| tell me there are things that you regret (craker #8) |
| | (#)Dim 13 Juin 2021 - 16:23 | |
| Le traditionnel dénouement d’une pièce de théâtre se veut d’apporter une sorte de solution aux problèmes rencontrés par les différents protagonistes. Qu’importe l’issue, la scène finale offre une dernière chance d’expier ses péchés, de jouer carte sur table, d’amener l’ultime coup de théâtre. La fin de la pièce ou le dernier bouleversement teinté d’une vérité qu’aucun des personnages n’avait osé s’accorder jusqu’alors. Se jouait le premier acte de notre scène finale sur ce parking abandonné entre quelques regards à peine volés et le silence d’une nature qui s’impose tout autour. Les oiseaux chantent insouciants de la scène qui se déroule juste à côté. Sur la pointe des pieds, on tatillonne autour de ces sujets bien trop longtemps gardés sous scellés. S’offre à nouveau un dernier élan, celui de l’honnêteté ô combien bafouée par les années. « On a toujours été meilleurs pour s’haïr que pour s’aimer. » A chipoter l’on se perd entre vérité poétiquement composer et véracité d’une envergure guère envisager. L’on a su se haïr pour mieux endurer les cicatrices du passé, pour ne jamais avoir à exprimer les sentiments bien trop réprimés. « C’est toujours plus aisé de choisir le chaos. » Chaos and war. Le mariage dangereux de deux caractères, de deux mondes qui s’ignorent, deux forces qui se veulent incompatibles. S'étale sous nos yeux le triste constat d'une décennie à s'écorcher vif entre impulsion et regrets quand on a toujours su danser autour de la vérité sans jamais l'énoncer. « Peut-être que si tu m’avais secoué avant, on en serait pas là. » La réplique se veut cinglante, coup de fourche qui vient chatouiller les côtés et titille la rancœur profonde. Peut-être que si elle ne me présentait pas comme l'unique coupable de chacun de ses maux, on en serait pas là. Dans son monde, l'anti-héros porte mon nom, elle en avait décidé ainsi il y a dix ans à trop vouloir se déculpabiliser de la moindre de ses décisions. C'est que j'allais répliquer, mordre plus fort, réaffirmer qu'elle était la seule à nous avoir pousser dans le vide sans préavis. « Mais c’est pas de ta faute. » Pincez-moi, je rêve ?! Est-ce que Rosalie serait prête à prendre le blâme ? C'est que j'en aurais le souffle coupé. « J’voulais pas que tu me dises non. Et j’aurais dû pouvoir me rendre compte de mes sentiments sans que t’aies besoin de faire tout le travail pour moi. Je le sais ça. » Avec des si on pourrait refaire le monde. Tout aurait été trop beau, trop fluide, si elle avait su comprendre à l'instant présent que les disputes ne faisaient que dissimuler des sentiments. Les gros mots que l'on n'ose murmurer, ceux qui en deviennent terrifiants d'intensité. Les sentiments, drôle de bête à dompter quand on s’est juré que tout avait expiré, que plus rien ne pouvait recommencer. Entêter, pris dans une tempête que l'on ne savait gérer, voilà où on en était arrivé. A se haïr sans raison fondée, à tenter de se justifier sur un parking déserté. « Je suis désolée. » C'est un trouble inexpliqué qui m'ébranle face à sa sincérité. N'est-ce pas tout ce que j'avais cherché à lui soutirer ? Alors pourquoi les mots brûlent, pourquoi tout me tiraille de chaque côté. L’écartèlement se joue entre volonté de ne pas plier et horde de sentiments bien trop ancrés. De son désolé, je n'en entends qu'une moitié, à trop chercher son égoïsme patenté qui semble pourtant s'être fait la malle. « Alors, laisse-moi dire non. » Si elle est sincèrement désolée, elle cessera de lutter quand j'avais déjà trop imposé la décision à laquelle je tentais de me raccrocher.
