« Adventurous ? There’s lots of giant spiders there? » T’éclates de rire parce que ça fonctionne à chaque fois. “Yeah, big scary spiders and my biggest sister is their queen.” que tu dis sans détour, le ton plus qu’amusé ; bien sûr que tu aimes ta soeur mais elle est terrifiante, d’accord, aussi terrifiante que la plus impressionnante des araignées géantes et t’es à peu près certaine que Jordan en serait terrifié aussi. Peut-être pas pour les mêmes raisons, ceci étant dit. “We even have glittering spiders and werewolves. It’s a very special place.” Tu continues dans ton absurdité incroyable mais le fond est bien là ; c’est un endroit spécial à tes yeux, le seul qui ait de la valeur et certainement la raison même qui fait que tu n’arrives pas à avoir un chez toi à Brisbane, au-delà du fait de détester la solitude. C’est Elimbah qui reste ancré en toi, aussi simplement que cela. Tu te moques ceci dit gentiment de sa question parce que c’est légitime, qu’y en a d’autres avant qui ont posé la même question mais que cette fois, tu promets doucement “I’ll be here to protect you, don’t worry.” T’espères juste qu’il ne va pas commencer à angoisser de l’intérieur ou quelque chose comme ça ; il n’y a rien à craindre, vraiment.

« Ok let’s go see how big the bath tub is. » T’aimes bien l’idée. Ca compense un peu celle qu’il faut se lever et se détacher de lui. C’mon girl. Il faut croire que ses bras sont la seule cage que t’acceptes d’avoir. Ow. D’où la grimace que tu fais quand tu commences à te relever - en tout cas, essayer car Jordan a beau être fin, il reste grand et imposant, d’accord. “If you can’t stretch your legs out completely, you will have to ask for a refund. Or at least a compensation.” Parce qu’il est clair que pour toi, ça sera assez toujours assez grand. Mais pour lui et sa taille indécente, il est certain que c’est une autre histoire. Tu gigotes pour te détacher de son étreinte pourtant ô combien agréable et, shit, t’as clairement un peu plus froid quand tu finis par te relever. Pour mieux te baisser et attraper ses lippes - okay, take your time. “If you search for me, I’ll be the queen on her throne. Waiting for yooou.” Oh Birdie. Ta connerie te tuera un jour. Cela ne t’empêche pas d’en rire avant de sortir du lit pour filer dans la salle de bain. Dame nature first, fun then.

Ok elle se marre très fort et tu captes qu’elle se fou de ta gueule big time. “Yeah, big scary spiders and my biggest sister is their queen.” Du coup tu prends soin de ne rien croire à la suite de ses mots, même si la partie biggest sister se note bien dans ta tête. She has at least two. Tu ne sais rien sur la famille de Birdie, car t’as jamais demandé. Mais voilà qu’elle donne doucement des informations, beaucoup d’informations. Il est loin le temps où tu étais le seul à donner. Le seul à esquiver car elle en demande, elle en veut, mais elle donnait rien. “We even have glittering spiders and werewolves. It’s a very special place.” « I can see that. » Ok elle confirme qu’elle dit vraiment n’importe quoi et ton sourire rejoint le sien. “I’ll be here to protect you, don’t worry.” My… Ca, tu ne t’y attendais pas le moins du monde et ça te touche bien plus que tu n’aurais pu l’imaginer. Tu niches ton visage un peu plus dans son cou. Ton coeur est gonflé de bien trop d’amour… Damn.

Tu n’aurais pas rompu votre étreinte si ça tenait qu’à toi mais puisqu’elle doit aller dans la salle de bain, tu te joins au fun sans honte aucune. “If you can’t stretch your legs out completely, you will have to ask for a refund. Or at least a compensation.” Ca t’étonne tellement pas qu’elle soit le genre de clients relou comme ça. Ca te fait beaucoup sourire en tout cas. « Sure. » Tu n’en feras rien, elle le sait. Tu vis pour ne déranger personne, même quand tu paies pour un service. De plus tu n’as jamais demandé une taille précise pour la salle de bain. T’es content qu’ils en aient eu une disponible last minute. Voilà qu’elle se libère de toi. Te retrouvant sur le dos tes yeux fermés parce que t’étais dans l’obscurité de son cou jusque là. Elle vient t’embrasser et le sourire qui se forme sur ton visage est automatique. She is so into me. Tu réalises encore Jordan? Leave me alone.  “If you search for me, I’ll be the queen on her throne. Waiting for yooou.” Tu ouvres doucement les yeux alors qu’elle est déjà en train de filer dans la salle de bain. Tu perds pas de temps pour te lever et la suivre parce que why not? Toi aussi t’es hooked Jordan. Leave me alone.

T’as fait couler le bain en inspectant les produits à disposition et les différentes options aussi car il fait jacuzzi apparemment. L’hôtel est loin d’être de la merde, ça te plaît autant de luxe. C’est pas souvent. Tu ressors de la pièce. Pas le moins du monde dérangé que Birdie soit sur le trône en même temps que tes allés venu. Tu fais ta vie, elle fait la sienne. Tu vas vérifier quelque chose avec la télé… Qui fonctionne. T’as casté ton spotify de ton téléphone sur l'écran de la chambre. Tu lèves le son avec la télécommande avant de rejoindre Birdie, laissant la porte de la salle de bain ouverte, histoire d’entendre la musique. C’est le but quand même.

