T’avais pas prévu de revoir Hunter comme ça.
Pas prévu de le revoir, point.
Et pourtant.

Les choses ne se sont jamais arrangées entre vous depuis que tu as passé le test. Ça fait presque dix ans et chaque repas de famille est teinté du froid qui persiste entre vous. De cette haine qu’il conserve envers toi pour ce que tu as fait dans son dos. T’as longtemps essayé de t’expliquer après qu’il t’ait fermé la porte au nez ce jour-là, sans jamais réussir à entretenir la moindre conversation décente avec lui. C’est qu’il est borné Hunter, incapable de voir par dessus le fait que tu l’as trahi. Tu t’en aies longtemps voulu, mais après quelques années, après quelques rencontres désastreuses, t’as lâché prise. Il veut te détester? Qu’il se fasse plaisir. T’as décidé que tu t’en étais voulue assez longtemps pour ce que tu as fait, même si encore à ce jour, tu ne peux regretter d’avoir les résultats. Parce que tu n’aurais pas pu faire comme lui et continuer aussi longtemps sans savoir. T’avais besoin de savoir, besoin de te préparer si jamais le résultat avait été différent. T’avais besoin de rassurer tes parents, et puis de te rassurer aussi. Et quelque part, t’as l’impression que c’est quelque chose qui le bouffe encore de l’intérieur, Hunter. Même si tu le connais assez pour savoir qu’il avouerait jamais, ton cousin.

Tu prends de ses nouvelles, parfois, auprès de ta mère surtout puisque tu sais qu’elle est restée en contact avec la mère d’Hunter. Ton père n’en parle pas trop lui, comme si Hunter ranimait un peu trop le souvenir de son frère. Et c’est là que tu as su. Que Hunter était à Brisbane depuis peu et qu’il ne donnait pas beaucoup de nouvelles à sa mère. Qu’il n’allait pas très bien, ou plutôt que personne ne savait vraiment comment il allait. Ça t’a arraché plusieurs soupirs parce que tu ne sais pas vraiment comment l’aider, et surtout, tu sais que même si tu essayais quelque chose, il ne voudrait pas de ton aide. Mais ta mère a insisté et voilà que tu envoyais des messages à Oliver pour savoir s’il n’était pas au courant de la localisation exacte de ton cousin. T’étais presque surprise qu’il te donne l’adresse si facilement, mais tu t’es contentée de le remercier, tout en le maudissant intérieurement parce que voilà que tu n’avais plus aucune raison pour ne pas au moins tenter une approche. Plus aucune raison pour ne pas faire ce que tu aurais détester que l’on te fasse : ambush him. Parce que c’est la seule façon que tu as pour qu’il t’écoute, ne serait-ce qu’une minute. Un message texte, un appel, c’est trop facilement ignoré. Mais si tu te pointes devant sa porte, que tu t’imposes sans t’annoncer, il n’aura pas le choix.

Et c’est ce que tu fais aujourd’hui, alors que tu te retrouves devant la porte d’un appartement que tu ne connais pas. Oliver a dit qu’il habitait avec son ami Maxence, dont tu ignorais absolument tout de l’existence jusqu’à maintenant. Ça ne change pas grand-chose de toute façon alors que tu es là, hésitante à frapper contre le panneau de bois qui crée la seule distance qui existe encore entre Hunter et toi. T’es pas certaine qu’il va être là, c’est le milieu de la journée en pleine semaine, mais t’as espoir. S’il est pas là, tu as bien peur de ne jamais retrouver le courage pour refaire le chemin jusqu’ici. Mais tu ne veux pas décevoir ta mère qui risque de t’appeler d’une journée à l’autre et te demander si tu as vu ton cousin. Tu veux pouvoir lui dire oui et tu ne veux pas lui mentir. C’est en pensant à elle que tu cognes trois fois contre la porte, lâchant un long soupir alors que ton pied tape contre le plancher sans même que tu ne le réalises. C’est le visage de ton cousin qui apparaît quand la porte s’ouvre enfin et tu ne perds pas de temps avant de mettre ton pied dans l’embrasure pour ne pas qu’il te claque cette dernière au nez. « Don’t close the door! » que tu t’exclames, insistante. « I know you probably don’t want to see me but your mum’s worried about you. » Est-ce que tu essayes de l’amadouer en parlant de sa mère? Sans aucun doute. Est-ce que ça va fonctionner? Rien n’est moins sûr.

12 mai 2021. Plus le temps était passé, plus la mère de Hunter et lui-même s’étaient éloignés un peu de tout le monde. Ils n’avaient plus le goût de vivre, et le jeune homme s’était souvent battu pour deux pour continuer cette survie épuisante. Hunter avait mis longtemps avant de retrouver un sens à sa vie, et il n’était pas sûr qu’il l’avait réellement trouvé. En tout cas, si on pouvait noter un gros changement dans sa vie ces derniers jours c’était qu’il avait décidé de prendre la chance que Maxence lui avait donnée. Il avait saisi l’opportunité de se retrouver dans la grande ville pour trouver, peut-être, un petit boulot, quelque chose qui lui permettrait d’avoir un train de vie plus stable. Il n’était pas sûr de réussir en réalité, mais il le faisait aussi en grande partie pour sa mère. Si cela ne tenait qu’à lui, le jeune homme se complairait tout à fait dans cette vie misérable qui lui collait à la peau. Il ne se donnait pas dix ans avant de découvrir que lui aussi était atteint de la maladie de son père, et de se laisser mourir sans se battre. C’était de manière fataliste qu’Hunter vivait, et ce, depuis plus de dix ans maintenant.

