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 (alfly #6) under the stars and stripes

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyJeu 20 Mai 2021 - 2:42

Depuis quelques jours, Lily tente de glaner des informations auprès des parents Maslow pour savoir quelles sont leurs friandises favorites. Elle qui adore passer du temps derrière les fourneaux, elle serait plus qu’heureuse de cuisinier pour eux, surtout après tout ce qu’ils ont fait et continuent de faire pour elle. Après tout, c’est grâce à eux qu’elle a son travail dans la pharmacie familiale et qu’elle a pu valider ses études. Ils lui offrent une certaine stabilité et, à son âge, elle sait à quel point elle est chanceuse de pouvoir en jouir. Ce n’est pas donné à tout le monde de déjà mener la vie parfaite à vingt trois ans, laquelle va même jusqu’à comprendre un petit-ami avec lequel elle vit et parle prénom de bébé. Si elle a la fâcheuse tendance de mettre des pulls toujours plus larges, ce n’est que parce qu’elle milite pour que ces derniers reviennent à la mode, même dans un pays éternellement étouffant comme l’Australie. Peu importe, cela ne saurait entacher l’éternel sourire de Lily et sa bienveillance à l’égard des clients de toutes sortes. “Je peux vous aider?Toutes, même Alfie dont elle peut reconnaître les cheveux ébouriffés entre mille, sans avoir à observer son visage allant avec. Elle l’a aussi reconnu à sa taille, sa morphologie, ses habits… particuliers? et tout son comportement allant avec. Dit comme ça on pourrait croire qu’elle le piste depuis des heures mais promis, juré, c’est totalement faux. Elle s’est contentée de jeter un coup d’oeil ou deux en sa direction alors qu’elle servait un autre client, et sans doute en a-t-elle profité pour expédier ce dernier assez rapidement. L’idée de pouvoir échanger quelques mots avec lui dans un territoire qu’elle peut aujourd’hui considérer comme le sien a quelque chose d’assez satisfaisant, surtout si on prend en compte le fait qu’une année plus tôt il était occupé à parcourir le monde plutôt qu’à vouloir prendre de ses nouvelles. Elle ne le dira jamais, bien sûr, mais elle songe encore à la vengeance disproportionnée qu’elle souhaite mettre en place après ces douloureux instants.

Le vouvoiement ne dure pas bien longtemps alors que la jeune femme contourne déjà Alfie et s’impose à ses côtés, chose qu’elle n’aurait jamais osé faire avec n’importe quel autre client. “Ta mère m’a raconté que tu avais un doudou qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui-ci. C’est la raison de ta visite?” Pour quoi d'autre serait-il venu? Ses doigts fins s’enroulent rapidement autour d’une peluche difforme qui consiste pour ainsi dire totalement en un simple bout de tissu. Ils lui ont associé un animal qu’elle n’arrive pas à retrouver mais cela ne l’empêche pas de penser que si elle avait un enfant, elle le lui offrirait. L’idée la plus plaisante reste encore d’imaginer bébé-Alfie baver sur le tissu et pleurer à chaudes larmes dès lors qu’il pensait l’avoir perdu à tout jamais. Cela a tout d’attendrissant aussi, bien sûr, mais il ne faudrait pas que ses pensées en viennent aux oreilles du Maslow. Elle sait qu’il lui fera cher payer cette intrusion dans sa vie privée mais puisqu’elle est lancée, Lily ne peut pas s’empêcher de profiter de son avance sur lui. Bientôt elle n’en aura plus aucune et regrettera amèrement avoir voulu jouer à la plus forte avec lui, quand bien même ses parents y sont allés de nombreuses confidences à son sujet durant les heures creuses. Il devrait savoir qu’elle n’en dira jamais rien à personne et se contentera de jouer avec lui de simples anecdotes; mais ça voudrait aussi dire qu’elle aurait à lui expliquer qu’il compte toujours à ses yeux malgré tout ce qu’il lui a fait (et continue encore de faire) endurer depuis qu’ils se connaissent. Une fois de plus, c’est inimaginable. “Tu peux me le dire si c’est ta madeleine de Proust tu sais, j’ai vu bien pire comme achat.” Fière et amusée, elle y va désormais de son plus grand et étincelant sourire, sa tête brune désormais reposée contre un étalage du petit magasin alors qu’elle agite la peluche sous le nez d’Alfie comme une friandise avec un chien. "Ou tu cherches peut-être des produits contre les mst, champignons, ce genre de choses?" C'est Alfie, après tout. Parler de ce sujet la fait redescendre d'un ton mais même avec le rouge qui lui monte doucement aux joues, elle n'en démord pas.

[profite tant que c'est encore court ]


Dernière édition par Lily McGrath le Lun 7 Juin 2021 - 0:13, édité 1 fois
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyLun 31 Mai 2021 - 19:11


@LILY MCGRATH & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ i know who you are, and i'm never wrong, i believe you're nothing if you think that you are someone, just try and realize that you don't have to lie, everybody's trying to live just one day at a time.

Il n’était pas prévu qu’il fasse plus qu’un passage éclair dans l’enseigne familiale, soigneusement renseigné quant aux horaires de travail de ses parents. Il ne leur avait pas demandé directement leurs plannings, sans quoi ils se seraient interrogés et ne l’auraient pas lâché d’une semelle quant à savoir pourquoi il voulait avoir l’assurance de ne pas les croiser dans leur propre magasin. Ils auraient supposé – et paniqué – à l’idée que les vieux travers de son adolescence soient de retour et que son seul intérêt pour le magasin familial consiste à piquer dans les stocks. À l’époque, il avait mis le droit d’exercer de son père en jeu autant que sa propre santé et même quelques années après, c’est toujours quelque chose sur laquelle les parents Maslow peinent à passer l’éponge ; alors, à défaut, il les nargue quant au fait d’aller faire ses courses chez le concurrent, une enseigne que l’on retrouve dans à peu près chaque grand centre commercial et qui dévore les petits commerçants, les agaçant autant qu’il souligne par là sa compréhension de la situation, même s’il apprécierait que le bénéfice du doute lui soit enfin laissé après tant d’années sans méfaits (ou presque, mais jamais revenus jusqu’aux oreilles de ses parents). Le truc, c’est que chez le concurrent, Alfie n’a pas la possibilité de remplir ses poches sans se soucier des conséquences (pas que ça l’aurait arrêté, ceci dit), tandis qu’entre ces murs, il peut se permettre d’attraper la première sucrerie qu’il voit près du comptoir et s’en empiffrer aussitôt sous le regard d’une Lily qui, par habitude ou par agacement, à l’habitude de surveiller ses faits et gestes et dont il est impensable de manquer l’opportunité de l’énerver, même gentiment (pour l’instant, il sait aussi qu’avec elle rien n’est jamais écrit d’avance et que la satisfaction de la retrouver peut vite se transformer en envie de meurtre difficile à réprimer). Un sourire aux lèvres tandis qu’il déambule dans le coin libre-service du magasin (qui ressemble de plus en plus à un bordel organisé pour tenter de fidéliser la clientèle au-delà de la médication), en profitant pour glisser dans sa poche une boîte de préservatifs, il finit par se retrouver face à la jeune femme devant l’étalage qui est exactement la raison pour laquelle il s’est saisit de son nouveau bien au passage. “Je peux vous aider?” Son sourire s’agrandit alors qu’il laisse glisser son regard sur la jeune femme. « Tu pourrais plutôt me demander si ''j'ai besoin d’un coup de main’’, j’ai une réponse parfaite qui implique la tienne. » L’occasion est trop tentante, l’envie d’être toujours lourd en sa compagnie est devenue une habitude, la gêne qu’il aime lui provoquer une raison de vivre autant que la colère qu’il a longtemps essayé de déclencher en elle.

C’est une oscillation constante entre eux entre le blanc et le noir, entre l’amitié et la haine et même à cet instant, alors que l’humeur semble détendue et propice au drapeau blanc, il n’est pas vraiment certain de vouloir le hisser. Il y a cette impression qui ne le quitte jamais avec Lily selon laquelle les choses ne peuvent jamais bien se passer et il ne peut empêcher son radar de s’activer. Autant que ses mauvaises habitudes aussi, certainement, alors qu’il est bien trop ancré dans une manière de fonctionner avec la jeune femme pour totalement se permettre d’innover. Elle a toujours été plus intéressante quand elle le déteste, quand elle lui en veut, quand elle a des milliers de choses à lui reprocher et à cet instant, il semblerait que ce soit lui qui en ait à son égard. “Ta mère m’a raconté que tu avais un doudou qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui-ci. C’est la raison de ta visite?” Perturbé une fraction de secondes par la perspective d’échanges intimes entre Esther et Lily, le naturel reprend très vite sa place alors qu’il hausse les épaules : « J’en conclus qu’elle a jamais su ce que je faisais avec ce doudou pour en avoir un souvenir aussi nostalgique, ravi de savoir que mes secrets sont sains et saufs. » Il imagine mal Lily courir annoncer à sa mère que le doudou en question a eu un autre usage lorsqu’il a grandi – est-ce vraiment le cas ? Oui, probablement connaissant Alfie. “Tu peux me le dire si c’est ta madeleine de Proust tu sais, j’ai vu bien pire comme achat.” Il hausse un sourcil face à la bonhomie de la jeune femme. « Ça, c’est parce que t’as pas encore vu ceux que je venais faire aujourd’hui. » Et qu’elle ne se fasse pas de souci, il saura être créatif pour l’intimider. "Ou tu cherches peut-être des produits contre les mst, champignons, ce genre de choses?" Il penche légèrement la tête en arrière alors que son regard se perd un insistant sur le plafond et qu’un léger rire s’échappe d’entre ses lèvres ; il l’attendait l’attaque, car même dans la sympathie c’est une variable indissociable de leur lien. « Exactement Lily, même si je te trouve un peu extrême pour désigner les enfants que je voudrais m’éviter. » Il désigne le rayon à leur côté alors que sa main se glisse autour de la sienne pour finalement se saisir de ce torchon qu’elle agite sous son nez depuis de trop nombreuses secondes. « Mais merci, tu as réussi à me convaincre de revivre le bon vieux temps, tu es presque une bonne vendeuse. » À traduire : ce doudou va être sali, bravo et merci Lily. Son sourire devient provocateur alors que son regard ne quitte pas le torchon et qu’il le fait glisser dans ses mains pour l’observer sous toutes les coutures. « Il est si doux en plus, exactement comme j’aime. » Il relève les yeux vers Lily alors que son sourire d’emmerdeur ne quitte pas ses lèvres. « Presque, car ton approche des besoins du client est très mal amenée et à la limite de l’irrespect, je ne manquerai pas de m’en plaindre au directeur. » Une moue s’affiche sur ses lèvres un instant, alors qu’elle sait très bien qu’il serait capable de disserter auprès de son père quant aux milles raisons de renvoyer la jeune femme ; alors qu’il sait très bien que jamais son paternel ne l’écoutera pour y voir la brune comme la fille qu’il n’a pas eue, pire encore, l’enfant parfait qu’ils ont rêvé et qu’ils n’ont jamais eu. Et le sourire s’amenuise alors que lui-aussi se fait l’auteur de sa première (vraiment ?) attaque : « Lily Keegan n’est pas parfaite dans tous les domaines. Dingue. » Un air choqué sur le visage, presque théâtral alors que le fond du problème n’a pas disparu : ne pas être parfaite est pourtant déjà synonyme d’une perfection qu’il n’arrivera, lui, jamais à atteindre aux yeux de ses géniteurs contrairement à la fille prodigue qui se tient devant lui et qui n’a pas mis si longtemps que ça pour l’agacer, finalement. Il y a des choses qui ne changeront jamais, malgré tous les efforts du monde entrepris pour que ce soit le cas.

Spoiler:
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyMer 16 Juin 2021 - 15:19

Il est nul Alfie, en plus il a un look vraiment très particulier (comprenez : pas socialement acceptable) et pour couronner le tout, il est d’une impolitesse infinie. En somme, si elle continue de l’accepter dans son entourage, ce n’est que parce qu’elle n’a tout simplement pas le choix et que son frère n’a jamais bien su s’entourer, là où les parents Maslow n’ont tout simplement jamais choisi leur fils. Ce n’est pas de leur faute à eux, seulement celle du jeune garçon qui n’est d’ailleurs plus jeune : il en a simplement la simplicité et la lubricité. En somme, il n’est qu’un garçon. Si elle a été la première à lui parler (la faute au besoin de porter le premier coup pour au moins avoir l’effet de surprise), Lily le regrette pourtant à la seconde même où la réponse lui arrive au visage, horripilante à souhait. « Tu pourrais plutôt me demander si ''j'ai besoin d’un coup de main’’, j’ai une réponse parfaite qui implique la tienne. » La plus jeune roule des yeux, déjà agacé par son besoin enfantin de toujours en revenir à des allusions sexuelles qui n’ont certainement pas lieu d’être entre eux, peu importe ce qu’en dit leur histoire commune - laquelle n’a de toute façon rien d’une histoire puisque la Keegan estime qu’il n’y a rien à raconter. “Charmant.” Je pourrais ajouter en narration qu’elle refuserait de toute façon n’importe quelle proposition dans le genre, mais si elle vient d’Alfie et qu’il joue assez le jeu au point de lui offrir un sourire, elle serait du genre à reproduire les mêmes erreurs - si elle n’avait pas Callum dans sa vie, cela va de soi. Pour le moment encore, elle se contente de croiser les bras, déjà prête à bouder parce qu’il n’a eu aucun scrupule à la prendre à son propre jeu à la seconde même où elle lui a parlé.

« J’en conclus qu’elle a jamais su ce que je faisais avec ce doudou pour en avoir un souvenir aussi nostalgique, ravi de savoir que mes secrets sont sains et saufs. » - “Je dirai à Esther que tu t’en es servi pour cacher des pilules et elle le jettera, ça sera un problème réglé.

Et la partie poétique d’elle ne peut pas s’imaginer un monde dans lequel un enfant (même devenu adulte) n’aurait aucune réaction à l’idée qu’on jette sa peluche à la poubelle, même si on s’appelle Alfie est qu’on est une belle ordure. Ceci dit, il a au moins raison sur le fait qu’elle n’oserait jamais parler à Esther de quelconques pratiques sexuelles ou de n’importe quel autre type qu’il aurait pu avoir avec sa peluche d’enfance. Elle ne sait pas s’il dit la vérité ou cherche simplement à l’énerver, mais dans un cas comme dans l’autre elle préfère finalement ne pas avoir de réponse à ses interrogations. Alfie étant ce qu’il est, il vaut parfois mieux ne pas avoir le fin mot de l’histoire, surtout alors qu’elle a engagé la guerre en terrain ennemi. Ses parents la traitent comme leur propre fille mais elle n’oubliera jamais que la pharmacie reste son territoire à lui et à lui seul. Lily engage donc une nouvelle pique ciblée sur l’utilisation de la peluche, lui affublant le titre de madeleine de Proust, éternellement trop douce et poétique. « Ça, c’est parce que t’as pas encore vu ceux que je venais faire aujourd’hui. » Ça, c’est aussi parce qu’elle n’osera jamais lui demander ce qu’il est venu faire aujourd’hui. Il ne ferait de toute façon que lui mentir, c’est une chose qu’il a toujours maîtrisée à la perfection alors qu’elle n’a jamais cessé de croire en lui et lui donner le bénéfice du doute.

Puisqu’il a de toute façon lancé le sujet lui-même, Lily a moins de mal à sous entendre (avec des mots précis et strictement professionnels) qu’il pourrait être venu à la pharmacie pour chercher des soins contre les infections intimes en tout genre, ce qui n’aurait absolument rien d’étonnant pour une personne telle que lui. Comme c’était prévisible, il en rigole doucement. Tout semble lui passer à des kilomètres au dessus de la tête, au garçon qui provoque tous les incidents de l’univers mais ne s’en inquiète jamais et en paye encore moins les conséquences. « Exactement Lily, même si je te trouve un peu extrême pour désigner les enfants que je voudrais m’éviter. » Alfie père n’est pas une image qu’elle s’était réellement imaginée jusque là - ou alors peut-être une fois, quand elle avait pris le temps de s’assurer que Lily Maslow était une combinaison acceptable. Aujourd’hui, elle aurait bien du mal à penser qu’une femme voudrait bien de lui, surtout au point d’avoir des enfants. Venant de Lily, il est tout à fait inimaginable de penser que l’enfant pourrait ne pas être voulu. Cela n’aurait bien sûr aucun sens. “Il ne manquerait plus que ça.” Une part d’elle ne peut s’empêcher de penser qu’il pourrait être un bon père et saurait faire les efforts nécessaires pour assurer le bonheur et l’éducation d’un mini-lui en ce monde. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas son problème et cela ne le sera jamais.

