| the special anniversary (mina&carlisle) |
| | (#)Lun 7 Juin 2021 - 3:25 | |
| Jour 1. Après sa discussion avec Carmina, Carlisle s’était longuement interrogé sur le lieu idéal où ils pourraient aller se ressourcer. Ils n’avaient eu aucun mal à se mettre d’accord sur les critères qu’ils voulaient voir être respectés tous les deux : du calme, de la discrétion, de la quiétude, et un besoin d’être déconnecté du monde. Les Seychelles : c’était le lieu parfait pour passer des vacances sereines et reposantes, Carlisle en était absolument convaincu. Là-bas, ils seraient de parfaits inconnus. Là-bas, personne ne viendrait les embêter, les importuner, les déranger. Là-bas, tous les trois, ils passeraient incognitos et pourraient profiter de leurs heures de repos et de tranquillité sans être préoccupés par les regards insistants des curieux. Là-bas, ils pourraient se comporter comme une famille — une véritable famille. Et ça, aux yeux de Carlisle, ça valait tout l’or du monde. « Oui ma chérie, on va passer chercher Maman. » Dit l’ancien pilote, alors qu’il mettait quelques affaires dans la valise de sa progéniture. Quelques maillots de bain, deux serviettes de plage, des vêtements légers (robes, shorts et autres débardeurs), ainsi qu’un pull pour les soirées qui seraient plus fraîches — avec ça, Maya ne devrait manquer de rien. Cette dernière devait avoir perçu l’effervescence ; elle était intenable, et babillait sans discontinuer. « Non, on ne sera pas que tous les trois sur l’île. » Répondit-il, alors qu’il fermait la valise de sa fille. Un sourire, à la fois amusé et soulagé, glissa sur les lèvres de l’Australien ; à vrai dire, il ne s’était pas senti aussi léger depuis de longues semaines. « Mais on sera tous les trois dans le même endroit. » Qui était, en réalité, une maison sur pilotis. Pittoresque, mais équipé de tout le confort nécessaire. Le complexe hôtelier qu’avait réservé Carlisle proposait des prestations haut-de-gamme, et qui vantait à la fois la discrétion et le professionnalisme de ses équipes. « Et si on appelait Maman, pour lui dire qu’on sera en bas de chez elle dans quelques minutes ? » Sa fille tapa dans ses mains, et se mit à courir dans le salon. Face à ce spectacle, Carlisle ne put s’empêcher d’éclater de rire ; vraisemblablement, Maya avait toutes les peines du monde à contenir sa joie. Il chargea les bagages dans le coffre de la voiture, ferma la porte d’entrée à double tour, et se glissa derrière le volant pour aller chercher la mère de sa fille. À cette heure tardive, les rues de Brisbane étaient nettement moins animées, et la circulation, plus fluide ; par conséquent, l’ancien pilote arriva rapidement au pied de l’appartement de l’héritière Farrell, et lui indiqua par message qu’il l’attendait dans le parking souterrain de son immeuble. « J’espère que tu as pensé à ton passeport. » Dit Carlisle, alors que l’Australienne apparaissait quelques minutes plus tard. Un sourire narquois naquit sur ses lèvres ; depuis qu’il avait trouvé la perle rare, il s’amusait à narguer Carmina sur leur destination. Il avait souhaité garder le secret, pour qu’elle puisse avoir la surprise. « Allez, boude pas. Ce suspense insoutenable touche à sa fin. » Ajouta-t-il, alors qu’il s’emparait de sa valise pour la mettre dans le coffre. Il s’était attendu à quelque chose de léger, puisqu’il lui avait bien signifié qu’ils passeraient le plus clair de leur temps à lézarder sur des plages. « Tu as prévu un défilé ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil, alors qu’il était surpris par le poids du bagage de Carmina. Il secoua la tête en voyant l’air presque offusqué de l’héritière. Pendant une fraction de seconde, il avait oublié que la mère de sa fille était une acharnée de la mode.
« Décor idyllique et paisible, peu de monde, et beaucoup de discrétion et de tranquillité. » Déclara Carlisle, alors que l’un des employés de l’hôtel marchait quelques pas devant eux. Il devait leur montrer leur logement, où leurs bagages avaient été déposés quelques minutes plus tôt. Une maison, sur pilotis, avec une terrasse à l’arrière et un accès direct à la mer. Carlisle, même s’il n’en dit rien, fut soufflé par ce lieu — parfait, à ses yeux. Maya, épuisée par le vol, dormait profondément sur l’épaule de son père, alors que ses petits bras entouraient son cou. Le soleil se couchait, et baignait l’horizon d’une douce lumière orangée. « Je crois qu’on va être bien, ici. » Confia Carlisle d’une voix douce, persuadé de ce qu’il avançait. Il ne voyait pas comment il pourrait en être autrement, à vrai dire. « Je te laisse commander à manger pour ce soir ? » Suggéra l’Australien, alors que l’employé s’était éclipsé pour laisser les vacanciers prendre possession des lieux. Cosy et épuré ; tout était fait pour que les occupants se sentent bien, et à l’aise. Il désigna Maya du regard, et précisa : « Je vais aller la coucher, et prendre une douche rapide. » Mina hocha la tête, et l’Australien s’éclipsa dans une des deux chambres de leur suite. Il se fichait bien de l’endroit où il dormirait — mais avait cependant hâte de déposer sa fille dans son lit, qui commençait à peser sur son bras.
Jour 4. Les journées s’enchaînaient, et passaient bien trop vite au goût de l’ancien pilote. Ce dernier profitait allègrement de ces précieux moments en famille, dont il avait rêvé pendant de longs mois. Le programme était aussi simple que répétitif, mais ça ne déplaisait pas au fils Bishop : sport le matin, farniente l’après-midi, et une ballade en soirée. Sauf pour aujourd’hui ; leur programme avait été différent, puisqu’on était le vingt-trois septembre. C’était donc l’anniversaire de Maya, et tous les trois avaient choisi d’aller faire une ballade sur la Digue Island — particulièrement connue pour ses plages, et notamment Anse Marron. À l’abris des regards indiscrets, les Australiens avaient fêté les deux ans de Maya en toute sérénité. Ils avaient ri, s’étaient baignés, et Maya avait finalement soufflé ses bougies sous les yeux rêveurs de ses parents.
Carlisle laissa Mina s’occuper de Maya, qui tenait impérativement à ce que sa mère lui lise une histoire avant d’aller dormir. Loin de s’en offusquer, l’Australien laissa les deux femmes seules. Avant d’aller s’installer sur la terrasse à l’arrière, l’ancien pilote passa par la cuisine et récupéra la bouteille de champagne qu’il avait mis au frais le matin même, avant leur départ pour Anse Marron. Il disposa les deux coupes et la bouteille sur la table basse, et attendit que Mina vienne le rejoindre pour profiter une dernière fois de la fin de cette journée.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Lun 7 Juin 2021 - 4:42 | |
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Jour 1/ Marchant sur le ponton en bois menant à leur maison isolée, tandis que le soleil orangé se laissait fondre sur l'océan d'une beauté infinie. Il faisait encore si chaud, sa peau était désormais recouverte d'une fine couche de sueur et de poussière, dû à cette longue journée. Mais maintenant qu'ils étaient là, marchant côte à côte, Mina n'en avait bien rien à faire. C'était si beau, cette île était d'une beauté époustouflante. Et puis même, ils étaient tous les trois. Ils étaient réunis, juste eux, sans personne. Ils avaient fuit le monde, ce monde qui semble les détester tant finalement ; et Mina ne pouvait qu'en être heureuse. C'était le plus beau cadeau que quelqu'un pouvait lui offrir : une intimité, du respect, de l'anonymat. Et bien qu'il s'agisse de l'anniversaire de leur fille, Mina se sentait chanceuse de pouvoir être ici et maintenant. Et quelque part, alors que les vagues rythmait un air de vacances jusqu'à ses oreilles, la jeune maman recevait cette confirmation qu'elle n'attendait même plus. La certitude d'avoir fait le bon choix, d'être à sa place, aux côtés de sa fille. C'était une parenthèse, une pause, une caresse bienveillante sur sa joue pour la rassurer sur la bonne route qu'elle est en train de prendre. C'est un cadeau. L'homme qui les escortait jusqu'alors s'arrêta pour ouvrir les portes de leur maison. Le bruit des valises s'arrêta enfin, ce qui n'était pas pour déplaire à Maya qui s'était vraiment bien endormie contre son père. Les employés entrèrent dans la maison derrière eux, Mina pu ainsi découvrir une maison parfaitement décorée. Les linges blancs, les fleurs magnifiques semblables à de la science fiction, des rideaux fins, un équipement dernier cri, un air totalement frais et ça faisait presque du bien. On ouvrit les fenêtres pour que la vue vienne sublimer cet endroit, on leur expliqua les numéros pour les différents services et puis finalement, les employés les laissèrent, fermant la porte derrière eux. Mina marchait dans la maison, sourire aux lèvres « c'est magnifique » avant que Carlisle ne lui propose de choisir quelque chose à manger pendant qu'il allait coucher leur fille. Le regard de la jeune maman quitta alors la vue pour glisser jusqu'au père de sa fille et cette dernière, disparaissant au détour d'un mur. « Attends » murmura t-elle alors, retenant ainsi le père et la fille. Mina s'approcha, assez pour laisser ses doigts fins caresser le visage de sa fille. « Bonne nuit ma puce » lui murmura t-elle tout bas avant d'embrasser sa joue, tandis que sa main caressait ses cheveux. Mina échangea un regard avec Carlisle, sentant son cœur défaillir et finalement, il continua son chemin jusqu'à la chambre de Maya. Mina tourna sur elle-même, faisant glisser ses talons et observa à nouveau l'endroit. Immédiatement, elle fut attirée par la vue. L'un des employés avait ouverte la porte fenêtre donnant accès à la terrasse arrière, où des transat, un filet, d'énormes coussins, étaient déjà là. Il y avait des lanternes, une table aussi et un accès à la mer, direct. Le visage de Mina s'illumina face à cette vue incroyable, où d'énormes rochers venaient caresser la mer sur la plage que la mannequin pouvait voir d'ici. Les palmiers étaient gigantesques, somptueux et ce soleil... le regard de la jeune maman fut captivé par lui. Il était si réconfortant, si chaleureux, si bienveillant. Elle se sentait bien, si bien, si apaisée. C'est la voix de Carlisle qui l'extirpa de ses pensées alors qu'un rire léger glissa d'entre ses lèvres souriantes « j'ai toujours pas regardé je t'avoue je... » elle tourna la tête, faisant valser légèrement ses longs cheveux, vers l'océan « j'ai été éblouie » sourit-elle comme un aveux. Croisant désormais le regard de l'homme qu'elle aimait toujours aussi fort, lui souriant alors, elle fini par lui dire « merci pour ça Carlisle » parce qu'il n'avait pas été obligé, que ça avait été son idée, qu'il s'était occupé de tout et qu'elle adorait ça. Comment ne pas aimer ça ? Surtout que bon... elle ne pouvait plus vivre sans ces images du visage de Carl s'approchant du sien pour l'embrasser. Ca s'était réellement produit, ça avait eu lieu et ça avait calmé toutes ses interrogations. Il y avait bien quelque chose. Il y avait un tout petit, petit, petit espoir. Et elle n'avait besoin que de ça. S'approchant alors du père de sa fille, elle eut envie de le toucher, de toucher sa peau, de se coller à lui malgré la chaleur pour profiter de sa présence. Mais elle n'osa pas « tu as envie de manger quoi ? » lança t-elle pour entrer à nouveau à l'intérieur de la maison. Elle se dirigea par automatisme vers la cuisine pour regarder les numéros qu'on leur avait laissé. Elle regarda sa montre, avant de comprendre qu'elle n'était plus réglée sur la bonne heure, cherchant des yeux une horloge. Ils se mirent d'accord, passèrent la commande via le téléphone de la maison et quand se fut fait, les yeux de la mannequin se posèrent sur les valises, laissées dans l'entrée. Elle n'avait pas très envie, mais elle n'aimait pas du tout laisser ses vêtements pliés dans une valise où ça sentirait bien vite le renfermé. « Tu veux aller prendre ta douche ? Je vais m'occuper des valises en attendant j'irai après ? » proposa t-elle avant d'avoir l'accord de l'ancien pilote.
Jour 4/ Son sourire ne la quittait plus. Depuis qu'elle avait quitté Brisbane, la jeune maman avait l'impression de vivre un vrai rêve éveillé. Elle n'avait besoin de rien de plus. Sa main tenait doucement la poignée de la porte de la chambre de sa fille. Cette dernière était endormie dans son lit, n'ayant même pas tenu jusqu'à la fin de l'histoire. Depuis que Maya était ici, avec le soleil, la baignade, les activités, on ne pouvait pas dire qu'elle n'était pas fatiguée. Elle s'endormait tôt, ce qui permettait aux parents de pouvoir profiter de chaque soirée de façon plus tranquille. Aujourd'hui avait une journée incroyable. L'anniversaire de Maya, le plus beau des trésors, la plus précieuse des petites filles de tout cet univers. Mina avait comprit, au fil que les jours passaient, que le plus important était ça. Elle n'avait pas sorti son téléphone de son sac depuis qu'elle était ici. Elle avait décidé de tout couper. Et ça lui faisait un bien fou. Ils avaient réussi, ensemble, à réaliser ce rêve qu'ils s'étaient autorisés à rêver. Ils avaient été dans une bulle jusqu'ici, à l'autre bout du monde, ils n'étaient qu'une jeune petite famille ici et même que les employés de l'hôtel les appelait par le nom de famille Bishop, pensant qu'ils étaient mariés. Mais Mina n'avait pas cherché à corriger cette erreur. Au contraire même, elle adorait l'idée et puisque ça continuait à être le cas après quatre jours, cela voulait dire que ça ne devait pas non plus déranger Carlisle. Et ça aussi, c'était bon signe. Parce qu'il y avait des regards qui trahissaient tout, il y avait de ses pulsions d'entrer dans sa chambre en pleine nuit, il y avait de ces instants où la plus belle des poésies du monde venait l'entourer lui ; dessinant le plus beau des tableaux de maître sous ses yeux amoureux. Et qu'est-ce qu'il était beau, dans ce paysage. Mina ne l'avait jamais vu autant sourire, elle n'avait jamais autant entendu son rire, même à l'époque d'avant la naissance de leur fille. Ils s'étaient toujours vu, ils s'étaient toujours rencontrés où bien même, vécu ensemble, dans des contextes lourds, pesants et parfois oppressants. Là, ils étaient bien loin de tout ça et même, personne ne pouvait bien se douter de leur histoire. Les gens devaient même ne pas se douter de la vérité de leur histoire. Mais ici, rien n'avait plus d'importance. Mina n'avait que de l'amour et de la joie, en permanence, à chaque minute. Même quand il y a quelque chose qui ne se passe pas comme prévu, c'était toujours mieux. Ses pas l'éloignent ainsi de la chambre de sa fille, qui aura passé un anniversaire assez incroyable cette année. Et ce n'était pas pour déplaire à Mina, parce que grâce à Carlisle, elle avait l'impression d'avoir et d'être une bonne mère. Quand il était là, tout ce qui pouvait la faire douter n'existait plus. Parce qu'il était là. Alors oui, elle avait la sensation d'être une bonne mère, d'avoir offert à sa fille, un anniversaire à sa hauteur, de l'avoir rendu heureuse, de lui avoir créé des souvenirs dont elle se souviendrait à travers leurs photos, leurs anecdotes. Qu'est-ce qui était plus précieux que ça ? Il n'y avait rien de plus important, rien de plus précieux que cela. Les yeux de Mina dévoraient la maison, désormais encombrée de leurs affaires, des jeux de la petite, un peu partout. Et elle aimait pouvoir sentir son odeur à lui, à eux, entre ses murs. Comme si ici, c'était un peu chez eux. Un endroit indépendant de tout, mais leur appartenant entièrement. Et puis doucement, elle le vit, sur la terrasse arrière, alors que l'océan derrière lui semblait à chaque seconde différent. Le soleil s'était couché, laissant alors à la soirée une ambiance nocturne, chaleureuse, encore présente. Il avait une bouteille à la main, ainsi que deux coupes et tout de suite, Mina se mit à sourire encore plus. Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, sa main vint tirer un peu sur le tissu long, fin et transparent de sa robe longue. Depuis qu'elle était là, elle ne portait que ça, sans soutien-gorge, juste avec un maillot de bain dessous. Ce soir, maintenant que la douche était prise et que sa peau sentait un mélange de monoï et de vanille, la jeune maman était bien plus détendue, tandis que sa peau avait légèrement caramélisée au soleil depuis ces derniers jours. « Beh alors Bishop, tu cherches à me soûler ? » rigola t-elle en arrivant sur la terrasse pour le rejoindre.Rapidement, elle vint l'aider, prenant ainsi les deux coupes pour qu'il puisse mieux les servir, elle le laissa donc faire et alors qu'ils levaient leurs coupes pour trinquer ensemble, Mina, les yeux brillants plantés dans ceux de Carl, le sourire impossible à arrêter elle fini par lui murmurer « merci » presque rapidement, comme si ce moment allait passer et que cette jolie occasion en serait moins jolie. « Merci pour tout » souffla t-elle en baissant les yeux une seconde « on a passé une super journée, on... on a assuré, elle était tellement contente... » ses yeux passaient à présent de l'océan, de ce cadre, à la maison et aussi, à la chambre où leur fille dormait. « Je... » et dire qu'elle aurait pu ne jamais vivre ça ? Et dire que si à l'époque elle avait préféré avorter ? Ou bien même qu'elle serait partie seule avec le bébé ? Ou un autre scénario du genre... tout ça n'aurait jamais eu lieu. Comme quoi, il n'y a pas de hasard, chacun de leur choix, de leur décision a eu un effet sur ici et maintenant. Alors prise par tout le bonheur du monde qu'elle ressentait en elle depuis qu'ils étaient ici, Mina saisi la main de Carlisle, serrant ses doigts aux siens, les yeux brillants parce qu'elle était vraiment heureuse et aussi un peu, émue. « Merci vraiment pour tout ça, mais pour tout le reste... » et dans ses yeux, on pouvait y lire le respect, l'estime des décisions du blond, des décisions qu'elle n'avait pas toujours su comprendre en temps et en heure. Mais si elle vivait ce moment, c'était en grande partie grâce à lui. « J'me sens tellement bien » souffla t-elle en grimpant par réflexe sur la pointe de ses pieds, avant de redescendre tout de suite, laissant un léger rire envahir l'espace. Il n'y avait que du bonheur dans cette maison.
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| | | | (#)Lun 14 Juin 2021 - 7:32 | |
| Jour 1. « Je trouve aussi. » Dit-il à voix basse, soufflé par la beauté des lieux. Une maison, au bout d’un ponton, où ils seraient logés tous les trois. Les uns à proximité des autres, pour profiter au mieux et à l’abris des éventuels regards indiscrets de leurs moments en famille. L’employé de l’hôtel les laissa sur le palier, et indiqua aux nouveaux pensionnaires qu’il pouvait faire appel aux différents services proposés par le biais du téléphone, qui se trouvait dans l’entrée. Une offre grand luxe, mais que Carlisle n’était pas convaincu d’utiliser à outrance. Ils étaient en vacances. Ils pouvaient se permettre de prendre le temps, de buller, de lézarder, et de ne pas se préoccuper des horaires. L’Australien allait se diriger vers l’une des chambres pour coucher Maya, qui dormait déjà profondément sur son épaule depuis qu’ils avaient quitté l’aéroport. Mina le retint un instant pour qu’elle puisse embrasser sa progéniture, et les deux parents partagèrent un regard complice et bienveillant. Avec une touche, peut-être, d’espoir. Ou d’envie. Ou des deux. En tout cas, pour Carlisle. Il poursuivit son chemin en direction de la chambre de sa fille, dont il retira le pantalon pour qu’elle puisse dormir en étant plus à l’aise. Pour le pyjama, il verrait demain — les bagages n’étaient pas encore défaits, et il ne voulait pas réveiller sa fille. Il alla se doucher rapidement, et eut un léger sourire en se rappelant ô combien cette douche, après des heures passées assis dans un avion, était bienfaitrice. Il enfila une tenue plus décontractée, à l’image de ce qu’il avait l’habitude de faire lorsqu’il rentrait du travail, et alla rejoindre Mina sur la terrasse. Visiblement plongée dans ses pensées, elle sursauta lorsqu’il s’adressa à elle. « Tant mieux. C’est que Les Seychelles étaient un bon choix. » Confia-t-il, alors qu’un sourire timide glissait sur ses lèvres. Il avait tenu à garder leur destination secrète le plus longtemps possible, mais lui avait quand même donné quelques indices pour que son impatience ne se transforme pas en agacement. Ainsi, elle avait appris qu’ils seraient dans un pays chaud, qu’ils pourraient se baigner, et qu’ils n’auraient besoin de s’occuper de rien. « Tu y étais déjà allée ? » Demanda-t-il finalement. Son nom était intimement liée à la compagnie aérienne Cathay Pacific, et elle avait déjà dû beaucoup voyager au cours de son existence. Tantôt avec ses parents, tantôt avec ses amis, tantôt pour des événements importants ; surprendre Carmina Farrell avec une destination inédite devait donc être un exploit, ou presque. « Peu importe. » Dit-il en haussant les épaules, alors qu’il la suivit jusque dans la cuisine, où ils consultèrent à tour de rôle le menu qui avait été déposé sur le plan de travail. « Quelque chose de frais. » Parce que même si le soleil se couchait à l’horizon, la chaleur était encore bien présente. Leurs corps auraient probablement besoin de quelques heures d’adaptation, étant peu habitués au climat tropical. « C’est déjà fait, pour ma part. » Répondit-il en baissant les yeux vers sa tenue, comme pour prouver qu’il s’était déjà rendu à la douche. « Choisis ta chambre, et je vais porter tes bagages là-bas. » Proposa-t-il. Gentleman un jour, gentleman toujours. « Je me chargerai de ranger les affaires de Maya, pendant ce temps. » Il aurait pu aussi lui proposer de vider les siennes, mais il n’avait pas particulièrement envie de tomber sur sa panoplie de sous-vêtements. Déjà qu’il allait avoir besoin de self-control… Inutile de tenter le diable.
Jour 4. Se soûler en sa compagnie ? Voilà une idée qui aurait pu être excellente, si Carlisle avait été sûr de pouvoir rester maître de lui-même. Mais, une fois n’est pas coutume, la présence de Carmina Farrell dans un rayon restreint ne lui garantissait aucune certitude. Sobre, il avait déjà toutes les peines du monde à ne pas laisser ses pensées dévier vers ses désirs les plus enfouis, les plus refoulés, mais qui restaient constamment stimulés par l’inconsciente héritière, qui ne faisait que vivre sa vie normalement. Se rendait-elle compte de l’effet qu’elle lui faisait ? Probablement pas. La plupart du temps, dissimulés derrière des lunettes de soleil, ses yeux pouvaient se perdre sur les courbes graciles du corps de l’héritière à tout instant. Quand elle jouait avec leur fille dans le sable, quand elle sortait de l’eau après une baignade, ou quand elle berçait tendrement Maya contre elle. Quand elle remettait machinalement une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, quand elle passait négligemment une main dans sa crinière, ou quand, comme ce soir, elle les laissait glisser le long de son dos. Et puis il y avait tous ces moments du quotidien, où ils s’harmonisaient à la perfection. Tous ces moments où ils échangeaient des regards et des sourires complices, tous ces moments où ils étaient sur la même longueur d’onde, tous ces moments où ils se surprenaient à être doux et bienveillants l’un envers l’autre. Mais quand le soleil se couchait sur l’archipel, les démons de Carlisle venaient le titiller avec plus d’insistance. Ils lui rappelaient qu’il n’était qu’un homme, sensible au charme, à la beauté, aux sourires délicats, aux bikinis échancrés et aux robes nocturnes un peu trop transparentes. Il avait peur qu’un trop plein d’alcool lui fasse ouvrir la boîte de Pandore, alors il préférait rester vigilant et botter en touche. « Avec du champagne ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil. Ils allaient avoir besoin de plus d’une bouteille, s’ils voulaient s’enivrer. À moins que la chaleur, la fatigue de la journée, et les bulles ne fassent pas bon ménage, et les transportent rapidement dans un état second — ce dont, objectivement, Carlisle doutait. Mais peut-être se trompait-il. « Je sais que tu es habituée à plus fort que ça. » Répondit-il en souriant, alors que Carmina lui tendait les coupes de champagne l’une après l’autre pour qu’il puisse les remplir. La phase pouvait sembler anodine, et pourtant : à demi-mot, il venait d’avouer qu’il n’ignorait rien des habitudes des soirées mondaines et réservées à la haute société de Brisbane auxquelles Carmina avait l’habitude de participer. Des soirées dans des Clubs, tous plus sélects les uns que les autres, où il fallait impérativement montrer patte blanche si l’on voulait espérer pouvoir entrer. Des soirées où les héritiers ennuyés ou en quête de sensations fortes se pressaient, où l’alcool coulait à flot et où la drogue était monnaie courante. Ils levèrent leurs coupes, et les firent tinter l’une contre l’autre. « À l’anniversaire de notre fille. » Dit l’ancien pilote, avant de boire une gorgée de son breuvage. Aujourd’hui, Maya avait fêté deux ans. Et une fois de plus, l’Australien se fit la réflexion que le temps était un concept franchement étrange ; il avait à la fois l’impression que l’arrivée de sa fille dans sa vie datait d’hier, et en même temps, que cet événement appartenait à un autre temps. « De rien. » Répondit-il simplement. Carlisle, qui avait toujours été d’un tempérament plutôt hésitant, n’avait pas douté une seule seconde du programme de cette journée. À quoi bon ? Tant qu’ils étaient tous les trois, c’était le principal. « C’est vrai. » Admit-il en inclinant légèrement la tête, ne pouvant qu’approuver en tout point ce que Carmina énumérait. La journée avait été épuisante pour Maya, mais absolument idyllique. C’était bien simple : Carlisle avait eu le sentiment que, tous les trois, ils avaient été seuls au monde. Cette escapade à Anse Marron avait resserré leurs liens, il en était convaincu. Ils n’avaient pourtant rien fait de particulier… Mais ça avait été suffisant pour qu’ils en reviennent avec des étoiles dans les yeux. « Je t’ai rarement vue si… émue. » Confia l’Australien, qui croulait sous les remerciements de la fille Farrell. Ils étaient loin, les moments où ils se déchiraient, se disputaient, n’étaient jamais sur la même longueur d’onde. Ils semblaient appartenir à un autre temps, à une autre époque. Le calme était revenu, et ce n’était pas pour lui déplaire. Il garda la main de Mina dans la sienne, tandis qu’elle se hissait sur la pointe des pieds, et la fit tournoyer sur elle-même. Elle laissa échapper un rire, à la fois franc et sincère, qui fit sourire l’Australien. La légèreté du moment contrastait avec les mois difficiles qu’ils avaient pu connaître, par le passé. Mais pour la première fois, Carlisle entrevoyait le bout du tunnel. Pour la première fois, il avait la sensation que leurs relations s’étaient stabilisées, apaisées, et que cela durerait sur le long terme. « Ça se voit. » Confia l’ancien pilote en souriant, alors qu’elle admettait à voix haute se sentir bien. Et elle n’était pas la seule : si, dans un premier temps, Carlisle avait eu des doutes quand à cette idée de voyage familial, tout s’était envolé quand ils s’étaient retrouvés dans la file d’attente de l’aéroport de Brisbane. Si le nom Farrell aurait clairement pu être un plus et leur permettre de passer les files d’attente et autres contrôles bien plus rapidement que les passagers lambdas, ils avaient préféré faire profil bas pour ne pas attirer l’attention sur eux. Et ça avait fonctionné ; l’hôtesse qui avait contrôlé leur passeport avait à peine relevé la tête en voyant le nom de Carmina. Ils avaient pu partir, ensemble, comme une famille tout à fait normale. « Tu as l’air plus… J’en sais rien, comme plus légère. » Précisa Carlisle après avoir marqué un temps d’arrêt pour trouver le mot qui décrirait le mieux la façon dont il percevait la mère de sa fille. « Comme si tu avais, en quelque sorte, trouvé la place qui te convenait. » Ça n’avait pas été sans difficulté, sans accroc, mais elle y était vraisemblablement parvenue. Et l’ancien pilote ne pouvait que s’en réjouir pour elle. Pour Maya, aussi. « Je me trompe ? » Demanda-t-il en relevant ses yeux clairs vers le visage de l’héritière.
