Les conséquences de ses actes il faut toujours les assumer, surtout quand on est adulte sinon à quel moment peut-on en prendre la responsabilité ? Quand on approche de la toute fin ? Ça serait trop facile pas vrai ? Sauf qu’Halston n’en avait pas envie, non elle faisait juste preuve de lâcheté. Le petit-frère de l’américaine lui avait confié une grenade, qui n’attendait que d’être déclenchée, elle avait décidé de la refiler à des journalistes, enclenchant ainsi son activation. L’explosion de celle-ci avait endommagé une bonne partie de son paysage, ruinant la tranquillité qu’elle avait réussi à trouver depuis qu’elle vivait à Brisbane. Elle avait gardé la bouche cousue, refusant d’expliquer ses actes et de dire ce qu’elle pensait de tout ça. Comment pourrait-elle donner des justifications à des inconnus alors qu’elle était déjà incapable de s’en donner à elle-même ? Pourquoi elle s’était sentie tant redevable envers cet homme, qu’elle avait longtemps considéré comme le destructeur de sa vie ? Elle aurait pu laisser la situation moisir, abandonner une nouvelle fois celui qu’elle avait tant aimé, mais elle n’avait pas réussi à s’y résoudre. L’agente de stars s’était faite remontée les bretelles par sa colocataire mais pas que, ses collègues étaient aussi exaspérés, car on essayait d’obtenir des réponses de sa part à travers eux. Ils l’incitaient à communiquer avec la presse, comme si cela allait régler tous les problèmes, mais elle n’en était pas si sûre. Ils gagneraient peut-être la paix ainsi, mais pour ce qui était de sa personne il n’y avait pas autant de certitudes. Elle craignait les futures interrogations qu’on lui poserait, est-ce qu’elle allait se réconcilier avec Nolan ? Est-ce qu’elle accepterait de travailler de nouveau avec lui ? Des questions intrusives qu’ils ne se gêneraient plus de lui poser, si elle jouait un peu trop l’avocate de son ex-mari. Elle ne voulait juste plus en entendre parler, mais tout rappelait son existence, même son téléphone prenait un vil plaisir à lui proposer des articles où il était mentionné.
Elle s’était murée dans son bureau, qui faisait presque office de maison. Halston le personnalisait de plus en plus, elle avait décidé de lui offrir un bon relooking en changeant la peinture et les tableaux. Les collègues de la demoiselle trouvaient qu’elle ne tournait pas rond, ils la regardaient avec un air circonspect auquel elle ne prêtait pas attention. L’agente de stars était bien dans sa bulle, elle arrivait à se changer les idées du moins elle se persuadait qu’elle y parvenait. Elle était hyperactive, elle n’arrivait pas à marquer de pause autrement que pour des besoins primaires. Elle avait envoyé son assistant faire des tâches ingrates, qui consistaient à faire des courses pour tout le monde. Halston n’en avait pas honte, il était là pour ça et ça lui permettait d’être toute seule. Il était rare qu’elle apprécie vraiment la solitude comme à cet instant, elle cherchait habituellement à l’éviter à tout prix, mais elle s’imposait de plus en plus depuis qu’elle avait quitté son pays. Il fallait savoir aimer sa propre compagnie pour être pleinement heureuse, elle n’en était pas encore à là, mais elle y travaillait. La brune se plongea dans un tri de ses affaires, comme si cela allait remettre de l’ordre dans absolument tout y comprit sa tête, surtout dans sa tête. Elle retrouva toute la paperasse qu’elle avait ramené de Los Angeles, un sentimentalisme qui prenait beaucoup de place dans ses placards, dont elle avait interdit l’accès. L’américaine les observa avec une certaine nostalgie, se remémorant d’à quel point elle avait été heureuse de faire ses premiers pas dans ce domaine, qu’on lui avait prohibé. Elle se souvint de sa toute première rencontre avec une star suivie par l’agence, Harrison Ford. Halston avait été honorée de rencontrer un tel monument, elle avait compris à quel point elle avait été chanceuse d’avoir été embauchée là-bas. Les souvenirs s’enchaînèrent jusqu’au moment où elle tomba sur le premier contrat qu’elle avait signé pour Nolan, alors qu’elle croyait l’avoir bazardé. Elle le déchira et le balança à la poubelle, avant de jeter un œil à son horloge. L’agente de stars avait largement rempli son quota d’heures et il n’allait pas tarder à faire nuit, signe qu’il était temps de partir.
Elle enfourcha son vélo, qu’elle ne boudait plus depuis que sa voiture était tombée en panne. Halston ressentit le besoin soudain de se dégourdir les jambes, elle était bien trop sédentaire à son goût. Il n’était donc pas question de suivre sa route habituelle pour rentrer chez elle, mais plutôt de divaguer dans une ville dont elle ne connaissait pas grand-chose. La brune n’avait jamais pris le temps de l’explorer plus que ça et elle trouvait cela dommage, elle avait dû rater de très beaux endroits à s’enfermer dans la monotonie. Une délicate brise lui caressa le visage, l’encourageant encore plus à continuer de pédaler. Elle n’avait jamais été une grande sportive, mais ce soir elle allait se dépasser. Lorsque la fatigue commença à se faire un peu trop ressentir dans ses jambes, elle marqua une pause au beau milieu d’un pont. Elle en profita pour admirer le fleuve australien et le coucher du soleil. Halston aspira un bon bol d'air avant de poser ses mains sur le garde-corps.
Dernière édition par Halston Hargreeves le Dim 4 Juil 2021 - 16:08, édité 1 fois
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
Le danseur a de plus en plus de mal à dissimuler sa blessure à ses collègues, certains se doutent même probablement de quelque chose et à la vitesse où les choses circulent dans sa compagnie il ne serait pas étonné que de nouvelles rumeurs voient le jour le concernant. Il gère encore à peu près la douleur au repos mais à l’effort c’est une autre histoire, et les antalgiques sont de moins en moins efficaces forcément puisque son corps y est à présent habitué. Augmenter la dose serait vraiment risqué cette fois, il peut être vraiment inconscient mais quand même pas à ce point-là et s’adonner à l’automédication comme il le fait depuis des mois est déjà risqué en soi. Faire de la moto avec un genou en compote n’est pas non plus très pratique mais là aussi il s’en sort encore, jusqu’à quand par contre il n’en sait rien et il ne veut pas trop y penser. Disons que parmi tous les problèmes auxquels il fait face dernièrement Eddie s’en fait bien plus pour l’argent qui lui manque que pour sa santé, alors que son corps ne lui a pourtant jamais envoyé autant de signaux d’alarme. Il les entend mais ne les écoute pas, à l’image de tous ceux qui autour de lui tentent encore de le raisonner. Et quand il rentre chez lui le soir forcément le danseur n’a plus tellement d'énergie car à côté de son métier déjà physique il doit aussi prétendre que tout va bien, en permanence, et ça aussi c’est épuisant. À ce rythme il ne sera bientôt plus en état de répéter chez lui comme il le fait tous les soirs, pour le plus grand plaisir de ses voisins, alors qu’en temps normal même un cyclone s’abattant sur la ville ne pourrait pas l’empêcher de danser. Ce n’est déjà plus comme avant, les conséquences sont réelles et impactent durement son quotidien mais il préfère continuer de faire comme s’il ne les voyait pas.
Sa journée n'est pas tout à fait terminée puisqu'il a encore un cours à dispenser à son studio, un chaque soir de la semaine d'ailleurs selon son planning et c'est un minimum, comme si ses journées n’étaient déjà pas assez longues. La danse lui vole tout son temps ainsi que toute son énergie mais il aime cette vie, il ne l’échangerait pour rien au monde et ce même si chaque jour qui passe le rapproche un peu plus de l’opération tant redoutée. Plus ça va et moins il a du temps pour lui, il a aussi l’impression de n’être jamais chez lui et en permanence dehors, à jongler entre ses deux vies. On peut dire qu’il se tue à la tâche Eddie, il ne se ménage vraiment pas et pourtant malgré deux boulots il ne parvient plus du tout à joindre les deux bouts. Ça lui fait assez peur, il ne pourra pas vivre encore longtemps sur ses minces économies et il y a des dépenses pourtant superflues auxquelles il est difficilement prêt à renoncer. Faire plaisir à sa sœur, à ses chats, des petites choses ici et là qu’il ne peut pas s’empêcher d’acheter alors qu’il n’y a pas d’occasion à ça, et qui ne l’aident évidemment pas à rester à flot. Ce n’est pas très sérieux mais Eddie a toujours vécu au-dessus de ses moyens, exactement comme il a toujours surestimé ses forces, il est excessif dans tout ce qu’il entreprend et finit toujours par en payer le prix fort. Cette vie il a de toute façon décidé de la vivre intensément même s’il doit s’y brûler les ailes avant l’heure, et comme c’est parti il semblerait effectivement que ça lui pende au nez. Quand il quitte finalement son studio il est sur le point de faire nuit et c’est le signe pour lui qu’il en a officiellement fini avec son travail pour aujourd’hui, même s’il ne fait jamais vraiment de coupure puisque la danse le poursuit de toute façon jusque chez lui. Il s’élance alors à moto à travers un quartier qu’il connaît bien pour le voir défiler tous les soirs ou presque, mais qu’il n’a pourtant jamais pris le temps de découvrir réellement. C’est un peu comme cette ville au final, quinze ans maintenant qu’il y vit mais il y a encore tant de coins qui lui sont inconnus. Il est toujours tellement à fond dans le boulot qu’il en oublie de vivre à côté Eddie, même si ses trajets du retour à moto le soir sont déjà une sacrée bouffée d’air frais pour lui quand en plus il a la chance de croiser très peu de monde sur la route.
Ce soir il décide passer par le pont, c’est un peu plus long de ce côté-là mais il apprécie vraiment plus la vue dans le coin avec le fleuve. Il ne roule pas bien vite puisque la route est mauvaise par endroits ici, et la dernière de ses envies est d’endommager ses pneus sur un nid-de-poule car c’est le genre de frais dont il n’a pas du tout besoin en ce moment. Ses problèmes d’argent le rendent au moins un peu plus prudent, c’est peut-être bien le seul effet positif à en tirer. Et puisqu’il roule doucement Eddie a le temps de repérer une silhouette sur le fameux pont, une silhouette qu’il est presque sûr d’identifier sur le moment alors qu’il est à quelques mètres de distance, autant dire que la marge d’erreur est conséquente. Mais il en est certain c'est son agente, Halston. Il croit reconnaitre son profil de loin et comme il a récemment fait tester sa vue qui est apparemment excellente il considère qu'il ne peut pas se tromper. Alors sans trop savoir pourquoi il s’arrête, gare sa moto et décide d’effectuer le reste du chemin jusqu’à elle à pieds. D’un coup il ne pense plus à rentrer chez lui, il se demande plutôt ce qu’elle fait là toute seule car ce n'est pas un quartier où il s'attendait à la croiser. Peut-être qu’elle y vit après tout, qu’est-ce qu’il pourrait en savoir. Eddie arrive calmement dans le dos de l’agente, et son premier réflexe est étonnant pour quelqu'un qui n'est pas très tactile : il dépose une main sur son épaule, au lieu de vérifier son identité en énonçant par exemple son prénom car il ne réfléchit tout simplement pas, à cet instant. Il n’y a pas de logique, juste un curieux automatisme qui s'enclenche et qu’il ne pourrait pas s’expliquer. « Désolé si je t’ai fait peur. Et bonsoir. » il souffle dans un léger sourire lorsqu’elle se retourne, certainement sous l’effet de surprise. Il peut au moins s’assurer qu’il s’agit bien d’elle, et c’est la première fois qu’il la rencontre dans un contexte qui n’est pas professionnel. Ça ne le perturbe même pas et il n’est pas mécontent non plus, car il y a bien quelques personnes qu’Eddie se passe volontiers de croiser et Halston n’en fait pas du tout partie. Même s’il n’a pas été très bien accueilli dans son bureau la dernière fois, au fond il sait qu’il l’avait mérité. « T’es dans mon coin ici tu sais, mon studio de danse se trouve pas très loin. » Il l’informe avant qu’elle soit éventuellement tentée de lui poser la question, comme ça il justifie sa présence dans le secteur et elle ne le croira pas assez désespéré et en manque d’argent pour la suivre partout. Son casting pour la marque de glaces d’ailleurs, ça le démange de lui demander si elle a des nouvelles mais il ne préfère pas, disons pas tout de suite pour ne pas paraitre trop insistant. « Tout va comme tu veux Halston ? » qu’il finit quand même par lui demander car il n’a pas tellement cette impression en la voyant comme ça. Il n’est vraiment pas doué pour décrypter les sentiments des autres Eddie mais elle semble ailleurs, peut-être même qu’il la dérange plus qu’autre chose alors qu’elle aspire juste à être seule. « Tu m’autorises à profiter du coucher de soleil avec toi ? Après je m’en vais t’en fais pas, je ne saisis juste jamais l’occasion de me poser pour l’admirer. » Et ça lui manque, c’est vrai, ces spectacles tous simples de la vie qu’il laisse à chaque fois passer parce qu’il est sans cesse entrain de courir d’un point à un autre. C’est pourtant sous ses yeux, tous les jours, mais il ne regarde pas. Alors oui ce soir il a envie d’en prendre plein les yeux Eddie, et d’oublier deux minutes cette vie à cent à l’heure qu’il mène. Appuyer sur pause quelques instants, il peut bien se le permettre pour une fois.
Observer les gratte-ciels de Brisbane, lui faisait indéniablement penser à ceux qu’elle pouvait voir à Los Angeles. Les deux villes étaient similaires sur bien des points, elles étaient relativement modernes et se trouvaient proches de la mer et pourtant, son cœur balançait encore pour la seconde. Il était difficile de rivaliser avec une cité si mythique, où elle avait passé tant d’années. Les gigantesques palmiers, pas forcément très beaux qui en arboraient les rues, lui manquaient, tout comme la célèbre colline qui portait son écriteau préféré. Hollywood l’avait toujours fait vibrer, ce symbole incontesté avait toujours été un générateur de rêves pour elle. En réalité son amour du cinéma coulait dans ses veines, elle l’avait hérité de son père, qui avait une sacrée collection de films. Elle avait adoré se perdre dans sa bibliothèque filmique dès son plus jeune âge, ne serait-ce que pour regarder affiches des films et admirer des illustrations à l’ancienne d’acteurs. Halston se remémorait ces précieux moments où toute la famille se rendait ensemble au cinéma, pour éclater de rire en cœur devant leurs scènes préférées. Depuis quand ce temps était devenu si lointain ? Quand est-ce qu’elle avait commencé à avoir ce sentiment d’avoir perdu le lien qui les unissait ? Depuis une éternité. Elle avait agrandi le fossé malgré elle, une première fois en choisissant de devenir agente et une seconde fois en épousant un acteur dont ils ne voulaient pas. Elle avait creusé jusqu’à ne plus en voir le fond. La brune avait su encaisser ces rejets, du moins elle s’en était persuadée. Elle pouvait vivre avec le fait qu’elle n’avait pas un métier assez prestigieux à leurs yeux, un travail artificiel pour s’occuper de gens vides, comme ils aimaient le dire. Ils mettaient tout le monde dans le même panier, déniaient la complexité de ses acteurs, mais ce n’était pas grave, qu’elle disait. Ils croyaient les connaître parce qu’ils en étaient les voisins, mais ils n’en voyaient que la façade. Juger sur l’extérieur, c’était ce qu’ils avaient fait avec Nolan. Lire simplement l’étiquette qui était sur son front, sans jamais chercher à aller plus loin. Comment des personnes qui se prétendaient aussi intelligentes, pouvaient se montrer autant fermés d’esprit ? Cela l’avait toujours dépassé. Elle se demandait parfois si elle n’avait pas été adoptée, tant qu’elle ne se reconnaissait pas en eux. Une abominable question lui venue à l’esprit, est-ce qu’elle avait réellement sa place quelque part ? Elle ne se sentait pas chez elle à Brisbane, mais dans le fond est-ce que sa présence était plus justifiée en Californie ? La réponse était sans appel, non.
Une larme se déversa lentement sur sa joue, sans qu’elle ne cherche à la faire disparaître. De qui devait-elle la cacher ? Il n’y avait personne, pas même un oiseau au-dessus de sa tête. Elle était seule avec ses états d’âme. Du moins c’était ce qu’elle croyait, jusqu’à ce qu’une main ne se dépose sur son épaule. Un contact qui déclencha son sursaut. La paranoïa s’était emparée d’elle, elle s’était rapidement dit qu’il devait encore s’agir d’un fichu journaliste, jusqu’à ce qu’elle n’entende la voix de son perturbateur. Eddie. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Il avait l’air content de la voir, il lui souriait, il ne lui en voulait donc pas pour la manière dont elle l’avait traité la dernière fois qu’elle l’avait eu dans son bureau. Elle posa une main sur sa poitrine avant de lui répondre : « Ne me fais plus jamais ça. Ce n’est vraiment pas le moment de me surprendre, je suis pourchassée en ce moment. » Elle ne comprenait pas pourquoi il ne l’avait pas interpellé, il était pourtant flagrant qu’elle n’avait pas le moindre écouteur sur elle. La presse n’était pas son unique tracas, parce qu’elle n’avait pas oublié qu’elle avait été agressée deux fois par le même type, mais elle se garderait bien de lui confier ce genre de détails. L’agente de stars se questionna sur ce qu’il pouvait bien faire dans son quartier, avant de se demander si la goutte avait disparu de son visage. Il devança sa question en justifiant sa présence ici. Il était dans son coin qu’il disait, non Eddie tu es dans mon périmètre à moi qu’elle pensa, après tout c’était elle qui dormait ici chaque nuit. « C’est plutôt toi qui te trouves chez moi, ma maison n’est pas très loin. » Halston lui sortait ça alors qu’elle ne connaissait même pas la distance entre leur point et sa demeure, elle savait juste qu’ils se trouvaient bien à Logan City. Lorsqu’elle repensa aux paroles du danseur, elle se rendit compte que cela sonnait comme une justification, il ne pensait tout de même pas qu’elle le croyait assez fou pour se mettre à la suivre ? Elle grimaça légèrement à cette hypothèse tordue. Eddie l’interrogea sur comment elle allait, cela voulait-il dire qu’il avait vu sa larme ? Merde, elle n’avait pas envie d’avoir l’air vulnérable en présence d’un de ses protégés. « Oui ça va. » Qu’elle lui répondit avec un soupçon de fausse conviction. Il posa une nouvelle question, à laquelle elle ne s’attendait pas. Qui était-elle pour lui interdire de rester sur ce pont ? Il ne lui appartenait pas. « Oui bien sûr que tu peux rester. Moi non plus, pour une fois j’en prends le temps justement. »
Ils se ressemblaient bien sur un point, ils accordaient tant de temps à leurs passions respectives qu’ils ne prenaient même pas un instant pour admirer un spectacle régulier, pourtant accessible à tous. Le soleil semblait se poser sur le fleuve, avant de se laisser engloutir par celui-ci, laissant place à un nouveau mariage de couleurs dans le ciel. La torpeur bleutée plongerait bientôt la ville dans l’obscurité, il était l’heure de s’en aller, mais elle resta plantée à ses côtés. « N’être qu’un spectateur a vraiment du bon parfois. » Elle l’était bien plus souvent que lui, étant donné que lui était sur scène, alors qu’elle se trouvait souvent dans les coulisses, mais elle avait toujours eu l’impression d’être une participante active de tout ce qu’elle entreprenait. « D’ailleurs on va bientôt pouvoir t’admirer à la télé, Eddie. » Un sourire en coin, elle venait de lui annoncer qu’il avait été retenu pour la publicité qu’il désirait tant. « Alors félicitations parce que la concurrence était rude. » Elle avait réussi à connaître le nombre de candidats pour cette offre et elle dépassait de loin ses estimations. « On peut fêter ça, si tu veux. » Célébrer les victoires, même les plus minimes ça faisait toujours du bien non ? Il devait être bien soulagé de pouvoir se faire un peu d’argent. « Peu importe où, même chez moi. » Une invitation spontanée mais sincère, même si elle faisait figure d’exception, parce qu’elle n’invitait généralement pas ses protégés chez elle. Néanmoins, Eddie n’était pas comme les autres, parce qu’il n’était pas voué à rester dans son agence, alors pourquoi se priver de le faire ?