Toutefois, Hunter était dans cet appartement depuis une dizaine de jours. Il avait déjà arpenté les rues de Brisbane, des rues qu’il connaissait toujours aussi bien d’ailleurs. Il cherchait en vain un petit travail qui pourrait lui permettre une entrée d’argent légale et régulière. Vendre sa plante verte parfumée n’était qu’un apport superficiel, et il n’arrivait pas à faire face à ce qu’impliquait une vie à deux. Sa mère ne faisait plus grand-chose, et il l’avait laissée derrière elle, lui promettant de revenir dès qu’il aurait enfin trouvé une solution. Il était donc venu avec un sac sur le dos qu’il avait posé dans la chambre d’amis de Maxence. Il se faisait pour l’instant très petit, ne se sentait pas très à l’aise de squatter chez lui. Ce matin-là, Hunter avait dormi à poing fermé. Il savait que Maxence serait sûrement au domaine, il avait trouvé un travail qu’il prenait apparemment à cœur. Hunter ne parlait pas beaucoup, il l’écoutait plus qu’il ne lui confiait quoique ce soit. En tout cas, ce fût les aboiements d’Opale, le chien de Maxence qui le réveillèrent. Après avoir passé une longue nuit à traîner sur internet, et notamment sur son blog anonyme, qu’il ouvrit les yeux difficilement, se demandant ce qui pouvait bien se passer. Hunter se leva, réalisant que quelqu’un attendait derrière la porte. Il avait un long t-shirt noir, et un boxer sur les fesses, les cheveux ébouriffés et les yeux probablement encore collés qu’il ouvrit la porte, se passant une main dans les cheveux. « Don’t close the door! » Il entendit d’abord sa voix avant de reconnaître Penny, ajustant sa vue au visage face à lui, un soupir s’échappa de ses lippes. Que foutait-elle ici ? « I know you probably don’t want to see me but your mum’s worried about you. » Il lâcha la poignée et fit volte face en se dirigeant vers la cuisine, laissant la porte ouverte, il lâcha : « What do you want, Penelope ? » D’un air nonchalant, il ouvrit un placard afin de se préparer un chocolat chaud, se doutant qu’elle saisirait cette chance pour entrer dans l’appartement, alors qu’Opale devait sûrement lui renifler les pieds.  

Si une partie de toi avait voulu dire à ta mère que tu avais assez de tes propres problèmes à gérer sans avoir envie de te mettre le nez dans les problèmes de ton cousin, c’est à contre coeur que tu avais accepté de te renseigner et de lui rendre une visite au besoin. Tu savais d’avance que c’était une mauvaise idée, qu’aucune conversation constructive ne sortirait d’une rencontre entre Hunter et toi, mais tu refusais de ne pas au moins essayer, ne serait-ce que pour ta mère et pour ta tante qui n’avaient pas à s’en faire pour vous plus que de raison. T’aurais aimé que ton cousin voit les choses de la même manière, mais une décennie de silence t’avait bien fait comprendre que Hunter préférait vivre dans sa rancune tenace plutôt que de tenter de passer par dessus vos différends. Elle était loin désormais, l’époque ou vous aviez su trouver naufrage l’un près de l’autre dans ce qui a sans doute été l’une des parties les plus difficiles de ta vie, et sans doute la plus difficile de toute dans la vie de ton cousin. La perte de ton oncle venait encore teinté certaines de tes décisions, certains de tes choix et c’était plus fort que jamais dernièrement, depuis que tu avais appris que le père de Micah souffrait d’Alzheimer précoce. Ce n’était pas la même maladie neurologique et tu savais que ça n’allait pas avoir les mêmes conséquences, mais tu savais que d’un côté comme de l’autre, c’était quelque chose de dévastateur que de voir un membre de sa famille disparaître sous une maladie sans possibilité de traitement.

Tu soupires alors que tu te sens nerveuse de te retrouver là, derrière la porte, te sentant moins que prête à affronter le jeune homme. C’est que tu n’as pas l’énergie pour entendre un énième discours sur le fait que tu as trahi sa confiance, pas envie de ressasser des conflits qui auraient dû être régler il y a si longtemps, mais qui ne font que perdurer dans le temps faute de savoir comment vous parler. Quand la porte s’ouvre enfin, tu t’imposes, tu n’attends pas qu’il te salue, ni même qu’il ait le temps de remarquer que c’est toi qui est là. Il a l’air fatigué, ou comme s’il venait tout juste de se réveiller alors que la surprise sur son visage se transforme en agacement quand il comprend que c’est toi qui est venu le déranger. Oh Hunter, crois-moi, ça me fait pas plaisir d’être là non plus. Ou du moins, c’est ce que tu t’efforces de croire, pour faire taire cette petite voix qui cri que t’es qu’une menteuse Penny, que tu t’inquiètes pour lui et que tu t’en veux encore pour la manière dont les choses sont encore entre vous. « What do you want, Penelope? » Tu grimaces légèrement à l’entente de ton prénom complet, personne ne t’appelle Penelope parce que tu n’aimes pas ça, et il le sait Hunter et c’est sans doute pour cette raison qu’il insiste à l’utiliser chaque fois que vos chemins se croisent. Il se retourne alors qu’un chien t’offre un meilleur accueil. Tu refermes la porte derrière toi et vient donner quelques caresses à l’animal avant de reprendre la parole. « Just making sure you’re still alive. » que tu réponds sarcastiquement, incapable de prendre sur toi et d’être the bigger person après avoir tentée de l’être si longtemps auprès de lui, sans succès. « I told you, your mum is worried about you. You should think about calling her or something, let her know you’re doing alright here. » Voilà que tu lui fais la morale après même pas deux minutes dans cet appartement qui ne semble même pas être le sien. C’est qu’il y a des choses qui ne changent pas vraiment malgré le temps qui passe. « What are you even doing here anyway? » Aux dernières nouvelles, il vivait encore avec sa mère au trailer park à Toowomba, et tu n’avais pas vraiment compris ce qui le ramenait dans les environs.

12 mai 2021. C’était bizarre pour Hunter de se retrouver à nouveau à Brisbane. Il avait l’impression de remarcher dans ses vieux pas d’adolescent. Hunter étai bien conscient que ce changement risquait de chambouler aussi le quotidien de sa mère. Elle avait appris à se reposer sur lui, la plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps. Le brun était en plus de cela très indépendant, il avait appris à grandir tout seul, et à devenir un homme très tôt. C’était pourquoi emménager ici était une grosse décision qu’il n’avait pas prise à la légère, sachant pertinemment que sa mère s’inquiéterait. Toutefois, il espérait tout de même améliorer son confort et celui de sa mère. Une petite voix à l’intérieur de lui, lui rappelait constamment que la roue pouvait tourner. C’était de l’espoir qu’il n’avouait à personne, qu’il gardait pour lui. Cette chance que Maxence lui donnât, il avait juste envie de la prendre afin de pouvoir se dire qu’il avait tout fait, qu’il avait tout essayé, n’avoir aucun regret.