T’as mis une playlist automatique de Spotify lié à Halsey. Comme ça tu sais pas sur quoi vous allez tomber et en plus y’a beaucoup de chansons de Halsey au milieu. Ca réduira les chances que tu chantes trop. Ca commence par 3am et t’es déjà en train de faire du playback sur toute la chanson que tu connais plus que par coeur. Tu t’installes dans la baignoire, ayant un peu l’impression que c’est le paradis là. Y’a tout qui va, même la musique de fond. « I need it digital cos baby when it’s physical I end up alone… » Cette phrase ci que tu laisses sortir de tes lèvres réellement. T’aimes tellement Halsey et ses chansons que c’était déjà physiquement dur de ne pas chanter à voix haute depuis que la chanson a commencé. Tu as fait y’a un mois de ça un nouveau tatouage sur ton corps, sur l’arrière de ton mollet. T’as pas été de main morte parce qu’il s’agit carrément du visage de Halsey avec le titre d’une de ses chanson inscrit. Ton ami est bien trop doué dans son art, t’es super fier de cette pièce sur ton corps.

« I can see that. » Le monde entier mériterait de connaître Elimbah - non, vraiment pas, c’est ton refuge, tu détesterais que les gens viennent s’agglutiner sur ton territoire. Tu aimes les gens - certains - mais il est clair qu’ils sont bien mieux dans les grandes villes pour y faire leurs conneries, toi la première. Mais la voix tranquille de Jordan t’indique qu’il sait que tu te fous de lui ; tu ne le caches pas non plus, il faut dire. T’aimes beaucoup trop faire croire que c’est l’endroit le plus effrayant du monde alors qu’à tes yeux, c’est le plus merveilleux. T’es sérieuse dans ta proposition, ceci dit ; tu l’es toujours. Tu n’invites pas non plus la terre entière à venir voir ta chambre de gamine qui a évolué au fil du temps mais qui reste à ton image, de ton empreinte. Il pourra contempler à quel point t’as toujours été comme ça, que ton espace chez Mason n’est qu’un aperçu. Un peu comme ton être entier qui est un iceberg à lui tout seul et dont Jordan a l’air d’en découvrir le dessous - en même temps que toi, visiblement, car tu te prends au jeu si facilement, un jeu qui ne l’est plus vraiment. Pour une fois, au lieu de t’en effrayer, tu t’y confortes très bien. What a plotwist. La bulle est bien trop confortable, il faut dire. « Sure. » Mais il le fera pas, n’est-ce pas ? Tu seras la chieuse du duo, il faut croire ; mais bon, t’iras pas non plus créer des problèmes si ça lui retombe sur les épaules somehow. Tu t’es promise de ne pas être une saloperie qui se fout des conséquences, pour une fois.

Quand tu te laves les mains - ce qui est sûrement ridicule vu que tu vas enchaîner avec un bain mais qui a dit qu’on devait salir l’eau, mmh ? - y a déjà de la musique qui vient de l’autre côté, ce qui ne surprend pas non plus. T'observe via le miroir en face de toi Jordan se prélassant dans l’eau et tu souris à l’image détendue qu’il t’offre à ce moment-là. « I need it digital cos baby when it’s physical I end up alone… » T’as l’impression que c’est sa façon de faire passer des messages ; après tout, il te l’a prouvé dans le passé que les paroles sont une seconde expression pour lui. Alors maintenant, t’es presque forcée d’écouter ce que la playlist passe alors que tu viens t’incruster dans l’eau à ton tour. “I can make you feel physically less alone, you know.” que tu dis avec ce sourire de coin. En face de lui pour l’instant car tu comptes bien profiter de ces foutus jets qui te font échapper un léger grogneemnt de contentement quand ton dos rentre à leur contact. “Okay, that feels good. I hate growing up.” Oh drama. C’est dans ces moments-là que tu te rappelles presque ton âge et que t’es définitivement pas faite pour apprécier le chiffre associé. Tu te laisses aller un peu plus avant de te décider de passer brièvement la tête sous l’eau - good - en espérant ne vraiment rien perdre de ce qu’y a toujours sur ta tête.

Why do I sabotage everything I love?
It's always beautiful until I fuck it up
Why do I sabotage everything I love?
The walls are closing in because I built them up

Okay. T’essaie de ne pas y voir grand chose, là, mais… Mais tu ne peux pas empêcher ton cœur de se serrer. Tu ne connaissais pas cette chanson mais autant dire que la rencontre est assez foudroyante. Tu serres les lèvres, tes yeux contre le torse de Jordan, ses tatouages étant plus intéressants que son regard - it hits close to home. Pourquoi y a toujours la sensation qu’il y a toujours une musique pour chaque situation ? T’as envie de te faire toute petite, minuscule dans l’eau ; perdue dans les pensées et la chanson, tu remarques même pas l’eau sur tes joues - ce n’est pas énorme, c’est juste trois gouttes, mais ça te parle tellement, surtout maintenant. T’as envie de demander le titre mais t’arrives pas à parler. Une de tes mains vient se poser sur une cheville de Jordan proche de toi, instinctivement, alors que tu te décides à lever tes prunelles contre lui. Listen, this is me.

“I can make you feel physically less alone, you know.” Elle te fait rire avec cette remarque après la ligne que tu as chanté. Tu l’observes s’installer dans le bain avec toi. « You already do. » Parce que c’est loin d’être digital entre vous deux. T’as un très grand sourire sur ton visage alors que tu la mates installée en face de toi dans cette baignoire qui a une taille correct. Ca reste pas assez grand pour toi mais tu es vraiment très grand. Ton corps te fait chier vraiment tout le temps mais t’es habitué depuis. Tu le blâmes régulièrement pour qu’il en prenne pour son grade qu’il mérite.

