SMS:

Au début tu t’en es voulu d’avoir répondu à ses messages alors qu’elle est clairement pas sobre. Ses mots t’ont franchement contrarié et tu savais à partir de là que ta soirée était niqué. Vous ne faites rien de particulier mais juste mater un film accompagné, ça ne méritait pas à l’autre personne de subir tes soupires et frustrations. Surtout que le film était presque fini. T’as tout gâché alors qu’il restait que le dénouement. Tu as senti ses yeux réprobateur sur toi car non, ce n’est pas poli d’avoir le nez sur ton téléphone alors que tu es chez quelqu’un. « Oh my god… » Quand Birdie te dit être tombé t’as envie de te frapper fort. Une partie de toi se dit à présent que heureusement que tu as commencé à lui répondre. Que tu sois mad ou pas contre elle et certaines des hypothèses qu’elle a émis un peu plus tôt ne rentre pas en compte quand il s’agit d’aller la récupérer sur le bitume incapable de se débrouiller seule. « What's happening? » Car tu as beau lui taper sur le système, elle voit bien qu’il y a un problème.

Après le lui avoir exposé, essayant en même temps d’avoir plus de détails sur la localisation de Birdie, tu as voulu commander un Uber mais après qu’il y en ait trois qui te fassent faux bonds, elle t’a proposé de faire ton chauffeur. Elle ne prend pas à la légère ce genre de situation et c’est plein phares que vous arrivez aux abords du cimetière.

« Fucking hell… »
« Language. »

Voir le corps de Birdie au sol de la sorte te retourne l’estomac. Tu sors de la voiture pour aller vers elle enfin. « It’s me. » Tu préviens pour ne pas qu’elle se prenne peur. Tu lui as envoyé des SMS au fur et à mesure de votre progression jusqu’ici. Tu la portes avec bien trop de facilité car tu sais à quoi t’attendre en matière de poids. « We should get her to the hospital. » Bien sûr que tu aurais dû t’attendre à ce que Maria propose cette nouvelle destination. Tu es en train de peser le pour et le contre alors que tu as Birdie dans tes bras, en route pour la déposer sur la banquette arrière.

« She’s just drunk. »
« Just? So you’re some kind of psychic now Dr Fisher? »

Maria takes no shit et t’as l’impression que tu ne vas pas avoir le choix, surtout que c’est elle qui conduit de toute façon et elle te fait peur faut avouer aussi.



(x) I didn't want to believe how much you needed help
And I just left you to be all by yourself
And now I wish I had seen that you weren't doing well
But I just came back to see how hard you fell

@Birdie Cadburry

Les turbulences ont été nombreuses. Tu as hésité, tu as regardé, observé de la distance que la nouvelle technologie offre aux yeux les plus curieux. Ton pouce a joué de son pouvoir de défilement, ton cœur battait jusqu'à tes tempes ; t'avais toute l'intention du monde de mettre de côté. Mais plus t'insistais, plus tu constatais l'effet inverse et totalement contre-productif de tes actions. Tu te pousses dans tes propres retranchements mais en vain ; comment tu peux continuer à penser que tout n'est que chimère alors que tu persistes à camoufler ton visage contre son vêtement? Il ne partait pas de chez toi, son sweat. Il était sagement dans ta chambre, il traînait ici et là, il t’attend sagement à chaque fois que tu rentres et si tu dis à chaque fois que tu vas le balancer quelque part pour ne plus le voir, tu n’arrives juste pas à te résoudre à le faire. Tu te sens stupide et tu t’énerves encore plus - contre toi-même à défaut de n’avoir personne d’autre sous la main. Mason risquerait de te faire chier plus que d’habitude - il a déjà particulièrement insupportable en voyant quelqu’un sortir de ta chambre, tu ne vas pas lui donner plus de grains à moudre.

Alors quand ta team à ABC t’a proposé de sortir après l’édition du soir, tu as évidemment accepté. Tu n’avais pas envie d’être seule, encore moins que d’habitude, parce que ton cerveau fonctionne toujours trop. C’est particulièrement frustrant de n’avoir aucune maîtrise sur ce membre quand il décide d’en faire qu’à sa tête - that’s hilarious (not). Simon, Sofia et Julia sont de bonne compagnie mais tu te laisses entraîner bien trop rapidement dans le test de différents cocktails aux noms variés et aux couleurs qui ne peuvent que te séduire. Ils sont jeunes, tu l’es aussi, alors pourquoi ne pas taper dans plusieurs bars jusqu’à en perdre la tête ?

L’idée te semblait bonne jusqu’à ce que tu perdes tout repère. Tu les as perdu en cours de route - ou c’est eux qui t’ont perdu, tu n’arrives plus trop à visualiser ce qu’il s’est passé. T’as juste conscience que t’as mal aux pieds car t’as toujours tes chaussures - tu les enlèves maladroitement avant de prendre ton téléphone. Tes paupières sont lourdes et pourtant, t’erres toujours sur tes jambes chancelantes, le regard absent coincé sur l’écran. Et là, tu t’en mordras sûrement les doigts. Tu n’as jamais tenu l’alcool. Tu ne bois pas souvent mais le peu de fois que tu le fais, c’est toujours dans les règles de l’art. Donc naturellement, tu vas lui envoyer des messages. A celui-là même qui te met en suspens depuis une semaine - ce n’est pas plutôt l’inverse ? Shhhoush. Heureusement que tu n’es pas assez folle ni perdue pour lui foutre sa femme décédée dans la tronche pendant la conversation ; rien que le sous entendu qu’il t’en fait te rend aussi triste qu’il le dit clairement. L’éthanol fait des merveilles - jusqu’à ce que tes pieds se prennent contre une butte que tu n’avais pas vu évidemment - “I think about you too” a happé toute l’attention dont t’es capable.