Jour 6. « J’en peux plus. » Murmura Carlisle, plus pour lui-même que pour faire la conversation, tandis qu’il s’éventait avec une casquette. Il avait, tout au long de la journée, renoncé à l’idée de porter un tee-shirt. Allongé sur un des transats de la terrasse, les yeux rivés vers le ciel, il n’attendait qu’une chose : l’orage. Celui-ci, qui s’était fait attendre toute la journée, devenait de plus en plus menaçant. Et ce n’était pas pour lui déplaire : la température frôlait encore les 30°, et l’humidité pesait sur leurs épaules depuis le début de la matinée. Maya, éreintée par cette journée, s’était endormie encore plus tôt que d’ordinaire. Elle avait élu domicile dans la chambre de sa mère dès le début du séjour. « Je n’ai même pas faim. » Admit l’ancien pilote en jetant un coup d’oeil en direction de Mina, qui venait de le rejoindre et de s’installer sur le transat à côté du sien. Ils restèrent étendus pendant quelques minutes, avant que Carlisle ne se redresse. « Tu sais quoi ? Tant pis pour l’heure tardive. » Désormais debout, il fit glisser son short le long de ses jambes, et mit un coup de talon dedans pour le dégager du passage. « Je vais me baigner. » Annonça-t-il. Il descendit la petite échelle qui se trouvait sur leur terrasse, et se retrouva bien vite les pieds dans l’eau. Premier soulagement. Il fit quelques pas, et s’émergea finalement complètement. L’idée saugrenue de passer une bonne partie de la nuit dans l’océan lui effleura l’esprit, s’il ne pleuvait pas dans la prochaine heure. Il fit quelques mouvements en direction de sa maison de vacances et, une fois à proximité de l’échelle, interpella Mina. « Tu ne veux pas venir ? Ça fait du bien, je t’assure. » Et tant pis si le sel le contraignait à prendre une autre douche : cette baignade nocturne lui faisait le plus grand bien. « À moins que tu n’aies peur qu’une tortue géante ne vienne te croquer les orteils. » Ricana l’ancien pilote, se moquant ouvertement de Carmina. Qui vivrait cela, sans doute, comme un affront. Elle était trop fière pour laisser passer une telle remarque sans ne rien dire, ne rien faire. Il éclata d’un rire sincère, qui vint déchirer le silence de la nuit. @Mina Farrell |
| | | | (#)Lun 14 Juin 2021 - 17:24 | |
| Jour 1 / A la question de Carlisle, quant à savoir si l'endroit lui plaisait et si elle y avait déjà mis les pieds, la jeune maman préféra sourire simplement, laissant son visage retourner vers la vue. Oui, elle était déjà venue ici, mais il y a de cela des années. Elle n'était qu'une enfant et ses souvenirs de l'endroit se limitaient aux personnes de sa famille finalement, très peu du lieu. « C'est un excellent choix en tous cas » finit-elle par dire en déposant sa main sur l'avant-bras de l'homme qu'elle aimait secrètement. Ses yeux captèrent les siens, quelques secondes, elle en profita pour passer à l'intérieur de la maison, rejoignant la cuisine. Elle lui demanda ce qu'il voulait manger, ils semblaient tout à fait sur la même longueur d'onde pour cela « j'pensais à une salade hyper fraîche » sourit-elle en trouvant finalement le numéro de téléphone de la réception. Et lorsqu'elle lui proposa d'aller prendre sa douche le temps de s'installer un peu, son regard glissa sur lui, s'arrêtant par accident -ou non- sur le bas de sa taille. Les yeux de Mina y virent une forme qui aurait pu la faire rougir, si bien qu'elle baissa les yeux en faisant mine de ne pas avoir regardé cet endroit-là. « Ah oui » lança t-elle en gribouillant quelque chose sur le petit carnet près du téléphone, alors qu'elle tomba sur quelqu'un à l'autre bout du fil. « On est à quel numéro ? » demanda t-elle discrètement au pilote, avant de finalement passer la commande de leur dîner. Carl venait de lui proposer de choisir une chambre, elle appréciait le geste galant de sa part, il n'était pas obligé d'être gentil avec elle. Mais de plus en plus, elle avait l'impression que ça arrivait et autant par le passé, cela semblait anecdotique et presque forcé ; autant désormais, elle ressentait la sincérité de son ancien amant, et c'était touchant pour celle qui manquait grandement d'amour. « Merci c'est gentil » souligna t-elle alors en quittant la cuisine pour marcher vers la partie des chambres. Mina prit son sac de toilette sous le bras, avant de marcher dans le couloir pour pousser les portes un peu au hasard. Elle senti l'odeur du gel douche de Carlisle envahir l'espace depuis la salle de bain, et elle adorait ça. Elle aimait cette odeur, parce que c'était la sienne, et elle aimait la sentir dans l'endroit où elle vivait. Finalement, elle poussa la porte d'une chambre au grand lit, avec un lit parapluie installé où dormait déjà Maya, les volets avaient été baissés, il faisait sombre et frais et la jeune maman murmura tout bas à Carl « je vais me mettre là, ça te va ? » à moins qu'il ne veuille dormir avec leur fille ? Au pire, ils pourraient bouger le lit de Maya à un moment donné. Carmina elle, continua son chemin vers la salle de bain, posant son nécessaire de toilette elle se regarda dans le miroir. La fatigue marquait ses traits, ses cheveux étaient ignobles, sa peau semblait en manque cruel d'eau et surtout, elle avait l'impression d'être sale, archi sale. Il faisait si chaud, si lourd ici... elle rêvait de se retrouver sous l'eau froide de la douche. « Pwouaaaa » lança t-elle en passant ses mains sur son visage, tirant un peu sa peau. Elle ferma la porte d'un revers de pied, retirant assez vite sa robe et ses sous-vêtements pour finalement passer sous le jet d'eau de la douche. Une eau froide, peut-être un peu trop, tomba sur elle. Et elle fût au paradis. Elle mis sans doute un petit peu de temps sous l'eau, avant de finalement en sortir. Enroulant ses longs cheveux dans une serviette propre qu'elle laissa sur son crâne, elle s'enroula elle aussi dans une serviette propre pour quitter ainsi la salle de bain, les affaires sales sous le bras. Arrivant dans sa chambre, où sa fille dormait, elle tomba sur Carlisle, qui allait en sortir, probablement après avoir sorti les affaires de leur fille de son sac de voyage. « Oh pardon » murmura t-elle alors en levant le nez vers son visage à lui, faisant un pas de recul pour ne plus être collée à lui. Pourtant, elle ne rêvait que de ça. Elle le laissa partir, fermant la porte de sa chambre pour s'habiller et revêtir une robe légère et longue, très bohème. Laissant ses cheveux mouillés finalement tomber dans son dos presque dénudé par la forme de sa robe, la jeune maman vérifia que sa fille ne manquait de rien, avant de partir rejoindre le père de sa fille.
Jour 4 / Elle sourit lorsqu'il lui répondit « encore plus avec du champagne » souligna t-elle. Autant elle avait pu passer des soirées entières à boire de la vodka ou de la téquila sans craindre pour sa vie, autant le champagne avait fait d'elle une piètre négociatrice. A chaque fois elle se dit que cet alcool est doux, et à chaque fois après deux coupes, elle est déjà presque ivre. Alors oui, il valait mieux se méfier, parce qu'elle ne s'était pas rendu compte de la proximité constante que ce voyage proposait, aux côtés de Carl. Elle savait depuis le début qu'ils allaient être tous les trois et elle adorait ça, elle se nourrissait de cela même ; mais c'était dur. Dur de l'observer en se cachant derrière ses lunettes, de dévorer son corps des yeux, de crever d'envie tous les jours d'aller le rejoindre dans sa chambre, de goûter à nouveau à ses lèvres, à sa peau, de sentir son corps. Ok. Stop. « J'étais » précisa t-elle alors, aidant le blond à verser le liquide presque sacré entre leurs coupes. Ils trinquèrent ensemble, yeux dans les yeux, sourires aux lèvres, à l'unisson. Leur fille. Maya. Et dans son cœur en cet instant, Carmina senti l'effet d'une explosion de joie, de douceur et de réconfort. La journée avait été parfaite, et ça faisait du bien. Il y a de ces moments de vie, qui sont bien plus réconfortants, plus nourrissants, plus intenses que d'autres. Des moments où toutes les notions de peur, d'attente, d'égo, de rancœur n'existent plus. Il y a de ces moments où la vie est simple, belle et qu'il n'y a pas à réfléchir davantage. Ces moments sont des cadeaux, ils sont précieux, et Carmina les aime de plus en plus à leur juste valeur. La mannequin sourit timidement, quand Carl lui fit part de son sentiment d'émotion, la concernant. Elle hocha silencieusement la tête, en accord avec ce qu'il lui disait. Quand ils étaient tous les trois, c'était fort en émotion pour elle. En bonnes émotions, qu'elle pouvait enfin associer au mot « famille » qui n'avait pas eu ce sens là pour elle à l'époque. Aujourd'hui, elle commençait à comprendre que le mot famille pouvait s'identifier à eux trois, à ces moments-là, à leurs rires, à leur soutien envers et contre-tout. Elle se sentait réellement liée à Carlisle, pour une fois, pour la première fois aussi fort. Elle savait que désormais, ils jouaient dans la même équipe et qu'ils étaient réellement sincères l'un avec l'autre. Et c'était agréable de ne pas avoir l'impression qu'il se forçait à être bien à ses côtés. Ca lui redonnait confiance, petit à petit. Mina coinça ses doigts dans ceux de Carlisle, à la fois timidement et en même temps, parce qu'elle avait besoin d'un contact physique avec lui, la tentation était si grande, et elle passait presque ses journées à essayer de ne pas trop en faire mais c'était si difficile devant l'homme qu'elle aimait depuis autant de temps maintenant. Et le souvenir de ce baiser qu'ils avaient failli échanger... ça la hantait. Elle se hissa un peu, il la fit tourner alors qu'elle avait toujours sa coupe de champagne à la main, et un délicieux sourire sur les lèvres. Ses doigts ne voulaient pas se défaire de ceux de Carl, pas encore. Pourtant, quand son tour de danse fut terminé, elle posa sa main sur son torse, sur l'un de ses pectoraux, par dessus le tissu de son vêtement. Main posée à plat, elle pouvait sentir la chaleur émaner de son corps à lui, elle pouvait entendre les battements lents de son cœur, et son regard fut happé par le sien en quelques secondes seulement. Quand Carlisle lui fit part de ses impressions, elle baissa un peu la tête, le sourire toujours sur les lèvres. Ses doigts faisaient des ronds légers sur le pec de son ancien amant, sans même s'en rendre compte, tandis qu'elle dévorait un peu trop ses yeux à lui, des siens. Alors elle s'arrêta une seconde, recula un peu, bu du champagne et ajouta « non c'est vrai » en retenant un sourire presque malicieux, pour cacher sa vulnérabilité. « Je me sens de plus en plus à ma place » avoua t-elle alors. Elle avait envie d'ajouter quelque chose, mais elle n'osa pas tout de suite, elle hésita. Mais elle repensa à ce baiser qu'ils avaient failli se donner, et enfonçant ses yeux dans les siens, elle lui affirma encore une fois « j'crois que c'est toi qui m'rassure et qui fait que j'prends confiance en moi » approchant à nouveau sa coupe de ses lèvres, sans pourtant y boire le liquide à bulle. « Et j'aime de plus en plus le temps qu'on passe tous les trois » avoua t-elle aussi.
Jour 6 / Il faisait chaud, lourd, étouffant. Mina venait de coucher Maya dans son lit parapluie, après lui avoir rafraîchi un peu le corps d'un linge humide. Elle avait posé un biberon d'eau à côté d'elle, si elle avait soif durant la nuit. La clim était réglée dans le couloir, la porte était ouverte, normalement tout devrait bien se passer, mais depuis que l'orage était prévu, Maya se réveillait parfois la nuit, ne parvenant pas à contrôler la température de son corps comme un adulte. Mais pour l'heure, elle s'était endormie et c'était tout ce qui importait à la jeune maman. Elle trouva Carl allongé sur un transat, en train de se ventiler. Il faisait chaud, leur peau brillait sous la fine couche de sueur qui ne semblait pas vouloir se défaire d'eux. Le pilote avait décidément bien trop chaud, si bien qu'il se décida à aller se baigner, alors que le soleil s'était éclipsé pour laisser place à une magnifique lune. Mina rigola doucement en le voyant faire, avec pour envie de le rejoindre elle aussi. Ses yeux avaient de plus en plus de mal à ne pas trahir ses envies et le désir qu'elle pouvait éprouver pour le père de sa fille, mais plus le temps passait et plus c'était compliqué à gérer pour elle. En plus, il l'invitait à l'instant à la rejoindre. Elle sourit, son rire envahit l'espace et elle lança en direction de l'homme, dans l'eau « attention à toi alors » en rigolant. Ses doigts firent tomber sa robe le long de son corps, elle se retrouva simplement en string et clairement, elle ne se sentait pas mal à l'aise. Bien au contraire. Là, elle avait envie de le pousser à bout pour qu'il craque, parce qu'elle avait cruellement envie qu'il craque. Et elle allait tout faire pour ça. Un peu comme durant leur nuit d'amour new-yorkaise finalement. Ses petits seins rebondis suivirent ses pas jusqu'au bord de la plateforme, où d'en haut, elle voyait Carlisle, en bas. Elle sourit, se dévoilant ainsi sans aucune honte devant les rayons de la lune. Elle ne comptait pas presque l'escalier, bien au contraire même. Prenant un peu d'élan, elle cria simplement « attention » en sautant de leur terrasse, comme un enfant voulant faire une bombe dans l'eau de la piscine, priant pour ne pas tomber pile poile sur Carlisle. Elle entra dans l'eau violemment, sentant tout de suite son corps trouver la réponse parfaite à ses besoins. Elle n'avait plus l'impression d'étouffer, ou d'avoir une fine couche de sueur sur elle. Son corps remonta à la surface, elle prit une grande inspiration tandis que ses mains plaquaient ses cheveux en arrière et appuyait sur ses yeux pour finalement les ouvrir. Découvrant alors le corps de Carlisle tout près du sien, elle rigola doucement en s'approchant de lui. Sans réfléchir, elle fit glisser sa main vers lui et en quelques secondes à peine, son corps était collé au sien. Sous l'eau, l’apesanteur n'était pas la même, l'attraction était plus forte, les corps s'attiraient plus vite. Ses doigts caressèrent la peau de l'épaule de Carl, passant dans sa nuque, alors que ses jambes venaient d'encercler sa taille pour se maintenir à lui. Yeux dans les yeux, un sourire aux lèvres, elle fini par murmurer « bonjour » d'une voix presque sensuelle. |
| | | | (#)Ven 18 Juin 2021 - 6:45 | |
| Jour 1. « Un jour, tu me feras une liste des endroits où tu n’es pas allée. » Suggéra l’ancien pilote en souriant légèrement. L’héritière avait fait preuve de délicatesse, mais il avait su lire entre les lignes : même si elle appréciait ce choix pour passer ses vacances, elle avait déjà eu l’occasion de s’y rendre. « Comme ça, je pourrai te surprendre, la prochaine fois. » Ajouta-t-il naturellement. Ils avaient à peine déposé leurs bagages au sol, mais Carlisle était pourtant persuadé d’une chose : cette escapade idyllique, loin de la folie médiatique et dans un décor paradisiaque, ne serait pas la seule parenthèse qu’ils s’accorderaient. Ils avaient trop besoin de couper, de s’évader, de se ressourcer. Ils avaient besoin de prendre du temps pour eux, en famille, loin des tracas et autres conflits qui les attendaient en Australie. « Euh… 38, je crois. » Répondit-il en haussant les épaules, alors que Mina passait commande auprès de la réception. Son choix s’était porté sur l’habitation la plus lointaine, la plus excentrée, afin qu’il puisse bénéficier de la plus grande intimité possible. Et, par chance, l’ancien pilote avait obtenu la perle rare. L’héritière raccrocha quelques secondes plus tard, et fit son choix de chambre. « C’est parfait. » Confirma Carlisle à voix basse, alors que son regard se déportait sur sa fille. Elle dormait déjà profondément, alors qu’il l’avait déposée dans son lit quelques minutes auparavant à peine. Le fils Bishop profita du fait que Mina ait disparu sous la douche pour ramener ses bagages dans sa chambre, et il entreprit de ranger les affaires de Maya dans les placards.
« Désolé. » Murmura-t-il en relevant les yeux vers l’héritière. Qui se tenait debout face à lui, sa nudité drapée dans une vulgaire serviette de bain. Qu’il pourrait facilement retirer, si ses doigts s’agrippaient dessus. Ou si, malencontreusement, le noeud se défaisait. Il déglutit et, par chance, le destin ne fit rien pour le troubler davantage. « Je ne pensais pas que ça mettrait autant de temps. » Avoua-t-il en passant une main dans ses cheveux, cherchant à dissimuler son malaise. Ou qu’elle serait si rapide sous la douche, c’était une question de point de vue. Il pointa du doigt la valise de Mina, qu’il avait déposé au pied de son lit. « Ce sont tes affaires. » Il se fustigea d’être aussi idiot, aussi maladroit. Bien sûr, qu’elle savait que c’était sa valise. N’avait-il donc rien de plus intelligent et de plus sensé à dire ? « Notre repas a été livré. » Finit-il par dire, presque soulagé de pouvoir reprendre un peu de contenance à travers un sujet sans importance. Et ce n’était clairement pas l’endroit idéal pour avoir une conversation anodine, puisque Maya dormait à poings fermés à quelques pas d’eux à peine. « Je… Je te laisse. Je vais aller t’attendre sur la terrasse pour manger. » Et fumer une cigarette, voire même deux, pour oublier qu’ils étaient passés à deux doigts de l’incident diplomatique. En tout cas, aux yeux de Carlisle. Parce que si l’héritière se retrouvait déjà à moitié nue devant lui au bout de quelques heures à peine, comment se passerait les jours suivants ? Il préférait ne pas y songer.
Jour 4. « Ce serait donc un point faible ? » Demanda l’Australien en souriant, alors qu’ils étaient debout l’un face à l’autre, sur le point de trinquer pour l’anniversaire de leur progéniture. Cette dernière, éreintée par la journée qu’ils avaient passé à l’extérieur, dormait déjà à poings fermés à quelques mètres de là. L’ancien pilote releva légèrement la tête lorsque Mina le corrigea, pour lui faire comprendre, à demi-mot, que les habitudes dont il parlait appartenaient désormais au passé. Bien sûr, il avait bien remarqué que les publications et autres clichés volés de l’héritière Farrell étaient bien moins nombreux à remplir les pages des tabloïds et autres magazines. Mais de là à faire une croix dessus… Il était surpris. Le comportement léger et souriant du mannequin trahissait clairement son sentiment de bien-être, et Carlisle ne pouvait qu’être heureux pour elle. « Ta tête tourne déjà ? » Demanda-t-il à voix basse, alors que l’héritière se reposait contre son torse après avoir tournoyé pendant quelques petites secondes. Il baissa les yeux pour regarder l’index de Carmina dessiner des formes géométriques sur son torse, et il ferma les yeux pendant une seconde — le temps, simplement, d’imaginer qu’ils pourraient repartir sur de nouvelles bases. Qu’ils pourraient être une famille. Qu’ils pourraient faire des projets plus concrets. Qu’elle pourrait être à lui, rien qu’à lui. Tout le temps. Et pas uniquement parce qu’ils avaient fait un enfant ensemble. L’héritière recula finalement d’un pas, et rompit le contact physique qui avait été instauré — sage décision. « Moi, je pense surtout que c’est toi qui réalise que tu n’es pas moins capable qu’une autre. » Dit-il en inclinant légèrement la tête, pour chercher à capter le regard de Carmina. Il n’y était pour rien dans cette évolution, et pourtant, il restait très fier de l’héritière. « Et je suis convaincu que c’est Maya qui te fait prendre conscience que tu es une bonne mère. » Il suffisait de les observer, toutes les deux, pour en être absolument convaincu. Combien de fois Carmina s’était-elle accroupie aux côtés de sa fille pour jouer avec elle ? Combien de fois l’avait-elle bercée contre sa poitrine ? Combien de fois s’était-elle allongée à ses côtés, le soir, pour lui lire l’histoire qu’elle lui réclamait quotidiennement ? Loin des regards indiscrets, Carmina s’était comme ouverte, comme révélée. Comme si elle ne craignait plus d’être prise en flagrant délit, pour une chose qu’elle aurait faite de travers. « Seriez-vous devenue une mère comblée, Mademoiselle Farrell ? » Demanda l’Australien en souriant légèrement. Il avait choisi ses termes avec précision, et l’avait volontairement interrogé sur son rôle en tant que mère, et non pas sur sa condition de femme. Et pour cause : sur ce second point, il craignait la réponse de la brune. Il craignait d’ouvrir une brèche, et de ne pas être capable de résister ensuite. « Je suis content que tu abordes le sujet. » Avoua l’ancien pilote, alors qu’un sourire timide glissait sur ses lèvres. Il ne pouvait pas nier que, tout comme elle, lui aussi commençait à s’habituer aux moments qu’ils passaient tous les trois. Peut-être un peu trop, d’ailleurs. À vrai dire, il craignait que cette bulle n’explose, une fois qu’ils seraient de retour à Brisbane. « Parce que… Moi aussi, j’aime bien les moments qu’on passe tous les trois. Je ne voudrais pas que ça cesse, quand on sera rentré eu Australie. » Chez eux. Elle dans son loft en plein centre ville, et lui dans sa villa sur les hauteurs. Séparés physiquement par quelques malheureux kilomètres, qui leur avaient longtemps semblé infranchissables. Mais depuis qu’ils étaient aux Seychelles, tout semblait possible et imaginable. Tout semblait être à portée de main. « Ce serait bien qu’on arrive à trouver des moments communs, pour passer du temps tous les trois. » Presque comme… Une famille. L’ancien pilote hésita à le formuler à voix haute, mais il s’abstint au dernier moment. Il ne voulait pas que ce mot puisse créer le moindre malaise entre eux. L’Australien posa ses deux mains sur la balustrade qui encadrait leur terrasse, et regarda au loin. Lance-toi, murmurait incessamment sa petite-voix intérieure. Alors, pour une fois, il se jeta à l’eau. « Ça peut être un resto, une journée à la plage, une virée en mer, aller à la fête foraine, manger une glace au parc… » Énuméra Carlisle, qui avait déjà réfléchi aux activités qu’ils pourraient faire. Elles avaient toutes deux points communs : la simplicité, et la normalité. Il mettait tout en oeuvre pour que Maya puisse avoir l’enfance la plus sereine possible. « Ça peut aussi être chez toi, ou chez moi si on voit que les sorties en public sont trop compliquées. Un brunch dans ton appart, ou un saut dans la piscine. » L’avantage de n’avoir aucun vis-à-vis, c’était qu’ils étaient sûrs d’être tranquilles. « Ça n’aurait pas forcément besoin d'être un moment fixe dans la semaine. Ça n’a pas besoin d’être formel, de devenir un rituel. » Tous deux avaient des emplois du temps relativement chargés ; Carlisle n’exigerait jamais de la mère de sa fille qu’elle annule ses activités. « Bref, tu vois le genre. » Finit-il par dire en haussant les épaules. « Tu crois qu’on pourrait essayer de mettre ça en place, à notre retour ? » Il espérait qu’elle répondrait positivement. Il l’espérait vraiment.
Jour 6. « Même pas peur ! » S’exclama-t-il en redressant la tête vers elle. Le timing n’aurait pas pu être meilleur : il eut tout le loisir de voir l’héritière faire glisser les bretelles de sa robe le long de ses épaules, avant que celle-ci ne tombe sur leur terrasse. À l’instant même où il constatait que Carmina n’était que désormais très peu vêtue, et qu’elle n’allait pas se priver des baigner dans cette petite tenue, un voile de désir passa dans son regard clair. La lumière de la lune se reflétait dans ses cheveux, et soulignait les courbes féminines de l’héritière. Sa petite poitrine, ses hanches fines, ses jambes fuselées : aux yeux de Carlisle, tout en elle était un appel à la volupté et à la luxure. Hypnotisé par cette vision, il dut faire un effort considérable pour détourner les yeux. Prenant son avertissement au pied de la lettre, mais aussi par pure précaution, il recula de quelques pas, s’enfonçant davantage dans l’eau. Ses jambes, et maintenant la moitié de son buste, étaient complètement immergés. L’héritière prit son élan et, un instant plus tard, elle disparaissait sous la surface de l’eau pour ne réapparaître qu’après quelques secondes, telle une parfaite naïade. La sensualité qui émana de ce simple geste le fit frissonner. Bon sang, comment pouvait-on dégager autant de charme et de sex-appeal en plaquant ses cheveux en arrière ? Avait-elle seulement conscience de ce qu’elle provoquait en lui ? Du trouble qui l’assaillait, quand elle s’approchait un peu trop de lui ? Faisait-elle tout cela sciemment, ou agissait-elle avec un naturel désarmant ? Il comprit qu’il était foutu lorsque la réponse à cette question s’imposa d’elle-même : ça n’avait pas d’importance, puisqu’il y avait de fortes chances pour que l’issue soit la même. Si elle se montrait volontairement séductrice et tentatrice, alors elle obtiendrait bientôt de lui ce qu’elle voulait ; à l’inverse, si elle agissait sans réfléchir, alors cela prouvait qu’ils avaient développé une forme singulière de confiance et d’intimité, qui les mènerait tôt ou tard sur une pente bien plus glissante. D’une façon ou d’une autre, il était foutu. Perdu. Elle combla la maigre distance qui les séparait en quelques secondes à peine. À la fois surpris par ce rapprochement inopiné et par cette proximité qu’il n’avait cessé d’imaginer au cours de ces derniers jours, l’ancien pilote se fit violence pour ne pas commettre le moindre impair. Ainsi, ses mains évitèrent soigneusement (et avec regret) les formes féminines de la mère de sa fille, et se nouèrent finalement dans son dos pour leur apporter une meilleur stabilité. « Salut, petit koala. » Murmura-t-il à voix basse, alors que ses yeux se fondaient dans ceux de l’héritière. Une énième marque de tendresse à son égard, que Carlisle ne calcula même pas. Cette référence à l’animal emblématique de leur pays était uniquement due à leur position — Carmina ayant noué ses bras et ses jambes autour de l’ancien pilote. « À moins que tu ne sois la petite sirène ? J’hésite encore. » Admit Carlisle en faisant la moue. À Carmina de choisir ; après tout, c’était elle qui les avait mis dans cette position. Il la sentit se redresser légèrement, rapprochant dangereusement sa poitrine de son champ de vision. « Qu’est-ce que tu vas faire ? » Demanda-t-il, sans la quitter des yeux. Surtout, ne pas baisser le regard. Surtout, ne pas constater visuellement que la petite poitrine de Carmina venait, de temps à autre, heurter son torse. Surtout, ne pas perdre le fil de ses pensées — et vite rebondir sur autre chose. « Tu comptes essayer de me noyer ? » Elle pouvait toujours essayer ; face à son poids plume, Carlisle savait pertinemment qu’il ne risquait pas grand-chose. Et puis, à quoi bon ? Il était déjà submergé. Pas littéralement, mais mentalement. Ses barrières mentales cédaient les unes après les autres et, dans l’espoir de reprendre un peu de contenance en lui, l’Australien suivit des yeux une goutte d’eau, qui glissait le long du corps de l’héritière. Elle roulait le long de sa joue, puis s’écrasa sur son épaule, et… Carlisle ne vit jamais où elle s’échappa ensuite, parce qu’il avait baissé les yeux pour suivre l’aventurière. Et, immanquablement, il avait vu la petite poitrine de Mina se soulever à cadence régulière à chaque respiration. Pendant une seconde, deux secondes, trois secondes. Et quand il avait relevé la tête vers l’héritière, qui semblait presque dans l’attente, ses yeux n’avaient pu que plaider coupables. Il avait envie de dire quelque chose, de mettre des mots sur cet instant hors du temps qu’ils étaient en train de vivre. Il avait envie de lui dire qu’elle était belle, magnifique, splendide. Qu’il voulait l’embrasser jusqu’à manquer de souffle, qu’il voulait sentir ses mains s’agripper à ses cheveux, qu’il voulait redécouvrir ce corps féminin. Qu’il voulait la voir se tortiller de désir et de plaisir sous lui, qu’il avait envie de l’entendre gémir contre sa peau, qu’il avait envie de sentir ses ongles qui grifferaient son dos. Il avait envie de lui dire qu’en vérité, il crevait d’envie de lui faire l’amour depuis les trois derniers jours, et que cette idée avait fini par devenir obsessionnelle — à tel point qu’elle s’était invitée jusque dans ses rêves. Il avait envie de lui dire tout ça, mais l’instant qu’ils vivaient se passait de mots.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Ven 18 Juin 2021 - 8:16 | |
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Jour 1 / Le visage de Mina fut happé par celui de Carlisle lorsque ce dernier lui révéla vouloir la surprendre. Cette idée l'amusait mais surtout, ça la touchait. Parce qu'il cherchait forcément à lui faire plaisir en faisant ça, ou du moins, à chercher à lui apporter quelque chose. Mina trouvait ça attendrissant, comment aurait-il pu en être autrement ?
La jeune maman venant d'impacter le corps du fils Bishop, entourée par sa serviette blanche et le corps à peine séché, elle sourit presque tout de suite, s'excusant à son tour. Et ils étaient là, gênés, comme deux adolescents pris dans une situation compromettante. Alors que non, mais le rire doux de l'héritière se fait entendre, à peine, afin de ne pas réveiller leur fille. Il a l'air mal à l'aise, mais il a l'air de ne pas être déçu non plus. Elle sourit, alors que chacun tourne dans le sens de la direction qu'il cherchait à rejoindre. Elle suit la direction de son doigt vers sa valise, sourit et ressert sa serviette contre elle, elle ne la lâche pas. « D'accord oui je... j'enfile un truc et j'arrive » précise t-elle alors à son tour, le sourire jusqu'aux oreilles, le rouge se dessinant presque sur les joues.