Ce n'était qu'une once de sincérité qu'elle venait de déployer, quand elle cachait encore plus lourd secret derrière ses yeux tristes. De mon propre chef, je lui avais réclamé une ultime vérité. Jamais je n'aurais pu concevoir que derrière ma simple requête se cachait une bombe nucléaire. De celle qui ravage tout sur leur passage sans jamais laisser aucun survivant. De celle qui vous apprend, dix ans après, une grossesse en même temps qu'une fausse-couche. Les mots résonnent dans le vide environnant, tapent dans un coin de ma tête avant de m’attraper à la gorge. Il y a dix ans, en un claquement de doigt, la femme que j’aimais avait changer. Une visite chez ses parents et tout s'était écoulé. Des mots plus durs, des disputes à répétition, puis cet aveu un soir, sur le coin de la table, qu’elle avait signé pour la maison d’édition en m’entraînant dans le fond. Elle avait joué de ses pires armes pour nous saboter et j’apprends que je n’en connaissais que la moitié. Les souvenirs semblent flous tant j’avais refusé de les revisiter ou même pleinement les analyser. Je me souviens de son retour de chez sa famille, de cette distance qu’elle nous avait imposé, elle ne voulait presque plus se laisser toucher. A l’époque, je comptais ses parents responsables, cela ne pouvait être que ma vérité. Elle m’avait tant caché que rien ne fait sens. Elle qui parlait si souvent de mariage, elle qui par tous les moyens déguisés me faisait comprendre qu’elle voulait un enfant. On en avait parlé, longuement, on l’avait envisagé, un peu. Jamais je ne lui avais pleinement avouer, mais j’avais commencé à me faire à l’idée. On allait bien, on écrivait avec force, tout semblait si simple avant qu’elle ne nous fasse basculer. Avant qu’elle ne me cache toute la vérité. « Je suis tellement désolée. » « Arrête. » Tais-toi Rosalie. Si je ferme les yeux assez fort, je pourrais presque me plonger dans nos dernières soirées. Qu’est-ce que j’avais bien pu louper ? Qu’est-ce qui avait cloché pour que jamais elle ne m’annonce la nouvelle ? Les questions ricochent de tous les côtés sans jamais trouver l’écho d’une réponse quelconque. « J’ai jamais pensé que je garderais le secret aussi longtemps, tout est allé tellement vite à l’époque et je... » Elle n’avait jamais pensé garder le secret ? C’est un souffle mauvais qui m’échappe alors que mon regard cherche désespérément le sien, quand elle peut faire mieux que ça. Mieux qu’une excuse bancale qui ne tient plus tant les opportunités c’était présenter pour qu’elle m’avoue cette part de notre passé. Je ne sais plus réellement ce qui me fait perdre pied entre son silence ou ses mains qui viennent cacher son visage depuis trop longtemps déjà. Je ne sais plus vraiment à quel moment je m’approche quand dans la seconde qui suit mes doigts empoignent ses poignets avec force pour les tirer vers moi. « Regarde-moi ! » C’est mon cœur qui bat et mes mots qui crachent leurs venins tandis que se dévoile à nouveau son visage. C’est mon regard fou qui cherche le sien dans une dernière demande de franchise. « Regarde-moi putain Rosalie et dis-moi la vérité ! » Mes doigts serrent à mesure qu’ils tremblent. « Je sais pas. » La pensée ne dure qu’un dixième de seconde, je le promets. La pensée ne dure qu'un court instant, ne fait qu’effleurer l’intention de lever la main pour faire mal. Le geste est présent, suspendu dans le temps dans une durée qui ne se veut que trop longue. Assez pour croiser son regard, assez pour prendre conscience que si ma douleur ne pouvait que s'exprimer dans la violence, ce n'était pas le moment. Assez pour que ma main aille finir sa course sur le capot de la voiture, juste derrière elle. Juste à côté. Pour soulager la pulsion que son manque de réponse avant amener. L’espace d’une seconde, je me suis vu poursuivre le geste, malgré tout.