La tête se cogne joyeusement contre le bitume et tu rigoles stupidement avant de tâter pour ton cellulaire. Tu fais un effort pour la localisation et tout le bordel que Jordan te demande mais sans avoir la foi, l’envie, la force de le détester une fois de plus - I just want to see him. Pourtant, ça t’empêche pas d’avoir une seconde de crainte quand il te dit qu’il vient ; mais au final, tu restes prostrée contre le sol, les seuls mouvements que t’as pu faire t’ayant donné encore plus le tournis. Le choc, l’alcool, t’en sais rien, tu sais juste que t’es pas trop mal au sol et que regarder le ciel te rappelle ton enfance. T’ignores combien de temps il s’écoule, juste assez pour commencer à en avoir marre d’écrire sur ton clavier et sentir tes paupières s’affaisser. Ce qui tombe bien car un temps supplémentaire que t’ignores après « It’s me. » T’es pas chiante - pour une fois. Tu passes docilement tes bras autour de lui et tu laisses même ta tête se caler contre son épaule. “You smell good.” Tu chuchotes, les yeux fermés parce que comme ça, il est là sans être là et ce n’est pas plus mal, n’est-ce pas ? Seulement, y a une autre voix. Que tu ne connais pas. Ce qui te contrarie un peu. Et ça te contrarie encore plus quand t’entends le mot “hospital”. Là, tu geins légèrement tout en secouant la tête. “No no no, not the hospital, please. I’m fine.” Assez fine pour ne pas aller à l’hôpital. Personne ne veut aller à l’hôpital. “Please.” Tu vas la détester la voix inconnue si elle insiste. Alors tu comptes sur Jordan ; lui qui est là sans être là, la parfaite image de ton esprit, il devrait pouvoir jouer ton porte-parole, n’est-ce pas ?

“You smell good.” Ton coeur qui devient tout moue de l’entendre murmurer ça. Certains des mots qu’elle t’a écrit un poil plus tôt qui sont toujours en train de résonner dans ta boîte crânienne. Le moment aurait été mieux si elle n’était pas ivre, mais le moment n’aurait pas existé sans ce détail là. Heureusement t’as pas vraiment le temps de réfléchir plus et/ou de profiter de l’avoir contre toi parce que l’hypothèse de l’amener à l’hôpital se fait entendre. Tu réfutes en premier, mais c’est détourné bien trop facilement par une Maria qui se sent responsable de la vie de cette inconnue à ses yeux. “No no no, not the hospital, please. I’m fine.” Visiblement certains mots sont magiques pour la faire réagir.  “Please.”

« See. She’s not dying. »
« How do you know? Get in the car. »

Le ton de Maria est sans appel, elle est déjà en train de se positionner derrière le volant alors que tu installes Birdie derrière. « You seat in the back too Dr Fisher. If she’s sick, I don’t want anything anywhere but on you. Do you hear me? » Tu hoches la tête en allant passer de l’autre côté pour t’asseoir à côté de Birdie, te gardant bien de faire un quelconque commentaire. « Who is she this one? Does she have a name? Can she speak? » La voiture qui démarre au rythme de toutes ces questions. Maria l’a mauvaise mais tu sais que c’est parce qu’elle est inquiète et qu’elle veut faire les choses bien car c’est toujours ce que Maria fait. Combien de fois elle t’a repris sur des trucs que tu pensais injuste mais qui au final étaient effectivement pour ton bien. Tu aperçois les yeux de Maria dans le rétro, à la recherche de Birdie pour voir comment elle va.

« Did you take any drugs ? How did you end up here ? »
« She’s wasted. »

Que tu dis pour essayer de donner une esquive à Birdie. Tu ne sais pas si elle va être en mesure de répondre à toutes ces questions. Tu n’as rien dit de plus pour la destination et la vérité c’est que au fond, tu t’en moques. Birdie a l’air juste ivre et elle est à proximité plutôt que seule dans la rue. Maria peut bien vous amener où elle veut.

« See. She’s not dying. » Il essaie, Jordan. Il essaie vainement mais la voix inconnue a l’air tranchante. De ces voix qu’on ne veut pas contredire, qui ne laisseront pas le dernier mot et qui sont intransigeants comme jamais. C’est qui, cette voix ? Tu fronces le front entier car tu comprends qu’elle ne va pas se laisser attendrir ni par Jordan ni par toi. Dans la voiture, tu te prosterne dans ton coin contre la porte, le visage à moitié contre la vitre, les yeux qui souhaitent persister à essayer de regarder le paysage qui va défiler. Tu perturbes leurs plans, tu agaces la voix inconnue et déjà celle-là pose des questions, bien trop de questions ; ça te donnerait presque le tournis mais ce n’est rien comparé à la voiture qui s’éveille et aux roues qui se mettent en marche. Oh god. Tu pourrais comprendre ce que ça fait quand on devient une machine à questions ; t’es un peu frustrée d’avoir le cerveau trop lent, complètement dans les vapes et pas en place pour pouvoir lui dire fuck it. La voix inconnue commence à parler de drogues et là, tu réagis brièvement en levant le regard pour croiser celui de la dame dans son rétro.