Il glisse sa main autour de celle de la cadette, laquelle n’a de cesse de sentir des picotements là où il la touche encore parfois. Au moins il ne la frappe pas, et en plus c’est Alfie. Ses pensées ont au moins le mérite de dériver pour éviter de lui rappeler qu’il vient surtout de lui subtiliser son précieux ours en peluche qu’elle n’avait de cesse d’agiter sous ses yeux comme un chien et son jouet préféré. « Mais merci, tu as réussi à me convaincre de revivre le bon vieux temps, tu es presque une bonne vendeuse. » Et une fois de plus, voilà Lily qui n’apprécie pas ce qu’il a à lui répondre et préfère croiser de nouveau ses bras sous sa poitrine, son regard bleu ancré dans les yeux de son aîné. “Tant que tu n’imagines pas mon visage au milieu de tes sombres idées, tu fais ce que tu veux.” Il n’aurait jamais eu besoin d’elle pour avoir de telles envies telles que ‘revivre le bon vieux temps’, alors Lily sait qu’elle n’a aucune raison de culpabiliser alors qu’il reste le seul et éternel problème. En témoignent ses parents qui la couvrent de louanges et lui de reproches. Cela est tout sauf une coïncidence. « Il est si doux en plus, exactement comme j’aime. » - “Quand est-ce que tu grandiras, sérieusement ?” Les hormones ont été une excuse durant un temps mais aujourd’hui cela ne fonctionne plus, il devrait être passé à autre chose, rêver du boulot et de la famille parfaite, s’arrêter devant les agences immobilières, décider d’un quartier dans lequel habiter et d’une race de chat ou de chien à adopter. Tout le monde fait ça une fois la vingtaine arrivée, n’est-ce pas ? Lui est bien trop éternellement souriant pour pouvoir penser à quoi que ce soit, si ce ne sont des femmes nues qu’il a dû voir dans les magazines - et les magazines seulement parce qu’elle refuse de lui imaginer les détails d’une quelconque vie sexuelle. « Presque, car ton approche des besoins du client est très mal amenée et à la limite de l’irrespect, je ne manquerai pas de m’en plaindre au directeur. » - “On sait tous les deux que t’oserais pas lui demander de choisir entre toi et moi, parce que t’as aucune certitude sur son choix final.” A son tour de sourire avec fierté, capable de contre-attaquer sans faire d’allusions adolescentes puériles mais en se contentant de la pure et simple vérité : il n’est pas l’enfant que ses parents avaient tant espéré. Lily, elle, correspond parfaitement aux critères, faisant d’elle la parfaite vendeuse.

Lorsque vient le tour d’Alfie de contre-attaquer, cependant, elle n’a plus aucune raison de sourire. « Lily Keegan n’est pas parfaite dans tous les domaines. Dingue. » Ce qui pourrait être perçu comme une simple boutade par n’importe qui d’autre est une flèche visée en plein coeur pour la jeune femme, surtout alors qu’elle sent les choses lui échapper et qu’elle peine à regrouper les morceaux de sa vie. “Alfie Maslow est un connard pathétique. Rien de dingue, par contre.” Cette fois-ci quiconque pourrait voir qu’elle est vexée, à en juger par le regard noir qu’elle lui tend, lui-même couplé à son intonation de voix et au vocabulaire utilisé, tous deux très inhabituels pour elle. "Ta nouvelle amie t'a pas appris la politesse non plus, apparemment." Le jeu ne l’amuse déjà plus et elle rêve qu’il sorte à nouveau du paysage de sa vie, comme il sait si bien le faire. Elle fait allusion à Ariane comme si elle en savait quoi que ce soit sur la situation et ne s'était pas contentée d'entendre des 'on dit', là où Alfie restait éternellement incapable de lui parler sérieusement. La situation la pousse à reprendre brusquement la peluche d'entre les mains du Maslow et se retourner tout aussi rapidement, ce qui lui vaut une grimace qu'elle tente de cacher en fermant les yeux et resserrant la mâchoire. "J'ai pas le temps pour tes bêtises. Soit tu achètes quelque chose, soit tu t'en vas." Il sait très bien le faire, ça, s'en aller sans donner de nouvelles, sans prévenir, sans ne jamais rien dire ni même faire semblant d'en avoir quelque chose à faire des autres. La voix de Lily n'est en rien posée comme à son habitude, réaction excessive face à la remarque d'un éternel enfant sachant parfaitement où appuyer pour faire mal. Se postant derrière le comptoir de l'enseigne, la peluche en main, elle finit par l'interroger, plus professionnelle que jamais. "Autre chose, Monsieur Maslow ?"
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyDim 20 Juin 2021 - 14:20

Le compte a été lancé il y a si longtemps qu’il en a perdu le fil, toujours est-il qu’Alfie a conscience de son avantage sur Lily et que chaque exaspération de sa part accentue toujours plus ce goût de victoire. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle, alors qu’il aurait été judicieux de s’agacer de la gratuité de son attaque face à la sympathie de Lily. Elle n’en croira rien, mais il ne pensait pas à mal malgré la lourdeur de sa réflexion – il l’est toujours avec elle, elle a droit à un traitement particulier d’aussi loin qu’il s’en souvienne. Il se nourrit de son agacement au même titre qu’il a besoin d’oxygène pour respirer – il n’y peut rien, c’est ainsi, c’est plus fort que lui, c’en est presque naturel entre eux. “Charmant.” Il n’arrive pas (n’essaie pas) de contenir le sourire qui se dessine sur ses lèvres, légèrement moqueur, en coin, autant qu’il ne fait rien pour diminuer la fierté dans le regard qu’il pose sur elle. Les bras croisés sur la poitrine de la jeune femme ne font que confirmer son avantage et accentuer sa satisfaction – pauvre Lily. À dire vrai, il ignore pour quelle raison il agit de la sorte avec elle. Elle était avenante dans son approche et toute la mauvaise foi du monde ne peut pas lui permettre de prétendre le contraire. Elle était avenante et c’est peut-être le problème, dans le fond, parce qu’elle n’est jamais bienveillante par désintérêt envers lui – il refuse de le croire malgré les quelques preuves distillées au fil des années. Lily sourit quand elle va prendre l’avantage avec une pique dont seule elle a le secret pour qu’elle atteigne sa cible et, pire encore, lui fasse mal. Lily utilise sa voix douce quand elle va ajouter un « je te l’avais dit » droit derrière pour accentuer sa perfection face à son autodestruction – car leurs principaux traits de caractère respectifs ne peuvent coexister sans enclencher une inévitable bataille. Lily a de jolies phrases toutes faites quand elle le juge et va se permettre de le verbaliser ; Lily pense toujours à mal, même quand ce n’est pas le cas. Évidemment. “Je dirai à Esther que tu t’en es servi pour cacher des pilules et elle le jettera, ça sera un problème réglé.” Et il avait raison d’anticiper, alors que son regard encore moqueur il y a un instant devient noir et la fusille sur place. Oh, s’il n’avait pas fait suffisamment de dégâts dans cette pharmacie, la tête de Lily aurait pu sans autre briser l’étagère à sa droite de par la provocation qu’elle vient de se permettre. Jamais ils n’évoquent ce sujet – ces histoires de pilules (et le reste). Ils peuvent se dire les pires horreurs (et ils l’ont fait). Ils peuvent vouloir prendre le dessus sur l’autre, le contrôler, l’humilier, le blesser, peu importe la manière (souvent tranchante) d’arriver à attirer l’attention de l’autre, il y a des aspects sur lesquels un consensus a été trouvé sans qu’il n’ait jamais vraiment besoin de le dire. Les abus de la famille de Lily ; son addiction passée. Peut-être qu’elle ne pensait pas à mal, Lily. Mais c’est Lily, justement ; il ne sait jamais à quoi elle pense alors qu’il prétend lire en elle mieux que personne. Cette dualité s’installe encore aujourd’hui, alors qu’ils sont passés d’un extrême à l’autre avec une facilité déconcertante en une seule phrase. Mais il a lancé les hostilités, doit-il se plaindre qu’elle réagisse, quand bien même elle n’a pas pris la peine de monter en escalade comme ils le font d’ordinaire ? Elle a frappé d’un coup sec, sans avertissement préalable et il la déteste autant qu’il s’en réjouit. Elle a frappé, et il aime ça ; il aime encore plus le fait qu’elle vient de briser la seule barrière qui existait entre eux et que, par conséquent, elle vient de libérer le peu de limites qu’il avait à son égard. « Je vais devoir le remplir pour que ce soit cohérent. » Avec les pilules sur lesquels son regard se pose en penchant légèrement la tête pour observer le comptoir et les médicaments derrière Lily. « Merci du conseil. » C’en était pas un, ça le devient par simple vengeance. Ça aussi, ils n’en parlent pas. De la manière dont Lily l’a jugé durant cette période, mais a été là, aussi. De la manière dont elle n’avait rien à se reprocher jusqu’ici (à moins qu’elle ait été celle dénonçant ses vols à ses parents, ce dont il doute malgré tout) et dont elle prend désormais les torts à l’idée de lui suggérer à nouveau cette idée sur laquelle il a réussi à prendre le dessus au cours des dernières années. Mais elle le sait, dans la bulle de clichés dans laquelle elle vit, à quelle pointe cette abstinence est fragile – un simple mot peut tout chambouler, bravo Lily, tu es fière ?

“Il ne manquerait plus que ça.” Oh, parlons des enfants, à présent. Qu’elle se méfie de ce qu’elle dit, Lily, parce qu’elle connaît Alfie, elle connait ses réactions face à de telles affirmations. « Je pourrais presque prendre ça pour un défi. » S’il avait envie de gâcher sa vie et sa carrière ; et même si les défis ont toujours rythmé sa vie, des plus subtiles aux plus terribles, la vie d’un enfant n’en fera jamais partie. Pas qu’il ait suffisamment de morale pour ne pas faire de mal à un autre être, aussi innocent soit-il (l’histoire a prouvé que personne n’est en mesure de l’arrêter), mais parce qu’il est toujours aussi égoïste et que le plus grand des défis n’a aucun sens s’il n’y trouve pas d’intérêt. Il n’en trouverait pas à l’exception de l’agacement qu’il pourrait provoquer en Lily, mais il a aussi bien d’autres manières d’en arriver à. À commencer par sa main qui entoure celle de Lily avec fermeté, autant qu’il fait durer le contact par simple envie d’empiéter toujours plus un espace personnel qu’elle lui refuse, autant qu’elle oublie qu’elle lui l’a offert il y a déjà bien longtemps. “Tant que tu n’imagines pas mon visage au milieu de tes sombres idées, tu fais ce que tu veux.” Il concède à ne pas répondre à son attaque, cette fois-ci, alors qu’il se contente d’un sourire en coin, entendu, alors que son regard glisse sur la jeune femme avant que ses yeux s’ancrent à nouveau dans les siens. Il n’a pas besoin de verbaliser les choses pour qu’elle le comprenne, et c’est par ce silence et cette attitude qu’elle doit être le plus agacée, il n’en doute pas. “Quand est-ce que tu grandiras, sérieusement ?” « Quand tu cesseras de me faire régresser. » Il souligne en haussant les épaules d’un air las. Quand tu cesseras de me traiter comme un enfant, que tu le veuilles ou non, Lily. « Quand tu cesseras de considérer que je suis toujours le même abruti qu’il y a dix ans. » Il aurait pu rester courtois, il aurait pu faire usage d’un humour déplacé en guise d’attaque ; mais elle a voulu relancer la guerre, il s’arme à son tour. « Quand tu cesseras de considérer que mes erreurs passées définissent mon présent. » Oh, surprise, Lily, il sait s’exprimer intelligemment, Alfie, parfois. Qu’elle n’oublie pas qu’au moment où elle travaille dans cette foutue pharmacie qui ne lui permettront jamais aucune ambition, soumise à l’autorité d’un patron, il continue de gravir les échelons à l’université pour devenir le sien. C’est qui l’enfant, dans le fond ? « Je continue ? » Il questionne, un sourire provocateur sur les lèvres. “On sait tous les deux que t’oserais pas lui demander de choisir entre toi et moi, parce que t’as aucune certitude sur son choix final.” « On essaie ? » D’imposer ce choix à son père. Il n’a absolument pas l’assurance qu’il sera choisi, en réalité, conscient d’avoir mis à mal la vie de son paternel et tout ce qu’il avait construit quand il a été découvert qu’il se fournissait dans les étals. Conscient aussi que Lily représente tout ce qu’ils ont espéré de lui au fil des années, piquant toujours plus cette jalousie et ce traitement qu’il lui offre aujourd’hui. Mais, au fond, il reste leur fils. Et elle, une inconnue, aussi parfaite soit-elle. On pourrait croire qu’il voudrait simplement avoir une preuve d’affection de ses parents, qu’elle a raison sur le fait que de ce côté-là, l’enfant en recherche d’approbation n’a pas changé. Mais ce n’est qu’un jeu, une fois encore et la perspective d’une victoire qui l’anime. “Alfie Maslow est un connard pathétique. Rien de dingue, par contre.” Il n’a pas besoin de forcer le sourire fier sur ses lèvres ; elle a juré, la parfaite Lily, Elle s’est énervée, la parfaite Lily. Il a gagné, le connard pathétique. « Remercie-moi, je te permets d’utiliser ton quota annuel d’insultes. Tu dois être frustrée, quand je suis pas là, non ? » Évidemment, et pas qu’en terme d’insultes, il va de soi. Ce n’est pas tant la volonté d’être lourd qui dicte ses sous-entendus que le simple fait d’accentuer toujours plus le fait que, quoi qu’elle en dise, elle n’a pas su lui résister ; peu importe si elle le fait désormais, peu importe si elle se sent exister dans cette confrontation. Il a eu le plus grand avantage de tous et jamais elle ne pourra changer cela. "Ta nouvelle amie t'a pas appris la politesse non plus, apparemment." Oh, elle croit piquer, Lily. Les oreilles d’Ariane doivent siffler et elle doit s’en réjouir, connaissant la rouquine. Il vient presque à regretter qu’elle ne l’ait pas accompagné, leurs deux esprits auraient vaincus Lily sans même avoir besoin de faire le moindre effort. « Elle préfère m’apprendre d’autres choses. » Il souffle, avec son sourire victorieux. « Le tien devrait peut-être s’en inspirer. » Elle aussi, elle a un nouvel ami, si elle souhaite aller sur ce terrain-là. Tout aussi coincé qu’elle, c’est certain – il ne l’a aperçu qu’une ou deux fois, mais cela lui a suffi pour se faire une idée sur lui : il ne l’aime pas. Il n’aime pas beaucoup de monde, Alfie, de toute façon, quand ils n’ont aucun intérêt pour lui. L’agacement perceptible par la façon dont elle se saisit à nouveau de la peluche autant que son pas décidé en direction du comptoir ne font qu’accentuer son sourire – ça a été plus rapide qu’il ne l’aurait cru. "J'ai pas le temps pour tes bêtises. Soit tu achètes quelque chose, soit tu t'en vas." Il fait les quelques pas nécessaires pour la rejoindre, reprenant la peluche devenue la personnification de leur bataille qu’il peut considérer comme un trophée puisqu’elle repartira avec lui. "Autre chose, Monsieur Maslow ?" « J’ai besoin de lubrifiant. » Il hausse les épaules ; s’il y a encore une poignée de minutes il envisageait de faire chemin inverse, désormais il compte bien user de son temps – ce n’est pas comme si les clients se bousculaient, il ne fait que l’aider à faire son travail pour les prochaines minutes (heures, si elle veut jouer à ça). « Allez, fais pas cette tête. J’ai pas le droit de vouloir passer un peu de temps avec une vieille amie avant de quitter la ville ? » L’excuse n’est pas valable, il finit toujours par quitter la ville ; la seule différence réside dans les intervalles durant lesquels il s’autorise à jouer au parfait petit sédentaire. Mais ça ne dure jamais longtemps, jamais suffisamment pour que la dynamique entre eux puisse changer et, surtout, avoir le temps de s’installer pour qu’ils s’y habituent. C’est toujours trop court – alors ils agissent comme ils en ont l’habitude, comme ils l’ont toujours fait.

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyMer 23 Juin 2021 - 1:07

Si même Alfie arrive à être en couple (ou ce qu’il considère à peu près comme tel), alors la Keegan peut (doit) forcément y arriver : la différence d’âge n’est pas une excuse viable à long terme. Sa petite amie à lui n’est sans doute pas parfaite, alors Callum a le droit de ne pas l’être non plus, quand bien même ses imperfections s’observent sur le corps de Lily. Ce n’est pas une partie de l’histoire qu’elle contera, ce n’est pas grave, personne n’a besoin de savoir. Elle gardera ce secret là autant qu’elle le fait avec celui d’Alfie et de sa prise de drogues. Malgré tout ce qu’elle en pense, elle n’a aucune envie qu’il finisse par aller en prison. C’est bien ce qui l’attend, têtu comme il est il n’accepterait jamais la moindre désintoxication et aucun argument ne saurait faire le poids, tout comme elle se sent fondre sur place face à son regard noir et assassin. « Je vais devoir le remplir pour que ce soit cohérent. » Il n’oserait pas. Pas vrai, qu’il n’oserait pas ? Les sourcils de la cadette se froncent alors qu’il laisse son regard dévier derrière le comptoir, là où il n’a aucun droit puisqu’il est en ces lieux un client comme tous les autres. « Merci du conseil. » L’index de la jeune femme se pose contre sa mâchoire pour la tourner et la remettre dans le droit chemin, littéralement, et ainsi lui laisser l’opportunité de marquer toute la désapprobation qu’elle peut ressentir à ce sujet. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle sait très bien qu’il pourrait ne pas blaguer. « Je pourrais presque prendre ça pour un défi. » Tout comme à cet instant, quand après lui avoir reparlé de sa prise de drogue elle en vient à lui faire comprendre qu’il serait une très mauvaise idée pour lui que d’avoir une progéniture. Autant d’idées et remarques qu’elle fait et autant d’envies soudaines pour lui d’en faire tout l’opposé. Ses réactions étaient prévisibles au possible mais Lily ne peut pas s’empêcher de l’oublier à chacune de leurs rencontres, à nouveau pleine d’espoir en ce qui le concerne. Et à chaque fois, la chute est douloureuse. “On s’en passera.