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Il pourrait s’annoncer Eddie, et il ne saurait honnêtement pas vous dire pourquoi il ne le fait pas. Son geste devance le moindre mot qu’il pourrait formuler, comme s’il fonctionnait à l’envers subitement. L’appeler par son prénom ou la saluer simplement serait le meilleur moyen de lui signifier sa présence et ce n’est pourtant pas son premier réflexe, il ne sait pas à quoi il répond sur le moment mais tout ça n’a rien de très sensé. Son approche est maladroite comme souvent, alors que son intention n’est pourtant pas de lui faire peur. Il sent Halston sursauter au contact de sa main sur son épaule et il a lui-même un mouvement de recul en réalisant qu’elle est désagréablement surprise, pour ne pas lui imposer en plus une proximité susceptible de la mettre mal à l’aise. Car dernièrement il n’a pas franchement besoin de ça Eddie, lui qui s’interroge déjà beaucoup sur ses agissements passés et qui se demande s’il n’a pas pu mal se comporter avec l’une de ses élèves sans même en avoir conscience. Les réactions comme celle d’Halston ce soir ne l’aident pas à trouver la paix, il doit faire attention car trop longtemps il ne s’est pas soucié des conséquences de ses actes, et à présent il réalise que le geste le plus anodin pour lui ne l’est pas forcément pour la personne en face. Il ne sait pas ce qu’il peut créer avec une simple main sur une épaule, et de toute évidence ici Halston s’en serait bien passé. Elle lui demande de ne plus jamais lui faire ça et il comprend, c’était vraiment de trop. « Excuse-moi. » Il n’a pourtant pas l’excuse facile Eddie mais il est encore assez humain pour admettre quand il va trop loin, même si ça c’est assez nouveau en fin de compte. Les paroles de l’agente lui tirent une légère grimace, il ne comprend pas à quoi elle fait référence et il ne serait pas étonné d’être passé à côté de quelque chose lui qui ne s’informe jamais de rien. Ou quand il le fait il tombe sur des articles qui remettent tout son enseignement en question, autant dire qu’on ne le reprendra pas à parcourir la presse people de sitôt. « Pourchassée tu dis ? » Pourquoi il n’aime pas ce qu’il entend il n’en sait rien, mais ce terme lui inspire quelque chose de malsain et il a une fois de plus l’impression d'empirer les tourments de quelqu’un sans le vouloir. Si Halston n’a pas l’esprit tranquille et cherche à fuir certaines personnes alors oui il a définitivement mal choisi son approche Eddie, et décidément il n’en rate pas une. Il l’informe que son studio de danse se situe dans le quartier et considère du coup que l’agente erre sur son terrain, mais ça c’est avant qu’elle lui apprenne qu’en réalité elle vit dans le coin. C’est donc lui qui se trouve chez elle et non l’inverse, compris. « Tu me l'apprends, et je comprends mieux pourquoi je te trouve là du coup. » Mais il aurait pu le savoir puisqu’il a fait le tour du quartier pendant la fête des voisins. Il est bien tombé sans la moindre préméditation sur la maison de sa marraine Lily ou encore de James Weatherton, le hasard ne l'a juste pas mené jusqu'à Halston ce jour-là. Par contre à qui croit-elle mentir en prétendant aller bien alors qu’il peut d’ici voir ce qui s’apparente à une larme rouler le long de sa joue ? Il voit très clair Eddie, et si là Halston va bien alors lui n’est pas danseur. « Non visiblement pas. » il remarque d’un air grave en se rapprochant légèrement. Il n’aime pas confronter les autres sur ce genre de choses mais il ne peut pas ignorer ce qu’il voit, pas alors que les mots d’Halston sonnent faux. « Si je te demande si ta journée a été mauvaise tu vas m'envoyer bouler comme la dernière fois ? » Il se souvient qu’elle n’avait déjà pas l’air très épanouie pendant leur entretien et même s’il ne veut pas faire de raccourcis faciles forcément il s’interroge. Il n’a pas envie d’entendre que ça va si ça ne va pas, car c’est une chose qu’elle doit répéter à longueur de temps aux autres un peu comme lui au final, qui dissimule à son entourage le chaos jaillissant de tous les côtés dans sa vie.
Le soleil se lève et se couche tous les jours mais Eddie ne s’attarde plus depuis longtemps sur la beauté du phénomène, trop pris par une vie qui ne lui laisse jamais l’occasion de se poser pour voir ça. Ce soir le temps il décide pourtant de le prendre comme il se trouve en plus en bonne compagnie, il ne le vit pas tout seul et ces moments-là sont rares aussi, puisqu’il a le sentiment de ne plus partager beaucoup de choses avec ceux qui l’entourent. Déconnecter du boulot deux secondes il en est donc capable et ça lui rappelle qu’il a une vie à mener en dehors de la danse, qu’il a un peu trop tendance à voir comme la seule chose susceptible de l’animer aujourd’hui. Ce n’est pas vrai Eddie, ta vie ne se résume pas à ça et tu vas passer à côté de très grandes choses si tu t’enfermes là-dedans. Il ne vibre effectivement pas pour grand-chose mais à son âge il ne peut pas ignorer tout ce que ce monde a à offrir, c’est une chance de pouvoir assister à tout ça et il n’en prend que trop peu conscience. Halston a raison ce rôle de spectateur a du bon pour une fois, la machine est stoppée et ça fait un bien fou. Mais pas autant que ce qu’il entend après ça, qui fait carrément rater un battement à son cœur. « Tu te fous de moi ? » On devrait bientôt pouvoir l’admirer à la télé, est-ce que c’est bien ce qu’il croit ? Quoi d’autre en même temps, ce n’est pas comme s’il avait passé quinze mille castings et Halston sait combien il misait sur celui-là. Il a donc réussi et plié la concurrence en prime d’après elle, alors qu’il ne pensait honnêtement pas que ce serait aussi facile. « Attends mais.. c’est bon alors ? Purée j'en reviens pas. » Non c’est beaucoup trop beau pour être vrai sur le moment mais il réalise quand même un peu, du moins assez pour considérer l’amélioration imminente de ses problèmes d’argent. Ce n’est pas avec ça qu’il sortira complètement la tête de l’eau mais ça va déjà tellement le dépanner, en plus de lui offrir un nom assez prestigieux à inscrire parmi ses références mine de rien. « Ça me soulage à un point que t'imagines pas là ! Merci, c'est clairement grâce à toi. » Sans elle il n'aurait pas pu le décrocher ce contrat alors oui, il lui en est profondément reconnaissant à cet instant. Il en tremble Eddie, c’est pour dire alors qu’il ne se laisse habituellement pas dépasser par ses émotions comme ça. C’est juste que ces soucis d’argent l’inquiètent beaucoup dernièrement et il est bien content d’être en partie soulagé de ce poids, au moins pour quelques temps. Ça faisait un bail qu’on ne l’avait pas vu sourire comme ça, il est sur son petit nuage et il lui faudra un moment pour en redescendre. « Carrément qu'on va fêter ça, t'as refait ma semaine avec cette nouvelle. » Halston propose d’ailleurs de faire ça chez elle et c’est loin de sonner comme quelque chose de déconnant à l’oreille du danseur, il ne voit même aucun mal à ça puisqu’il n’est pas tout à fait un protégé comme les autres - et même s'il l'était à vrai dire sa réponse serait la même. « Et chez toi ça me va. » Ils peuvent bien se permettre de mélanger le boulot et le perso le temps d’une soirée, lui est en tout cas à l’aise avec cette idée. « Je suis à moto, tu m'emmènes et je te suis. » Il proposerait bien de la prendre avec lui mais le vélo à ses côtés ne lui a pas échappé, et il doute qu’Halston ait très envie de l’abandonner ici.
À leur arrivée devant la maison de l’agente Eddie se stoppe pour contempler celle-ci. Sacrée baraque, mais dans le coin ce n’est pas ce qui manque il a pu s’en rendre compte lors de son tour du quartier la dernière fois. C’est un autre monde pour le danseur, il ose même à peine mettre un pied devant l’autre car tout ça n'en finit pas de l'impressionner. « Ça paie bien le métier d’agente de stars dis donc. » qu’il remarque avec un soupçon d'effronterie avant de s’assurer que sa moto est bien stable là où il vient de la laisser. À nouveau il est prêt à se laisser guider, même s’il ne sait pas trop quel sentiment prédomine en lui alors qu’il est tout proche de pénétrer dans le monde d’Halston. Pas mal de curiosité, et peut-être un peu d’excitation aussi. « On risque de croiser quelqu’un ? » il demande alors qu’ils n’ont pas encore rejoint l’intérieur, et il ne sait pas du tout si Halston vit seule comme c’est son cas. Officiellement il la sait séparée et peut-être même divorcée mais il réalise qu’il ne connaît rien de sa vie à part ça, et si elle avait des enfants par exemple ? En fait il ne sait pas du tout dans quoi il met les pieds Eddie et il demeure tout un mystère autour de l’agente, depuis leur rencontre elle a même le don de pas mal l’intriguer. Et il aime ça, il ne demande même qu’à être surpris.
Halston était certainement plus habituée à la tactilité que la majorité des habitants de cette ville, parce qu’elle venait d’un pays où faire une accolade était plutôt naturel. Elle avait bien remarqué qu’on l’avait trouvé étrange, la première fois qu’elle avait prise dans ses bras une femme qu’elle fréquentait pourtant depuis des mois. L’agente de stars avait retenu la leçon, même si elle avait une amitié naissante avec quelqu’un cela ne signifiait pas qu’elle avait le droit d’avoir autant de proximité avec. Eddie était certainement infiniment plus australien qu’elle, mais il s’était permis de la toucher à un moment où elle n’avait pas pu deviner sa présence. Elle avait beau le connaître un minimum, elle n’avait pas envie de l’excuser instantanément, de faire comme si elle allait passer outre. Le consentement n’avait jamais été aussi important à ses yeux que maintenant, il fallait qu’elle impose des limites dès que possible. Il s’excusa avec une facilité à laquelle elle ne s’attendait pas, elle l’aurait plutôt imaginé dire qu’il n’y avait pas besoin de faire toute un foin pour ça. La justification qui avait suivie son injonction, l’avait sûrement aidé à comprendre que son geste n’avait rien d’anodin. Elle avait employé un terme fort, qui l’avait interpellé. La brune grimaça à son tour. « Oui, par des paparazzis et journalistes, le genre de joyeusetés que je pensais avoir abandonné en venant vivre ici. » Il ne devait pas avoir la moindre idée de ce que ça faisait et elle ne lui souhaitait pas de le savoir un jour. Elle pensait que les danseurs étaient des personnes relativement protégées, car ils n’étaient pas aussi présents visuellement que des acteurs ou des chanteurs, qui en plus d’apparaître sur les petits et grands écrans, se retrouvaient placardés sur des publicités. Eddie jouissait d’un relatif anonymat, qui ne pouvait que la rendre envieuse. « N’épouse jamais une célébrité, conseil d’amie. » Elle ne savait pas si le jeune homme avait envie de se marier un jour, mais elle était certaine qu’il était lui aussi amené à croiser des têtes un minimum connues, bien moins souvent qu’elle certes mais le risque zéro n’existait pas dans un domaine artistique comme le sien. Halston se souvint qu’il serait même plutôt du genre à courir après les personnes célèbres, puisqu’il s’était incrusté chez son ami James dans le but d’obtenir ses faveurs. Il était tentant d’essayer de s’entourer des meilleurs, elle pouvait le comprendre et saluait même cette initiative, mais il ferait bien de faire preuve de prudence en choisissant bien vers qui il se tournerait. Graviter autour de personnes dont le quotidien intéressait trop de monde, finissait fatalement par diriger les projecteurs sur soi. Il ne savait pas qu’il se trouvait dans son quartier et elle trouvait cela normal, même si elle vivait avec une actrice qui attisait la curiosité. « L’inverse aurait été un peu… inquiétant ? » Quand une personne voulait avoir des informations aussi importantes sur elle, elle voulait qu’elle passe directement par elle pour les obtenir, ce qui lui paraissait tout simplement sensé. D’ailleurs il s’était risqué à la questionner sur son état mental, un sujet tabou qui lui avait valu un rejet quelques jours plus tôt. Elle n’aimait pas le voir se rapprocher pour mieux observer sa joue, elle ne pouvait clairement pas lui sortir une excuse pourrie du type ce n'était qu’une poussière qui la gênait. Halston étant dans un état d’esprit différent de la fois où ils avaient eu un entretien, elle se montra plus douce. « Non… J’ai un peu plus de problèmes qu’à mon habitude. » C’était un demi-mensonge, elle en avait en réalité beaucoup plus. « Ma vie est… compliquée actuellement. » Il avait déjà de gros indices sur le pourquoi du comment, il n’avait plus qu’à tirer ses propres conclusions.
S’il y avait bien un moment où elle s’arrêtait avec facilité, c’était lorsqu’elle se trouvait en présence d’un talent. Dès qu’elle saisissait qu’elle avait quelque chose en or à portée de mains, elle se plongeait dans une intense observation, pour savoir à qui elle avait à faire. Elle se lançait dans une véritable analyse du langage de son corps, de sa voix et de son visage, elle cherchait immédiatement à savoir avec qui est-ce qu’elle pourrait le faire travailler, pour quel type de rôle. En bref elle faisait véritablement chauffer son cerveau, ce qui n’était pas du tout le cas ici. Elle relâchait enfin la pression et elle avait l’impression qu’elle n’était pas la seule. L’agente de stars s’était légèrement détournée pour observer discrètement Eddie l’espace de quelques secondes. La nouvelle atmosphère qui enveloppait la terre, était particulièrement flatteuse pour son facies. Il allait faire tourner bien d’autres têtes, une fois qu’il serait l’égérie de la grande marque de glace elle n’en doutait pas une seconde. Lorsqu’elle recommença à observer le paysage, elle se mit à sourire parce qu’elle ne lui avait pas encore appris la bonne nouvelle, mais cela ne saurait tarder. Elle leur laissa le temps de profiter jusqu’au bout de la nature, avant de lui donner son information avec un semblant de subtilité. Il n’y croyait pas, à croire qu’il n’avait pas autant confiance en lui qu’il ne le laissait transparaître. Elle lui assena une tape au niveau de l’épaule. « Je ne donne pas dans les blagues de mauvais goût, Eddie. » Halston était capable de faire en tourner en bourrique ses talents, mais elle savait qu’il serait déplacé de le faire avec lui, qui se trouvait actuellement dans une véritable galère financière. « Si c’est moi qui te le dis c’est que c’est bon. » Il n’y avait pas de source plus fiable qu’elle en la matière. Elle aimait voir à quel point elle lui avait remonté le moral, elle avait justement choisi ce métier pour venir en aide aux autres et en faire sortir le meilleur. « Je n’ai fait que de remplir mon rôle. » Elle se montrait modeste parce qu’elle savait pertinemment qu’il devait principalement son succès à lui-même. « On ne me surnomme pas la dénicheuse pour rien, je sais repérer les personnes hors du commun. » C’était certainement un des plus beaux compliments qu’elle pouvait lui offrir, parce que des êtres qui sortaient du lot il n’y avait pas tant que ça à ses yeux, même si elle suivait une pléthore de personnes à qui elle aimait faire croire le contraire pour leur insuffler de l’assurance. Il accepta sa proposition de célébrer cette réussite et de se rendre chez elle pour ça. Elle sortit son téléphone et vérifia où ils se trouvaient, ils n’en avaient normalement que pour une quinzaine de minutes à vélo. Il avait son propre engin, une moto, avec laquelle il allait devoir rouler lentement, mais cela lui laisserait le loisir d’admirer son quartier, qui regorgeait de belles maisons.
Lorsqu’elle lui indiqua où est-ce qu’il devrait s’arrêter, il lui semblait surpris, comme s’il ne s’attendait qu’elle puisse se permettre un tel logement. Elle pourrait même le croire intimidé par sa vision, si elle n’avait pas entendu sa remarque. « Est-ce que tu sous-entendrais que l’exercice de mon métier ne mérite pas autant d’argent ? » Gare à lui s’il osait lui dire que son activité n’était pas épuisante, qu’elle ne méritait pas une telle rémunération. « Quand on négocie des contrats à plusieurs millions de dollars, c’est bien normal d’avoir sa part du gâteau. » Elle cranait outrageusement face à un danseur qui peinait à joindre les deux bouts, mais si elle devait penser à ce que pouvait ressentir les autres à chaque fois, elle ne pourrait jamais se permettre de frimer. Il finirait bien vite par le lui pardonner, avec ce qu’elle allait lui offrir. Il se demanda si elle vivait avec quelqu’un, la taille de sa maison contemporaine laissait clairement supposer que oui, mais elle n’imaginait pas qu’il pouvait supposer que des enfants y vivaient. « Oui. Enfin pas tant que ça, tomber sur ma colocataire c’est un peu comme… gagner au tiercé ? » S’il savait qu’elle vivait avec une de ses actrices, il trouverait sûrement absurde qu’elle ne soit pas plus informée sur où elle se trouvait et quand. C’était ça de vivre avec un électron libre et elle avait fini par l’accepter. Elle l’invita à la suivre dans le temple du cinéma que représentait son entrée. Il était impossible de ne pas voir toutes les photos qui étaient accolées à ses murs, où elle posait avec les stars qui avaient le plus compté pour elle que ça soit humainement ou professionnellement. Il aurait très certainement envie d’y jeter un œil, mais elle n’y voyait aucun inconvénient, il pouvait satisfaire sa curiosité autant qu’il le voulait. « Ne cherche pas à avoir des informations croustillantes sur eux, je suis une tombe. » Dit-elle en lui faisant un clin d’œil. Il lui arrivait de laisser en échapper quelques-unes, de manière purement involontaire bien évidemment, du moins c’est ce qu’elle vous ferait croire, qu’elle est l’innocence incarnée. Le visage de la brune changea d’expression, lorsqu’elle aperçue que son rez-de-chaussée n’était pas dans l’état dans lequel elle l’avait laissé le matin. La rouquine avait laissé traîner des boîtes à chaussures et à bijoux, elle avait dû se rendre à un rendez-vous à la va-vite ou avoir été incapable de se décider sur ce qu’elle allait mettre, elle la connaissait suffisamment pour savoir que les deux suppositions étaient plus que plausibles. Sophia Sadler je vais te tuer, qu’elle se disait, quelle impression elle allait faire à Eddie avec ça ? « Je suis désolée pour ce bazar, je ne vis pas avec quelqu’un d’aussi ordonné que moi. » Il était facile de deviner qu’il ne s’agissait pas de ses affaires, car il y avait des chaussures à talons aiguilles et à strass et de gros bijoux aux couleurs bien trop affriolantes pour correspondre à son style. « Fais comme chez toi. Est-ce que tu veux des choses en particulier ? Du vin ? » Elle se souvenait bien qu’il aimait beaucoup ce liquide pourpre, vu qu’il en avait abusé au point de la pousser à appeler un taxi pour lui.
Dernière édition par Halston Hargreeves le Lun 31 Mai 2021 - 17:55, édité 1 fois
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
À peine arrivé et déjà un faux pas, qu'il aurait facilement pu éviter en plus s'il avait réagi de façon logique au lieu d'écouter un instinct qui a décidément tendance à lui dicter de faire tout et n'importe quoi en ce moment. Une main sur l'épaule c'est déjà trop, oui, et il ferait bien de le noter pour ne pas reproduire cette erreur auprès d'elle ou d'une autre par la suite. Ce n'est pas son genre à Eddie d'envoyer valser la notion de consentement, au contraire il a toujours profondément respecté les femmes et la volonté de celles-ci mais il n'est pas à l'abri d'un geste malheureux, lui qui est en plus très peu éduqué sur ces histoires dont on entend de plus en plus parler dans les médias. Il n'en a pris conscience que très récemment avec cette affaire impliquant Penny, et il a manifestement encore pas mal de choses à apprendre à ce sujet. Quelques mois auparavant Eddie ne se serait sûrement pas excusé et peut-être même qu'il aurait pensé d'Halston qu'elle en fait trop, le Eddie qui n'était pas du tout sensibilisé là-dessus aurait pu se dire ça mais compte tenu de ce qu'il sait aujourd'hui sa façon d'aborder la chose est très différente, et ici il se soucie sincèrement de comment son geste a pu être perçu. Enfin, il s'en préoccupe. Ce n'est pas lui qui demande à Halston pourquoi elle semble à ce point sur la défensive, c'est elle qui reconnait être pourchassée dernièrement et cette information le danseur ne la laisse certainement pas filer. Car il aimerait comprendre, ça ne le regarde de toute évidence pas mais ça l'inquièterait presque, mien de rien il l'aime bien Halston et il n'aime pas entendre qu'elle a des ennuis. De gros apparemment, ça ne rigole pas car des journalistes et des photographes sont à ses trousses. Les joyeusetés qu'elle pensait avoir laissé à Los Angeles qu'elle précise, et il comprend bien que le calme dans lequel il la trouve ce soir n'est que passager, et qu'il arrive juste au bon moment. « J’ai raté un épisode je crois. » C’est peut-être bien toute la série qu’il a manqué en fait, car comme ça il n’est pas capable de dire ce qui peut valoir à Halston d’être poursuivie par une horde de médias. Cette vie ne lui semble en tout cas pas très enviable, et ça le conforte dans l’idée qu’il n’a aucune envie de connaître ce genre de célébrité un jour. Ça ne l’intéresse pas Eddie, il est fait pour briller sous les feux des projecteurs d’un théâtre et non pas sous les flashs des photographes. Et d’un coup il comprend, ou croit comprendre. Un mariage raté avec une star du grand écran, ce serait donc ça la raison de toute cette agitation autour d’elle ? Le célibat a vraiment du bon, c’est la première chose qu’il se dit alors même qu’il ne connaît pas les détails de cette histoire, Halston semble juste pas mal amère en la survolant ce soir. « Je ne compte pas me marier un jour, mais je prends quand même ton conseil. » Et fréquenter une célébrité, à vrai dire, Eddie n’y a jamais songé alors qu’il est pourtant connu pour son opportunisme. Il ne recule effectivement devant rien quand il s’agit de se vendre et de monter toujours plus haut mais à côté il a un honneur, des principes, et il sait qu’il ne se mettrait jamais avec quelqu’un par intérêt. Vraiment, on peut lui reprocher beaucoup de choses mais son arrivisme a tout de même des limites. Car il ne pense pas pouvoir attirer quelqu’un de célèbre naturellement, il ne mène en tout cas pas du tout sa vie dans cette optique. N’est pas Kate Middleton qui veut, honnêtement il n’aurait vraiment pas eu sa patience mais bravo à elle d’être parvenue à ses fins avec le prince qu’elle convoitait depuis l’adolescence. « Un point pour toi. » il lui accorde alors qu'elle laisse entendre qu'il aurait été inquiétant qu'il sache où elle vit, alors qu'ils n'ont jamais échangé ce type d'information tous les deux. L'inverse est vrai par contre puisque Halston détient tout un dossier sur lui ainsi qu'un CV avec ses coordonnées, il n'y a pas grand-chose qu'il puisse lui cacher de son côté mais il se moque à vrai dire bien qu'on puisse le localiser sur la carte de Brisbane. Cet échange semble mieux s'engager que le précédent et le fait de mettre de côté le cadre professionnel aide sûrement pas mal, même si Eddie en profite du coup pour s'enquérir de l'état de l'agente, qui ne semble vraiment pas dans un bon jour. Elle lui confirme avoir plus de problèmes qu'à l'accoutumée, sa vie aurait pris un tournant compliqué et il se retrouve inévitablement dans ce qu'il entend ici. « Je vois. J’ai l’impression que nos vies se sont mises d’accord pour se casser la figure en même temps. » Drôle de corrélation que celle-là, même si tout ça n’a justement rien de drôle. C’est un peu la pire période pour lui depuis bien trois ans et il saisit que c’est pareil pour elle, car il a même le sentiment qu’elle minimise grandement la situation ici pour ne pas lui dévoiler la réelle gravité des choses. « Enfin je suis pas en train de comparer mes soucis d’argent à tes problèmes qui ont l’air vraiment sérieux, pas du tout. » Ce n’est pas le parallèle qu’il a voulu faire, car en réalité de son côté à lui il n’y a pas que l’argent qui manque. Le danseur ne mentionne simplement pas à quel point sa vie personnelle part en lambeaux depuis quelques mois, et les personnes qui lui tournent le dos les unes après les autres. Il en vient même à se demander s’il compte encore pour quelqu’un dans ce monde, parce qu’il n’a jamais autant eu l’impression de faire cavalier seul. On récolte ce que l'on sème n'est-ce pas, c'est d'autant plus vrai dans son cas car il n'entreprend vraiment rien pour donner envie aux gens de rester à ses côtés. Et sa santé n’en parlons pas, dire qu’il tire dangereusement sur la corde est un euphémisme à ce stade. « T’as le droit de craquer en tout cas Halston, c’est normal de saturer au bout d’un moment. » Sa voix s’adoucît, il ne sait pas s’il fait bien de lui dire ça mais il juge important de lui rappeler qu’elle a ses limites comme tout le monde. Et que devant lui elle n’a pas à ravaler quoi que ce soit, car il peut la voir dans cet état sans penser qu’elle est faible. Il sait même qu’elle ne l’est pas du tout, et cette larme qu’il a surpris un peu plus tôt n’y changera rien.