Et je recule, me bat avec les émotions, passe la colère sur un objet en plastique plutôt que sa personne alors que ses larmes m’angoissent et que son silence me rend fou. J’ai besoin de plus, besoin d’une explication, de quelque chose de concret auquel me raccrocher, besoin de faire sens à tout cela. Tout me paraît surréaliste quand de notre relation j'ai toujours été le plus distant pour partager mes émotions. S'il m'était arriver de passer sous silence quelques détails pour le bien commun, jamais je n'avais omis l'important. C'est le "comment" qui m'obsède, cette volonté farouche de comprendre pour surpasser la douleur qui s'en devient irrationnelle tant elle prend de l'importance. Je recule à chacun de ses mots qu’elle ajoute sans se soucier de l’impact qu’ils auront sur moi, sans se soucier de tout ce qu'elle ébranle à coup de vérité qui sont bien trop dépasser. « J’avais tellement mal après que j’ai tout détruit. J’ai foutu le feu à trois ans de nous deux comme ça, sans jamais comprendre ce que j’étais en train de faire. » « Tu savais ce que tu faisais et tu savais que ça me blesserait, mais d’une manière ou d’une autre ça ne t’a jamais arrêté. » Je refuse d’entendre qu’elle n’avait conscience de rien quand tout m’avait toujours semblé si calculé, si froid. Elle avait sciemment menti à la maison d’édition, elle avait sciemment choisi d’omettre sa grossesse. Elle avait choisi en son âme et conscience. Et j'ai envie de hurler. « Et puis t’es parti pour Londres et c’était plus facile de te détester que de faire face à la vérité. Quand t’es revenu, il y avait Lachlan, et nous deux on… On était pas supposés se retrouver. Je l’ai jamais dit à personne, je pouvais pas retourner là… c’était plus facile de faire comme si c’était jamais arrivé. » Si mon monde avait cessé de tourner à son aveu, c’est la Terre qui s'ouvrait sous mes pieds alors que ses explications se valent en plastique, travailler dans la facilité. Rien que de la pacotille, de la poudre pour les yeux, toujours dans le paraître et le contrôle de soi Rosalie. « C’est tout ce que tu peux me donner ? Vraiment ?! » L’excuse de ma fuite vers l’avant et des années passées ? « Est-ce que tu t’es au moins demander pourquoi j’avais préféré partir ? » Elle avait choisi de haïr sans questionner. Quand j’avais pris la décision de m’envoler à l’autre bout du monde pour ne jamais montrer les cicatrices qu’elle avait creuser. A ses côtés, les barrières c’était abaissé, laissant transparaître une autre facette de ma personnalité. Je lui avais offert toutes les versions, toutes celles qu’elle aura été la seule à côtoyer. Quelque chose qu’elle n’avait pas su respecter, ni même comprendre à trop se regarder le nombril, à trop désirer ce qui n’était pas à sa portée. Le soir où j’ai filé, elle avait toutes les chances de me rattraper. Et au fil des années, encore et encore, entre les disputes ou entre mes draps, toutes les occasions c’était présenter avant qu’elle franchisse la ligne, avant que tout ne parte en vrille. Il n’y avait plus d’excuses, pas de porte dérobée derrière laquelle se cacher. « C’était bien plus facile de te pavaner avec ton petit fiancé comme la garce égoïste que t’a toujours été. » C’était plus facile que de m'accorder la vérité durant toutes ces années. C’est mon souffle qui s’accélère à la façon dont mon ton gronde alors que c’est toute ma volonté qui travaille pour ne pas céder à la seule chose que je connais pour apaiser tout ce qui me submerge : la violence.
Les minutes défilent et la colère réside, viens appeler en renfort son amie déception et tout un régiment d’émotions aussi contradictoires que nouvelles. Le corps est las de se battre sans discontinuer, l’esprit meurtri d’avoir un jour penser compter. Au fond de tout ça, ne demeure que le désir de frapper toujours plus fort dans le seul et unique but de blesser. « J’aurais préféré ne jamais te rencontrer. » Les mots s’abattent entre nous, sans dépeindre une once de vérité. Juste mes blessures qui s’exposent au grand jour, à coup de verbe maîtrisé, tandis que je lui tourne le dos, prêt à m’éloigner.
J’ai besoin de respirer.