Jour 4 / « Même Superman a sa cryptonite » souffla t-elle presque charmeuse à l'homme qu'elle aimait. Les lèvres de Mina étaient étirées dans un doux sourire, à la fois bienveillant et sincère, depuis qu'ils avaient posés le pied ici. Elle ressentait un sentiment de paix, un sentiment de sérénité qu'elle n'aurait jamais cru possible avant. Comme si tout ce qui la faisait souffrir, tout ce qui nourrissait ses mauvais comportements, ses addictions, ses mauvais jours... avaient juste disparus. Comme si rien n'avait jamais existé, comme si jamais elle n'avait souffert dans sa vie. Ici, elle était loin de tout, elle n'avait que l'essentiel et cela la rendait heureuse. Elle qui avait toujours cru obtenir son bonheur de la part des autres : que ça soit de l'attention, du fanatisme ou de la jalousie ; ou bien encore de la reconnaissance ; elle se rendait à présent compte que tout son bonheur se résumait aux deux personnes présentes ici, à côté d'elle. Pouvoir les voir vivre, les entendre respirer, sentir leur présence tout près d'elle, pouvoir parler, rire, discuter de tous les aléas de la vie, du quotidien, des milliers de secondes qui s'envolent à chaque instant entre deux moments. C'était ça, ce sentiment de bonheur qu'elle ressentait depuis qu'ils étaient ici, et ce sentiment nourrissait sa confiance et surtout, concrétisait sincèrement l'amour qu'elle pouvait porter à sa fille et aussi, à Carlisle. C'était une évidence, elle était totalement amoureuse de lui, et il ne le saurait peut-être jamais. Peut-être que jamais, ils ne feraient quelque chose, parce que là, ils étaient biens. Ils étaient juste biens, heureux, ils arrivaient à vivre ensemble, à se supporter, à cohabiter et c'était une première. Quand elle était enceinte, c'était une autre histoire. Alors fallait-il vraiment prendre le risque de tout gâcher ? Est-ce que ce bonheur là n'était-il pas suffisant ? Parce que c'était un véritable cadeau, Mina le savait, et elle avait tellement peur d'être trop gourmande... Son rire envahit l'espace alors que Carlisle cherchait à percer son secret quant à son état, elle ne répondrait pas à cette question. Parce que peut-être bien que c'est l'alcool qui lui donne soudainement chaud, ou bien peut-être que c'est tout simplement lui. Mais regardez-le dans cette lumière, le blond de ses cheveux semble encore plus doré, tandis que ses yeux semblent encore plus beaux. Si bleus, si perçants, si mystérieux. On dirait un océan, un peu comme celui qui est là, tout autour d'eux. Et elle adore ce sentiment de sérénité qu'elle peut ressentir, comme tout autant, le sentiment de peur. La peur de plonger, de couler, de suffoquer. Mais l'envie, irrésistible, d'y aller. Happé par un désir bien trop fort, la voilà à présent collée à lui, le doigt dessinant quelque chose sur le tissu de son vêtement. Elle sent sa poitrine juste dessous, elle peut sentir sa pilosité, la chaleur de sa peau, tandis que son regard se noie délibérément dans l'océan Bishop. Ses yeux... on dirait presque deux nouveaux mondes, dont elle pourrait avoir la clef. Qu'elle pourrait en explorer tous les mystères, découvrir les secrets, les trésors les plus profonds et précieux. Alors elle sourit, alors qu'ils ne se quittent pas du regard, comme si rien n'avait besoin de plus. Comme si tout cela se suffisait à soi-même, finalement. C'était à la fois doux et intense, puissant et calme, guerre et paix. A la fois un tout et son contraire, son différent, son reflet. Elle recula, ne brisant pas tout de suite son contact visuel avec lui. Mais aux mots de son ancien amant, Mina sentit son cœur vibrer en elle, toute entière. Elle sourit, presque gênée. Parce que ces mots là, ce discours là, ces encouragements... ils avaient une vraie valeur. Parce que Carlisle la connaissait bien, parce qu'il la connaissait peut-être même mieux que personne. Mieux qu'elle même. Et elle l'admirait, elle l'aimait, forcément que ses paroles la touchaient en plein cœur. Finalement, quand il évoque leur fille, elle baissa la tête, soulagée d'entendre ça. Elle qui avait tant besoin de ce jugement pour être libérée de sa culpabilité d'être passée à côté de quelque chose, d'avoir prit la mauvaise décision, de ne pas avoir été à la hauteur. Elle l'était aujourd'hui, et même si ça n'effaçait pas ses erreurs, ça la réconfortait dans son choix, dans sa vie au quotidien, dans cette nouvelle vie qu'elle essayait de construire. Et ça faisait du bien, d'être soutenue. Quand Carl évoqua le fait, amusant, qu'elle puisse être une mère comblée, instinctivement, sa première réponse fut de demander à l'être à présent en tant que femme. Mais alors que ses yeux dévoraient Carlisle, elle ne pu pas le dire ainsi, pas comme ça, pas de cette façon. Elle sourit juste, encore touchée par les paroles de son amant et finalement, après avoir croisé son regard, elle fini par dire tout bas, d'une voix naturellement calme et apaisée « il semblerait oui » avant d'étirer ses lèvres dans un plus large sourire. Finalement, alors qu'elle lui avouait aimer sincèrement leurs moments passés ensemble, Mina sentit son cœur exploser dans sa poitrine lorsqu'il chercha à épiloguer. Au début, elle cru presque qu'il allait lui dire que c'était bien, mais que ça devrait rester occasionnel. Mais non, pas du tout. Au contraire même. Devant elle, il s'approcha de la rambarde, alors que l'océan se projetait derrière lui. Offrant à la vue de la jeune maman, un spectacle des plus poignants pour elle. Sous ses yeux, l'homme qu'elle aimait était en train de lui avouer à son tour aimer les moments passés tous les trois. Aimer partager cela ensemble, créant des souvenirs en famille et non chacun chez soi avec Maya. Ensemble, tous ensemble, ils se construisaient finalement. Comme s'ils avaient du avoir Maya, pour que ça soit elle qui les unisse réellement. Et à cette idée, Mina sentit son cœur s'enflammer entièrement, tandis que ses yeux ne quittaient pas le pilote. A l'évocation de tout ce qu'il avait envie de vivre avec elle aussi, Mina se rendit compte qu'il lui proposait de faire un peu partie de sa vie, de son quotidien, de quelques années. Et pour elle, amoureuse, c'était une chance. Elle l'observait, parler face à la mer, dos à elle. Au fur et à mesure qu'il parlait, qu'il créait des images mentales de possibles souvenirs qu'ils vivraient dans le futur, à Mina, elle s'approchait. Réduisant doucement, lentement, la distance entre eux. Il venait de finir de parler, attendant une réponse de sa part. Cessant de réfléchir, elle laissa ses mains franches, mais aussi hésitantes, à venir le long des côtes du torse de Carlisle, se rejoignant alors autour de son corps. Ainsi, Mina se retrouva collée contre le dos du pilote, collant également son visage contre lui. Elle pouvait sentir sa respiration, ses mouvements et s'il cherchait à quitter son étreinte, elle ouvrirait bien évidemment les bras. Mais ce qu'il lui proposait était quelque chose d'important pour leur famille, et ça lui faisait plaisir, parce qu'elle en rêvait. Elle en rêvait, de faire partie de leur famille à tous les deux. Et ça sonnait comme une invitation pour elle. Alors dans un murmure rempli de joie, elle fini par dire « bien sûr que oui on va mettre en place ça dès qu'on va rentrer » et pour le moment, elle ne voulait pas penser à ce retour. Ce retour où elle finirait seule chez elle, et eux, chez eux. Ce retour où la solitude allait bondir, surgir, d'un coup. Ses mains se serrèrent davantage contre Carl, plaquées contre son torse, cherchant à sentir son réconfort. Ses lèvres se plaquèrent contre le tissu de son vêtement, dans son dos. C'était si simple comme ça. « Aller au cinéma, ou même regarder un film tous les trois, rentrer par le parc pour profiter du soleil » lança t-elle à son tour, le visage encore contre son dos, les yeux clos. Dans sa tête, elle se voyait même avec sa fille, cherchant à cuisiner un truc pour le retour de Carl après une journée de travail, ou bien Maya à un défilé de mode, au premier rang ou depuis les coulisses, ou bien même à sa remise de prix, si elle est diplômée ? Tout cela lui donnait envie, autant que ça la surprenait d'aimer y penser. « J'aimerai vraiment partager tout ça avec vous, le plus souvent possible » souffla t-elle.
Jour 6 / Ses doigts grimpant sur ses épaules, entourant sa nuque, ses jambes happant ses hanches, la voilà à présent collée à lui. Les yeux rivés dans les siens, le bleu semble avoir disparu. Toujours comme l'océan autour d'eux à présent, il est sombre, foncé, obscur. Pourtant, dans le regard de Carlisle, Mina n'y voit pas tout cela. Elle y voit une part d'envie, une part de violence, envers lui-même pour lui résister sûrement ? Elle sourit, parce qu'elle aime voir l'effet qu'elle arrive à lui faire. Il l'avait fait douter, pendant longtemps. Mais ce soir, aux rayons de la lune, elle le voyait. Ses doigts vinrent se perdre dans sa nuque, caressant la naissance de ses cheveux mouillés. Son autre main est posée sur son crâne à lui, elle ressent son corps contre le sien, dans cette eau obscure, ils sont tout de même dans leur bulle. Elle se sent en sécurité, en parfaite sécurité. Là, il peut tout arriver, il n'arrivera finalement rien. A ses côtés, elle n'a peur de rien. Et ce sentiment est... incroyable. Elle sourit, alors que ses yeux glissent sur les lèvres de son ancien amant. Tandis que son corps est collé au sien, qu'elle sent à présent ses mains chaudes sur sa peau rafraîchie par l'eau. Bougeant au rythme des vagues qui viennent les bercer, la jeune maman se sent comme dans un rêve. Il y a le bruit des vague, l'odeur de la mer, le bruit du vent, une odeur et une sensation particulières aussi... tout semble délicat, sorti d'un film, d'un poème. Elle sourit encore plus, son regard pétille dans la nuit, avant qu'elle ne finisse par murmurer tout près des lèvres de Carlisle « pourquoi je serai pas les deux ? » dans une voix teintée de mystère. Et pourtant, ils ne se quittent pas du regard, ou très peu. C'est intense, Mina sent son cœur battre la chamade et vu que sa poitrine est collée à la sienne, il va sentir son cœur tambouriner. Son corps est en train de la trahir, incapable de se contrôler davantage, incapable de s'arrêter après autant de jour à l'épreuve. Carmina se serait-elle fait prendre à son propre jeu ? Tel est prit, qui croyait prendre. Là voilà dans ses bras, incapable de finir le jeu de séductrice qu'elle avait entamé, totalement sous le charme de sa victime, devenu bourreau. Quand il lui demande ce qu'elle va faire, son regard glisse sur sa bouche. Sur ses lèvres. Durant quelques secondes, elle frissonne, des flashs de new-york lui vinrent en tête, ses lèvres s'entrouvrent légèrement. Elle a envie de lui, elle a envie qu'ils fassent l'amour, qu'ils se retrouvent, que ça ait lieu à nouveau, qu'ils se donnent une chance. Une seule autre chance. Une seule. Une vraie. Elle sait que c'est lui, elle est prête à faire ce qu'il faut pour cela, elle est prête à tout pour que ça marche. Ses doigts remontent dans la nuque du pilote, venant se perdre à présent dans les longueurs des cheveux blonds du père de sa fille. Elle remonte un peu, rapprochant ainsi sa poitrine du visage de Carl, refermant mieux ses jambes autour de lui. Quand il lui demande si elle essaie de le noyer, elle trouve sa voix absolument sensuelle, et semble se perdre à son tour sur la chair rosée de ses lèvres. Sa voix à elle, n'est qu'un murmure, presque un souffle, un sifflement dans la nuit « non » chaud, étouffé, presque comme un gémissement. Comme si c'était encore plus dur pour elle maintenant de se retenir, de se contenir, de se restreindre. Elle ressent de plus en plus l'envie de l'embrasser, de s'unir à lui et elle semble ne plus vraiment être capable de se contrôler. Elle suivi les yeux de Carl quand ceux-ci glissèrent sur sa peau, dévorant la forme de ses seins, revenant ensuite vers elle. Et dans ses yeux, qu'elle redécouvrait d'une nouvelle teinte ce soir, elle pouvait y lire l'envie, la douceur, la violence aussi, la peur et le désir. Un peu tout ce qu'elle pouvait sûrement laisser paraître dans les siens à la même seconde. Son bras se resserra autour de l'épaule du blond, venant se rapprocher bien trop vite et brutalement de lui. Mais Carmina s'arrêta à quelques millimètres du visage de Carlisle, dévorant ses lèvres du regard, alors que son front touchait presque le sien. Ses doigts mouillés, au bruit des vagues, se posèrent doucement sur la joue de son ancien amant. Caressant sa barbe de la pulpe des doigts, dans une douceur infinie, elle se maintenait collée à lui le plus possible. C'était tout ce qu'elle avait envie et besoin, le sentir lui, au plus près d'elle. Formant à eux deux, une bulle imprenable pour quiconque. Renouant le temps de quelques secondes à la magie de l'enfance, comme lorsqu'on se trouve dans notre cabane faîte de draps et de chaises du salon, comme dans un cocon réconfortant, rassurant et où tout est possible. Sa main caressant la joue du blond, Carmina ne le quittait pas du regard, rapprochant alors ses lèvres des siennes. Elle avait envie de lui murmurer de l'embrasser, ou bien que s'il ne le faisait pas ici et maintenant, il ne le ferait sans doute jamais. Quel autre moment que celui-ci, pour que ça arrive ? Que ça se passe bien, ou non... ça resterait un beau moment, non ? Les yeux de la maman avaient croqué les lèvres du pilote, le temps d'une seconde d'envie, venant vite trouver refuge dans les yeux de Carlisle, Mina sourit une seconde, avant de dire « tu te souviens quand tu m'as dit que tu voulais qu'on passe plus de moment ensemble ? » demanda t-elle alors, le visage doux, souriant, et les yeux rempli d'amour. « J'ai envie de partager tous les milliers de secondes qu'il peut y avoir entre deux moments » elle avait bien évidemment envie de vivre les sorties au cinéma, à la plage, à manger au restaurant, mais elle voulait aussi tous les autres. Ceux qui n'étaient pas prévu, pas écrits, pas pensés. Elle voulait être surprise par tous ces milliers de moments entre les souvenirs qui resteraient gravés. Mais elle avait aussi terriblement envie qu'il l'embrasse.
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| | | | (#)Lun 21 Juin 2021 - 8:00 | |
| Jour 4. « Un point pour toi. » Concéda-t-il, alors que l’Australienne faisait référence à Superman et à son point faible. Si l’ancien pilote faisait de son mieux pour paraître maître de lui-même en toute circonstance, il savait pourtant qu’il n’était pas aussi fort qu’il voulait bien le faire croire. Son talon d’Achille ? La famille. Sa fille, Maya. Et même s’il ne l’avouerait jamais à voix haute pour éviter de se mettre en danger, pour éviter de souffrir comme ça avait été déjà le cas par le passé, il réagissait avec un peu trop de virulence et de mordant quand il s’agissait de Carmina Farrell. Chassez le naturel, il revient au galop ; même s’il faisait de son mieux pour se contrôler, cela ne l’empêchait pas de déraper de temps à autres. Comme quand son père lui faisait des remarques désobligeantes au sujet de la mère de sa fille — ce qui arrivait bien trop souvent, au goût de Carlisle. « Je suis désolé que ça ait mis tant de temps. » Avoua-t-il du bout des lèvres. Ils n’avaient jamais réellement évoqué les sentiments de l’héritière lors de sa grossesse, et encore moins après son accouchement. Les raisons étaient aussi diverses que variées ; leurs relations étaient, à l’époque, glaciales. Ils ne se parlaient que pour le strict minimum, que pour échanger au sujet de leur fille. Carmina, en bonne héritière ennuyée, s’était empressée de retourner auprès de son cercle d’amis après la naissance de Maya. Elle avait ri, dansé, et bu jusqu’au petit matin, dans de nombreux clubs huppés du centre-ville. Une attitude que l’ancien pilote ne lui avait jamais reproché, même s’il l’avait clairement désapprouvée. Quant à Carlisle, il s’état complètement dévoué à son nouveau rôle de père. À chaque photo de l’héritière qu’il voyait paraître dans la presse, il redoublait d’effort auprès de Maya. Hors de question, pour lui, de l’abandonner, de la délasser. Il faisait de son mieux, essayait de passer le plus de temps possible avec son bébé, mais la sourde angoisse que Maya ne leur fasse un jour payer leur manque de discernement tissait sa toile au plus profond de lui-même. Si Mina ne revenait pas et qu’elle continuait de s’amuser en faisant semblant de ne pas avoir enfanter, comment réagirait Maya, lorsqu’elle serait en âge de comprendre ? « Je… Je ne pensais pas. » Que ce serait si compliqué à gérer pour elle, qu’elle aurait du mal à se faire à son statut de mère, qu’elle ne se sentirait pas capable de s’occuper dignement de sa progéniture. Maya était une enfant facile même si, comme tout enfant, elle demandait beaucoup de temps et de patience. Mais Carlisle vivait chaque moment passé en sa compagnie comme une bénédiction, un cadeau du ciel. Alors il en profitait, le plus possible. Le coeur de l’ancien pilote manqua un battement lorsqu’il sentit les mains de Carmina se poser sur ses flancs, pour ensuite venir se nouer sur son torse. Elle déposa finalement sa tête dans son dos, et il s’autorisa à nouveau à respirer normalement. Soulagé. Il se sentait léger, heureux. « C’est bien. » Commenta-t-il à voix basse, alors que l’Australienne acquiesçait à ses idées. Pour eux, mais surtout pour Maya. Leur progéniture aurait donc, finalement, droit à une vie de famille un peu plus normale et ce, dès leur retour en Australie. Plus standard. Entourée de ses deux parents. Ils vivraient des moments ensemble, qu’ils soient banals ou singuliers. Carlisle touchait à son rêve du bout de l’index, et il s’en réjouissait sincèrement. Et Carmina ne devait pas être loin d’éprouver des sentiments proches des siens, si on en croyait la douceur dont elle faisait preuve à son égard. Ses lèvres embrassèrent son dos, et il se fit violence pour ne pas se retourner et lui faire face. Juste pour croiser son regard, encadrer son visage de ses mains, et plonger sur ses lèvres. Évidemment, il n’en fit rien : les choses étaient suffisamment compliquées entre eux comme cela. Carlisle n’allait pas prendre le risque de saborder le peu de stabilité qu’ils venaient tout juste de retrouver, à cause d’hormones qu’il était parfaitement en mesure de maîtriser. « Je vois que tu ne manques pas d’idée. » Fit-il remarquer en souriant, alors que l’héritière lui listait d’autres moments qu’ils pourraient passer ensemble, en tant que famille. L’enthousiasme de Carmina le rassura, et lui prouva — s’il en avait réellement besoin — qu’il avait fait le bon choix. Il avait eu raison de miser sur elle, sur son rôle de mère. Il avait eu raison d’avoir foi en elle, quand tout le monde la pensait perdue. Il avait eu raison d’y croire et d’espérer, quand tout le monde (à commencer par son père) lui disait qu’il faisait les mauvais choix. « Il faudra que l’on arrive à se ménager quelques créneaux dans nos emplois du temps chargés. » Mais il ferait tous les efforts nécessaires pour y parvenir. Contrairement à son père, la priorité de Carlisle ne se situait pas dans le travail, mais bel et bien dans la famille. C’était une leçon de vie qu’il avait appris malgré lui, plus de trente ans plus tôt, lorsque sa propre mère s’était éteinte dans ses bras. « Je crois que je vais devoir me faire une raison, pour la presse. » Admit-il en haussant les épaules. Sa main droite quitta la balustrade, et se superposa sur celles de Mina, qui n’avaient pas quitté son torse. Il les enveloppa avec douceur, et clarifia son précédent propos : « Tu voudras bien m’aider à expliquer à Maya le pourquoi du comment ? » Demanda-t-il à voix basse. L’Australienne subissait la pression des paparazzis quasi quotidiennement ; peut-être serait-elle donc plus à même d’expliquer à leur fille pourquoi elle était sans cesse scrutée, épiée, photographiée. « J’espère juste qu’ils finiront par se lasser. » S’ils prenaient l’habitude de les voir ensemble régulièrement, dans des circonstances tout à fait banales, les photographes s’ennuieraient vite. Eux, ce qu’ils voulaient, c’était de la nouveauté. Du scandale, du sordide, du sensationnel.
Jour 6. « Parce que c’est trop pour un seul homme ? » Répondit Carlisle, alors que les doigts de Mina courraient dans sa nuque dans une délicieuse caresse. Aucun des deux ne détache son regard de l’autre, comme pour ne pas perdre une seconde de ce moment aussi singulier qu’intense. Leurs deux corps semblaient presque cimentés. Si Carmina et Carlisle avaient été moins happés par la douce violence du moment qu’ils étaient en train de vivre, ils auraient, sans nul doute, compris que leurs peaux brûlantes et aimantées l’une à l’autre trahissaient un besoin de rapprochement flagrant. C’était physique, c’était fort, et ça risquait de tout balayer sur son passage. Ils étaient trop faibles et trop tentés pour se résister. N’importe qui le percevrait, mais pas eux. Pas dans l’immédiat, en tout cas. « Pourtant, c’est ce que font les sirènes. » Rétorqua-t-il à voix basse. Elles charment les marins qui sont sur les mers, elles les attirent, elles les séduisent, et elles les font ensuite disparaître. Aucune chance pour eux de remonter à la surface, de réapparaître ; pas de trace, pas de preuve et donc, pas de disparition. « Elles noient. » Précisa-t-il, sa voix n’étant qu’un murmure. Il était désormais clair que cette conversation avait un double sens. Quelqu’un d’extérieur qui les entendrait supposerait, à juste titre, qu’ils avaient une conversation dont le sujet principal état la mythologie. Mais Carlisle faisait aussi référence à ce qu’il ressentait. Là, maintenant, à cet instant précis. Alors que l’héritière était dans ses bras, plus proche de lui que jamais, et que son regard avait été définitivement happé par la poitrine de la mère de sa fille, qui se soulevait sous ses prunelles ombragées par le désir à une cadence irrégulière. Comme un énième appel à la luxure, que Carmina ne maîtrisait même pas. À défaut de se noyer, Carlisle se savait en revanche submergé par la situation, et ce qu’elle générait en lui. Du désir. De la peur. De l’espoir. De l’impatience. Et de la frustration, aussi. Beaucoup de frustration, accentuée par les doigts de l’héritière, qui parcourait ses joues rugueuses du bout de ses doigts. Il inclina légèrement la tête, lui confirmant qu’il se souvenait de la discussion qu’ils avaient eu deux jours plus tôt. Comment aurait-il pu en être autrement, d’ailleurs ? Il lui semblait que cette conversation avait marqué un tournant dans leur relation. Pas seulement à tous les deux, non : à tous les trois. Pour la première fois, deux ans après la naissance de Maya, ils avaient accepté l’évidence : ils étaient une famille. En ayant un enfant tous les deux, ils étaient définitivement liés. Intimement liés. Il avait envie de la faire tournoyer, de sauter sur place, d’éclater de joie, alors qu’elle lui confiait avoir envie de passer plus de temps en leur compagnie. Ça ne lui ressemblait pas particulièrement d’être aussi euphorique, mais un poids venait de disparaître de ses épaules — alors qu’il ne s’était même pas aperçu qu’il le portait. Mais Carlisle était quelqu’un qui avait le triomphe modeste et ce, dans tous les domaines. Conscient qu’il s’emballait peut-être un peu trop vite, il réclama une confirmation. « Et ces milliers de secondes, tu veux les passer à trois uniquement ? » Demanda l’ancien pilote, sous-entendant clairement qu’ils pourraient aussi passer des moments tous les deux. Ils allaient prendre du temps avec leur fille, c’était certain ; mais qu’adviendrait-il d’eux, quand Maya serait endormie ? L’ancien pilote entrouvrit les lèvres, lorsque l’Australienne secoua la tête négativement. Une fois n’est pas coutume, il se sentit submergé par la vague de sensation qui s’abattait sur lui. Il nicha sa tête dans le creux du cou de l’héritière pour masquer son trouble, et inspira profondément. Sa peau avait encore l’odeur de son gel douche à la vanille, qui saisissait les narines de Carlisle dès que Carmina sortait de la douche et s’approchait de lui. Loin d’être entêtante, cette odeur était rassurante : elle vous enveloppait complètement, et vous apaisait. Il avait envie de lui dire qu’elle sentait bon mais, mué par une audace dont il ne se croyait pas capable, il préféra déposer ses lippes sur la peau halée de l’héritière. Entre son cou et sa mâchoire. Une fois. Deux fois. Trois fois. À chaque fois, un peu plus bas, un peu plus proche de sa joue, de ses lèvres. À chaque baiser déposé, il sentait son coeur s’accélérer dans le fond de sa poitrine. Il savait pertinemment où il échouerait, et ça le terrifiait. « C’est salé. » Murmura-t-il dans son cou, alors qu’il était secoué par un léger rire. L’innocence du moment, sans doute. La manifestation aussi, peut-être, d’un brin de stress. Quelques perles salées continuaient de dévaler des cheveux de Mina, et se perdaient tantôt dans son dos, sur sa poitrine, dans son cou. Elle avait penché légèrement la tête vers l’arrière, comme pour lui donner un accès plus large à son cou. À cet instant, alors que la lumière tamisée de la lune se reflétait sur son profil féminin, il la trouva plus belle que jamais. « Mina ? » Il l’interpella pour qu’elle ouvre les yeux, et croise son regard. Il desserra légèrement la pression que ses bras exerçaient sous ses jambes, pour que l’héritière puisse glisser de quelques centimètres contre lui. Sa poitrine heurta son torse dans une délicieuse friction, et il dut faire preuve du plus grand self-control dont il était capable pour ne pas se jeter sur elle. « Je suis noyé. » Confessa-t-il, le regard assombri par un voile de désir qu’il ne chercha pas à dissimuler. À quoi bon ? Ils se tournaient autour depuis quelques jours. Ils avaient marché sur la ligne blanche à plusieurs reprises, et pas uniquement aux Seychelles. Quelque chose se tramait entre eux, c’était indéniable. Alors, curieux de vérifier ce qu’il soupçonnait depuis de longues semaines, le fils Bishop baissa la garde. Sans préambule, l’Australien déposa ses lèvres sur celles de la mère de sa fille. Chastement. Ses yeux se fermèrent, alors qu’il se délectait de ce rapprochement qu’il attendait depuis des jours. Il aurait donné cher pour savoir ce que Mina ressentait à cet instant précis, alors que lui-même avait l’impression qu’une tornade se déchaînait au plus profond de son être. Il était sur le point de se montrer plus entreprenant, lorsqu’une goutte de pluie vint s’écraser sur sa joue. Puis une deuxième, sur le sommet de son crâne. Et des dizaines d’autres, dans la foulée. Il se sépara momentanément de Carmina, perturbé par les éléments extérieurs. « Il pleut. » Commenta l’ancien pilote, comme une évidence. Son regard incandescent croisa celui de l’Australienne, et il crut y percevoir la même envie. Le même désir. Le même besoin, viscéral. « C’est un miracle. » Ajouta-t-il, sans réellement savoir s’il était soulagé que la pluie se manifeste enfin ou s’il évoquait son baiser avec Mina. Il était comblé et, alors qu’il en prenait conscience, ses lèvres s’étirèrent en un sourire sincère.. Grand, large, qui témoignait de la légèreté qu’il pouvait ressentir à cet instant précis. Poussé par un courage dont il ne se pensait pas capable, il fondit à nouveau sur les lèvres de Carmina. Nettement moins chastement, cette fois-ci. Fougueux, il s’octroya un plein accès à sa bouche. Impétueux, il y glissa avec ferveur sa langue, qui se mit aussitôt en quête de celle de Mina. Désireux de renouer avec l’Australienne, par tous les moyens possibles et imaginables. Il était affamé, affamé d’elle.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Lun 21 Juin 2021 - 18:28 | |
| Jour 4 / « T'as vraiment pas à t'excuser » précisa t-elle. Son regard avait croisé celui de son ancien amant et même si bien sûr que oui, elle avait besoin d'entendre des excuses de la part de Carlisle, il ne s'agissait pas de celles-ci. Carlisle avait tenu bon, il avait cru en elle, en leur famille avant même qu'elle n'en soit capable. Même si sa façon de faire avait été violente pour Carmina, elle avait fonctionné. Et elle sait, elle sait qu'elle n'est pas facile à vivre parfois, que c'est difficile de la gérer, et lui, il avait tout de même réussi. Alors tout n'était pas parfait, certes, mais c'était leur histoire. « Si on en est là aujourd'hui c'est grâce à toi » avoua t-elle comme un aveux de culpabilité. Mais c'était le cas, elle avait failli. Elle avait failli abandonner leur fille, en tous cas, elle y avait songé sérieusement. Dans sa vie, on ne pouvait pas dire qu'elle était entourée d'adulte responsable, bien au contraire même. Elle avait des amis qui ne voulaient pas d'enfant, qui ont des situations familiales ou amoureuses extrêmement étranges, qui sont parfois aussi immatures qu'elle. Sa famille n'était déjà pas au courant pour Carlisle, comment aurait-elle pu se tourner vers eux ? Ils avaient été bien clairs avec elle ; elle ne pouvait pas être enceinte comme ça, sans une histoire d'amour, sans quelque chose à donner aux journaux, sans quelque chose pour laver leur réputation familiale qu'elle venait d'entacher. Parce que Maya était une tache, une erreur, un faux-pas de sa part qui allait leur coûter à tous, très cher. Voilà comment est arrivée leur fille, ou du moins, l'idée de leur famille à trois. Le rejet, la peur, l'inconnu, la sensation de tout perdre jusqu'à sa propre existence. Comme ça, d'un claquement de doigt. Et puis en même temps, il y avait Carlisle, qu'elle aimait déjà très fort, qui la suppliait de faire le choix de s'abandonner elle, pour ce bébé que personne ne connaissait déjà. Mais Carlisle semblait déjà beaucoup plus l'aimer qu'elle. Parce qu'il prenait le risque de perdre Carmina pour ce bébé. Et tout cela, en plus des hormones, de son corps qui change, des journaux, de sa vie qui change du jour au lendemain... bien sûr que sa grossesse avait été une véritable dépression à subir. Mais comment pourrait-elle le lui avouer ? Comment pourrait-elle le dire à voix haute ? Comment pourrait-elle assumer tout ça ? C'était encore plus difficile peut-être que de simplement avoir à partir sans se retourner. « Et moi je ne me serai jamais attendue à tout ça » lança t-elle en le désignant lui d'un geste de la main, mais aussi cet endroit et puis finalement, ce moment. Si Mina avait fuit, où serait-elle en ce moment-même ? Est-ce que Maya existerait ? Rien que de se poser ces questions, elle avait la sensation d'être un monstre, et un léger frisson s'empara d'elle. Elle déglutit, cherchant à poser son regard sur quelque chose de stable, et se fut Carlisle. Passant ses mains autour de son corps, collant son visage dans son dos, Mina se colla à lui. Il ne tremblait pas lui, ses pieds étaient encrées dans le sol en bois de cette terrasse, il semblait indestructible et c'était très rassurant pour Mina. Alors elle resta là, surtout quand Carlisle ne chercha pas à se défaire de son étreinte, mais qu'au contraire, il fini même par poser sa main sur la sienne. Mina écarta légèrement l'espace entre ses doigts pour laisser ceux de Carl s'y caler. Quand il évoqua les créneaux pour se trouver du temps, Mina hocha silencieusement la tête dans son dos, laissant à nouveau ses lèvres embrasser le tissu de sa chemise. Son autre main, qui ne tenait toujours pas celle de Carl sur son ventre, était à présent à plat contre le corps du pilote, alors que les yeux de Mina étaient fermés, pour espérer voler quelques instants où le doute était permis. Là, ici, seuls au monde, n'importe qui aurait pu les prendre pour un couple. Ils avaient des gestes tendres l'un avec l'autre, avec une réelle bienveillance, et ça faisait du bien. Mais lorsqu'il évoqua la presse, la jeune maman se redressa un peu. Sentant la main de Carlisle sur la sienne, jouant avec ses doigts, Mina s'était légèrement redressée, plus attentive. Elle ne comprenait pas trop où Carlisle voulait en venir, mais quand elle fini par le comprendre, elle se figea. Non. Non justement, il était celui des deux parents à être « normal » et à lutter chaque jour contre tout ça, les photos volées, les gros titres, les rumeurs... et il voulait laisser tomber ? « Non... » souffla t-elle d'abord, mais comme un faible murmure. La peur venait de s'installer dans son ventre, lui faisant serrer les doigts de son ancien amant. D'ailleurs, elle le contourna, laissant ses mains glisser sur son corps, pour se retrouver à présent face à lui, dos à l'océan. Elle croisa son regard et s'expliqua « j'veux pas qu'on... » elle ne voulait pas qu'ils laissent tomber, elle ne voulait pas faire gagner les journaux, les photographes, parce que justement, ils voulaient les voir craquer. Ils seraient toujours là quoi qu'il arrive, quoi qu'ils décident de faire, peu importe comment ils décidaient de vivre. « Carlisle t'as toujours été celui de nous deux qui tenait bon face à eux » lança t-elle les yeux plantés dans les siens. Son cœur battait vite, elle avait peur qu'il lâche l'affaire par épuisement. « Mais j'ai b'soin que tu tiennes aussi » avoua t-elle. Bien sûr que c'était difficile, bien sûr qu'il aurait mérité autre chose, une autre vie de famille, mais c'était ça, leur famille. Ses mains se tenant presque à sa chemise, elle fini par ajouter à nouveau « je ne veux pas expliquer à Maya qu'il y a des gens comme eux, je... je suis pas prête à lui expliquer ce qui l'attend elle, à cause de moi » et sous-entendu aussi, ce qui lui arrive à lui aussi. Parce que par écho, lui aussi payait les conséquences de tout ça. Prise par la culpabilité et la honte, Mina laissa Carl pour venir s'asseoir sur l'un des transat à côté, passant sa robe longue entre ses jambes, la coupe de champagne à la main. Elle observa le liquide pétillant, se rendant compte que oui, un jour, peut-être que Maya allait poser des questions, qu'il faudrait trouver des réponses à lui dire, pour lui expliquer ce monde dans lequel elle vit. Mais pour tout ça, Mina n'était pas prête. « Ca m'angoisse tellement de lui faire subir tout ça que je pense sincèrement à tout arrêter » avoua t-elle alors, comme ça, en enfonçant ses yeux bruns dans les siens. Son cœur battait fort, elle avait peur de dire ça à voix haute, parce que ça ressemblait à un engagement, à une promesse. Mina commençait à réfléchir à comment mener à la fois sa carrière, et sa vie de maman, et elle commençait à comprendre que selon sa vision de l'un, l'autre devrait obligatoirement changer. Elle ne voulait pas de cette visualisation de son intimité, elle ne voulait plus tout ça. Elle voulait réduire sa vie professionnelle à un métier avec des limites. Créatrice de design textile, c'était un métier dont elle pourrait contrôler tous les aspects ; ils pouvaient aussi s'enfermer sur une maison sur une colline, à l'extérieur de la ville, et protéger ainsi leur intimité. Réduire les apparitions publiques pour leur couper l'herbe sous le pied un temps... c'était ce qui semblait le mieux. « Je réfléchis à des solutions pour elle, je te jure que j'essaye de réfléchir vite » avoua t-elle alors, les yeux brillants. Elle ne voulait pas être une mauvaise mère, elle ne voulait pas du tout commettre une erreur. « Je... j'ai envie de me retirer un peu de la vie... » mondaine ? Des journaux ? De la presse ? Des scandales ? « Je me dis que » elle haussa les épaules « que si on leur coupe l'herbe sous le pied, qu'ils n'ont rien à dire ou à photographier... ça se calmera ? » demanda t-elle presque comme pour avoir l'avis de Carlisle. Ils en avaient déjà discuté, des plans professionnels de la jeune maman. Un jour, elle arrêterait tout ce qu'elle est en train de faire actuellement, pour autre chose. Peut-être que ce temps était déjà arrivé, tout simplement.