Eddie s'abandonne complètement au spectacle qui se joue sous ses yeux, c'est comme si le temps s'arrêtait et c'est fortement appréciable quand on passe sa vie comme lui à courir après celui-ci. Ce moment d'une simplicité ahurissante est sûrement le plus paisible qu'il ait connu ce mois-ci, sans exagérer. Comme quoi il suffit parfois de se poser devant la beauté de la vie, et ce n'est pas parce qu'il a enclenché le bouton off que tout va échapper à son contrôle subitement. Il veut toujours aller trop vite Eddie, cette idée obsessionnelle que sa carrière de danseur sera courte le pousse à vivre à un rythme affolant et forcément à côté il s'oublie, autant qu'il oublie les autres. Quand est-ce qu'il s'est autorisé à admirer un coucher de soleil pour la dernière fois ? Il ne serait pas capable de le dire, mais il suppose que ça n'était pas cette année ni celle d'avant. C'est terriblement apaisant, il a même l'impression de partir loin tellement il relâche la pression à ce moment-là mais Halston est là pour le rappeler sur terre avec elle. D'un coup il se réveille Eddie, car c'est une information de taille qui lui tombe dessus : il a réussi son casting pour Häagen-Dazs, en clair il a décroché le contrat sur lequel reposaient tous ses espoirs dans cette période difficile. Ce n'est même pas le fait d'entendre qu'il passera prochainement à la télé qui le met en joie, c'est surtout l'argent qu'il va pouvoir se faire avec ça car c'est sa motivation première, Halston ne l'ignore pas. « Tu pouvais pas me faire plus plaisir qu’en m’annonçant ça, c’est juste.. » Incroyable ? Irréel ? C’est le coup de pouce dont il avait terriblement besoin, surtout. Il entrevoit le mois à venir et même la prochaine saison un peu plus sereinement à partir de là, alors qu’il a mal au bide tous les jours à force de penser à ces problèmes d’argent qui n’en finissent pas d’empirer. Eddie ne s’est jamais retrouvé dans une situation financière aussi préoccupante et il faut rappeler qu’il ne dépend que de lui-même, puisqu’il se refuse à solliciter l’aide de ses amis ou de sa famille. Personne autour de lui ne sait dans quelle galère il se trouve et il y a une bonne raison à ça, une bonne dose de fierté forcément mais aussi la volonté de ne pas donner raison à ceux qui n’ont jamais cru qu’il pourrait un jour vivre de la danse. C’est tout ce que sa mère attend d’entendre depuis des années, qu’elle avait raison depuis le début et il ne lui fera certainement pas cette joie. « T’y vas peut-être un peu fort là. » il vient souffler dans un léger sourire alors que l'agente prétend avoir du flair pour dénicher les personnes hors du commun. Bien sûr c'est plaisant à entendre et il ne crachera pas dessus, mais il se demande sur quoi elle se base pour dire ça et si c'est vraiment applicable à lui. Le danseur ne manque vraiment pas de confiance en lui seulement il n'a pas pour habitude de s'attribuer des qualités ou des compétences qu'il n'a pas, et il n'a jamais pensé qu'il s'en tirerait facilement sur ce casting. Après tout ce n'est pas son domaine de prédilection et il n'a jamais fait ça, son nom est loin de sonner comme une référence dans ce milieu et il n'a pas prouvé grand-chose en tant qu'acteur jusqu'à présent. « J'ai franchement rien d'exceptionnel. » Impensable, serait-ce une once de modestie que l’on perçoit ici ? Disons qu’en tant que danseur Eddie sait très bien ce qu’il vaut entre ses accomplissements personnels témoignant autant de sa détermination que de son talent et le fait qu’on lui répète depuis des années qu’il est le futur de la danse contemporaine, mais en tant qu’acteur, même de publicité, il considère qu’il part vraiment de rien. Ils avaient sûrement leurs raisons de le prendre et des bonnes, mais il ne visualise honnêtement pas lesquelles puisqu'il n'a pas de quoi comparer sa prestation avec celle des autres candidats. Est-ce son naturel qui a convaincu ? Ou bien le fait que son nom et sa tête ne disent presque rien à personne dans le milieu justement, si ça se trouve la marque désirait miser sur une égérie qui ne parlerait pas beaucoup aux gens pour ne pas éclipser le produit. C’est quoi qui a fait la différence en fin compte, il aimerait bien le savoir. Il est resté lui-même pendant son casting vidéo et il faut croire que ça a plu, à moins qu’il ne remplisse d’autres cases parmi les exigences de la marque auxquelles il ne songe pas ici. Halston doit le savoir elle, il suppose qu’elle a eu un compte rendu détaillé de tout ça à moins qu’on se soit contenté de lui dire que son poulain était sélectionné sans lui expliquer pourquoi. Il ne sait pas comment ces choses-là fonctionnent, après tout.
Cette soirée se poursuit chez l'agente, sans que rien de tout cela n'ait été prévu à l'avance. Eddie était censé rentrer chez lui après son dernier cours de la journée mais ça attendra un peu, car une telle nouvelle s'arrose et toute la fatigue qu'il pouvait ressentir jusqu'ici s'est envolée avec une infime partie de ses problèmes d'argent ce soir. Il n'est certainement pas sorti d'affaire, mais bon sang que ça soulage. Il s'étonne du standing dans lequel Halston vit, et réalise qu'une agente de stars gagne encore mieux sa vie qu'il aurait été tenté de le penser. Elle fait mine de s'en offusquer et ça lui tire un sourire. « Non je te rassure, je sous-entends rien de tel. » Il est évidemment disposé à croire que ce métier n'est pas moins épuisant qu'un autre et il sait même qu'elle ne compte pas ses heures dans l'exercice de ce dernier. La suite l'amuse un peu moins en revanche, elle parle de prendre sa part du gâteau et il se contente de hocher la tête avec retenue, cette fois. « Tant mieux pour toi écoute. » Subitement son ton s’assèche car c’est la frustration qui s’exprime à sa place. Entendre parler de contrats à plusieurs millions de dollars ça le pique forcément un peu sachant qu’il en est à compter ses sous, au billet près. Ils n’ont définitivement pas la même vie tous les deux mais il n’a pas le droit de se plaindre, car cette vie c’est lui qui l’a choisie avec tous les risques qu'elle comportait, financiers notamment. Il s'interroge sur le fait qu'Halston puisse vivre seule ici mais elle lui apprend bien vite l'existence d'une colocataire, ce qui a le don de pas mal le surprendre sur le moment. Car une colocataire à son âge, qu'il estime autour de la petite trentaine, c'est vrai qu'il ne s'en serait pas douté mais pourquoi pas après tout. La croiser serait d'ailleurs donné à quelques rares chanceux, et il suppose du coup que ce ne sera pas son cas aujourd'hui. « On est donc seuls ce soir si je comprends bien. » Une perspective qui est loin de le déranger, au contraire. Il a un assez bon feeling avec son agente pour se sentir à l'aise dans une maison avec elle sans personne autour, au même titre qu'il l'était dans son bureau l'autre fois. Elle lui signifie qu'il est inutile d'essayer de lui tirer des informations sur les célébrités dont les photos ornent son mur, sur lesquelles les yeux d'Eddie se sont tout naturellement posés en entrant. « J’en connais pas la moitié, très sincèrement. » qu’il n'a alors aucune honte à avouer et tant pis si elle le voit comme un inculte du septième art, il assume de l’être Eddie car c’est le monde d’Halston, pas le sien. Lui il est calé en illustres danseuses et danseurs de ce monde, chacun ses références mais si elle veut lui lâcher deux ou trois noms pour sa culture il est preneur. Son regard s'attarde après ça sur les traits délicats de l'agente, qu'il peut voir changer du tout au tout peu près leur arrivée dans le rez-de-chaussée. Elle souligne un bazar qui est pourtant loin d'effrayer Eddie, mais il faut dire aussi qu'il n'est pas l'être le plus maniaque qu'on puisse trouver dans le coin. Halston s'en excuse même, ces quelques affaires trainant ici appartiendraient à sa colocataire et elle semble gênée de lui offrir une telle vue. « Mais non, sois pas désolée pour ça. » Quelques paires de chaussures et des bijoux laissés là, il a quand même vu des bazars plus conséquents dans sa vie et qui serait-il, surtout, pour juger l'ordre dans une maison qui n'est pas la sienne ? « Je ne vais rien dire, car si tu voyais mon appartement tu aurais à peu près la même réaction je pense. » Mais elle ne veut pas voir ça Halston, il en est certain car si elle est vraiment à cheval sur l'ordre elle pourrait prendre peur chez lui. Car Eddie est lui aussi du genre à laisser ses chaussures dans le passage et ses fringues partout sauf à leur place dans son armoire, mais puisqu'il vit seul ça ne dérange personne. Elle l'invite à faire comme chez lui et lui propose du vin ce qu'il ne risque pas de refuser, elle le connait assez bien pour le savoir. « Du vin m’ira très bien oui. » il annonce dans un fin sourire, bien plus friand à vrai dire de ce dernier que du champagne, qui lui monte toujours à la tête en un temps record. « Mais t’as pas dû oublier que je tenais assez mal l’alcool, alors juste un verre. » Vraiment Eddie, pas plus d'un verre ? Il cogite une demi-seconde, et se rappelle de la raison pour laquelle il a suivi Halston jusqu'à chez elle. « Oh et puis non, oublie ce que je viens de dire. On a quelque chose à célébrer après tout ! » Voilà une parole sensée, car pourquoi limiter sa consommation d'alcool alors que pour une fois l'heure est à la fête. Eddie décide de relâcher le contrôle sur ça aussi, et au pire s'il n'est pas en état de conduire tout à l'heure elle lui appellera un taxi comme elle l'a déjà fait une fois. Le danseur continue son petit tour du rez-de-chaussée, contemplatif du monde que l'agente lui ouvre ce soir. « Tu as vraiment une belle maison, j’espère que j’aurai droit à une visite guidée ensuite. » Et puisqu'elle lui a dit de faire comme chez lui il vient finalement se poser sur un canapé, récupérant au passage le verre de vin qu’Halston vient de lui servir - peut-être bien le premier d’une longue liste ce soir. Il commence à boire et descend même généreusement son verre, et sans surprise les effets du vin ne tardent pas à se faire ressentir. « Je peux être indiscret Halston ? » La bonne formulation ici serait plutôt je vais être indiscret Halston car quand il pose ce genre de question c’est qu’il prévoit de toute façon d’exprimer ce qu’il a derrière la tête, qu’on l’y autorise ou non. Et indiscret il peut vraiment l’être parfois, Halston est sur le point de s’en rendre compte mais en le faisant boire c’était le risque, c’était sûr qu’il n’allait pas rester silencieux très longtemps. « T’as plus personne dans ta vie du coup aujourd’hui ? » Il en est resté au fait qu’elle était séparée mais ça c’est une confidence qu’il lui avait arraché il y a plusieurs mois lors du dîner suivant la première du film, le seul détail qu’il a eu en plus ce soir c’est qu’elle a manifestement partagé la vie d’une célébrité. Cette histoire ou plutôt la peine que celle-ci lui a causé semble assez récente et même plus que jamais d’actualité, mais elle a peut-être déjà refait sa vie à côté, ou envisage de le faire. Au même titre que le soir de la grande première l’alcool a pour effet de rendre le danseur particulièrement curieux aujourd’hui. Peut-être trop d’ailleurs, ce n’est pas du tout dit qu’Halston souhaitera partager ce genre de choses avec lui et il comprendrait que ce ne soit pas le cas, disons qu’il est encore assez lucide pour ça.
Rater un épisode… s’il savait, c’était tout un feuilleton qu’il avait manqué et qu’il pouvait aisément rattraper en se baladant sur la toile. Elle se doutait qu’il n’était pas du genre à lire la presse people, mais comme n’importe qui il pourrait taper son nom sur une barre de recherche par simple curiosité. Il n’avait jamais dû le faire, puisqu’il ne savait strictement rien et c’était tant mieux, c’était rafraichissant d’avoir à faire à quelqu’un qui ne connaissait pas toute sa vie grâce à des articles. Elle était venue ici pour ça après tout, refaire sa vie de A à Z, même si elle avait gardé certains éléments comme certains de ses amis, elle avait bien remarqué que le couple qu’elle avait formé avec Nolan parlait moins aux gens d’ici. Halston pensait également que le nombre de journaux traitant de célébrités étaient bien moindre ici, elle avait pu le voir en se baladant dans des rayons de temps en temps. Elle se sentait néanmoins obligée de les lire ponctuellement, pour voir ce qui était dit sur ses poulains et pour comprendre certaines de leurs humeurs, car ils ne se confiaient pas toujours à elle. « Si ce n’était qu’un épisode… c’est juste une mauvaise série qui reprend quand personne ne s’y attendait. » Un show qui avait fait de bonnes audiences malgré une piètre qualité, mais qui avait bien diverti un tas de personnes, dont le quotidien devait être bien morose pour se réjouir du malheur des autres. L’agente de stars avait encore moins comprise la réaction des fans, heureuses de voir que l’acteur retourne sur le marché des célibataires, comme si elles avaient la moindre chance avec lui. Le simple fait d’y repenser lui déclencha un petit rire moqueur. Cela lui avait donné l’envie de donner à Eddie un conseil qu’il n’avait pas demandé. Il lui dit qu’il l’acceptait volontiers son conseil, mais qu’il ne voulait pas se marier. « Oh, c’est dommage de ne pas en avoir envie. » Elle se remémora l’année de naissance qu’elle avait dans son dossier, 1996 et cela ne l’étonnait plus, le mariage était tombé en désuétude pour les nouvelles générations dont il faisait partie. Halston était de l’ancienne école, même si elle était sortie d’un divorce elle ne se voyait pas passer sa vie avec un nouvel homme qu’elle n’épouserait pas, ce n’était pas concevable. Elle avait besoin d’une preuve d’engagement, de porter fièrement un autre nom qu’elle transmettrait à ses enfants… enfants qu’elle n’aurait peut-être jamais. Elle serra ses dents, elle détestait repenser à ce projet qui ne verra peut-être jamais le jour. Heureusement qu’il arrivait à la tirer de ses pensées, à parler des raisons pour lesquels ils se trouvaient tous les deux ici. Elle lui avait souligné qu’il était plutôt normal qu’il ne connaisse pas son adresse et il alla dans son sens. De son côté, l’agente de stars pouvait en savoir beaucoup sur lui, mais elle n’avait pas forcément mémorisé les informations qu’elle avait lu sur lui. Elle avait tellement de dossiers dans son bureau, qu’il lui était impossible de tout savoir sur tout le monde. Il lui souligna l’ironie du destin, qui avait décidé de les malmener en même temps. Elle n’aura pas le temps de lui répondre puisqu’il ajouta une justification qui n’était pas nécessaire. « Je n’ai jamais vécu dans le besoin Eddie, je n’ai même pas une idée de ce que tu peux traverser actuellement… ne pas être sûr de pouvoir payer ses factures, avoir peur de se retrouver à la rue… c’est terrible. » Et cela la faisait relativiser sur ses propres problèmes, elle avait assez d’argent de côté pour toujours avoir un toit sur la tête et payer tout ce qui était essentiel. Elle ne savait pas s’il avait des soucis autres que financiers en plus, mais elle ne voulait pas se montrer indiscrète. Le danseur lui dit qu’il était normal de craquer au bout d’un moment, qu’elle ne devait pas avoir honte. « Tu as raison. C’est harassant plutôt qu’autre chose, de toujours devoir paraître invincible. »
Halston ne savait pas à quel point elle le soulageait avec cette nouvelle, mais elle était heureuse de lui retirer un poids. Elle avait choisi ce métier pour ça après tout, aider les autres, leur faire gravir les marches et avoir sa part de choix dans les visages qui représenteraient le cinéma de demain. Cela pouvait avoir l’air prétentieux, la faire paraître comme une femme qui se prenait pour une déesse de l’industrie, mais elle ne le voyait pas ainsi, elle se voyait juste comme quelqu’un de doué pour repérer ceux qui avaient le talent nécessaire. L’agente de stars était contente qu’il obtienne cette pub, même s’il allait quitter son agence tôt ou tard, cela restait une pierre de plus qu’elle avait mise à son édifice, emplie de bonnes actions. « Attends un peu que je te trouve quelque chose d’encore mieux. » Elle n’était pas contre d’être à la recherche d’un rôle mineur pour lui, si cela pouvait lui permettre de se remettre sur les rails une bonne fois, pour envisager l’avenir plus sereinement. Il jugea sa flatterie un peu trop exagérée, elle leva les yeux au ciel et lui répondit : « Nous ne sommes pas les meilleurs juges de nous-même. Nous sommes bien souvent incapables de voir l’étendue de notre potentiel tout seuls. » Il était dur de se trouver exceptionnel, dans une société aussi compétitrice où l’être humain était noté et comparé dès sa plus tendre enfance. Elle le regarda de nouveau. « Mais j’apprécie ta modestie, Eddie. » Elle avait déjà bien assez à faire avec des personnes narcissiques, qui se jugeaient plus talentueuses qu’elle ne l’était, elle aimait voir que le danseur avait encore les pieds encrés dans le sol. Il devait se demander pourquoi elle le trouvait exceptionnel, mais elle ne voulait pas se lancer dans quelque chose qui pourrait trop s’approcher d’une déclaration d’amour, les hommes se faisaient des films trop facilement pour qu’elle ne prenne ce risque. Il finirait par découvrir petit à petit ce qui le démarquait des autres, il ne s’était peut-être pas encore rendu compte que sa force de caractère était son meilleur atout. Eddie avait aussi un physique facile, mais elle ne pouvait pas croire qu’il n’en avait pas conscience. Les jolies femmes avaient tendance à oublier leurs beautés, les hommes beaucoup moins, ils remarquaient vite qu’ils faisaient de l’effet. L’esprit d’Halston était sûrement biaisé, par des années de mariage avec un acteur qui misait justement beaucoup sur sa belle gueule et son corps d’apollon. Eddie et Nolan lui paraissaient radicalement différents et c’était tant mieux, sinon elle n’aurait pas apprécié sa présence et ne lui aurait pas lancé d’invitation.
Inviter des personnes à l’improviste chez elle, cela ne lui ressemblait pas, mais contrairement à la fois où elle avait fait venir Cade, elle avait prévu le coup en remplissant bien son frigo. Il était hors de question que l’on puisse à nouveau se rendre compte de sa misère rien qu’en comprenant la pauvreté de celui-ci. Le danseur était étonné de sa richesse et ce n’était pas le premier, beaucoup de ses interlocuteurs s’imaginaient qu’elle n’était qu’une esclave de stars payée au lance-pierre. Elle l’avait encore plus perçu sur les visages de ceux qui s’étaient rendus chez elle grâce à la fête des voisins, ils s’imaginaient tous qu’elle avait un autre métier comme celui de réalisatrice. Halston avait mise les choses au clair avec Eddie, parce qu’elle n’accepterait pas qu’il ait une vision faussée de son travail. Il se montra plus sec lorsqu’elle évoqua les montants qui pouvaient se retrouver entre ses mains, ça n’avait pas été très fin de sa part et elle l’admettait donc elle n’allait pas en remettre une couche. La prononciation du mot colocataire parue presque choquante pour lui, elle avait pu l’observer dans son regard, il ne s’y attendait pas. Il chercha à avoir la certitude qu’ils seraient seuls. « Oui pourquoi ça te fait peur ? Parce que je risque de te ligoter dans ma cave, pour que tu ne refuses plus jamais de faire de l’acting pour moi. » Elle n’était pas très crédible en tant que psychopathe, mais ne disait-on pas qu’il fallait toujours se méfier de l’eau qui dort ? Elle s’était quand même montrée bien tenace avec lui du haut de son petit gabarit. L’agente de stars anticipa un peu trop vite les questions qu’il pouvait avoir, car il ne connaissait même pas la moitié des stars présentes sur ses murs. Elle était quand même étonnée que de nos jours, un jeune homme qui pouvait facilement avoir un sacré catalogue rien qu’en s’abonnant à Netflix, n’en connaisse pas plus que ça. « Rassure-moi, dis-moi que tu connais Meryl Streep ? Tom Hanks ? Daniel Craig ? » S’il n’avait pas un minimum de bases, elle ne savait pas ce qu’elle pourrait faire pour lui. Néanmoins, elle comprenait que chacun avait son propre domaine de prédilection et qu’il devait connaître beaucoup de noms dont elle n’avait aucune idée de l’existence. Elle était tout aussi ignorante de la présence de ces boîtes, disséminées un peu partout. La maniaquerie de l’agente de stars, la poussait à s’imaginer qu’elle n’était pas la seule à penser que ce n’était pas acceptable, mais Eddie lui répondu que ses excuses étaient inutiles et que son appartement n’était pas mieux. « Si tu laisses traîner tes affaires de la même façon, j’ose espérer que tu vis tout seul. » S’il ne montrait pas plus de respect que ça à ceux qui partageaient son logement, elle les plaignait sincèrement. Halston disparu de son champ de vision lorsqu’il accepta sa proposition de vin, qui se trouvait dans la cuisine avec les verres.