- let me die:
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| | | | (#)Dim 13 Juin 2021 - 23:08 | |
| Vos mots sont empreints de tout ce que vous vous êtes éternellement refusés et il n’y a plus rien pour vous retenir. Des années durant tu t’es cachée derrière une relation aux apparences parfaites pour ne jamais avoir a être confronté au fait que c’est auprès de lui que tu voulais vraiment être. Vous avez accumulé les engueulades et les coups bas pour vous faire croire qu’il ne restait plus rien de ce que vous aviez été autrefois. Que l’ombre de cette relation sur laquelle tu avais pourtant porté tant d’espoirs durant quelques années. Elle était là, la plus grande parade de toute quand trop tard, tu réalisais finalement ce qu'avaient caché les mécanismes de défense qui vous avaient rapproché autant qu’éloigné. Elle est cruelle la réalisation, celle qui hurle de partout que des années durant vous avez été bien meilleur pour vous faire du mal que pour vous faire du bien. Comment expliquer que vous êtes encore là aujourd’hui après tout ça? Tu peinais à réaliser l’emprise que tu avais pu avoir sur lui, comme tu refusais d’admettre qu’il avait plus de pouvoir sur toi que quiconque. « C’est toujours plus aisé de choisir le chaos. » Tu ne peux que hocher de la tête, c’est ce que vous avez su faire de mieux dans tout ce bordel après tout. Tempêtes de chaos suivi de coups de guerre, répétant le même pattern au point de s’y perdre complètement. Que restait-il réellement de la Rosalie et du Wyatt amoureux de la décennie d’avant? Comment avais-tu pu croire qu’ils auraient pu encore se retrouver quand la vérité reposait sur le fait qu’ils n’étaient plus, qu’ils ne seraient plus jamais? Viennent se mêler à tout ça les regrets, les hypothèses de toutes les choses que vous auriez pu faire différemment, qui auraient pu amener à une conclusion différente, moins tragique. Si tu n’avais pas joué si fort, s’il avait su résister avant, si tu avais cherché à comprendre tes sentiments plutôt que de les refouler constamment. Si, si, si. Réécrire l’histoire n’est pas une option toutefois, ce n’est pas comme un roman dont l’on peut simplement arracher un chapitre parce qu’il ne vous plaît pas. Il ne reste plus qu’à en relire les mots, les comprendre et les accepter et espérer pouvoir en retirer une quelconque leçon. « Alors, laisse-moi dire non. » Tu fermes les yeux parce que si ta tête sait que c’est ce que tu dois faire maintenant, ton coeur continue de s’opposer, de crier non, de te faire comprendre que tu pourras pas continuer sans lui, si tu le laisses finalement partir. C’est que tu es la pire des égoïstes quand des années durant tu n’as pas su lui offrir ton coeur, tout en continuant de marteler le sien au gré de tes envies. « Je sais pas comment. » que tu avoues d’une voix basse, honteuse presque de ne pas tout simplement savoir te plier à ses volontés pour une fois. Tu ouvres les yeux à nouveau, de nouvelles larmes viennent inonder tes joues. Elles sont partout et tu n’as plus la force ni le courage de les retenir. « Mais je vais apprendre. Je te le promets. » C’est bien la dernière promesse que tu puisses lui faire. Celle d’enfin respecter son choix. Et tu sais qu’il te faudra plus que jamais t’y tenir quand toutes les cartes seront mises sur table et que plus rien ne te rattachera à lui. Plus de secrets, plus de mensonges et un jour peut-être, plus de sentiments.
Mais ce jour n’est pas encore arrivé quand l’explosion fait encore plus mal que tout ce que tu avais pu t’imaginer. La vérité, c’est que tu n’avais jamais même tenté d’imaginer comment se passerait le moment si tu venais à tout avouer à Wyatt. Il y avait longtemps que tu avais pris la décision que ta fausse-couche se devait de rester un secret et tu n’avais jamais même songé à renverser la donne. La seule fois ou tu y avais pensé, c’était quelques mois plus tôt, lors de cette nuit de St-Valentin, ou pour la première fois depuis trop longtemps, vous vous étiez accordés une part de vérité. Mais tu n’avais pas osé et voilà qu’aujourd’hui, tu laissais finalement transparaître tout ce qui avait mené à votre perte. Tu ne saurais dire ce qui fait le plus mal, la fausse-couche elle-même ou le fait que tu aies gardé le secret pendant presque dix ans? L’effet