Jour 6 / Elle sourit à la réponse du blond, alors qu'au moindre nouveau millimètre franchi dans ses cheveux, son cœur semble perdre pied. Alors qu'elle est accrochée à lui, fort, de toutes ses forces, malgré la douceur de ses gestes. Mina ne quittera pas cet endroit, perché sur lui, aussi facilement. Elle ne compte pas renoncer à lui, plus maintenant. Pas maintenant qu'elle sent qu'il se passe quelque chose de fort, elle le voit dans ses yeux, elle le voit dans sa passivité face à ses gestes à elle, elle l'entend dans sa voix à lui, faible et forte, douce et intense. « Alors je suis un koala » répondit-elle les yeux enfoncés dans ceux de Carlisle, ses doigts toujours en train de caresser ses cheveux et sa nuque, le corps encore accroché au sien. Sa voix aussi, n'est qu'un murmure, comme si le bruit des vagues ne recouvrait pas ce qu'ils se disaient, comme si l'univers tout entier leur laissait un peu de répit, quelques secondes juste pour eux. Elle n'avait clairement pas envie que Carlisle pense qu'elle allait le noyer, le charmer, se prendre au jeu pour finalement le dévorer et laisser sa carcasse sur un rocher. Non. Elle voulait tout sauf ça. Elle était même prête à ne jamais lui avouer son amour pour ne pas avoir à le perdre, à ce qu'il quitte son navire, leur navire. Est-ce que ça, il s'en doutait ? Probablement pas, d'ailleurs. Son cœur bat si fort et si vite dans sa poitrine, elle serre ses jambes autour de lui, ses mains se retiennent, elle a si peur qu'une vague l'emporte et brise ce moment. Leurs yeux se dévorant les uns les autres, rongeant alors les formes de leurs corps seconde après seconde malgré l'obscurité de la nuit... Mina a l'impression que le temps s'est arrêté. La lune les observe, les vagues les caresse et ils sont là, perdus dans l'océan, ils semblent s'être enfin trouvés. Mina sent qu'il y a une électricité entre eux, que quelque chose se passe ici et maintenant, mais elle a tellement peur que comme à chaque fois, ça s'arrête là sans rien de plus... qu'elle n'ose presque pas bouger, presque pas parler. Quand il lui demanda alors si ces milliers de secondes, elle désirait les passer à trois uniquement, Mina ne comprit pas tout de suite le sens de sa question. Dans son esprit, il posait la question, indirectement, de savoir si elle voulait s'engager avec lui, à nouveau. Alors cette réponse lui semblait positive dans son esprit à elle. Il avait apparemment déjà envisagé cela, alors non, elle ne le dégoûtait pas. Non, il ne semblait pas triste que ça soit tombé sur elle. Au contraire. Et ça la rassura. Un léger sourire étira dans une douceur infinie les lèvres de l'héritière avant qu'elle ne finisse par murmurer alors, tel un précieux secret « à deux, à trois... ou même à quatre » tandis que ses yeux avaient glissé des lèvres du pilote, à ses yeux bleus. Putain mais elle l'aimait tellement, comment s'était possible d'aimer à ce point ? Sa voix n'était qu'un murmure, elle tremblait presque de peur, mais elle savait que là, il fallait qu'elle lui dise. Qu'elle lui dise ce qu'elle ressentait vraiment. Ils étaient assez matures pour gérer la situation, peu importe vers quoi elle tend. Elle allait rajouter quelque chose, si Carlisle n'avait pas été nicher son visage dans sa nuque, et qu'elle n'avait pas senti ses lèvres embrasser sa peau. Oh putain. Immédiatement, la chair de poule envahie ses bras, faisant alors naître un sentiment de frisson dans l'ensemble de son corps, ce qui la fit presque trembler contre lui. Sa poitrine commença à se durcir sous la sensation des lèvres de Carl sur sa peau. Putain. Elle en avait rêvé durant si longtemps, ça lui avait tellement manqué... elle s'était toujours dit que plus jamais elle ne revivrait ça. Ses doigts avaient agrippé les cheveux du pilote, tandis que son autre main s'était posée sur l'épaule du père de sa fille, se tenant à sa chair alors qu'elle gémissait presque de bien-être à son contact. Elle sourit, les yeux clos, quand il lui avoua que sa peau était salée et qu'elle entendit son rire. S'il rigolait, c'était qu'il était heureux, pas vrai ? Hein ? Ses doigts remontaient sur le crâne de son ancien amant, maintenant son visage contre sa peau, désirant ne pas le voir s'en échapper. En fait si, il avait raison, elle était une sirène. Sa voix résonna dans la nuit, appelant son prénom, et à cette écoute, le cœur de Mina s'enflamma. Elle l'aimait, depuis toutes ces années, et malgré tout ce qu'ils avaient vécu et traversé ensemble ou séparément, Mina avait douté. Elle avait douté d'elle, de lui, d'eux mais là ce soir... c'était comme si tout ça n'existait plus. Comme si finalement, ça semblait évident pour tout le monde. Alors oui, elle redressa son visage pour croiser son regard à lui, pour laisser ses mains dans ses cheveux, posant ses coudes sur ses épaules, alors que son corps descendit de quelques centimètres le long du corps de Carlisle. Elle était captivée par ses yeux, tombant totalement à la renverse à l'intérieur, sentant alors sa poitrine exploser. Son cerveau ne comprenait pas ce qu'il se passait, Mina ne comprenait même pas que... c'était en train d'arriver. Elle était trop prise par les émotions fortes, comme si elle était en mode survie, comme si c'était un rêve, comme si tout cela n'était pas réel. La voix de Carlisle se fit entendre, tout bas, comme à nouveau s'il s'agissait d'un secret. Le cœur de Mina loupa un battement, et à peine eut-il fini sa phrase, qu'elle vint murmurer juste devant ses lèvres à lui, les yeux encore rivés dans les siens « j'arrive à respirer que quand t'es là » presque rapidement, presque comme si elle manquait de temps pour le lui avouer, comme si finalement, ils n'avaient plus le temps d'attendre, parce qu'ils savaient très bien que la suite allait arriver. Le cœur de Mina battait si fort, putain. Elle avait rêvé cette scène des milliers de fois, elle avait imaginé tous les contextes possibles et inimaginables, elle avait prié pour que cela arrive, tout en ayant peur de ce moment. Mais maintenant qu'elle vivait ce moment, elle se demandait comment elle avait pu tenir autant de temps sans lui, sans lui dire qu'elle l'aimait et surtout, ce qu'elle avait réellement envie de vivre avec lui. C'était lui, peu importe de quelle façon. C'était lui et ça serait toujours lui. « Ca a toujours été toi » murmura t-elle alors, avant qu'il ne vienne réduire la distance entre leurs visages. Mina sentit alors les lèvres de Carlisle se poser sur les siennes et son cœur s'emballa. Ses mains entourèrent le visage de Carl, avant de finalement entourer sa nuque, ses épaules, se collant davantage à lui. Enfin. C'était une libération, un sentiment de réussite, de bienveillance, de joie immense, de réconfort, de douceur, de sécurité, d'espoir et d'amour envahissait la jeune maman. Elle aurait pu en pleurer de joie, parce qu'elle avait sincèrement cru que cela ne se reproduirait plus jamais. Elle avait encore peur qu'il se recule, qu'il mette un terme à ce baiser, qu'il regrette dès le lendemain matin peut-être... mais là, tout de suite, maintenant, il semblait en avoir réellement autant envie qu'elle. Et il n'y avait qu'ici et maintenant pour exister réellement. La paume de sa main vint se poser sur la joue du pilote, gardant son visage contre le sien, retrouvant le goût -salé- des lèvres du blond. Putain. Elle semblait déjà au paradis avec un baiser... c'était n'importe quoi. Mais là, alors qu'elle était prise dans la réalité du moment et le fantasme de ce qu'elle avait toujours imaginé les concernant, Carlisle s'éloigna d'elle. Brutalement. Rompant leur baiser, rompant leur étreinte. Mina ne comprit pas tout de suite, parce qu'elle n'avait pas senti les premières gouttes de pluie sur elle. Elle scrutait son ancien amant des yeux, essayant de comprendre, avant de sentir la pluie tomber sur elle aussi. Levant les paumes vers le ciel pour sentir la pluie, elle ferma les yeux et plaça sa tête en arrière, voulant profiter de la pluie sur elle. Elle ne se baignait pas souvent sous la pluie, mais c'était... tellement agréable. Alors son regard retrouva celui de Carlisle et elle vit que ce moment était important, et beau. Il n'était pas parti, et ce qu'il avoua alors qu'il la regardait, la fit sourire. Elle se jeta presque sur lui, passant à nouveau ses bras autour de ses épaules, entourant son corps de ses jambes, tandis qu'elle sentait ses mains sur sa peau, sur son corps. Elle sentait qu'il la tenait, serrait, maintenait avec force, et ça lui plaisait. Et puis, il y eu ce baiser, cette façon dont Carl venait de fondre sur elle, venant trouver ses lèvres avec envie, avec fougue, avec rage. Comme si le temps leur était compté, comme si cette chance allait disparaître. Putain elle ne voulait pas que ça ne soit juste qu'un épisode. Mina dévorait ce corps qu'elle aimait si fort. Ses mains posées à plat sur les joues et la mâchoire du pilote, gardant le secret de son amour contre elle, entre eux. Sa langue venait de retrouver celle de Carlisle, gémissant presque à ces retrouvailles, le corps aimanté par le sien, se cambrant sous la puissance de ses larges mains. Elle l'aimait si fort. Cette passion en elle, était si intense. Un brasier, c'était une explosion, un incendie, un feu incontrôlable qu'elle avait sincèrement essayé de contrôler durant ces dernières années. Impossible. Ses lèvres quittèrent celles de Carlisle, glissant sur sa peau, la chair de sa nuque, l'embrassant, l'attrapant entre ses lèvres, entre ses dents, dévorant sa chair jusqu'à son épaule, avant de venir retrouver ses lèvres encore, d'embrasser sa langue, de sa maintenir le plus fortement possible contre lui. Elle avait besoin de le sentir, de le toucher, de sentir chaque sensation qu'il lui faisait ressentir, de déguster sa peau, sa chair, son odeur, entendre sa voix, sentir la pression de ses gestes face à son désir pour elle. Une bataille sans répit, c'était ce qu'elle voulait, ce qu'elle avait attendu toutes ces années. Non pas une bataille contre lui, mais bel et bien une bataille à ses côtés, ensemble, contre l'univers tout entier. Là, perdus dans les eaux troubles de ce paradis, alors que l'enfer semble s'être abattu sur eux, que l'angoisse de l'avenir semble les souiller par la pluie, ils sont là, fièrement accroché l'un à l'autre, se dévorant l'un et l'autre avec envie. Elle avait envie de lui dire à quel point elle l'aimait, parce qu'elle l'avait toujours aimé, mais elle avait peur de se laisser aller à ses propres sentiments... elle avait peur qu'il n'en soit pas de même pour lui, elle avait peur de se lancer. Pourtant, elle voulait qu'il sache. Elle voulait lui dire ce que ça représentait à ses yeux à elle tout ça. Alors que leurs baisers passionnés devenaient plus doux, que la chair de ses lèvres caressait celle de Carl, jouant avec ses lèvres rebondies, elle fini par se reculer juste assez pour plonger son regard dans le sien « j'te veux toi, je vous veux tous les deux, j'veux que ça marche, c'est tout ce que je veux » avoua t-elle le cœur au bord des lèvres. |
| | | | (#)Lun 28 Juin 2021 - 0:21 | |
| Jour 4. « Si. Si, en fait, je crois que c’est exactement ce que je dois faire. » Murmura Carlisle, prêt à faire son mea culpa. Il avait longtemps fait l’autruche avec Carmina, refusant d’admettre qu’il n’avait pas eu une attitude irréprochable à son égard. Il avait été profondément égoïste, uniquement concentré sur une chose : ce cadeau, inestimable, que l’Australienne pourrait lui offrir. Carmina enceinte, Carlisle touchait son rêve du bout des doigts. Et il n’avait pas voulu le laisser filer sans se battre, sans exposer ses arguments, sans déployer des trésors d’ingéniosité. Il poursuivit sur sa lancée. « Grâce à moi, ou à cause de moi ? » Demanda-t-il en arquant un sourcil. Depuis qu’ils étaient arrivés aux Seychelles, leurs relations s’étaient apaisées. Ils avaient trouvé un terrain d’entente, des points d’ancrage conséquents, et étaient, enfin, sur la même longueur d’onde. Cependant, il n’oubliait pas les difficultés auxquelles ils avaient été confrontés au cours des deux dernières années. Les désaccords, les combats, les craintes éternelles. « Tu avais imaginé quoi ? » Demanda-t-il, curieux d’entendre sa réponse. Il était prêt à tout entendre — le bon, comme le mauvais. Les souvenirs heureux, mais aussi ceux qui étaient douloureux. Il frissonna en sentant les doigts de Carmina se crocheter sur son torse, tandis qu’elle déposait sa tête dans le creux de son dos. Il la laissa faire sans broncher, goûtant secrètement au plaisir coupable de la sentir contre lui. Comme s’ils avaient une relation, une vraie relation. Comme s’ils étaient un couple. « Et tu avais espéré quoi ? » Les attentes et les réalités étaient souvent bien différentes. C’était le lot de chacun ; Mina n’avait pas dû échapper à cette règle. « Je… » Commença-t-il, alors qu’il sentait les mains de l’héritière se retirer de son torse. Il baissa les yeux, et regretta immédiatement de brusque retrait ; elle avait laissé comme un vide, un froid. Il aurait voulu qu’elle continue à l’enlacer, à lui transmettre sa chaleur corporelle et sa force. Il se sentait démuni. Carmina se glissa entre ses bras et la balustrade de la terrasse, se positionnant fièrement face à lui. « Qu’on quoi ? » Demanda-t-il en haussant les épaules. Il allait poursuivre, mais l’héritière fut plus rapide à réagir. « Je tiens bon. » Jusqu’à maintenant, il avait été plutôt malin quand il avait dû ruser pour déjouer les photographes et autres journalistes. Il pourrait poursuivre son petit manège, mais il savait que la tâche serait plus ardue si Carmina entrait à nouveau dans l’équation. « Arrête de dire que c’est de ta faute. » Souffla l’Australien en posant une main compatissante sur son épaule. « Le monde n’est pas tout rose. » Répondit-il en haussant les épaules. En tant qu’ancien militaire qui avait fait des opérations à l’étranger, il était bien placé pour le savoir. Mais était-ce une raison pour mettre sa fille en garde maintenant, alors qu’elle était encore si jeune ? Il était partagé sur la question. « Il faudra bien qu’elle le sache, un jour ou l’autre. » Mais peut-être pouvaient-ils encore attendre un peu ? Peut-être pouvaient-ils préserver encore un peu l’innocence de leur progéniture ? Après tout, Carmina avait raison : dans l’immédiat, rien ne pressait. Il n’y avait aucune urgence. « Tu ne crois pas que ce serait mieux, si on prenait les devants ? Si c’était nous qui la mettions en garde ? » Demanda-t-il en faisant la moue. Dans un an, Carmina ferait sa première rentrée scolaire. Carlisle espérait que cet événement se passerait sans encombre, comme pour n’importe quelle petite fille. « Mina. » Murmura-t-il pour attirer son attention. Mais c’était peine perdue : le regard de l’héritière balayait le sol d’un air presque coupable, tandis qu’elle semblait être accablée par le poids de la culpabilité. Il combla la faible distance qui les séparait et décala le transat qui se trouvait en face de Carmina. Plutôt que de poser son séant dessus, il préféra s’accroupir face à elle pour être en mesure d’aller cueillir son regard, si le besoin s’en faisait ressentir. Et ce serait sans doute le ças : l’Australienne avait l’air d’être sincèrement bouleversée. « Mina, je ne te demande pas de faire tous ces sacrifices. Je ne te demande pas d’abandonner ce qui tu es, ce que tu es, ce que tu aimes. » Faire la fête, profiter de la vie, et s’exhiber sur les réseaux sociaux — voilà quels étaient les hobbies de l’Australienne, quand elle était tombée enceinte de leur fille. Mais aujourd’hui, Carlisle ne savait plus. Il savait qu’elle avait changé, qu’elle n’était plus la même personne que deux ans auparavant. Mais qui était-elle devenue, exactement ? Il ne pourrait répondre à ses questions qu’une fois qu’ils auraient passé plus de temps ensemble. Qu’ils se seraient mutuellement questionnés, qu’ils auraient appris à se découvrir, à mieux se connaître. Le temps ferait son oeuvre ; ils devraient être patients. « Et puis… Tu crois vraiment qu’il sera facile de te défaire de ton statut d’héritière ? » Demanda-t-il en souriant, amusé. Son nom de famille était célèbre en Australie, c’était un fait : même avec les meilleurs intentions du monde, elle ne pourrait pas gommer son héritage. Elle ne parviendrait jamais à faire oublier qu’elle avait des parts dans une entreprise aérienne. Elle ne serait jamais en mesure d’empêcher les journalistes et autres personnes malveillantes de scruter ses moindres faits et gestes, sans cesse à l’affût d’un scoop ou d’une chute de son piédestal. C’était cruel, d’être ainsi exposée. Cruel, de ne jamais avoir un contrôle complet sur sa vie privée. Carlisle en avait conscience, et il n’enviait en aucun point la situation de l’Australienne. « Je suis désolé d’avoir à te le dire, mais je pense que tu vas devoir apprendre à vivre avec. » Souffla-t-il, alors que ses doigts se posaient sur ses joues pour ancrer son regard au sien. « Mais tu vas y arriver, Mina. T’es une femme forte. » Peut-être la plus forte qu’il avait rencontrée. Et elle était déterminée. Elle s’accrochait, se battait, se débattait, n’arrêtait jamais. Elle ne s’avouait pas vaincue ; elle continuait, elle persistait. À cet égard, elle faisait office de modèle. « De te retirer de la vie ? » Répéta-t-il, les yeux ronds comme des soucoupes en raison des propos tenus par l’héritière. Son palpitant s’était emballé, et il posa machinalement ses mains sur les genoux couverts de Carmina. Il avait besoin qu’elle se montre plus spécifique, plus précise et, surtout, qu’elle le rassure. « Qu’est-ce que tu veux dire par là ? » Il déglutit, et espéra qu’il se méprenait et qu’il avait simplement mal interprété les mots de l’Australienne. Il avait besoin d’elle. Et Maya aussi. Elle ne pouvait pas baisser les bras, pas comme ça, pas si facilement. « Mina, je refuse de vivre enfermé pour les dix prochaines années, en craignant à chaque seconde d’être surpris quand je prendrai le risque de sortir. » Avoua-t-il du bout des lèvres en secouant la tête. D’un tempérament plutôt casanier, Carlisle ne craignait pas de rester chez lui. Dans sa villa sur les hauteurs de la ville, il se savait en sécurité. Ses voisins étaient des gens qui, comme lui, étaient en quête de calme et de discrétion. Des gens qui avaient des vies occupées, et qui aimaient pouvoir se ressourcer sans craindre d’être embêté d’une quelconque façon. « Maya mérite mieux que des parents retranchés dans des forteresses, tu ne crois pas ? » Demanda-t-il, alors qu’un pâle sourire venait étirer ses lèvres. L’ancien pilote ne voulait pas que leur fille soit retranchée, en leur compagnie. Il ne voulait pas qu’elle devienne paranoïaque, en raison des peurs plus ou moins rationnelles de ses parents. Il ne voulait pas qu’elle leur en veuille, un jour, d’avoir manqué de courage et d’audace. Maya était leur fille, leur princesse — mais elle n’était pas en détresse. « Elle mérite de découvrir le monde. » Déclara-t-il avec douceur. Et Maya avait une chance que d’autres petites filles n’auraient jamais : ses parents étaient en mesure de lui offrir une bonne éducation, et une belle vie. Carlisle s’était toujours promis de lui donner des valeurs, de lui faire prendre conscience du coût des choses ; mais en parallèle, il savait aussi que l’argent ne serait jamais un problème pour lui, et encore moins pour Mina. « Et elle mérite qu’on la tienne par la main, qu’on l’accompagne dans ses découvertes, et qu’on la soutienne dans chacune des étapes qu’elle traversera. » Qu’ils soient célèbres ou non ; qu’ils soient scrutés ou non. Ils seraient unis, envers et contre tout. Envers et contre tous.