L’agente de stars revenue rapidement dans le salon et s'actionna afin de remplir leurs coupes, qu’elle déposa sur la table basse. « Effectivement, la modération n’a pas sa place lorsqu’on a un contrat à fêter. » Elle se fichait bien qu’il ne tienne pas l’alcool, elle pourrait même lui proposer de dormir chez elle s’il en avait besoin, ce n’était pas ça qui allait lui coûter quoique ce soit, même si sa colocataire allait juste se faire des idées si jamais elle rentrait. Il lui fit part de son engouement pour sa maison et l’envie qu’elle la lui fasse visiter. « Merci. Oui je peux, enfin je vais peut-être t’épargner une pièce. » Elle n’osait même pas imaginer dans quel état sa colocataire avait laissé sa chambre, il y avait sûrement de la lingerie un peu n’importe où voir pire, un sextoy à un endroit un peu trop voyant… et si elle l’avait laissé dans la salle de bain ? Elle tira une légère grimace, il allait d’abord falloir qu’elle fasse des vérifications avant de jouer l’agente immobilière. Halston rejoignit le canapé peu de temps après lui et bu son premier verre. Elle alluma Spotify sur sa télé et lança une playlist qu’elle avait sobrement intitulé pop. Il lui demanda son autorisation de faire preuve d’indiscrétion, ses sourcils se haussèrent. « Mmmh ça dépend sur quoi. » Elle déglutit lorsqu’il lui posa sa question. Est-ce qu’elle avait encore quelqu’un dans sa vie. Il devait avoir oublié qu’elle n’aimait pas de parler de ses échecs, cela lui donna l’envie irrépressible de boire un second verre, qu’elle épancha. « Eddie, Eddie, Eddie… » Qu’est-ce qu’elle allait bien pouvoir lui répondre ? Elle ne comprenait même pas pourquoi ce sujet l’intéressait autant, enfin elle avait quand même sa petite idée. « Non je n’ai absolument personne. » Même pas un pauvre flirt, elle lui demandait à travers son regard de ne pas avoir pitié d’elle. « Tu te demandes ce qui cloche chez moi pas vrai ? » Comment une femme qui avait entamé la trentaine, ‘ passionnée et jolie ’ pouvait se retrouver seule ? Comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfants de se trouver quelqu’un de bien. « Quand je pense que mon ex-mari doit se pavaner avec une femme pas si loin d’ici… » Cela lui tordait l’estomac, parce qu’il lui avait raconté qu’il n’hésiterait pas à le faire pour qu’elle ne soit plus associée à lui. Elle l’avait dit d’une manière plus basse, mais le danseur était si proche d’elle qu’il ne pouvait pas faire semblant de ne pas avoir entendu. « Raah Eddie, tu n’es pas censé être ici pour me faire déprimer !! » Ses joues rougirent sous l’effet de l’énervement et de l’alcool. Elle détourna sa tête vers le grand écran, lu le titre du prochain morceau qui allait être joué, ce qui l’adoucit instantanément. Halston se leva soudainement et se mit face à lui, elle se permit de saisir les mains du danseur et de le tirer vers elle avant de lui ordonner : « Fais-moi plutôt danser, Eddie. » La chanson coréenne qui allait se lancer allait certainement lui faire plaisir, elle avait écouté de la kpop après leur repas au restaurant, souhaitant se familiariser un peu plus avec cette langue. Elle n’en comprenait presque rien, mais elle était entraînante et c’était tout ce qu’il lui fallait pour lui donner envie de bouger son corps avec enthousiasme.
Dernière édition par Halston Hargreeves le Mer 2 Juin 2021 - 15:20, édité 4 fois
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
Plus qu’un épisode Halston évoque une mauvaise série qu’il aurait raté et il comprend qu’il est certainement passé à côté parce qu’il ne suit pas, ou plus, la presse people. Il s’y était pourtant mis dernièrement mais il a très vite arrêté après être tombé sur une histoire qui l’a sacrément secoué, et qui lui a rappelé pourquoi il se tenait éloigné de tout ça à l’origine. Il vit très bien dans son ignorance Eddie et pour tout dire il s’était senti un peu voyeuriste sur les bords en parcourant un simple site internet, alors non il n’a pas le besoin absolu de s’informer sur la vie de personnalités comme Halston, dont il respecte bien trop la sphère privée pour ça. Il se contentera toujours de ce qu’elle voudra bien lui confier plutôt que d’aller chercher ces informations lui-même, c’est son agente et il serait gêné d’entreprendre des recherches la concernant. Le danseur est bien assez curieux pour la questionner s’il voit une brèche s’ouvrir, en revanche la dépasser là-dessus en enquêtant de son côté, jamais. Mais en la voyant aussi affectée, non, on ne peut pas dire qu'Eddie ait très envie de se marier un jour. Les unions ne sont sans doute pas toutes vouées à mal finir mais est-il prêt à prendre le risque ? Il n'y pense même pas à vrai dire, il n'a juste jamais pensé que ça pouvait être pour lui. Ça ne le fait pas du tout rêver Eddie, et en même temps venant de quelqu'un qui vit à l'encontre des traditions et qui n'a pas une once de romantisme en lui le contraire serait déjà plus étonnant. Il ne croit pas que ce soit dommage comme elle dit, mais si elle pense ça alors qu’est-ce qu'elle dirait du fait qu'il envisage le célibat à vie.. À vingt-cinq ans oui, il y pense sereinement comme s’il n’avait pas la vie devant lui et encore mille occasions de tomber en amour pour quelqu’un. Mais avec ou sans bague au doigt il sait de toute manière qu’il fera tout foirer à un moment ou à un autre, comme il sait si bien le faire. La perspective de finir seul ne lui fait même pas peur car il s’est fait à l’idée il y a un moment déjà, il est en paix avec ça. Elle le reprend sur le parallèle effectué entre leurs problèmes, et il apprécie qu'elle tente de se mettre à sa place en imaginant ce qu'il peut ressentir en ce moment alors que la moindre dépense doit être calculée pour ne pas l'enfoncer davantage. Lui qui vit habituellement très ancré dans le présent, pour la première fois l'avenir l'effraie vraiment. C’est terrible en effet, le terme n’est pas trop fort mais Eddie ne veut juste pas trop donner l’impression de s’en plaindre alors qu’à l’origine il est question des tourments de l’agente, et non des siens. « Oui eh bien.. pour être tout à fait honnête avec toi c’est vraiment angoissant. » Et il se sent honteux rien que de l’avouer, car oui il flippe Eddie, qu’est-ce qu’il va devenir s’il plonge pour de bon ? Si deux boulots ne suffisent pas, et puisqu’il tient absolument à se débrouiller tout seul. Sa fierté le retiendra toujours d’aller trouver de l’aide chez ses amis alors que certains ont largement de quoi le dépanner, car c’est un principe chez lui de se sortir soi-même de ses problèmes. Il ne veut être redevable envers personne, pour qu’au moindre différend on lui rappelle ce qu’on a fait pour lui quand il était au fond du trou ? Non merci. En sollicitant Halston il a certes aussi sollicité son aide mais c’est déjà plus convenable pour lui car il savait en faisant ça qu’il devrait faire ses preuves, ce n’est pas comme si un rôle lui tombait tout cuit dans le bec et il n’aurait de toute façon jamais accepté ça. « Je m’étais jamais retrouvé dans une situation aussi précaire, je me demande même comment j’en suis arrivé là. » En vérité il le saurait s’il voulait bien regarder la réalité en face, car dans son cas il n’y a pas tellement de secret. Une succession de mauvaises décisions et le fait de vivre au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps, voilà pourquoi il en est là mais Eddie se demande pourquoi il n’a pas réagi plus tôt surtout - bien qu’il ait le sentiment que tout s’est cassé la gueule d’un coup, financièrement oui mais aussi de façon générale. Il se retrouve à galérer en même temps qu’il doit gérer une blessure et des relations en morceaux à droite à gauche, comme si l’univers cherchait à lui envoyer un message même s’il ne voit pas bien lequel. En tout cas il a compris, c’est bon, si ça pouvait un peu se calmer à présent ce ne serait franchement pas de refus. Halston approuve ses dires quant au fait que craquer est autorisé même pour quelqu’un comme elle, et ça le rassure un peu qu’elle n’aille pas automatiquement à l'encontre de cette idée. Son regard se pose alors sur l’agente comme pour couver celle-ci et lui dire de relâcher la pression, elle sera invincible un autre jour si elle le souhaite mais avec lui ce soir le contrôle elle peut l’abandonner.
L'agente dit apprécier sa modestie et il se retient de lui dire que c'est un trait qu'on ne souligne jamais chez lui, au contraire bon nombre de personnes pensent qu'Eddie a tellement pris le melon avec les années qu'aujourd'hui il ne doit plus passer les portes de chez lui. Alors qui a raison ? Dans son domaine il ne fait aucun doute que le danseur se voit parmi les meilleurs car on n'accomplit pas tout ça à son âge sans une bonne dose de talent, la détermination ne suffisant évidemment pas pour se faire un nom dans le métier. Mais comme acteur, que vaut-il ? Elle est bien mieux placée que lui pour répondre à cette question en tant que connaisseuse mais on ne lui fera pas croire qu'une carrière à la Kevin Costner l'attend, aujourd'hui il est bon à figurer dans des publicités et il suppose que c'est déjà bien même si l'autre jour il était tombé de haut en réalisant qu'Halston n'avait pas plutôt un petit rôle dans un film à lui proposer. Il a revu ses ambitions à la baisse pour une fois, et c'est une bonne chose. On lui a rappelé que dans le domaine de l'acting il n'était personne mais peut-être que ça ne durera pas, après tout Halston lui dit elle-même qu'elle lui trouvera encore mieux par la suite. Vraiment ? Il n'y comptait pas trop et s'était même résolu à l'idée d'aligner les pubs pendant quelques temps histoire de se remettre à flot, ce à quoi il devrait largement survivre. « Ah, t’accordes finalement de l’importance à mon cas ? » il la charrie gentiment car il se rappelle que l’autre jour Halston lui avait dit avoir plus important à faire que de s’occuper de lui. Elle lui a certes déniché une possibilité de contrat pour le moins alléchante après ça mais ces mots l’ont marqué, son ego ayant été même pas mal écorché ce jour-là même s’il ne l’admettra pas comme ça. « Tu me diras ce qui m’attend du coup, j’imagine que j’ai rendez-vous avec la marque ? Ou t’as peut-être pas encore d’infos remarque, j'imagine que ça se fera pas en deux jours de toute façon. » À quoi ressemble le tournage d'un spot publicitaire au juste, il n'en a pas la moindre idée mais il retient en tout cas qu'il est censé se rendre disponible quand Halston le contactera. Le danseur se tiendra donc prêt durant les prochains jours, car pas question de rater le coche cette fois alors qu'une occasion en or s'offre à lui. Le plus dur est passé, officiellement ce contrat est à lui et si tout va bien on verra prochainement sa bouille à la télé pour vanter les saveurs des célèbres glaces américaines. Représentant d'Häagen-Dazs sur le sol australien, il faut avouer qu'il s'en sort plutôt bien et qu'il aurait pu tomber beaucoup plus bas que ça. Il ne sait pas quelles réactions il obtiendra une fois que cette publicité sera massivement diffusée, aussi bien dans son entourage qu'avec ses élèves et les rares collègues qui lui adressent encore la parole, mais le principal c'est qu'il soit en phase avec lui-même là-dessus Eddie. Tant qu'il assume son image et le fait d'associer celle-ci à la marque ça va, il n'aurait de toute manière pas candidaté à l'origine si tout ça le mettait mal à l'aise ou s'il avait honte. Et quand il y pense il préfère carrément ça au fait de promouvoir l'usage de préservatifs, qui était pour le coup très au-dessus des limites qu'il s'était fixées.
Sacrée maison oui, il ne sait pas trop à quoi il s'attendait quand Halston lui a proposé de le ramener chez elle mais de toute évidence pas à ça. Cette constatation lui tire même une pensée amusée car il réalise qu'il compte pas mal de gens fortunés dans son entourage, et c'est aussi vrai qu'il est le plus pauvre de sa bande de potes, depuis toujours et même bien avant de se trouver dans le rouge. Un bonhomme aux revenus modestes et issu d'une famille modeste, au moins il suit une certaine logique même si certains jours il envie beaucoup celles et ceux qui n'ont pas à se soucier de l'argent prêt à manquer. Halston le disait bien tout à l'heure elle n'a jamais vécu dans le besoin alors il suppose qu'avant même de réussir en tant qu'agente de stars elle partait déjà avec pas mal de facilités dans la vie, sûrement parce qu'elle est née dans une famille où on ne manquait de rien. Et pourtant malgré tout ça elle partage cette maison avec une colocataire, ce qui a le don de pas mal le perturber sur le moment puisque Eddie envisage lui aussi d'en arriver là mais bien pour couper son loyer en deux, par nécessité donc. Elle a la possibilité de vivre seule et elle ne le fait pas, c'est vrai que ça l'intrigue mais elle a sûrement de bonnes raisons d'accueillir cette mystérieuse jeune femme chez elle. Cette dernière n'est en tout cas pas présente ce soir il en a la garantie, et le fait qu'il cherche à s'en assurer inspire à Halston une remarque étonnante. « Rien ne me fait peur, surtout pas une soirée en ta compagnie. » il l'informe sobrement alors que son regard coule furtivement vers elle, avant de se replacer sur les photos face à lui. Eddie est bien forcé d'admettre qu'il ne connait pas la moitié des célébrités représentées ici, ce qui semble choquer son agente qui doit franchement se demander d'où il sort. Généralement à son âge on est plutôt très branché people justement mais Eddie se coupe beaucoup de tout ça, quitte à passer pour un ignare. Cela dit il a bien quelques références et Halston vient d'en énumérer certaines, car il n'est pas né de la dernière pluie non plus. « Quand même, Tom Hanks quoi. » Un illustre acteur, parmi les préférés de son père. Il connait bien évidemment sa filmographie dans les grandes lignes, au même titre que Daniel Craig et Meryl Streep qui font eux aussi office de légendes à ses yeux. Mais il ne faut pas lui demander de nommer les acteurs en vogue ces dernières années par contre, et sur quelques photos ici Halston lui apparait clairement comme la personne la plus célèbre du duo. « Vivement qu’un certain Eddie Yang ait sa place sur ce mur, c’est une étoile montante il parait. » Bien sûr, tout le monde se l'arrachera quand il aura montré sa tête à la télé n'est-ce pas. Il n'y croit pas une seule seconde et il doute même que les téléspectateurs s'intéressent à son nom derrière une pub, qu'ils n'auraient pourtant pas trop de mal à trouver vu sa popularité grandissante comme danseur. Le côté maniaque d'Halston se heurte alors au côté bordélique de son petit protégé, qui assume d'avoir au moins un point en commun avec sa colocataire. « Seul avec trois chats pour être précis. » On peut certainement considérer qu'il vit seul oui, et ce ne sont pas ses chats qui risquent de se plaindre du bordel régnant dans son appartement. Eddie se sent légèrement jugé là-dessus mais il laisse passer, après tout il a tendu le bâton pour se faire battre là. « Y’a pas du tout d’animal ici ? » Il n'en a pas l'impression mais qui sait, un minou dort peut-être dans un coin de cette maison. Là comme ça il visualise assez mal Halston avec un animal de compagnie mais il met ses préjugés de côté, et préfère lui poser la question plutôt que de tirer une conclusion hâtive.
Il pousse un léger soupir de soulagement en voyant l’étiquette sur la bouteille de vin qu'Halston ramène manifestement de sa cuisine, un vin qui ne provient pas d’un vignoble qui lui évoque quelque chose et c’est tant mieux car les malheureuses coïncidences il connait Eddie, trop bien même. Comme elle dit la modération n'est pas du tout de rigueur ce soir alors il ne se soucie pas de finir complètement torché, quitte à taper un coma sur son canapé tout à l'heure. Pour la visite guidée Halston n'a rien contre, mais elle laisse toutefois entendre qu'elle lui épargnera une pièce et sa réaction ne se fait pas attendre. « Hmm des choses à cacher Halston ? » il l'interroge un peu lourdement, car elle a toutes les chances d'attiser sa curiosité avec une telle précision. Une curiosité véritablement de sortie ce soir et grandement influencée par l'alcool, à l'image de la question qu'il se risque ensuite à lui poser. Il reconnait d'emblée que ça fait de lui quelqu'un d'indiscret, et Halston se demande probablement pourquoi sa vie sentimentale l'intéresse à ce point. Lui-même ne sait pas trop, il y a juste une case un peu floue au-dessus d'elle qu'il tente d'éclaircir et pour ça il n'a pas dix mille possibilités. Elle n'a absolument personne dans sa vie aujourd'hui, ça a le mérite d'être clair et elle suppose qu'il doit penser que quelque chose cloche chez elle - mais pourquoi donc ? À croire que c'est une honte d'être célibataire ou divorcée à trente ans passés, lui ne le voit en tout cas pas comme ça et il compte bien le faire entendre. « Pas du tout. Je me demande plutôt comment un mec peut croire qu’il a trouvé mieux ailleurs alors qu’il t’avait toi. » Elle peut faire ce qu'elle veut de cette remarque, Eddie n'a pas pour habitude de balancer des paroles en l'air sans les penser. Il ne sait rien des circonstances de la fin de leur histoire mais comme elle évoque le fait qu’il se pavane sûrement au bras d'une autre femme il s’imagine qu’il l’a peut-être quittée pour une autre, ou qu’il s’est juste rendu coupable de tromperie comme tellement d’autres hommes. Ça ferait de lui un sacré salopard dans un cas comme dans l’autre, et c’est un mec qui de toute évidence ne la méritait pas. « Et pourquoi tu ne fais pas la même chose ? Peut-être que ça lui ferait le même effet de te savoir avec un autre. » Ce n'est peut-être pas l'idée du siècle mais à sa place il ne se retiendrait pas, même si en temps normal ce n'est pas le genre de pratiques qu'il encourage. Halston est une femme séduisante qui n'aurait aucun mal à trouver de la compagnie si elle le voulait, que ce soit pour une histoire sérieuse ou sans lendemain il est persuadé que les prétendants ne manqueraient pas. « Pardon. C’est la fête c’est vrai, allez ! » La déprimer n'est pas du tout son intention ce soir, et c'est alors que l'agente se lève pour se placer devant lui et lui demander de la faire danser. Peut-il seulement lui refuser ça ? Non. Elle en a envie et à vrai dire il est assez d'humeur pour ça aussi alors il se laisse entrainer sans opposer de résistance. « D'accord, mais ne réduis pas mes compétences en danse à ce que tu verras ce soir s’il te plaît. » C’est une façon de lui dire qu’il voit déjà un peu trouble là, alors il ne garantit pas de rester bien longtemps maître de son corps et de gérer ses pas à la perfection. Même si elle l’a déjà vu performer au théâtre Eddie s’en fait pour l’image qu’il pourrait renvoyer lui qui est un pro, car il n’a bien évidemment pas pour habitude de pratiquer avec une certaine dose d’alcool dans le sang. C’est sa crédibilité qui est peut-être en jeu ici, on sent qu’il ne rigole pas tellement avec ça malgré le sérieux qu’il perd petit à petit. « Bon choix de musique, d’ailleurs. » Il ignore s'il s'agit d'une petite dédicace qu'elle lui fait ou si Halston affectionne les chansons coréennes, toujours est-il que ce son est une très bonne référence à avoir et Eddie ne valide vraiment pas n'importe quoi en terme de musique. « Si jamais la traduction t’intéresse ça parle d’oublier ses ennuis par la fête, de casser la routine et de se vider la tête, en gros. » Un son qui s’applique plutôt bien à eux deux quand il y pense, et entrainant juste ce qu'il faut. Une fois hissé à son tour sur ses deux jambes Eddie amorce un petit déhanché face à Halston dont il observe les jolies courbes onduler en rythme avec lui. Il croise son regard et là c'est un peu plus compliqué, les danses en couple ne sont pas vraiment son rayon et c'est rare aussi que sa partenaire ait d'aussi jolis yeux. Alors il trouve une parade et profite d'avoir sa main à proximité de la sienne pour s'en saisir et pour la retourner, afin de se caler dans son dos. Il ne s'y colle pas entièrement, et au moins comme ça son regard ne le déstabilise plus. Tout ça lui monte en fait gentiment à la tête, il mentirait s’il disait qu’il ne commence pas à avoir chaud, là. « Tu- tu m’autorises à mettre mes mains sur tes hanches et à me rapprocher complètement ? » qu'il vient souffler à son oreille et cette fois il demande Eddie, car il ne tient pas à la prendre au dépourvu une seconde fois ce soir en prenant une liberté qu’elle pourrait ne pas apprécier. « Pour guider tes mouvements. » il ajoute comme pour justifier ses intentions. Même si c’est elle qui lui a demandé de la faire danser désormais il fait attention, et veut s’assurer qu’il est en droit de la toucher. C’est une permission pour conserver encore quelques limites entre elle et lui, qu’il ne garantit toutefois pas de ne pas être tenté de dépasser par la suite. Tout dépendra d’elle, des signaux qu’il interceptera et de son langage corporel car en tant que danseur Eddie ne sait que trop bien interpréter celui-ci.