C’était avec surprise qu’il découvrit Penny derrière cette porte. Il ne transparut pas tellement cette surprise, mais elle pouvait comprendre à son regard qu’il n’était toujours pas ravi de croiser son chemin. Hunter venait de se réveiller, et c’était à un regard fatigué tourné vers Opale qu’il décida de tourner les talons après lui avoir demandé ce qu’elle fichait ici. N’avait-elle pas mieux à faire ? Tourner un film ? Draguer le premier co-star qu’elle croiserait ? Bref, tout sauf venir l’emmerder chez lui – ou presque. Il n’oubliait pas que Maxence lui offrait l’hospitalité, mais qu’il devrait finir par se débrouiller tout seul. « Just making sure you’re still alive. » Hunter avait levé les yeux au ciel à cette remarque alors qu’elle ne pouvait pas le voir étant donné qu’il s’occupait de son chocolat chaud. « I told you, your mum is worried about you. You should think about calling her or something, let her know you’re doing alright here. » Le problème avec Hunter, c’était qu’il était très solitaire, qu’il ne supportait pas rendre des comptes mais que sa mère s’était habituée à le voir tous les jours rentrer et qu’elle ne posait donc pas de questions. Mais maintenant, c’était différent, il était sur Brisbane, et ne comptait pas lui partager toute sa vie à la minute. Il soupirait donc à cette remarque moralisatrice. « What are you even doing here anyway? » Il s’arrêta aussitôt à cette remarque, levant finalement les yeux vers la blonde. « What do you even care? » pesta-t-il, tout en mettant trois cuillères de chocolat au fond de son bol. « I left about ten days ago, she cannot be that worried. » dit-il finalement en versant maintenant le lait. « I don’t own you any explanation anyway. » Il s’était retourné pour mettre son bol dans le micro-onde, et se retourna finalement, paumes des mains posées sur la table pour fixer l’actrice d’un air détaché. Des lustres qui ne s’étaient pas vus et il ne prenait même pas le temps de prendre de ses nouvelles.

Tout se joue à coups de regards désintéressés et de soupirs qui témoignent trop fort du fait que tu ne veux pas être là autant qu’il ne veut pas te voir. Pourtant, tu t’imposes dans l’appartement, tu t’imposes dans sa vie à défaut d’avoir accepté pendant si longtemps de n’être qu’une ombre sur son tableau familial. Tu ne sais pas vraiment ce que cette rencontre va donner, pas certaine non plus des dégâts en plus que t’es en train de causer à lui forcer ta présence alors que clairement, il est resté dans l’état d’esprit que tu es la cause de tous ses problèmes (alors que non, pas vraiment) mais t’es prête à jouer le jeu ne serait-ce qu’un petit peu, pour ta mère et pour la sienne aussi qui n’ont pas à s’inquiéter de lui en plus de tout le reste. Parler de ta tante ne semble pas avoir l’effet désiré toutefois alors qu’il se contente de rester muet devant chacune de tes questions, ce qui a le don de t’énerver un peu plus et de pousser un peu plus loin pour obtenir une quelconque réaction de sa part et tu y parviens enfin quand son regard croise enfin le tien et tu peines à camoufler un sourire de satisfaction quand sa voix s’élève enfin de nouveau dans l’appartement. « What do you even care? » Tu échappes un léger rire sarcastique. « Me personally? I don’t. » Menteuse. Menteuse. Menteuse. Mais c’est qu’il pousse tous tes boutons à jouer l’éternelle victime comme si tout lui était éternellement dû, sans jamais se soucier de ceux qui l’entourent. Tu sais pourtant que la dernière décennie n’a pas été douce et tendre avec lui, t’as tenté si souvent de lui tendre une main qu’il a continuellement repousser au point ou la simple idée d’offrir à nouveau est épuisante. « I left about ten days ago, she cannot be that worried. » « Worried enough to call my mum and get me on the case. » que tu rouspètes, déjà épuisée devant son manque flagrant de compréhension face aux interactions humaines. « I don’t own you any explanation anyway. » « Oh don’t worry Hunter, I haven’t forgotten how you don’t owe anything to anyone, ever. » Tu roules des yeux encore et il est dur de résister à la tentation d’ouvrir la porte à nouveau et de te pousser. C’est exactement ce qu’il attend après tout. Tu croises tes bras sous ta poitrine, lâches un énième soupir. « It’s simple Hunt’. You call your mum to tell her you’re okay every few days, you don’t get me barging in making sure you’re alive. It’s a very simple solution. » Mais le connaissant, il était bien capable de rendre une situation bien simple en quelque chose de beaucoup trop compliqué. « You’re the one choosing to make this so hard, it doesn’t have to be like this. » que tu finis par souffler, la rancune ayant duré déjà bien trop longtemps à tes yeux.

12 mai 2021.Hunter avait ouvert la porte avec une nonchalance qui lui était propre. Découvrir sa cousine derrière celle-ci n’avait rien arrangé. Il avait accordé un regard fatigué à Opale, la chienne de Maxence, se disant qu’il aurait préféré rester dans le lit plutôt que de tomber sur elle. La connaissant, elle serait restée derrière la porte jusqu’à ce qu’il ouvre. Alors, au lieu de lui fermer la porte au nez, il avait fait un demi-tour, ne prenant pas la peine de l’inviter à entrer car il savait qu’elle le ferait d’elle-même. Depuis des années, Hunter s’était complètement désintéressé de sa cousine. Il avait eu en travers qu’elle fasse ce test sans même le prévenir par avance. Il s’était pourtant senti si proche d’elle à un moment, quand tout son monde s’écroulait autour de lui… Déjà que le jeune homme n’était pas très avare des mots, c’était pire quand Penny devenait son interlocutrice. Il faisait son petit train en l’écoutant, et finit enfin par lever la tête pour la regarder, et lui demander ce qu’elle en avait à faire de ce qu’il faisait là. « Me personally? I don’t. » Sa mère savait parfaitement pourquoi Hunter était là, il était là pour chercher du travail et tenter de mettre du beurre dans les épinards. Cette question était donc venue de sa propre curiosité et elle n’était même pas capable de l’assumer. Le brun n’avait pas envie de lui porter de l’intérêt, il en voyait assez dans les notifications de son téléphone qui l’informaient que Penny Stringer avait sorti un nouveau film sur Netflix, ou que l’actrice était passé d’un brun cendré à un blond éclatant. Il en avait rien à faire de sa vie. « Worried enough to call my mum and get me on the case. » Il hochait de la tête en tournant une cuillère dans son bol. « She’s overreacting. She knows why I’m here. » dit-il tout de même, essayant d’alimenter la conversation, Penny restait sa cousine, la famille, et il n’avait pas envie d’entendre sa mère se plaindre une énième fois qu’il jouait trop les têtes de mule. Hunter continuait son train, attendant derrière son micro-onde alors qu’il avait le dos tourné à l’actrice. « Oh don’t worry Hunter, I haven’t forgotten how you don’t owe anything to anyone, ever. » Un sourire ironique s’était affiché sur son visage alors qu’elle ne pouvait pas le voir. Un ‘ting’ se fit retentir, et il prit son bol en se tournant vers elle pour le poser sur le plan de travail. « It’s simple Hunt’. You call your mum to tell her you’re okay every few days, you don’t get me barging in making sure you’re alive. It’s a very simple solution. » Le jeune homme se pinça les lèvres en écoutant ses propos. Penny était beaucoup trop sûre d’elle, ça avait le don de l’énerver. « Don’t worry, I will. I don’t want to see you anyway. I’ve had enough of you in my phone. » rouspéta-t-il en portant son bol à ses lèvres pour prendre une gorgée, un peu de douceur pour apaiser ses nerfs. « You’re the one choosing to make this so hard, it doesn’t have to be like this. » Hunter roula des yeux, ses épaules s’affaissant en constatant que l’actrice était toujours aussi tenace. « I’ve learnt to live alone and be self-sufficient. You taught me not to trust anyone, Penelope. That’s a pretty good value to learn. But you’re still family, I guess. » dit-il avec un air détaché alors qu’il avait repose son bol pour venir attraper sa sacoche qui traînait sur la table. Il comptait bien se rouler une clope, et rejoindre la fenêtre pour s’en fumer une. « What I heard about you… Was it just gossip? » Tell me it were just gossips to get the lights on you… Some strategies to get even more popular… Hunter avait lu sur son telephone, un énième article relatant les accusations que Penny portait sur l’un de ses producteurs. Hunter était curieux de savoir ce qu’il en était, au fond il voulait être rassuré que sa cousine n’ait pas eu à traverser une telle chose.  