Jour 6. Il se fichait bien de savoir si Carmina se considérait plus comme un koala ou comme une sirène. La seule chose qu’il savait, lui, c’était qu’elle l’envoûtait complètement. Ses yeux étaient perdus dans les siens, son corps épousait parfaitement ses formes, et les quelques mots qu’ils s’échangeaient étaient teintés de douceur et de sous-entendus. Il mourait d’envie de laisser ses doigts parcourir son corps, et sa bouche goûter à sa peau hâlée. Il sentit les jambes de l’héritière se resserrer autour de son bassin, et il murmura : « Je ne vais pas te lâcher. » Au sens propre, comme au sens figuré du terme. Il lui avait fait confiance par le passé, il la maintenait contre lui ce soir, et il continuerait d’assurer ses arrières demain. Physiquement, et émotionnellement. Il frissonna en lui demandant de préciser la situation dans laquelle elle se projetait. « Je… Quoi ? » Demanda Carlisle, ne comprenant pas vraiment où Carmina voulait en venir. Son cerveau s’activa et, finalement, il comprit où elle voulait en venir. Sa bouche s’ouvrit sous le coup de la surprise, et ses yeux sondèrent les siens pour savoir si elle cherchait à le berner. Ce qui n’avait pas l’air d’être le cas, si on en croyait le sourire sincère qui illuminait son visage. L’ancien pilote, touché en plein coeur, se fit violence pour ne pas céder à ses pulsions primaires. Son coeur bondit dans sa poitrine, et il souffla : « Je suggère qu’on en reparle plus tard. » À tête reposée, quand leurs hormones ne dicteraient plus leur conduite nocturne. Quand ils auraient assouvi leurs passions. Quand la raison reprendrait le dessus. Quand leur situation se serait stabilisée, surtout. « Je ne suis pas sûr d’avoir les idées claires. » Souffla-t-il, en souriant. En réalité, il était sur un petit nuage. Jamais, même dans ses rêves les plus fous, il n’avait cru qu’un tel moment pourrait se produire. Carmina, qui avait eu tant de mal à accepter son rôle de mère, lui proposait désormais d’agrandir la famille. Une idée plus que tentante pour Carlisle, qui avait toujours espéré pouvoir fonder une famille. « Moi, c’est l’inverse. » Confessa-t-il à voix basse. Sa main droite quitta son dos et il plia le bras jusqu’à sa nuque pour attraper une des mains de Mina. Inconsciemment, cette dernière resserra son étreinte autour du cou de l’ancien pilote, et raffermissait sa prise autour de son buste. « Je te tiens, petit kaola. » Promit-il avec un sourire sincère, sa main gauche toujours fermement logée dans le creux de son dos. Il pencha légèrement la tête, fit passer le bras de l’héritière entre eux, et déposa sa main sur son torse, à l’emplacement de son coeur. Qui tambourinait, au fond de sa cage thoracique. Qui tambourinait fort. « Tu vois ce que tu me fais ? » Ils avaient passé beaucoup de temps à se chercher, à se tester, à se titiller. Si les derniers jours avaient été un véritable supplice pour Carlisle — plus d’une fois, il avait cru défaillir face à la mère de sa fille — il lui apparaissait désormais clair que leur rapprochement avait débuté quelques semaines auparavant. Leur visite en famille au zoo, qui aurait pu tourner à la catastrophe, les avait en fait rapprochés comme jamais. Après cet événement, ils s’étaient tous deux montrés plus… Plus tolérants. Plus conciliants. Plus accompagnants. Maya restait toujours leur vecteur commun, évidemment. Mais plus d’une fois, Carlisle s’était surpris à penser à Mina — et uniquement à elle. Il s’était demandé si ses examens s’étaient bien passés, si ses soirées n’étaient pas trop mornes, si elle fréquentait quelqu’un. « Tout s’affole, quand t’es dans les parages. » Avoua-t-il, avant de libérer sa main. Il n’en pouvait plus. D’attendre, d’avoir une conversation presque normale, de sentir sa poitrine se soulever à un rythme régulier contre son torse. Ses yeux ne quittaient pas les lèvres pulpeuses de l’héritière, et il avait envie d’y goûter à nouveau. Juste pour s’assurer qu’il ne faisait pas fausse route. Juste pour s’assurer qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. Juste pour sceller, aussi, ce qu’ils venaient de se dire. Et les derniers mots de Mina, qui avouait qu’il avait toujours eu une place de choix, lui donnèrent l’élan de courage dont il avait cruellement manqué jusqu’à maintenant. « Chut. » Murmura-t-il, craignant qu’elle ne se confesse davantage. Il posa son index sur les lèvres de la brune, et franchit le maigre espace qui les séparait encore, et colla sa bouche contre celle de Mina. Doucement. Chastement. Comme si c’était la chose la plus logique et la plus normale de la terre. Un rapprochement en entraînant un autre, il sentit aussitôt les mains de l’héritière sur sa peau. Ses joues, sa nuque, et finalement ses épaules — comme si elle procédait à un inventaire, comme pour s’assurer qu’il était bien là, en chair et en os, et que le moment qu’ils vivaient n’était pas un rêve. Ça aurait pu aller loin, beaucoup plus loin, si la pluie ne s’était pas invitée. Perplexe face à cette attitude fuyante, le visage de Carmina reflétait la déception. Elle pensait qu’il allait la lâcher, et la laisser au milieu de l’océan ? Elle se fourvoyait complètement. Il voulait juste savourer ce moment atypique, où tous les astres semblaient s'être alignés pour eux. Il se mordit les lèvres devant le spectacle d’abandon inconscient qu'elle lui donna à voir. Paumes tournées vers le ciel, cambrée, la tête rejetée vers le ciel, Carmina baignait dans la lumière blanche de la nuit. S’il ne l'avait pas si fermement tenue, Carlisle aurait presque douté de sa réalité. Ce soir, il avait l’impression qu'elle était plus belle que jamais. Encouragé par une attitude sans équivoque, l’ancien pilote fondit à nouveau sur sa proie, quémandant davantage. Plus de peau, plus de contact, plus de goût. Réceptive, la sirène se laissa faire et l’accueillit généreusement dans sa bouche. Ils se dévouaient l’un à l'autre, s’abandonnaient l’un à l’autre. La délicieuse mélodie du gémissement de Carmina fit grimper la température d'un cran, si tant est que cela était possible. Les mains de Carlisle quittèrent le dessous des cuisses de l'héritière pour remonter jusqu’à ses fesses, dont il s’empara avec possessivité. Elle lui faisait perdre ses moyens, elle le rendait dingue — et l’énième assaut qu’elle lança contre lui lui fit lâcher un grognement sans équivoque. Ses doigts se crispèrent sur la chair de l’Australienne, alors qu’elle s’obstinait à lui faire perdre la tête. À tour de rôle, il pouvait sentir ses lèvres, sa langue, ses dents le maltraiter. Ses joues, son cou, sa nuque, ses épaules ; Carmina ne semblait vouloir épargner aucune parcelle de sa peau. Leur ardeur s’amenuisa au profit de douceur, et Carlisle plia légèrement les jambes pour les immerger davantage dans l’eau. « Il serait temps que l’on fasse tout pour. » Confirma l’ancien pilote. Il avait presque l’impression d’être de retour à New-York, lors de cette soirée pour la nouvelle année, où ils avaient passé la nuit à se découvrir. Ce moment singulier pour des centaines de milliers de personnes, toutes dispersées partout dans le monde. Certains dansaient, certains chantaient, d’autres riaient, la plupart se serrait dans les bras. Les couples s’embrassaient, se couvaient du regard, et se promettaient que leur avenir serait radieux. Les amis se souhaitaient le meilleur, et la fête pouvait finalement repartir de plus belle. Ses collègues avaient bien essayé de le convaincre de sortir, de participer aux festivités, de se détendre en leur compagnie sur Times Square — mais il n’avait rien voulu entendre. Casanier, le pilote d’avion n’avait fait aucun projet (à quoi bon, puisqu’il ne connaissait personne dans cette gigantesque ville ?), et n’avait pas voulu se mêler à la foule dense qui se pressait sur cette place incontournable de la ville. Il préférait clairement rester à l’hôtel, descendre au bar siroter un bon whisky, et éventuellement monter sur le toit de l’hôtel (dans l’illégalité la plus totale) pour admirer le feu d’artifices qui serait tiré lorsque les douze coups de minuit sonneraient. Et c’était ce qu’il avait partiellement fait, accompagné par l’héritière Farrell qui, visiblement, n’avait pas plus de projets que lui. Ils n'avaient pas mis longtemps à trouver une activité commune, d’ailleurs. « J’ai l’impression d’être de nouveau à New-York. » Avoua-t-il à voix basse, son front collé contre celui de la brune. Pas loin de trois ans plus tard, l’Australien avait à nouveau franchi les limites de la bienséance avec Carmina. « Enfin… à un océan près. » L’eau leur léchait toujours la peau, mais il y avait bien longtemps qu’elle ne rafraîchissait plus l’ancien pilote. Le corps de Carmina, collé au sien, irradiait. Quant à lui, il n’était pas en reste. « Et à un bébé près. » Corrigea-t-il, alors que ses lippes s’étiraient en un sourire malicieux. La pluie martelait leurs têtes et leurs épaules, alors que leurs lèvres s’effleuraient dès qu'ils prononçaient le moindre mot. Ils se laissaient parfois tenter par un baiser plus ou moins chaste, plus ou moins empressé. Les gouttes de pluie s’intensifièrent et, bientôt, le bruit lointain de l’orage se fit entendre. L’ancien pilote nicha sa tête dans le cou de l’héritière, pour le parsemer de petits baisers aériens. Il sourit contre sa peau lorsqu’il sentit la prise de l’héritière se raffermir sur son corps, alors que des éclairs blanchâtres venaient désormais zébrer le ciel. « Ça a peur des orages, les petits koalas ? » Demanda-t-il, malicieux. « À moins que la petite sirène ne soit finalement pas insensible au marin égaré ? » Ce qui ne serait pas pour lui déplaire ; à vrai dire, lui-même n’en menait pas large. Il frémissait à chacune de ses caresses, à chacun de ses baisers ; ses yeux étaient obstrués par un voile de désir, qu’il n’était plus capable de dissimuler. Pris au piège. Et c’était aussi doux que délicieux. « Tu me rends complètement dingue, Carmina Farrell. » Mais en avait-elle seulement conscience ?
@Mina Farrell |
| | | | (#)Lun 28 Juin 2021 - 3:15 | |
| Jour 4 / Pourquoi ressentait-il le besoin de s'excuser ? C'était cela, surtout, qui attisait sa curiosité. Savoir si de lui-même, il avait réussi à comprendre ce par quoi elle était passée durant la grossesse. Alors sa voix demanda, presque tout bas « pourquoi tu t'excuserai ? » tout simplement. Son cœur battait fort, comme a chaque fois en sa présence. Elle avait souvent la sensation que leur discussion pouvait être à double tranchant, soit tellement libératrice, ou totalement dévastatrice. Grâce ou à cause ? En entendant sa question, Carmina senti son cœur se figer. Ca lui rappelait encore une fois qu'elle avait ressenti durant de très longs mois, que tout ceci était à cause de Carl. C'était de sa faute à lui, si elle était tombée enceinte, si elle avait gardé ce bébé qu'elle ne désirait pas à l'époque, si sa famille s'était permise de l'insulter, de ne pas la soutenir, que la presse l'avait à son tour souillée. Et puis quand Maya avait été enfin là, que les hormones, les traumatismes laissaient place aux premiers émerveillements de sa fille, Mina avait comprit. Elle avait comprit que c'était grâce à Carlisle. A sa foi, sa détermination, son courage d'avoir su l'affronter pendant neuf mois, sa loyauté envers elle, envers et contre tout. Alors cette question, elle n'avait pas envie d'y répondre. Le visage de Carmina se redressa, le nez collé contre le dos de l'homme qu'elle aimait, tandis qu'il lui demandait ce qu'elle avait imaginé. Elle prit parti de ne pas trop réfléchir à sa réponse, commençant alors par « j'ai jamais cru que... ça » désigna t-elle en ouvrant sa main, quittant ses doigts à lui « c'était envisageable » avant de sourire. Elle ne pouvait pas être totalement honnête et lui avouer avoir passé des nuits entières à imaginer leur couple, leur bébé, leur maison, leur quotidien. Elle l'avait imaginé de toutes les façons possibles, avant de se faire une raison et de se préparer à ce que Carlisle lui présente un jour une autre femme. Une femme dont il serait tout simplement amoureux. Oh ce jour, quand il allait arriver, il serait tellement difficile... en vérité, elle n'était même pas sûre de pouvoir le supporter. Elle finirait probablement par partir, pour fuir la presse, fuir Carlisle tout en essayant de passer le plus de temps possible avec leur fille. Mais à l'idée de ne pas vivre à ses côtés... ça lui brisa le cœur. Ses mains retrouvèrent les siennes, le temps de quelques secondes, adorant la sensation de sa peau, de sa chaleur, de la texture de sa peau contre la sienne. Pourtant, Mina se sépara de ce contact, au fur et à mesure que Carlisle évoquait le sujet de la presse et de leur fille. Provoquant chez la jeune maman, une petite vague d'inquiétude, il chercha bien vite a essayer de la rassurer. « Pourquoi ? » lui répondit-elle alors qu'il lui affirmait qu'un jour, elle devrait savoir. « Pourquoi on doit lui dire que des gens voudront se faire de l'argent sur ses souvenirs ? Sur ses réussites, ses échecs, ses rires, ses pleurs... ? Qu'il inventeront des histoires avec les morceaux qu'ils arriveront à voler d'elle, qu'ils lui donneront l'image qu'ils ont envie de lui donner... ? » et elle avait les yeux plantés dans les siens en disant ça « je ne veux pas de ça pour notre fille Carl » lui murmura t-elle alors, comme une supplication. Prenant ses mains dans les siennes, tandis qu'elle avait rejoint le transat pour s'y asseoir, déposant son verre sur le sol de la terrasse, près d'eux. Peut-être que oui, peut-être que oui il avait raison et qu'il était de leur responsabilité de la prévenir, qu'elle sache comment se comporter à l'extérieur, qu'elle fasse attention ou plutôt, qu'elle apprenne à le faire. Mais imaginant un tel avenir pour sa fille, Mina se senti tout de suite coupable. Elle ne voulait pas que leur fille se contrôle, elle était un bébé, une enfant bientôt qui allait avoir envie de courir, de rire, de faire ses propres expériences, de se tromper, de tomber, de se relever... elle ne voulait pas lui faire traverser ce qu'elle même, avait pu vivre plus jeune. « Ce sont nous ses parents, c'est à nous de décider quand, comment... c'est pas à eux de nous forcer à le faire je... » elle fixa leurs mains liées et fini par lui dire tout bas, comme si elle avait honte de le dire aussi « j'suis pas prête à faire ça maintenant » non, Maya était son bébé, elle se devait de la protéger. De veiller à protéger son innocence, à essayer de protéger son monde édulcoré et coloré encore un peu. C'était à eux de veiller à cela, à personne d'autre. Alors bien sûr qu'elle y avait déjà pensé, qu'elle avait même déjà pensé aux solutions qui s'offraient à elle et pour toutes celles qu'elle avait réussi à trouver jusqu'ici, se défaire de l'emprise de la presse n'était pas toujours accordée. En fait, Mina ne pourrait sûrement jamais s'en défaire. Il y aurait toujours quelqu'un, quelque part, pour parler d'elle. Comme une piqure de rappel, pour se souvenir de la mère indigne qu'elle a été, et qui n'effacera jamais tout le reste. « Je sais » essaya t-elle de le rassurer, en tenant ses mains dans les siennes. « Je sais très bien que tu n'avais pas envie que ma vie change à ce point quand tu... quand on a décidé de la garder » lança t-elle en laissant une de ses mains venir contre son ventre. « Mais maintenant qu'elle est là... » son visage se tourna vers elle, à travers les murs de leur cabane posée sur l'eau « maintenant qu'elle est là j'peux plus faire comme si tout était comme avant non plus » dit-elle en serrant la main de Carl. « J'peux plus agir comme je le faisais avant, je ne peux plus ne pas penser aux conséquences d'une simple sortie au zoo... » lui lança t-elle. Et ce n'était pas méchant de dire tout cela, c'était la vérité. Ils devaient en être conscients, réellement, pour pouvoir la protéger au mieux de tous les effets indésirables de la notoriété de Carmina. Quand Carl lui évoqua l'empire familial, Carmina ferma les yeux. Elle était née avec des privilèges incroyables, elle était née avec un nom semblable à une clef, ouvrant toutes les portes. Elle était née avec une famille, une réputation, une image à préserver. Elle était née surtout dans une immense maison vide, où les repas de famille étaient rares, mais où les faux-semblants dans les soirées mondaines étaient le quotidien. Ce n'était pas non plus ce qu'elle voulait pour Maya. Alors après plusieurs longues secondes d'hésitation, Carmina fit un signe de négation de la tête, les yeux rivés sur leurs mains jointes. Pour elle, dans sa tête, les Farrell n'était pas une famille, du moins, ils n'étaient plus sa famille. Elle ne leur parlait jamais, elle ne les voyait plus depuis qu'elle était enceinte. Elle recevait de l'argent, sa part dans l'entreprise, mais c'était tout. Elle n'était plus invitée à rien, ils n'appelaient jamais pour avoir de ses nouvelles ou celles de Maya. « J'en ai rien à faire de ce statut d'héritières Carl » avoua t-elle alors pour la toute première fois. Haussant les épaules, elle ajouta « j'ai toujours eu de l'argent, j'ai jamais manqué de soins, d'éducation, de possibilités c'est vrai » et elle devait bien le reconnaître malgré tout « mais c'est pas une famille, c'est pas ça en tous cas, c'est pas ça que je veux pour nous » avant de grossir un peu ses yeux et de se reprendre « enfin pour elle » se frottant alors le front. « Je préférerai une vie simple, même ailleurs, loin de tout ça... j'pourrai être qui j'suis sans que... » elle hausse les épaules. Il ne s'agissait que d'un nom, un nom appartenant à son père, à sa famille à lui, famille dans laquelle elle ne se retrouve pas, depuis des années déjà. Carlisle ne semblait pas du même avis, expliquant alors à la jeune maman qu'elle allait sûrement devoir apprendre à vivre avec tout cela, plutôt que de chercher à le fuir. Peut-être qu'il avait raison, mais elle n'avait pas envie de faire ce combat toute seule, même s'il la pensait capable, elle était épuisée d'avoir à le faire encore, et encore, et encore. « De la vie mondaine, de la vie... de la presse » s'expliqua t-elle alors. Mais à nouveau, Carlisle lui expliqua que leur fille méritait mieux que tout ça, mais selon elle, elle méritait le respect de sa vie privée, de son intimité, de ses sentiments. « Qu'est-ce que tu lui diras le jour où elle aura le cœur brisé par un garçon et que les journaux publieront ça, en disant des saloperies sur elle ? Parce que la fille est toujours coupable Carl... » chercha t-elle à lui faire comprendre. « Fais moi confiance s'il te plait, j'ai besoin que tu me fasses confiance quand je te dis que je ne veux pas faire vivre à Maya ce que j'ai vécu » serrant davantage ses mains, prise par la peur. Il fallait qu'il lui dise qu'il prendrait son avis en compte, qu'il lui dise que oui, elle et Maya étaient bien deux personnes de sexe féminin et vu l'héritage de la mère, ils n'iraient pas chercher ailleurs pour s'en prendre à sa fille, à toujours les comparer l'une avec l'autre, à réduire les espoirs, les rêves de Maya à ceux de sa mère, la culpabilisant d'être autre chose, ce qui serait décevant. Mais en la jugeant coupable d'être quand même ce qu'elle était malgré tout. Il n'y avait pas de solution, pas de remède, à moins de partir vivre ailleurs, changer de ville, de région, ou bien même de pays ? « Je sais... » souffla t-elle alors « je sais tout ça, mais je sais aussi exactement ce qui l'attend... Carlisle promets moi qu'elle ne traversera jamais la même chose que moi, faut pas qu'elle vive la même chose » et dans ses yeux, on pouvait y voir la supplication d'une mère pour la sécurité de sa fille.
Jour 6 / Quand la voix du père de sa fille se fit entendre, lui promettant presque de ne pas la lâcher, le corps de l'héritière frissonna entièrement. Se délectant de la sensation de plaisir que ces quelques mots provoquaient en elle, la jeune maman ne voulait pas que ce moment soit gâché par quelque chose. L'envie de lui balancer ses sentiments, retenus captifs dans son cœur et son esprit, durant plus de deux ans ; et la peur de voir l'effet de cet aveux sur Carlisle. La magie de ce moment fut le temps de quelques secondes, éclipsée, les deux parents ne semblants plus du tout sur la même longueur d'onde. Mina eu le sentiment d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas, et de se faire recaler doucement par Carlisle. Est-ce qu'il voulait juste coucher avec elle ? Ou bien est-ce qu'il avait des sentiments à son égard, du même ordre qu'elle pouvait en avoir pour lui ? Le doute s'installa dans l'esprit de Carmina et ne voulant pas que ce moment soit davantage gâché, elle murmura alors un tout bas « désolé » avant de laisser ses doigts s'enfoncer dans la chevelure mouillé du pilote, creusant ses épaules, enfonçant son visage à présent contre la nuque de l'ingénieur. Pourtant, elle aimait quand il resserrait son étreinte autour de son corps, forçant ce dernier à se maintenir coûte que coûte à lui, collant chaque parcelle de sa peau à la sienne. Elle avait besoin de le sentir, de sentir sa force, son envie, son désir, son impatience dans ses gestes, dans ses mouvements, dans ses grognements. Elle adorait ça, l'entendre, le sentir sourire contre sa peau, sentir sa respiration chaude être effacée par une vague. Lorsqu'il lui prit sa main, la guidant alors pile sur son cœur, l'endroit le plus secret et le plus précieux aux yeux de Carmina, elle ne quitta pas leurs mains sur sa peau. Sentant très vite les battements du palpitant de son amant résonner dans l'intérieur de sa paume, ses lèvres s'étirèrent dans un sourire de victoire. Ses yeux brillants vinrent trouver refuge dans ceux du père de sa fille, tandis qu'elle approcha ses lèvres des siennes. Ses doigts à l'arrière de sa nuque, laissant ses longs doigts fins caresser ses cheveux ou bien sa peau, elle captura dans une douceur exquise, les lèvres de l'ingénieur. Goûtant à cette chaire salée, gourmande, Mina fit alors glisser la main de la nuque du blond, jusqu'à sa joue, retenant alors son visage contre le sien. La barbe naissante du jeune papa picotant l'intérieur de la main de la maman, elle en profita pour conserver son visage contre le sien. L'embrassant lentement, sensuellement, dans une douceur scandaleuse. Cambrant son corps pour se coller à lui, sentant que non, il ne la lâcherait pas, elle sourit contre ses lèvres à lui. Silencieuse, elle vint trouver l'une de ses mains, qu'elle plaça à nouveau entre eux, mais tournant la paume de son ancien amant vers sa peau, en particulier entre ses deux seins, en plein sur son palpitant à elle. Son sourire s'étira, alors qu'elle avait la sensation de sentir leurs deux cœurs s'emballer l'un pour l'autre, entre eux. Elle laissa un faible espace entre leurs lèvres, juste assez pour lui répondre tout bas « regardes ce que toi, tu m'fais » avant d'embrasser à nouveau ses lèvres, avec plus de fougue. Ses mains à présent de chaque côté du visage du pilote, cambrant son corps contre le sien, les yeux clos, elle avait terriblement envie de lui, tout de suite, maintenant, et en même temps, elle avait envie de savourer chaque éternité entre chaque seconde passée ensemble. Comme si le temps ne serait jamais assez long pour qu'elle en soit un jour rassasiée de lui. Elle aimait énormément ce qu'il lui murmurait, elle aimait qu'il lui avoue tout cela, qu'il la rassure sur l'effet qu'elle pouvait bien lui faire. Elle ne le laissait pas indifférent, tout cela n'était pas... un accident. Il n s'agissait pas de cela, en tous cas, plus maintenant. Captivée par ses lèvres, priant pour qu'il l'embrasse enfin, qu'il l'embrasse encore, il la fit taire, quand elle lui affirma qu'il n'y avait eu que lui. En tous cas, dans son cœur, il n'y avait jamais eu de la place pour quelqu'un d'autre. C'était avec lui, qu'elle avait découvert le sentiment d'amour, ce besoin d'être avec l'autre, de partager son quotidien, son temps, d'être là, juste là. Et enfin ce soir, ils le pouvaient, ils se l'autorisaient. Ils s'embrassèrent encore, comme si le temps s'arrêtait, comme s'ils n'étaient pas ici et maintenant, comme si tout était normal. Et durant quelques secondes, Mina oublia tout. Il n'y avait plus qu'eux, plus que ce moment, plus que ce qu'ils se disaient, s'avouaient, savouraient. La pluie s'invitant avec eux, leur rappelant la vérité et la brutalité des éléments les plus précieux, les plus véritables, les plus solides. Le clapotis de l'eau sur leurs corps, le bruit de la pluie tombant autour d'eux, le bruit de l'orage au loin, alors que leurs deux corps semblent chauds et que l'électricité gronde. Un instant de poésie, dévoré par l'envie, quand Carlisle plonge à nouveau sur elle. Carmina se laissant ainsi dévorer, elle ne se priva pas de gémir à son oreille lorsqu'elle sentit ses mains sur ses fesses, collant davantage son bassin au sien. Elle ne semblait pas désireuse de calmer la moindre de ses hardeurs, laissant alors ses lèvres goûter à la chair du pilote, dévorant son corps de baisers, de caresses, de promesses. Lorsque le père de sa fille évoqua le fait de tout faire pour eux, pour leur famille à tous les trois, l'héritière sentie une émotion particulière s'emparer d'elle. Une sensation de paix, de sécurité, de calme, de sérénité, d'amour infini qui l'enveloppait elle, enveloppant aussi Carl par la même occasion, parvint à la faire sourire au clair de lune, le corps immergé dans une eau salée, tandis que son cœur venait de trouver enfin son point d'encrage à travers les éléments. Elle se recula, assez pour croiser son regard brillant dans la nuit, pour venir effleurer les lèvres du blond des siennes, tout doucement avant de lui murmurer dans un souffle chaud, tandis que son bassin remuait contre celui du pilote « oui » à la fois comme une promesse et à nouveau, une supplication. Carlisle lui avoua avoir l'impression d'être à New-York et même si elle comprit ce qu'il voulait dire, elle ne voulait pas lier ce moment là à celui du nouvel an il y a deux ans. New-York était New-York, avec tout ce que ça impliquait, ici, c'était autre chose. Pour Carmina, c'était plus fort, plus intense, parce qu'ils avaient à présent une vie commune, une histoire commune. « Chuut » l'imita t-elle, audacieuse et amusée. Son rire envahit l'espace, et elle eu la sensation d'être seule au monde. Il n'y avait rien, personne, juste eux, et Maya dans leur maison, à côté. Sauf que là, il n'y avait qu'eux, enfin. Et elle se sentait heureuse, en liberté, sereine et ces sentiments là étaient tellement rares dans sa vie, qu'elle se sentait encore plus chanceuse et heureuse de les ressentir. Le temps d'un instant, elle se décolla de lui, basculant légèrement en arrière. Ainsi, son bassin descendit légèrement, avant d'émettre une pression sur le bassin de Carlisle. Lorsqu'elle senti d'ailleurs son membre dur à travers son maillot de bain, contre son corps à elle, elle ne pu s'empêcher de gémir. Basculant encore en arrière, elle laissait le soin à son amant de la retenir, tandis qu'elle se cambrait encore, le visage presque en arrière. La pluie tombait sur elle, sur son corps nu, dévoilé là au clair de lune, devant l'homme dont elle était amoureuse. Comment aurait-elle pu ne pas être heureuse ? Pourtant, l'orage gronda, la faisant rejoindre le corps de Carl sous le coup de tonnerre. Se collant à lui, tandis que la pluie s'abattait toujours sur eux, brouillant leur vue, elle s'accrochait à lui de toutes ses forces, ne voulant pas le quitter une seule seconde pour le moment. Comme si elle avait besoin de se nourrir de lui, de tout ce qu'ils parvenaient à créer ici et maintenant. Elle sourit à ce qu'il disait, avant de lui répondre dans un premier temps en embrassant sa peau humide, avec des baisers chastes, sensuels et gourmands sur sa peau. Caressant ainsi son épaule, sa nuque, laissant ses mains caresser la peau de son dos, s'accrochant à ses bras dont les muscles se dessinaient sur la pulpe de ses doigts. « J'ai jamais prétendu être insensible à toi » avoua t-elle alors, à la fois sérieuse et attendrie par leur conversation. Le regard planté dans les yeux de Carlisle, le cœur battant la chamade dans sa poitrine alors qu'il avouait qu'elle le rendait dingue... elle avait l'impression d'être dans un rêve, que tout cela n'était pas réel, que rien de tout cela n'était vrai. « Dis-moi que je ne rêve pas » murmura t-elle alors en se collant à nouveau à lui, entourant ses épaules et son cou de ses bras autour de lui, accrochée à lui comme une enfant, alors que la pluie tombait encore, que l'orage grondait, voulant de nourrir de lui, de sa chaleur, de sa force, de tout ce qu'il était, de tout ce qu'elle aimait chez lui. C'était intense, la pureté des gestes de la jeune maman, mêlée à l'intensité de ses sentiments, bien sûr que la doute était permis. Tout semblait si parfait, si idyllique... Attendant la réponse du jeune papa, Mina fini par laisser ses lèvres venir trouver celles de Carlisle, jouant avec la chair rebondie de ses lèvres, toujours sensuellement, presque lentement, comme pour le frustrer davantage. « J'ai envie de toi » souffla t-elle contre ses lèvres, les embrassant à peine, tant que le contact entre leurs lèvres fut doux et rapide. Carmina embrassa encore sa peau, laissant le bout de ses doigts parcourir le corps de son amant, cherchant à le faire frissonner à son tour, avant que finalement, sa main ne vienne dans les cheveux de Carlisle, se retenant à lui avant de lui lancer, avec plus de détermination « encore » embrassant sa peau ailleurs, croquant presque sa chair, laissant sa langue la caresser doucement aussi « encore » remuant alors son bassin. Elle voulait qu'ils sortent de l'eau, elle voulait faire l'amour avec lui toute la nuit, jusqu'au petit matin, jusqu'à ce que Maya se réveille. Elle avait envie de dormir avec lui, de s'endormir contre lui, elle voulait se réveiller à côté de lui, comme dans un rêve. |
| | | | (#)Lun 5 Juil 2021 - 2:15 | |
| Jour 4. « Je n’ai pas été une bonne personne avec toi. » Admit-il en faisant la moue. Carlisle, qui n’avait pas un égo surdimensionné, n’avait aucun mal à reconnaître ses fautes et ses erreurs. « Je n’ai pensé qu’à moi. » Quand elle lui avait annoncé être tombée enceinte lors de leur aventure à New-York, il avait aussitôt envisagé que son rêve devienne réalité. Il s’était vu, tenant son bébé dans ses bras, l’enveloppant de tout son amour. C’était exactement ce qu’il avait fait, d’ailleurs ; mais à aucun moment il n’avait pris en compte le ressenti de la mère de cet enfant. « Je voulais tellement devenir père, et… Et contre toute attente, elle était là, tu la portais déjà en toi, alors que rien n’aurait pu le laisser présager. » Bon, hormis peut-être le fait qu’ils n'avaient pas pris le soin de se protéger au cours de cette nuit endiablée, jugeant que les risques pour qu’il arrive quoique ce soit étaient faibles. Idiots ? Aucun des deux ne l’était. Naïfs ? Ils avaient subi trop de désillusions pour l’être. Acte manqué ? Peut-être bien, en fin de compte. « Et je me suis aussitôt projeté. Je me suis vu aménager sa chambre, porter cet enfant contre moi, et l’aimer au-delà du raisonnable. » Il ne voulait pas se trouver d’excuse ; seulement, il espérait faire comprendre à l’héritière les raisons qui expliquaient la façon dont il avait réagi. « Mais je ne t’ai jamais prise en compte, dans toutes ces équations. » Admit-il, alors que ses yeux balayaient le sol. Inconsciemment, il lui avait fait du mal, et il n’en était pas fier. « Je ne me suis jamais inquiété de la médiatisation que tu allais subir, des critiques qui risquaient de te blesser, des rejets auxquels tu pourrais être confrontée… » Et, malheureusement, ils avaient été nombreux. Ces neuf mois n’avaient pas dû être simple pour elle. Il en avait pris la mesure, mais bien trop tard. « Sans parler des changements physiques, hormonaux, et toutes les épreuves que tu as dû traverser. » Il n’avait pas voulu se poser la question de savoir comment Carmina allait pouvoir gérer ces multiples bouleversements. « Puisque c’était la plus belle des choses pour moi, il ne m’est même pas venu à l’idée que tu ne ressentes pas la même chose. Et… Je t’avais dit que j‘étais là, que je serais présent pour toi. » Sur ces points, il n’avait pas menti et avait tenu sa parole. Mais aujourd’hui, il réalisait qu’il aurait dû davantage insister, davantage l’épauler. « Donc oui, je m’excuse. Je m’excuse d’avoir été si égoïste. » Souffla-t-il à voix basse. En se lançant dans cette conversation, il avait eu quelques hésitations : Carmina allait-elle accepter de parler de cette période si compliquée pour elle ? Allait-elle accepter de l’écouter, d’essayer de comprendre pourquoi il avait agi ainsi ? Et, surtout, allait-elle le pardonner ? En tout cas, elle ne l’avait pas fui. Elle restait là, à ses côtés, et semblait apprécier l’environnement dans lequel ils étaient. Tous deux avaient une certaine aisance financière, qui leur permettait de s’offrir des décors paradisiaques dans des endroits idylliques. C’était une chance, et Carlisle en avait pleinement conscience. Mais il n’y avait pas que ça. « Tout est envisageable. Il suffit de s’en donner les moyens. » Déclara l’Australien en haussant les épaules. Trouver un terrain d’entente pour élever leur progéniture, c’était envisageable. Partir en vacances ensemble, sans se prendre la tête, c’était envisageable. Assumer publiquement sa paternité en ayant l’espoir que les journalistes finiraient par se désintéresser d’eux, c’était envisageable… Sauf pour Mina, qui doucha immédiatement les propositions de Carlisle. L’Australien ne s’était pas attendu un seul instant à une telle réaction, un tel rejet. « Enfin, ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre, mais… C’est ce qu’ils feront tôt ou tard. » Déclara l’ancien pilote en déglutissant. L’héritière de Cathay Pacific avait été très tôt exposée aux médias, qui s’étaient . Si Carlisle avait longtemps cru qu’elle s’était facilement accommodée de cette surexposition, aujourd’hui, il en doutait fortement. Elle lui rappela leur statut, leur rôle, et lui dit à nouveau sa crainte pour Maya. Il se mit face à elle, s’accroupit pour être à sa hauteur, et s’empara de ses mains pour qu’elle garde contact avec la réalité. « Je comprends. » Concéda-t-il en hochant légèrement la tête. Il voyait bien qu’elle ne faisait pas semblant. Qu’elle était sincèrement paniquée à l’idée que leur fille soit exposée. Carlisle pouvait entendre la détresse dans sa voix, et ça lui serra le coeur de douleur. Il reçut un ultime coup lorsque, quelques secondes plus tard, elle posa la main sur son ventre plat. Cet habitacle secret, qui avait abrité la vie pendant neuf mois. Ce sanctuaire où elle avait permis à Maya de grandir, de s’épanouir. Il pencha davantage la tête, jusqu’à ce que son front repose sur les genoux de l’Australienne. « Je suis désolé. » Murmura-t-il du bout des lèvres. Il avait conscience d’être entièrement responsable de la situation, d’être celui qui avait provoqué tous ces changements soudains et subis dans la vie de Carmina. « Je n’ai jamais pensé que… » Commença-t-il, avant de déglutir, la gorge nouée. « Que tu serais impactée à ce point. » Il soupira, et releva la tête lorsqu’elle évoqua cette sortie au zoo, dont l’issue aurait pu être nettement plus compliquée à gérer et à vivre. En fin de compte, il y avait eu plus de peur que de mal — notamment pour Maya, qui n’avait pas compris la soudaine montée en pression de la part de ses parents. L’Australien mentionna le statut d’héritière de Carmina, qui l’admit volontiers. Cependant, le portrait qu’elle en dépeignait était loin d’être reluisant ; l’argent ne faisait pas le bonheur, et la brune en était la preuve vivante. « Je te promets qu’elle aura des valeurs, qu’elle sera bien élevée, qu’elle sera une bonne personne. » Souffla Carlisle, avant de poursuivre : « Je te promets que je serai là pour elle, que je la soutiendrai, que je l’aiderai dans ce qu’elle entreprendra. Je te promets que je l’aimerai de toutes mes forces, jusqu’à mon dernier souffle. » Il serait un bon père, il s’en était fait la promesse. Et il était convaincu que Mina prendrait, elle aussi, son rôle très à coeur. « Vas-y. » Murmura-t-il, alors que ses lèvres s’étiraient en un mince sourire. « Confie-toi. Dis-moi qui tu es vraiment, et ce que tu aimerais. Je te jure que je ne me moquerai pas, et je suis sûr que ça te fera du bien de te dévoiler. » Plus le temps passait, et plus il constatait qu’il existait deux facettes en Carmina Farrell. Deux femmes qui cohabitaient, mais qui étaient diamétralement opposées. « Il est évident que je règlerai le compte dudit garçon et que je l’enterrerai au fond du jardin. » Plaisanta-t-il en haussant les épaules. L’idée de voir sa fille souffrir, peu importe la raison, lui était tout bonnement insupportable. « Je… Il faudra que tu lui apprennes les codes. Que tu lui dises comment se préserver, comment se protéger. Il faudra qu’on lui fasse comprendre qu’avoir une vie privée n’est pas facile, et que l’exposition sur les réseaux sociaux n’est pas souhaitable. Il faudra qu’on veille à ce qu’elle soit bien entourée, et que ses fréquentations soient bonnes. » En gros, il fallait faire l’impossible. Et il s’en rendait compte, au fur et à mesure que les mots s’échappaient de sa joue. Tout n’était qu’illusion ; il savait, in fine, que seule la stabilité que Mina et Carlisle lui apporterait la sauverait des dangers et autres problématiques qu’elle serait forcément amenée à rencontrer. « D’accord. » Murmura-t-il d’une voix douce. « D’accord, Mina. Je te fais confiance. » Répéta-t-il, avant de poursuivre. « Je te jure qu’on fera tout pour lui faire éviter les écueils, et pour qu’elle ne subisse pas les mêmes pressions et désillusions que toi. Je te le promets. » Dit-il, alors que ses paumes recouvraient celles de l’héritière. C’était une promesse solennelle. Et de ses mains, il scellait leur destin commun.