“Okay, that feels good. I hate growing up.” Les jets sont que de son côté à elle, ça te fait plaisir de la voir kiffer et/ou souffrir. T’es pas totalement sûr. Mais elle n’est pas indifférente et elle a l’air d’apprécier vu ses mots. Pourtant son visage grimace. « I like you growing up. » Means you’re not dead. Mais tu te retiens bien de commenter ça à la suite. Pas envie de mettre la mort au milieu de cette baignoire. Tu l’observes profiter de l’eau, remettre ses cheveux en arrière, s’essuyer les yeux quand elle ressort de sa mini apnée. Ta tête est légèrement inclinée. Le beau make up de la veille n’est plus là mais elle est toujours aussi jolie, même naturelle. Even more. Parce que t’as l’impression de pouvoir lire le fond de son âme de cette façon là.

Une chanson que tu ne connais pas commence. Les premiers mots donnent le ton. Hmmm. T’as pas réalisé que les chansons liées à Halsey pourraient mettre des claques en plein visage. Car tu n’as toujours pas lâché Birdie des yeux. Elle autant que toi entendez très bien les paroles. Elle évite soigneusement ton regard. I didn’t pick that song. Dis lui avec des mots Jordan, tu vois bien qu’elle ne te regarde pas. Tu vois bien qu’elle est en train de… pleurer. Birdie… « It’s a Spotify playlist, I didn’t… » Tu veux pas qu’elle pense que t’as fait une sélection spécial pour lui jeter des trucs au visage de manière détournée. Mais sa main et la pression qu’elle émet sur ta cheville te coupe dans ta phrase. Son regard, ses larmes, la mélodie, les paroles… Ca te prend aux tripes à toi aussi car tu comprends le message qu’elle te fait passer. Ta main qui va se poser sur son mollet à elle. Tu te sens pas légitime de répondre quoi que ce soit à cette question qui est répété un millier de fois dans cette chanson. Oui. Un millier. Car tu vois le mal-être dans les yeux de Birdie à chaque fois un peu plus. « Maybe I should change the playlist. » Tu te sens stupide.

Your skin is warm like an oven,
Your kiss is sugary sweet
Your fingers feel like cotton when you put your arms around me
I feel like I'm just missing something whenever you leave
You've got all the ingredients
Except you loving me
And respectfully

Mais voilà qu’une nouvelle chanson commence. Que tu ne connais pas et au lieu de te lever pour changer, tu écoutes les paroles car ça te parle. You’ve got all the ingrédients, expect you loving me. Tu te lèves de la baignoire dans l’optique d’en sortir vite fait pour changer la playlist comme tu l’as annoncé juste avant. Tu n’as pas envie de rester là à écouter des chansons parler sur vous alors que vous n’avez rien demandé. Parce que visiblement ça ne s'arrête pas. T'as la confirmation avec ces nouveaux vers. T’es juste un fanboy de Halsey et t’as tellement pas réfléchit à ce que ça pouvait engendrer. Pourquoi vous écoutez autant les paroles vous aussi ? Pourquoi ça vous parle à ce point là aussi ? Si t’aimes autant Halsey c’est parce que tu relates. Normal que les chansons associées à elle fonctionne si bien sur toi. Sur Birdie aussi.

« You already do. » Obviously. Personne n’est en pixel entre vous deux, c’est du physique réel et, well, une corde au-dessus de ça avec une étiquette encore floue et que tu regardes avec ton marqueur à paillettes en ne sachant toujours pas quoi y noter. Je croyais qu’il ne fallait pas de label ? Cela n’empêche pas que ça pourrait aider à y voir plus clair. Mais la clairevoyance n’ayant jamais été ton ami ni même une connaissance, tu resteras dans ce que tu sais faire le mieux : sourire à Jordan et apprécier les mots qu’il te retourne, même s’il n’y avait pas de doute à avoir sur ce sujet-là. Depuis longtemps. Six months. Seulement ? Damn. « I like you growing up. » Est-ce qu’il parle littéralement ou c’est une façon de dire qu’il apprécie que t’es acceptée de venir ? Comme si t’avançais dans la bonne direction en ce qui vous concerne tous les deux ? L’image que ça te donne te réconforte gentiment et tu le prends comme un compliment ; même si tu n’aimes toujours pas t’encroûter vers un âge où tu seras sûrement moins solaire qu’avant - mais parait-il que c’est une question d’esprit et le tien ne semble pas vouloir encore s’assagir - good. Alors tu dis rien mais ton pied s’amuse à aller titiller sa cuisse de ses doigts.

Avant que la chanson sonne et brille d’une résonance assez percutante. C’est comme si on t’appelle, on te pointe du doigt, on te fout à la tronche ce que tu garde depuis toujours dans l’ombre. Une crainte profonde, celle-là même qui t’a fait mal réagir avec Jordan, qui a fait agir l’instinct de protection en toi - pas pour toi-même mais pour lui. Jamais t’aurais pensé qu’une chanson aurait pu être aussi accurate - même si t’en as croisé d’autres qui correspondent tout pareillement. Mais pas comme ça. Pas dans ce sens-là. Pas du genre à te foutre les larmes aux yeux - it’s just the bath water, hell no, girl, you are crying. Doucement mais assez pour que visiblement Jordan le voit. « It’s a Spotify playlist, I didn’t… » Comment aurait- il pu savoir de toute façon ? Tu ne le blames pas, il n’y est pour rien, c’est juste toi, toi et ton foutu intérieur que t’arrives plus à comprendre ou que t’as jamais voulu entendre. T’as enfoui tellement, t’as ignoré beaucoup et voilà le résultat de la technique de l’autruche ; tout te tombe sur la figure comme une pile de cartons de poids. Est-ce que ça fait mal ? Yeah. Ça veut dire que t’es humaine, Birdie, il serait temps de l’accepter et de l’embrasser. L’avantage avec Jordan et sa fibre artistique est qu’il voit que ça te touche, que ça te parle. Qu’y a un message transmis et, quitte à ce que ça te brise un peu de l’intérieur, t’espère qu’il l’entend. Qu’il comprend. Au moins un peu. La chanson réussit à mettre les formes sur ton fond et sa main sur ton mollet te confirme silencieusement qu’il a capté. « Maybe I should change the playlist. »