C’est un jeu las de qui peut s’en foutre le plus qui se déroule sous vos yeux alors que t’as déjà perdu d’avance par le simple fait que tu te sois déplacée jusqu’ici. Tu utilises l’inquiétude de sa mère comme la bonne excuse alors qu’au fin fond de toi, t’es forcée d’admettre que t’étais curieuse de le voir après tout ce temps et puis pour t’assurer que tout allait bien pour lui. T’es déjà tannée de parler à son dos alors qu’il s’efforce de t’ignorer autant que possible. Tu ne sais pas pourquoi tu insistes autant, tu ne sais pas non plus pourquoi t’es pas tout simplement capable de lâcher prise quand il est question de ton cousin. Sans doute que la culpabilité joue encore un léger rôle dans tout ça, malgré ce que tu peux bien en dire. « She’s overreacting. She knows why I’m here. » Tu hausses les épaules. T’aimerais bien qu’il te le dise à toi, qu’est-ce qu’il fait là. Mais comme toujours, il t’évite, il t’ignore, il joue avec ta patience et tu résistes à la simple envie de faire demi-tour et retourner d’où tu viens. « Don’t worry, I will. I don’t want to see you anyway. I’ve had enough of you in my phone. » Tu ne peux réprimer un rire sarcastique. Alors il suit les nouvelles à ton sujet, c’est bien ce qu’il essaye de te faire comprendre? Est-ce qu’il a lu l’article du blog Conviction et toutes les rumeurs qui en ont découlé? « There’s also a super simple solution for that, don’t google my name. » que tu rétorques, même si tu te doutes bien qu’il ne doit pas chercher volontairement à lire toutes ses rumeurs à ton sujet. T’aurais bien préféré que rien de tout ça ne soit si facilement accessible, c’est pas le genre de secret que tu veux que le monde entier puisse connaître avant que tu sois moi-même prête à assumer. Il roule des yeux quand tu lui dis que c’est de son propre chef que votre relation est aussi compliqué et ça t’arrache un énième soupir. T’as constamment l’impression de reculer lorsqu’il est question du jeune homme, comme si les progrès étaient impossible, votre relation éternellement brisée. « I’ve learnt to live alone and be self-sufficient. You taught me not to trust anyone Penelope. That’s a pretty good value to learn. But you’re still family, I guess. » « Don’t be so dramatic Hunter, I’m the actress in the family. » que tu lances, une tentative d’humour mal-placée avec un ton de voix qui n’indique pas réellement que c’est une blague. « You have a really weird way of showing we’re family, you know. This is the most we’ve talked in years. » Et encore, c’était bien loin d’être une conversation édifiante quand la moitié des mots partagés n’étaient lancés que pour piquer l’autre d’une manière ou d’une autre. « What I heard about you… Was it just gossips? » Tu perds d’un coup ta mauvaise attitude alors que les traits de ton visage deviennent plus sérieux, plus sombres. Tu déglutis difficilement, soudainement incapable de supporter son regard plus longtemps. Tes yeux se posent donc sur le chien toujours entre tes pattes, à qui tu donnes des caresses pour t’occuper les mains. « Depends what you’ve heard. » que tu finis par souffler, d’une voix nouvelle enraillée. Il y a les rumeurs sur Rory et toi, sur Byers et toi, le triangle amoureux et le bordel qui n’a absolument rien de vrai. Et puis il y a les rumeurs qui disent que Byers aurait agressé une ou des actrices, ton nom dans les potentielles victimes. T’as peur de lui dire la vérité tout autant que tu as peur de lui mentir, alors tu attends. Tu attends comme si une sentence devait tomber. Tu attends comme si tout était sur le point de changer. Maybe it was.