« She’s wasted. »
“I don’t take drugs.”

Tu veux juste être clair là-dessus. D’accord, parfois, tu prends des champignons ou des buvards mais c’est de temps en temps. Tu ne serais clairement pas dans cet état si tu en avais pris ; tu serais encore pire que d’habitude. Tu décrètes que regarder le paysage dans ton état est une idée bien merdique ; observer l’inconnue est bien trop compliquée car il faut se tenir droite ; alors naturellement encore une fois, c’est vers Jordan que tu te tournes. Le sourire amusé - et abruti - au visage face à la connerie qui te vient à la tête ; “except if you become one.” Oh Birdie, tu frôles le danger, là. Cela ne t’empêche pas de glousser légèrement avant de grimacer, ta tête reposant sur le dossier alors que t’aurais bien aimé qu’il soit plus proche. A défaut qu’il soit assez près, tu glisses quand même ta main près de la sienne la plus proche, toujours cette moue suppliante au visage, les doigts qui chevauchent gentiment les siens. “I just wanna sleep.” in your arms would be better. L’inconnue n’a pas fini de pester contre toi. Surtout si tu continues à regarder Jordan comme ça.

Birdie n’est pas en train de se coller à toi dans la voiture et tu prends ça comme un signe qu’elle est vraiment cuite. Elle ne gère pas son corps comme elle le voudrait. Tu regardes vers elle entre deux coups d’oeil à Maria et ses questions. Tu te demandes vraiment comment vous en êtes arrivés là tous. Ca faisait bien longtemps que tu ne t’étais pas senti comme un gosse pris en faute alors que techniquement, t’as rien fait là. T’as juste des amis qui pensent à t’appeler toi quand ils sont ivres mort par terre dans la rue. “I don’t take drugs.” Birdie qui trouve quand même la faculté de la parole pour répondre à une des milles questions de Maria. Elle a l’air malgré tout d’avoir compris qu’on rigole pas avec Maria parce que Birdie n’a pas l’air de faire la folle. “except if you become one.” Ok tu retires ce que tu as pensé juste avant. Elle a quand même le chic pour dire certaines choses là alors qu’il vaudrait mieux attendre de ne pas avoir de public. Tu tournes la tête vers la blonde. Le sourire rempli de conneries sur ses lèvres t’arraches un sourire aussi.

« What was that ? »
« Nothing. »

Maria qui prétend ne pas avoir bien entendu. Encore en train de chercher le regard de Birdie dans le rétro pour ne trouver que son sourire ainsi que son rire. T’as pas mis longtemps à répondre de manière irréfléchie. Surtout que Birdie est en train de glisser sa main sur la tienne. Ca te brise le coeur qu’elle n’ose plus ce genre de chose avec toi si elle est sobre. “I just wanna sleep.” Ces mots qui font échos à certains que tu as dit lors de votre dernière rencontre il y a une semaine. « You and me both cariño. » Car Maria travaille demain matin. La soirée film ne devait pas avoir un Bird-twist.

Tu tournes doucement ta main pour prendre celle de Birdie complètement dans la tienne alors que tu continues de faire durer le silence dans la voiture. Maria a l’air concentré sur la route, ou peut être trop énervé et inquiète pour en dire plus. Elle serait effectivement déjà couchée si ce n’était pour Birdie. Tu sais pas si t’es rassuré que la maison de Maria se trouve dans le même quartier que le cimetière parce que autant c’était une bonne chose à l’allée, autant tu sais que maintenant, ça veut dire éventuellement, un retour chez elle. Birdie chez Maria n’est pas une chose que tu avais imaginé un jour. Tu sais qu’il y a une demi heure de route supplémentaire si tu proposes d’aller chez toi mais tu ne vas pas demander plus de service à Maria ce soir. She offered. Ouais parce que tu pétais un cable sur ton app et tous les Uber annulés de cette course de moins de 7 minutes.

« I thought all your friends were sober. » Voilà qu’elle reprend la parole, mais l’air moins énervée, ou peut être que c’est juste ton désir le plus profond. « Most of them. » Arrêté à un feu rouge, elle est encore en train de chercher Birdie du regard. « Next time can you get drunk in your living room like we all do? I really didn’t miss picking up children on the pavement. » Tu diras merci à Maria d'avoir fait le chauffeur plus tard parce que tu ne te sens pas de le faire là maintenant. Trop occupé à prier qu’elle arrive vite à sa destination avec le moins de phrases possibles qui sortent de ses lèvres. Parler est synonyme de relancer. Tu t’en gardes bien. Tu reconnais les rues et vous n’êtes plus très loin de chez Maria. Le trajet est peut être court mais il est trop long pour toi là. T’es déjà sur ton téléphone à regarder s’il y a des Ubers dans le coin pour retourner chez toi avec Birdie, ou chez elle. Mais comme les chauffeurs ont l’air d’être des batards ce soir, tu préfères mettre la plus longue course dans l’appareil afin qu’ils n’annulent pas. Du coup ce sera direction, chez toi.