T’en sais rien. T’as l’impression que c’est plus facile comme ça, finalement. Even if it exposes the hell out of us. Mais visiblement, le prochain morceau n’aide pas dans la bonne direction car Jordan se lève dans l’optique de mettre à exécution ses paroles et t'attrape sa main en levant la tête vers lui. “You don’t have to. I’m sorry.” To fuck it up when it’s always beautiful. L’univers soupire, Birdie, parce que ça n’est pas plus ta faute. T’as passé trop de temps à ignorer les tréfonds de ton être entier, c’est okay de ne pas savoir le contrôler. Tu vas apprendre. Growing up.

Elle ne dit rien quand tu considères changer de playlist mais la chanson suivante n'aide en rien, tu trouves que c'est de trop. Tu pensais tellement pas que ça tournerait contre toi cette sélection. Tu voulais juste de la musique de fond contrairement à d’habitude où vous êtes toujours dans le silence. Toi qui aime la musique plus que de raisons, c’est d’ailleurs très singulier de remarquer que tu n’as pas mis tant de musique que ça avec Birdie. Les quelques fois c’était à la radio dans les différentes voitures dans lesquelles vous avez pu être ensemble, ou à un concert. Ou encore toi même qui en joue. C’est quand tu te décides à te lever qu’elle réagit. Te retient.

“You don’t have to. I’m sorry.”
« I am sorry. »

Tu comprends pas comment elle peut prendre ça sur ses épaules alors que tout est tout à fait logiquement sur les tiennes. C’est ton idée de merde là. Tu te penches vers sa main pour y déposer un baiser. It’s ok. Tu aimes tellement pas la voir avec ce visage triste. Tu lâches sa main, prends une serviette pour avoir au moins ta main sèche afin de récupérer ton téléphone. Tu coupes la musique pour éviter d’entendre une phrase de plus qui serait rien d'autre qu'une nouvelle belle claque dans vos visages. Tu scroll dans tes playlists pour voir ce que tu pourrais mettre d’autre mais y’a rien qui va. T’as peur que les paroles de tout puisse être interprété d’une façon ou d’une autre car tu sais. Quand t’as quelqu’un en tête, un problème, une situation, tu trouves des significations partout pour tout relier à ça…

Après de trop longues secondes à ton avis, tu retournes dans la salle de bain, mettant le téléphone sur le bord du lavabo - à portée de main si besoin. Mais tu préfères le silence qu’un quelconque nouveau travers non désiré. Tu retournes dans l’eau, t’installes en face d’elle comme tu l’étais auparavant sauf que tu vas prendre sa main pour la tirer vers toi. Tu l’aides doucement sans qu’elle se fasse mal, pour qu'elle se retrouve contre ton torse. T’embrasses sa joue quand elle est calée. T’es pas dérangé par le silence. Tu n’entends que vos respirations et l'eau du bain. T'es encore bien plongé dans tes pensées de tout ce qu’il vient de se passer. Toute cette soirée. La voir avec des larmes dans les yeux n'était pas du tout au programme. Tout allait si bien ce soir. Obviously it couldn’t last. T’embrasses ses cheveux, te disant peut être que vous serez mieux dans le lit mais y’a quelque chose avec les bains que tu partages avec Birdie… Alors tu ne bouges pas. Tu ne dis mot non plus. Tu la gardes juste contre toi. I’m sorry.

« I am sorry. » Ne pas commencer à rentrer dans ce jeu de ping pong qui risque de vite vous épuiser bien plus que la terre ne tourne en rotation en vingt quatre heures. Oui, c’est une comparaison absurde mais c’est juste pour souligner que ça ne sert à rien. Alors tu ne dis rien. Pour une fois, tu fermes ta bouche. Il embrasse ta main ; he’s not mad. Pourquoi le serait-il ? Parce que vous ne pouvez pas supporter d'entendre des chansons ? Parce que visiblement ça touche des cordes sensibles ? T’en as pas l’habitude. T’as l’habitude d’être touchée par des notes, parfois par des paroles mais pas à ce point. L’univers qui soupire mais l’univers qui te pointe du doigt quand même, malgré tout, alors que t’essaie de faire du mieux que tu peux. Après tout, t’as eu beau t’acharner à contre courant, tu vas dans le sens indiqué maintenant, non ? Pourquoi on décrète que c’est le meilleur moment pour venir tout piétiner ?

Pourtant, t’aurais bien aimé qu’il foute n’importe quoi d’autre de nouveau parce que le silence additionné à sa brève absence sont un peu en train de t’achever de l’intérieur car les doutes ressurgissent. Ta main joue de façon absente avec un des jets qui a perdu tout ton attrait et t’en désole fortement. Tu veux profiter, te libérer un peu des fardeaux qui ont décrété vouloir s’ajouter tes épaules sans que tu les aies vu venir. Tes yeux tombent sur ta bague à ta main gauche et tu soupires faiblement ; Will te dirait sûrement de chiller un peu et de ne pas voir des interprétations là où y en a pas. Mais t’es pas la seule, là, y a aussi Jordan et tu te sens encore plus légitime de savoir que lui aussi, ça le fait réagir.