12 mai 2021. Hunter n’était qu’à moitié étonné que la cousine soit au courant de son arrivée ici. Sa mère trouverait réconfort à garder contact avec les Stringer, elle se raccrochait encore à eux, qui représentaient le terrible et doux souvenir de son feu père. Cependant, Hunter était fidèle à lui-même : distant, nonchalant, désintéressé. Il l’avait tout de même fait rentrer, mais dans l’idée de continuer sa vie comme si de rien était. Il se préparait un chocolat chaud, définitivement la tête dans le pâté alors qu’Opale s’était assise dans l’espoir de pouvoir resquiller quelque chose dans le processus qu’était le petit matin pour Hunter. Le chocolat dans le microonde, le jeune homme tentait de tempérer les propos de sa cousine. Il n’y avait pas mort d’homme et sa mère le savait parfaitement. Le Stringer allait devoir apprendre à donner un peu plus de nouvelles s’il voulait éviter qu’elle rapplique toutes les semaines ici. En plus, le brun se permit une petite confidence, qui allait amuser la blonde. Ce n’était pas étonnant qu’elle en rigole car c’était presque bizarre qu’il dise une telle chose à son égard. « There’s also a super simple solution for that, don’t google my name. » Hunter eut un rire partagé entre le sarcasm et l’amusement, il ne la regardait pas, prenant le temps de touiller proprement son chocolat. « I clearly don’t, but it looks like you like to hit the headlines. » Et une pique, une. Elle voulait attaquer, Hunter pouvait aussi le faire même si pour le coup, c’était assez petit de sa part. Il porta son chocolat à ses lèvres venant finalement croiser le regard de sa cousine. L’atmosphère était lourde alors que les cousins se retrouvaient seuls face l’un à l’autre, personne pour jouer les tampons entre eux. Et Hunter était toujours dans la finesse du rôle passif-agressif qui savait, pour sûr, énerver parfaitement l’actrice. « Don’t be so dramatic Hunter, I’m the actress in the family. » Il haussa les sourcils en approuvant d’un sourire, not so bad Penelope, you’re getting better at this – qu’il pensa, un sourire amuse venant le trahir. « You have a really weird way of showing we’re family, you know. This is the most we’ve talked in years. » Il soupira, assez agacé de revenir encore et encore sur le même sujet. « You fooled me once and there won’t be any twice. I’m not that stupid. » Et il avait la rancune dure le petit Stringer surtout quand cela concernait son père. Finalement, peut-être parce que le chocolat lui avait adouci les idées, il revint sur le sujet des gros titres, des choses sur lesquelles il était tombé par hasard et dont il voulait savoir si ce n’était que des rumeurs. « Depends what you’ve heard. » Hunter n’aimait pas parler, il préférait écrire, tout le monde le savait. Il n’aimait pas montrer ses émotions, et encore moins montrer un quelconque intérêt pour sa cousine, mais elle le forçait à en dire plus, elle le forçait à développer alors qu’il voulait se contenter du minimum… Il la fixait tandis qu’elle avait opté pour la fuite, le regard ailleurs, elle semblait avoir des choses sur le cœur. « I forgot my manners. Would you like anything to drink? Coffee? Tea? Wine? » dit-il en posant son bol sur le plan de travail venant s’agiter pour sortir une mug alors qu’il n’était pas très à l’aise. Il était d'ailleurs au courant qu'il n'y avait aucun alcool présent chez Maxence dû à son abstinence, mais c'était juste pour alléger cette atmosphère bien trop lourdre à son goût. Puis, il s’activait à préparer sa boisson, dos à elle, il finit par les dire ces mots qui tuaient sa curiosité. « The Byers case. Are you involved somehow? » demanda-t-il alors qu’il se tournait, les mains posées sur l’évier derrière lui, Hunter affrontait Penny du regard alors qu’il était conscient d’aborder un sujet délicat.  

« I clearly don’t, but it looks like you like to hit the headlines. »
« You know that I don’t. »

Tu détestes cette manière qu’il a de parler de toi comme si t’étais quelqu’un qui cherchait l’attention des médias alors qu’il sait très bien que tu as toujours été l’opposé de tout ça. C’est la partie de ton métier que tu détestes le plus, celle que tu parvenais à gérer assez bien avant mais dont tu as complètement perdue le contrôle depuis un an et demi déjà. Tu détestes chaque article à ton sujet et toutes les rumeurs qui sortent semaine après semaine, autant celles qui sont proches de la vérité que celles qui en sont à des années lumières. Tu enchaînes les soupirs entre deux répliques de ton cousin, déjà épuisée de cette sensation de faire dur surplace lorsqu’il en vient à parler de votre relation qui est inexistante depuis si longtemps déjà qu’il est difficile de te souvenir d’un moment ou vous étiez proches et complices tous les deux. « You fooled me once and there won’t be any twice. I’m not that stupid. » « I didn’t fool you. » Tu restes l’éternelle coupable dans son esprit alors que la situation est bien plus complexe à tes yeux. Tout n’est pas blanc ou noir, bon ou mauvais. Est-ce que tu t’y es mal pris en faisant le test sans lui dire? Oui, tu ne l’as jamais nié. Mais est-ce que tu avais tes raisons de le faire? Tu crois sincèrement que oui, bien que Hunter se refuse encore à ce jour à vouloir les comprendre, ou même seulement les entendre. « You’re gonna have to forgive me someday for taking me the test. For needing to know what could potentially happen to me. You might not want to know, but I needed to. » T’en avais besoin parce que tu ne dormais plus tant l’anxiété avait pris de l’ampleur. T’en avais besoin parce que ta mère t’en parlait chaque jour et tu savais qu’elle aussi, dormait de moins en moins à la simple idée que tu puisses être porteuse de ce gêne maudit.

Le sujet dérape sur Byers et tu fais moins la maligne quand les souvenirs de cette soirée reprennent encore toute la place de ton esprit et que c’est un genre bien différent d’anxiété qui t’habite. Tu te refermes sur toi-même sans même t’en rendre compte, tes bras sous ta poitrine, le regard fuyant alors que tu évites de répondre à la question que ton cousin te pose. Tu repousses le moment, tu repousses la conversation. C’est clairement pas quelque chose que tu t’étais imaginée discuter avec lui aujourd’hui, bien que tu aurais dû t’en douter. « I forgot my manners. Would like anything to drink? Coffee? Tea? Wine? » Il était un brin tôt pour considérer vouloir un verre de vin, mais tu devais avouer que l’idée de tuer le malaise dans un verre n’était pas complètement désagréable. « A coffee, please. » Tu restes raisonnable toutefois, surprise qu’il t’offre quelque chose sachant que ça voulait dire que tu resterais encore un peu. Surprise qu’il ne t’ait pas tout simplement mis à la porte dès qu’il t’a vu arrivé. « The Byers case. Are you involved somehow? » La question que tu redoutais. Celle qui t’arrache une grimace involontaire alors que son regard trouve le tien et que tu peines à le soutenir. « Yes. » Tu échappes un long soupir alors que tu viens nerveusement jouer avec une mèche de tes cheveux. « But it’s not a love triangle or anything like that, like some rumours have said. What did you read? » Tu préfères lui demander ce qu’il pense savoir plutôt que de lui offrir la vérité comme ça. C’est trop difficile d’en parler, même à celui que tu as longtemps considéré comme ton frère.

12 mai 2021. Hunter n’avait pas de tact, il n’en avait plus à vrai dire. Il ne passait jamais par quatre chemins pour dire ce qu’il pensait, et même s’il ne le pensait pas, il aimait faire des remarques sarcastiques, surtout quand son interlocutrice se prénommait Penny. Il jouait les mecs détachés, en rajoutant des couches sur l’image d’actrice écervelée de Hollywood que Penny dégageait. « You know that I don’t. » Un rictus se fit voir sur son visage alors qu’il continuait à s’affairer autour de son chocolat chaud. Il ne pouvait pas s’empêcher de l’emmerder, c’était plus fort que lui. « I didn’t fool you. » Penny gardait la même rengaine, cette même force à toujours le contredire et affirmer qu’elle n’avait jamais rien fait de mal. Mais Hunter n’en démordait pas, il avait vécu cette histoire comme une vraie trahison. Peut-être le fait qu’avoir dix-sept ans à cette époque avec un cœur meurtri et orphelin avait tout amplifié, mais il ne s’était jamais remis en question depuis, malgré le temps qui était passé. « You’re gonna have to forgive me someday for taking me the test. For needing to know what could potentially happen to me. You might not want to know, but I needed to. » Et voilà le sujet était relance et le jeune homme n’était pas sûr que cela soit une bonne idée. « Why would you pretend to understand me for a second and take the test a second later? Without telling me, for that matter. » rétorqua-t-il en stoppant son geste en plein milieu alors qu’il était sur le point de prendre une gorgée. « No, you know what? We’ve talked about this a million times. I don’t wanna go over it all over again. » soupira-t-il en grinçant des dents, il se mordit l’intérieur de la joue en évitant son regard, prenant soin de finir le geste qu’il avait commencé, et boire son chocolat chaud.