Agacée, elle tente de mordre là où elle le peut, réutilisant encore et encore les mêmes reproches à son égard. Après tout, ce n’est pas de sa faute s’ils restent toujours véridiques après toutes ces années. Le premier reproche étant qu’il est tout simplement incapable de grandir, peu importe ce que ses études disent de lui ou quoi que ce soit d’autre. Quand tu cesseras de me faire régresser. Quand tu cesseras de considérer que je suis toujours le même abruti qu’il y a dix ans. Quand tu cesseras de considérer que mes erreurs passées définissent mon présent. Ce ne sont que des mots dans le vent. Il parle mieux qu’avant, certes, mais ce n’est pas pour autant qu’il a changé. Bien sûr qu’il est le même abruti qu’il y a dix ans, bien sûr que ses erreurs du passé conditionnent et définissent son présent. Si non, de quoi pourrait-il être composé ? « Je continue ? » - “Essaye déjà de prouver que tout ceci est vrai, tu verras après pour le reste.” Son sourire ne l’atteint (presque) plus et la plus jeune reste de marbre face à sa provocation. Il est venu ici pour acheter n’importe quoi et l’agacer, il ne peut pas arriver au terme de ses deux objectifs, ce serait bien trop aisé et surtout bien trop satisfaisant pour lui.

Et ok, oui, d’accord. A cet âge là, elle est bien incapable de gagner la moindre guerre face à Alfie Maslow. Quelques batailles de ci de là quand il veut bien les lui concéder, mais rien de significatif. Elle perd trop vite patience ou sang froid, comme en cet instant où elle en vient à l’insulter, chose qu’une Keegan ne fait jamais puisque ce n’est pas ainsi que se comportent les filles bien élevées, ce qu’elle est. « Remercie-moi, je te permets d’utiliser ton quota annuel d’insultes. Tu dois être frustrée, quand je suis pas là, non ? » Quelques années plus tôt, un sous entendu aussi simple que celui-ci lui aurait fait virer les joues au rouge et vriller le regard ailleurs que dans ses iris. “Ma vie se porte très bien sans toi.” Son mensonge est évident, en témoignent tous les reproches qu’elle lui fait à la seconde où il décide de s’en aller en dehors de la ville et parfois même du pays. Sa vie est bien ennuyante en son absence, et cela s’ajoute à la longue liste de tout ce qu’elle ne peut pas dire en présence d’Alfie Maslow. Elle a fait une erreur dans le genre, une seule et unique fois, et si elle serait capable de la reproduire si l’homme lui montrait assez d’attention, ce n’est pas une chose à lui préciser en cet instant. Il le sait sans qu’elle ait à le préciser. « Elle préfère m’apprendre d’autres choses. Le tien devrait peut-être s’en inspirer. » Au moins, en abordant le sujet de son petit-ami de la sorte et n’hésitant pas à les comparer, il ne peut pas gagner des points dans son cœur. Tant mieux, elle en a déjà bien trop concédé pour une personne en son genre. Justement, il ne devrait pas même avoir une place dans son cœur. “Laisse le en dehors de cette discussion.” Elle demande et exige, plus froide encore qu’elle ne s’en pensait capable. Une fois de plus, Alfie s’évertuera à faire tout l’inverse. Elle le sait, elle aurait dû se contenter d’un simple “je suis une grande fille qui n’a rien à apprendre de personne” qui aurait été une réponse typique de Lily Keegan mais ce n’est pas ce que ses lèvres ont décidé de laisser passer, sans que cela n’ait rien à voir avec les souvenirs qu’il ne cesse d’éveiller en elle. Il est sa pire erreur, c’est certain, et encore aujourd’hui elle ne peut pas comprendre tout ce qu’elle a bien pu aimer chez lui dans le temps et aujourd’hui encore.

Puisque sa position de leader (toute relative) est en train de s’effondrer, Lily juge nécessaire de mettre un terme rapidement à la discussion, agrippant entre ses mains la peluche de pacotille pour qu’il puisse la payer au plus vite et s’en aller tout aussi rapidement. Une fois derrière le comptoir, il prend le temps de reprendre son bien, la faisant une fois de plus rouler des yeux devant cet enfantillage. Tous les coups sont permis, même les plus anodins. « J’ai besoin de lubrifiant. » Et il aura sans doute besoin de tout ce qui se rapproche du domaine sexuel si jamais Lily lui pose la question une fois de plus - ce qu’elle ne fera bien sûr pas. Ses pas précipités retournent dans le rayon adéquat pour aller lui chercher un produit dont il n’a sûrement pas besoin. Il ne se lassera simplement jamais d’agir tel un boulet à sa cheville et elle de tente d’être plus forte que lui ou, au moins, à sa hauteur. « Allez, fais pas cette tête. J’ai pas le droit de vouloir passer un peu de temps avec une vieille amie avant de quitter la ville ? » Depuis quand est-ce qu’il la considère sincrement comme une vieille amie ? Ils n’ont même jamais su être amis, cela ne fait donc aucun sens. “Mince quel dommage, c’est l’heure de ma pause, tu vas devoir régler tes achats avec quelqu’un d’autre.” A son tour de hausser les épaules, bien trop satisfaite d’une réponse qui ne comporte finalement que très peu de répartie. La réalité, c’est que certains mots ont bien plus attiré son attention que d’autres et qu’elle pense pouvoir le retenir ici s’il ne peut pas repartir avec ses achats - il s’en moque sûrement, de la peluche autant que du lubrifiant. Avant de quitter la ville. Elle trouve qu’il a déjà bien assez voyagé et puisqu’il a déjà été victime d’un accident de la route une fois, rien ne l’empêche de subir un crash d’avion ou de bateau. Ce ne sont pas des issues acceptables puisqu’elle s’est toujours promis que si un jour Alfie devait mourir, cela ne pourrait être que par sa propre main et certainement pas à cause d’une certaine malchance.

Sortant enfin de son rôle de pharmacienne et mini-Maslow parfaite (elle reste une parfaite Keegan, ceci dit), la jeune femme relâche déjà ses épaules sans s’en rendre compte, initiant une sortie par l’arrière du magasin, certaine qu’il la suivra sans trop chercher à s’en plaindre. “Tu pars quand ? Et où ?” Sincèrement intéressée par la question et bien plus encore par les réponses qu’il pourrait y apporter, elle cherche au moins à cacher la tristesse qu’elle ressent déjà, et même la peur allant avec. “T’as déjà visité des centaines de pays, c’est même plus intéressant.” Il ne devrait pas y aller, alors, si ce n’est plus intéressant et qu’il n’a plus rien à apprendre de ses voyages. Lily en tout cas ne pense pas qu’il utilise son temps à bon escient s’il décide de prendre l’avion une fois de plus pour se rendre à l’autre bout du monde, parler à des personnes qui n’en ont rien à faire de lui. C’est à Brisbane qu’il est attendu ; c’est à Brisbane qu’on a besoin de lui. Que elle a besoin de lui, ne profitant absolument pas de l’air frais de l’extérieur, jouant d’un caillou qu’elle a coincé entre sa semelle et le goudron. “Et ne t’avise pas de répéter qu’on est amis, c’est pas vrai. T’étais celui de Joseph seulement.” Autant de mensonges qu’elle enchaîne par simple habitude, son regard à nouveau ancré dans le sien mais sans chercher à l’accabler, ce qui dénote parfaitement avec ses paroles.
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyDim 4 Juil 2021 - 20:33

Le sujet est sensible, c’est exactement pour cette raison qu’il l’attaque aussi frontalement. S’il doit être gêné (pour une fois dans sa vie) par quelque chose qu’elle met sur le tapis, alors qu’il en soit de même pour elle. Dans le fond, ils n’ont jamais vraiment évoqué cette période, l’accord tacite entre eux impliquant qu’il y a malgré tout quelques aspects sur lesquels ils s’accordent à ne pas revenir et son addiction passée en fait partie. Il ne sait pas comment elle a pris les choses, à l’époque, mais ses leçons de morale lui ont suggéré qu’elle s’en détachait pour, comme toujours avec Lily, s’en moquer ou le juger ouvertement. C’est pour cette raison qu’il n’a aucune peine à la provoquer, à sous-entendre qu’elle pourrait être la raison pour laquelle il replongerait – ça ne doit pas la toucher, dans le fond, pas vrai ? Elle a été là sans être là, elle a toujours eu des commentaires déplacés alors même que les bribes d’inquiétude qu’il croyait percevoir étaient feintes ; elle n’aurait pas été si touchée que ça, Lily, n’est-ce pas ? Il fait le malin, Alfie, il joue volontairement sur sa sobriété qu’il serait prêt à reléguer au passé après autant d’années simplement pour marquer de nouveaux points dans cette partie sans fin. Le pire dans tout cela, c’est qu’elle sait autant que lui qu’il serait réellement capable de céder à cette facilité et que toutes les morales du monde mettant en avant sa manière irraisonnée de réfléchir ne l’aiderait pas à faire autrement. Pour lui, ça n’a rien d’irrationnel et c’est le plus important. Mais il n’y a pas grand-chose qui lui semble irrationnel en réalité et même lorsque c’est le cas, il sait tourner la chose de manière à ce qu’elle le devienne – c’est même l’aspect qu’il préfère lorsqu’il s’agit de provoquer les autres. Des arguments qui n’en sont pour personne sauf pour lui, des défis qu’il perçoit constamment alors qu’il n’en est rien ; comme cette manière dont il envisage la procréation simplement pour agacer Lily. Au-delà d’elle, ce serait un défi effectivement intéressant à réaliser ; il est persuadé qu’aucun ne le voit père de famille (pas même lui). Mais bon sang, qu’est-ce qu’il s’éclaterait à détruire les a priori des autres autant qu’à les confirmer de par l’éducation qu’il offrirait à sa progéniture, qui n’aurait certainement rien à envier aux pires traumatismes concrets qu’il pourrait lui faire subir ; tout est dans la subtilité. Créer un mini-moi à son image, sans usage de force et de violence, agrémenté du dégoût et du désespoir de ceux qui le connaissaient serait probablement sa plus belle victoire. “On s’en passera.” « Dommage. » Il plisse les yeux d’un air triste, sa lèvre qu’il plie d’une moue boudeuse pour accentuer le tout ; il pourrait presque verser une larme pour accentuer la manière dont Lily vient de briser un rêve qui n’existe que depuis cinq minutes.

Pourtant, son humeur se veut moins détendue quand il s’agit d’attaquer ; il a toujours le même ton arrogant, le même sourire satisfait, mais il ne retient plus ses mots lorsqu’il s’agit de rendre la monnaie de sa pièce à Lily, même s’il aurait pu se montrer bien plus tranchant s’il se l’était autorisé. Oh, au final, ce n’est pas vraiment une question d’interdit (il n’en a pas), mais seulement la volonté d’en garder pour la suite, si elle poursuit sur ce chemin, de monter crescendo en arrogance et en reproches, pour ne pas lui offrir tout le spectacle en une seule fois. “Essaye déjà de prouver que tout ceci est vrai, tu verras après pour le reste.” Il se contente de hausser les épaules avant de reprendre la parole, n’ayant pas la volonté de lui la laisser trop longtemps : « Et toi alors ? On en parle de toi ? » Il demande, question rhétorique, évidemment. « T’as pas beaucoup évolué non plus. Toujours soumise à la volonté d’autrui. Avant, c’était avec tes parents, c’était avec moi. Maintenant ce sont avec les miens et avec ton copain, j’en suis sûr. Quel petit veinard. » Il parle en connaissance de cause, sachant très bien à quel point il est agréable d’avoir une Lily soumise à ses pieds ; à quel point c’est encore mieux lorsqu’elle décide de briser cette image. Tout comme il n’a finalement aucune volonté de lui prouver que tout ceci est vrai, il espère qu’elle n’en aura pas plus de son côté ; c’est ainsi qu’elle dévoilera ce visage qu’il aime tant chez elle, celle qui fait tomber les faux semblants et déconstruit tous les mythes autour d’elle.

Et ça commence doucement, par une insulte, qui, sortie d’entre ses lèvres, a tout du compliment. “Ma vie se porte très bien sans toi.” « J’ai pas dit le contraire. » C’est toi qui le fais, Lily. Il a simplement envisagé qu’elle puisse être frustrée, ce qui n’implique pas nécessairement que sa vie se porte mal. L’un n’est pas forcément l’opposé de l’autre, c’est ce qu’il pense, c’est que Lily désapprouve et même s’il sait pertinemment que son raisonnement est discutable (comme toujours), ça ne l’empêche pas de le considérer comme le bon. De la même manière, il n’a pas à connaître le petit ami de Lily pour se permettre des conseils qui sont là-aussi bons. “Laisse le en dehors de cette discussion.” « Fallait pas amener Ariane dans cette même discussion. » Elle l’a cherché, qu’elle l’assume. « Allons, Lily. Tu peux parler de lui, tu veux que je fasse quoi de ce que tu me diras ? » Il demande avec un léger sourire moqueur. Tu veux que je fasse quoi de ces informations ? Tu veux que je lui fasse quoi, plus précisément ? Oh, elle sait, Lily, que Callum n’est pas à l’abri s’il s’y met, mais ce n’est pas sa priorité à cet instant. Il s’étonne du manque de répartie de la jeune femme qui, dans d’autres circonstances, n’aurait pas hésité à souligner quelque chose comme « tu n’as pas te souci à te faire », « il se débrouille très bien », ou autre réflexion visant à le faire taire, quitte à devoir jouer sur la même vulgarité que lui et se forcer à sortir de son habituelle réserve, tout ça uniquement pour lui montrer qu’il se trompe et que Callum et elle forment un couple bien plus merveilleux qu’Ariane et Alfie (qui n’en sont pas un, précision importante). Pourquoi elle se tait, Lily ? Pourquoi elle ne se dépêche pas de souligner que l’homme qui partage sa vie est absolument parfait sur tous les points ?

Il ne compte pas la laisser s’échapper alors qu’il suit ses pas jusqu’au comptoir, que son sourire satisfait et l’une de ses demandes clichées s’échappe d’entre ses lèvres, seulement pour le plaisir de l’agacer toujours un peu plus. La jeune femme s’exécute sans même y aller d’un petit commentaire et il sourit toujours plus avant de commencer à la narguer. “Mince quel dommage, c’est l’heure de ma pause, tu vas devoir régler tes achats avec quelqu’un d’autre.” « Ou je repasserai plus tard. » Qu’elle ne pense pas s’en sortir ainsi, Lily, alors qu’elle détourne les talons et qu’il profite pour glisser ses prétendus achats devenus cadeaux de la maison dans ses poches. Il se calque sur ses pas avec soulagement ; ravi de quitter cet endroit. “Tu pars quand ? Et où ? T’as déjà visité des centaines de pays, c’est même plus intéressant.” « Discours typique de celle qui sort jamais de son pays. » Il rétorque rapidement, parce qu’il est nécessaire de piquer avant d’être sincère. « Tout est plus intéressant qu’ici. » Tout est plus intéressant qu’ici ; parce qu’il y a tant de choses à apprendre ailleurs alors qu’il connaît tout d’ici. « Et tu confonds dizaines et centaines. C’est l’objectif, ceci dit. » Il souligne avec un léger sourire. « Je pars début octobre. Mais on va déjà faire des repérages à partir de cet été. » D’ici peu, donc et il ne reviendra probablement que pour faire un semblant d’adieux à ses parents et récupérer quelques affaires. “Et ne t’avise pas de répéter qu’on est amis, c’est pas vrai. T’étais celui de Joseph seulement.” « Toutes mes excuses. » Il joint même ses mains, prêt à prier, pour accentuer ses pauvres excuses qui ne traduisent d’aucune sincérité, contrairement aux paroles qui suivent, après une courte pause : « T’as jamais voulu partir d’ici ? » Comme Joseph qu’elle vient de rappeler à leurs souvenirs, comme lui qui ne se prive pas de tout laisser derrière lui, comme la plupart de leurs camarades de catéchisme qui sont partis sans jamais revenir. Lily, elle, reste, s’accroche et il n’est pas certain que ce soit plus lié à son attachement à cette ville que son incapacité à laisser le passé derrière elle.