Dans tes pensées, t’es presque surprise de le voir revenir. Non pas que tu t’attendais à ce qu’il s’échappe - ce n’est pas son genre à lui de faire ça. Quand il attrape ta main pour t’attirer contre lui, t’opposes aucune résistance. T’aurais fini contre lui quoiqu’il arrive, tout le monde le sait. Ce n’est pas maintenant, dans un état pareil que t’aurais pu résister. T’attrapes ses mains pour enrouler ses bras autour de toi, te lovant un peu plus contre lui, les yeux qui se ferment parce que sérieusement, y a quelque chose d’absolument rassurant de le savoir contre toi. Hold me tight. T’as horreur d’être comme ça mais il faut croire que Jordan a le privilège (non) de te voir plus vulnérable que tu ne l’as jamais été. Sûrement parce qu’il développe des choses que tu n’as jamais envisagées dans le passé. Tu soupires légèrement pour tenter de reprendre la légèreté de tes poumons. “You can put instrumental music, you know. Movies music or something like that.” T’as l’image des concerts d’orchestre de Malachi qui te reviennent en tête et au moins, ça n’a pas de paroles. Même si les notes suffisent parfois pour faire ressentir aussi. “Do you think water has some magical ability ?” To make us vulnerable like that ? Est-ce que c’est l’eau ou autre chose ? Ce n’est certainement pas la pièce. C’est peut-être tout simplement vous deux, Birdie. Déshabillés physiquement, mis à nu spirituellement. Aucune intention cachée, juste tes doigts qui s’accrochent aux siens. I’m not moving if you don’t.

Elle fait en sorte que tes mains, tes bras, soient bien autour d’elle. Que tu la tiennes bien. I’m not going anywhere. Et toi non plus, que tu as envie d’ajouter dans ta tête, mais la vérité c’est que tu ne sais pas. Tu espères qu’elle va rester. She can’t leave like this. Ca te briserait le coeur. Peut être même que tu l’empêcherait de partir si t’oses. Mais rien n’est moins sûr. “You can put instrumental music, you know. Movies music or something like that.” Tu pourrais. Les chansons uniquement composé d’instruments te prennent presque encore plus aux tripes. Peut être que ce n’est pas son cas à elle vu cette demande. Tu sais pas si elle propose ça pour elle ou pour toi. C’est toi qui a voulu de la musique et elle te donne une alternative qui fonctionnera pour tous les deux. Compromises? Tu enlèves un bras d’autour d’elle pour prendre ton téléphone après t’être brièvement essuyer la main de la serviette que tu as laissé sur le bord. Tu cherches dans les playlists toutes faites de Spotify de nouveau. Malgré l’erreur de la dernière fois. Tu leur fais quand même confiance. Ton nez dans ton téléphone alors que tu cliques sur les différentes sections pour arriver à Ambient Relaxation qui te semble un bon choix. Tu lances puis reposes ton téléphone sur le bord du lavabo un poil plus haut.

“Do you think water has some magical ability ?” Ton bras qui s’enroule de nouveau autour d’elle. Tu comprends exactement ce qu’elle veut dire par là. « I think it’s more about… Being naked. » Which I hate. Mais tu en es habitué maintenant à surmonter ces sentiments par rapport à ta propre personne. La playlist qui continue de jouer et vraiment pour une fois t’es content de ton choix. C’est vraiment parfait. Tu fermes les yeux même pour profiter encore mieux. « Being naked and not having anything to hide yourself… » Parce que dans un lit tu peux recouvrir ton corps des draps, ou trouver n’importe quoi d’autre, comme tout simplement : tes fringues. Tu détestes vraiment être totalement nu comme ça mais visiblement avec elle, ça passe mieux. Avec elle, tu multiplies même les moments comme celui ci. Avec elle, tu te détestes moins. Peut être que tu devrais lui dire Jordan. Yeah. No. Parce que tu viens à peine de réaliser ça et ça te fait bizarre d’ailleurs. Tu inspires un peu plus profondément, comme pour faire sortir les feels de ton corps. Et puis tu te souviens que demain elle doit partir tôt et que tu ne la verras pas pendant plusieurs jours. Tes bras qui se serrent un peu plus autour d’elle.

« Can I take you to that great Mexican restaurant when you’re back in town? » Would you like to go on a date with me? Vous avez beau avoir ‘plaisanté’ toute la soirée sur l’éventuel date de ce soir, l’inviter au restaurant c’est level bien au dessus, à ton avis. Ton coeur bat plus vite en attendant sa réponse et tu te détestes d’avoir proposé ça maintenant que c’est trop tard. T’étais juste en train de repenser à ça, vous l’avez évoqué plus tôt et tu veux - déjà - prévoir un truc avec elle quand elle sera de retour. Chill Jordan, ça va juste lui montrer que tu veux la revoir. « I mean. We don’t have to eat if we don’t want to but like… For you to taste a real margarita. » Tu essaies de retomber sur tes pattes pour que ça sonne moins rendez vous. « You know what. I’m sure if I ask nicely I can get them to go. » Pour ne pas s’asseoir du tout dans le restaurant. Tu te sens si stupide et tu décides de juste arrêter de parler au lieu d’empirer les choses. That bath tub is too small for me to drown myself and it’s a shame.