Jour 6. « C’est de la torture. » Souffla-t-il, alors qu’elle s’emparait de sa main pour la déposer entre ses seins. Une fois de plus, son coeur manqua un battement, puis un second. Indirectement, elle s’offrait à lui sur un plateau d’argent. Elle le poussait au vice, à la luxure, et ne paraissait même pas en être consciente. Elle était là, avec lui, contre lui. Seule au milieu de nulle part, avec la lune pour seule témoin des moments intenses qu’ils étaient en train de vivre. « Délicieuse, mais de la torture quand même. » Confia-t-il du bout des lèvres, alors que les doigts de sa main glissaient obstinément vers son coeur. Il eut à peine le temps d’effleurer la perle colorée érigée vers lui, synonyme d’un bien-être non feint, avant que son corps ne se cambre contre le sien, et que les lèvres de l’héritière fondent sur les siennes. Si l’ancien pilote craignait de perdre tous ses moyens d’un moment à un autre, il fut presque soulagé de constater que la mère de sa fille réagissait avec autant d’empressement et de désordre que lui. Ses paumes délicates maintenaient son visage contre le sien, tandis que leurs langues se cherchaient, s’effleuraient, se caressaient de la plus vibrante des manières. Les baisers de l’Australien racontaient tous la même histoire, mais d’une façon différente. Ils disaient l’empressement qu’il ressentait quand elle était dans les parages. Ils disaient son incapacité à lui résister, malgré toute la volonté qu’il avait pu y mettre. Ils disaient sa frustration des derniers jours, et sa crainte d’outrepasser des limites qu’il s’était lui-même fixées. Ils disaient ses peurs, ses désillusions. Ils disaient ses attentes et ses espoirs. Ils disaient son désir pour elle, son terrible besoin de la posséder, entière. Quand il entendit un rire léger et sincère s’échapper des lèvres de l’Australienne, Carlisle songea à la pureté de cet instant. Tous deux, perdus au milieu de l’océan, renouant après deux ans de difficultés. Tous deux, unis, qui souhaitaient avancer dans la même direction et pour un bon moment. Rien n’aurait pu venir entacher ces précieuses minutes qu’ils passaient ensemble. Ni les doutes qu’ils avaient eu, ni une tierce personne, ni même le temps, qui se gâtait de plus en plus. Ses mains posées sur ses fesses, il profita d’un énième basculement de hanches de la part de l’héritière pour la maintenir fermement contre lui. Dans cette position, le doute n’était plus permis : si elle avait envie de lui, elle constatait désormais que ce désir était pleinement partagé. Mais en avait-elle seulement douté ? Carlisle s’était montré impatient, impétueux, empressé — des qualificatifs qui, dans la vie quotidienne, lui convenaient assez peu. Inconsciemment, son bassin se heurtait au sien, comme dans l’attente d'une approbation de la part de l’héritière. « Et tu penses que ça va m’aider à redescendre sur terre ? » Demanda l’Australien en souriant, alors que Carmina avouait ne pas être insensible à lui. Un tel aveu, c’était un champ des possibles qui s’ouvrait pour l’ancien pilote. L’autorisation de croire, d’espérer. D’imaginer que ce soir ne serait pas éphémère, et qu’il y aurait d’autres moments. Que ce n’était pas que le moment et les circonstances qui avaient créé cette proximité, mais que cette dernière était bien là, latente, prête à surgir à tout moment. « Tu ne rêves pas. » Répondit-il simplement, collant son front contre le sien. Pourtant, tous les éléments pouvaient prêter à confusion : le décor idyllique, la tempête qui s’approchait, et leurs quasi nudités qui s’emboîtaient à la perfection. Le rêve aurait été magnifique, c’était évident ; mais la chaleur de leurs corps, leurs souffles chauds qui se confondaient, et leurs regards brillants d’un désir ravageur suggérait qu’ils étaient bien dans la réalité, en train de vivre ce moment hors du temps. Carlisle le savait : il n’avait jamais été aussi proche de Carmina, au sens figuré du terme. C’était comme si leurs planètes s’étaient alignées à la perfection, pour leur faire vivre un moment de plénitude. Comme s’ils étaient parvenus au bout de leurs routes parallèles, pour se percuter délicieusement dans une courbe finale. C’était inattendu, c’était déroutant, mais c’était surtout grisant. « Ou alors, on est deux. » Avoua-t-il du bout des lèvres. Il plongea son regard dans le sien, et ajouta : « Mais dans mes rêves, je ne ressens pas la même chose quand je te fais ça. » Il posa ses lèvres sur les siennes, chastement. Il ne réalisa pas qu’il venait de lui faire un aveu de culpabilité, en admettant à voix haute qu’elle rythmait ses nuits de sommeil. « Ou ça. » Ses lippes glissèrent dans son cou, et il en profita pour respirer son odeur. Un mélange surprenant d’iode et de vanille, qui lui laisserait probablement un souvenir impérissable. « Ou ça. » Les doigts de sa main droite se crochetèrent sur les fesses rebondies de l’héritière. Elle lui donna la plus belle des approbations quelques secondes plus tard, dévoilant clairement ses envies pour le reste de la nuit. Il ferma les yeux, et se laissa submerger par les assauts buccaux de l’Australienne. S’il était déjà au paradis maintenant, qu’allait-il advenir de lui quand son corps et celui de Carmina ne feraient plus qu’un ? Sans un mot, Carlisle se redressa et entraîna la brune dans son sillage. Il fit quelques pas hésitants dans l’eau, sa progression rendue difficile par une visibilité diminuée en raison du corps de l’héritière. Il aurait aisément pu se simplifier la tâche en la lâchant, mais il était comme devenu accro à la chaleur qui émanait du corps brûlant de la mère de sa fille. Il ne voulait pas la lâcher, lui donner une opportunité de s’échapper. Ils avaient mis du temps, beaucoup de temps, pour se retrouver. S’amadouer. Se séduire. Ils avaient fait les choses bien, et Carlisle refusait tout bonnement qu’un élément ne vienne perturber ce fragile équilibre. Il tourna la tête à gauche et à droite, vérifiant rapidement que personne ne les observait. Cette précaution ne découlait pas du fait qu’il craignait d’être reconnu ou pris en flagrant délit par un des vacanciers de l’archipel, mais plutôt de la volonté de ne pas heurter la sensibilité et les moeurs des travailleurs de l’hôtel. Jusqu’à maintenant, l’eau avait protégé la presque nudité de Carmina, mais aussi leurs gestes fébriles et leurs soupirs d’aisance. Mais par chance, ce soir, le temps jouait en leur faveur. Les éclairs qui zébraient le ciel se faisaient de plus en plus nombreux, et le tonnerre qui grondait, de plus en plus fort. La musique, qu’ils avaient entendu au loin lorsqu’ils se baignaient, avait été arrêtée depuis de longues minutes. Quant aux vacanciers, ils avaient dû aller se réfugier dans leur habitat respectif. Carlisle traversa le ponton, Carmina toujours accrochée à lui, ses jambes serrées autour de son buste. Il ne s’arrêta qu’une fois arrivé devant la cabine de douche de sa chambre, et murmura : « Navré, mais tu vas devoir retrouver la terre ferme. » Mais pas pour longtemps. Ils entrèrent sans hésitation dans la douche, et Carlisle actionna machinalement le jet d’eau. Il colla son torse au dos de l’héritière, et croqua sa jugulaire avec une douceur inégalée. Ses doigts, crochetés sur ses hanches, remontèrent le long de ses flancs. Il sourit d’amusement et de fierté contre sa peau en la sentant frissonner sous ses caresses. Il posa son nez contre ses cheveux, tandis que l’eau de la douche dévalait sur leurs peaux salées sans discontinuer. Ses bras puissants et possessifs, qui avaient entouré ses épaules, se dénouèrent légèrement. Il laissa ses mains retomber négligemment sur la poitrine de Carmina, et effleura de la pulpe de ses doigts les perles colorées, fièrement dressées par le désir. Il se pencha, et murmura contre son oreille : « Tu crois toujours que tu es en train de rêver ? » Sous prétexte de débarrasser son corps du sel marin, il se jouait d’elle, parce qu’il savait qu’il était bien loin d’un toucher franc et ferme sur sa peau, qui se semblait pourtant que réclamer cela. Sa tête, rejetée en arrière, trouva appui contre son torse. Il profita de sa cambrure pour maltraiter la peau de son cou, alternant des morsures, coups de langue, aspirations et baisers réparateurs. « Et là ? » Demanda-t-il contre sa peau, rougie par les lippes du bourreau. Il était quasiment certain qu’elle garderait une marque de son oeuvre pendant les prochains jours, mais il s’en fichait royalement. Ici, tout le monde les pensait en couple. Ils avaient régulièrement droit à du « monsieur et madame Bishop », que ni l’un ni l’autre n’avait jamais pris le soin de contredire. À quoi bon ? Ils voyageaient à trois, avec leur petite famille. Aux yeux de tous, ils étaient une famille. Seuls eux savaient que les apparences étaient trompeuses, et que leur situation n’était pas aussi évidente que ce qu’elle paraissait. Encore que… S’ils étaient surpris par une tierce personne à cet instant précis, l’intrus ne s’interrogerait pas longtemps sur les relations que pouvaient entretenir ce couple singulier. Et à ce moment précis, l’esprit obstrué par les délices auxquels il avait à nouveau le droit de goûter, Carlisle devait bien reconnaître que, lui non plus, il ne s’interrogeait pas un seul instant sur la relation qui le liait à la brune. Il coupa l’eau, et invita Carmina à se retourner vers lui. Il se mordit la lèvre inférieure, alors que ses index s’arrêtaient sur les hanches de l’Australienne. Après avoir trouvé le regard fiévreux de cette dernière, il fit rouler le bout de tissu qui la séparait de la nudité la plus totale le long de ses jambes fuselées. Ses mains remontèrent et encadrèrent son visage, et ses lèvres recouvrirent avec délicatesse sa bouche rosée. « Dis-moi. » Souffla-t-il en se détachant d’elle une fraction de seconde, avant de repartir à l’assaut de ses lippes. « Dis-moi ce que tu ressens. » Il regarda sa propre main couvrir le coeur de la brune, et sentit le muscle de l’héritière tambouriner dans le fond de sa cage thoracique. « Dis-moi ce que tu attends. » Il n’attendait qu’une confirmation pour l’amener dans sa chambre, et renouer avec elle de la plus délicieuse des manières qu’il connaisse. Lui faire l’amour n’était simplement une envie, une lubie : c’était un besoin concret, et ravageur. « Dis-moi ce que tu veux. » Dis-le, et je m’exécuterai ; voilà ce que ses prunelles, brillantes de désir et de concupiscence, disaient.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Ven 9 Juil 2021 - 18:34 | |
| musique Jour 4 / La voix de son ancien amant résonna pour délivrer l'oracle tant attendu. Alors que le regard de Carmina dévorait les traits, les gestes, les expressions de Carlisle, son esprit tout entier était prit dans les filets de l'ancien pilote. Attendant son discours, pour comprendre ses excuses, la jeune maman comprit bien assez vite qu'il parlait d'une époque aujourd'hui révolue. A l'évocation de ce souvenir, la jeune maman se senti mal à l'aise, sa main passa sur son autre bras, essayant au passage d'y effacer la trace des frissons sur sa peau. Carmina était l'une des rares femmes à ne pas avoir aimé sa grossesse, à n'y avoir prit aucun plaisir, bien au contraire même. Ca avait été même, sans doute la pire période de sa vie. Sous leurs baisers, dans cette chambre d'hôtel new-yorkaise, Carmina n'aurait pas pu se douter qu'il y aurait un embrasement, un incendie, qui brûlerait tout. Des flammes d'amour, de passion, qui auraient tout consumé, un feu qui aurait tout ravagé pour que la vie reprenne. Plus forte, plus déterminée, avec de meilleures bases. Carmina avait changé, elle avait apprit, personne ne lui avait laissé le choix pour cela. On l'avait privé de ce choix, et bien que désormais elle ait fait ce même choix, qu'en aurait-il été si Mina ne s'était jamais fait à la maternité ? Mais Carlisle était là, face à elle, en train de s'excuser. Elle ne s'était pas préparé à cela, que ça soit ici et maintenant, ou même plus tard. Carmina avait cessé d'attendre les excuses de qui que ce soit : l'homme qu'elle aimait, son frère, son père ou bien sa mère. Elle avait cessé d'attendre la reconnaissance de ses failles, de ses blessures, afin de ne pas s'empêcher elle-même de continuer, d'évoluer, d'apprendre, de grandir. Mais alors que Carl s'excusait, et qu'il lui faisait également comprendre qu'il avait tout seul, parfaitement comprit les raisons de Carmina de réagir comme elle l'avait fait il y a deux ans ; la jeune maman senti quelque chose s'emparer d'elle. Une vague puissante, forte, déterminée, qu'elle n'avait pas vu venir, ni même senti. Debout face à l'homme qu'elle aimait depuis plusieurs années, avec qui elle avait vécu l'épreuve la plus dure de sa vie, pour que le meilleur ne finisse par arriver ; Carmina prenait conscience de la puissance des excuses, des véritables excuses. Son cœur s'était mis à battre fort, en rythme des paroles du blond, tandis que ses doigts s'étaient joints, se tordant sous l'émotion. Cette boule qui était apparue dans sa gorge, bloquant le passage des mots, des explications. Elle se tordait les doigts, tandis que l'émotion la prenait, sans lui laisser à nouveau le choix. C'était une reconnaissance, c'était fort, c'était intense. Pour la première fois dans sa vie, quelqu'un avait su lire en elle. Carlisle avait su comprendre, prendre le temps de réfléchir à elle, à ses failles, à ses blessures. Il les avait vu, lui. Ici debout face à lui, elle avait l'impression d'être nue, revenue blessée d'un champ de bataille, le sang qui coagule sur ses plaies infectées, ralentissant la mort. Les armes presque retenues par le bout des doigts, le corps meurtri, blessé, à bout de force, elle avait réussi à rejoindre son camp. Son camp, sa maison, son point de sécurité, de réconfort, c'était lui. Ce mec, debout face à elle, qui avait lui-même lancé cette bataille et qui désormais, combattait à ses côtés, pour une cause commune et plus forte que n'importe qui, n'importe quoi, leur fille. Seulement là, Carmina ne s'était pas préparé à parler de tout ceci, elle ne s'était pas non plus préparé à recevoir des excuses de la part de l'ingénieur. Alors oui, c'était intense, parce que ça faisait remonter des souvenirs vraiment douloureux pour la jeune maman. Douloureux par leur silence, ce silence dans lequel elle a été plongée seule pendant des années. Jamais elle n'avait pu le dire à voix haute, que sa grossesse avait été quelque chose d'horrible et encore maintenant, même après tout ce que Carl venait de lui dire, elle n'oserait pas le lui dire. C'était trop honteux pour elle, que d'avouer cela. Pourtant, il s'expliquait. Carlisle lui expliquait son rêve, qu'il avait eu à porté de main grâce à elle. Il avait été égoïste, il le reconnaissait, et face à toute cette reconnaissance, Mina fit tomber son masque. Le visage d'abord accroché visuellement à celui de l'homme qu'elle aimait, elle fini par sentir l'émotion la gagner. Ses yeux quittèrent le pilote pour venir trouver refuge sur les lattes en bois de la terrasse, avant de se perdre sur les flots. Elle prit une grande inspiration, sentant alors les larmes la gagner. Une vague de pleurs qu'elle ne pouvait plus éviter, plus cacher, plus retenir dans un coin. Des mois, des années, où Carmina avait laissé tout cela enfouit, finissant par se faire une raison : elle n'était qu'un monstre anormal, et c'était juste bien fait pour elle. Seulement là, ici, maintenant, l'homme qu'elle aimait lui disait que non, elle n'était pas un monstre, elle avait le droit d'avoir réagit ainsi. Quand il termina son discours, Mina avait retrouvé le chemin de ses yeux. Les larmes d'abord silencieuses, avaient glissé au coin de ses yeux. Elle essayait de sourire, de ne pas rendre tout cela dramatique, mais c'était si fort. Pour elle là, ce moment était riche de sens, d'émotion et de belles choses pour l'avenir. Elle ne voulait même pas lui expliquer le reste, parce qu'il avait comprit l'essentiel de lui-même, tout seul. Elle n'avait pas eu à lui dire quoi que ce soit, ou alors très peu de choses. Et ça aussi, ça avait du sens. A contrario de son père, sa mère et son frère, lui, Carlisle Bishop, il avait comprit. Il l'avait comprit. Assistant à cela, même après autant de mois de retard, Mina senti en elle un amour encore plus fort. C'était tout à fait, et exactement pour tout cela qu'elle l'aimait autant. Elle l'aimait si fort. Comment s'était possible d'aimer un autre humain, qui n'est pas notre enfant, de cette façon ? Elle aurait pu lui dire, là, mais l'émotion bloquait les mots dans sa gorge. Sa main essuya les larmes silencieuses qui perlaient sur ses joues. Abaissant son visage vers le sol, afin de cacher cette émotion dont elle semblait avoir honte -on lui a juste toujours apprit à ne rien laisser transparaître, Carmina accueillait le discours de Carlisle. Seulement voilà, aucun mot ne passait sa bouche. Alors elle fini par simplement se coller plus fort à lui, serrant ses mains sur son torse, posant à nouveau son visage dans son dos, retenant de ses mains posées à plat sur son torse, ce corps qu'elle aimait tant. Il n'y avait pas besoin de mot pour Carmina. Aucun mot n'était plus nécessaire. Tout ce qu'elle réussi à dire à ce moment-là, se fut un « merci » rempli de bienveillance, de blessures enfouies, mais d'espérance pour l'avenir. Ils en rediscuteraient probablement, mais pour ce soir, ça serait tout. C'était bien largement suffisant en fait. Soucieuse sans doute qu'il comprenne à quel point il avait vu juste du début à la fin, elle lui répéta néanmoins « juste merci » en se collant encore plus fort, gardant cette pression contre lui quelques instants. Ils évoquèrent ensuite l'avenir de leur fille, à travers les médias qui s'en prenaient déjà à leur famille. Très vite, Carmina paniqua, sûrement remuée à cause de ce que le pilote venait de lui dire. Elle n'était pas dans les meilleures dispositions pour recevoir cette conversation, alors que leurs corps s'étaient séparés pour que la mannequin vienne s'asseoir sur l'un des transat. Remuée, paniquée et encore remplie d'émotions trop fortes pour elle, les mains de Carl vinrent tout de suite l'apaiser, la rassurer, la calmer. Enfonçant ses yeux dans les siens, elle fut tout de suite apaisée quand elle vit qu'il se souciait réellement de son avis, de son choix, de sa décision. Elle comptait, elle avait de l'importance, et il lui faisait aussi confiance. Elle le voyait dans ses yeux, dans la pression de ses mains sur les siennes et sur ses genoux, alors qu'il était accroupi devant elle. Quand il évoqua que leur fille allait devenir une belle personne, Mina esquissa un sourire en hochant la tête silencieusement. Elle devait être une magnifique personne, avec les plus belles valeurs qu'on puisse avoir. Mina voulait que sa fille soit respectueuse des autres, de la vie, de tout ces cadeaux qu'elle-même n'avait pas eu la chance d'être averti par la puissance de leur force. Pensant elle, toute sa vie, que le bonheur était dans le fantasme, dans l'argent, dans l'égo, dans les faux-semblants et les sourires glacés sur le papier. Elle voulait que sa fille s'émerveille des petites choses, qu'elle ait conscience de la beauté du monde, des relations, des joies, mais aussi des peines. Elle voulait la préparer au mieux, pour que si un jour son chemin change de voie, prenne un virage fort et violent, Maya s'en sorte sans trop de dégâts. Elle voulait sa sécurité, sa protection, son bonheur. Et assis devant elle, les mains jointes, Carlisle était en train de lui promettre. De lui promettre de laisser sa vie pour leur fille, que s'ils n'étaient que trois sur ce champ de bataille, qu'ils étaient à bout de souffle l'un et l'autre, il ne laisserait pas tomber. Il protégerait ce trésor, ce cadeau qu'ils avaient créé ensemble. Et à l'entente de tout cela, Mina senti que de nouvelles larmes silencieuses venaient creuser ses joues, mais qu'elles lui faisaient du bien. Un sentiment de soulagement fit son apparition, et ça lui fit du bien. Elle hocha la tête positivement, à tout ce qu'il était en train de lui dire, et elle serrait aussi fort ses mains dans les siennes. « Moi aussi » souffla t-elle simplement, comme une réponse à la promesse qu'ils n'avaient même pas besoin de dire. Ils le faisaient tout de même, mais bien sûr que oui, c'était évident, ils se battraient jusqu'à la mort pour elle, et Mina le ferait aussi, sans aucune hésitation. Si sa fille avait besoin de la moitié de son corps à elle, elle lui donnerait entièrement pour être sûre de lui sauver la vie. Voilà à quel point elle l'aimait, à quel point elle voulait qu'elle ait une belle vie, une magnifique vie. Et là, Carlisle lui disait juste tout ce qu'elle rêvait d'entendre, que ça soit pour leur fille ou pour elle aussi, en tant que femme et en tant que maman. Sa seule réponse quant à elle, fut se briser leurs mains jointes, pour venir entourer les épaules de Carlisle de ses bras. L'enlaçant ainsi, elle lui faisait aussi comprendre qu'elle partageait ses valeurs, ses idées, ses envies et ambitions pour eux, pour elle. Carmina lui faisait confiance, c'était une évidence. Elle l'avait toujours fait, même quand elle n'y croyait même plus. Elle s'était laissé porter par lui, par son rêve de famille, et même si tout avait été bien compliqué au début, aujourd'hui elle était fière d'avoir fait ce choix. Sa main remonta à l'arrière du crâne du pilote, caressant ses cheveux, permettant alors à son visage de se nicher dans son cou. Par réflexe, elle y déposa un tendre baiser chaste, pour valider son amour, son soutien, son âme à la sienne. « J'te promets que moi aussi » souffla t-elle tout bas, comme pour lui certifier à nouveau que désormais elle était là, avec lui. Ils étaient une famille, avec des promesses silencieuses et solennelles. Quand l'ancien pilote lui demanda ce qu'elle voudrait elle, Mina releva les yeux vers les siens. Les larmes avaient fuit ses iris, et son sourire revenait doucement à l'apparition de ses envies personnelles dans son esprit. Un peu timide, elle posa ses yeux sur leurs mains jointes à nouveau. Observant comment la pulpe de ses doigts venaient caresser la chair abîmée des mains de Carl, la jeune maman avoua alors « j'ai juste l'impression d'avoir enfin comprit ce qui était essentiel » marquant d'abord une pause. Elle n'osa pas relever les yeux vers ceux de l'homme qu'elle aimait tout de suite, continuant d'abord « et ce qui est essentiel c'est nous » laissant ses yeux se noyer dans ceux du pilote. Putain c'qu'il était beau, juste là, juste tout prêt d'elle. Son cœur battait fort dans sa poitrine, ses doigts ouvraient les mains de Carlisle, caressant ses paumes et ses doigts. « Je veux juste pas qu'elle traverse la même chose, j'veux que justement, ça serve à ça Carlisle » parce qu'il faut qu'il y ait une explication aux souffrances qu'elle avait eu, elle, dans le passé. Il fallait que ça serve à protéger sa fille, il fallait que ça serve de leçon, il fallait que ça soit un exemple à ne pas suivre pour éviter les pièges. Ils tomberaient sans doute sur d'autres pièges de la presse, oui, mais ils seraient ensemble, tous les trois. Et Mina était aussi déterminée que le père de Maya, à veiller sur sa protection. Alors quand il évoqua l'avenir amoureux de Maya, Carlisle préféra laisser le drame ailleurs, faisant sourire la mère de sa fille, avant que même, son rire ne vienne se faire un peu entendre. Les dernières larmes salées avaient cessées leur course sur les joues de la mannequin, le calme était en train de revenir doucement, lié par un pacte, une promesse. Elle hochait la tête à ce que disait le père de sa fille, oui elle lui apprendrait tout ça, elle lui expliquerait aussi, elle était d'accord pour cela. « Oui je lui expliquerai tout ça, je... on fera tout ça ensemble, tous les trois » commença t-elle, toujours avec l'une des mains de l'ingénieur dans les siennes, sur ses cuisses. « Mais je veux juste encore profiter de ce moment sans eux » avoua t-elle comme une confession. « Les moments où on peut encore croire qu'ils ne sont pas là, c'est maintenant » lui fit-elle comprendre. « Après... ils seront toujours là, on ne pourra plus croire que non » et c'était quelque chose auquel il devait lui aussi se préparer, et elle devait le préparer à tout ça elle aussi. « Carlisle ça va être dur pour toi aussi » lui avoua t-elle en enfonçant ses yeux dans les siens. « Tu vas être exposé toi aussi, ils vont parler de tes choix, ils vont t'en inventer, ils vont te faire passer pour un saint, un sex symbol ou un démon d'une photo à une autre » avoua t-elle. « Et après tu n'auras plus aucun contrôle sur ça, faut que tu te prépares à te détacher de tout ça, à laisser cette image fictive dans ses magasines... » mais Carlisle n'était pas prêt. Il n'imaginait pas ce que c'était, que d'accepter qu'on dise de lui qu'il est un connard, que tout le monde le pense, et qu'il ne puisse jamais dire quoi que ce soit à ce sujet. Il fallait qu'il comprenne qu'il allait devoir vivre désormais avec deux facettes de lui-même, qu'il s'en construise une qui soit assez forte pour tout cela. « Carl j'veux que tu me promette de m'dire si c'est trop pour toi à un moment donné » demanda t-elle alors. « J'veux que si jamais ça soit trop, pour toi, pour notre famille, que tu me le dises... on... on pourrait partir quelques temps, s'installer ailleurs, juste le temps que ça se tasse ? » même si c'est histoire d'un voyage comme maintenant, ou d'une excursion plus longue, Mina voulait sa promesse de lui dire, de partager ça avec elle. Parce que s'il ne le faisait pas, il n'arriverait pas à supporter tout ça tout seul et elle ne voulait pas qu'il l'abandonne elle. Elle ne voulait pas qu'il pète un plomb, qu'il ne supporte plus tout ça, qu'il cherche à fuir loin d'elles et de leur fille. « J'ai confiance en toi, j'ai toujours eu confiance en toi et je sais que tu es solide » dit-elle en serrant ses mains « j'ai même plus de facilité à te croire toi, que moi » sourit-elle alors en ayant le regard presque rieur. « Mais je sais aussi que ce qu'on va traverser... ça nous laissera probablement pas indemnes » et il devait en avoir conscience.