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptySam 10 Juil 2021 - 18:46

L’une des nombreuses raisons qui la font détester Alfie Maslow, c’est qu’il ne sait pas doser l’animosité de ses réponses et encore moins leur tranchant. Quand elle pense à nouveau ne faire que jouer à l’enfant incapable de lui faire du mal, il attaque rapidement, vivement, et surtout très précisément. « Et toi alors ? On en parle de toi ? » Non. Ce n’est pas une idée qui lui plaît, surtout pas en présence d’Alfie qui en sait bien trop pour qu’elle se risque à vouloir le laisser aborder quelque sujet que ce soit. Il risquerait d’en dévoiler bien trop, et surtout bien des choses qu’elle n’a aucune envie de laisser s’échapper et tomber dans le domaine public. « T’as pas beaucoup évolué non plus. Toujours soumise à la volonté d’autrui. Avant, c’était avec tes parents, c’était avec moi. Maintenant ce sont avec les miens et avec ton copain, j’en suis sûr. Quel petit veinard. » Ce qu’elle déteste avec lui, c’est sa capacité à passer d’un registre à un autre et d’arguments de bas étages à de grands discours sortis de nulle part. En somme, elle ne supporte pas ne pas pouvoir anticiper ses réactions et ainsi s’assurer la victoire pleine et entière. Preuve en est, elle sait qu’elle ne pourra pas gagner sur de tels sujets, surtout pas alors qu’il mêle leur propre expérience à la relation qu’elle a aujourd’hui avec son petit ami - comme s’il savait quoi que ce soit de Callum. “Grand discours pour celui qui n’est même pas capable de se contrôler lui-même.” Elle n’évoquera pas les drogues, pas les piqûres ni même la poudre, peu importe la façon dont il se tuait à petit feu à l’époque. Si elle est profondément blessée par ses paroles, elle sait pourtant qu’il serait injuste de lui reprocher doublement cet épisode de sa vie aujourd’hui. Il est l’homme qu’elle déteste le plus au monde mais il est celui qui a aussi trouvé le moyen d’être dans la liste de ceux qu’elle chérit tendrement. Cela ne l’empêche pas d’être soumis à son tour aux pulsions de son corps et à ses désirs incontrôlés et surtout incontrôlables : toujours à vouloir être le premier, avoir le dernier mot, exister des pires façons qui soient, se faire remarquer. C’est ce qu’il est en train de faire en ce moment même.

« Fallait pas amener Ariane dans cette même discussion. » - “Comme si t’en avais quoi que ce soit à faire d’elle.” Et une fois de plus, ce n’est absolument pas le sujet de base de la conversation mais Lily préfère le détourner dès lors que ça l’arrange, ne tardant pas à lui faire comprendre qu’elle n’a aucune sympathie pour cette jeune femme et bien au contraire : ils se porteraient tous bien mieux s’ils n’étaient pas aussi proches les uns des autres. Pour Ariane et Alfie, en tout cas, c’est ce qu’elle statue sans demander leur avis. Elle sait que la présence de la jeune femme n’apporte absolument rien de bon dans la vie du brun, et si elle pouvait les délier alors elle l’aurait déjà fait depuis bien longtemps. Lui, en retour, n’a pas à mettre son nez dans la relation qu’elle entretient avec son petit-ami, encore moins alors que la jeune Lily espérait tant que ce soit lui qui, un jour, devienne son prince charmant. Il a décoloré au lavage. « Allons, Lily. Tu peux parler de lui, tu veux que je fasse quoi de ce que tu me diras ? » Elle a un sourire perdu entre rire et tristesse. Tout se teinte finalement d’une certaine ironie. “Depuis quand est-ce que tu as envie d’entendre parler de mes histoires de coeur ?” Lui qui s’est si soigneusement appliqué à le lui briser, cela relèverait d’une certaine ironie. Sa réponse est bien plus lasse, fatiguée de revivre le même schéma encore et encore. Il ne sera jamais celui avec qui elle parlera de ce genre de choses, Lily le sait déjà et à défaut de l’attrister, cela la soulage. Il en sait déjà bien assez sur elle, ce serait bien trop dangereux de lui donner tous les pouvoirs à lui, l’éternel instable. “T’as pas vraiment une tête de meilleure amie, Alfie.” La moquerie est absente du ton employé, elle se contente de hausser les épaules, abandonnant l’idée de le servir, préférant souffler lorsqu’elle l’observe ranger les articles volés dans ses poches.

A défaut qu’il semble enclin à la laisser vivre sa vie, elle s’intéresse (sincèrement) à ses prochains voyages et, par conséquent, à l’instant même où il l’abandonnera à nouveau pour s’enfuir peu-importe-où. Passée la première remarque nécessaire dans laquelle il la critique, et la seconde qui arrive simplement parce que cela l’amuse beaucoup, elle a enfin le droit à une réponse, dans un troisième et dernier temps. « Et tu confonds dizaines et centaines. C’est l’objectif, ceci dit. » Son sourire ne trouve pas écho en elle. Si elle se doutait bien qu’il n’allait pas arrêter de voyager avant bien longtemps, l’entendre le dire a toujours une saveur bien différente. Ses mots lui laissent un goût amer en bouche alors qu’elle tente déjà de tirer un nombre de jours de ces ‘centaines’ de voyages à venir, ce qui ne lui laisse rien présager de bon. « Je pars début octobre. Mais on va déjà faire des repérages à partir de cet été. » - “C’est comme si tu étais déjà reparti alors que tu viens à peine de rentrer.” En résumé, c’est tout ce qu’elle en retient. Il n’y a pas de longs discours à faire ni aucun calcul scientifique à donner : dès qu’il repose un pied au pays, il ne rêve que de s’envoler à nouveau. Alfie ne cesse d’abandonner les siens mais personne ne lui en veut jamais, pas même elle qui pourtant n’a de cesse de se plaindre de cette situation. Il a un don, sans doute, ou peut-être qu’elle devrait qualifier ça de malédiction. « T’as jamais voulu partir d’ici ? » Son esprit avait dérivé, si bien qu’elle remonte rapidement le clair de ses yeux dans ceux d’Alfie. Son sourire est confus et étonné, elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui partage une telle question. "Pourquoi est-ce que tu veux toujours le faire, toi ?" Elle sait qu'elle devra lui donner une réponse si elle veut ne serait-ce espérer en avoir une en retour, raison pour laquelle elle tente de rassembler ses idées et donner une raison valable à ce qui a pour elle tout de naturel. “Les parents n’ont plus que moi. Je dois m’occuper d’eux.” La piété filiale sera toujours le premier argument qu’elle utilisera pour expliquer son retour à l’église de son village tous les dimanches et son passage chez ses parents presque à chaque soir. Quand bien même la jeune femme vit désormais en ville et aux côtés de son cher et tendre, elle ne reste jamais bien loin des siens - ceux qu’elle ne juge pas morts, en tout cas. “J’aime bien, ici. J’y ai mes souvenirs. J’aimerais y élever mes enfants, bientôt.” Oh, elle ne parle pas du village dans lequel ils ont tous grandi et se sont retrouvés autour de l’église, loin de là, mais le ‘ici’ pour parler du Queensland semble adapté. Rester dans les environs lui assure une certaine pérennité et un sentiment de confiance. Puisqu’elle a vécu le pire, rien ne pourrait arriver de semblable à ses enfants ; le terrain est dégagé. “T’as toujours l’air d’être en train de fuir.” Quelques mots à son sujet ; quelques mots à propos d’Alfie. Et à peine a-t-elle prononcé ces derniers qu’elle s’attend à une remarque désobligeante de sa part, une des nombreuses qu’il aura eu à son encontre et qu’elle jugera trop dures, une fois de plus. “Tu me fais penser à Jo dans ces moments-là. Il aurait détesté Callum, lui aussi.” Puisqu’est aussi le cas du Maslow, lui qui n’a jamais mâché ses mots au sujet du petit-ami en question, lequel il n’a jamais rencontré et ne risque jamais de le faire non plus. “Vous devriez être contents que je ne sois plus dans vos pattes.” Et elle parle d’eux au pluriel, comme si son frère était encore à côté à les écouter, simplement réduit au silence par une règle stupide sortie d’un jeu qui l’est tout autant.
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyLun 19 Juil 2021 - 23:37

Elle s’attaque à son cas, il réplique en statuant sur le sien. Lily n’a pas beaucoup évolué, si ce n’est pas du tout en autant d’années depuis que leurs chemins ne se croisent plus quotidiennement. Elle était soumise à ses parents, à lui et elle s’est libérée (vraiment ?) de telles emprises seulement pour lier d’autres boulets à sa cheville – voire les deux, tant ceux qui dictent sa vie sont nombreux. Tout le monde, sauf elle et le grand discours qu’elle attaque ne perd pas en valeur malgré sa réprimande. Il est convaincu de ce qu’il avance, Alfie, convaincu d’avoir raison sur tout et surtout sur elle. Elle a suivi une voie banale, dans une ville banale, entourée d’individus banals, pour le devenir elle-aussi. Il n’a jamais compris qu’elle tente autant de s’accrocher à une vie sans saveur alors qu’elle en est composée de centaines, qu’elle pourrait être exceptionnelle si elle cessait de courir après l’ordinaire. “Grand discours pour celui qui n’est même pas capable de se contrôler lui-même.” Un sourire moqueur s’affiche sur ses lèvres, ravi qu’elle lui donne l’autorisation d’attaquer à son tour (bien qu’il n’aurait pas attendu son feu vert pour se le permettre). « J’ai jamais cherché à le faire. » Alors où est le problème, Lily ? Son regard pose la question alors que ses épaules se haussent avec désintérêt. Il n’est pas touché par une telle réflexion, tout simplement parce qu’il ne la considère pas. Il le dit, il n’a jamais cherché à se contrôler, alors son grand discours est légitime contrairement à la manière dont elle mène sa vie, à s’écraser face à tous les autres simplement par peur d’exister elle-même. Il vulgarise comme ça l’arrange, mais le résultat est le même : ses paroles ne l’atteignent pas et il a presque envie de lui rire au nez tant il s’étonne qu’elle ait pu penser son attaque pertinente. Se contrôler est plutôt synonyme de cauchemar pour l’anthropologue, jamais il n’a essayé de le faire et jamais il n’essayera : c’est dans le chaos qu’il s’épanouit, ce que Lily ne pourra jamais comprendre de par sa recherche absolue de sérénité.

Cela se traduit jusqu’à sa relation, probablement ennuyeuse à mourir comparée à la sienne, puisqu’il semblerait que la comparaison de leurs conjoints respectifs soit de mise alors qu’il n’est pas celui ayant glissé sur ce terrain. “Comme si t’en avais quoi que ce soit à faire d’elle.« Comme s’il en avait quoi que ce soit à faire de toi. » La réplique est gratuite, enfantine, basse, évidemment qu’elle l’est avec Alfie, mais le but n’est pas de répéter les phrases de l’autre, mais plutôt de s’assurer que l’affirmation sera très vite balayée par l’égo de Lily qu’il s’amusera à piétiner par la suite. Il a planté la petite graine, il va la laisser se développer pour mieux l’abattre par la suite et à cette pensée, un sourire se dessine déjà sur ses lèvres. Il ne connaît pas ce Callum, mais le seul fait de piquer Lily est un plaisir auquel il refuse de renoncer, peu importe la méthode, peu importe le non-sens de ses propos. “Depuis quand est-ce que tu as envie d’entendre parler de mes histoires de coeur ?” Il hausse les épaules avec un large sourire moqueur. « Depuis que j’ai rien de mieux à faire. » À quelle réponse est-ce qu’elle s’attendait ? Parce que ça l’intéresse ? Oh, oui. C’est le cas, dans le fond, il a envie de savoir les nouveautés dans sa vie, mais il n’osera jamais formuler les choses sous la forme de questions simples et respectueuses. Il a toujours fait usage de la provocation, Alfie, même quand ses intérêts sont les plus purs. Ils le sont (presque) toujours avec Lily, peu importe la forme qu’ils prennent à l’oral. “T’as pas vraiment une tête de meilleure amie, Alfie.” Une main sur le cœur, une moue boudeuse et des sourcils froncés pour démontrer de la douloureuse (non) affirmation, il précise : « C’est exactement pour ça que je veux en être une. » Parce que c’est là où on ne l’attend pas et comme à chaque fois, il voit et imagine la vie comme un défi. Il n’a rien du confident ordinaire, respectueux, sincère ; c’est exactement pour ça qu’il veut le devenir le temps d’un instant.

Ce n’est pas vraiment dans cette optique qu'il la suit, pourtant, jusqu’à la ruelle qui lui permet enfin d’être parfaitement à l’aise car sorti de cette pièce qui lui rappelle tant de désagréables souvenirs. Il reprend contenance, bien qu’on ne puisse pas vraiment dire qu’il l’ait perdue, toujours aussi moqueur, toujours aussi lourd, attaquant avant de répondre sincèrement. “C’est comme si tu étais déjà reparti alors que tu viens à peine de rentrer.« C’est déjà trop. » Trop de sédentarité, trop de stabilité pour lui qui ne s’épanouit pas de la même façon que Lily. Il a besoin de bouger, il a besoin de vivre. Sa vie se résume à voyager ; c’est l’avantage d’avoir poursuivi des études qui l’ont passionné dès le départ, il a pu préparer ses proches à cette issue et au fait qu’il allait inévitablement partir en ayant trouvé ainsi sa voie. Il a trouvé la sienne, mais Lily, elle, ne lui semble pas être aussi épanouie quoi qu’elle en dise – comment pourrait-elle l’être en étant toujours coincée ici ? Il devrait le savoir, Alfie, que sa vision du monde est bien différente de celles des autres et qu’il ne peut pas leur imposer de penser comme lui, autant qu’il ne devrait pas juger leur façon de faire. C’est pourtant ce qu’il fait, car il s’agit de Lily : il y a une règle qui impose de juger tout ce qu’elle fait, comme elle ne peut pas s’empêcher de le faire le concernant. Comme elle le fait alors qu’il lui a posé une question qui n’appelait qu’une réponse honnête et désintéressée. "Pourquoi est-ce que tu veux toujours le faire, toi ?" « J’ai aucune raison de rester. » Il n’a pas de Callum, il n’a pas même de perspective d’avenir. Ce n’est pas triste, c’est rassurant : il ne s’enferme pas à courir après un but qu’il a peu de chance d’atteindre et dont l’échec chamboulera toute une vie qu’il a tenté de construire. C’est dans l’incertitude qu’il trouve son équilibre et cet équilibre n’est pas permis à Brisbane. Partout, sauf ici. “Les parents n’ont plus que moi. Je dois m’occuper d’eux.” Il roule des yeux au ciel. « Et quand ils seront morts, tu penseras à tout le temps que t’as perdu. » Il ajoute en haussant les épaules d’un air las. Il s’attend à ce que cette réflexion soit accompagnée de remontrances, c’est même ce qu’il recherche, à la faire sortir de sa zone de confort, à la faire admettre ce qu’elle s’évertue à nier. Est-ce qu’elle est vraiment heureuse, coincée avec des parents qui n’ont que le nom et certainement pas le statut ? “J’aime bien, ici. J’y ai mes souvenirs. J’aimerais y élever mes enfants, bientôt.” C’est déjà plus cohérent et plus acceptable comme réponse. Ce qu’il note n’est finalement pas l’information qu’une possible révélation. « Tu es enceinte ? » Il demande, un peu surpris, sans pour autant poser la question comme s’il s’agissait de la nouvelle du siècle. Ça ne l’est pas et ça ne le touche pas particulièrement, même si l’idée d’une Lily maman enlève évidemment une part non-négligeable à son charme autant qu’elle représente un défi intéressant. Peut-être qu’il anticipe trop sur la base d’un simple bientôt qui, pourtant, a tellement de significations différentes. “T’as toujours l’air d’être en train de fuir.” Il l’a dit, il n’a aucune raison de rester. Mais c’est une autre réponse qui lui offre désormais. « Ma vie n’est pas ici. » Elle ne le sera jamais. Ce n’est pas ici qu’il s’épanouit, ce n’est pas ici qu’il se voit vivre et ce n’est certainement pas ici qu’il veut mourir. “Tu me fais penser à Jo dans ces moments-là. Il aurait détesté Callum, lui aussi. « Il n’est pas mort. » Il détesterait Callum. Mais Joseph n’est pas mort et la manière dont elle en parle lui fait penser le contraire ; sa voix devient plus sèche et son regard se veut plus dur. « Et puis, il a un prénom à chier, aussi. » Il faut dire ce qu’il est, comme si ceci était l’évidence derrière les raisons de cette animosité qui, à vrai dire, ne se base sur absolument rien et est purement gratuite, comme toujours avec Alfie. “Vous devriez être contents que je ne sois plus dans vos pattes.« J’ai pas dit qu’on ne l’était pas. » Il précise avec un sourire moqueur. Il ne l’a pas dit et finalement il ne le dit pas plus : il y a des choses inavouables, en plus d’être terriblement fausses. « Et tu devrais être contente qu’on ne te martyrise plus. » L’ont-ils seulement déjà fait ? L’a-t-il déjà réellement fait, entre le geste d’une affection dissimulée et le silence d’une amitié inavouée ?

