jointures serrées. « J’sais pas quand j’le serai. » Il se racle la gorge, scrutant les épaules de Deborah dans le noir. « Alors… Eum… » Laisse-moi tranquille s’il-te-plaît.


@Deborah Brody I love you
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Message(#)Color my life with the chaos of trouble. - Page 2 EmptyMar 26 Avr 2022 - 3:55

Aller chercher de l’eau à la cuisine. Belle excuse pour fuir une conversation à sens unique qu’il avait pourtant entamé. Il aurait pu simplement prendre le chat, lui souhaiter une bonne nuit et fermer de nouveau la porte de sa chambre. Et pourtant, il l’avait interpellé, peut-être inconsciemment, en parlant du chat. Discussion banale mais qui créait le lien instantanément. Pourtant les mots étaient fades, pas vraiment enthousiastes à l’idée de se parler et Deborah l’avait bien compris. Alors elle était partie à la cuisine se chercher une petite bouteille d’eau, peut-être qu’elle lui donnait là l’occasion de fuir mais maintenant qu’il avait établie le lien, c’était elle qui peinait à vouloir le rompre. Ces derniers jours avaient sonné creux. Il s’était éloigné d’elle, l’évitait carrément et si elle pouvait complètement le comprendre compte tenu de ce qui s’était passé, elle ne pouvait pas non plus ignorer la douleur que c’était de voir son meilleur ami s’éloigner. Ce n’était la faute de personne, la vie était ainsi faite et les années faisant, les emmerdes avec, elle allait jusqu’à se demander pourquoi elle l’aimait autant s’ils étaient toujours amenés à se déchirer à un moment. Eternel recommencement, l’histoire se répète, les leçons sont apprises mais jamais suffisantes. Il y avait toujours quelque chose de travers entre eux. Et si les sentiments qu’il avait pour elle étaient la goutte d’eau d’un vase déjà trop plein ? est-ce qu’elle avait elle-même fait une erreur en éteignant les siens il y a des années de cela pour se préserver d’une catastrophe qu’elle avait comprise évidente ? Et s’ils n’étaient juste pas faits pour se fréquenter aussi intensément ? Trop de questions qui ne trouveraient pas de réponses mais qui trottinaient dans son esprit par moment. C’était peu dire que d’affirmer qu’elle était lassée. Pas de lui. De cette incapacité qu’ils ont de réellement se retrouver, comme avant. Quand une lueur d’espoir venait les saisir, un vent glacial la balayait toujours et ils se déchiraient de nouveau.

Alors elle osait. Elle posait enfin la question. Est-ce qu’il se sentait mal quand elle était là ? est-ce qu’il était mieux quand elle n’était pas à ses côtés ? Elle savait que c’était à ses risques et périls de poser une telle question mais elle avait besoin de savoir pour se placer correctement, pour ne pas le blesser plus qu’elle ne l’avait déjà fait, quitte à se mettre définitivement de côté jusqu’à ce qu’il soit prêt à revenir vers elle sans souffrir. Elle n’avait même pas besoin de répondre quand il commençait à détourner la question. Il comprenait par lui-même, en un seul regard, qu’elle voulait une réponse sérieuse, plus de faux semblants. Au fond, elle se doutait, pas vrai ? Comment cela pouvait-il en être autrement ? Bien sûr qu’il ne se sentait pas bien quand elle était là et même si elle l’avait prédit, ça faisait mal de l’entendre. La pénombre lui permettait aisément de cacher sa peine, les ronronnements du chat et le bruit des bouteilles de camoufler ce soupir qui lui permettait de reprendre constance et de ne rien laisser transparaitre dans sa voix. « Je comprends... j’vais sûrement pas quitter ma chambre de la nuit et je me lève tôt demain alors… tu as pas à t’en faire, tu peux te reposer sur tes deux oreilles, on ne se croisera pas. » Ni ce soir, ni demain matin et elle savait d’avance que lorsqu’elle reviendrait chez elle demain soir, il ne serait plus là. « Tu sais que ta chambre ne bougeras pas de toute façon alors fais comme tu le sens dans les prochains jours… semaines ou je sais pas. » Le temps qu’il lui faudra pour revenir. Elle n’imposait pas, plus maintenant. S’il voulait partir, elle ne l’empêcherait pas. « Bonne nuit Jo. »


FIN DU SUJET
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