L’angoisse de ne plus avoir assez d’argent, c’est ce qui aurait dû lui arriver au moins une fois dans sa vie, quand la chaîne hotellière familiale avait dégringolé. Elle avait touché tous les autres membres de sa famille, sauf elle qui n’en tirait que du positif. Ils s’affolaient tous de ne plus pouvoir mener le même train de vie démesuré, de devoir vendre leurs yachts, leurs innombrables voitures et leurs villas, pour pouvoir éponger un maximum de dettes. Halston avait toujours été bien plus raisonnable, elle n’avait jamais eu plus d’un véhicule, elle n’avait qu’un bateau, elle vivait dans une maison ancienne qui n’avait pas grand-chose de luxueux, juste un certain cachet. C’était peut-être une des raisons pour lesquelles elle s’était tant déconnectée d’eux finalement, ils étaient trop en quête d’argent et d’apparats. Avoir quitté Los Angeles, lui avait permis d’être beaucoup plus souvent amenée à fréquenter des classes sociales moins aisées, ne plus constamment être entourée de noms connus. La brune s’était tout simplement sortie de son enclave de riches et elle n’y voyait que du bon. Elle avait gagné une certaine tranquillité à vivre dans une masse d’anonymes, elle ne se faisait plus photographier à son insu parce qu’elle conversait avec une quelconque célébrité. L’agente de stars connaissait un peu plus ‘ la vraie vie ’, elle ne se contentait plus de faire des dons, mais allait aussi vers les gens dans le besoin, de temps en temps. Elle se rendait parfois dans des hôpitaux et cherchait à savoir comment elle pourrait apporter un peu de bonheur, elle demandait aux patients quelles étaient leurs idoles et faisait de son mieux pour leur permettre de les rencontrer. Ce soir, elle avait été tellement centrée sur ses propres problèmes, qu’elle n’avait même pas pris la peine de demander au danseur comment il allait. Elle qui avait pourtant toujours l’habitude de prendre la température de ses protégés, avait failli à son devoir ou presque, le fait qu’elle le voit en dehors de son agence changeait pas mal la donne. Il se demandait comment il avait pu se retrouver dans un tel état précarité, qu’il n’avait jamais connu auparavant. Le jeune âge de l’artiste la laissait supposé qu’il avait quitté le concon familial assez récemment, il ne savait peut-être pas comment gérer ses dépenses. Il avait sûrement pris un logement au loyer trop élevé, elle savait que se loger était ce qu’il avait de plus difficile pour le plus grand nombre de personnes, sans compter que personne n’était à l’abri de faire de mauvais placements. « Tu rebondiras. » C’était avec certitude qu’elle lui avait répondu, il n’était pas concevable qu’une personne avec du talent comme lui finisse sous un pont. Les êtres dotés d’un don ne terminaient mal qu’à cause d’horribles choix, d’addictions diverses poussées un peu trop loin ou d’une malchance accablante, c’était ce qu’elle avait remarqué en trente cinq années d’existence. Elle ne pensait pas qu’Eddie rentrait dans une seule de ces cases et elle veillerait à ce qu’il n’y pénètre pas. Il lui avait l’air sain d’esprit et le dernier regard qu’il lui avait lancé respirait une bienveillance à laquelle elle n’avait pas eu le droit depuis longtemps. Cela lui avait encore plus donné envie de lui annoncer la bonne nouvelle, qu’elle comptait lui donner le lendemain, mais puisqu’il était là autant la lui donner en face. De fil en aiguille, elle finit par lui faire part de son envie de lui trouver mieux, ce qui lui mérita d’être chambrée, à plus moins juste titre. « J’étais à cran l’autre jour, tu es venu au mauvais moment. Sans compter que tu t’es pointé comme une fleur, après avoir été celui qui a le plus rejeté mes propositions… » Il détenait un record qui lui accorderait peut-être de la fierté, mais ce score elle l’avait presque vécu comme un affront. « Les personnes qui cherchent à entrer dans le cinéma, ont tendance à se jeter à mes pieds… »Elle exagérait à peine, on s’imaginait facilement que l’américaine avait encore beaucoup de contacts à Hollywood, qu’elle pourrait facilement décrocher des rôles là-bas. L’influence de la brune était surestimée, les australiens qui l’abordaient n’avaient pas conscience qu’elle était partie des USA en partie pare qu’elle n’en avait plus autant qu’avant, justement. Ils ne connaissaient pas cette liste noire, sur laquelle elle figurait et c’était tant mieux. « Mais toi je t’ai extirpé de ton monde alors on peut dire que tu es pardonné maintenant. » Halston aurait été la première à réagir comme lui, si on lui avait proposé de travailler dans un autre domaine, elle aurait peut-être accepté de le faire temporairement, mais elle n’aurait jamais abandonné sa première passion. Il voulait savoir ce qui l’attendrait prochainement, mais elle n’en savait pas beaucoup plus. « Ça n’a rien de bien spectaculaire, mais ça demande un peu de temps d’organisation. Une fois qu’ils seront prêts, ils te donneront rendez-vous. » Le tournage d’une publicité n’avait rien de plus impressionnant que celui d’un film, cela ne demandait pas autant de personnel, de réflexion et d’essais. Une fois qu’il découvrira le petit studio de tournage sur lequel il allait travailler, il comprendra bien vite que cette seconde expérience lui demandera moins de labeur que la première.
Il était exceptionnel qu’Halston fasse découvrir sa maison, elle en réservait habituellement la visite aux rares amis qu’elle avait dans le coin ou aux Hargreeves, quand ceux-ci daignaient bien vouloir lui rendre visite. Le temps étant un bien tout aussi précieux que l’argent, ils rechignaient souvent à l’idée de faire autant d’heures d’avion pour la voir. La brune n’avait pas son mot à dire, elle n’avait pas le droit de se plaindre parce que c’était elle, qui avait délibérément choisi de partir à l’autre bout du monde. Ils n’avaient pas tort, mais cela lui faisait quand même de la peine, car elle espérait que sa fratrie viendrait au moins trois fois par an à Brisbane, ce qui n’était pas la mer à boire à ses yeux. Il lui arrivait souvent de soupirer en se rendant dans son salon ou son jardin, qui pouvaient recevoir de nombreuses personnes mais qui restaient désespérément vides la plupart du temps. Eddie n’avait pas idée qu’à quel point ça lui faisait plaisir qu’il soit entre ses murs, puisqu’il s’imaginait qu’elle était plus entourée qu’elle ne l’était réellement. Il n’y avait qu’elle et une diva aux apparitions aléatoires. Il n’aurait pas le loisir de la rencontrer, alors qu’il s’agissait de la personne qu’elle comptait lui confier comme élève. La curiosité du danseur donna d’étranges pensées à la brune, qui ne le pensait pas si à l’aise que ça à l’idée d’être seul avec elle. Elle fit une piètre tentative de lui aspirer de la crainte et il lui répondit qu’il n’avait peur de rien, surtout pas de passer une soirée en sa compagnie. « D’accord, je prends note que je peux te faire des auditions de films d’horreur. » Plaisanta-t-elle à moitié. Elle avait toujours eu l’impression que ce genre était celui qui attirait le moins ses acteurs, parce qu’ils avaient peur d’avoir l’air ridicules et d’être associés à des navets. Ils n’avaient pas tort, la plupart des mauvais films qu’elle avait visionné provenaient de cette catégorie. Eddie ne faisait pas la course à l’oscar, alors il faisait un peu office de candidat idéal. Il lui démontra une nouvelle fois qu’il manquait grandement d’intérêt pour le septième art, en lui disant que la plupart des visages photographiés lui étaient inconnus. Elle n’aurait jamais pensé qu’il puisse lui dire avec tant de facilité qu’il avait si peu de culture à ce niveau, le commun des mortels n’aimait pas paraître ignorant dans un domaine aussi populaire. Elle lui donna quelques noms afin qu’il puisse la rassurer, il s’arrêta sur celui qui avait incarné le fameux Forrest Gump. Halston était contente qu’il prononce le nom de cet acteur qu’elle avait adoré côtoyer, en plus d’avoir joué dans un des films les plus mémorables de sa vie. Elle rigola quand il se mit à parler de lui à la troisième personne, pour exprimer le faux souhait de rejoindre ce Wall of Fame, comme elle aimait l’appeler. « Je ne compte pas un seul danseur… mais tu pourrais être le premier. » Elle essayait de lui faire comprendre que même s’il ne perçait pas dans le box-office, il pourrait quand même y avoir sa place. La danse était un art plus ancien, qui méritait tout autant d’être célébré et admiré. Ils passèrent à un sujet moins glorieux, l’état de leurs logements, qui étaient à peu près similaires selon les dires de son interlocuteur. Il éveilla sa curiosité, la poussant à se demander à son tour s’il partageait son quotidien avec quelqu’un. Il ne mentionnera que ses compagnons à quatre pattes, dont il lui avait déjà parlé. « Ah oui, tes fils. » Dit-elle sans une once de moquerie, elle avait trouvé cette appellation plutôt mignonne. Il lui demanda si elle possédait un animal et elle haussa ses épaules. « Non il n’y en a pas, même si on a un beau jardin, des animaux seraient malheureux avec nous, parce que nous sommes souvent absentes. » Il n’y avait pas de doutes à avoir quant à l’affection qu’elle aurait à leur donner, elle leur donnerait beaucoup d’amour sans hésiter, elle irait même jusqu’à les étouffer avec.
Halston regarda d’une drôle de manière son invité, pourquoi avait-il lâché un soupir de soulagement rien qu’en lisant une étiquette de vin ? Ce n’était qu’une bouteille exportée de France, il n’y avait rien de plus banal que ça, même si son coût était loin d’être à la portée de tous, tous ceux qui appréciaient ce genre d’arômes l’avait déjà approché. Elle se montra un peu trop honnête, en lui confiant qu’elle voudrait bien lui faire visiter son logement, à l’exception d’une pièce. Il en profita aussitôt pour lui demander si elle avait des choses à cacher. « Un coffre-fort, peut-être. » Mentit-elle en rougissant légèrement. Elle avait honte de la possibilité qu’il tombe sur le fameux objet, qui n’était même pas sa propriété, surtout qu’elle n’aurait aucun moyen de le lui prouver. L’agente de stars ne s’attendait pas à ce que l’alcool lui délie aussi vite la langue, qu’il essaie à nouveau de lui soutirer des informations très personnelles. Il était clair qu’il n’en avait pas eu assez la dernière fois, alors elle lui donna un peu plus de grain à moudre. Elle pensait que sa réponse allait lui donner encore plus d’interrogations, plutôt négatives alors elle chercha à savoir ce qu’il pensait d’elle. Il lui donna une réponse rassurante et même plutôt flatteuse, même s’il ne visait pas tout à fait juste. « En réalité c’est plus compliqué que ça… C’est moi qui l’ai quitté alors qu’il ne le voulait pas du tout. » Elle prit un air grave, se remémorant l’instant où elle avait dit à son ex qu’il ne ferait pas partie de son futur. Cette justification ne l’avait pas empêché de se lamenter sur la possibilité qu’il ait quelqu’un d’autre dans sa vie. Eddie ne tiquera même pas sur le fait que son ex-époux soit ici, il préféra lui demander pourquoi elle ne ferait pas la même chose que lui. Halston fronça ses sourcils. « Non je ne suis pas comme ça, je ne me sers pas des autres dans le but d’attiser de la jalousie… Honnêtement plus personne ne me donne de papillons dans le ventre… » Cette sensation lui manquait, mais elle ne pouvait pas en forcer l’arrivée, elle devait venir d’elle-même. Elle ne voulait pas que cette conversation ne dure plus longtemps, parce qu’elle savait qu’elle finirait par la faire pleurer tôt ou tard. Elle lui rappela la raison de sa présence en ces lieux et lui proposa une activité qui était dans ses cordes. Il l’accepta, tout en lui réclamant de ne pas juger ses capacités ce soir. « Détends-toi on n’est pas à un casting, ce n’est pas moi et mes deux pieds gauches qui allons te juger. » Il valida son choix de musique, avant de lui faire part de sa petite traduction, elle en était agréablement surprise. « Oh alors elle est très adéquate. » Se vider la tête, elle n’en avait rarement eu autant besoin que maintenant. L’agente de stars avait l’impression de ne pas avoir dansé depuis des siècles, mais l’alcool qui circulait dans son sang lui permit de se mouvoir avec une aisance inhabituelle pour elle, qui n’était pas à l’aise avec son corps. Elle perçut qu’il était perturbé par quelque chose, mais ne se douta pas une seule seconde que ses yeux en était la cause. La brune se laissa guidée, elle finit par être retournée et par perdre de vue le visage de son partenaire. Il s’approcha de son oreille et la questionna sur son consentement, lui demandant s’il pouvait toucher ses hanches et se rapprocher complètement. Les derniers mots suffirent à la faire frissonner, il ajouta une justification dont elle n’avait pas besoin, puisqu’elle ne lui avait pas proposé de danser pour se tenir à distance de lui, cela n’avait pas de sens. Elle n’interprétait pas du tout mal ses intentions, pour preuve elle lui fit face, pris ses mains et les plaça d’elle-même sur ses hanches. « Ne fais pas le timide. » Elle fit la moue, avant de finalement prendre les devants, en déposant ses mains sur ses épaules et en réengageant le mouvement. Elle plongea dans ses lointains souvenirs, pour se remémorer les cours de danse qu’elle avait suivi pour assurer à son mariage. Halston décida de changer leur position, en posant sa main sur la nuque d’Eddie, elle se mit à tourner lentement avec lui. Elle le laissa la faire virevolter à sa guise, avant de s’approprier une de ses mains afin de pouvoir s’élancer légèrement sur le côté, en tendant ses bras. La brune retourna plus près de lui, peut-être même un peu trop puisqu’ils se retrouvèrent collés l’un à l’autre. Elle eut un mouvement de recul et ses pieds percutèrent une boîte de chaussures. L’agente de stars eut pour réflexe de tirer sur le bras de son invité, l’entraînant ainsi dans sa chute et le transformant sans le vouloir en matelas de secours. Elle se retrouva totalement étalée sur lui. « Ooops… » Halston leva légèrement sa tête et regarda le facies du danseur, qui ne se trouvait qu’à quelques centimètres du sien. Les yeux verts de l’américaine se perdirent sur ses lèvres, qu’elle ne manqua pas de détailler. Elle venait seulement de remarquer qu’elles plus étaient charnues que la moyenne, dotées d’un délicieux rose et qu’elles avaient une forme gracieuse, qui s’approchait de celle d’un cœur. Comment avait-elle fait pour passer à côté d’une telle perfection ? Ses joues s’empourprèrent considérablement et son rythme cardiaque s’emballa. Elle devait rompre cette proximité, mais elle resta immobile. Elle mourrait d’envie de l’embrasser, mais elle ne devait pas le faire, parce qu’elle s’était jurée qu’elle ne déraperait pas une seconde fois avec un de ses protégés. L’agente de stars ne se rendra même pas compte que sa poitrine pointait ostensiblement sous son t-shirt…
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
Elle est certaine qu’il rebondira, et à vrai dire il n’a pas le choix. Eddie ne peut pas se laisser sombrer au point de se retrouver sans un toit au-dessus de la tête, car il n’est pas question pour lui de retourner chez ses parents le cas échéant vu combien leurs rapports sont compliqués. Il ne pense pas supporter plus d’une journée le fait de vivre sous le même toit qu’eux à nouveau même si ça signifierait vivre avec Callie aussi, sa fierté lui dicte de ne surtout pas amorcer de pas vers eux et quand il y pense il préférerait encore être contraint de vivre et dormir dans son studio de danse même s'il n'est pas du tout fait pour ça. Il n’est pas très optimiste pour la suite Eddie et ça s’entend, mais il veut quand même croire que sa vie n’est pas déjà foutue et qu’il finira par voir le bout de ce sombre tunnel. Le danseur a travaillé trop dur pour vivre de sa passion, il savait que la vie d’artiste n’était pas forcément stable mais il n’est plus un débutant, il gagne de l'importance dans le monde de la danse alors il ne trouve pas normal de galérer autant sachant qu’il ne compte pas ses heures que ce soit au théâtre ou au studio. Il peut toujours demander une augmentation mais ce n’est pas dit qu’on lui accordera, ou revoir à la hausse le tarif de ses cours mais ça c’est pareil, ses élèves pourraient ne pas comprendre. Il a peut-être plus de portes de sortie qu’il le croit en fin de compte, même si dernièrement la seule personne en mesure de l’aider selon lui c’est Halston. Avec le réseau et le pouvoir qu’elle a il s’est d’office reposé sur elle, sans se douter qu’ils se trouvaient au même moment dans une sale période de leur vie. Aujourd’hui il comprend mieux pourquoi elle l’avait envoyé paître pendant leur dernière entrevue, même s’il continue de la charrier avec ça. Comme elle dit Halston était à cran et ce soir il en connaît la raison, elle ajoute d’ailleurs qu’il n’a pas franchement arrangé son cas en se pointant comme une fleur après avoir décliné pas mal de ses propositions. Il détiendrait même un record en la matière, et cette information le fait doucement sourire. « Je n’ai vraiment pas assuré, je sais » il admet car il n’a pas entretenu leur collaboration comme il l’aurait dû après la sortie de son film, comme si finalement il l’avait mise de côté une fois qu’il n’avait plus besoin d’elle. C’est un peu vrai Eddie est comme ça, opportuniste et sélectif mais il a toujours profondément respecté Halston et le travail de celle-ci, il n’est pas non plus un petit ingrat qui a oublié que grâce à elle les portes de l’acting s’étaient ouvertes à lui. Elle l’a extirpé de son monde oui, elle comprend donc que la danse restera sa priorité malgré toutes les opportunités qui pourront lui être données en tant qu’acteur. Mais ce sont des opportunités qu’il voudra bien considérer désormais, car il réalise qu’en plus de l’argent qu’il peut se faire c’est aussi assez enrichissant, et un peu de nouveauté ne fait pas de mal non plus. « À partir de maintenant je prends ça au sérieux, tant que tu ne me demandes pas d’oublier la danse je suis partant pour qu’on continue de travailler ensemble. » L’acting ne prendra jamais l’importance que tiennent la danse et le monde du spectacle dans sa vie mais Eddie a toujours été multi-casquettes, ce n’est donc pas tellement étonnant de le voir s’ouvrir à d’autres mondes à côté pour élargir son champ de compétences et se lancer de nouveaux défis. Cette pub qu’il vient de décrocher en est un, il ne sait pas ce qui l’attend mais il en tirera peut-être de bonnes retombées alors il veut s’y investir sérieusement. Après tout ce n’est pas tous les jours qu’il a l’occasion de passer à la télé, mieux vaut pour lui qu’il fasse ça bien. « Ça marche, tu me tiens au courant. » il formule à l’attention de l’agente puisqu’il suppose que c’est elle que la marque contactera, pas lui même si ça reste à confirmer.
Il n’aurait vraiment pas cru une heure plus tôt alors qu’il empruntait le trajet du retour vers chez lui qu’il finirait la soirée chez Halston, ce n’était pas du tout dans ses plans mais ça a le mérite de casser un peu sa routine. Eddie a l’occasion ce soir de mettre les pieds dans le monde de l’agente, un monde où il ne pensait pas être convié et surtout pas après leur dernier échange. Elle est surprenante Halston et il aime ça, il n’en finit pas de la découvrir sous un nouveau jour et là tout de suite il ne se soucie pas de dépasser le cadre professionnel auquel il tient tant quand il est avec ses élèves. Jamais il ne lui viendrait à l’esprit d’en inviter un chez lui, c’est pourquoi il se demande s’il est vraiment un protégé comme les autres. Il doute que n’importe quel poulain puisse entrer dans son intimité comme ça mais peut-être qu’il se fait des films Eddie, et qu’Halston fait bien mieux la part des choses que lui. Des auditions de film d’horreur ? Cette idée l’amuse assez, même s’il est quasiment sûr d’être beaucoup trop lisse pour ça. Mais ce n’est pas comme si elle était sérieuse, de toute façon. « Tout sauf un rôle dans un film à l’eau de rose. » Se rappelle-t-elle de son aversion pour ce genre de films ? Il en avait été brièvement question pendant le dîner avec l’équipe, il se doute qu’on pourrait être tenté d’associer son physique à ce genre de rôles mais c’est bien la dernière chose qu’il accepterait de faire en terme d’acting Eddie. Quant à figurer un jour sur son mur à trophées elle ne l’exclut pas, même s’il n’est actuellement pas le seul danseur dont elle gère la carrière en tant qu’agente. « Le premier dans ton cœur. » il réplique en papillonnant des cils et à nouveau il la taquine, même si sans mentir il espère vraiment être son danseur préféré. Qui sont les autres, d’ailleurs ? Il va peut-être bien faire ses petites recherches Eddie, juste par sécurité. Puis il admet sans honte que l’état dans lequel elle vient de retrouver son rez-de-chaussée s’apparente à celui de son appartement, même s’il exagère peut-être un peu. Il assume d’être bordélique et il vit seul, alors son bazar il est le seul à le subir au quotidien. Halston se rappelle de ses chats, ou plutôt ses fils car elle a même retenu la façon bien particulière qu’il a de les nommer. « Entre temps j’ai adopté une petite dernière donc ce sont plutôt mes enfants, maintenant. » il prend le temps de rectifier puisque l’adoption de Missy s’est faite après leur dîner, et il n’a jusqu’ici pas eu d’occasion ni de raison d’en informer l’agente. Elle doit s’en foutre un peu et à raison, ce n’est vraiment pas l’info du siècle. Et de son côté pas d’animaux donc, elle estime être bien trop absente pour pouvoir assurer leur bonheur. « Arrêtez de tous me dire ça, je vais finir par culpabiliser. » Car il est souvent absent aussi Eddie, il arrive que ses chats ne le voient pas pendant un jour ou deux et pourtant ils sont heureux, tout du moins d’après lui car personne n’est allé leur poser la question. Tout est en tout cas fait pour garantir leur bien-être et on ne va pas se mentir, si aujourd’hui il est dans le rouge c’est aussi parce qu’il les gâte beaucoup trop. L’arbre à chats de presque deux mètres de haut à deux cent balles reste à ce jour l’achat le plus imposant et onéreux réalisé pour eux, et le plus drôle dans tout ça c’est qu’ils n’y montent presque jamais.