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyLun 26 Juil 2021 - 16:05

« Comme s’il en avait quoi que ce soit à faire de toi. » Les fondations de son assurance tremblent tant cette réponse est accompagnée de vérité. Lily est ébranlée, touchée en plein cœur. Elle le déteste, lui qui pointe toujours du doigts les maigres incohérences de la vie de la jeune femme. Il n’en a rien à faire, de toute façon, que le couple qu’elle forme avec Callum soit pleinement heureux ou simplement soudé pour les apparences. Ce ne sont pas ses affaires et cela ne l’a même jamais été, tant il n’a pas compté dans son existence. Lily serre la mâchoire et lui assène le regard le plus noir que ses yeux clairs peuvent lui offrir. En somme, rien de réellement effrayant ou que le jeune homme n’ait pas déjà expérimenté un millier de fois. C’est une vérité qu’elle ne sait pas contrer, elle qui n’a de toute façon jamais su garder l’attention d’un homme sur elle, sans même parler de relation amoureuse. Son père était plus occupé à sermonner Joseph, son frère à courir après Alfie, ce dernier à se jouer d’elle. Callum, au moins, lui donne un peu d’attention, de temps à autre. Lui, au moins, il ne fuit pas à l’autre bout du monde tous les mois, et ses défauts sont ce qu’ils sont, il peut ne pas être parfait, lui. “Lâche moi.” qu’elle se contente finalement de maugréer sans aucune répartie, toujours un peu plus affectée par ses mots alors qu’ils ne sont pour lui qu’une habitude. Bien sûr, qu’il n’a rien de mieux à faire que de rigoler de la vie amoureuse de la jeune Lily Keegan. Lui défaire ses parfaites couettes tressées avec soin ne suffit plus depuis bien longtemps. “C’est pas tes affaires, de toute façon.” Elle ne reparlera plus d’Ariane, la leçon est apprise et retenue.

Dans sa tentative de fuite elle-même, Lily n’y met aucune force, aucune conviction non plus. Un chasseur continuera de courir après sa proie blessée, il ne repartira pas sans sa tête. Il en est de même pour le Maslow, dont l’instinct de chasseur est inné et le besoin de tuer et faire mal l’est plus encore - le tout multiplié par l’infini si vous portez le même prénom qu’elle. « C’est déjà trop. » Et eux, les pauvres âmes errantes coincées à Brisbane, elles ne seront jamais assez. Pas une raison suffisante pour qu’il reste, encore moins pour qu’il parle de la ville avec un peu moins de dégoût dans la voix. Elle ne sait pas profiter de l’instant présent qu’elle l’imagine déjà en train de risquer sa vie dans des pays dangereux où une appendicite vous coûte assurément la vie - et Lily s’est toujours promis que si un jour il venait à mourir, cela devrait être de sa main, et surtout pas de façon inopinée. « J’ai aucune raison de rester. » Pour ces mots-là, elle voudrait le tuer. A défaut, son visage crispé de ses reproches se voile aussi d’une certaine tristesse qu’elle ne sait pas cacher bien longtemps. Alfie se permet toujours de venir dans sa vie quelques instants pour la chambouler de fond en comble mais il ne reste jamais assez pour en voir les conséquences, encore moins tenter de les réparer. Il n’en a sûrement aucune envie, Dieu autoproclamé bien trop heureux d’observer le malheur qu’il répand sur le monde d’en bas. “Toujours aussi sympathique, Alfie.” Elle aurait dû être une raison suffisante pour qu’il reste. Elle l’aurait voulu, tout du moins.

« Et quand ils seront morts, tu penseras à tout le temps que t’as perdu. » - “Ils ont tout donné pour m’offrir une belle vie, je ne les abandonnerai pas. Ce serait égoïste.

Les paroles du Maslow n’ont rien d’étonnantes, elle ne prend même plus la peine de s’en étonner. La piété filiale n’est pas sa spécialité et personne n’en serait étonné. Il ne tient pas à ses amis (en a-t-il seulement ?) et encore moins à sa famille, c’est ce qui caractérise l’imparfait caractère de l’anthropologue qu’elle n’a jamais su se résoudre à faire sortir de sa vie. « Tu es enceinte ? » La question arrache un premier sourire à la plus jeune, laquelle rayonne déjà à la simple idée de réellement tomber enceinte sous peu de temps. Callum n’est pas parfait mais au moins il est à ses côtés et y reste, à en juger par la durée de leur relation qui se compte déjà en de nombreux mois. “Pas encore.” Il sait, Alfie, qu’elle sera le genre de mère à amener ses enfants par lot de trois à l’école avant d’avoir eu trente ans. La vie ne peut en être autrement. « Ma vie n’est pas ici. » Il sait, mais il ne le verra jamais, occupé à courir après Dieu seul sait quoi. Il ne trouvera jamais de stabilité ainsi, ne trouvera pas de jolie (et patiente) jeune femme avec qui faire de beaux enfants - parce qu’il est peut être une horrible personne à l’intérieur mais du reste, elle ne peut pas donner tort à son elle d’il y a quelques années et de ses sentiments. “Mais c’est pas pour autant que tu sais où elle est.” Sinon, il n’irait pas éternellement de droite à gauche. Sinon, il aurait compris que Brisbane vaut bien mieux que n’importe quelle autre ville ou pays du monde, parce qu’ici au moins sont ses proches qui l’ont supporté durant toute l’enfance et l’adolescence, faisant d’eux des surhommes capable de trouver quelques qualités à l’homme qu’il est devenu. « Il n’est pas mort. » Joseph, toujours Joseph. Elle a lancé le sujet mais s’en veut déjà et le regrette. “C’est tout comme.” Il est parti sans jamais se retourner. “Ce serait plus simple si c’était le cas.” Mort, au moins, elle n’aurait plus à craindre son état de santé physique ou mentale, ni même à se demander s’il a aujourd’hui bu à sa faim ou bien quel endroit du corps il aurait pu choisir pour se piquer. « Et puis, il a un prénom à chier, aussi. » - “Venant d’un Alfred, l’argument est certainement recevable.” Lily note avec ironie, préférant ne pas lui laisser l’opportunité de donner davantage de temps à Alfie pour qu’il trouve d’autres défauts à son petit-ami. Non pas qu’il ne le mérite pas, mais il y aurait bien trop de possibilités.

Pendant un instant, Lily a presque eu l’impression qu’il lui tendait une marque d’affection, quelques mots, un sourire, un quelque chose auquel s’accrocher - et c’est ce qu’elle fait, s’accrocher comme une désespérée à la moindre miette qu’il daigner laisser dans son sillage. « Et tu devrais être contente qu’on ne te martyrise plus. » L’ironie est parfaite, absolue. Ils ont laissé place à d’autres, un vide ne peut le rester indéfiniment. Il se devait d’être comblé et Callum est arrivé dans sa vie au bon moment, ou au pire selon le point de vue. Ce sont autant de remarques que Lily entend d’une oreille faussement inattentive et si elle choisit de ne pas y répondre, ce n’est pas pour autant qu’elle n’entend rien. “Tu ne sais pas ce que c’est que de vraiment faire mal à quelqu’un.” Pas de front, en tout cas. Lily affiche un sourire certain, pourtant loin d’être serein. Il l’a blessé des centaines de fois, parfois plus profondément que d’autres, mais il ne l’a jamais frappée ni même touchée contre son gré. Il a beau être un déchet humain lors de ses heures sombres, Alfie lui-même a toujours respecté certaines limites avec elle, et pour ça au moins elle lui en est reconnaissante. “Tu joues avec le feu mais au fond, t’es loin d’être le pire. Désolée de te l’apprendre.” C’est sûrement un titre auquel il aspirait, lui l’insupportable gamin qui a eu le malheur de devenir un adulte qui l’est tout autant. Lily sourit fièrement (faussement), ses bras repliés sous sa poitrine, ses yeux dans ceux de son ami car elle reste encore incapable d’anticiper sa réaction sur un tel sujet. Joseph non plus n’aurait jamais fait de mal à personne, il était bien plus doué pour recevoir les coups. “Tu t’en vas dès que les problèmes se présentent, t’es comme Joseph. Fais pas semblant.” Ils sont tous pareil. Ils fuient et la laissent en arrière sans autre choix que de se débrouiller seul. Ça, au moins, il ne peut pas le nier.
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyJeu 5 Aoû 2021 - 21:30

Le regard incendiaire de Lily ne fait qu’accentuer son sourire de parfait emmerdeur. C’est ainsi, à chaque fois qu’il a conscience d’avoir touché un point sensible, son plaisir s’accentue, au détriment de celui de Lily – évidemment. Il ne sait rien, pourtant, du couple qu’elle forme avec Callum et cela devrait être suffisant pour que la jeune femme n’accorde aucun crédit à ses propos. Mais ses mots auront toujours de la valeur, quoi qu’elle en dise et c’est un avantage qu’il n’est pas prêt à céder avec les années, parce qu’il n’a certainement pas gagné la maturité qui va avec et peut-être que la brune a eu raison de souligner qu’il ne grandit pas. Il a pourtant évolué, plus qu’on aurait pu le parier, mais il régresse aussitôt au contact de Lily. Pour le meilleur, mais surtout pour le pire comme il en fait la démonstration alors que la conversation semblait cordiale. Mais elle a amené le sujet d’Ariane dans la conversation et s’il s’en fiche bien de défendre l’honneur de la rouquine (elle n’a pas besoin de lui pour ça), tant qu’il peut piétiner celui de la brune. “Lâche moi.” Outch. Ça fait si mal que ça, Lily ?C’est pas tes affaires, de toute façon.” Il aurait pu répondre que celles qui concernent Ariane et lui ne sont pas plus les siennes, par envie de piquer jusqu’à la dernière occasion autant que par la satisfaction d’avoir le dernier mot. Il ne le fera pas et n’allez pas imaginer qu’il s’agit d’un instant de répit offert par pitié ou mauvaise conscience, non. Alfie ne dit rien car le visage de la jeune femme suffit à son bonheur et qu’il est bien trop occupé à savourer son regard noir posé sur lui plutôt qu’à réfléchir à une répartie susceptible de clôturer un sujet qui l’est depuis longtemps.

Un autre qui n’a pas besoin d’être discuté est son besoin de quitter cette ville dès que l’occasion s’y prête. Il n’a pas d’attaches à Brisbane, autre que ses parents et encore, il se porte très bien sans les voir régulièrement. Sa fierté l’empêche de dire que sa vie serait probablement différente s’il n’avait plus le moindre contact avec eux et qu’il en serait peut-être peiné. La vérité est qu’il le serait, mais parviendrait aussi à s’en remettre. Alfie ne s’est finalement jamais attaché à beaucoup de monde et même ses parents ne sont pas une exception, même eux ne parviennent pas à lui donner une raison suffisante de vivre de manière permanente ici. Ce n’est pas ainsi qu’il conçoit le monde et, surtout, ce n’est pas ainsi qu’il conçoit sa vie. Il a besoin de bouger, il a besoin de découvrir ce qui se cache à l’extérieur de ce pays, il a besoin d’être stimulé, de faire des découvertes, des rencontres, des erreurs autant qu’il a besoin de sauver le monde à défaut de pouvoir se sauver lui-même. Il n’y a rien qui soit suffisamment convaincant pour qu’il envisage qu’être ici vaut mieux que de courir le monde. Et surtout, si le monde a besoin de lui, personne n’a besoin de lui dans cette ville, pas même ses parents. “Toujours aussi sympathique, Alfie.” Il fronce les sourcils, prête attention à son visage et son regard qui ne le maudit plus. Il lit l’émotion dans ses yeux qu’elle ne semble même pas vouloir cacher ; alors il est celui qui l’ignore. Il ne veut pas voir ce qu’il voit dans son regard, pas plus qu’il ne veut le reconnaître ou admettre une vérité qui dérange. Suffisamment pour qu’il reste silencieux, d’ailleurs et se contente d’afficher finalement ce même sourire d’emmerdeur qui la caractérisé quelques minutes plus tôt et qui a contribué à provoquer son regard noir, dans l’espoir qu’il en soit de même cette fois-ci.

Ils ont tout donné pour m’offrir une belle vie, je ne les abandonnerai pas. Ce serait égoïste.« Ta loyauté est ridicule. » Et il en sait quelque chose, Alfie, pour en bénéficier malgré des années où il a su prouver qu’il ne la méritait pas. Mais il la mérite toujours plus que les parents Keegan, sans pourtant savoir ce qu’il leur reproche. Il la mérite plus que n’importe qui, à vrai dire et même le plus pur des chrétiens ne saurait rivaliser avec lui. Pas même ce potentiel bébé qui pousse dans son ventre et dont il vient de découvrir l’existence. Ou plutôt, dont il vient d’anticiper l’existence. “Pas encore.” Il ignore pourquoi il se sent presque rassuré alors qu’il ne s’agit en aucun cas de son marmot à lui. Lily en veut des tonnes, à finir par acheter un bus scolaire pour tous les trimballer et à renoncer à sa vie sexuelle après les avoir tous sorti. Ça, il le pense très fort, mais il ne le dira pas, à croire qu’il pourrait presque réfléchir à ce qui sort d’entre ses lèvres. « J’ai eu peur. » Il pose une main sur son torse de façon théâtrale, lui laissant le soin d’interpréter ses paroles qui s’accompagnent d’un large sourire moqueur. “Mais c’est pas pour autant que tu sais où elle est.« Elle ne s’arrête pas à un lieu. » Il souligne, très sérieux, son regard qui cherche le sien pour ne pas à être celui qui baisse les yeux. « C’est égoïste aussi d’ouvrir son esprit ? » Il l’interroge, le sourire provocateur toujours au bout des lèvres. Il est croyant, Alfie, à sa façon. Il ne suit plus les préceptes de ses parents, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’y a pas un pu de spirituel en lui ; et c’est cet aspect qui lui permet de croire que la vie ne s’arrête pas tant à une expérience physique ou un ancrage bien spécifique ; c’est un état d’esprit plus qu’une réalité concrète – même si son existence, elle, en est une. “C’est tout comme. Ce serait plus simple si c’était le cas.” Ils ne parlent pas souvent de Joseph, tous les deux, mais elle a suffi à le piquer en quelques mots. « Je t’apprends rien en te disant qu’il y a toujours plusieurs versions d’une même histoire. » Il débute d’un air las, se contentant d’exposer des faits. « J’espère que dans la sienne il tient le même discours vous concernant, te concernant. » Avant d’évoquer son envie, sourire aux lèvres. Il n’a pas beaucoup d’affection pour la plupart des gens, mais il y en a beaucoup (trop) pour Joseph. “Venant d’un Alfred, l’argument est certainement recevable.« Évidemment. » Ne jamais lui donner le dernier mot. Jamais, même quand elle le mériterait.

Il devrait être content qu’elle ne soit plus dans ses pattes. Tout réside dans le conditionnel ; il n’en est rien au présent. De la même manière qu’elle devrait être heureuse de ne plus être sa victime de premier choix, ils sont tous les deux dans le déni de quelque chose qui ne leur manque pas, mais auquel ils repensent avec nostalgie et, au fond, attachement. Pas qu’elle ait aimée être martyrisée, pas qu’il ait aimé l’avoir dans les pattes, mais parce qu’ils étaient liés, dans ces moments-là, plus qu’ils ne le sont désormais. Bien sûr, jamais ils ne pourront s’effacer de la vie l’un de l’autre, mais la distance physique n’était pas autant de rigueur, à cette époque-là. “Tu ne sais pas ce que c’est que de vraiment faire mal à quelqu’un.« C’est un défi ? » Il pose la question, elle est pourtant rhétorique. Tout est un défi avec lui. On pourrait lui suggérer de tuer quelqu’un qu’il le verrait comme une opportunité à saisir pour se montrer plus malin que les instances judiciaires. Mais le fait est qu’il ne sait pas vraiment, Alfie et ce n’est pas nier sa personnalité que de l’affirmer. Il fait du mal, oui, mais il ne sait pas vraiment ce que c’est ; puisque ça ne le concerne jamais directement. Il plante les graines du malheur, à droite à gauche, mais il ne vit pas la croissance de celles-ci, il ne les subit pas quand leurs racines sont si entremêlées à soi qu’on ne peut plus s’en débarrasser. “Tu joues avec le feu mais au fond, t’es loin d’être le pire. Désolée de te l’apprendre.« Je suis outré. Qui m’a volé la couronne ? » Il demande, faussement choqué, moqueur, ne la prenant pas au sérieux. Il ne s’agit que de mots visant à atténuer son pouvoir et son contrôle, il sait comment elle fonctionne avec les années et plus rien ne le surprend. Elle a juste besoin de conserver un peu de contenance, ce qu’il ne lui permet pas alors qu’il ne cesse de prendre l’avantage en quelques mots. Elle fait du mieux qu’elle peut, mais elle reste Lily Keegan : elle n’a aucun argument et ne fait que copier ceux des autres. “Tu t’en vas dès que les problèmes se présentent, t’es comme Joseph. Fais pas semblant.” Cette fois-ci, il lui rit au nez. C’est une tentative désespérée de changer de sujet, évidemment. « Tu vas t’en remettre ou je dois te payer dix ans de thérapie ? » Il ajoute, toujours aussi moqueur. Elle insiste Lily, elle revient sur un sujet qui n’a plus lieu d’être depuis longtemps. Il est passé à autre chose, elle devrait en faire de même.