« Nothing. » comme vous, Birdie ? Est ce que vous n'êtes rien de nouveau ou y a quelque chose en plus de différent? T'as pas trop les neurones placés pour savoir les tenants et aboutissants de ce qu'il se passe en ce moment. T'as juste conscience que le voir est la meilleure chose du monde dans ton état actuel et ça, c’est un signe qu’en temps “normal”, t’aurais décrété vouloir fermer les yeux dessus. Pourtant, si vous avez réussi à enchaîner les semaines sans vous voir, il est clair que cette dernière semaine a été la plus longue de ton existence - t’exagères à peine. L'avantage de toute la situation est que tu te retrouves presque obligé de ne le regarder que lui. Il est la stabilité même, peut être même un peu trop mais t'apprécies qu'il ne défile pas comme le paysage en fond derrière lui.

Il tourne même sa main pour enlacer vos doigts et t'es au stade où ce simple geste réussit à te couper le souffle - mais pas trop quand même car la respiration est nécessaire quand on a déjà le cerveau qui vrille. La dame à l'avant parle de nouveau, t'as l'air de vaguement comprendre qu'elle parle d'amis et de children ; ça te fait glousser de nouveau avant de te pencher vers Jordan. "She pissed at me you think?" Tu prends cette information bien trop légèrement, Birdie. Si tu savais qui s'était, sûrement que ton comportement serait un peu différent. T'aurais presque essayé de faire bonne figure - pour te faire accepter des proches de Jordan? Inutile de dénier que oui. T'essaies même de faire en sorte que Rosa t'apprécie de là où elle est mais t'es persuadée qu'elle te déteste. C'est sûrement à cause d'elle que t'es tombée. Après tout, tu n'étais pas loin du cimetière. Cela ne serait pas surprenant.

Comme si c’est de ta faute que son bien vivant de mari est développé des… choses pour toi. Tu n'as rien demandé. Tu ne l'avais pas envisagé. Tu l'as encore moins vu venir. T'as beau prétendre que c'est à sens unique, les mots qu'il a prononcés ont résonné en toi ces derniers jours. Et c'est encore plus compliqué quand tu lui envoies des messages sans aucune pensée cohérente et qu'il a l'air d'être la foutue huitième merveille du monde au vu du regard que tu ne quittes pas de sa forme. Tu t'empêches de dormir comme de ne pas penser à tes intestins qui te maudissent. Alors tu te concentres sur vos doigts joints, sur le mouvement naturel de ton pouce contre le dos de sa main, sur l'éloignement entre vous qui devient bien trop insupportable - et sur tous les sens possibles. "No hospital, Lady of the car, righty?" Que tu demanderais presque poliment en tournant la tête vers le rétro. N'ayant aucune notion de l'endroit où vous êtes, tu te fiches de la destination tant que tu n'atterris pas dans une chambre trop blanche et terne. As long as he's here. Oui, ça aussi. L'alcool te rend bien trop sentimental. C'est terrifiant.

« She pissed at me you think?  »
« At us. »

Car c’est la vérité. Tu aurais pu esquiver le mot et juste la jouer tease en lui disant que oui, Maria est pissed at her. Mais la vérité c’est que sans toi au milieu, y’aurait pas eu tout ça. C’est l’addition d’elle et toi qui rend tout ça possible. « Ten points for Dr Fisher. » Quelle annonce tel Dumbledore dans le corps d’une Latina de cinquante et quelques années qui fait beaucoup moins que son âge. Tu tournes les yeux vers Birdie pour essayer de lui parler au travers du regard. She can hear everything. Careful what you say.

« No hospital, Lady of the car, righty?  » Oh my god. Tu poses ta main libre sur tes yeux pour te cacher. Si tu ne veux pas provoquer Maria, Birdie n’y voit aucun problème malgré ton avertissement précédent. Comme si l’oiseau était en état de lire dans tes yeux. Maria fini de se garer devant sa maison. « I’ve decided that you are his responsibility, and not mine. » Elle sort de la voiture après avoir mis le frein à main et éteint les lumières. Elle est déjà en train d’ouvrir la porte de la voiture de Birdie. Tu sais qu’elle s’inquiète pour l’état de ses sièges et que ce serait vraiment pas de chance si Birdie rend son estomac alors que vous êtes arrivés. Tu lâches la main de la blonde pour sortir de la voiture. Tu t’approches de l’autre côté où se trouve Maria qui attend de pied ferme à ce que Birdie sorte de là mais sans rien y faire en même temps. Tu lui files un coup de main à l'ivrogne de la soirée pour que ce soit plus efficace. « I’ve booked an Uber. » Tu parles à Birdie ? A Maria ? « Should be here in about five minutes. » Tu cales Birdie contre la voiture. Tu fermes la porte ensuite. Tu te tournes vers Maria. « Thank you. » Elle s’approche de toi et lève haut la main pour aller te mettre une petite claque sur la joue qui se termine en douce caresse. « You call me if you need anything. » Tu hoches la tête et la main de Maria qui passe de ta joue à ton torse qu’elle tapote doucement.

« I see you on saturday. Don’t forget Linda’s notebook. She keeps asking-»
« I know, I’ve set a reminder. »
« Okay. »

Sa main qui est maintenant sur ton bras quelle caresse avec tendresse. « Don’t do anything I wouldn’t do. » Tu hoches la tête et t’as conscience que Maria n’a pas l’air de vouloir te laisser. Tu étais prévu d’être avec elle toute la soirée - et la nuit, puisque tu préfères repartir au petit matin en transports. Les plans ont bien changé.