Elle rougit Halston, ça n’échappe pas au danseur qui se demande vraiment ce qu’elle peut avoir à lui cacher dans cette maison. Ça le rend curieux, forcément, car il ne croit pas franchement à son histoire de coffre-fort et il espère qu’elle finira par lui révéler la fameuse pièce interdite quand elle lui fera visiter les lieux. Car il peut tout voir Eddie, il n’y a rien qui puisse encore tellement le choquer à son âge et elle ne soupçonne certainement pas non plus les trésors qu’il détient aussi chez lui. Il la laisse tranquille avec ça, tout du moins pour le moment afin de se concentrer sur sa vie personnelle au sujet de laquelle il tente de grappiller quelques informations. Il apprend que c’est elle qui a quitté son mari ou peu importe ce qu’il était exactement, c’est sa décision et il comprend qu’elle pèse lourd sur la fin de leur histoire. « T’es mieux sans lui, non ? » il l’interroge avec toujours aussi peu de subtilité car quand on quitte quelqu’un c’est généralement parce qu’on n'est plus heureux avec cette personne, ou parce que cette dernière a commis une faute impardonnable. Alexis l’avait quitté lui pour la première raison, heureuse ça faisait un moment qu’elle ne l’était plus avec le danseur. Mais Halston a-t-elle tourné la page de son histoire ? Il en doute quand elle déplore le fait que son ex puisse être avec une autre, et elle n’est d’ailleurs pas du tout disposée à le rendre jaloux car elle ne se sert pas des autres dans ce but. Cette réponse plaît bien à Eddie, surtout après son date catastrophique avec Sana qui a tenté de l’utiliser dans cette même optique. Plus personne ne lui donnerait de papillons dans le ventre, il veut bien la croire mais c’est passager il en certain. « Tu finiras par connaître ça de nouveau, c’est pas du tout fini pour toi Halston. » Une façon de lui dire de ne pas s’en faire, la vie ne s’arrête pas après une séparation. « Et le célibat a du bon, je t’assure. » il ajoute en laissant glisser son regard vers elle tandis qu’il esquisse un fin sourire. Le célibat c’est la liberté, Eddie fait en sorte de bien profiter du sien même si c’est très récent, et que pendant trois ans il n’avait fréquenté personne pour diverses raisons. Halston pourrait en profiter elle aussi, s’amuser et pourquoi pas même le rejoindre sur Tinder. Mais il n’est pas sûr que ce soit bien son genre, il en doute même fortement et au risque d’être jugé pour ça il préfère ne rien ajouter de plus à ce qu’il a déjà dit.
Se détendre, en temps normal Eddie y arrive sans problème mais il se prendra toujours au sérieux par rapport à la danse, même quand l'heure est à la fête le bonhomme a besoin d'un petit moment avant de réellement se lâcher car ses automatismes de pro s'enclenchent et tout naturellement il veut montrer ce qu'il a dans les jambes en visant l'excellence. Halston lui assure qu'elle ne risque pas de le juger, avant d'approuver sa petite traduction de la musique, qui est effectivement très adaptée à la présente situation. Eux qui ont justement besoin de se vider la tête, ils n'ont qu'à le voir comme un signe que l'univers leur envoie. « Oui ce soir c’est notre mot d’ordre : on oublie tout ce qui nous pourrit l'esprit. » Ils ne se trouvent pas l'un et l'autre dans la période la plus simple de leur vie mais là tout de suite ils ne doivent pas s'en soucier, ces problèmes n'ont pas leur place dans cette maison avec eux et Eddie est réellement déterminé à oublier tout ça en se disant de toute façon que l'alcool l'y aidera. Mais gare à garder quand même un semblant de contrôle, car les verres s'enchainent et cette danse improvisée avec l'agente a de quoi le troubler pas mal aussi. C'est inédit ce genre de proximité entre elle et lui, Eddie en perdrait presque ses moyens et sa gestuelle ressemble déjà à une tentative de fuite. Elle l'intime de ne pas faire son timide et prend elle-même l'initiative de déposer les mains du danseur sur ses hanches, tout en lui faisant face. Il finit par passer outre cette petite gêne qu'il ressent malgré les mains de l'agente à présent sur sa nuque, tandis que les siennes montent et descendent le long de son dos sans trop savoir ce qu'elles font. Ils sont proches, très proches.. trop proches ? Halston se recule légèrement et il peut voir la catastrophe arriver sans pour autant parvenir à l'éviter, elle qui se prend les pieds dans une boite de chaussures et lui qu'elle entraine par réflexe pour ne pas tomber seule. Il réceptionne l'agente sur lui en amortissant la chute de celle-ci, et par chance l’impact épargne son genou blessé d'ores et déjà en compote. « Tu tiens pas debout dis donc. » il lui fait remarquer dans un rire car la situation est cocasse, même s’il ne se plaint pas de cette toute nouvelle proximité avec l’agente. Et donc il s’agirait maintenant de se relever, hein, t’en dis quoi Eddie ? Déjà il n’est pas sûr d’en avoir la force, mais étrangement ce n’est pas son envie et c’est encore moins ce qu’il entreprend, plongeant dans le regard clair de l’agente qui actuellement le surplombe, ce regard qui le déstabilisait tant un peu plus tôt. Ses yeux à lui détaillent le moindre trait de son visage et il se surprend à sourire, car sous cet angle Halston est vraiment plus belle que tout. Puis sans se poser de questions et en écoutant simplement son instinct Eddie renverse leurs positions pour passer au-dessus d’elle tout en contrôlant le poids qu’il fait reposer sur l’agente - il n’est de toute façon pas bien lourd. Et maintenant ? Dilemme. Il y a ce qu’il devrait et ce qu’il voudrait faire, qui pourraient l’un et l’autre donner à ce moment une tournure très différente. Car un truc se passe quand il plonge dans ses yeux, même si ce sont davantage ses lèvres qui semblent l'appeler à cet instant. De façon irrésistible, il ne pourrait pas l'expliquer et tout ce qu'il sait c'est qu'il meurt d'envie de rompre les quelques centimètres de distance entre son visage et le sien. Il bataille avec lui-même et tente de garder un contrôle de toute façon voué à être perdu sous l’effet de l’alcool, alors le danseur capitule. En un quart de seconde la question est pliée et il fond sur ses lèvres, qu’il dévore dans un baiser passionné de plusieurs secondes, auquel il met toutefois un terme en réalisant la barrière qu’il vient de faire sauter. Qu'est-ce que tu fous Eddie ? C’était plus fort que lui et à peine s’est-il détaché d’elle qu’il en redemande, seulement il tente à présent de se contenir car il sait pertinemment vers quoi tout ça pourrait les faire glisser. Il se connaît, même si le vin lui monte officiellement à la tête il sait de quoi il est capable surtout en ce moment où s’abandonner à ce genre de plaisirs est si tentant. C’est un fougueux Eddie, son corps est son outil de travail mais aussi une machine qui peut vite s’emballer quand le désir s’en empare. Une machine qu’on peut difficilement stopper une fois en route, et ici il semblerait que le bouton on ait été enclenché. Ce baiser était si court mais si intense qu’il en tremble encore. Et la suite est terriblement prévisible, tout ça provoque une réaction incontrôlable dans son pantalon qu’elle pourra peut-être sentir, ou tout du moins deviner. Une réaction qui le pousse à se presser d’autant plus contre elle, alors que ce n’est sûrement pas de cette façon qu’il fera retomber l’excitation. « Arrête-moi. » il souffle contre ses lèvres et la supplie presque car il vient déjà de franchir une première limite, s’il s’écoute il passera sous peu le point de non-retour. Ce n’est officiellement plus du tout professionnel entre elle et lui mais il n’ose toujours pas s’avouer que l’agente de stars lui fait un effet terrible, qu’elle le rend même fou ce soir au point qu’il ne veut plus faire qu’un avec elle. Empêche-moi d’aller encore plus loin Halston. Un baiser ce n’est pas encore trop grave, il peut tenter de reprendre le contrôle en luttant férocement mais en a-t-il seulement envie, Eddie ? C’est une véritable torture qu’il s’inflige en essayant de lui résister, alors que son bas-ventre est en feu et que tout son corps la réclame. Il étouffe, ces fringues sont vraiment de trop entre eux et il ne pense pas avoir un jour désiré quelqu’un comme il la désire elle, pour dire ce qui se joue actuellement en lui. Son palpitant bat à tout rompre et sa respiration s’accélère tandis que son regard descend un peu trop et constate l’effet qu’il croit aussi faire à l’agente. Pas de quoi calmer ses ardeurs, bien au contraire.
L’agente de stars appréciait que le danseur reconnaisse qu’il n’avait pas assuré, elle n’avait jamais été très fan du déni, encore plus dans des situations où la faute était véritablement évidente. Il était capable de se remettre en question et c’était vraiment un point essentiel pour elle, qui ne se s’embarrassait jamais bien longtemps des protégés qui pensaient toujours avoir raison, mis à part s’ils étaient vraiment célèbres et talentueux. Elle l’avait prise au dépourvu, en l’abordant après un de ses spectacles, mais elle avait toujours jugé qu’elle l’avait fait de la bonne façon. La brune savait que certains de ses collègues faisaient du casting sauvage dans la rue et elle n’était pas vraiment fan du concept, qu’elle trouvait trop intrusif. Alors lorsqu’elle s’était rendue à Northlight Company dans le but de dégoter un danseur, elle avait tout de même un minimum préparé les choses, en cherchant à connaître les noms des artistes avant même de les voir sur scène, elle s’était également un minimum informée sur leurs palmarès. Cependant, elle n’avait pas mémorisé leurs visages, ni regarder d’extraits de leurs performances, parce qu’elle ne voulait pas manquer d’office d’objectivité, elle préférait deviner en direct qui se cachait derrière chaque prénom. Ce fut sans grande surprise Eddie qui avait tiré son épingle du jeu, mais elle avait au moins laissé une chance à ses compagnons de lui taper dans l’œil. Il lui disait qu’à présent il prendrait leur collaboration au sérieux, mais qu’il ne fallait pas qu’elle lui demande de rétrograder la danse. « J’ai bien compris que tu ne seras jamais acteur. » Halston pouvait être une femme très têtue, mais elle savait tout de même ouvrir ses yeux et ses oreilles quand il le fallait. Il ne savait pas ce qu’il perdait, il pouvait jouer la comédie pendant de très nombreuses années, jusqu’à ses plus vieux jours s’il le voulait, elle ne pensait pas qu’il pouvait en faire de même avec la danse. L’américaine pensait sincèrement qu’il allait finir usé de partout, il en faisait beaucoup trop, tout le temps, mais elle était mal placée pour le lui dire, parce qu’elle était pareille. Cependant, à la différence de lui elle n’éreintait pas trop son corps, c’était plutôt son cerveau qui chauffait énormément, même s’il lui arrivait d’avoir mal aux pieds à force de courir à droite et à gauche pour satisfaire tout le monde. Elle acquiesça lorsqu’il lui demandera de la tenir au courant, elle n’y manquerait pas.
Halston avait furtivement repensé à la fête des voisins qui s’était tenue chez elle en ouvrant sa porte. Elle se souvint des personnes un peu trop curieuses et sans gêne, elle était presque certaine que certaines d’entre elles s’étaient permises de se servir dans sa salle de bain et dans sa cuisine. Comment elle le savait ? Parce que tout n’était pas rangé exactement comme elle l’avait laissé et elle avait une très bonne mémoire là-dessus, tout était droit, parfaitement aligné. Elle avait dû remettre bien des choses en place, avec peu d’aide de sa colocataire qui jugeait qu’elle en faisait beaucoup trop. L’agente de stars savait pertinemment qu’elle n’aurait pas autant de problèmes avec le danseur, qui était son unique invité. Il saurait se tenir et ne s’inviterait pas dans une pièce sans avoir en obtenu son autorisation avant. Elle pensait même qu’il pouvait faire une très bonne impression à sa colocataire, qu’il n’aurait certainement pas la joie de rencontrer ce soir. Halston détourna la conversation sur le travail, mais ne comptait aucunement l’assommer avec ce sujet, alors qu’elle l’avait fait venir pour qu’ils se distraient. Il n’était pas contre l’idée de tourner dans un film d’horreur, il préférait cela à un film romantique, elle eut un sourire en coin. « Même si ledit rôle est très bien payé ? » Elle se demandait jusqu’à où il était prêt à aller pour de l’argent, simuler des sentiments pour une actrice n’était pas la pire chose qu’il pouvait lui arriver, il l’avait bien vu lorsqu’elle lui avait fait plusieurs propositions de publicités. L’américaine était prête à accepter se montre curieux, parce qu’elle trouvait tout à fait naturel que le domaine dans lequel elle baignait attise les questions. Néanmoins, il se montra bien moins titillé par ses découvertes qu’elle ne le pensait, il ne l’avait pas interrogé sur une seule célébrité. Il n’y avait peut-être pas une seule de ses idoles sur son mur, il devait être plutôt difficile en la matière parce qu’elle avait quand même du lourd. Si elle avait affiché ne serait-ce qu’un danseur, elle aurait sûrement bien plus éveillé son intérêt, mais elle n’avait jamais pensé à le faire. Il y avait une brèche à prendre et il essayait de s’y faufiler avec plus ou moins de sérieux. « Être le premier dans mon cœur… ça demande beaucoup de mérite, la file d’attente est longue pour cette place. » Plusieurs acteurs se la battaient sans relâche, mais elle essayait toujours de leur faire croire qu’elle n’avait pas un seul chouchou. C’était bien évidemment faux, mais elle était une vraie professionnelle pas n'est-ce pas ? Elle aurait pu ajouter qu’elle doutait qu’il l’atteigne, après avoir apprise qu’il avait un des défauts qu’elle supportait le moins : celui d’être bordélique. Il redora quelque peu son image en lui parlant de ses animaux, parce qu’elle avait une image plutôt positive de ceux qui en possédaient. Elle aimait savoir qu’il permettait à plusieurs êtres d’être choyés et de ne manquer de rien, comme un véritable père. Il avait même ‘ un enfant de plus ’ à présent. « Tu ne vis plus chez toi, mais dans un refuge. » Elle se demanda quelle taille faisait son logement et s’il avait un jardin. Il chercha à savoir si elle en avait elle aussi, elle lui répondit d’une manière qui semblait trop honnête pour lui, une qui le touchait directement. « Si tu culpabilises c’est qu’il y a de bonnes raisons non ? » Alors qu’il remédie au problème, plutôt que de se plaindre.
L’agente de stars était très bonne pour faire des critiques de films, mais elle l’était moins pour inventer des histoires, surtout de manière aussi improvisée pour éviter qu’Eddie ne soit obsédé par ce qu’elle voulait lui cacher. Il avait exactement le même âge que son actrice, il était donc sûrement bien plus apte qu’elle à la comprendre, mais tout de même, certaines choses n’avaient pas à être montrées et cet objet en faisait clairement partie. Il délaissa ce sujet pour obtenir des révélations très personnelles, qu’elle voulait bien lui donner ce soir. L’information qu’elle lui avait donnée était publique, mais il n’était pas au courant que c’était elle qui avait demandé le divorce. Elle n’avait pas envie de s’attarder sur le pourquoi, encore plus maintenant qu’elle avait entendu cet enregistrement qui innocentait son ex. Eddie continuait d’exceller dans l’art des questions qu’il ne fallait pas poser, en lui demandant si elle était mieux sans lui. Elle entrouvrit sa bouche, mais rien n’en sortit. Il avait été difficile de s’habituer à ne plus avoir celui qu’elle considérait comme son âme sœur à ses côtés, dans le fond il était trop le propriétaire indétrônable de cette place. Elle n’était pas certaine de vouloir se remettre avec lui pour autant, mais elle n’avait pas envie de dire à son interlocuteur qu’elle était effectivement plus épanouie sans lui, parce que ce n’était pas vrai. S’il y avait bien un point sur lequel elle était sûre d’elle, c’est qu’elle ne chercherait pas à lui donner envie de la reconquérir en le mettant en concurrence avec un autre homme. Le danseur lui raconta qu’elle connaîtrait à nouveau la sensation qu’elle avait perdu, mais ce n’était pas suffisant pour la faire gagner en optimisme. Il essaya vainement d’enjoliver le célibat en racontant qu’il avait du bon, elle roula des yeux. « N’essaie pas de me convaincre là-dessus, c’est un combat perdu d’avance. » Il suffisait de voir comment elle pouvait envier les jolis couples qu’elle croisait dans la rue et même les couples fictifs. Elle savait où voulait en venir Eddie, mais coucher sans avoir le moindre sentiment, cela ne l’intéressait déjà pas quand elle était jeune alors cela risquait encore moins d’être le cas maintenant. Faire la fête par contre elle n’avait rien contre, elle savait que c’était quelque chose dont elle ne se lasserait pas. Il lui rappela le mot d’ordre qui était de mettre les choses négatives de côté. « Oui. Je pense même qu’on ne s’est pas croisés par hasard, le destin a décidé que les malheureux que nous sommes devaient se consoler ensemble. » Elle tenait encore ses mains quand elle disait cela, elle ne savait pas si tout cela allait mener à la confusion. Halston n’avait pas toute sa tête, elle était tout comme lui pas très résistante à l’alcool et elle ne savait déjà plus quelle quantité de vin elle avait englouti. Cependant, elle était plutôt contente d’en ressentir un effet plus que bénéfique : celui de la décoincer, la rendre à l’aise avec son corps.