Hunter décida de s’extirper de cette conversation qui l’énervait toujours autant. Le jeune homme voulait en savoir plus sur les rumeurs qu’il avait pu lire. C’était clairement de la curiosité mal placée et il n’était même pas sûr qu’elle accepte d’en parler aussi librement avec lui. « A coffee, please. » Il hocha la tête en posant son mug pour venir préparer son café, tentant d’en savoir plus sur ce Byers. « Yes » Il lui faisait dos, et elle savait qu’elle devrait en dire plus si elle souhaitait qu’il s’intéresse encore un peu à elle. « But it’s not a love triangle or anything like that, like some rumours have said. What did you read? » Elle jouait le temps, la course contre la montre, elle tournait autour du pot et ça fit lever les yeux au ciel de son cousin. Il prit la tasse et se tourna pour lui poser devant le nez. De l’autre côté du plan de travail, il posa ses yeux sur elle : « I’ve read a lot of things. It’d be easier if you directly tell me your truth. » Dit-il alors de but en blanc. « Don’t you think? » continua-t-il en insistant du regard. A quoi bon se fatiguer à lui raconter ce qu’il pensait savoir quand elle pouvait directement lui dire la vérité ? Même s’il ne l’avouerait jamais clairement, Hunter la croirait à elle, quoiqu’il en coûte.

Toutes les discussions, ou du moins les tentatives à ces dernières, semblaient menées au même point. Celui de ce fameux test que tu avais fait presque dix ans plus tôt, celui qui avait confirmé que tu n’étais pas porteuse du gène qui avait attaqué ton oncle, ne lui laissant aucune chance de survie il y a de ça si longtemps. Gène que ton cousin porte peut-être, sans même le savoir. Une incertitude qui pesait autrefois sur ta tête, mais de laquelle tu n’as pas su gérer la pression. T’aurais voulu être aussi forte, ou ne serait-ce qu’aussi têtue que Hunter et être capable de continuer à vivre sans savoir, mais ta réalité avait été toute autre quand l’inconnu te rendait anxieuse au point d’être incapable de penser à quoique ce soit d’autre. Tu savais que tu avais mal géré la situation en ne lui disant pas que tu ne te sentais pas capable de tenir ta promesse avant d’aller faire le test, mais ça avait été une maladroite façon de ta part de tenter de le protéger. Tu aurais beau vouloir t’excuser de toutes les façons, il ne voulait jamais t’entendre Hunter, préférait de loin couper la discussion avant même que celle-ci n’ait le temps de débuter. « Why would you pretend to understand me for a second and take the test a second later? » « I wasn’t pretending! » Et tu comprends son point de vue, le raisonnement qu’il se fait depuis si longtemps, mais ce n’est pas comme ça que tu l’avais vécu. « No, you know what? We’ve talked about this a million times. I don’t wanna go over it all over again. » Tu ne peux t’empêcher d’échapper un court rire sarcastique. « See that’s the thing though. We never go over it. You cut the conversation short before it even has a chance to begin. You have no interest in listening to what I actually have to say. » C’est bien plus facile de te mettre tout le blâme sur le dos and call it a day. Tu as si souvent voulu lui tendre la main, mais de te la faire taper coup après coup t’as éventuellement rendue réticente à faire les premiers pas vers lui même si au fond, tu ne souhaites qu’une chose : pouvoir rétablir un quelconque contact entre vous. « You made me the villain a long time ago and it doesn’t matter what I try to do to make you see things differently, that’s who you want me to be in your story. » Tu soupires longuement tout en secouant la tête. « I’m not even sure why I bother. Trying to change your mind has proved to be useless for so long. » Et t’es fatiguée, complètement épuisée de cette tension qui règne éternellement entre vous deux.

Malgré le ton qui monte et les vérités qui sont toujours aussi déplaisantes à dire, Hunter te surprend en t’offrant quelque chose à boire alors qu’il aurait très bien pu te montrer la porte. C’est maladroit, mais c’est une tentative de courtoisie qui te surprend tant ça semble sortir de vos habitudes. Tu réalises bien vite que le changement n’est dû qu’à une seule et unique chose : la curiosité de ton cousin à en savoir plus sur ce qui se dit à ton sujet dans les médias, surtout autour de l’histoire de Byers. Impossible de rester complètement neutre lorsque le nom du réalisateur résonne partout dans la pièce. Tu cherches à savoir ce qu’il sait à défaut de pouvoir lui partager une vérité qui fait trop mal et tu le vois bien que ça l’énerve quand il se retourne à nouveau vers toi, posant ta tasse de café sur le plan entre vous deux. « I’ve read a lot of things. It’d be easier if you directly tell me your truth. Don’t you think? » Tu déglutis difficilement sans jamais quitter ton cousin des yeux. « Why do you care? » Tu ne pus t’empêcher de poser la question, comme une dernière défensive que tu savais pourtant bien inutile. « You’ve made pretty obvious for years now that you don’t care what happens to me so why should I tell you anything? » Tu devrais faire un effort, tu le sais que c’est ta chance de partir sur une meilleure note, mais la rancune est tenace et tu ne veux pas de sa pitié.