« Good night. »
« Good night. Thank you. »

Et elle file à l’intérieur de sa propriété alors que tu rabaisses aussitôt les yeux vers ton téléphone pour voir dans combien de temps le Uber arrive.

Win : Il arrive dans 3min
So close : Le temps est passé à 8min.
Fail : 17 minutes

« At us. » us us us us… tout de suite les grands mots. N'y vois pas là comme un signe de l'univers. Non absolument pas. Pourtant ça te rappelle vaguement ce qu'il a pu te dire, quelques jours en arrière. Oh non que tu ne les as pas oublié. Faut espérer qu'il ne pense pas que t'es dans cet état à cause de lui ; parce que c’est faux. Est ce que c'est si faux que ça? L'existence est bien trop compliquée, ton esprit encore plus et les pinceaux s'emmêlent en même temps que les fils et ça commence à être le bordel le plus monstrueux que t'es pu avoir dernièrement. Pourtant, t'as connu la tourmente. Il y a eu des moments de déchirements et aussi d'angoisse. Celui-là est différent. La madame parle mais Jordan ne renchérit pas. Pour le peu que tu peux observer au milieu des vapes abrutissantes de l'alcool, il a l'air complètement… tu ne peux pas dire silencieux car il n'est pas un grand bavard de base ; tu ne peux pas dire sage car même s'il t'a déjà prouvé qu'il est loin d'être un saint, he's not a bad guy ; non, tu ne trouves pas les mots. Mais c’est comme s’il avait l’air d’un gosse. D’autant que t’as l’air de l’exaspérer vu qu’il se cache les yeux et t’as déjà oublié ce que t’as dit pour qu’il réagisse comme ça. Y a juste son contact qui compte ; et pour une fois, tu assumes d’être niaise à ce stade.

C’est pour ça que tu grommelles quand il te lâche, qu’il s’éloigne et que c’est à la place une petite bonne femme qui vient t’ouvrir la porte de la voiture pour te faire comprendre de sortir tes fesses de là. Les ondes ne sont franchement pas très bonnes et tu comprends pourquoi Jordan a l’air aussi petit qu’un gosse ; la dame a cet air au visage qui ne laisse vraiment aucune place à la protestation ou la justification. Donc quand il t’aide à sortir et te cale contre la voiture, tu laisses faire. Tu ne dis rien quand tu la vois taper sur la joue de Jordan, tu te mords seulement la lèvre tout en baissant la tête ; ressentirais-tu de la culpabilité, Cadburry ? Maybe. Les deux parlent mais tu ne suis rien. Tu veux savoir qui est cette dame. Tu veux savoir ce que vous faites encore dehors. Tu penses à ta tête qui te lance, à tes jambes qui manquent véritablement de solidité et surtout à tes yeux qui souhaitent simplement en finir avec leur journée. Damn, tu ne vas même pas pouvoir te rappeler quels cocktails tu as aimé.

Quand tu relèves la tête, c’est sous le coup d’une porte qu’on claque ; non, Jordan est toujours là. C’est la petite dame qui est partie, vous laissant tous les deux seuls. Lui a son nez sur son téléphone, à deux pas de toi et pourtant, il a l’air si distant. Même si t’es enivrée, t’as conscience des changements qu’il y a eu entre vous ; à changer par ton propre comportement. Jusqu’à maintenant, c’était naturel. Là, chaque geste a l’air compliqué. Calculé d’avance. Sûrement parce que tu t’es pris un mur de briques dans la figure et que t’as réalisé qu’il y avait finalement quelque chose à gratter que t’as voulu ignorer. Il a été celui qui est venu foutre son poing là-dedans et voilà le résultat ; t’hésites presque, t’oses pas, tu regardes la route vide devant vous et “we going home ?” sortant faiblement de tes lèvres. Home. T’espères toujours pas que la destination finale sera l’hôpital. Mais sans la petite dame, les chances s’amenuisent. Une éternité se dévoile avant que tu finisses par tendre ta main pour la poser sur son bras ; attirer son attention comme tu le fais depuis le début de la soirée. Selfish bitch. Tu réfléchiras aux conséquences de tes actes demain. Ce soir, cette nuit, tu veux juste qu’il te regarde. Qu’il t’offre ses bras. Please.

Tu soupires de voir que l’uber est passé de cinq à 8 minutes. Ça sent pas bon pour la suite. T’as pas l’air d’avoir de chance avec les Ubers ce soir. T’es déjà en train de chercher une autre app ou un numéro de taxi qui serait sauvegardé dans ton répertoire. Tu cherches à peu près tout pour t’occuper la tête et les mains. “we going home ?” Si t’étais pas encore totalement attendri par certains messages qu’elle t’a envoyé plus tôt, tu aurais ris nerveusement. Ces messages t’ont mis un peu plus dans la tête de Birdie et tout ce qu’elle est en train de traiter depuis ces dernières semaines. Elle pose sa main sur ton bras. Ca n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne fasse le contact entre vous. Elle a été rapide. She’s not scared. Hmmm. Tu retournes sur Uber pour voir le temps qui recommence à diminuer du coup tu vas attendre avant de véritablement chercher une alternative.