Mais cette fois-ci, c’est lui qui ne passe pas à autre chose. Le court silence pendant lequel elle cherche une répartie, dissimule sa blessure, le fusille du regard, peu importe puisqu’il ne s’intéresse plus vraiment à sa silhouette, lui permet de réfléchir à ce qui est réellement important : ses mots. Elle l’a habitué à des attaques plus pointues, même dans les plus ridicules. Certainement pas à un simple « t’es pas le gagnant, nananère », encore moins à une prétendue insistance pour souligner qu’elle s’y connait nettement mieux que lui. Les pièces du puzzle commencent à se mettre en place ; à quel moment est-ce qu’elle sait mieux que lui ce qu’est faire mal à quelqu’un ? Lily n’a jamais osé toucher à une mouche, alors comment pourrait-elle rivaliser avec un titre qui lui revient ? Comment peut-elle oser le remettre en question, elle qui prône toujours la logique et les faits, les preuves, les expériences vécues et rien qui soit sorti de son imaginaire, issu de mensonges qui ne l’arrangent pas. Il est loin d’être le pire et il sait qu’elle ne le compare pas à Joseph ; pas alors qu’elle sait que les deux hommes ne sont pas en froid comme la fratrie, du moins. Elle n’a aucun intérêt à le menacer de la sorte, elle n’a aucun intérêt à lier Alfie et Joseph contre elle en souhaitant les opposer. Son insistance quant à sa fuite le faisant sourire précédemment, l’interroge désormais. « T’as quelque chose à me dire ? » Il demande, bien que le ton demeure légèrement moqueur pour ne pas lui donner l’impression de se soucier d’elle, sa question reste sincère. Il sait qu’il y a quelque chose de plus qu’un affrontement entre deux adultes qui mènent toujours une guerre d’adolescents. Qu’elle vise à le critiquer, à se moquer ou, pire encore, à le valoriser, il y a quelque chose qu’elle ne dit pas et de plus en plus, il se questionne quant à savoir si cela le concerne réellement. « Tu le sais, toi ? » Qu’il poursuit ; la connaissant suffisamment pour savoir qu’elle ne lui donnera pas de réponse susceptible de représenter une faiblesse de sa part, mais elle pourra lui répondre pour continuer à prendre l’avantage, alors même qu’il est celui qu’il le prend par sa manière de l’orienter vers ce qu’il veut savoir, vers ce qu’il veut entendre.

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyVen 6 Aoû 2021 - 1:52

« Ta loyauté est ridicule. » C’est lui qui est ridicule, plutôt, à ne rien comprendre à l’importance de la famille, surtout après qu’elle en ait elle-même évincé un de ses membres. Elle ne peut pas s’autoriser davantage de pertes, pourtant ce n’est pas faute d’avoir souvent envie de renier son paternel, pour des raisons évidentes. Lui, au moins, sait préserver les apparences. Aussi égoïste cela puisse-t-il être, il apparaît comme un danger bien moindre en comparaison d’un frère effronté et un éternel m’as tu vu qui ne sait briller que par ses mauvaises idées. Alors non, sa loyauté n’a rien de ridicule. Elle est bornée, égoïste et sûrement pathétique, mais pas ridicule. Lui a des parents plus que normaux, il devrait les chérir davantage plutôt que de laisser Lily le faire à sa place, elle qui leur offre des cadeaux à chacun de leur anniversaire pour les remercier de leurs attentions quotidiennes autant que de leur bienveillance. Lui trouve toujours le moyen d’être ailleurs, ces jours-là. Elle ne fait que combler le vide qu’il crée, ce qui est sans doute un des nombreux résumés qui pourrait être associé à leur relation. « Je t’apprends rien en te disant qu’il y a toujours plusieurs versions d’une même histoire. J’espère que dans la sienne il tient le même discours vous concernant, te concernant. » Ils sourient chacun pour des raisons bien différentes. Alfie ne devrait pas se permettre d’autant mettre son nez dans les affaires familiales des Keegan, il a tout à y perdre. “Tu sais bien qu’il ne tiendrait pas le même discours.” Tout reste toujours au conditionnel, puisque dans la version officielle il n’y a même jamais eu de Joseph. Son frère est une vue de l’esprit, un ami imaginaire qu’elle a connu ses premières années de vie avant qu’il ne disparaisse soudainement et qu’on appelle ce moment ‘l’âge adulte’. Il est arrivé prématurément pour Lily, voilà tout, mais cela ne l’empêche pas de savoir ce que penserait son ami imaginaire et de déjà anticiper le fait qu’il ne soit pas capable d’avoir de tels mots à son égard. Malgré les apparences, il est bien plus doux qu’elle ne saura jamais l’être envers lui, et il n’oserait jamais avoir tous les mots qu’elle utilise au quotidien, encore moins penser les pires qui restent dans l’esprit de sa cadette. Même drogué, il reste un garçon tendre. Cela ne l’empêche pas d’être stupide et de gagner sa clémence pour autant.

Le sujet de Joseph ainsi clôturé, ils ne tardent pas avant d’en trouver un autre sur lequel leurs avis divergent déjà. Ils sont nombreux, il faut bien l’avouer. « C’est un défi ? » Lily a un rire amer, marqué par l’absence de réponse. Il voit un jeu dans tout ce qu’elle dit, là où elle peine à accepter de parler avec sérieux, ce qui serait une preuve supplémentaire de la confiance qu’elle lui accorde malgré toutes ses erreurs répétées. Joseph n’a pas eu le droit à tant de clémence, mais Joseph n’est plus là pour s’en plaindre. Non, bien sûr que non, ce n’est pas un défi. Elle n’entrera pas dans son jeu, elle ne lui donnera pas davantage de mauvaises idées. Il sait très bien se débrouiller seul pour ça, il n’a jamais eu besoin de la jeune Keegan pour s’auto-détruire avec brio. « Je suis outré. Qui m’a volé la couronne ? » Elle en a trop dit et pas assez. Elle veut qu’il sache, mais pas qu’il y ait de conséquences pour personne. Il mérite de savoir, juste pour lui montrer qu’elle existe, qu’elle est là, qu’elle mérite au moins un regard et quelques mots entre deux reproches amers ; mais elle ne veut pas susciter de l’empathie, encore moins qu’il pense qu’elle ait besoin de lui pour quoi que ce soit. Alfie n’est pas son grand frère, il ne remplacera jamais Joseph ; et même lui, elle n’aurait pas voulu lui dire. Pourtant, elle sait déjà qu’il est trop tard et que son son ironie latente se cache un petit cerveau en ébullition, additionnant les indices laissés sans discrétion sur son chemin. Pour peu, elle lâcherait une injure laissant éclater au grand jour la colère qu’elle tourne contre elle-même. « T’as quelque chose à me dire ? » Non est la réponse logique, simple, intuitive. C’est aussi un mensonge qu’elle cache plus maladroitement que jamais, ce qui ne lui ressemble pas. “A part des insultes, tu veux dire ? Rien ne me vient à l’esprit.” Les yeux de la jeune femme sont agités, ils passent de la droite à la gauche de son visage sans jamais s’arrêter, comme si cela allait l’aider à pouvoir anticiper la suite de ses paroles. « Tu le sais, toi ? » La mâchoire serrée, elle lui en veut soudainement de ne pas le savoir. S’il était resté, il aurait vu et su, lui aussi. Lily peut mentir à n’importe qui, n’importe quand, mais Alfie connaît tous ses tours de passe-passe, il sait lire entre les lignes et voir la vérité au cœur du mensonge. Pour ça, il faut pourtant qu’il accepte de passer plus d’une minute en compagnie de la brune, mais jamais elle n’aurait pu le lui demander. Aujourd’hui encore, cela semble inimaginable. “Ça fait quoi, de t’être fait détrôner à ton jeu préféré ?” Tout n’est qu’un jeu, n’est-ce pas ? Lily ne compte pas laisser l’empathie s’installer et elle préfère s’aider du moindre élément à sa disposition, préférant ainsi la fausse fierté à toute confession pathétique. Son sourire est là, grand et faux. “‘Faire de la vie de Lily Keegan un enfer’.” C’est le titre dudit jeu. Il connaît de nombreuses variantes mais elles restent toutes largement semblables ; et dans chacune, Callum l’emporte largement sur Alfie. Ironiquement, elle ne cesse pas de l’aimer, tout comme elle n’a pas su arrêter non plus, le jour où le Maslow l’a laissée seule, dans une chambre inconnue, dans la maison d’un ami à lui qui l’était tout autant. Décidément, ils ont plein de points communs, ils pourraient s’entendre.

Lui faisant soudainement dos, elle ramène ses cheveux devant elle pour ne pas qu’ils le gênent. Les yeux posés sur le mur face à elle, Lily garde le dos droit et use de paroles fortes, prétendument assurées. “Remonte le tee-shirt.” Et il dira ‘oh Lily, vraiment, dans un lieu public ?’, ‘fallait le dire plus tôt’, ‘c’est pas ton dos qui m’intéresse’, ‘bah dites dooonc, qui êtes vous et qu’avez vous fait de Lily Keegan ?’ et tout un tas d’autres choses qu’elle est capable d’anticiper, en ayant l’habitude. Ce que lui ne saurait anticiper en retour, ce sont les différents bleus (devenus verts, violets, jaunes, rouges selon leur âge respectif et leur emplacement) colorant son dos, donnant un relief nouveau à ses côtes, lui faisant un mal de chien dès qu’elle a le malheur de les oublier. En effet, la couronne d’Alfie lui a bel et bien été dérobée. “J’ai rien à te dire, Alfie.” Elle lui montre, c’est tout, et ils ne poseront jamais de mots dessus parce que cela n’en vaut pas la peine.
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyMer 1 Sep 2021 - 17:56

Elle est ridicule Lily, pour des dizaines de raisons différentes, qui n’en sont probablement qu’à ses yeux car au même titre qu’elle se permet de juger sa vie et ses choix, il se permet d’en faire de même. Il n’a jamais été porté sur la famille, Alfie, même s’il n’a jamais renoncé à celle-ci : il s’en est simplement éloigné pour mieux s’épanouir et puisque cela lui a réussi, il a tendance à croire que c’est la solution universelle à de nombreux problèmes (parce que la famille est toujours à l’origine de tout, Freud l’a dit). Et il n’est pas sans savoir que les Keegan n’ont rien de la parfaite famille qu’ils essayaient de montrer tous les dimanches à l’église. Il n’a jamais creusé plus que de raison malgré son évidente curiosité, par loyauté envers Joseph et, plus surprenant, envers Lily. Et par égoïsme, aussi ; où serait le plaisir de déterrer des cadavres qui ne le concernent pas ? Il préfère laisser une telle mission aux principaux concernés et il n’a aucune raison de douter quant au fait que les Keegan ont de (trop) nombreux squelettes dans le placard. Il n’a jamais mis des mots dessus, mais il n’est pas dupe, Alfie, son meilleur ami est parti pour une raison, Lily reste pour une autre : il y a toujours deux versions de la même histoire, comme il le souligne à présent, est pour que les issues soient aussi différentes, c’est qu’il y a beaucoup de choses à raconter. “Tu sais bien qu’il ne tiendrait pas le même discours.« Pourquoi il n’aurait pas ce droit si toi tu le prends ? » Il interroge, mimant un étonnement à outrance, une moue théâtrale sur le visage. Hein, Lily, pourquoi lui ne pourrait pas agir comme toi ? S’il ignore les contacts qu’ont conservé le frère et la sœur durant toutes ces années, ceux qu’il a continué d’entretenir, irréguliers, avec Joseph lui donne malheureusement raison. Il n’a jamais ignoré l’existence de Lily pour rendre l’histoire plus facile, contrairement à elle : ce qui donne tous les droits à Joseph de la rayer de sa version à lui. Elle ne mérite certainement pas autant d’intérêt qu’il ne veut bien lui en donner, en témoigne la manière dont elle dénigre son frère même en son absence et, pire, souhaite le voir six pieds sous terre. Ce n’est pas un discours très catholique, ça, Lily. Et pourtant, même s’il vise son meilleur ami, quelqu’un pour qui il continue d’avoir de l’affection, ce discours aurait pu satisfaire Alfie de par le fait qu’il est bien trop extrême pour être socialement admis. « C’est papa et maman qui doivent être heureux que leur gentille fifille répète tout ce qu’ils disent. Un brave petit robot. » Il tapote même le sommet de son crâne pour la féliciter. Il pourrait la féliciter plus proprement, oui, d’être aussi arrêtée sur ses idées, aussi virulente alors qu’elle n’a jamais un mot plus haut que l’autre, mais finalement ce discours n’est que le report des mots de ses parents, il n’en doute pas un seul instant. Ridicule, cette loyauté, qu’il disait et elle ne fait que le confirmer sans même ouvrir la bouche.

Il ne sait pas ce que c’est, de réellement faire du mal à quelqu’un et il lui rit au nez, Alfie. Il lui rit au nez parce qu’il ne saisit pas immédiatement l’enjeu de sa déclaration, se contentant d’y voir un défi qui, évidemment, semble désormais un objectif. Elle sait qu’elle fait face au plus redoutable des adversaires, celui qui n’abandonnera jamais la partie, peu importe la bassesse des coups et les stratégies discutables pour en arriver là. Elle le connaît suffisamment pour savoir que de tels mots doivent être prononcés avec prudence, autant qu'il la connaît suffisamment pour savoir qu’elle n’est pas une débutante qui ignore la portée de ceux-ci. Peut-être qu’il s’agit d’une stratégie pour ne pas le laisser prendre totalement l’avantage, mais elle l’a habitué à plus d’esprit, Lily et certainement pas à des réflexions aussi faciles que « il y a pire que toi » qui ne relèvent d’aucun argument – et Lily ne manque jamais d’arguments ou du moins, aime s’en convaincre bien qu’Alfie ne partage pas cette opinion. “A part des insultes, tu veux dire ? Rien ne me vient à l’esprit.« Tu m’as habitué à mieux. » C’est un soupir las qui s’échappe d’entre ses lèvres autant qu’une interrogation qui émerge. Elle l’a habitué à mieux, c’est certain et il ne comprend lui-même pas la clémence dont elle semble soudainement faire preuve, peu motivée par l’idée de se lancer dans des joutes verbales. Lily n’insulte pas, ou alors, doit réellement être poussée à bout et il n’a pas encore tout à fait atteint les limites en ce jour. Lily est un caméléon, non pas parce qu’elle se fond dans un environnement pour mieux se l’approprier, mais bien parce qu’elle ne fait que copier les autres : s’il attaque, elle en fera de même. Elle se calquera sur son niveau, sur ses mots ; elle aurait dû être plus subtile dans le choix de ses mots autant que plus confrontante dans l’attaque, mais pas aussi passive et dénuée de créativité qu’elle ne le montre à cet instant. Lily n’est pas vraiment là et pour la première fois depuis leur échange, Alfie commence à s’interroger. Il commence à s’interroger car pour une femme qui préfère ignorer les sujets qui font mal, elle a beaucoup d’insistance à évoquer le sien et plus particulièrement ce qui le cause. “Ça fait quoi, de t’être fait détrôner à ton jeu préféré ?’’ Ils oscillent souvent entre sous-entendus et propos francs, mais Lily fait durer le plaisir et l’expression sur son visage, elle, n’en prend aucun. Elle devrait se réjouir, pourtant, d’avoir réussi à battre Alfie Maslow à son propre jeu, de lui avoir trouvé un adversaire susceptible de le réduire au rang d’amateur, d’avoir piqué l’intérêt de celui-ci au point où il ne peut masquer sa curiosité – il est presque outré, oui, il l’a dit. “‘Faire de la vie de Lily Keegan un enfer’.« Ça fait quoi, d’avoir laissé cet avantage à quelqu’un d’autre ? » Il se moque, il n’a pas été détrôné, c’est elle qui a donné l’avantage à quelqu’un d’autre, c’est elle qui est en partie responsable de cette remontée du troisième adversaire et non lui qui a perdu son titre. « Tu veux une vie parfaite Lily, mais tu fais tout pour que ce ne soit pas le cas, t’es tout autant participante que sujet du jeu. » Il souligne avec son sourire arrogant sur les lèvres. Elle est participante et lui a finalement compris qui était le troisième. S’il n’y a rien de surprenant par la manière dont elle a coupé court à la conversation concernant son petit ami, les éléments mis ensemble commencent par intriguer un Alfie qui n’a plus l’impression qu’ils jouent, cette fois-ci. Ou plutôt, un nouvel adversaire s’est joint à la partie, de ceux qui ne sont pas les bienvenus et qui n’a certainement pas demandé l’autorisation aux principaux concernés quant à savoir s’il pouvait rivaliser avec eux. Évidemment qu’il ne le peut pas, évidemment qu’il est hors-course, lorsque ses yeux se portent sur une Lily qui lui offre son dos et qu’il n’a pas réellement besoin qu’elle prononce son invitation à la déshabiller pour qu’il comprenne de quoi il en retourne. “Remonte le tee-shirt.” Il ne dira rien malgré toutes les provocations qu’il a en tête, parce qu’il ne voit pas où attaquer, Alfie. Il doit s’avouer vaincu : Callum le fait bien mieux que lui, comme il le constate lorsque ses doigts viennent soulever le tissu de la jeune femme pour apercevoir les différentes marques laissées par le gagnant tout désigné. Gagnant qui mérite d’être disqualifié, car il n’a pas su jouer dans les règles de l’art, parce qu’il a opté pour la facilité quand eux ne cessent de pimenter le jeu, parce que frapper n’a rien d’une démonstration de force, mais tout de la confirmation de sérieuses faiblesses. Il ne lui laissera pas la victoire dans ces conditions, pas alors que Callum ne saisit pas l’importance du jeu et a décidé de la jouer en solitaire dès le moment où il a fait parler ses poings pour lui. C’est pourtant la première règle : ils doivent frapper, oui, mais uniquement avec les mots. Il a désobéi, il mérite d’être exclu de la course, il mérite d’écoper du titre de perdant et, si possible, d'être humilié au passage, Alfie va s’en assurer. “J’ai rien à te dire, Alfie. « Non, en effet. » Il rétorque tandis que ses yeux n’ont pas quitté sa peau bleutée et que sa voix s’élève, plus autoritaire. « C’est à la police que tu dois le dire. » Il n’a jamais vraiment cru en cette forme de justice, pourtant, Alfie, pour être conscient, dans son milieu professionnel, que celle-ci n’est jamais acquise lorsqu’elle est méritée et qu’il faut, parfois, la saisir soi-même. Mais Lily reste Lily, si elle doit faire les choses, c’est dans les règles et certainement pas en suivant celle de l’anthropologue (l’église n’approuverait pas). Peu importe, à ses yeux, puisque si l’église approuve un tel comportement, il en est droit d’approuver la punition à la hauteur de l’acte. « Il ne joue pas selon les règles, il ne m’a pas détrôné. » Il possède encore le trône et la couronne qui va avec, merci pour lui – il faut bien ça pour garder contenance et masquer le regard d’inquiétude qu’il porte sur elle et qui ne peut pas être traduit par des mots. Non, jamais.