Jour 6 / A chaque nouveau baiser de Carlisle sur sa peau, brûlante de désir étouffée par la pluie qui s'abattait sur eux, Mina semblait faire un pas de plus au paradis. La foudre de leur passion brillait dans l'obscurité, leurs cœurs tambourinaient ensemble dans cette tempête, laissant les grondements célestes venir les entourer dans cette bulle d'amour, perdue dans cet océan chaud. Accrochée à ce corps qu'elle désirait, fantasmait depuis plusieurs années, Mina ne semblait pas encore tout à fait réaliser à quel point tous ses sens, toutes ses aspirations, toutes ses attentes étaient en train d'être comblées. Elle crevait d'amour, d'envie, pour lui. Et ce soir, on lui permettait d'enfin assouvir ce feu ardent qui brûlait en elle. Gémissant à chaque nouvelle sensation des lèvres du pilote sur sa peau, Mina avait les yeux fermés, tandis que la pluie s'abattait encore sur eux, alors que la foudre illuminait le ciel nocturne de cette île paradisiaque. Pour la première fois depuis leur rencontre, Mina comprenait. Elle comprit que tout ce qu'elle avait toujours ressenti pour lui, était simplement l'amour le plus pur du monde, presque autant qu'elle pouvait aimer Maya. Elle avait su être patiente, se mettre de côté, prendre sur elle, taire ses émotions pour vivre ce moment. Exactement comme il est, dans le moindre de ses détails : tout était d'une intensité parfaite. Et c'était parce qu'ils avaient attendu aussi longtemps, peureux sans doute de briser ce rêve fait du verre le plus précieux et fragile. Au moindre mouvement, au moindre écart, ils auraient pu tout briser. Mais non, ils avaient réussi à se trouver, à réellement se trouver. A finir par se retrouver sur la même route, dans la même direction, avec cette même envie. Parce qu'elle pouvait la sentir dans ses mains qui maintenaient sa chair contre la sienne, à la force dans ses paumes, qui la retenait contre son bassin à lui, et elle sentait toute l'envie et tout le désir qu'il éprouvait à son égard. Elle sentait son amour, son jeu, son âme entière à chaque fois qu'il l'embrassait, qu'il cherchait à dévorer une partie d'elle. Elle avait ce besoin de plus, ce besoin de lui, ce besoin de s'unir à lui, de ne faire qu'un, qu'il la possède, qu'il la fasse sienne autant qu'elle se donne à lui. Elle avait besoin qu'ils soient un tout, ensemble. Alors que ses lèvres ne quittaient plus celles de Carlisle, que ses mains se retenaient fermement à lui, à sa nuque, à ses épaules, à sa joue, tandis que ses jambes se serraient autour de lui, Mina senti l'air l'entourer, davantage que l'eau dans laquelle ils étaient jusque ici. Elle se collait encore plus à lui, comme dans un besoin de rester lié à lui, de toutes les manières possibles. Elle ne voulait pas le quitter, par se décoller de lui, elle ne voulait plus jamais cela. Alors elle sourit, contre ses lèvres, tandis qu'il les faisait sortir de l'eau. Son souffle venait caresser la peau chaude du père de famille, tandis que les lèvres de Mina avaient à nouveau glissé sur sa chair, l'embrassant avec envie, avec douceur, tandis que ses doigts montraient à la fois son impatience et son désir dans ses cheveux blonds. Comment c'était possible que ça soit aussi fort ? Mina avait envie de crier, de gémir, de pleurer, de rire, de rester accrochée à lui toute la nuit, que le temps s'arrête, qu'ils ne s'arrêtent pas de faire l'amour, qu'elle ne laisse pas ses doigts quitter sa peau, qu'elle ne quitte pas ses lèvres, ni son étreinte. Comme si l'envie était plus forte que tout. Elle avait envie de lui, sentir son odeur, sentir la force de son désir dans ses gestes, dans la façon qu'il avait de l'embrasser, de la retenir contre lui, de lui procurer du plaisir à chaque nouvelle chose qu'il entreprenait avec elle. Putain. Mais elle n'en revenait même pas de l'amour qu'elle pouvait lui porter, et de l'ampleur que ses sentiments avaient prit depuis deux ans. C'était incroyablement fort, puissant, intense. Carmina n'avait pas conscience de ce qu'il se passait réellement, que Carlisle était en train de remonter vers leur maison, non. Elle n'avait que le goût de sa langue dans la bouche, la sensation de brûlure sur ses lèvres à force de l'embrasser, sentir sa barbe lui piquer, lui brûler presque le visage à force de l'embrasser, que ses paumes glissent sur sa peau, dans ses cheveux, dessinant la forme de ses muscles quand elle les caressait. Alors quand il lui avoua qu'elle allait devoir reposer le pied par terre, Mina sorti un peu de son rêve pour réaliser qu'elle se trouvait désormais dans leur maison, dans la salle de bain de Carl. Elle sourit, parce qu'elle n'avait pas du tout conscience du chemin parcouru par Carlisle. Frissonnant alors que leurs corps se décollent un peu, la jeune maman se retrouve bien vite dans la douche à l'italienne du pilote, un jet d'eau venant caresser sa peau. La chaleur du corps du père de Maya dans son dos, la fit frissonner. Elle ferma les yeux, collant son corps au sien, laissant sa tête tomber vers l'arrière, détendue. Elle gémit quand les lèvres, puis les dents du pilote vinrent s'encrer dans sa chair. Ses fesses cambrées, elle chercha à rester coller à lui, sentant son désir pour elle sans aucune hésitation. Et elle adorait ça. Alors son bassin s'agitait doucement, remuant en petits cercles, juste assez pour le caresser à travers son maillot de bain. « Hum... » gémissait-elle, laissant sa main venir trouver le crâne de son amant, gardant son visage contre sa peau. Les yeux clos, elle se délectait de ces sensations oubliées, laissant ses doigts s'accrocher aux cheveux de Carl. Elle adorait quand il mordait sa peau, qu'il faisait tout pour lui laisser son emprunte sur elle. Elle avait envie qu'il laisser sa marque, son emprunte, son odeur, son parfum. Quand elle senti ses doigts venir caresser doucement ses tétons, pointant de désir également, elle gémit plus fort, laissant son bassin venir percuter un peu trop fort sans doute celui du pilote. Elle aimait beaucoup trop ses caresses, ses gestes, son impatience et ce désir qu'il essayait de canaliser. « T'arrêtes pas » murmura t-elle alors, quand il lui demanda à nouveau si elle pensait rêver. Mais l'eau fini par se couper, il l'aida à se tourner face à lui, la forçant à ouvrir les yeux. Elle découvrit cet homme, grand et charismatique devant elle, avec le feu du désir dans les yeux. Il avait envie d'elle, de la dévorer ici, maintenant, ailleurs et tout le temps et elle ne pouvait pas cacher sa réceptivité face à tout cela. Sentant la pulpe des doigts de Carlisle caresser sa peau, et venir faire rouler son bas de maillot de bain, elle manqua une respiration, se retrouvant presque le souffle coupé. Son regard à elle était intense, partagé entre l'envie la plus intense, la peur la plus fragile et l'amour le plus puissant pour Carlisle et ce moment magique. Elle ne quitta pas les yeux azur de l'ancien pilote une seule seconde, tandis que son bas de maillot de bain tomba au sol, la dévoilant alors entièrement nue, à peine collée à lui, offerte ainsi. Son cœur battait fort dans sa poitrine, et il devait l'entendre résonner dans l'intérieur de sa paume, tandis qu'il cherchait à sentir son cœur. Comme s'il voulait entendre résonner les émotions et les sentiments de la jeune maman. Comme s'il voulait qu'elle lui appartienne, comme s'il voulait découvrir tous les mystères qu'elle cachait en son sein. Notamment pour lui. Il attrapa néanmoins dans une douceur infinie, son visage. Embrassant alors les lèvres de Carmina, celle-ci répondit à ses baisers de la façon la plus tendre et sensuelle du monde. Embrassant doucement ses lèvres, chaque à leur tour, déposant ses propres mains sur celles de Carl, déposées sur ses joues à elle. Elle se sentait tellement chanceuse, tellement remplie d'amour pour lui, c'était un cadeau, un vrai cadeau poétique et magique. Entendre la voix de Carl, presque étouffé par son propre désir pour elle, venir lui demander ce qu'elle voulait, ce qu'elle attendait, ce qu'elle ressentait pour lui, lui firent à nouveau perdre la tête. Elle ne savait même pas par où commencer, par quel mot commencer, mais une chose était sûre : elle n'avait plus aucun contrôle. Le désir, l'envie, étaient trop forts désormais pour qu'elle contrôle quoi que ce soit. Son amour pour Carlisle, la fièvre de ce moment espéré pendant tellement longtemps et fantasmé tellement de fois étaient trop forts aussi. Elle l'aimait de toute son âme, son corps tout entier avait besoin de lui, son avenir avait besoin du sien, désirait le sien. Elle le voulait lui, entièrement, profondément, toute la vie. Elle le voulait ici, maintenant, et dans tous les endroits du monde, les plus ensoleillés comme les plus ténébreux. Elle voulait se lier à lui, dans son courage, sa force, sa détermination, dans chacun de ses sourires. Elle voulait l'aimer un peu plus chaque jour, comme c'était le cas depuis plus de deux ans maintenant. Elle voulait lui appartenir entièrement, elle voulait qu'il la possède, elle voulait son respect, son amour, sa tendresse et sa force. Carlisle avait besoin d'entendre ce qu'il devait faire, et doucement, Mina recula assez pour que leurs lèvres se décollent une seconde. Mêlant leurs souffles l'un à l'autre, elle fini par lui dire, pressée par l'envie et la fièvre de ce moment, les yeux enfoncés dans les siens, sa main sur sa joue, leurs fronts presque joints « j'te veux toi » rempli d'émotion. « J'te veux toi, tout le temps » avant de venir capturer à nouveau ses lèvres, embrassant sa chair avec envie et passion « je te veux toi » souffla t-elle encore contre ses lèvres, l'embrassant juste après. « J'te veux fort » alors qu'elle se collait à lui, lui faisant comprendre qu'elle voulait qu'il la tienne comme tout à l'heure. Entourant son corps de ses jambes et de ses bras, entièrement nue contre lui. Ses lèvres vinrent se nicher dans la nuque de l'ingénieur, déposant ses baisers chastes et bestiaux par moment, sentant sa poitrine exploser contre celle du père de sa fille. Puis, en une seconde, la peur s'en alla entièrement d'elle. La libérant d'un poids, d'un terrible poids qui avait scellé ses lèvres durant plus de deux ans, Mina fini par lui avoua, le visage à nouveau face au sien, les yeux dans les siens « montre-moi comment tu m'aimes Carl » terrorisée par ce qu'elle venait de lui demander, prenant pour acquis son amour, du moins, son affection. « Parce que moi j'ai envie de te montrer à quel point je t'aime ». Elle venait de lui dire, enfin, après tout ce temps, après tous ces mois de doute. « j'veux te montrer à quel point je t'aime depuis deux ans » répéta t-elle alors que ses lèvres avaient glissées sur l'épaule du père de famille. Embrassant chastement, délicatement sa peau. « Je veux que ça soit fort » embrassa t-elle sa chair « intense... » elle fit glisser ses lèvres sur son épaule encore une fois « profond... » venant croquer la chair devant elle, légèrement.
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| | | | (#)Mar 13 Juil 2021 - 22:40 | |
| Jour 4. « Pleure pas. » Murmura-t-il à voix basse, alors qu’il achevait son discours d’excuses et qu’il relevait les yeux vers elle. Il ne s’était pas attendu à ce que ses mots, sincères et puisants, provoquent une telle réaction chez l’héritière Farrell. L’Australienne avait toujours gardé la tête très droite, laissant penser à Carlisle que ce qu’il pouvait dire ne l’intéressait pas. Que ça ne l’atteignait pas. Qu’elle se fichait royalement de son avis. Mais sa réaction le laissait perplexe, et semait le doute dans son esprit ; les choses avaient-elles été aussi simples ? Sans doute pas ; sinon, jamais elle n’aurait réagi de la sorte. Sinon, jamais l’émission ne l’aurait submergée à ce point. « Pleure pas, s’te plait. » Réclama-t-il à nouveau, avec un peu plus de fermeté et d’assurance. Elle pouvait garder la tête haute, être fière d’elle et de ce qu’elle avait accompli. S’il y en avait un des deux qui devait pleurer, ç’aurait plutôt dû être lui. Pleurer d’avoir été si égoïste, pleurer d’avoir été si aveugle, pleurer de ne pas avoir su déchiffrer ce qui se tramait, pleurer d’avoir été si intransigeant. Il vit une larme, traitresse, rouler le long de la joue de Mina. Puis une deuxième. Elle détourna aussitôt les yeux, sans doute par pudeur. S’exposer de la sorte ne lui ressemblait pas, et elle devait se sentir mal à l’aise d’être ainsi dévoilée devant lui. Mais elle pouvait se rassurer : jamais il n’utiliserait ses larmes et ses émotions à mauvais escient. Jamais il ne s’en amuserait. Jamais il ne jouerait avec, ou la menacerait avec. Il n’était pas son ennemi, et ne le serait jamais. « Viens. » Souffla-t-il, parfaitement conscient que son émotion était trop importante et trop conséquente pour être retenue. Il attrapa son poignet, et la rapprocha de lui jusqu’à ce que sa tête vienne buter contre son tee-shirt. Il passa une main dans ses cheveux, alors qu’il sentait qu’elle relâchait la pression — et que ses larmes venaient inonder son tee-shirt. « Ça va aller. » Déclara-t-il en posant son menton sur le sommet du crâne de Mina. Ses bras enserrèrent ses frêles épaules, et il la fit légèrement tanguer, comme pour la bercer. Il savait que cette promesse pouvait paraître vide de sens pour quiconque ne connaissait rien à leur situation. Et pourtant, il avait la certitude de ce qu’il avançait : ça allait aller. À partir d’aujourd’hui, les choses changeraient — et elles changeraient pour de bon. Il ne savait pas exactement dire quoi, ni comment ça s’était produit, mais les faits étaient là : quelque chose venait de s’opérer entre eux, de se déverrouiller. « Je te promets, ça va aller. » Il embrassa le sommet de son crâne, et la libéra de cette étreinte impromptue et imposée, mais qui semblait cruellement nécessaire. Pour la rassurer, elle. Pour qu’elle sache qu’elle n’avait plus à être seule, qu’elle ne serait plus jamais seule. Pour qu’elle se rende compte que si elle en faisait la demande, elle trouverait toujours quelqu’un pour se confier, pour être consolée, pour pleurer sur son épaule. Pour qu’elle comprenne qu’ils étaient intimement liés, depuis la naissance de leur fille. Maya avait tissé entre eux un lien invisible, mais bien réel. Un lien éternel. Elle l’encercla de ses petits bras, déposa sa tête dans son dos, et noua ses mains sur son torse. Machinalement, il pencha la tête vers cette étreinte, et il ajouta, doucement mais solennellement : « Je ne te laisserai jamais tomber. » Et il le pensait de tout son être. Ce n’était pas des paroles en l’air, lancées pour accentuer la beauté du moment. Carlisle était un homme de parole — et ça, il était convaincu que Mina avait eu de nombreuses occasions de s’en rendre compte. Il n’avait pas été le meilleur des hommes, mais il avait toujours eu au moins deux mérites : il ne lui avait jamais menti, et il avait mis un point d’honneur à respecter chaque engagement qu’il avait pris. Envers elle, mais aussi envers Maya, leur fille unique. Ce bébé magique, ce bébé presque miracle. Il se souvenait encore de la première fois qu’il l’avait tenue dans ses mains, et du déferlement d’émotions intenses qu’il avait ressenti. Une joie pure, profonde et sincère, qui avait tout ravagé sur son passage. Un amour fort, puissant et inconditionnel, qui l’avait transpercé de la plus délicieuse des manières. Comment un si petit être, de cinquante centimètres à peine, pouvait tout chambouler en une fraction de seconde ? Elle n’avait eu besoin d’aucun mot, d’aucun regard et pourtant, Carlisle avait immédiatement su qu’à partir de cet instant précis, il serait un père dévoué et prêt à tout abandonner pour sa fille. Il avait aussi rapidement compris que, pour Mina, tout ceci n’était pas une évidence. Elle allait avoir besoin de temps, de prendre du recul. Alors il l’avait laissé faire, et s’était montré patient. Patient, parce qu’il était convaincu que, tôt ou tard, l’héritière reviendrait. Tôt ou tard, elle prendrait pleinement conscience d’être devenue mère, et qu’elle assurerait dans ce rôle. « Je sais. » Répondit-il, alors que l’Australienne lui confiait qu’elle ferait tout pour leur fille. Si elle lui avait confié une telle chose quelques mois plus tôt, il aurait probablement soupiré de soulagement. Carmina Farrell n’avait pas été très présente depuis la naissance de sa fille, mais Carlisle ne pouvait nier une chose : depuis quelques temps, elle faisait des efforts. Et, surtout, ces efforts ne semblaient pas feints : elle avait l’air sincèrement heureuse de passer du temps avec Maya, et sincèrement comblée d’être en sa compagnie. L’ancien pilote avait vu du changement s’opérer, et il avait veillé à rester à distance pour le constater. Ne pas empiéter sur les plates bandes de l’Australienne, tandis qu’elle s’adaptait à son rôle de mère. Tandis qu’elle profitait du temps qu’elle pouvait avoir avec sa fille. Tandis qu’elle apprenait, humblement, à s’occuper de sa progéniture. Et au plus profond de Carlisle, une petite flamme s’était allumée — ou, plus exactement, s’était rallumée. Il avait vu se dessiner l’esquisse d’un possible qui lui avait longtemps paru impossible : une famille. Oui, il devait bien le reconnaître : ensemble, tous les trois, ils en prenaient le chemin. Ils arrivaient à conjuguer leurs moments ensemble, à profiter ensemble, à anticiper ensemble. Ils arrivaient à être de vrais adultes, qui faisaient passer le bien de leur fille avant toute chose — et, inconsciemment, ça rejaillissait directement sur eux. Carlisle se sentait plus léger, plus serein, plus détendu. Quant à Mina, il la trouvait plus ouverte, plus en confiance, plus souriante. Et plus tactile, aussi ; après avoir saisi ses mains, elle avait subitement entouré le cou de l’ancien pilote de ses bras, et s’était pressée contre lui. Comme pour sceller cette promesse, qui les lierait jusqu’à leur dernier souffle : d’être présents et dévoués à leur fille. D’être des parents responsables, protecteurs et attentionnés. Mais, à l’inverse, Carlisle considérait que pour être de bons parents, ils ne devaient pas oublier qu’ils étaient avant tout des individus. Alors il proposa à Mina de se confier, de libérer sa parole. Intimidée, elle fit voguer ses doigts sur les paumes des mains de son ancien amant alors qu’elle se dévoilait. Et admettait, à voix-haute, que l’essentiel dans la vie, c’était eux. Le coeur de l’ancien pilote fit une soudaine embardée, et il déglutit avant de prononcer le moindre mot. Elle n’avait pas dit que l’essentiel, c’était Maya ; elle avait dit que l’essentiel, c’était eux. Eux, un tout. Eux, une entité qui s’approchait timidement mais sûrement de l’idée que l’Australien se faisait d’une famille. Encore sous le coup de la sidération, il resta mutique. Pourtant, au fond de lui-même, la tempête faisait rage. Il s’interrogeait sur la relation qu’ils avaient, et sur l’évolution de celle-ci. Pendant une fraction de seconde, il s’imagina sceller ce « nous » d’un baiser chaste. Mais il savait pertinemment qu’il ne se contenterait pas d’un baiser pur. Il aurait envie de glisser sa langue sur ses lippes, pour vérifier que son gloss avait toujours un goût sucré. Comme à New-York. Il aurait envie de passer une main dans ses cheveux, pour vérifier qu’ils étaient toujours aussi lisses. Comme à New-York. Il aurait envie d’embrasser son cou, pour vérifier qu’elle était toujours aussi sensible. Comme à New-York. Et, clairement, ce n’était pas le moment de penser à New-York. Il remercia silencieusement l’héritière de couper court à toutes ses divagations, en parlant de leur file et des assauts extérieurs qu’elle serait amenée à subir. « On fera tout pour minimiser ça. » Répondit-il, tout en étant réaliste : ils pourraient faire preuve de la meilleure volonté du monde, ils ne parviendraient pas à protéger leur fille de toutes les attaques. « Regarde-la : c’est une petite fille rieuse, naturelle, et sincèrement aimée. » Commença-t-il, avant de poursuivre avec un léger sourire : « Ses parents sont ce qu’ils sont, et on peut sans doute trouver mieux, mais… » Il reprit son sérieux pour terminer : « Mais ils ne veulent que son bien. Ils ne veulent pas vivre à travers elle, ils n’ont pas d’ambition malsaine pour elle, ils ne projettent pas leurs échecs, leurs lubies et leurs espoirs sur elle. » Et, mine de rien, ça faisait beaucoup. Mina n’évoquait que très rarement son environnement familial, et Carlisle ne savait donc pas de quelle façon l’héritière avait été élevé. Mais il pouvait au moins parler de son propre cas, peu glorieux : un père absent, indifférent et devenu tyrannique. Quant à sa mère, la seule qui aurait pu le préserver de cette dureté, elle avait rendu les armes face au crabe après s’être battue de toutes ses forces. Pour tenir, le plus longtemps possible, aux côtés de son fils unique. Pour le voir un peu grandir et évoluer — jusqu’à ce que le cancer la grignote de toutes parts, et gagne finalement la bataille. Désormais accroupi face à elle pour ne pas perdre le contact, il hocha la tête lorsqu’elle consentit à expliquer à Maya, en sa compagnie, les raisons qui faisaient qu’elle était parfois suivie par une nuée de photographes déchainés. « On a encore quelques jours. » Fit-il remarquer, alors qu’un mince sourire étirait ses lèvres. Six petits jours ici, aux Seychelles, loin de tous les tracas du quotidien. Loin de la routine, loin de leurs familles, loin de leurs obligations professionnelles, loin de leurs amis. Six jours pour eux, tous les trois, dans un décor idyllique qui aidait à lâcher prise. « Une chance que l'on vive tous deux dans des forteresses, non ? » Plaisanta-t-il, soucieux de détendre l’atmosphère. Mais Mina, qui ne savait que trop bien quels étaient les risques, les débordements, les abus, n’étaient pas d’humeur à en rire. Pas avant d’avoir manifesté à voix haute son inquiétude sincère et, Carlisle devait bien le reconnaître, touchante. « Tu as peur pour moi ? » Demanda-t-il en plongeant son regard dans le sien. « J’ai survécu à pire, tu sais. » Fit-il remarquer en haussant les épaules. La perte de sa mère, alors qu’il était bien trop jeune pour le tolérer, l’accepter, le comprendre. Sa grave dépression, qui avait suivi cet événement tragique. Il s’était laissé aller, jusqu’à un point de non-retour. Jusqu’à ne plus se supporter, jusqu’à ne plus supporter la vie. Il ne devait son salut qu’à la femme de ménage de son père, qui avait oublié de prévenir qu’elle ne pourrait pas venir la semaine suivante. « Il y a quelques histoires sordides sur mon compte, comme pour tout le monde. » Dit-il en haussant les épaules. « Mais rien que je ne puisse pas gérer, je t’assure. » Mais vraisemblablement, ce n’était pas la vérité qui inquiétait Mina ; c’était plutôt ce que la presse inventerait, pour que les photos se vendent mieux. Il secoua la tête, et reprit : « Je me fiche de ce qui sortira sur mon compte. Tant que Maya et toi ne croyez pas à ce qui est dit, c’est l’essentiel. » Déclara-t-il, confiant. « Et si un jour tu doutes, s’il te plait, pose-moi des questions plutôt que de te faire une opinion qui serait incorrecte. » Réclama-t-il en plongeant son regard clair dans les yeux chocolats de la mère de sa fille. Il ne voulait pas qu’elle s’imagine des choses qui seraient fausses. Il ne voulait pas qu’un doute subsiste, en raison de rumeurs infondées ou de photos détournées. « Je ne les laisserai pas tout gâcher. » Murmura-t-il, comme une promesse. Ils avaient mis bien trop de temps avant de retrouver une certaine stabilité, avant de se retrouver. Il ne laisserait personne venir piétiner ses efforts, et encore moins des inconnus. « S’installer ailleurs ? Sur une île déserte, tu veux dire ? » Il y avait peu d’endroits où le visage de Carmina Farrell était strictement inconnu. Peu d’endroits où elle n’était pas suivie, photographiée, scrutée. Peu d’endroits où elle pouvait souffler, et recharger ses batteries. Mais… S’ils avaient trouvé la paix et la sérénité aux Seychelles, peut-être que ces îles enchantées deviendraient leur refuge. « Je te promets que je te le dirai. Si je me sens oppressé, pris au piège, nerveux ou quoique ce soit d’autre, je te le dirai. Et on prendra les dispositions nécessaires. » Comme prendre un aller simple pour un endroit inconnu, ou spécial. Un endroit où ils pourraient se fondre dans la masse, et ainsi éviter d’être traqués. « Vous manquez cruellement de confiance en vous, Mademoiselle Farrell. » Dit-il avec un léger sourire, alors qu’elle admettait avoir une confiance presque aveugle en lui. « Ne te dévalorise pas. Tu n’as même pas conscience de tout ce que tu es capable de faire. » Ajouta-t-il en se redressant légèrement. Ses lèvres se déposèrent sur sa joue, et il s’installa finalement à côté d’elle. Leurs épaules se touchèrent, et Carlisle passa un bras possessif autour de ses frêles épaules. Sans lui demander son avis, il la rapprocha de lui, jusqu’à ce qu’elle puisse poser sa tête contre son bras si elle le souhaitait. « Tu devrais croire en nous, Mina. » Souffla-t-il du bout des lèvres, alors qu’elle avait peur que les journalistes les torpillent. Mais Carlisle n’en était plus là ; il s’était comme senti pousser des ailes, au cours de ce séjour paradisiaque. Et il n’était même pas à la moitié de leurs vacances… « On a déjà traversé pas mal de trucs ensemble, qui n’ont pas franchement été simples à gérer. » Admit-il, avant de poursuivre : « Et pourtant, regarde où on en est. » Il releva la tête, et fit un signe de la main. Devant eux, l’horizon à perte de vue. Le clapotis de l’eau, à des kilomètres à la ronde. Et une musique d’ambiance, lointaine, qui soulignait la douceur du moment. « Ce n’est pas si mal, non ? » Demanda-t-il, sa main toujours fermement posée sur son épaule. « Allez, ne pense pas au pire. » Parce qu’à partir de maintenant, tout ce qui concernait leur famille, ils seraient deux à pouvoir le gérer. Les deux individus faisaient désormais cause commune. Et ça, ça… Ça, c’était la meilleure chose qui puisse leur arriver.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Mer 14 Juil 2021 - 0:45 | |