« I’ve put my address in it but we can put yours if you prefer. » Tu tournes la tête vers elle. Tu retiens un soupire. What am I gonna do with you Birdie Cadburry? Un nouveau coup d’oeil sur ton téléphone. Le temps qui diminue toujours. Tu sais pas quoi dire ou faire. Elle est ivre et de ce fait tu supposes que rien de ce que tu peux dire ne serve à quoi que ce soit. Elle te l’a déjà démontré dans la voiture. Nouveau coup d’oeil vers elle. Nouvel réminiscence de ses messages.« Come here… » Que tu dis en enlevant sa main de ton bras mais seulement parce que t’es en train de le glisser autour de ses épaules pour la rapprocher de toi. Elle va pas bien et tu détestes penser que c’est sûrement en parti de ta faute. Elle a voulu ton attention, elle l’a eu, elle a même eu une partie de ta soirée et toute ta nuit. Ce n’était pas ça le plan mais tu le changes sans réellement y penser parce que c’est ce qui est juste de faire à ton avis. C’est naturel. Tu ne laisserais jamais un ami en galère qui t’a contacté. Tu embrasses le dessus de sa tête en frottant son épaule doucement.

« I’ve put my address in it but we can put yours if you prefer. » Tu hoches la tête, absente dans les propos, juste attentionnée dans les gestes. Il a l’air de rester dans ses retranchements, d’hésiter entre son téléphone qu’il regarde avec un intérêt certain, bien plus que toi qu’il observe en enchaînant les soupirs. Tu l’agaces, tu le perturbes, tu le déranges et ça te fouette toujours un peu plus de le remarquer. Que ça te touche, encore plus sensiblement là. Pour un cerveau envahi d’éthanol, il est clair qu’il fonctionne un peu trop bien à ton goût. Il ne s’arrête donc jamais, cet organe de fonctionner et te laisser respirer ? Toi qui est la reine de la spontanéité et de l’improvisation, t’es loin de l’être, là. « Come here… » Les yeux brillants le regardent comme si tu ne t’y attendais pas - absolument plus rien n’est attendu, de toute façon, c’est les montagnes russes depuis quelques temps déjà, il faudrait juste savoir si vous avez la tête en bas, en plein looping, encore sur la montée ou en pleine descente. En tout cas, qu’importe où vous êtes sur l’attraction qu’est votre relation, ton propre wagon qu’est ton petit corps se plaque docilement contre celui de Jordan - comme si t’allais opposer une quelconque résistance.

La tête collée contre son torse, tu te permets de fermer les yeux car t’es à peu près certaine que rien ne peut t’arriver. De toute façon, le plus grand danger est en ce moment même en train de tenir dans ses bras, donc à partir de là, tout le reste n’est que des détails futiles et sans importance. “I don’t care ‘slong you here.” Parce que shit tu reconnais son odeur pour s’en être enivrée pendant des jours, celle-là même que t’as l’impression de perdre déjà, autant que la fraîcheur de son absence que tu n’arrives pas encore à assimiler. Est-ce que ça ne commence pas à faire une pile de trucs, de choses et de machins qui prouveraient le point qu’il t’a balancé à la figure ? Tes bras glissent autour de sa taille et tu soupires légèrement ; Jordan t’a vu dans mille états misérables, ça ne sera qu’un de plus à rajouter dans cette macabre liste. Combien de temps à attendre avant qu’il décrète qu’il n’en peut plus, surtout si tu n’es pas foutue de lui parler normalement quand t’es sobre ? “You scary but comfy.” Voilà qui résume plutôt bien la situation. Tu lèves tes yeux vers lui, si grand, trop grand. “Sorry I ruin you’ night with little lady.” Parce que t’es quasiment sûre que rentrer chez lui n’était pas dans le plan initial et que t’as tout ruiné. Comme toujours. On ne change pas une équipe qui gagne, il faut croire. T’as quand même la décence de ne même pas faire preuve de curiosité sur son identité. T’essaieras de t’en rappeler demain. Même si dans ton état, demain te semble très loin.

T’as pas une vraie réponse à ta question et tu ne changes donc pas l’adresse dans l’app. Tu n’as pas envie que ça foire ta course à tout jamais. Tu aurais bien envie de bouger de devant chez ta belle mère. T’es presque sûr qu’elle est en train de jeter des coups d’oeil par la fenêtre de l’étage duquel elle a une belle vue sur l’avant de sa maison. Ca ne t’empêche pas de prendre Birdie contre toi en toute connaissance de cause. Surtout que voilà le regard qu’elle te donne à ce moment là. Come on Birdie, I’m still the same me. Celui qui la prend dans ses bras de manière bien trop mécanique, naturelle. Encore plus quand elle ne va pas bien. Except that other day. Oui bon. C’était exceptionnel et ce n’était pas l’envie qui te manquait. D’où le hoodie que tu lui as laissé. “I don’t care ‘slong you here.” Oui il n’y a aucun scoop dans cette affirmation parce que tu avais déjà planifié la suite de cette manière là. Vous allez passer la nuit ensemble. Est-ce que c’est parce que tu veux pas la laisser seule dans cet état ou parce que tu veux dormir en la tenant contre toi parce qu’elle t’a manqué ? All of the above.

