I SEE SO MANY WAYS THAT I CAN LOVE YOU 'TILL THE DAY I DIE. YOU'RE MY REALITY, YET I'M LOST IN A DREAM YOU'RE MY FIRST, MY LAST, MY EVERYTHING
Est-ce que Rachel aurait un jour fini par lui pardonner ? Quelques semaines, quelques mois après le retour d’Alex en Australie ? Moi j’en suis persuadé et pourtant on ne peut clairement pas dire que je sois quelqu’un de très optimiste. Mais je suis sûr que les choses se seraient un jour arrangées entre les deux amies parce que malgré tout Rachel aimait Alex. Elle tenait beaucoup à son amie, elle a juste commis une erreur, c’est tout. « Mais de toute façon ça n'a plus d'importance maintenant. » Alex n’est pas franchement d’accord avec moi et je ne peux pas lui en vouloir pour la raison suivante ; elle n’est pas beaucoup plus optimiste que moi, Alex. Elle ne fait que voir le négatif dans chaque situation, surtout quand celle-ci la concerne On a finalement assez peu de points communs tous les deux. On en a même vraiment très très peu mais notre pessimisme fait partie de la bien trop courte liste. Un autre défaut qui nous lie tous les deux c’est notre manque de confiance en nous-même. Moi, ce manque d’assurance se traduit en grande majorité sur mon physique alors que pour elle c’est sur la personne qu’elle est, ou plutôt qu’elle était. Sauf que moi non plus je ne suis pas toujours fier de l’homme que j’ai pu être et ma façon de vivre durant les mois qui ont suivi son départ, c’est tout sauf une fierté pour moi. Je l’assume à peine et j’en parle très peu, de la période post-Alex parce que le Caleb qui couche avec des inconnues et qui sort dans des bars pour boire, ce n’est pas moi. Ça ne me ressemble pas. « Arrête je n'ai jamais dis ça. » Elle ne l’a pas dit mais c‘est pourtant plus ou moins la vérité, j’ai fait partie de ces mecs qui, avec les femmes, cherche simplement du sexe. « Caleb regarde moi s'il te plaît. » Le bout de ma langue passe entre mes lèvres pour les humidifier et je renifle tout en retroussant le nez. Elle veut que je la regarde mais je ne suis pas franchement sûr d’en avoir envie parce que oui, j’ai toujours vraiment peur de ce que je pourrais apercevoir dans son regard. Mais je me fais violence et j’ose, simplement parce qu’elle ne l’a demandé ; je me tourne un peu vers elle pour poser mon regard sur elle. « Je vais pas te cacher qu'apprendre ça n'est pas agréable, ça fait mal oui et je ne suis pas à l'aise avec ça, mais je n'ai jamais pensé que tu étais un connard, ni aujourd'hui, ni jamais et je veux pas que tu penses ça de toi. » Pourtant c’est trop tard, j’hausse les épaules et de nouveau je détourne du regard pour poser mes yeux sur mes doigts avec lesquels je suis en train de jouer nerveusement. « Si, la preuve, tu le dis toi-même je te fais du mal. Je suis désolé d’être aussi nul. » Et ça je le pense sincèrement et je doute très fortement qu’elle puisse me faire changer d’avis. SI je lui fais du mal, c’est que je suis nul et peut-être même que je ne la mérite pas. « C'est pas ça qui changera la façon dont je te vois et jamais je ne pourrais te voir comme un connard, alors plus jamais tu ne parles de toi comme ça. » Même là j’ai l’impression de la décevoir avec mon comportement, comme quoi je suis vraiment nul et réellement à côté de la plaque sur toute la ligne avec elle aujourd’hui. J’aimerais juste retourner en arrière, quand je suis rentré, quand j’ai pris ma fille dans mes bras quand j’ai embrassé ma fiancée et quand nous parlions que notre mariage. Mais non j’ai tout gâché comme d’habitude et je prouve une nouvelle fois que je ne suis très clairement pas à la hauteur. Pourtant, elle pose quand même sa tête sur mon épaule et c’est un geste qui me surprend énormément. Parce que je suis nul, parce que je ne le mérite pas et parce qu’il y a encore cinq minutes elle était froide, très froide avec moi. C’est tout de même un pas de sa part vers moi que j’apprécie et qui me fait tellement de bien que je viens prendre sa main dans la mienne, comme un réconfort dont j’ai énormément besoin. « Merci d'avoir été honnête avec moi. Mais je crois que je préfère qu'on en parle plus jamais. » Je secoue la tête de droite à gauche et il ne me faut qu’à peine quelques secondes pour que je lui réponde. « Moi non plus. » C’est d’ailleurs assez logique. « Je suis vraiment désolé… » Désolé d’avoir couché avec ta meilleure amie il y a dix ans, désolé d’avoir gâché cet après-midi, désolé d’avoir altéré ton image de Rachel, désolé de ne pas t’en avoir parlé avant. J’ai finalement beaucoup d’excuses à faire. « Et puis maintenant que je sais ça, je me dis qu'elle aurait pas fait un témoin de mariage si parfait que ça finalement. » Voilà, c’est bien ce que je disais, j’ai complètement sali l’image qu’elle avait de Rachel et la concernée ne peut même plus essayer de se défendre. C’est moche de ma part. Je pense au contraire qu’elle aurait fait un très bon témoin pour Alex, mais je ne suis pas en position de pouvoir prendre sa défense alors je préfère me taire. Peut-être ce que j’aurais dû faire tout à l’heure. « Et au moins Tim a couché avec aucun de nous, enfin rassures moi tu as pas couché avec Tim ? » Mes sourcils se froncent et je grimace. L’idée de coucher avec un homme ne m’a jamais, jamais, jamais traversée l’esprit et ne me fait absolument pas envie. Au contraire même, d’où la grimace sur mon visage. « Tu as dis que les gens mouraient, mais toi je t'interdis de mourir, je t'aime beaucoup trop. » Encore un sujet désagréable pour moi : la mort. C’est même bien plus que désagréable et j’en viendrais presque à me dire que c’est une conversation que je n’ai pas du tout envie d’avoir. Mais pourtant elle l’aborde. Elle ne veut pas que je meure mais je vais mourir. Ça serait plutôt à moi de lui dire cette phrase, parce que j’ai déjà dû faire le deuil de la femme que j’aimais et croyez-moi quand je vous dis que je sais pertinemment que je serai incapable de me relever de cette épreuve une deuxième fois. « Je vais mourir comme tout le monde. » Je souffle, doucement. « J’ai pas envie de parler de ça Alex. J’ai pas envie de parler de la mort et de tout ça, s’il te plaît. » S’il te plaît ne m’oblige pas à aborder un sujet dont je n’ai absolument pas envie de parler. Et je crois que je n’ai jamais été aussi heureux en entendant une de mes filles pleurer. Parce que j’ose espérer que ça la coupera dans son élan de soudaine envie d’aborder la mort et j’en profite pour me lever et prendre Lena dans mes bras. Elle commence à pleurer, elle commence à s’agiter alors je la berce contre moi, je l’embrasse sur le front et je lui murmure quelques mots doux. Beaucoup de mots doux. « Elle a bien mangé ce midi ? » Je demande à Alex tout en rendant à Lena sa tétine et son doudou qu’elle serre dans sa petite main. « Désolé d’avoir tout gâché. » Cette fois ces mots sont sûrement à peine audibles, mais c’est pourtant la sensation que j’aie ; avoir tout gâcher.