combiné est létal quand la douleur s’empare des traits de Wyatt, quand tu peines à regarder directement tout le mal que tu peux lui faire. « Arrête. » Ton regard retrouve le sol alors que tu voudrais pouvoir te faire petite, te fondre complètement avec le sol, disparaître de sa vue, n’être plus qu’un mauvais souvenir avec lequel il n’a plus besoin de gérer comme il l’a si souvent demandé. Tu ne peux rien faire de tout ça, prisonnière de cet endroit, de ce moment alors que tu bégayes, tu marmonnes des mots qui n’offrent absolument rien, des tentatives de pas grand-chose tellement il n’y a rien pour excuser tes actions, tes décisions. Tu te caches, tu te camoufles derrière tes mains à défaut de pouvoir réellement disparaître et tu ne le sens pas qui se rapproche trop rapidement. C’est quand ses doigts s’enroulent autour de tes poignets que tu réalises l’ampleur de la situation. Quand il tire si fort que ça t’arrache un soupir de peur et de douleur. Quand ses doigts s’enfoncent dans ta chair que tu en devines déjà les marques, que son visage se tortille d’une folie que tu n’as jamais vu de si près sur ses traits. « Regarde-moi! » Tu secoues la tête et puis tu fermes les yeux parce que ça fait trop mal, physiquement, émotionnellement aussi. Tu devrais savoir pourtant que ce n’est qu’une infime partie de ce que lui peut ressentir en ce moment quand son étreinte se fait encore plus agressive autour de tes poignets, que sa voix tranche dans le silence de ce parking abandonné. « Regarde-moi putain Rosalie et dis-moi la vérité! » Tu es complètement immobile quand tu relèves les yeux vers Wyatt qui semble sur le point de perdre tous ses moyens et tu t’en veux de n’avoir rien d’autre à lui offrir qu’un je sais pas minable et insuffisant. Tu trembles comme une feuille quand tu vois sa main qui se lève, quand ses yeux ne te quittent pas d’une seule seconde et c’est avec un pas de recul que tu sursautes quand son poing vient trouver le dessus de sa voiture. Qu’une denture de plus sur une carrosserie déjà grandement abîmée. Tu ne retiens plus les sanglots dans le fond de ta gorge quand les doigts de son autre main libèrent finalement ton poignet rougit par la pression. Grands coups de violence qu’il ne peut retenir. Grands coups de violence dont tu es la cause. Grands coups de violence qui te font peur quand déjà il se recule, impose une distance soudainement nécessaire entre vous deux.
Tu mets quelques minutes avant de calmer complètement les sanglots qui t’ont pris par surprise après le coup porté sur la voiture, quelques minutes avant de retrouver assez possession de tes moyens pour lui offrir plus que je sais pas. Tu hésites pourtant, de peur que cette violence revienne, qu’elle prenne toute la place devant ton incapacité à lui offrir des explications suffisantes quand tu sais trop bien que rien ne sera jamais assez. « Tu savais ce que tu faisais et tu savais que ça me blesserait, mais d’une manière ou d’une autre ça ne t’a jamais arrêté. » « J’te jure que non. Sur le coup, je savais pas. » Tu te défends et c’est sans doute bien inutile tant tu sais qu’il a déjà fait son idée à ce sujet. T’es la connasse qui avait préparé son coup. Celle qui avait placé ses pions de manière à obtenir ce qu’elle voulait sans jamais se soucier des conséquences que cela pouvait avoir sur lui. Ça fait des années que tu lui donnes toutes les raisons du monde de croire ça après tout, pourquoi est-ce que soudainement il devrait te prendre au mot quand tu affirmes le contraire? C’est ta vérité pourtant, quand pendant des années, tu as bloqué tous les souvenirs de cette semaine. Celle qui a eu lieu entre la fausse-couche et le départ de Wyatt. Sept jours dont tous les moments sont complètement flous à force de les avoir supprimer de ton esprit. Un traumatisme trop grand à gérer, une série de décisions impulsives que tu serais amenées à regretter pour le restant de tes jours. « C’est tout ce que tu peux me donner? Vraiment?! » Tu échappes un soupir de frustration, passant tes mains dans tes cheveux, enfonçant tes doigts dans ton crâne. « Est-ce que tu t’es au moins demander pourquoi j’avais préféré partir? » Évidemment que tu te l’étais demandée. Tous les jours pendant trois ans. Tous les jours jusqu’au moment où vos chemins