Vous avancez clairement dans l’obscurité la plus totale tous les deux. Tu as aucune idée de comment le lendemain va se passer sachant les nouvelles informations qu’elle t’a donné au travers de ces messages. “You scary but comfy.” I’m not scary. Tu vas seulement maintenant glisser ton deuxième bras autour d’elle tout en nichant ton nez dans ses cheveux au dessus de sa tête. Tu relèves la tête quand tu la sens bouger pour te regarder. Tes yeux dans les siens. “Sorry I ruin you’ night with little lady.” Little lady. Cette appellation te fait sourire. Tu restes quand même surpris qu’elle s’excuse. « I’m sure she enjoyed it deep down. » Parce que ça sort de la routine habituelle et que ça en fera un bon sujet de conversation à son travail demain. Une voiture se fait entendre dans la rue résidentielle et tu détaches un bras pour regarder ton téléphone.« Uber is here. »

Une fois dans la voiture tu regardes les rues défiler gardant Birdie contre toi. Tu ne serais pas surpris qu’elle s’endorme. T’es dans tes pensées, ayant absolument aucune idée de rien du tout à propos de Birdie et toi. Le chauffeur a une radio plutôt bien sélectionné car y’a déjà eu deux chansons que tu apprécies les unes à la suite de l’autre. Le volume est bas, ce qui est en accord avec l’heure tardive et puis…

Talking in my sleep at night, making myself crazy…

C’est New Rules de Dua Lipa qui commence et ça te fait sourire bien trop largement avant même que tu les entendes parce que bien évidemment, tu les connais par coeur.

One: Don't pick up the phone - Oops.
You know he's only callin' 'cause he's drunk and alone - Oops.
Two: Don't let him in - Re Oops.
You have to kick him out again - Hmm.
Three: Don't be his friend - Oooooooops.
You know you're gonna wake up in his bed in the mornin’ - Guilty.

And if you're under him, you ain't gettin' over him. Et là est bien la différence avec la situation de Dua. Tu n’as pas émit l’éventualité de passer à autre chose. Ça a beau être fucked up, c’est la première fois depuis une dizaine d’années, que ton crush est réciproque et que l'autre moitié est toujours dans ls parages après autant de mois. Sauf que la dynamique est totalement différentes car c’est Birdie qui a cinq tonnes de bagages cette fois. T’en as rien à faire parce que tu aimes juste te rendre compte que yep, tu peux encore rencontrer des gens avec qui tu vas vivre des trucs forts de cette façon là, même si ce n’est pas Rosa. Tu baisses les yeux vers son visage pour voir si elle dort… If her eyes are open, I kiss her.

Oh that’s good. D’avoir son deuxième bras qui rejoint le premier, te laissant la superbe opportunité de te camoufler du monde entier contre lui. Ce qui est très ironique quand on sait qu’il est l’être vivant que tu souhaites le plus évité en ce moment - l’éviter en le collant, en l’appelant, en le cherchant, autant dire que c’est une bien drôle de tentative et que t’échoues lamentablement. On portera l’excuse sur les liqueurs que t’as bu et qui t’ont rendu inerte le palais, la langue et la gorge ; heureusement que ton odorat fonctionne car tu aurais été profondément triste de ne pas pouvoir profiter de son parfum. « I’m sure she enjoyed it deep down. » Voilà de nouveau l’incompréhension qui se montre sur tes traits, les rides qui s’y creusent sous l’impulsion du froncement des sourcils. “You think?” T’ignorais que venir en plein milieu de la nuit récupérer une inconnue qui a un peu trop profité de sa soirée peut être quelque chose qu’on peut apprécier. Mais tu n’es personne pour juger ; si la petite dame ne t’en veux pas trop, t’auras l’impression d’avoir eu une petite victoire. Même si tu ne sais pas trop pourquoi - mais si Jordan était avec elle, c’est qu’il y avait une raison. Outre que l’habituelle, you know.

« Uber is here. » Ce n’est pas la première fois qu’il y a une voiture pour vous rouler à travers la ville. Mais c’est bien la première fois où t’es aussi morte qu’épuisée. Et là, contrairement à la voiture d’avant, tu n’hésites pas à rester coller à Jordan. S’il ne fait aucun signe de se détacher, ce n’est pas toi qui le fera. Pas dans cet état, pas quand t’es juste en manque, que t’es le pire des poisons que le ciel n’est jamais vu et que t’es incroyablement faible. De plus en plus le concernant, encore pire avec ta version alcoolisée. Les jambes relevées contre lui, la tête lovée sur son épaule, la main a trouvé le chemin de la sienne, tes yeux se sont naturellement clôturés parce que sa respiration est plus douce qu’une berceuse. Tu ne peux pas lutter contre la fatigue, t’en oublie la douleur qui persistait encore sur ton crâne, sûrement bien trop distraite par les songes qui te happent. Pourtant, ce n’est pas le moment. Parce que le trajet est bientôt fini, qu’il va falloir bouger de nouveau, une dernière fois. Jusqu’à chez lui, ce qui est largement plus réconfortant que chez Mason. Alors tu fourres un peu mieux ton nez contre son torse. Aucune pensée ne venant te perturber parce qu’il se suffit à lui-même en guise de parasite humain. Oh damn que c’était vraiment pas prévu, tout ça.