@Lily Keegan :l:
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyJeu 2 Sep 2021 - 13:48

« Pourquoi il n’aurait pas ce droit si toi tu le prends ? »
Il l’a. Mais il ne l’utilisera pas.

Joseph a toujours été bien plus bon que sa sœur ne le sera jamais, c’est un secret qu’elle partage avec Alfie à défaut qu’il en soit de même avec qui que ce soit d’autre en ce monde. Personne ne l’empêche de dire du mal de sa cadette mais tous deux savent déjà qu’il n’en fera rien, parce qu’il l’aime, parce qu’elle est son sang, et pour tout un tas d’autres raisons que Lily ne juge pas suffisantes pour en faire de même. Alfie pose une question à laquelle il connaît déjà la réponse mais elle ne fait plus autant d’efforts pour être parfaite face à lui depuis bien longtemps. Il connaît la vérité, de toute façon, alors elle se contente de se battre pour les quelques apparences qui peuvent encore être sauvées.

Certaines passent au travers des mailles du filet et Lily ne peut résister à l’envie (le besoin) de lui parler. Une part d’elle a l’espoir vain d’enfin pouvoir le surprendre et le rendre muet pour une seconde au moins ; l’autre ne cherche qu’à exister face à un homme qui n’a jamais pris le temps de lui donner trop d’attention. Ce n’est pas sa pitié qu’elle recherche, mais sûrement tout le reste. Son temps, son regard posé sur elle, son attention. Il ne la laissera pas pleurer contre son épaule et ça n’a pas la moindre importance, parce que ce n’est pas ce qu’elle recherche. Eux aussi, enfin, partageront un secret digne de ce nom. Si la jeune femme sait qu’elle n’aura jamais autant d’importance pour lui que son frère en a, cela ne l’empêche pourtant pas d’espérer se hisser à son niveau, ou au moins s’en rapprocher. Alfie, lui, ne sait que se montrer plus incisif que jamais. « Ça fait quoi, d’avoir laissé cet avantage à quelqu’un d’autre ? » Peu importe toute l’expérience qu’elle a avec lui, elle reste bien souvent incapable d’anticiper la férocité de ses réponses et leur capacité à la blesser. Il vise toujours juste, peu importe le sujet ; et il le sait. A défaut de chercher en lui un soutien, elle ne s’attendait pourtant pas à ce qu’il continue de jouer son rôle de bourreau. Elle n’a jamais laissé quoi que ce soit à Callum, si ce n’est une partie de son cœur qu’elle n’arrive pas à reprendre malgré tout ce que lui hurlent les indices quotidiens. Malgré sa joue maltraitée par des molaires parfaitement blanches, Lily trouve de quoi lui répondre, un sourire ironique sur ses lèvres roses. “T’es jaloux ?” Quelqu’un lui a volé la place qu’il occupait en maître depuis le premier jour, voilà tout ce qu’elle veut retenir de cet échange. Un inconnu sorti de nulle part a réussi à faire bien plus mal que lui encore, alors qu’il s’y applique depuis vingt ans avec précision et passion. Les moyens n’ont pas été les mêmes, mais ils ont porté leurs fruits. Il a perdu et il ne veut pas l’accepter, encore moins alors que le trophée porte le nom de Lily Keegan et des traits similaires à ceux d’un ami qu’il ne reverra sans doute plus jamais.

« Tu veux une vie parfaite Lily, mais tu fais tout pour que ce ne soit pas le cas, t’es tout autant participante que sujet du jeu. » Depuis quand peut-il se permettre de donner un tel jugement sur la vie de Lily ? La jeune femme a d’autant plus de mal à l’accepter qu’elle ne sait pas comment passer outre ses paroles et ne pas leur donner une certaine importance. Après tout, son avis a toujours importé, peu importe le sujet. Si elle s’est appliquée à aller contre ce dernier bien souvent, cela ne signifie pas pour autant qu’elle n’a pas pris note de ses envies et conseils dans un coin de son esprit, aussi tordus pouvaient-ils être. “Je veux une vie parfaite et j’en aurai une quel que soit le prix à payer. Ce n’est pas de toi que je recevrai des conseils à ce sujet-là.” Si un petit-ami violent est le seul prix à payer pour fonder une famille, alors le jeu en vaut la chandelle. Un jour, il finira par lui demander sa main et elle acceptera, avant de le laisser repartir jusqu’au frigo pour qu’il y prenne une bière puis dix autres. Le temps passe déjà bien trop vite, elle ne peut pas prendre le risque de recommencer les choses à zéro malgré son jeune âge. Les gens admirent les couples qui traversent les décennies et le sien sera l’un d’eux, parce que Callum non plus n’aura aucune raison de vouloir y mettre un terme. Que cela plaise ou non à Alfie est le cadet de ses soucis, surtout alors qu’il aurait pu être le petit-ami tout désigné à une époque, quand elle buvait la moindre de ses paroles et cherchait tous les synonymes de ‘marron’ pour désigner la couleur de ses iris dans son journal intime. A lui plus qu’à quiconque, elle aurait tout donné, tout laissé passer aussi. Il ne peut pas lui reprocher de s’être rabattue sur un autre homme, pas alors qu’il est l’une des raisons pour lesquelles ce geste est apparu nécessaire.

Désireuse de lui montrer à quel point sa place de tyran en chef vient de lui être dérobée de façon irrémédiable, Lily lui tourne le dos pour le laisser voir par lui-même, lui commandant ainsi de simplement remonter les pans de son tee-shirt. Elle ne posera pas de mots sur les sévices, son avis à ce sujet ne changera pas, mais cela n’empêche pas Alfie d’observer par lui-même. Ce sera à lui de chercher des synonymes de ‘bleu’, ‘vert’, ‘jaune’ et ‘violet’ pour parler des couleurs de son dos, plus ou moins récentes, plus ou moins douloureuses. Les rôles s’échangent d’une drôle de façon, la rendant presque nostalgique. « Non, en effet. C’est à la police que tu dois le dire. » Le rire qui s’élève n’est pas sonore. La brune l’étouffe dans un souffle, sans pour autant chercher à le cacher. Est-ce qu’il en aurait dit de même, s’il avait su ce qu’il se passait entre son frère et leur père ? Oui, sûrement. Mais personne n’y serait allé. Personne n’y est allé, de toute façon. Joseph a souffert en silence durant des années alors elle peut en faire de même, parce qu’elle n’est pas plus lâche que l’adolescent qui l’a un jour abandonné. Elle vaut mieux que lui, de toute évidence. “Ne me dis pas que tu crois en la police, maintenant.” Venant de lui, c’est bien le dernier conseil qu’elle se serait attendue à avoir. Le premier aurait été ‘je vais lui péter la gueule’ ou bien sa variante ‘je vais le tuer’. Et elle n’aurait pas douté de sa détermination, ni même de sa capacité à aller au bout des choses. “Je ne deviendrai pas une femme battue dans leurs dossiers, entends-moi bien là-dessus.” Parce que les apparences sont tout ce qui compte. Il le sait, Alfie, il la connaît. Préserver son image vaut bien mieux que de faire payer un homme le méritant indéniablement. Les rumeurs vont vite dans les petits villages, et ce n’est pas un risque qu’elle est prête à prendre. La brune redescend elle-même son tee-shirt, jugeant qu’il a assez profité de la vue et qu’il est temps de lui faire de nouveau face pour ce qu’elle a à lui dire. “Si tu y vas à ma place, c’est moi qui te détruirai.” Il n’a pas (encore) formulé une telle idée mais Lily préfère prendre les devants. Elle n’ira pas voir la police et lui non plus, ce sera à son tour de vivre avec le poids d’un secret qu’il ne peut partager et qu’elle lui aura imposé. Après tout, elle aurait beaucoup de choses à raconter aux forces de l’ordre et sûrement aucune qui ne plairaient à Alfie ni même à l’avenir qu’il tend à se forger dans ce domaine qui le passionne tant. Quand bien même elle est secrètement fière de lui et de ce qu’il accomplit, elle n’hésiterait pas un seul instant à tout faire voler en éclats pour son propre bien. « Il ne joue pas selon les règles, il ne m’a pas détrôné. » Sa couronne et son trône ; le seul sujet qui semble réellement importer. Elle esquisse un sourire faussement amusé, n’en revenant pas qu’il puisse encore parler d’une telle chose, comme si elle avait réellement la moindre importance. Cela l’informe au moins que son plan a marché et que la pique a fonctionné - bien plus que prévu, sans doute. “Il n’y a pas de règles. C’est toi qui me l’a appris.” Lui aussi en est venu aux mains. D’une façon bien différente, bien plus tendre et bien plus passionnelle, peut-être, mais ce n’est pas le propos. Il est celui qui lui a justement appris que dans leur jeu, il n’existe aucune règle ni même aucune limite ; il n’a pas le droit de se plaindre d’avoir été pris à son propre jeu aujourd’hui. S’il était resté avec elle, cette nuit-là, alors sans doute aurait-il pu essayer sur elle de nombreuses autres techniques. Et comme pour Callum, elle les aurait toutes supportées et serait restée envers et contre tout, parce qu’il est infiniment plus important encore à son cœur que ne l’est l’homme qui partage actuellement sa vie. “Accepte la défaite.” Qu’il passe à autre chose, le sujet ne mérite pas qu’ils s’y éternisent autant.
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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyMar 5 Oct 2021 - 18:09

Il l’a. Mais il ne l’utilisera pas.” Elle a raison, Lily. Et comme à chaque fois qu’elle a raison, il met un point d’honneur à vouloir la contredire. La tâche est pourtant plus difficile qu’il ne le voudrait, accentuant la frustration de ne pas avoir le dernier mot, de ne pas avoir la pique immédiate, pour un Alfie qui n’aime pas être réduit au silence. Un instant, sa colère se dirige à l’encontre d’un Joseph qui donne raison à sa sœur sans même prendre part à cet échange ; avant que ce soient d’autres images qui lui viennent en tête, d’autres souvenirs, que d’ordinaire il prétend oublier mais qui, à cet instant, deviennent des alliés. « Ce serait dommage que quelqu’un arrive à l’en convaincre. » Lui, par exemple. « Il n’est pas difficile à manipuler. » Il l’est encore plus facilement que toi, Lily. Si la victoire ne comptait pas autant, Alfie se serait passé d’une telle réflexion qui le renvoie à ses erreurs passées, de celles que, pourtant, il refuse de considérer comme telles. Joseph est tombé dans la drogue tout seul, Alfie n’a fait que le convaincre un soir et non sa vie entière ; il s’accroche à la nuance pour diminuer ses fautes, conscient qu’il ne pourra jamais les expier. Il essaie de se convaincre qu’il ne s’agit pas de la volonté de rejeter la faute sur autrui, seulement de mettre en avant que les meilleures marionnettes ont pourtant toujours une part de responsabilité, de libre arbitre et d’individualité qu’il est impossible de leur ôter (à son plus grand regret). Si Joseph fait partie de ceux que l’on peut manipuler avec une aisance rendant la tâche presque trop facile, le fait est qu’il demeure libre de ses actions finales ; dont celle d’avoir cru Alfie quand il lui a promis le paradis. Alors, qu’est-ce que ce serait à côté, de le convaincre que sa sœur n’y mérite pas sa place et qu’il est temps de la confronter aux enfers ?

Quoi qu’elle puisse en dire, il est celui qui a le même rôle à ses yeux, celui qui ne mérite probablement rien d’autre que l’enfer pour en avoir fait un de sa vie et peu importe l’assurance de la jeune femme quant au fait d’avoir pu être détrôné. Il ne devrait pas se vanter d’un tel statut, pourtant, il devrait se sentir honteux que des mots soient enfin posés sur ce lien qui les unit depuis des années. Et s’il n’est pas honteux, c’est presque un regret qu’ils le soient enfin, justement, ces mots. Qu’il soit désormais question de décrire ce lien, d’essayer du moins, l’obligeant à sortir de cette bulle d’ambivalence qu’ils ont travaillé toutes ces années durant et qui, malgré la douleur dont elle pouvait être à l’origine, avait le paradoxe d’être sécurisante. Car Lily est là, Lily est toujours là et même les pires comportements de sa part n’ont pas réussi à l’éloigner. Que faire si quelqu’un d’autre y arrive, simplement parce qu’il est meilleur à son propre jeu ? Et si la honte n’est pas ce qu’il ressent, c’est presque un malaise qu’il perçoit au fond de lui, bien présent et totalement inavoué, parce qu’il ne s’agit pas que de ça. Dans cette ambivalence, il n’y a pas de place seulement pour le mal. Il y a tout le bien qui l’accompagne aussi, jamais verbalisé, toujours caché quelque part. Ce bien qu’elle lui apporte, ce bien qu’il essaie de faire, maladroitement, sans jamais y parvenir parce qu’il ne sait pas y faire et ne veut pas vraiment y faire, d’ailleurs. Mais s’il devait poser des mots sur ce terme, s’il devait le définir, nulle ne doute que le prénom de Lily y serait associé, d’une quelconque manière. Pour quelqu’un d’aussi peu manichéen qu’Alfie, le fait est qu’il conjugue pourtant les deux ensemble et qu’à l’entente de son adversaire, il n’a pas l’impression que celui-ci soit en mesure d’en faire de même, rendant la (possible) défaite amère. Il peut laisser sa place, au fond, oui, probablement que ce serait même mieux, mais il ne peut pas concevoir que l’extrême penche que d’un seul côté et pas celui que Lily mérite, quoi qu’il puisse en dire, quoi qu’il puisse faire. “T’es jaloux ? « Mis au défi. » Il rectifie. Le défi ne vise pas à lui faire encore plus de mal, mais seulement de reprendre la place qu’il mérite, celle qu’on essaie de lui voler. Il ne s’agit que de ça ; et de sa volonté de demeurer le premier, sans penser aux conséquences, sans penser à ses intérêts à elle : seulement aux siens. L’égoïsme à l’état pur, probablement, qui pourtant cette fois-ci pourrait presque être excusé : il n’a jamais abusé d’elle, lui, puisqu’il ne s’agit que de ça maintenant qu’il commence à le comprendre. Même lorsqu’elle lui a offert sa virginité, ça n’était pas sur la base d’un chantage ou de menaces, peu importe le souvenir qu’elle peut en conserver, elle l’a laissé faire, elle a profité autant que lui, elle l’a voulu autant que lui.