s’étaient retrouvés à nouveau, lors de ce lancement d’un roman dont tu as oublié tous les détails tant Wyatt reste ton seul souvenir de cette soirée. Tu hoches la tête et puis tu viens le défier du regard. « Dis-le pourquoi. » Tu te doutes bien de toutes les raisons qui l’ont poussé à partir, mais tu veux les entendre. Tu veux qu’il étale ses vérités à son tour, que plus rien ne soit laissé au hasard. Tant pis si ça fait mal au point d’en crever, vous êtes plus à ça de près ce soir de toute façon. « Tu t’es jamais demandé pourquoi j’ai pas essayé de te retenir? » que tu finis par lui renvoyer, sans toutefois lui laisser le temps de répondre avant de lui offrir la réponse, de cette manière qu’il déteste tant. « Parce que j’avais bien trop honte de ce que je venais de faire. » Comment aurais-tu pu le supplier de revenir après ça? Comment aurais-tu pu lui demander son pardon alors que tu venais de lui enfoncer un couteau dans le dos? Alors tu as fait ce que tu fais de mieux : tu t’es mise la tête dans le sable. T’as reviré la situation pour t’enlever un poids des épaules. T’as su le rendre coupable de toutes tes erreurs, de tous tes maux, au point de te croire grande victime d’une situation dont tu étais la seule fautive. « C’était bien plus facile de te pavaner avec ton petit fiancé comme la garce égoïste que t’a toujours été. » « Oui. Oui, c’était plus facile. » Tu ne cherches même pas à le contredire. « C’est ce que je fais de mieux Wyatt, prendre le chemin facile et me déculpabiliser de tout. »
Tu te retournes, pose tes mains sur le capot de la voiture et puis ferme les yeux pendant quelques instants, quelques minutes peut-être tu sais pas trop. Le temps et l’espace semblent suspendus en ce moment alors que ton souffle est difficile, que chaque bouffée d’air te brûle la gorge. Tu te retournes après ce qui ne semble pas être assez longtemps et une éternité en même temps, ton regard croisant à nouveau celui de Wyatt. « J’aurais préféré ne jamais te rencontrer. » La secousse est violente, elle détruit tout sur son passage. Tu ne t’y attendais pas, tant que tu ne sais comment réagir. Les mots résonnent encore et encore dans ta tête et t’as l’impression que tu n’es plus qu’un corps vide qui se tient là devant lui, plus rien à lui offrir. Tu retiens ton souffle sans même le réaliser et puis tu t’étouffes presque quand l’air se force un chemin jusqu’à tes poumons. Tes yeux ne lâchent pas les siens pendant ce qui semble être un long moment, à la recherche d’une preuve qu’il ne pense pas vraiment ce qu’il vient de dire. Tu ne trouves rien pourtant et tu n’as plus la force de le supplier pour qu’il les retire, ces maudits mots. C’est machinalement que tes pas te guident vers l’entrée du parc, loin de ce parking ou tu le laisses derrière pendant de longues minutes qui se transforment éventuellement en de longues heures. Tu parcoures le chemin qui se dresse devant toi sans porter attention à ce qui t’entoure. Tu veux seulement être assez loin pour que tes sanglots ne se rendent pas jusqu’à lui. Pour pouvoir évacuer la détresse et la douleur sans que les échos ne le rattrapent. Le soleil commence sa course contre la lune et tu sais qu’il te faut faire le chemin inverse avant que tout ne soit complètement plongé dans la pénombre. Quand tes pas retracent le chemin inverse, t’es presque persuadée qu’il va être parti sans toi, mais la voiture est encore là et lui aussi, assis sur le capot. Tu ne pleures plus, enfin, mais ton visage bouffi témoigne de toutes ses larmes trop longuement versées. Tu t’approches de lui mais t'assure de garder une distance de sécurité, ce deux mètres que t’avais lancé sarcastiquement la veille mais qui semble désormais plus que nécessaire. « Donne tes clés, je vais conduire. » Ta voix est éraillée, mais tu ne t’en formalises pas. Il n’est pas en état de conduire après tout ça, t’es même pas certaine que tu le sois toi-même. « Il est trop tard pour retourner à Brisbane ce soir. On va trouver un endroit où dormir cette nuit et on rentrera demain. » Parce qu’il est bien inutile de prolonger le moment maintenant, tu l’as enfin compris. La fin s’est jouée et rien ne sert de fracasser encore et encore ce qui est déjà en miettes. - PU JAMAIS:
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