“You think?” Tu hoches la tête parce que tu connais très bien Maria et même si elle avait toutes les raisons du monde d’être en colère pour cette soirée, tu sais qu’une partie d’elle sera content que tout le monde est sain et sauf.

Dans le Uber, tu profites de la musique qui passe et poussé par les vibes de Dua Lipa, tu baisses les yeux vers Birdie. Elle dort. It’s fine. T’es content qu’elle se repose. Qu’elle ait moins d’occasion de parler aussi. Tu sais l’alcool qui coule dans ses veines. Tu sais aussi que c’est sa façon d’avoir le courage d’interagir avec toi. This is mad. Parce que tu réalises à quel point elle a dû mal avec la situation parce que tu es toujours toi.

La voiture s’arrête devant chez toi. « Thanks. » Que tu dis au chauffeur alors que tu sors de la voiture après t’être doucement détaché de Birdie qui dort mais que tu vas réveiller si elle ne le fait pas seule. Tu vas ouvrir son côté de la voiture avant de te pencher vers elle. « Hey… » Tu vas déposer un baiser sur ses lèvres parce que bordel de dieu t’avais trop envie depuis que tu t’étais mis dans la tête de le faire sur le trajet. Tu juges que c’est la meilleure technique pour la réveiller de manière efficace bien que tu soupçonnes qu’elle ne dormait déjà plus vraiment car elle n’est pas dans la même position que juste avant. Tu déposes un deuxième baiser, ta main sur sa joue avant de murmurer sur ses lèvres. « Come on, jump on my back. »

C’est avec l’oiseau sur le dos que tu entres chez toi, arrivant avec aisance à sortir tes clés, fermer derrière toi et ensuite monter directement à l’étage pour te rendre - dans le noir parce que tu connais ta maison par coeur - jusqu’à ta chambre. Tu la poses doucement sur ton lit, puis va allumer les lumières de chevet histoire de ne pas avoir une trop grande lumière qui agresse.

Y a pas besoin d'un tremblement de terre pour que tu réalises qu'on te bouscule. Ou plutôt, qu'on vient perturber ton sommeil qui commençait pourtant à t'embarquer tranquillement vers un autre monde. Celui des songes, celui où tu aurais plus de courage pour affronter la réalité sans passer par la case "déchet de l'humanité". Celui des rêves, où tu serais une version de toi meilleure que la réalité, naturellement, où tes défauts pourraient être une force et non destructeurs. C'est donc juste parce que Jordan bouge que tu émets un léger mouvement de protestation, bougeant toi-même pour mieux te caler, même si sans lui, c'est plus compliqué. Mais y a encore une valse de portières qui vient percer tes tympans et tu commences à en avoir marre que les bruits résonnent comme des tambours stridents dans ta boîte crânienne - that's on you, darling. « Hey… » Soft, si soft, tellement soft que t'aurais pu croire que t'étais toujours en train de dormir. Mais Jordan te rappelle à la réalité de la plus délicieuse des façons, même si ses lèvres ne restent pas assez longtemps sur les tiennes et que tu tentes de suivre le mouvement de son recul - ce qui est peine perdue car t'es aussi molle qu'un chiffon. Mais il est si tendre, si adorable, à t'embrasser de nouveau et caresser ta joue ; je t'ai encore manqué, Jordan? « Come on, jump on my back. » Chevalier servant par-dessus le marché. Heureusement qu’il te fait bouger parce que t’es à peu près persuadée que t’aurais pu fondre comme une guimauve près d’un feu.

Au delà du fait que tu te forces - on imagine très bien à quel point c’est un calvaire - à garder ton visage dans ses cheveux, le trajet sur le dos de Jordan a le mérite de te bercer encore un peu plus. T’essaies pourtant de te tenir curieuse de ce qu’il fait, comme si tu t’attends à un plotwist d’un moment ou un autre, mais c’est bien sur son lit, dans sa chambre, que t’atterrit. La lumière pourrait être l’excuse parfaite pour justifier ton museau qui vient se camoufler contre ses oreillers mais comment tu expliques tes jambes qui s’enroulent autour de son drap ? “Jor- dan. Don’t let me alone ?” Parce que même dans cet état - surtout dans cet état à vrai dire - t’es terrifiée par la solitude. L’idée te perturbe à tel point que t’enfouis ton visage un peu plus contre son oreiller ; tu sens les yeux te piquer, bien perturbée par cette situation dans laquelle tu t’es toi-même mise, dois-je te rappeler. “I missed you. Still missing you. I- I do not get it.” Pourquoi ça te semble être le meilleur endroit du monde, même avec tes yeux clos, même avec les yeux qui continuent à piquer car l’eau en ressort sans que tu puisses les contrôler. You do get it parce que tu n’es pas une totale idiote. Mais pour quelqu’un qui a la phobie de la noyade, tu préfères quand même te laisser noyer dans le désarroi que de te laisser porter par quelque chose qui pourrait être beau. Simplement parce que t’as peur. De te ruiner, de le ruiner, de ruiner absolument tout - but… isn’t it what you’re doing already ? “I can’t- don’t want let you go.” Même avec toute la volonté du monde. Esprit de contradiction ou tout simplement parce que tu ressens et qu’il n’y a aucune honte à ça, Birdie. Encore faudrait-il le montrer correctement. L’excuse de l’alcool ne durera pas éternellement.