Elle a aussi voulu cette confrontation autant que lui, en lieu et place du maigre soutien qu’elle aurait pu espérer si elle n’avait pas partagé les annonces avec ce même air de défi. Peut-être est-ce l’habitude, finalement, qui les oblige à tout voir sous ce jour, même ce qui ne devrait pas l’être (surtout ce qui ne devrait pas l’être). “Je veux une vie parfaite et j’en aurai une quel que soit le prix à payer. Ce n’est pas de toi que je recevrai des conseils à ce sujet-là.” Pourtant, Alfie sort du jeu pendant quelques secondes, pendant qu’une réaction sincère et naturelle s’affiche sur son visage lorsque ses sourcils se froncent à l’entente de sa fierté qui n’a pas lieu d’être. Il peut concevoir qu’elle la désire, sa vie parfaite, Lily est un stéréotype dans le domaine, mais au point de payer un prix qui n’a pas lieu d’être ? C’est cher payé pour une perfection qui, de toute évidence, ne pourra jamais être maintenue éternellement. « Pourquoi tu les écoutes, alors ? » Il l’interroge, son sourire fier aux lèvres. Elle râle parfois, le contredit souvent, mais l’écoute toujours. Peu importe ce qu’il peut dire, peu importe ce qu’il peut faire, ses mots glisseront toujours dans ses oreilles pour trouver leur place dans son esprit. Il n’a peut-être pas totalement perdu, en fin de compte.

Ce qu’il perd, par contre, c’est le compte des bleus qui parsèment la peau d’une Lily qui se dévoile sans la même saveur que cela aurait pu avoir en temps normal. Si son regard ne quitte pas son épiderme, ce n’est pas pour la gêner, cette fois-ci, ni s’autoriser des rêves animés, mais seulement accentuer le dégoût que son adversaire lui inspire. Et encore, ce seul terme l’est encore plus, car jamais il ne voudrait être mis au même niveau qu’un homme capable de ça. On pourrait croire que l’hôpital se fout de la charité, qu’il est bien mal placé pour émettre un tel jugement et probablement qu’il l’est. Mais la violence physique, elle, est toujours imposée par la force, tandis que celle qu’il inflige est partagée, acceptée et validée par ses jouets. Les situations ne sont pas comparables. “Ne me dis pas que tu crois en la police, maintenant.” Il ne lui fera pas l’affront de nier, puisqu’il est vrai qu’il est de ceux qui ont tendance à rendre justice eux-mêmes, sans quoi il n’exercerait pas le métier qui est le sien. Il a vu, au fil des années, que la justice n’était que peu souvent rendue, que les gouvernements ou les instances supposées la rendre avaient une vision de celle-ci propre à eux, souvent au détriment de ceux qu’il convient d’appeler victimes. Exactement ce qu’est Lily, quoi qu’elle puisse en dire. “Je ne deviendrai pas une femme battue dans leurs dossiers, entends-moi bien là-dessus.” Cette fois-ci, c’est lui qui se permet de rire. « C’est ce que tu es, pourtant. » Une femme battue, sans qu’elle ait possibilité de discuter de sa situation. C’est une femme, elle est frappée par son compagnon, CQFD. « Mais entendu, tu le seras seulement dans les faits, si ça peut te faire plaisir. » Elle ne sera pas une statistique, très bien, mais ça ne change rien à sa situation. “Si tu y vas à ma place, c’est moi qui te détruirai.« Depuis quand je crois en la police ? » Il l’interroge, un sourire provocateur sur les lèvres qu’il masque aussitôt que sa main vient s’emparer sans la moindre délicatesse du bras de Lily pour l’obliger à se retourner et à de nouveau lui faire dos. Il la maintient avec la même force que doit probablement exercer Callum, avec des gestes aussi discutables, pour une finalité qui doit tenter de faire valoir son argument. Les gestes sont rapides, conscient qu’elle voudra certainement s’opposer à son emprise, mais il ne se soucie guère de son opinion quand son bras vient finalement se placer sur l’abdomen de la jeune femme pour la tirer contre lui, sa main libre s’affairant à se glisser sous son t-shirt pour appuyer de manière hasardeuse contre sa peau. Il n’a pas vraiment besoin de rechercher l’emplacement précis des bleus tant ceux-ci sont dispersés un peu partout, et ses doigts s’affairent à se glisser contre sa peau et à appuyer férocement contre celle-ci, prenant soin, par moment, de volontairement enfoncer ses ongles dans sa chair avant de faire glisser ses doigts. Il lui laissera des marques, lui-aussi, mais d’une façon bien plus soucieuse que celle qu’à Callum de la marquer. Une fois, deux fois, il ne tient plus le compte tout comme il ne tient pas celui des grimaces ou des potentiels hoquets qu’elle pourrait laisser échapper quand son visage se glisse près du sien, quand ses lèvres murmurent à son oreille : « c’est vrai, ça n’a pas l’air de te déranger, après tout » avant de mettre un terme à son emprise, ses bras glissant contre son corps pour lui rendre sa liberté. Il le fait, lui. Est-ce qu’il est toujours au même niveau que Callum ?

Il a la certitude que ce n’est pas le cas quand il en revient à ce jeu qu’ils ont quitté trop longtemps, une pause durant laquelle il s’est autorisé à être soucieux, un sentiment peu trop inhabituel (ou réprimé) pour qu’il ne se l’autorise plus longtemps. “Il n’y a pas de règles. C’est toi qui me l’a appris.« Il y en a. C’est toi qui ne les as jamais comprises. » Elle n’a pas tort, pourtant : il n’y en a pas. Il n’y a rien d’officiel, tout d’officieux, la prescription de la violence physique étant l’une d’entre elles et, peut-être la seule. On pourrait y voir la dernière bribe de moralité d’un Alfie qui, en réalité, n’en a pas plus qu’il n’a la volonté de faire mal sans user des moyens les plus communs pour cela. C’est tellement peu intéressant de blesser à l’aide de ses poings et tellement plus fascinant de trancher aussi douloureusement qu’un poignard avec de simples mots. “Accepte la défaite.« Accepte la tienne. » Tu acceptes que ta vie n’ait rien de parfaite, Lily, quoi que tu puisses en dire ? Tu acceptes que Callum ne soit pas l’homme de ta vie, avec ce qu’il fait ? Fais-le et seulement à ce moment j’accepterai la mienne.

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Message(#)(alfly #6) under the stars and stripes EmptyMer 6 Oct 2021 - 14:41

« Ce serait dommage que quelqu’un arrive à l’en convaincre. » La première pensée de Lily se résume à ‘tu n’oserais pas’. La seconde se contente d’un ‘bien sûr qu’il oserait’. Restant pourtant de marbre, elle enrage qu’il soit incapable à ce point de lui concéder la moindre victoire. Il gagnera de toute façon la bataille, il ne devrait pas être aussi avare. « Il n’est pas difficile à manipuler. » - “Sauf que cette fois-ci il s’agit de sa petite soeur adorée, pas d’une aiguille.” Il ne sera pas aussi facile à manipuler que la première fois où il lui a fait goûter de la drogue, et toutes les autres ensuite où il lui a sûrement dit que continuer était une bonne idée, une bonne chose à faire. Elle ne peut pas être comparée à une addiction aussi minable, pas elle. Il l’aime trop pour ça. N’est-ce pas ? Si elle se montre convaincante et convaincue face à Alfie, elle l’est pourtant bien moins au fond d’elle.

« Mis au défi. » Et honnêtement, elle aurait préféré qu’il se contente d’être jaloux de s’être ainsi fait détrôner. Un Alfie mis au défi ne rime avec absolument rien de bon, raison pour laquelle il long frisson remonte le long de son échine. L’objectif n’avait jamais été de lui donner l’opportunité de se faire une place dans ce jeu, mais le voilà qui arrive en plein milieu de la partie sans même s’en excuser. La jeune femme ne faisait que maladroitement chercher son soutien, par une forme ou une autre, et elle se rend compte bien trop tard qu’elle ne le trouvera jamais. Tout ce qu’elle a su déterrer, ce sont des problèmes. Pourquoi est-ce qu’il s’évertue autant à se différencier de l’image de prince charmant que la Lily de dix sept ans (et des années avant, des années après aussi) se faisait de lui ? Tout serait pourtant si simple s’il acceptait ce rôle, si parfait aussi. Tout commencerait par le fait qu’elle n’aurait jamais eu à croiser la route de Callum et à croire en lui pour fonder une famille, à défaut de trouver une autre personne capable d’assumer un tel rôle. Alfie n’est pas d’accord avec cette vision de l’avenir qu’elle lui partage, c’est normal et seul le contraire l’aurait étonnée. « Pourquoi tu les écoutes, alors ? » Ses conseils, ses fichus conseils qu’elle mine de renvoyer du revers de la main mais qui pourtant ne quittent jamais réellement son esprit, au point où ils deviennent bien souvent une nouvelle raison de vivre. Elle les écoute non pas pour leur qualité, mais bien parce qu’ils proviennent d’Alfie, et que ce n’est là qu’un des rares moyens à sa disposition pour toujours s’assurer de le garder non loin d’elle, toujours prêt à avoir quelque chose à lui redire et à lui reprocher. Mais toujours proche, et c’est ce sur quoi elle insiste. Lui, au moins, ne s’enfuit jamais éternellement. “Va te faire voir.” Lily n’a rien à répondre, bien sûr, et puisqu’il semble aussi avoir épuisé son quota de patience, la voilà résignée à utiliser des mots généralement absents de son vocabulaire. Il ne peut pas gagner la manche et avoir le dernier mot.

Je ne deviendrai pas une femme battue dans leurs dossiers, entends-moi bien là-dessus. Les mots de Lily, sans appel, sont d’une vérité crue. « C’est ce que tu es, pourtant. » Elle le ne niera pas tant les faits sont évidents, surtout pour un Alfie à qui elle a laissé tout le loisir d’observer son dos et les nuances de bleu qui le parsèment. Il aurait cru ses mots sans mal mais le simple fait d’avoir une image à y associer les rend plus importants encore, plus difficiles à supporter sans doute aussi - même pour lui qui ne laisse jamais rien transparaître. “Pas dans leurs dossiers.” Elle insiste sur la nuance, seule chose importante à ses yeux. Pas aux yeux de la police ni même aux yeux du grand public ; en somme, personne ne sait. Et elle a tout intérêt à ce que les choses restent ainsi, l’australien n’étant que l’exception venant confirmer la règle. Il est toujours l’exception de toutes choses, il ne devrait pas être étonné de retrouver un tel rôle aujourd’hui. Les choses sont simplement moins flatteuses maintenant qu’elle n’ouvre pas les cuisses face à lui mais lui impose une réalité brutale qui ne touche pas que lui et ses sordides addictions, de toute évidence. « Depuis quand je crois en la police ? » La réponse n’est pas celle à laquelle Lily s’attendait. Si ce n’est pas la police, alors qui ? Joseph ? Non, impossible. Il n’oserait pas. Il ne sait pas où il se trouve non plus, de toute façon. Ses grands yeux bleus s’agrandissent encore un peu plus sous le coup de la nouvelle, tentant en vain de deviner ses pensées en l’observant à son tour. Son souffle devient court au point de se faire sonore, sa poitrine se soulevant un peu plus à chaque nouvelle respiration.

Les gestes rapides de son aîné l’empêchent d’émettre la moindre hypothèse ni même d’y réfléchir davantage et finalement, son souffle court se mue en l’absence de respiration du fait de la surprise. Elle ne trouve pas même le temps d’observer son expression changer, déjà forcée à se retourner, son dos contre le torse du brun. Ses doigts enserrent son poignet sans délicatesse, sa propre main se referme sans qu’elle n’essaye de se défaire de lui avec plus de force. En réalité, tous ses gestes sont rendus faibles et inutiles du fait de la surprise qui l’anime encore, suivie de près par l’incompréhension la plus totale. Ses questions se bloquent dans sa gorge et si une partie d’elle se sent plus mal que jamais, une autre croit encore sincèrement qu’il ne mesure pas sa force et qu’il s’excusera, que tout ceci n’est qu’une scène comme il en existe des milliers au cinéma : il va l’embrasser dans la nuque pour le faire se retourner doucement et reitérer le même geste contre ses lèvres ensuite. Peu importe ce qu’ils se sont dit avant, cela n’a déjà plus aucune importance: il reste Alfie, et une part d’elle n’oubliera jamais qu’elle l’a aimé, même si elle était jeune et insouciante. Même alors que la scène de ses rêves ne se produit pas et que des mains aventureuses remplacent des lèvres contre les siennes, elle continue d’avoir foi en lui. Parce qu’ils le savent tous les deux : leur jeu comporte des règles, et même lui n’oserait pas les transgresser. Même lui n’oserait pas lui faire du mal, là où Lily a un passe droit à raison de quelques gifles par an. Même lui - mais il est Alfie, et il n’en a rien à faire des règles, même, surtout celles qu’il a lui-même créées. “Alfie...” Ses empreintes appuient aux pires endroits, ses ongles s’enfoncent partout et nulle part. La douleur n’est rien comparée aux colères de Callum, mais elle est bien pire mentalement : parce que c’est Alfie, parce qu’elle ne s’y attendait, et parce qu’à défaut de toujours l’aimer (vraiment ?), elle lui fait au moins confiance. Faisait, qu’elle tente de corriger dans son esprit, sachant pourtant déjà que rien ne peut se conjuguer au passé avec lui. “Alfie, arrête.” Ce n’est pas drôle, cette fois-ci. Ce n’est plus un jeu auquel elle veut prendre part. Pas comme ça. Son parfum n’est plus associé à aucun bon souvenir désormais, et le visage de la jeune femme n’est plus que déformé par la tristesse et un étrange mélange d’émotions qu’elle n’arrive pas à nommer (honte ?). « c’est vrai, ça n’a pas l’air de te déranger, après tout » Lily frissonne, Lily a froid. Il va trop loin, cette fois. Elle serre les dents au point d’en avoir mal, ne sachant quoi faire de plus, incapable de reprendre sa place alors qu’il a une force évidemment supérieure à la sienne. “Tu me fais mal.” La dernière tentative est désespérée, elle peut autant le pousser à la laisser tranquille que lui donner une raison supplémentaire de lui faire plus de mal encore. Parce que Lily est autant son plus précieux jouet que sa poupée favorite, celle qu’il peut malmener à sa guise sans qu’elle ne finisse à la poubelle, le genre de grigri d’enfant qui traverse les âges malgré les amputations, décolorations, dégradations et autres mésaventures répondant à l’imagination de gamins ennuyés. Et Dieu sait à quel point Alfie peut se montrer enfantin, Dieu seul sait aussi à quel point il a toujours eu une imagination débordante. Trop débordante. Les dents de la jeune femme se sont aussi attaquées à ses joues sans qu’elle ne s’en rende compte, ne le réalisant que lorsqu’un goût de fer domine son palais.

A peine sa liberté rendue, elle fait plusieurs pas en avant, tremblante. Ses mains s’empressent de faire redescendre son t-shirt aussi bas que possible pour mieux croiser les bras par-dessus, comme si ce simple geste allait pouvoir la protéger. Son regard, lui, se pose plus différemment que jamais dans celui du brun. Elle le savait particulièrement injuste et incapable de suivre une morale autre que la sienne mais ce geste-ci était différent. Même venant de lui, Lily n’aurait jamais pu le soupçonner. « Il y en a. C’est toi qui ne les as jamais comprises. » S’il y avait réellement des règles, alors ce genre de geste devrait être interdit. “Va-t-en.” Ses mots sont faibles, elle doute même qu’il puisse l’entendre. Elle est prête à faire tout nouveau pas en arrière s’il ose en esquisser ne serait-ce un seul en sa direction. Ce n’est pas même la douleur qui la fait avoir de tels mots ; les bleus disparaîtront et la trace de ses ongles avec, mais bien la peur qu’il lui inspire soudainement, et contre toutes attentes. « Accepte la tienne. » S’il n’y a que ça pour le faire s’en aller, Lily ne s’imagine même plus tenter de lui faire face. “Va-t-en.” Elle répète, avec plus de conviction cette fois. Ses mots s’élèvent et peu importe si les clients peuvent les entendre ou non. “Va-t-en, va-t-en, va-t-en !” Les mots se répètent à l’identique et elle est finalement la première à gommer la distance entre eux, dans le seul but d’imposer la paume de sa main contre sa poitrine pour le repousser et lui montrer la voie à suivre. Ses yeux se gorgent de larmes, elle n’a plus la moindre capacité à poursuivre une quelconque conversation. Tout ce qu’elle souhaite, c’est qu’il s’en aille pour ne jamais revenir, ne jamais oser se montrer de nouveau face à elle. Il ne vaut pas mieux que Callum, finalement. “Je veux plus te revoir.” Il n’avait pas le droit d’agir ainsi, lui-même aurait dû le savoir, peu importe à quel point il a pu profiter du moment et se délecter de l’impuissance de la jeune femme et de l’énième preuve démontrant qu’il a toujours l’ascendant sur elle.
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