La nostalgie de l’américaine la poussait à effectuer une danse qui n’était pas vraiment raccord avec la musique, mais qu’elle avait particulièrement apprécié. Le danseur avait moins d’assurance qu’elle, comme s’il semblait gêné du moindre endroit où il posait ses mains, sa question ne fera que de lui confirmer ses pensées. C’était le monde à l’envers, c’était lui qui devait tout mener, mais c’était elle qui commandait au final. Elle avait oublié la distance qu’elle devait avoir lui pendant un moment, avant de finir par se rendre compte qu’elle était peut-être trop proche de lui. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle n’avait pas été collée à un homme de cette manière, mais c’était depuis assez longtemps pour qu’elle ne s’en retrouve gênée et cherche à faire marche arrière. Halston commit une erreur de débutante : ne pas regarder derrière elle tomber tout en faisant une victime avec elle. Une situation qui amusa son protégé. « Je ne t’avais pas menti en te disant que j’avais deux pieds gauches. » Il valait mieux en rire que d’en pleurer pas vrai ? Du moins c’était ce qu’elle disait avant de se positionner de manière à pouvoir le regarder. Elle fut propulsée au moment où elle l’avait vu la première fois sous des néons, elle n’avait plus réussi à le quitter des yeux alors qu’il n’était pas tout seul sur scène. C’était ce qu’on pouvait simplement appeler un coup de cœur, mais elle s’était dit qu’il n’était que purement professionnel. Maintenant qu’elle se trouvait si près de ses lèvres, elle ne savait pas si elle pouvait tenir le même discours. Elle aurait déjà dû se mettre debout, pour se prouver qu’elle n’avait jamais eu d’arrières pensées, mais elle en était incapable. Eddie ne se posait pas autant de questions puisqu’il avait échangé leurs positions à une vitesse phénoménale. Elle savait ce que cela signifiait, elle attendait de voir s’il allait vraiment franchir la ligne rouge. Elle attendait qu’il soit plus courageux qu’elle ou plutôt plus fou, c’était un terme plus adapté. Il exauça son souhait, avec une fougue qui la laissait croire que cette envie sommeillait en lui depuis une éternité. Elle fit d’abord de gros yeux, avant de les fermer et de profiter de cet échange d’effluves, qui avait un effet revigorant qu’elle n’aurait pas soupçonné. C’était donc ça de se sentir femme à nouveau ? Elle se mit à trembler tout autant que lui. Elle ne put s’empêcher de trouver que c’était bien trop court, mais le danseur se montra raisonnable en lui demandant de l’arrêter. Il lui avait soufflé cette requête bien trop près de ses lèvres, augmentant d’un cran sa température corporelle. La playlist avait changé, laissant place à la chanson Physical de Dua Lipa. Quel message essayais-tu de faire passer spotify ? Il devint bien plus clair quand les paroles let’s get physical retentirent dans le salon. Deux voix supplémentaires s’entrechoquèrent dans sa tête, celles de Sophia et de Nolan qui lui disaient de profiter de la vie. Un électrochoc qui la poussa à lui répondre : « Non parce que je suis à toi ce soir, Eddie. » Est-ce qu’elle avait conscience de la portée de ce qu’elle venait de prononcer ? Oui, parce qu’on pouvait lire dans son regard qu’elle espérait qu’il la possède, qu’il la rende bruyante au possible. Le danseur était en pleine effervescence et elle venait de le comprendre, en sentant la bosse qui s’était formée dans son pantalon. Elle s’empara de son visage pour le rapprocher du sien et lui offrir un baiser langoureux. Les mains de l’agente lâchèrent sa tête pour aller se balader sous le haut de son invité. Brusquement, elle fronça des sourcils et se dit qu’elle ne voulait pas faire ça comme ça, dans son salon. Elle sépara leurs lèvres et s’exclama : « Il est temps que je te fasse visiter ma chambre. »
La brune s'était relevée, bien décidée à amener le danseur à l’étage. Elle le prit par la main et s’arrêta lorsqu’ils se retrouvèrent devant sa porte, qui se trouvait juste à côté des escaliers. « Je vais te demander d’être un peu patient. » Dit-elle avant de lui tourner le dos et d’ouvrir sa chambre. Elle entra dans la pièce où régnait la couleur Lila sur les murs, un imposant lit à baldaquins se trouvait en plein milieu, c’était sa touche d’extravagance dans cette demeure relativement moderne. Il était paré de longs rideaux blancs, qui se mariaient parfaitement avec sa literie de soie. Quelques touches d’exotismes étaient disséminées ici et là, des objets et des décorations qu’elle avait chigné durant ses nombreux voyages. Elle se dirigea vers un des meubles en bois de chêne, elle en sortit une boîte d’allumettes. Halston fit le tour de sa chambre afin d’allumer plusieurs bougies baroques, dont une qui avait la particularité d’être olfactive. Une délicieuse odeur orientale, chaude et sensuelle commença à imprégner l’endroit. L’ivresse avait beau s’être emparée d’elle, elle n’avait en rien effacé l’un de ses principaux traits, son côté romantique exacerbé. Ils allaient pêcher, juste une fois ce soir, c’était ce qu’elle s’était promise alors autant la rendre grandiose. La brune éteignit la lumière et s’avança vers lui d’une manière féline, avant de l’embrasser. Elle n’arrivait plus à quitter ses lèvres, elle recula progressivement vers son lit tout en continuant d’entremêler leurs langues. Ils s’entendaient à merveilleuse sur la vitesse et les flux qu’ils s’échangeaient, ce qui ne pouvait qu’être un bon annonciateur pour la suite. Elle buta sur le bord de son lit, ce qui l’obligea à tout arrêter. Halston se mordit la lèvre inférieure, à la fois excitée et angoissée. Elle n’avait pas oublié la grande différence d’âge qu’ils avaient, il devait être un habitué des silhouettes sculptées et fermes, elle n’avait pas vraiment hâte qu’il découvre cette enveloppe pas assez gracieuse à son goût. Elle essaya d’oublier ses pensées négatives en retirant délicatement le haut d’Eddie. L’agente de stars regarda son torse de haut en bas, elle déposa son index sur son cou avant de le faire descendre doucement vers son bas ventre. Elle avait du mal à croire qu’elle allait bientôt le découvrir en intégralité et qu’elle allait pulvériser absolument toutes ses limites…
Dernière édition par Halston Hargreeves le Lun 7 Juin 2021 - 10:37, édité 1 fois
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
Ce n'est pas simple pour quelqu'un de borné et d'aussi fier d'admettre ses torts, mais indéniablement si leur collaboration est tombée dans les oubliettes pendant plusieurs semaines c'est de sa faute à lui, Halston a de son côté tenté pas mal de choses pour la maintenir à flot. Il s'est quand même permis de décliner plusieurs propositions faites par l'agente, et n'a ensuite pas hésité à revenir vers elle dès que l'argent a commencé à manquer, ce qu'elle a assez mal perçu sur le moment et ça se comprend. Ce n'est pas simple de travailler avec Eddie, Halston ne dira certainement pas le contraire et d'autres seraient aussi prêts à en attester, tellement d'autres en réalité. Il faut voir la petite réputation qu'il traine dans les couloirs de sa compagnie, son opportunisme y a laissé pas mal de traces et ce n'est même pas étonnant qu'un garçon comme lui s'en sorte aussi bien professionnellement, il s'en donne tellement les moyens que ça finit forcément par payer. Halston prétend que ceux qui veulent entrer dans le monde du cinéma se jettent habituellement à ses pieds et quelque part ça le rassure Eddie, car ça signifie qu'il n'en a pas donné l'impression l'autre fois en affirmant être prêt à tout pour se faire du fric. Il a pourtant dû ranger sa fierté ce jour-là en venant solliciter son aide, mais de toute évidence il a conservé aux yeux de l'agente la valeur la plus importante selon lui : sa dignité. Elle ne l'a donc pas trouvé ridicule à reconsidérer ses positions par besoin d'argent, en tout cas il ne le ressent pas comme ça et il faut avouer qu'il s'inquiétait un peu d'écorcher son image auprès d'elle en passant pour un garçon pas sérieux, qui n'aurait du coup pas mérité son aide. C'est bien ce qu'elle lui avait fait miroiter pourtant, il n'était pas du tout certain d'avoir droit à ses services après tout ça mais Halston était à cran comme elle le dit, et l'idée n'était sûrement pas de lui faciliter les choses avec l'attitude qu'il avait eue. Elle se fait en tout cas officiellement à l'idée qu'il ne sera jamais acteur, et Eddie est content d'entendre que ses priorités sont considérées. Il s'entendent là-dessus et c'est une bonne chose, ce qui ne l'empêchera pas de prendre leur collaboration au sérieux à compter de ce soir et ce ne sont pas des paroles en l'air, il le lui prouvera.
Une question se pose, tout de même : Eddie est-il réellement prêt à tout pour l'argent comme il le prétend ? Car son agente trouve de quoi le piéger alors qu'il revendique une nouvelle fois son aversion pour les comédies à l'eau de rose et les rôles de minet qu'on pourrait être tenté de lui refiler, si le rôle en question est sacrément bien payé se pourrait-il qu'il change son fusil d'épaule et soit intéressé subitement ? Le danseur aimerait esquiver la question car ce genre de dilemme le force à choisir entre ses besoins et ses principes. Il s'agit bien du dernier rôle qu'il souhaiterait décrocher dans sa vie mais la dernière fois qu'il en avait parlé financièrement il s'en sortait encore à peu près bien, alors forcément aujourd'hui les choses ne se présentent plus tellement sous le même angle. « Considérons que la question ne se posera pas. » C’est plus commode comme ça, n’est-ce pas. Tant qu’à faire il préfère ne pas choisir Eddie, car ça pourrait lui coûter de dire non à un rôle vraiment bien payé pour rester fidèle à ses idées arrêtées, et parce qu’il se sera juré de ne jamais tomber dans ce registre. Il n'espère pas qu'Halston le comprenne et peut-être même qu'elle trouvera qu'il est petit joueur sur ce coup-là, c'est juste qu'il n'a pas pour habitude de cogiter sur des éventualités et qu'ici il compte pas mal sur elle pour justement le tenir à l'écart des propositions de ce genre. S'il ne sait pas qu'un rôle comme celui-ci cherche preneur il n'aura pas à trancher ni à considérer l'argent qu'il pourra y gagner ou y perdre, alors vraiment qu'elle garde ça pour ses autres protégés prêts à s'illustrer dans le cucul la praline sans le moindre problème. « La concurrence ne m’a jamais fait peur, je gagnerai cette place si je la veux vraiment. » Il frôle l'arrogance quand il le dit, parce qu'Eddie a tendance à redoubler d'efforts quand on lui fait comprendre qu'il pourrait avoir du mal à concrétiser quelque chose. La première place dans le cœur d'Halston n'est peut-être pas à sa portée aujourd'hui mais il pourrait se jurer de la décrocher rien que parce qu'elle en doute, et c'est bien connu qu'il coupe les files d'attente lui, il n'a pas le temps de faire la queue. Il sent l'agente quelque peu attendrie à l'évocation de ses enfants, ces trois boules de poils qui sont aussi ses colocataires même si certains jours c'est à se demander qui vit chez qui. Un refuge, c'est vrai que son appartement en prend le chemin et il serait sage de s'arrêter à trois chats, si tant est qu'il sache être raisonnable. « Je ne vais pas dire le contraire, et en venant chez moi il vaut mieux ne pas être allergique aux poils de chats. Tu pourras passer d'ailleurs un de ces quatre pour les rencontrer, depuis le temps que t'en entends parler. » Il ne voit aucun mal à proposer la chose dans l'autre sens maintenant qu'il se trouve chez elle, enfin si Halston ne craint pas de s'évanouir une fois la porte de chez lui passée à cause du désordre y régnant. Qu'elle se rassure ça reste un endroit parfaitement vivable, son appartement a même la particularité d'être assez accueillant car sa sœur l'a aidé à le décorer avec goût alors avec un peu de chance ça lui plaira. L'idée est soumise en tout cas, s'il se prend un refus il n'insistera pas. « Non, je devrais pas. » Culpabiliser alors qu’il est certain que ses enfants ont la plus belle vie qu’on pourrait leur offrir ? Même s’il n’est pas souvent chez lui ils sont ensemble, ils ont de quoi s’occuper et ne manquent vraiment de rien alors il ne veut pas commencer à se dire qu’il ne fait pas tout ce qu’il faudrait Eddie, car objectivement il fait même plus que ce qu’il devrait. Ses chats sont pourris gâtés, heureusement qu’il n'envisage pas d'avoir un vrai gosse un jour car c'est à se demander quel genre de père il serait avec un mini lui.
Compliquée la situation de l'agente semble l'être lui, et sur ce coup il ne l'envie vraiment pas. C'est elle qui a quitté la célébrité qui partageait sa vie, probablement un acteur puisque c'est ce qui gravite principalement autour d'elle même si elle ne lui communique pas son nom, tout ce qu'il apprend c'est que l'homme en question ne voulait pas que leur histoire s'arrête contrairement à elle. Enfin c'était sa décision à elle mais il doute que ce soit vraiment ce qu'elle voulait, Halston n'a pas l'intonation ni l'expression de quelqu'un qui serait facilement passé à autre chose et c'est peut-être bien la seule issue qu'elle a vu pour eux, celle de le quitter. Il ne connait pas leurs problèmes, il ne sait pas pourquoi leur mariage a éclaté et sur le moment il ne réalise même pas que son ex est supposé se trouver à Los Angeles au lieu d'être à Brisbane comme elle l'a laissé entendre un peu plus tôt. Ce n'est donc peut-être pas terminé, Halston dit elle-même que ça ne sert à rien de lui vendre les bienfaits du célibat et si ça se trouve célibataire elle n'a pas le sentiment de l'être réellement. Ce n'est pas qu'un statut après tout, c'est aussi un état d'esprit et pourtant elle ne porte plus d'alliance, il est tenté de penser que ça signifie quand même quelque chose. Eddie a bien envie de lui dire de lâcher l'affaire avec ce connard qu'il se prend à détester par automatisme, car en ne sachant pas qui a quels torts dans leur histoire il se range du côté d'Halston, persuadé au fond de lui que l'homme en question ne la méritait pas. « Comme tu veux Halston. » il se contente de lui répondre dans un bref haussement d'épaules, car si le combat est perdu d'avance comme elle dit alors il en restera là. Si elle n'envisage pas de profiter de sa nouvelle vie en faisant notamment des rencontres il respecte ça, car il n'est personne pour lui dire comment elle est censée gérer la chose. Tant qu'elle est disposée à célébrer l'obtention de son contrat avec lui il ne demande rien de plus et il aime assez ce qu'Halston lui dit après ça, à savoir qu'ils ne se sont peut-être pas croisés par hasard ce soir et qu'ils sont peut-être bien destinés à se consoler ensemble. Comment elle ne le précise pas, mais l'idée lui plait simplement formulée comme ça. « Tu crois au destin alors. » À moins que ce ne soit l’alcool qui parle à sa place, il n’en tirera peut-être pas des conclusions trop hâtives. Lui croit davantage au karma qu’au destin quand il est sobre, et à vrai dire Eddie ne croit pas à grand-chose en dehors de ça ce qui a toujours posé problème dans sa famille. Sa mère n’a pas réussi à lui transmettre les croyances du pays du matin calme, tout comme elle a échoué sur un tas d’autres plans avec lui. Si on l’écoute son éducation est même à revoir mais Sun-Hi excelle dans l’art de tout exagérer. Et celui qui exagère là aussi c'est Eddie, il doit en être à son deuxième ou troisième verre alors qu'il sait pourtant qu'il ne tient pas l'alcool. Mais il n'a pas quelque chose à fêter tous les jours, ni l'occasion de danser avec une aussi jolie femme très souvent, en tant que danseur performant principalement en solo ou avec toute une troupe à ses côtés. Les duos ce n'est pas trop son truc et ça se voit, ce n'est pas le genre de proximité à laquelle on l'a habitué jusqu'ici mais s'il se montre vraiment trop gauche il pourra mettre sa maladresse sur le dos du vin.
Dans le genre maladroite Halston se pose là aussi, elle n'a effectivement pas menti car très vite la petite danse qu'ils menaient très proches l'un de l'autre leur vaut de se retrouver tous les deux au sol, l'agente pour le moment au-dessus de lui sauf que cette position connait bientôt un retournement inattendu. Eddie décide de reprendre le contrôle qui lui échappait jusqu'ici, il veut mener la danse et ne se fait pas prier pour ça. Il ne sait pas si Halston le voit venir, s'il se montre prévisible ou si ses yeux parlent pour lui à cet instant plus que sa gestuelle trahissant une grande fébrilité. Le fait est qu'elle lui a toujours plu en dépit de leur différence d’âge, et cette dernière ne freine aucunement le danseur comme on peut rapidement le voir ce soir. Ce n'est pas un détail important à ses yeux et il veut croire qu'il en va de même pour Halston, alors qu'il croit ressentir qu'il ne la laisse pas insensible non plus. Eddie a le sentiment que si un premier pas doit être franchi ce soir il devra venir de lui et il n'attend même pas de voir si l'agente compte tenter quelque chose de son côté, l'envie de sceller leurs lèvres se faisant bien trop forte. Il ne réfléchit même pas et se contente de répondre à une envie qui se fait dévorante, elle peut paraitre soudaine mais elle ne l'est en fait pas tant que ça. Il sent que quelque chose passe à travers ce baiser mais il n'est pas tellement capable de mettre des mots dessus, tout ce qu'il sait c'est qu'Halston éveille un feu en lui, un feu qu'elle attise en lui disant que ce soir, elle est à lui. « Ne dis pas ça à la légère.. » Vraiment pas, car il n'est pas sûr qu'elle réalise à quel point il peut la prendre au sérieux là-dessus. Eddie est le même sur un parquet que dans l'intimité d'une chambre à coucher, aussi endurant qu'il peut être sauvage et il espère que pour ça ils s'entendront. « Je vais te prendre au mot. » il ajoute dans un murmure et à peine a-t-il terminé sa phrase qu'Halston joint leur lèvres de nouveau, dans un baiser langoureux dont il a beaucoup de mal à se défaire quand elle lui indique qu'ils n'entreprendront rien ici, et qu'il est temps pour lui de visiter sa chambre. Le message est clair et il adhère à l'idée, même si Eddie accorde moins d'importance au lieu qu'elle il respecte le fait qu'elle soit plus à l'aise pour s'adonner à ce genre de choses dans sa chambre. Il se laisse alors entrainer à l'étage sans opposer de résistance, sa main rattachée à celle d'Halston dont il n'a jamais été aussi près de découvrir l'intimité.
Il met les pieds dans une pièce dominée par des teintes féminines, et s'attarde sur quelques éléments de décoration ici et là alors qu'Halston lui demande d'être encore un peu patient. Cette attente s'avère assez frustrante pour le danseur qui a été coupé dans son élan quelques instants plus tôt, alors si ses yeux naviguent tout autour de lui c'est aussi pour tenter de contenir ce qu'il ne contrôle déjà plus vraiment. « Pas trop quand même. » il souffle en la voyant sortir une boîte d'allumettes d'un meuble pour éclairer des bougies disposées aux quatre coins de la chambre, et il se trouve finalement incapable de quitter l'agente des yeux pendant que celle-ci se déplace à travers la pièce pour donner au lieu une ambiance bien particulière. Elle ne lésine pas sur ces petits détails qui feront sûrement plus la différence pour elle que pour lui, même si très vite une délicieuse senteur parvient jusqu'à lui et le convainc qu'Halston ne fait pas tout ça pour rien. Seulement Eddie n'est pas patient de nature et il n'a qu'une hâte, qu'elle revienne vite auprès de lui pour qu'ils puissent poursuivre ce qu'ils ont commencé à l'étage du dessous. Allez s'il te plait Halston, il y a suffisamment de bougies. C'est comme si l'agente avait entendu sa supplique interne puisqu'elle rompt la distance entre eux après avoir éteint la lumière, pour mieux retrouver ses lèvres et reprendre la danse de leurs langues qui fait considérablement monter la température dans la pièce. Elle lui retire son haut et il se laisse faire, ce vêtement en moins dévoilant un corps athlétique même si son véritable atout réside au niveau de ses cuisses, sculptées par des années de danse qu'elle découvrira un peu plus tard. Il la dévore des yeux jusqu'à perdre la tête au contact de son index sur son ventre, qui descend dangereusement vers la zone la plus enflammée chez lui. Eddie décide que c'en est trop et s'assoit sur le bord du lit avant de la faire assoir sur lui, et il n'y a plus de retour en arrière possible à partir de là, ni aucune limite tenant encore entre elle et lui.
Est-ce qu’elle lui avait posé une question qui fâche ? Elle dirait bien que oui, puisqu’il bottait en touche. Il revenait encore une fois sur ses paroles, mais elle se souvenait très bien de ce qu’il lui avait dit. La brune fit battre ses cils avant d’essayer de copier son intonation. « N’importe quoi, je prendrais tout. » Elle lui rappelait dans quelle misère il était censé se trouver il y a seulement quelques jours, avant qu’il ne recommence à faire la fine bouche. En réalité il l’avait fait dès le jour J, en ne se montrant intéressé par seulement une seule de ses propositions. « Beau parleur va, j’espère que tu n’es pas comme ça avec les femmes. » Halston n’arrivait pas à le cerner sur ce point, elle n’arrivait pas à deviner quel type d’attitude il pouvait avoir avec le sexe opposé. Est-ce qu’il était un de ces nombreux hommes qui se disaient « sans prises de tête », qui ne cherchaient jamais à s’établir ou est-ce qu’il était au contraire plus sentimental qu’il ne voulait bien le montrer ? En y réfléchissant elle avait peut-être sa petite idée et c’était une tout autre réponse, sa passion devait être son premier amour. Il lui accordait tellement de place, comment pouvait-il en être autrement ? Elle était exactement pareille que lui, à la différence qu’elle en souffrait et qu’elle le montrait sans le vouloir. Cette larme qui avait coulé il n’aurait jamais dû la voir, mais il était loin de se douter que la principale raison de celle-ci était que le sentiment de solitude l’avait envahi. L’agente de stars avait toujours eu horreur du vide, il avait toujours fallu qu’elle soit entourée, tout le temps. Si elle ne l’était pas de sa famille, elle l’était de ses amis ou des hommes qui avaient partagé sa vie. Aujourd’hui tout avait changé, elle ne voyait quasiment plus personne, ses proches vivant en Australie n’avaient pas assez de temps à lui consacrer pour qu’elle se sente bien accompagnée dans ce pays étranger. Elle passait plus de temps avec ses collègues et ses protégés qu’autre chose au final, mais ce soir elle était plutôt heureuse d’être avec l’un d’entre eux. L’arrogance de celui-ci ne cessait jamais de l’épater, il lui faisait comprendre qu’il suffisait qu’il veuille quelque chose pour l’obtenir. « Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure, tu n’as pas une once de modestie. » Ce n’était même pas un reproche, parce qu’elle serait au contraire plutôt contente qu’il cherche à ce point à être aussi hautement placé dans son cœur. Leur nouveau sujet de conversation lui rappela qu’il n’y avait pas que la danse dans sa vie, mais aussi ses fameux chats. L’agente de stars ne se souvenait pas d’avoir déjà vu un homme parler avec autant d’amour de ses boules de poils, elle aimait la lueur qu’elle voyait dans son regard à chaque fois qu’il les mentionnait. Il lui proposa de les rencontrer un jour, elle ne s’attendait pas vraiment à être invitée dans son appartement. Elle décida d’en profiter pour le charrier un peu. « Je ne risque pas de les voir s’ils sont ensevelis sous ton bazar. » Autrement dit il avait plutôt intérêt de bien ranger son logement, qu’il voulait un jour qu’elle y mette ne serait-ce qu’un seul pied. « Ça ferait quand même beaucoup d’exceptions rien que pour tes beaux yeux… déjà je t’ai invité chez moi alors si en plus je vais chez toi et que mes acteurs étaient amenés à l’apprendre… » Pourquoi pensait-elle à voix haute comme ça au juste ? Elle était vraiment en train de lui offrir sur un plateau d’argent des raisons d’attraper le melon. La brune essaya de le lui faire oublier, en demandant s’il n’avait pas de bonnes raisons de culpabiliser. « Dans ce cas arrête de te sentir coupable. »
Le statut de divorcée lui collait à la peau, du moins c’est ce qu’elle croyait parce qu’elle s’imaginait que cela se lisait sur son visage. Il était pourtant plutôt rare qu’on le lui rappelle à Brisbane, parce qu’on le lui disait presque plus « Comment tu vas depuis ? » « Tu as repris du poids alors c’est que ça va mieux ? » « Tu n’as pas vu les derniers magazines people j’espère ? ». Elle était effectivement sortie de sa maigreur, elle avait retrouvé la facilité d’avoir un sourire de façade et non elle regardait plus la presse, du moins pas celle des USA, qui s’amusait toujours autant d’énumérer les conquêtes de son ex. Regardez donc cet homme accusé d’agressions sexuels, mais qui arrive encore à séduire à la pelle, regardez cet acteur qui profite de la vie plutôt que de se morfondre de sa séparation, regardez comment il a oublié Halston Hargreeves comme si elle n’avait rien représenté. Elle n’avait en réalité même pas besoin de les lire, ils étaient tellement prévisibles qu’elle pouvait réciter leurs articles les yeux fermés. La brune n’avait pas besoin d’eux pour se sentir finie, elle avait l’impression d’être un produit dont la date d’expiration approchait à grands pas et que seuls des hommes désespérés voudraient bien de la chose cassée qu’elle était devenue. Entendre dire son invité que ce n’était pas fini ne la rassurait donc pas. Les amis masculins de l’agente avaient déjà du mal à la comprendre et à la consoler, alors lui ne pouvait que se planter sur son compte. « Tu fais bien d’économiser ta salive je te rassure. Ma colocataire se fatigue toute seule à essayer de me faire changer d’avis, ce n’est pas faute d’avoir fait preuve de patience et de détermination pourtant. » Le nombre de tentatives de Sophia lui donnerait certainement le vertige, ce qu’elle pouvait dire avec certitude c’est que cela faisait au moins une année qu’elle se donnait du mal. Le travail de la rouquine semblait avoir porté ses fruits en ce début d’année 2021 avant d’être réduit à néant, par une mauvaise rencontre, celle de Shawn, le caméraman qui l’avait agressé à deux reprises. La première fois l’avait déjà convaincue de ne plus repartir en rencard, la seconde fois enfonça le clou. Il vaut mieux que tu restes seule ma fille, tu t’éviteras bien des soucis, c’était ce qu’elle se racontait. Des pensées en totale contradiction avec la soirée actuelle où elle savourait la présence d’Eddie, qui lui remontait le moral. Elle se mit à croire que le destin avait décidé de placer le danseur sur chemin lorsqu’elle avait le plus besoin de lui et lorsque lui avait le plus besoin d’elle. C’était quand même une grosse coïncidence non ? « Je ne sais pas si je fais bien d’y croire, parce qu’il a été plutôt cruel avec moi ces derniers temps. » Cela voudrait dire qu’elle acceptait ce qu’il lui infligeait, puisque c’était inévitable, écrit à l’avance pour elle. Halston ne savait pas si l’apparition de son talent déniché serait suffisante pour qu’elle ne puisse commencer à lui pardonner toutes les crasses qu’il lui avait faites récemment.