12 mai 2021.Depuis toutes ces années, Hunter avait pris le soin de rejeter toutes les personnes qui tentaient de l’approcher, ou de l’aider de quelque manière qui soit. Même sa famille en avait fait les frais, et Penny pouvait en témoigner. Elle avait tenté d’être tenace, mais Hunter s’était montré rancunier. Il lui en voulait de ce qu’elle avait fait à l’époque, alors qu’il sentait que petit à petit tout son monde s’écroulait. Sa cousine avait cédé à l’ignorance, et maintenant que tout le monde savait que ni elle ni son frère ne portait le gêne Huntington, Hunter était persuadé qu’il était la pièce manquante du puzzle. De toute manière, il valait mieux qu’on le perde à lui que la prestigieuse Penelope Stringer. Il avait développé une certaine jalousie envers elle qui avait entretenu cette rancune toutes ces années. Une fois de plus, la jeune femme se trouvait devant lui et il n’arrivait pas à faire taire ses petites voix. Le sujet du test revenait une fois de plus sur la table et même lui en avait assez. « I wasn’t pretending! » Il secoua sa main en l’air, mimant un whatever avec sa bouche alors qu’il portait son chocolat à sa bouche. Il était fatigué de ces histoires. « See that’s the thing though. We never go over it. You cut the conversation short before it even has a chance to begin. You have no interest in listening to what I actually have to say. » Un long soupir s’échappa des lippes du jeune homme, il prit une grande inspiration comme pour tenter de prendre un peu de force. « I’m not even sure why I bother. Trying to change your mind has proved to be useless for so long. » Il approuva d’un signe de tête – il était une vraie tête de mule. « You’re right. Don’t bother. » conclut-il alors qu’il n’arrivait même plus à la regarder dans les yeux.  

Hunter s’était tout de même apaisé un instant pour lui proposer à boire, il avait une idée derrière la tête. Il avait entendu des choses sur sa cousine qui l’avait déplu mais ne savait pas ce qu’il devait croire ou non. Maintenant que la principale intéressée se retrouvait devant lui, Hunter se disait que cela serait le moment de chercher la vérité de sa bouche. « Why do you care? » Elle jouait les dures, les femmes fières et Hunter eut un petit rire sarcastique qu’il tenta de retenir, alors qu’il ne la lâchait plus des yeux. Il essayait d’anticiper ses réactions, de voir ce qu’elle ressentait vraiment en parlant de ce sujet délicat. « You’ve made pretty obvious for years now that you don’t care what happens to me so why should I tell you anything?» Il leva son coude pour venir finir d’un trait les quelques gorgées de son chocolat. Elle jouait avec sa patience, et venait probablement de louper le coche pour calmer les ardeurs du jeune homme, mais il n’insisterait pas plus. « You’re right, Penelope. » répondit-il finalement en reposant ses yeux dans les siens. C’était trop tard, il n’en avait plus rien à faire maintenant. Elle voulait jouer les fières ? Très bien. Qu’elle ne lui dise rien, il ne s’en portera que mieux. « You know your way out. » ajouta-t-il finalement, claquant son mug contre le plan de travail qui les séparait. Il déglutit, en la fixant se disant qu’ils avaient failli pendant un instant avoir une vraie conversation.  

« You’re right. Don’t bother. » C’est le même manège qui recommence. C’est de tourner en rond constamment sans jamais voir une possible résolution à ce froid qui perdure depuis trop longtemps. Vous êtes tous les deux trop bornés, trop têtus, incapable de réellement écouter ce que l’autre essaye de dire si fort pourtant. Tu veux qu’il t’écoute, il veut que tu le comprennes. Tu veux qu’il te pardonne, il veut que tu sois réellement désolée. Tu l’es, mais peut-être pas assez. Tu l’es, mais tu ne sais pas comment lui montrer correctement. Tu montes directement sur tes grands cheveux, repousses sans cesse ta part du blâme parce que c’est plus simple que d’être réellement repentante pour la trahison causée. Tu n’as jamais voulu lui faire du mal : cette part est totalement vraie et tu peines à t’en défaire. The thing is you don’t always get to decide whether or not you’ve hurt someone. Et une chose est certaine, il a été blessé de tes actions Hunter. Blessé que tu ne prennes pas la peine de lui parler, de lui exposer ton point de vue quand tu as finalement décidé de passer le test. Blessé que tu aies pris la décision dans son dos plutôt que d’assumer le fait que tu ne te sentais pas assez forte pour respecter ta promesse. Tu voudrais pouvoir lui dire toutes ces choses, mais tu en es incapable. Les mots restent coincés dans le fond de ta gorge alors que vos regards s’évitent, alors que les tensions remontent inévitablement dans la pièce, balayant tous les souvenirs heureux de votre enfance pour ne laisser au milieu de tout que le ressentiment qui existe entre vous depuis presque dix ans maintenant.

Quand Hunter se fait curieux sur les rumeurs à ton sujet, tu ne réalises pas qu’il te tend la main. Qu’il t’offre une chance de t’ouvrir à lui, de faire un pas vers lui hors de ce sujet qui est encore trop épineux entre vous. Tu ne vois qu’une curiosité mal-placée toutefois et tu refuses qu’il te prenne en pitié parce que tu as vécu quelque chose de traumatisant. Alors tu te braques, tu attaques plutôt que de te rendre alors que la seule chose que tu veux réellement, c’est d’enfin baisser les armes et avoir l’impression que tu peux compter sur le Stringer, lui qui a si longtemps été comme un frère pour toi. Le rire sarcastique qui file des lèvres de Hunter te blesse, probablement autant que tes propres réactions l’atteignent lui malgré ce que vous démontrez, visages impassibles et poings serrés pour ne pas laisser vos vrais couleurs, vos vraies émotions prendre le dessus. Tu n’as presque pas touché à ton breuvage, tu ne peux que fixer ton cousin alors qu’il fini sa tasse d’une traite et tu secoues la tête, regrettant déjà les derniers mots prononcés, sachant au fond de toi que tu venais de commettre une erreur. « You’re right Penelope. » Tu serres les dents, tu ne bouges pas toutefois alors que son regard trouve le tien, glacial. « You know your way out. » Tu es tentée, terriblement tentée de faire demi-tour et de sortir de cet appartement. Pourtant, tu ne le fais pas. Comme si tes pieds étaient soudainement figés dans le plancher, que tout ton être refusait d’écouter cette voix dans ta tête qui te répétait encore et encore que ce fût perdu d’avance pour vous. Plutôt, tu prends une longue inspiration et échappes un profond soupir, ta voix s’élevant à nouveau entre vous deux avant même que tu ne réalises ce que tu étais en train de faire. « He sexually assaulted me, alright? That’s what happened. » Ton cœur cogne contre ta poitrine alors que la vérité sur ton agression existe désormais sur ce plan de travail, juste là entre Hunter et toi. « Are you happy now? » que tu ne peux t’empêcher de rajouter, éternellement vénale, maigre protection inutile alors que tes yeux se remplissent d’eau et tu dois user de tout ton self-control pour éviter de te mettre à pleurer devant lui. « He would have raped me if someone didn’t happen to walk by and stopped him. The movie was cancelled because my co-star punched him to stop him from hurting me more. » Parce que même si Byers n’était pas allé au bout ce soir-là, il avait tout de même infligé un bon nombre de blessures sur ta personne. Une impression d’être sale, intimité volée alors que tu peinais encore aujourd’hui à tolérer la proximité d’autrui. Tes lèvres tremblent et tu es incapable de supporter le regard de ton cousin. Tu passes tes bras autour de ta poitrine, le regard visé sur le sol, clouée sur place de la plus inconfortable des manières.