Les sons apaisent les maux - ou les multiplient. Tout est une question d’état d’esprit et de moment. Ni l’un ni l’autre n’étaient au rendez-vous pour vous aujourd’hui. Ou plutôt, si, ça l’était, mais un peu trop à votre goût. Vous vous en remettrez. Ce n’est pas pour rien qu’il t’attire contre lui et que tu t’enfermes tout autant avec ses bras. Lui prouvant silencieusement que tu ne vas pas fuir. Even if I might sabotage us. Arrête avec ça, Birdie. Tu continues à te flageller pour rien du tout cette fois. Respire. Il est là. Il libère juste un bras pour son téléphone et de nouvelles notes résonnent. Celles qui doivent apaiser. Est-ce que c’est censé aussi gonfler le cœur ? T’en sais rien ; tu ressens plus que tu réfléchis, là. T’essaies, t’as envie, même si ce n’est pas forcément pour le meilleur. Mais le pire est déjà passé, non ? Don’t underestimate me. D’où la question sur l’eau. Légitime à ton sens. Des propriétés magiques. Cela expliquerait beaucoup de choses - ou plutôt, c’est toi qui veut trouver des explications irrationnelles au lieu de te formaliser sur le rationnel. Tu finiras par y arriver un jour. Mais l’eau est aussi terrifiante que jolie. T’en sais quelque chose. Tu reprends son bras contre ceux déjà installés contre toi, te repositionnant bien mieux. « I think it’s more about… Being naked. » C’est vrai qu’il y a ça aussi. Pas tant physiquement mais là-haut. En plus. Un surcoût. L’apparence est une chose, l’âme en est une autre ; règle de base. Celle qui était la vôtre au début ; qui s’est évaporée depuis aussi loin que tu puisses te souvenir. « Being naked and not having anything to hide yourself… » Les mots résonnent mais pas du sens qui doit être le sien ; tu n’as aucun souci avec ton physique. C’est clairement là-haut le plus problématique chez toi. La tête se hoche silencieusement ; ça aurait été une autre situation, t’aurais sûrement fait une remarque déplacée. Mais là, t’y arrives pas. La musique et les ressentis te rendent impossible à faire de l’humour, pour une fois. Ses bras accroissent leur pression contre toi et, les paupières de nouveau fermées, tu tournes malgré tout ton visage vers son cou. “I kinda feel hiding you right now” que tu énonces quand même légèrement avec un sourire de coin. Il peut rester derrière autant qu’il veut, ça ne dérangera pas.  

« Can I take you to that great Mexican restaurant when you’re back in town? » Tu avais prédit un changement de sujet venant de l’un ou l’autre mais tu n’aurais pas pensé qu’il serait revenu là-dessus. Tu aurais presque douté que ça n’avait pas été qu’une plaisanterie mais, apparemment, ça ne l’était pas. Alors forcément, l’expression de ton visage que tu détournes du sien tout en ouvrant les paupières est ébahie. Et émerveillée. Tu vas pour commencer à lui répondre mais- « I mean. We don’t have to eat if we don’t want to but like… For you to taste a real margarita. » Tu fermes la bouche en fronçant des sourcils avant de- « You know what. I’m sure if I ask nicely I can get them to go. » Tu serres tes lèvres entre elles, levant les yeux vers le plafond pour attendre si cette fois, il a bien fini. T’attends deux ou trois secondes avant de tourner ta tête vers lui, les yeux ouverts et pleinement centrés sur lui. T’es touchée qu’il songe déjà à l’après - pas que cela diffère de Jordan, évidemment que non mais ça donne un goût rassurant de parler d’une timeline ni trop proche ni trop lointaine. Dans tes cordes et dans les siennes. “I’m counting on you for that restaurant. I still deserve a better margarita.” And a great meal. And you. Fuck. Tu déposes un baiser sur sa mâchoire puis sur sa clavicule accessible à tes lèvres. “I'm falling too deep to say no” que tu rajoutes à voix basse sans réfléchir. Shut up - pour une fois que tu t’exprimes pour dire quelque chose, Birdie. Et c’est la vérité en plus. Après tout ce que lui t’a dit, tout ce que t’as pas oublié, dans une boîte spéciale “Jordan” dans ta tête, tu peux bien lui offrir ça. Aussi naturellement que spontanément. Timidement aussi. T’es mignonne quand tu n’es pas dans ta zone de confort. Quand t’as les joues qui se colorent légèrement, le poids d’un tel aveu ne manquant pas de te rappeler pourquoi tu n’en fais pas en premier lieu ; tu ne t’es jamais autorisée à arriver avec quelqu’un au même stade qu’avec Jordan, aussi. L’avantage de la position est que tu peux dévier ton attention hors du sien ; tu ne verras pas s’il te regarde et c’est la perfection assurée à ce moment-là où t’aurais juste envie d’être engloutie par le sol. A ce point, oui.

“I kinda feel hiding you right now” Qu’elle murmure dans ton cou. Ca t’en tire des frissons de sentir son souffle sur toi. Les mots y sont aussi pour quelque chose car ça rejoint ta pensée d’un peu plus tôt. C’est son corps ajouté au tient qui rend tout ces moments bien moins pénible. Au contraire. La musique additionné à ses mots, tes émotions, tu te laisses un peu - beaucoup - allé à lui proposer un dîner au restaurant. T’as peur d’avoir été trop loin et tu tentes tant bien que mal d’alléger ta question et tout ce que ça sous entend. Tu ne peux pas voir le visage de Birdie et ça ne te dérange pas parce que ça veut dire qu’elle ne peut pas voir le tiens non plus. T’as les yeux fermés, les dents serrés. I shouldn’t have said that. T’as l’impression qu’elle met trois heures à prendre enfin la parole. Please don’t be mad. “I’m counting on you for that restaurant. I still deserve a better margarita.” Ton corps qui se détend, ton visage surtout. Elle dépose un baiser sur ta peau. Sur ton visage, puis plus bas. She’s really not mad. T’es plutôt fier d’avoir osé. “I’m falling too deep to say no” Oh my god. Tu l’avais pas vu venir celle là. Ca ne te laisse certainement pas indifférent car t’a beau l’avoir deviné, qu’elle puisse le dire sous entend qu’elle avance vraiment dans une direction qui te plaît. Tu ne sous estime pas du tout la difficulté qu’elle a dû avoir à dire juste ça. Tu baisses tes yeux vers son visage et t’y vois sa teinte rosée… « And I’ll be there to catch you. » Alors tu lui en donnes aussi. Tu murmures aussi bas qu’elle. So cliché Jordan cette phrase. Shut up. Ouais, c’est la vérité, j’en conviens. T’as déjà sorti le mot en L, sans t’en rendre compte, certes, mais c’est peut être ceux là qui comptent le plus non? Ceux qu’on n’arrive pas à retenir… Comme tous ces baisers sur tu lui donnes.