L’alcool ne l’avait réconcilié que de manière temporaire avec la danse, elle n’avait pas tenu plus de cinq minutes avant de s’écrouler. Il ne pouvait pas être miraculeux pour la rendre adroite, il était déjà énorme qu’il la fasse sentir à l’aise avec son corps, assez pour qu’elle ne doute pas au moindre pas, qu’elle ne ressente pas la peur d’écraser les pieds de son partenaire à chaque instant. S’il y avait une chose qu’il réussissait avec brio c’était de lui embrumer l’esprit, parce qu’elle ne voyait pas l’évidence, qui était qu’elle troublait particulièrement le danseur. Elle s’était imaginée toute seule qu’elle était trop âgée pour soit intéressé par autre chose qu’une relation platonique et pourtant… Il avait renversé la vapeur sans la moindre hésitation, il ne s’était pas embarrassé avec des incertitudes, il avait décidé de s’approprier ses lèvres et puis c’était tout. Elle avait envie de le remercier de l’avoir fait, parce que s’il avait attendu qu’elle ne fasse le premier pas, il aurait dû attendre la prochaine tombée de neige… Halston n’avait jamais fait partie de ces femmes entreprenantes, qui savaient repérer quand elles plaisaient vraiment à quelqu’un, sa crainte du rejet était constante. La brune fit enfin preuve d’un certain courage, en verbalisant qu’elle serait à lui, comme si elle venait de signer un nouveau contrat avec lui. Il lui disait de ne pas le faire avec légèreté, elle se contenta de signer définitivement cet accord avec un baiser, le premier de sa propre initiative. Elle l’avait fait avec une lascivité qui ne laissait aucune place au doute, elle voulait vraiment être sienne. Il n’y avait qu’un détail à régler : l’endroit où ils se trouvaient. Cette envie d’en changer les coupait dans leur élan, mais cela ne serait pas très long parce sa demeure n’était pas aussi immense qu’elle pouvait le paraître. Elle avait juste à le tirer jusqu’en haut des marches. L’agente de stars décida finalement qu’elle devait encore prolonger son attente, de quelques minutes. Il était réticent, mais avait accepté la demande de la maîtresse de la maison, qui avait bien le droit de préparer les lieux comme il se doit. Elle ne savait pas s’il allait apprécier l’atmosphère qu’elle voulait mettre en place, mais elle savait qu’elle en sortirait gagnante parce qu’elle s’y sentirait plus à l’aise. Une fois satisfaite, elle s’était décidée à le rejoindre et à reprendre ses lèvres dont elle était déjà si folle. Les pupilles de la brune étaient complètement dilatées comme ceux d’une droguée, elle se délectait de ce goût sucré et acidulé qu’elle avait trouvé sur ses lippes et dans ses effluves. Elle aurait pu y rester durant une éternité, si elle ne s’était pas cognée contre son lit. Cependant elle avait compris qu’elle l’avait fait assez durer et qu’il était temps de partir à la découverte du corps du danseur. Elle avait décidé que dévoiler d’abord la partie haute de celui-ci, qui était déjà très plaisante à observer. Halston se mordit une nouvelle fois la lèvre plus ardemment, il allait falloir qu’elle se calme ou elle allait finir par se faire saigner. Le doigt qu’elle avait déposé sur lui n’arrangeait en rien les choses, le descendre jusqu’à sa fermeture éclair lui donnait envie de retirer sauvagement son pantalon. Elle n’en aura pas le temps, puisqu’Eddie décida qu’elle devait le rejoindre sur le lit, il l’encourageait vivement à s’assoir sur lui. L’agente se plia à ses désirs sans rechigner.
Dernière édition par Halston Hargreeves le Mer 9 Juin 2021 - 15:17, édité 1 fois
This night where not a single starlight can be found The paths we came from arе all lonely and regretful Prеss harder, with all your energy So that no monsters can chase us anymore
Les exigences du danseur en matière de rôle poussent son agente à lui rappeler avec quel état d’esprit il était venu la trouver, quelques jours plus tôt. À ce moment-là il ne se fermait à rien Eddie car son besoin d’argent primait soi-disant sur tout, et aujourd’hui pourtant il se permet d’avancer qu’il y a des registres auxquels il refuse de s’essayer. Sa situation ne s’est pas arrangée pourtant depuis l’autre jour, il n’aura juste pas fallu longtemps avant qu’il redevienne fidèle à lui-même. « Je ne sais pas qui a dit ça mais il devait être assez désespéré. » Un gars auquel il s’identifie difficilement aujourd’hui car quand même, c’est limite s’il ne s’est pas mis à genoux pour qu’elle lui trouve quelque chose et ça le gêne un peu d’y repenser. Que le manque d’argent l’ait poussé jusque là Eddie n’assume pas trop, quant au fait d’être un beau parleur il suppose qu'il ne peut pas entièrement lui donner tort même si ça dépend franchement du contexte. Elle espère qu’il n’est pas comme ça avec les femmes et cette pensée le fait sourire. « Va savoir. » Il se la joue légèrement énigmatique et il n’abordera du coup pas le fait qu’il est un très mauvais dragueur, et que le meilleur moyen pour lui d’arriver à ses fins avec une demoiselle est encore de se taire car Eddie est bien trop maladroit, et son manque de subtilité joue aussi fortement contre lui dans ce genre de situations comme dans tellement d’autres. Halston ne lui dit pas clairement qu’elle pourrait accepter de venir chez lui à son tour, au lieu de ça elle le taquine encore sur l’état de son appartement et il n’aurait définitivement pas dû souligner son côté bordélique. « Oh si tu les verras, un en particulier car ce n’est pas un petit gabarit. » Parmi ses trois chats Loopy sort vraiment du lot mais il ne doute pas du fait qu’elle le trouverait adorable, si elle affectionne les animaux autant qu’il croit le comprendre malgré le fait qu'elle ne s'autorise pas à en avoir chez elle. L’agente se demande toutefois s’il serait bien judicieux de lui accorder une nouvelle exception, car c'est une chose que ses autres protégés n'apprécieraient peut-être pas d'apprendre. Oh peut-être bien oui, mais Eddie s'en moque éperdument. « Qu’ils l’apprennent, qu’est-ce que ça peut faire ? Mieux vaut qu’ils s’habituent à me voir rôder autour de toi. » Elle peut l’interpréter comme elle le souhaite, Eddie se contente d’exposer un fait. Et il n'est pas tout à fait un protégé comme les autres, c'est en tout cas ce qu'il lui plait de penser. Le temps où il négligeait leur collaboration est révolu, non seulement il compte maintenant rester en étroit contact professionnel avec Halston mais il espère aussi secrètement que cette rencontre dans le privé ne sera pas leur première et dernière. Car il apprécie sa compagnie, et leurs discussions quand elles ne tournent pas qu’autour du boulot. « C’est posé là en tout cas, tu fais ce que tu veux de cette invitation. » Et elle n’est pas valable qu’un certain temps, à partir du moment où Eddie propose ça c’est une chose qu’elle peut considérer quand elle le souhaite, si jamais ça lui paraissait un peu trop tôt.
Il ferait mieux d’économiser sa salive selon elle, plutôt que de lui vendre le bon côté du célibat qu’elle n’est visiblement pas prête à considérer. Alors quoi, elle va arrêter de vivre parce que son mariage a échoué ? Et est-ce que c’est vraiment un échec d’ailleurs, pourquoi chaque histoire qui se termine devrait être vue de cette façon ? Elle n’avouera pas qu’elle est mieux sans cet homme qu’elle a sorti de sa vie car après tout ce n’est peut-être pas vrai, mais il ne peut pas comprendre qu’on puisse quitter quelqu’un si on se sent encore bien avec cette personne. On tente par tous les moyens de sauver cette relation si c’est le cas, alors il suppose qu’en ce qui concerne Halston cet homme a mal agi. C’est une femme raisonnée qui ne prend pas de décision à la légère, ce qui ne l’empêche peut-être pas de la regretter aujourd’hui. Pour ça il n’en sait rien et il ne lui posera pas la question car son indiscrétion a ses limites, et pourquoi ne pas lui demander si elle l’aime encore aussi pendant qu’on y est. Eddie n’est en tout cas pas le premier à se foirer en essayant de la remotiver, avant lui il y a aussi sa colocataire qu’elle n’a manifestement pas écouté. Une fille patiente et déterminée, d’après l’agente. « Ta colocataire a l’air de tenir à toi. » C’est en tout cas ce que les dires d’Halston lui inspirent, lorsqu’elle évoque tous les efforts entrepris par celle-ci pour tenter de lui faire voir une vie où le célibat aurait du bon, là où ils ont donc tous les deux raté leur coup de ce qu’il comprend. Le pouvoir de persuasion de sa colocataire doit être bien plus important que celui du danseur sur l’agente alors Eddie se fatigue sûrement pour rien oui, et pourtant dieu sait qu’il aimerait offrir un déclic à Halston et lui faire réaliser que la vie ne s’arrête pas après un divorce. Elle est encore jeune et séduisante et il en sait quelque chose, lui-même a toujours pensé que c’était une très jolie femme. Le gars qu’elle a lourdé ne mérite sans doute pas qu’elle se morfonde sur lui comme ça, même s’il saisit bien que cette histoire a considérablement écorché l’estime qu’Halston avait d’elle-même. Et ça le fait chier, elle ne semble plus croire à grand-chose et il commence à penser qu’il ne parviendra pas à trouver les mots pour la rassurer. Ce n’est pas son fort de toute façon, il n’a jamais été assez empathique pour ça. Pourtant il s’accroche Eddie, il veut lui montrer qu’elle ne se confie pas à lui pour rien et qu’il s’intéresse à elle et à ce qu’elle ressent. Elle pense d’abord que le destin les a réunis ce soir et maintenant elle doute de pouvoir y croire, étant donné que si ce fameux destin existe il ne l’a pas épargnée dernièrement. « Tu finiras par voir le bout de ce tunnel, hein, Halston. Je peux pas croire que le destin ou l’univers, peu importe à quoi on se fie, n’ont que des mauvais plans en réserve pour toi et c’est un mec pas connu pour être très optimiste qui te dit ça. » L’alcool le rendrait donc optimiste, lui le gars fataliste par excellence. Il ne sait pas forcément ce qu’il raconte Eddie et il y a des chances qu’il ne se retrouve pas dans ce genre de discours quand il aura décuvé, mais ça ne l’empêche pas d’être sincère sur le moment. « Et si je voulais faire le philosophe à deux balles je te dirais que tout ça était peut-être même nécessaire pour repartir sur de meilleures bases dans ta vie. » qu’il ajoute avant de siffler le fond de son verre. C’est risqué de sa part de lui dire ça mais le risque il le prend Eddie. Il fait ici référence à d’éventuels bienfaits insoupçonnés qu’elle constaterait un peu plus tard, et suivant cette logique peut-être que pour lui aussi les choses n’ont pas pris cette tournure par hasard. Sa blessure au genou, ses problèmes d’argent et ces personnes récemment sorties de sa vie, et si c’était pour le meilleur ? Difficile à voir sous cet angle aujourd’hui surtout quand sa santé trinque salement mais si tout arrive pour une raison dans la vie alors Eddie préfère encore croire que cette raison est bonne. Ça l’aide à relativiser un peu ce soir de se dire que ces galères ne leur sont pas tombées dessus pour rien et qu’ils en tireront peut-être du positif, ensuite. Il refuse en tout cas de concevoir que le destin d’Halston puisse être de morfler et uniquement ça, il aimerait lui ôter cette idée de la tête et lui redonner un peu d’espoir même s’il gaspille peut-être bien sa salive, là aussi. Et si tout ça n’a pas tellement de sens on peut toujours dire que le vin lui monte à la tête et le fait réfléchir à l’envers, en plus de le rendre bavard.
Eddie a toujours été du genre à faire le premier pas, sauf quand il doit mettre sa fierté de côté pour ça mais c'est loin d'être le cas ici. S’il a envie de quelque chose et qu’il sent que la voie est libre il ne va pas tergiverser mille ans avant de se lancer car c’est un mec instinctif doublé d’un impulsif, il agit d’abord et il réfléchit éventuellement, ensuite. Tous ses sens sont en éveil au contact d’Halston et il ne résiste pas à cette toute nouvelle proximité entre elle et lui, même s’il serait bien incapable de dire vers quoi s’oriente leur relation. La suite paraît évidente mais est-ce qu’ils fauteront juste une fois et le regretteront, ensuite ? Quel pourrait être l’impact d’une nuit passée ensemble sur leurs rapports jusqu’ici strictement professionnels ? Ces questions Eddie est loin de se les poser mais il pourrait les recevoir en pleine figure quand il aura retrouvé un esprit clair, et Halston n’y échappera peut-être pas elle non plus. Tout s’enchaîne si naturellement qu’on jurerait qu’il a attendu ce moment pendant des mois, comme s’il l’avait longtemps imaginé avant de le concrétiser, enfin. Eddie n’est pas hésitant une seconde, il sait où il veut amener Halston et il sent qu’elle s’y laissera guider avec plaisir. Ils sont sur la même longueur d’onde et c’est bien ce qui le laisse penser qu’une incroyable nuit les attend, et dans l’optique où il pourrait n’y en avoir qu’une il tient d’autant plus à marquer l’esprit de l’agente en lui offrant un moment dont elle se souviendra longtemps. Il n’a peut-être pas beaucoup de conquêtes à son actif mais le peu qu’il a eu n’ont jamais eu à s’en plaindre, bien au contraire. La soirée se poursuit donc dans la chambre de l’agente qu’ils réchauffent automatiquement en y entrant, et ce n’est pourtant rien à côté de la température qu’il pourrait y faire dans quelques instants. Déjà qu’il étouffe Eddie, est-ce qu’il survivra à cette torride soirée ? S’il perd déjà la tête au simple contact du doigt d’Halston sur son bas ventre il n’ose pas imaginer dans quel état il se trouvera quand ils ne feront plus qu’un. Il sait juste que sa patience vient officiellement d’atteindre ses limites et qu’il est temps d’honorer cette chambre de son passage, grand temps même.
Il n’assumait déjà plus ce qu’il lui avait dit, étrangement cela ne l’étonnait pas plus que cela, sauf qu’elle garderait bien ses paroles dans un coin de sa tête. Il pouvait refuser de ne pas être un acteur à temps plein, mais il n’avait pas intérêt de refuser plusieurs de ses propositions à l’avenir, surtout qu’elle allait sûrement lui proposer autre chose que de la publicité. L’agente ne rajoutera pas de couche supplémentaire, il était gêné et elle n’allait pas le mettre mal à l’aise plus longtemps, après tout il était son invité alors elle devait en prendre soin non ? Elle dévia le sujet sur son attitude avec les femmes, mais il ne lui dévoilera rien là-dessus. Pourquoi était-il mystérieux à ce niveau cet Eddie ? Quand elle y repensait, elle ne lui avait jamais demandé s’il avait quelqu’un dans sa vie, il ne devait tout de même pas n’avoir que ses chats si ? Elle trouvait difficilement concevable que sa vie sentimentale puisse être aussi morte que la sienne. Est-ce qu’elle avait tant envie de le savoir que ça ? Peut-être pas, parce que premièrement ça ne la regardait pas et deuxièmement parce qu’elle n’était pas sûre que cela lui plairait de connaître ce genre de détails. Elle ne saurait pas vraiment expliquer pourquoi, parce qu’elle pourrait se permettre de lui poser tout un tas de questions personnelles, mais pas celles-ci. Il chercha à l’encourager à venir chez lui, en lui donnant la certitude qu’elle verrait au moins un de ses bébés, qui était plus potelé que les autres. Cependant, elle ne pouvait pas accepter sa proposition comme cela, sans penser à tous les à-côtés. Elle les lui mentionna, mais il n’en avait strictement rien à faire, il ne voyait même pas où était le problème. « C’est parce que tu ne connais pas les acteurs, ils sont tellement… dramatiques, ils surréagissent souvent pour pas grand-chose. » Elle n’avait même pas réagi à la fin de sa phrase, qui était pourtant des plus perturbantes. Rôder autour d’elle ? Mais qu’est-ce qu’il pouvait bien vouloir dire par là ? Elle trouvait que ce terme n’avait rien d’anodin, mais elle se montait certainement la tête toute seule. Halston était incapable de savoir si elle allait continuer ce favoritisme, qui ne risquait pas de lui attirer trop de problèmes en réalité. Après tout Eddie ne voulait pas faire sa carrière dans le cinéma, alors ses autres protégés ne pourraient pas lui dire qu’elle préférait garder les meilleurs rôles pour lui plutôt que pour eux. L’agente de stars se mit à craquer à moitié. « Je considérerai cette invitation. » Une expression bien pompeuse qui était généralement un bon signe, il pouvait être quasiment sûr qu’un jour elle se rendrait bien chez lui.
Est-ce que sa colocataire tenait à elle ? Oh que oui, sinon elle ne l’aurait très certainement pas amené dans ses valises jusqu’à ce lointain pays. L’ex-mari de la brune disait tout le contraire, qu’elle avait une influence néfaste sur elle, mais il ne faisait preuve d’aucune objectivité parce qu’il avait toujours détesté la rousse. L’agente et son actrice étaient opposées et pourtant, elles s’étaient immédiatement entendues, elles se complétaient à merveille. Le visage de la Hargreeves s’attendrit. « Sophia est un de mes piliers, c’est elle qui m’a fait venir ici. » Elle n’était pas qu’une simple colocataire et il pouvait désormais le comprendre. Elle pourrait presque dire qu’il s’agissait de sa meilleure amie, si son lien professionnel avec elle ne l’empêchait pas de le faire. Halston se contenait alors que tout le monde savait déjà qu’elles étaient proches, on avait même été jusqu’à dire qu’elles avaient eu une liaison quand elles vivaient à Los Angeles. C’était certainement une des idées les plus incongrues qu’on avait pu avoir à son sujet, parce qu’il n’avait jamais été question de drague entre elles, du moins pas de son côté. La brune était bel et bien au courant que sa colocataire n’était pas hétérosexuelle, parce que celle-ci ne lui avait jamais caché, mais elle n’avait jamais eu la prétention de se dire qu’elle pourrait lui plaire. Le danseur s’entêta à son tour à essayer de la rendre optimiste, alors que lui-même ne l’était pas de son propre aveu. « Tu es pessimiste pour toi-même, mais pas pour les autres c’est ça ? » Elle avait simplifié son élocution, ce qui lui laissa penser qu’ils se ressemblaient plus qu’elle ne pouvait se l’imaginer. Halston ne tiendrait jamais de discours aussi négatifs à qui que ce soit, alors pourquoi le faisait-elle avec elle-même ? Cette conversation avec Eddie commençait à la faire se remettre en question. Elle était une femme blessée, mais qui ne se permettait pas de guérir, elle préférait attendre que cela se passe plutôt que de s’administrer des soins ou de laisser les autres le faire pour elle. L’agente de stars se rendait compte de sa propre bêtise et avait presque envie de se gifler. Elle préféra se montrer plus bienveillante avec elle-même, en proposant à son invité de la divertir avec une danse. Au travers la chorégraphie qu’elle lança, elle laissa transparaître un langage caché de son âme. Je veux me rapprocher de toi, mais pas trop, je veux que tu me touches, mais pas que tu m’atteignes. Toutes ces contradictions furent balayées par une simple chute. Et maintenant ? Je ne veux pas me retirer, mais je n’ose pas t’embrasser. Je te veux, mais je sais que c’est mal.
Eddie n’était plus comme elle, Eddie savait ce qu’il voulait. Eddie l’avait voulu alors il l’avait eu. Il le lui avait pourtant dit plutôt, quand il voulait quelque chose il l’obtenait s’il la voulait vraiment. Donc cela voulait dire qu’il la voulait vraiment elle ? Qu’il n’agissait pas sur un coup de tête ? Est-ce qu’il était vraiment attiré par sa personne ou n’était-ce que l’effet de l’alcool ? Est-ce qu’il voyait en elle une demoiselle qu’elle n’était pas ? Les questions de la brune s’évaporèrent dans leurs baisers. N’était-ce pas cela, l’antidote qu’elle avait attendu pendant tout ce temps ? Elle avait l’impression qu’il arrivait à faire partir le poison rien qu’en joignant leurs lèvres. Alors elle ne se poserait plus de questions, la Halston. Non elle allait l’amener dans sa chambre, elle allait salir ce lit qui avait toujours été immaculé. À quoi lui servirait un aussi grand lit si elle n’y accueillait personne, comme le disait si bien sa colocataire ? Elle n’allait jouer la none pour l’éternité, l’effet que lui faisait son protégé l’en avait convaincue. C’était avec lui qu’elle allait redécouvrir les joies du plaisir charnel et personne d’autre. Il était libre de faire ce qu’il voulait d’elle, elle était sa chose. Au diable les conséquences, il n’y avait que le moment présent qui comptait.