12 mai 2021. Hunter surfait entre l’envie d’écouter sa cousine et l’indifférence qu’il tentait de lui porter depuis toutes ces années. Bien sûr, il avait suivi ses péripéties d’actrice depuis toutes ces années, de loin, il était plusieurs fois tombé sur elle à la télé ou dans les journaux, mais à chaque fois c’était bien trop dur pour lui de s’intéresser à fond à elle. Penny lui rappelait cette longue et dure période, elle lui rappelait aussi cette maladie qu’il essayait d’oublier. Hunter avait été blessé par l’actrice, par sa cousine, son propre sang et depuis, il n’arrivait pas à l’affronter. Il avait dû mal à la regarder dans les yeux car elle lui rappelait tout ce qu’il n’avait pas pu devenir. Elle avait beau être sa cousine, Hunter avait des ressentiments très forts envers elle. Il n’arrivait pas à lui pardonner pleinement, et la voir ici dans son lieu de vie était en train de l’énerver. Mais, c’était le matin pour lui, il se réveillait doucement après avoir bu son chocolat chaud et il tentait de tempérer ses émotions…

Alors, comme sorti de nulle part, le jeune homme tenta d’en savoir plus sur ce qu’il avait pu entendre sur la blonde. Hunter ne s’attendait pas vraiment à ce qu’elle se braque et qu’elle l’envoie bouler. Il était même étonné qu’elle ne saisisse pas cette chance pour parler, et se rapprocher un peu plus de lui. Très bien, il n’insisterait pas, le brun releva les yeux et calmement Hunter l’invita à s’en aller. Il n’allait pas s’énerver, il n’en avait plus la force mais cela ne servait plus à rien qu’elle reste ici. Hunter osa garder son regard poser sur elle, attendant probablement qu’elle bouge enfin. Mais elle ne le fit pas. Il fronçait les sourcils, le regard insistant et il la vit soupirer. « He sexually assaulted me, alright? That’s what happened. » Un moment de silence, et elle reprit aussitôt : « Are you happy now? » Hunter resta impassible, mais son coeur se serra dans sa poitrine, comment pouvait-elle imaginer qu’il était heureux d’entendre ça ? Il secoua doucement la tête alors qu’elle ne le regardait même pas. « He would have raped me if someone didn’t happen to walk by and stopped him. The movie was cancelled because my co-star punched him to stop him from hurting me more. » Il pouvait déceler dans sa voix une certaine honte, elle parlait à demi-mot, probablement encore touchée par cet événement. Le silence reprit ses droits un instant, Hunter posa les deux paumes de ses mains à plat sur le plan de travail et son regard se perdit vers la fenêtre avant de revenir sur sa cousine. « How could you believe I’d be happy to know that?» finit-il par dire, la mâchoire serrée. Ce n’était pas vraiment son genre de montrer de l’empathie mais il ne pouvait pas la laisser dire ce genre de bêtises. « Has he been arrested? » ajouta-t-il finalement pour savoir le fin mot de l’histoire. Hunter posait un regard inquiet sur la jeune femme, il ne pouvait pas se montrer glacial plus longtemps. Il voulait juste savoir si cet homme avait payé pour ce qu’il avait fait.

Dans un échange de regards qui se faisait de plus en plus inconfortable, tu ne pouvais t’empêcher de te demander ce que tu pouvais vraiment avoir espéré de cette intrusion dans sa vie. Tout semblait perdu d’avance, quand comme toujours, vous sembliez tout simplement incapable de vous mettre sur la même longueur d’ondes. Quand comme toujours, vous étiez bien trop sur vos gardes pour vous permettre d’avoir une conversation qui déboucherait sur quoique ce soit. Il t’avait pourtant donné une opportunité, celle de lui parler de ce qui s’était passé il y a de ça plus d’un an maintenant, de mettre à mal les rumeurs qui circulaient sur ton cas depuis trop longtemps. Lui offrir une partie de ta vérité toutefois était un processus sans cesse douloureux et la dernière chose que tu voulais, c’était de t’attirer sa pitié. Tu ne voulais pas qu’il décide simplement de t’accorder du temps ou de l’attention parce qu’il te voyait comme une pauvre victime. Tu te braques alors, tu passes à la défensive, t’es prête à mordre et évidemment, lui il est prêt à te mettre dehors, tous les deux épuisés de ce jeu qui n’a absolument rien d’amusant

Et puis tu changes la donne au dernier moment. Tu laisses les mots filés, ta vérité, aussi laide et douloureuse soit-elle. Tu ne le fais pas de manière élégante, tu oses même aller jusqu’à sous-entendre qu’il puisse être content de t’entendre le dire, bien que tu ne crois même pas tes propres paroles. Tu essayes simplement de te protéger et c’est maladroit, c’est insensible, c’est à l’opposé de tout ce que tu ressens présentement. Le silence est lourd et ton regard ne quitte pas celui de ton cousin alors que ses paumes viennent se poser lourdement sur le plan de travail entre vous deux. « How could you believe I’d be happy to know that? » Tu lâches un long soupir et puis tu secoues la tête. Tu ne pensais pas réellement qu’il serait heureux de l’apprendre et tu ne sais pas quoi répondre, te contentant de te mordre les lèvres, tentant tant bien que mal de retenir les larmes qui menacent de te remplir les yeux d’une seconde à l’autre. « Has he been arrested? » Tu secoues la tête une nouvelle fois. Tu prends une longue inspiration alors que tu cherches éternellement tes mots. Tu ne veux pas être confronté à ses jugements quand tu vas lui dire que tu n’as toujours pas porté plainte, mais tu n’as pas non plus le cœur de lui mentir à ce sujet. « I haven’t reported him yet. » que tu avoues enfin d’une petite voix et t’as l’impression que ton cœur va éclater tellement il bat fort, tellement ça fait mal. « He twisted the story in the media as soon as it happened, making himself look like the victim. I haven’t worked the courage to do something about it yet. » Et tu étais loin d’être fière de ça, mais pendant longtemps, tu avais simplement tenté de survivre, et maintenant que ton monde semblait enfin faire du sens à nouveau, tu ne trouvais plus le courage de te replonger tête première dans tout ça. « It’s been really hard. » que tu admets enfin avec un soupir alors que quelques larmes coulent silencieusement le long de tes joues, incapable de les retenir plus longtemps.