Que ce soit dans la baignoire ou dans le lit, vous êtes toujours étroitement enlacé pour le reste de la nuit. C’est pas pour la retenir de partir cette fois, parce qu’elle reste dormir. C'est une certitude. C’est juste pour profiter de sa personne tant qu’elle est là.

Tu ne sais pas quelle heure il est quand ta vessie te tire de ton sommeil, mais tu sens Birdie dans tes bras et un léger sourire se forme aussitôt sur tes lèvres. Tu ouvres les yeux pour la regarder. Il fait jour vu la lumière qui se trouve dans la pièce. Tu sens qu’il est tôt, mais tu sens aussi que c’est le début de ta journée. T’as l’impression d’avoir beaucoup dormi déjà, par rapport à d’habitude. Tu fais attention à ne pas émettre de mouvements qui pourraient la réveiller. Tu sors du lit pour aller à la salle de bain.

Quand tu te laves les mains après t'être soulagé, tes yeux tombent sur ton alliance. Tu gèles un moment avant de finir de te rincer. Tu prends une serviette pour te sécher les mains. Puis tu portes cette même serviette à ton visage pour sécher tes larmes. Pour atténuer les sons que tes sanglots sont en train de former…

C’est la première fois que tu te réveilles sans penser à Rosa. C'est la première fois que tu as su tout de suite que la personne dans tes bras n’était pas elle. T’as l’impression de l’avoir oublié. Tu t’en veux et tu sais en même temps que la vie avance… Ca fait des années que tu te répètes ça, tu le sais, mais tu ne pensais pas que tu t'en rendrais compte de cette façon là. Tu es dans un tas de mixed feelings. T’es plutôt inconsolable. Tu restes un moment debout dans la salle de bain, ton visage caché par la serviette. Essayant de gérer cette vague immense d’émotions,  ces sensations nouvelles qui te traversent. I’m sorry…

Peut être bien que tu vas pouvoir te rendormir finalement vu la fatigue émotionnelle de ton corps à présent. Tu t’allonges de nouveau dans le lit à côté de Birdie. Les yeux fermés. Tu remontes bien le draps sur toi, te sentant bien plus vulnérable et tu glisses un de tes bras sur l’oiseau à côté. T’es encore bien boulversé par la réalisation que tu as eu.

« And I’ll be there to catch you. » C’est niais. C’est cliché. C’est digne d’un roman à l’eau de rose. Mais fuck it que ça fait du bien de l’entendre. C’est comme si tous tes nerfs intérieurs réagissent à ses mots, satisfaits et émus, et ce n’est certainement pas l’eau qui a des propriétés magiques là ; c’est Jordan. L’enveloppe appelle à un peu de douceur, tant pis si vous frôlez une frontière trop romantique, trop innocente, remplie d’une candeur inédite pour vous. Tu ne peux dénier que ça te fait du bien. De savoir qu’il ne compte pas te lâcher. I’m really falling. Définitivement. Voilà un manuel d’emploi que t’ignores et tu ne dis rien pour ne pas briser ce qu’il vient de dire. La signification. Leurs portés. Tu vas finir par t’y faire. Qu’on puisse être comme ça avec toi. Qu’on te voit comme autre chose qu’une partenaire de fun et d’indécence. Te prouver que tu n’es pas que chaos et complication. Jordan amène tellement avec lui et il n’a pas conscience de ce qui te travaille ; tu pourrais lui dire, tu pourrais parler, mais tu ne le sens pas. Ce n’est pas le moment et de toute façon, la fragilité de l’instant est encore trop précaire ; vous en avez assez fait, subi.

Alors ce n’est pas surprenant que tu prennes soin de garder chaque centimètre de lui proche de toi ; t’as l’impression de revenir des années en arrière. Les moments où t’étais une gamine haute comme trois pommes, qui rougissait pour rien et tout. Ceux à Melbourne, où tu cherchais toujours la présence d’Asher pour ne pas sombrer trop bas. Là, la situation est différente mais en même temps, si similaire ; t’es vulnérable. Et le pire est que tu fais assez confiance à Jordan pour te laisser aller. Pour abandonner peu à peu les barrières exigues qui t’emprisonnent et qui t’étouffent. Un travail de toute épreuve, un méli mélo qui ne demande qu’à être remis en place. Ou pas, d’ailleurs, car ça n’a jamais été propre et ordonné quand il s’agit de toi.

Tu ne sens pas Jordan qui s’extrait du lit. Tu ne peux pas imaginer la réalisation qu’il fait alors que toi, tu soupires légèrement dans ton sommeil, te tournant de l’autre côté une fois que tu n’avais plus son bras autour de toi. Si tu avais vu, t’aurais agi. T’aurais été sûrement désarmée. Mais tu n’aurais rien dit. T’aurais juste proposé tes bras et tes épaules s’il voulait, tu l’aurais bercé contre toi et ça aurait été ton étreinte qui l’aurait suivi jusqu’au lit. Mais tu dors profondément, tu ne vois rien de tout ça. Y a juste ton corps qui réagit quand il revient, quand il passe son bras pour te reprendre contre lui.

Quand t’ouvres les yeux, c’est son dos qui t’accueille. Big spoon is you et tu souris légèrement en tâtant pour chercher une main de son côté, tes lèvres trouvant le trajet contre sa nuque, au milieu de ses omoplates. Sa respiration est encore régulière pour quelqu’un qui dort mais vu la lumière qui perce à travers les rideaux, t’as la sensation que tu vas devoir bientôt y aller. Tu ne veux pas partir s’il n’est pas encore réveillé. “Hi ?” que tu demandes doucement, pour ne pas le brusquer mais pour quand même l’extraire de Morphée. Tu te redresses légèrement pour embrasser son épaule, tes phalanges finissant enfin par trouver les siens ; t’agis comme la pire puce du monde mais hey, c’est pas comme si t’es en train de sauter sur le lit. Ta main libre vient agiter ses mèches ; franchement, y a aucun moyen qu’il puisse résister à ce réveil. Tu te permets même de passer ta cuisse contre la sienne et dammit how bad I want him. Please, wake up, Jordan.

Tu es entre deux sommeils pour le reste de la nuit. Pas mal perturbé encore. Tu te rassures comme tu peux avec plein de mots et phrases toutes faites que tu as entendu mille fois et dont tu te fichais bien à l’époque. Tu savais que ce n’était pas nécessaire, que tu n’en étais pas encore là. Que tu sentais encore Rosa à tous les coins de rues. Tu la sentais encore dans tes bras lors de son dernier souffle. Elle te manque toujours si fort, car tout était si simple avec elle. C’est elle qui gérait votre direction et tu suivais aveuglé par tout l’amour que tu lui portais, que tu lui portes toujours. Tu avais une confiance aveugle en elle, elle croyait plus en toi que toi même. Elle t’a tellement aidé dans ton estime de toi. Tu serais rien du tout si elle n’avait pas apparu dans ta vie. Les lèvres et les mains de Birdie te sortent de ton demi sommeil. “Hi ?” Elle se serre un peu plus contre ton dos, tu enlaces sa main à la tienne elle est presque en train de te monter vu sa cuisse contre la tienne. Ca te fait sourire. Tu lâches sa main pour la poser sur sa cuisse.

« Hi… » T’as remis ton boxers avant de te glisser de nouveau dans le lit après ton tour à la salle de bain. Tu caresses doucement sa cuisse, encore un peu la tête en vrac, tu ne changes pas de position, appréciant de la sentir comme ça contre toi. « Not gonna be that guy but my mattress is better. » Celui ci n’est pas mal, mais le tiens est meilleur. Peut être pour d’autres raisons au delà du confort. Tu aimes les hôtels mais tu aimes ta maison plus que bien des choses sur cette planète. Tu caresses doucement la peau de Birdie avant d’enfin te tourner pour te retrouver sur le dos. Tu la regardes, ayant la flemme de te redresser pour atteindre ses lèvres. C’est elle qui est trop loin de toi - pas vraiment mais un peu.« Kiss me. » Please.

« Hi… » Il est vivant, il est de retour parmi les réels et t’apprécie un peu trop sa main sur ta cuisse. Tu laisses ton nez contre son dos, le laissant tranquillement émergé parce que t’as déjà assez saloperie de l’avoir réveillé en premier lieu - mais il ne t’en voudra sûrement moins que si t’étais partie comme une voleuse donc, cela ne devrait pas être tellement problématique, n’est-ce pas ? Selon toi, c’est la meilleure option que t’as et surtout, il n’a rien fait pour mais t’as envie de l’embrasser absolument partout et tu n’es absolument désolée de rien du tout. Mettons ça sur la jolie bulle qui vous entoure toujours autant et dont tu te désole d’avance de devoir quitter. « Not gonna be that guy but my mattress is better. » Tu ris légèrement contre lui en remontant tes lèvres contre la courbe de son épaule pour l’y embrasser. “Your mattress is better.” que tu répètes doucement ; t’as jamais eu le temps de pouvoir apprécier un lieu, une chambre et encore moins un lit sachant que tu passes ton temps à déménager. Celui de ton van te convient parfaitement, tu n’es pas très exigeante de ce côté là. Au contraire de Jordan qui te fait presque penser à la princesse au petit pois qui sera capable de déceler la moindre imperfection d’un matelas - un talent inutile, certes, mais le dos, c’est important.

Y a toujours ses doigts qui viennent titiller ton épiderme et tu t'apprêtes à finir par te redresser pour le tourner que la magie opère ; il le fait tout seul comme un grand, ses yeux trouvant les tiens avec une facilité déconcertante. « Kiss me. » Tu te mords la lèvre, souriant sincèrement parce que sérieusement, il n’a même pas besoin de demander. T’avais déjà prévu de gratter les centimètres qui séparent vos lippes. T’avais aussi prévu de passer ta jambe par-dessus lui pour le tenir entre les tiens, ta langue qui cherche la sienne, qui valse et qui soupire gentiment. T’avais aussi pleinement prévu tes mains qui viennent chercher les siennes pour les emmêler de chaque côté de sa tête. Les poumons réclament l’air et t’es forcée d’interrompre ton baiser. “Take me.” que tu quémendes aussi poliment que lui en lui mordant la lèvre. Avant le manque, avant la distance, avant la séparation - oh Birdie, ce n’est pas vous - it is now. Ton cœur le désire autant que tes reins ; c’est la promesse qui se dessine, celle que ça sera votre réalité à partir de maintenant.