| Jour 4 / Se retrouver ainsi, blottie contre son corps, où l'odeur de son parfum, l'odeur de la chaleur des Seychelles enivraient totalement la jeune maman. Mina se nourrissait de cette force, cette énergie qui semblait émaner d'eux, ou bien simplement de lui. C'était comme une magie, comme un nuage bienveillant, doux, réparateur qui venait soigner ses maux. Ses mains glissaient le long des vêtements de l'ancien pilote, alors que ses yeux clôturait l'image fantasmé qu'elle vivait, dans sa mémoire. Ce n'était plus autant imaginaire que par le passé. Auparavant, leurs contacts étaient rares, brefs et souvent conflictuels. De plus en plus, tout était différent. Carmina arrivait à s'en contenter, parce que même le rien, n'était qu'un tout avec lui. C'était un lien particulier, un sentiment qu'il avait été le seul à lui faire éprouver et depuis tellement longtemps. Avant lui, Carmina ne savait pas ce que le mot famille voulait dire, à quel point les relations peuvent être fortes, enrichissantes, puissantes par l'effet de transport qu'elles apportent. Parce qu'avec lui, c'était le cas. Elle apprenait, elle avait le temps de grandir malgré tout. Elle aimait ce charisme froid qu'il avait, ce sourire en coin qu'il se plaisait à avoir en l'observant avec Maya, ce rire et ce regard rieur quand il se moquait d'elle. Elle aimait son incertitude pour tout, sa confiance dans ce qu'il entreprenait, ce côté tellement rassurant qu'il avait. Ce côté rassurant qui l'entourait d'une aura protectrice, d'une aura douce, vivifiante, dans laquelle elle aimait de plus en plus être. Là, à ses côtés, sur cette terrasse faite en bois, au dessus d'une eau turquoise aux poissons merveilleux ; Mina oubliait tout ce qui rendait sa vie plus difficile. Elle oubliait les magasines, les photographies volées, les articles l'incriminant, les ragots, la jalousie, la compétition, le doute, la peur, la solitude. A ses côtés, c'était comme si elle y était à sa place, comme si c'était sa seule et unique place, comme si ici, dans ses bras, elle était capable de tout. Là, dans ces moments-là oui, elle pouvait tout affronter, elle affronterait tout. Elle s'en savait la force, quand il était là. Elle n'avait aucun doute non plus parce qu'elle savait, avant même qu'il prenne le temps, le respect et la bienveillance de le lui dire : elle avait confiance en lui. Il ne lui avait jamais menti, il lui avait toujours dit la vérité, il n'avait jamais rien dit qui ne soit effectif. Les mots qu'il utilisait étaient choisi, elle adorait ça. Carlisle avait été l'une des rares personnes a essayer de voir ce qu'il y avait derrière le nom Farrell. Il avait trouvé un trésor, perdu sur une île dont même Mina ignorait l'existence. Une île bercée de rêve, d'illusions, de fantasmes qui prennent enfin vie comme par magie. Grâce à sa magie. Tout devenait possible, tout finissait pas l'être. Et ce sentiment-là, il valait tous les sentiments du monde. Cette sérénité, ce confort, cette assurance qu'elle avait le bonheur de toucher du bout des doigts, quand elle était dans ses bras. Quand il était tout prêt, juste là, tout prêt d'elle et de leur fille. Quand ensemble tout prenait enfin sens, comme s'ils étaient les pièces manquantes d'un seul et même objet. Alors ainsi contre lui, à l'entendre lui demander de ne pas pleurer et de lui faire confiance, bien sûr qu'elle se sentie mieux. Il tenait à elle, cela se voyait, cela se ressentait. Et après autant de moments difficiles entre eux depuis deux ans, elle n'avait pas besoin de plus. Parce qu'encore une fois, c'était déjà tout. Alors quand il lui promit de ne jamais la laisser tomber, le sourire de Mina s'étendit sur ses lèvres. Cette phrase, cette promesse, ce n'était pas dit facilement, ni sans aucun sens. Bien au contraire, ça prenait tout son sens. Il venait simplement de lui dire qu'au delà des sentiments qu'ils pourraient ou peuvent avoir ensemble l'un pour l'autre, ils existeraient toujours quelque part, ensemble. Ils seraient une équipe, un duo, pour élever leur fille, pour prendre soin d'elle, pour lui apporter la meilleure éducation possible. Et ça lui faisait du bien, d'entendre qu'elle ne serait plus jamais seule, elle non plus. Pendant longtemps, Mina avait vu sa famille d'un point de vue extérieur : dans sa famille Farrell, où être une fille semblait mettre un terme à toute aspiration de patronat ou bien dans ce trio Bishop-Farrell, où le père de sa fille avait exclue la mère de sa fille, par un rêve trop débordant d'amour. C'était difficile de trouver sa place, que tout le monde y trouve son compte, son bonheur, sa protection, ses rêves. Carmina avait mis plus de temps à trouver les siens, à en avoir conscience plutôt. Parce que ce rêve là, d'avoir une famille soudée, unie, aimante... elle l'avait depuis l'enfance. Elle avait toujours voulu fêter ses anniversaires en famille et non pas au milieu d'une fête où personne n'en avait rien à foutre et où les bonbons étaient remplacés par des gâteaux sans sucre ignobles. Elle avait voulu avoir des caries, avoir les bras d'une mère pour pleurer le soir, pour parler de ses angoisses qui apparaissaient déjà à cette époque. Elle aurait voulu avoir des liens avec Arold, son frère, elle aurait voulu qu'on lui laisse sa chance d'être aimée. Elle aurait tellement aimée qu'on l'aime pour ce qu'elle était. Et non pour ce qu'elle représentait. Et là, auprès de Carlisle, elle avait justement l'impression qu'il aimait tout ce qu'elle était vraiment, au plus profond d'elle. Et c'était tout ce qu'elle voulait, c'était vers cela qu'elle voulait tendre, parce que les visions d'elle auprès de Maya, à sa rentrée scolaire, à ses concours de science ou de diction, à ses cours de danse ou d'équitation ou même d'échecs... elle serait là. Elle la soutiendrait avec ferveur, elle effacerait ses doutes de son esprit pour y encrer la confiance, la détermination, l'envie de donner son maximum. Parce que c'était aussi ça, le plus important. Elle avait envie de l'aider à choisir sa tenue pour la photo scolaire, ou aller l'encourager si elle devenait à son tour pom-pom girl. Elle avait envie de lui parler des garçons, de l'amour qu'elle avait ressenti pour son père, dès la première seconde. Elle avait envie de lui faire voir le monde, de l'emmener voir les plus beaux tissus du monde, de lui fabriquer tous les costumes et toutes les robes qu'elle désirerait porter. Elle voulait voir sa fille dans les bras de son père, elle voulait les voir tous les deux, le plus souvent possible. Pour voir leur complicité, leur amour, ces instants de bonheur où rien ne peut arriver, où tout est possible.
Désormais assis l'un à côté de l'autre sur le transat, alors qu'elle vient de lui avouer que le plus important à ses yeux aujourd'hui, c'est eux ; Carlisle termina de la rassurer. Il su trouver les mots exacts, ceux qui avaient du sens, ceux qui imprégnèrent la mannequin. Son regard se ferma une seconde, alors que sa tête reposait sur le bras du pilote. La main de Mina avait trouvé la sienne, alors qu'elle essayait de marquer ce moment dans sa mémoire, pour les jours où la force la quitterait. Ou les jours où elle aurait besoin de se rappeler de tout cela. Ils n'étaient ni l'un, ni l'autre, leurs parents. Cela s'arrêtait tout simplement à ça. Ils avaient peur d'être ce qu'ils avaient été, d'être la copie des gênes de l'ignorance, de l'absence, de l'erreur. Ils en feraient des erreurs, bien sûr que oui ils en feraient. Mais ils feraient surtout de leur mieux, leurs intentions seraient toujours bonnes, Maya passerait toujours avant tout le reste, c'était comme ça. Alors quoi qu'il arrive oui, il avait raison, tout irait bien. A partir de maintenant tout irait bien. Mina le sentait, quelque chose était en train de changer. Elle eu des visions de sa grossesse, chez Carlisle, où aucune discussion n'était possible entre eux, où le conflit, les intérêts personnels et leurs peurs les avaient assaillies trop longtemps. Aujourd'hui c'était... tellement différent entre eux. Et cela faisait tellement de bien. Carmina avait la sensation de recharger ses batteries, de se nourrir d'un feu réconfortant et puissant qui allait lui donner de l'énergie pour des semaines. Ses doigts se serrèrent autour de ceux du père de sa fille, les yeux toujours clos. « Tu as raison » souffla t-elle alors, apaisée. Elle sentait la respiration de Carlisle, si bien qu'elle se calquait à la sienne pour s'apaiser encore. Elle pouvait sentir sa chair sous ses doigts et elle adorait ça. Il lui était même de plus en plus difficile de se maintenir loin de lui. Elle se surprenait à avoir envie de le toucher, de sentir sa peau, son odeur, sa force, le plus possible et d'un côté, c'était effrayant. « On n'est pas comme nos parents » finit-elle par dire. Justement, encore une fois, que ses erreurs et ses blessures du passé viennent nourrir quelque chose de plus fort : l'envie de faire mieux. « On fera mieux que ça » sourit-elle, totalement réconfortée et en confiance pour l'avenir désormais. « Merci » souffla t-elle presque dans un murmure à l'intention du père de sa fille. Cette conversation lui avait fait du bien, beaucoup de bien. Mais lorsque l'ingénieur lui posa sincèrement la question de savoir si elle s'inquiétait pour lui, Mina se redressa pour croiser son regard, un peu blessée qu'il puisse se poser la question « bien sûr que oui je m'inquiète pour toi » comment pouvait-il se poser la question ? Il était le père de sa fille, une partie de sa vie à elle pour toujours. Comment pouvait-il prétendre qu'elle ne s'inquiète pas que sa fille n'ait un jour, plus son père ? Ou qu'il pète un plomb ? Ou bien que les journaux dépeignent un portrait ignoble de lui ? Et c'est à ce moment-là qu'il lui répondit en toute sincérité. Oui, peut-être que s'ils creusaient, ils arriveraient eux aussi à trouver quelque chose à mettre en gros titres. Mais Mina avait surtout peur elle, qu'ils s'amusent à les comparer l'un à l'autre. Parce que Carlisle était un père vraiment incroyable et qu'elle... ce n'était pas encore ça, malgré toute sa bonne volonté. Elle avait peur de se sentir moins à la hauteur, ou submergée. Mina ne pu s'empêcher de sourire à ce qu'il continua de dire, lui répondant alors en faisant non de la tête, doucement « Carlisle... j'ai b'soin de personne pour te connaître ». Elle lui sourit alors « je suis bien placée pour ne pas lire ça et pour ne pas y accorder d'importance » mais elle voulait le prévenir, qu'il se prépare, parce qu'elle avait horriblement peur qu'il l'abandonne, qu'il parte, qu'il ne fasse plus partie du décors. Si un jour il pétait les plombs sous la pression, est-ce que Maya devrait grandir sans lui ? Non, c'était impossible, elle n'y arriverait jamais sans lui. Elle ne serait jamais à la hauteur du père qu'il était, qu'il aurait pu être. « J'les laisserai pas gâcher ça non plus » affirma t-elle, les yeux scrutant le visage du père de sa fille. Les années marquaient sa peau, il était bien loin de ses vingt-sept ans à elle... mais à ses yeux, il était l'homme le plus beau et le plus incroyable au monde. Chacun de ses traits, des nuances de sa peau, de ses rides ou de ses gestes étaient une poésie aux yeux de Carmina. « Mais oui, j'te l'promets que ça sera toujours nous avant tout le reste » avant les ragots, les journaux, les idéaux familiaux, ou tout le reste. Lexie n'avait pas cru en ses sentiments envers Carlisle, quand elle lui avait raconté New-York, l'amour débordant de tous ses pores. Alors Carmina s'était toujours muré dans le silence, dans l'ignorance de ses sentiments, se disant que c'était dangereux, mal, horrible. Aujourd'hui, elle s'en voulait d'avoir cru Lexie, elle s'en voulait de ne pas lui avoir dit à ce moment-là de la fermer, qu'elle l'aimait profondément et qu'elle voulait que sa meilleure amie soit juste heureuse et la soutienne. Mais a contrario, elle avait forgé sa peur, celle qui leur avait fait vivre un enfer pendant près de deux ans. Mina avait trop longtemps laissé les avis, les commentaires, les jugements des autres avoir un impact sur sa vie. Aujourd'hui, aux Seychelles, elle se faisait la promesse que désormais, seuls Carl et Maya auraient ce pouvoir. Uniquement eux, et peut-être aussi Noa. Parce que les deux femmes s'étaient rapprochées, et que désormais, une vraie relation naissait entre elles. Est-ce que Noa serait contente pour elle, pour eux, en apprenant que ce voyage s'était bien passé ? En apprenant que désormais, ils seraient une famille. Pas un couple, pas avec une histoire d'amour, mais une famille. Et c'était déjà beaucoup, pour une fille qui a la sensation de ne jamais en avoir eu, Carmina la construisait. Elle rigola, gênée, quand il aborda sa confiance en elle. « J'crois en nous » affirma t-elle tout de suite, un léger sourire sur les lèvres, les étoiles plein les yeux. Et ce que Carlisle avouait était vrai : ensemble ils avaient traversé des trucs vraiment pas cool, des moments où tous les doutes étaient permis. Ou tout était un combat, épuisant, effrayant et douloureux. Mais aujourd'hui ils en étaient là, et c'était la plus belle des récompenses. Alors qu'ils sont encore sur ce transat, avec cette vue devant eux, ce léger vent chaud qui vient caresser leurs peaux, Mina ferma les yeux et fini par lui dire, tournant la tête vers le père de sa fille « si c'était à refaire, je referai tout » exactement tout. Parce que la beauté de ces vacances était née de tout cela, peu importe qu'il s'agisse de bon ou de mauvais moments. Elle vint nicher son nez contre le bras du père de sa fille, laissant ses yeux dévorer la vue à en perdre haleine. Elle soupira de bien être, avant de lui murmurer « j'ai l'droit d'dire que je suis fière de nous ? » avec un léger sourire. A côté de l'homme qu'elle aimait, Mina prenait confiance. A travers la confiance accordée au « nous », elle apprenait à avoir confiance en elle. Et ils en avaient parcouru du chemin, et oui, il avait raison, ils s'en sortaient même très bien. Alors Mina resta ainsi, en silence, à profiter de tout ce que ce moment offrait. Du calme, du silence, le bruit de la mer, l'odeur des vagues, le chant des oiseaux, les odeurs vanillées qui traînaient là aussi, et de la noix de coco. Elle prit de grandes inspirations, ne bougeant pas, avant de finalement se lever du transat sur lequel elle s'était échoué il y a un moment déjà. Elle balança ses cheveux en arrière et reprit sa coupe de champagne. « Monsieur Bishop, il me semble qu'avant nos mélodrames familiaux, on en était à trinquer ? » se tournant alors vers lui, la coupe à la main, prête à profiter d'une nouvelle soirée en sa compagnie.
Jour 6 / |
| | | | (#)Lun 19 Juil 2021 - 1:00 | |
| Jour 4. « Et c’est tant mieux ! » S’exclama-t-il en levant les yeux au ciel. Il détesterait être un père comme lui que son géniteur avait été. D’ailleurs, plus les années passaient et plus il avait du mal à considérer cet homme comme étant un parent proche, malgré les traits physiques qu’ils partageaient. Au grand damn de Carlisle, qui s’entendait couramment dire que la filiation était évidente par des clients ou autres fournisseurs, lorsqu’ils étaient en dîner d’affaires. Il s’était mordu la langue un nombre incalculable de fois pour se retenir de leur dire qu’ils n’avaient pourtant rien en commun à bien des égards. « Vu les exemple qu’ils ont été, et qu’ils sont actuellement… » L’ironie était clairement perceptible dans les propos de l’ancien pilote. S’il n’avait jamais eu l’occasion de rencontrer les parents de Mina — ou, plus exactement, pas dans un contexte strictement familial — il savait en revanche très bien comment se comportait son propre père. Dur, froid, distant, indifférent : Bartholomew Bishop était un être exclusivement guidé par les affaires et les profits. Carlisle essayait parfois de lui trouver des excuses — il avait perdu sa femme très jeune, il avait beaucoup souffert de cette absence, et il avait été dépassé par son rôle. Mais, après avoir fait le tour de l’individu, l’Australien devait bien reconnaître une chose : toutes ces excuses n’étaient pas valables. Elles pouvaient, au mieux, expliquer un moment spécifique. Une période de deuil, plus ou moins longue. Mais en aucun cas, ces excuses ne pouvaient être valables et viables sur le long terme. « Je n’en ai aucun doute. » Dit-il en inclinant légèrement la tête. Il pouvait déjà noter une différence majeure entre leurs parents et eux : contrairement aux premiers, les seconds faisaient de leur mieux pour s’occuper de leur progéniture, pour passer du temps en sa compagnie, pour lui inculquer des valeurs morales. « Ils sont comment, les tiens ? » Demanda finalement Carlisle. La brune ne s’était jamais réellement confiée à leur sujet. Cependant, il avait vite compris que leurs relations n’étaient pas au beau fixe. Il s’était parfois demandé si c’était la grossesse surprise de Mina qui avait mis des tensions dans ses relations avec sa famille, ou si les désaccords étaient antérieurs. Il n’avait jamais osé lui poser directement la question, conscient qu’il s’aventurait sur un terrain glissant. Au détour d’une discussion quant aux assauts journalistiques qu’ils subiraient forcément, Carlisle fut touché d’entendre que l’héritière s’inquiétait pour lui. « C’est gentil. » Répondit-il avec un sourire doux. Ses doigts caressèrent lentement sa nuque, comme une invitation pour qu’elle se détende. Il comprenait ses réticences et ses craintes, mais il se sentait suffisamment fort pour les assumer et les encaisser. « Mais tu ne devrais pas. » Parce que ce n’était pas spécialement utile, à son sens. « Pas dans l’immédiat, en tout cas. » Parce qu’aux Seychelles, il était tranquille. Parce qu’il avait un dernier moment de répit, avant de subir une tempête médiatique. Parce qu’il avait la sensation d’être au paradis, pour le moment, et qu’il ne voulait pas penser aux jours plus compliqués qu’il vivrait forcément lorsque son nom serait jeté en pâture. Mais quand Carmina évoqua la quasi inévitable fragilisation de leur relation, Carlisle sentit son coeur cogner sa cage thoracique avec un peu plus de force. Il ne pouvait pas l’accepter, pas le tolérer ; ils avaient passé les dernières semaines à construire une vraie relation, qu’ils souhaitaient avant tout pérenne pour le bien-être de Maya. Carlisle refusait obstinément de voir tous leurs efforts gâchés par des photos dont les légendes seraient erronées, et ne viseraient qu’à semer le trouble entre les deux principaux concernés. « Tant que tu me crois moi, c’est ce qui importe. » Confia Carlisle en inclinant légèrement la tête, soulagé par la réponse de l’héritière. Non, elle ne croirait pas un traitre mot de ce que les journalistes se plairaient à écrire. Non, elle ne perdrait même pas de temps à lire les inepties qu’ils sortiraient inévitablement sur lui, sur eux, sur leur famille. « Nous avant tout le reste. » Voilà qui résumait bien les pensées et les désirs inavoués de l’Australien, qui se contenta de hocher la tête pour marquer son approbation. Il ne dévoila rien des tourments et des questionnements que cette phrase avait fait naître en lui. Parlait-elle d’eux en tant que famille ? Ou parlait-elle d’eux en tant que couple ? Même si le bien-être de Maya primait évidemment sur tout le reste, Carlisle espérait secrètement que la brune avait d’autres desseins les concernant. Quelques mois plus tôt, une petite flamme qu’il pensait définitivement éteinte s’était rallumée en lui. Alors qu’il avait été à deux doigts de l’embrasser, de goûter à nouveau à ses lèvres pulpeuses et tentatrices, Maya s’était indirectement interposée entre eux. Pourtant, l’ancien pilote avait eu le sentiment que Carmina ne l’aurait pas repoussé, s’il avait osé franchir cette barrière de la décence. Attentait-elle de lui qu’il fasse le premier pas ? Attendait-elle de lui qu’il dévoile le fond de sa pensée ? Attendait-elle de lui qu’il s’engage, et fasse état de ce qu’il ressentait ? Les questions tournoyaient dans l’esprit de Carlisle, et ce séjour aux Seychelles ne risquaient pas d’arranger les choses. « Ça s’appelle botter en touche. » Fit remarquer l’Australien avec un sourire amusé, alors que les joues de l’héritière s’étaient colorées d’une délicieuse teinte rosée. Serait-elle gênée, mal à l’aise ? Ça ne lui ressemblait tellement pas ! Il la trouva encore plus craquante que d’ordinaire, et se fustigea mentalement de laisser ses pensées divaguer à ce point. « C’est un bon début. » Concéda-t-il en souriant, alors qu’elle admettait croire en eux. Mais, une fois de plus, cette petite phrase relançait ses spéculations. Bon sang, elle était là, à côté de lui, et leur fille dormait dans la pièce d’à côté. Qu’avait-il à perdre à encadrer son visage de ses mains, à se pencher vers elle, et à goûter à sa bouche ? « Tout. » lui souffla une petite voix intérieure qu’il trouva à la fois cruelle, mais juste. Pourquoi prendre le risque de tout gâcher, alors qu’ils étaient parvenus à apaiser les tensions et à normaliser leur relation ? Pour voir si l’héritière était sensible à ses charmes ? Pour voir si elle accepterait de partager ses draps le temps d’une nuit ? Il voulait plus pour eux. Inconsciente du dilemme et des tracas qui monopolisaient le cerveau de l’Australien, Mina poursuivit ses confidences. Il eut un sourire sincère, et confia : « Moi aussi. » Et sans hésitation. Les yeux fermés. Parce qu’il ne voulait pas se passer de ces quelques heures merveilleuses qu’ils avaient eu à New-York. Parce qu’il ne voulait pas renoncer à son besoin de paternité, et encore moins à Maya, la prunelle de ses yeux. Parce qu’il ne voulait pas que les Seychelles ne restent qu’une destination de rêve lointaine, où personne ne l’accompagnerait. Parce qu’il ne voulait pas ne pas vivre ces moments actuels, à la fois clairs et ambigus, à la fois prometteurs et inquiétants, au cours desquels enfin, les deux adultes consentaient à trouver un terrain d’entente et à accorder harmonieusement leurs violons pour la suite. « Contre toute attente, malgré tous les hauts et les bas par lesquels nous sommes passés… Oui, même en toute connaissance de cause, je referai tout. » Parce que la récompense était trop belle. Maya était née de leurs amours éphémères, et ça, ça avait leur premier (et sans doute plus beau) cadeau. Et on ne savait jamais de quoi l’avenir pouvait être fait — mais ça, évidemment, il se garderait bien de le lui dire. Il ne voulait pas qu’elle interprète mal ses propos, et que ça la fasse fuir. Elle posa son nez contre le bras de Carlisle, et ce dernier, mû par un soudain élan de courage, osa aborder un sujet qui était resté longtemps tabou entre eux : « Mina… » Murmura-t-il contre son front, sans détacher ses lèvres de sa peau hâlée. Il avait peur de croiser son regard, peur de lire le rejet dans ses prunelles. « Est-ce qu’un jour tu voudras bien me parler de ta grossesse ? » Demanda-t-il à voix très basse, sans être tout à fait certain des efforts qu’elle devrait faire pour évoquer cette période de sa vie. « Je ne veux pas que ce soit un fardeau pour toi ; il n’y a aucune obligation, ni aucune pression. » Évidemment, mille questions lui avaient traversé l’esprit quand il l’avait vue changer et s’arrondir, lors de la deuxième partie de sa grossesse. Mais leur relation était compliquée, et l’ancien pilote n’avait simplement pas voulu embêter l’héritière avec ses nombreuses questions. « J’attendrai que ça vienne de toi, promis. » Ajouta-t-il, avant de détacher ses lèvres de son front. « Non seulement tu as le droit, mais je dirais même que tu dois. » Déclara l’ancien pilote en souriant, satisfait de voir que l’héritière s’engageait sur un chemin plus sain, plus vertueux. C’était vrai : ils n’avaient pas à rougir de ce qu’ils avaient fait, ensemble. De ce qu’ils avaient réussi à construire, malgré les obstacles qui s’étaient dressés sur leur passage — et bon sang, qu’ils avaient été nombreux, et difficiles à franchir. Carlisle pensait avoir commis le pire à New-York, quand il avait cédé aux avances de l’héritière alors que sa compagne était restée en Australie. Ce coup de canif, qu’il avait sciemment mis dans la relation qui le liait alors avec Amal, n’avait été que le début d’une longue série de problèmes plus ou moins graves. Ainsi, quelle n’avait pas été sa surprise quand, quelques semaines plus tard, Mina était venue lui apprendre qu’elle était enceinte. Un choc, tant pour elle que pour lui, mais qu’ils n’avaient pas du tout appréhendé de la même façon. Si Carlisle s’était aussitôt senti prêt à assumer ses responsabilités, et à pleinement se satisfaire de son rôle de père, la jeune héritière n’avait pas du tout perçu les choses de cette même manière. Plus ou moins conscient qu’il était complètement responsable de son état (et, indirectement, de son mal-être), Carlisle avait préféré ignorer la réalité. Alors même qu’elle avait trouvé refuge chez lui, il s’obstinait à penser que tout s’arrangerait quand leur fille naîtrait. Naïf ? Probablement. Égoïste ? Sûrement. « On revient de loin. » Concéda-t-il avec un sourire sincère, alors qu’il constatait le chemin qu’ils avaient parcouru. Il laissa échapper un léger rire lorsque la mère de sa fille, comme requinquée par la conversation qu’ils venaient d’avoir, se redressa brusquement pour reprendre là où ils avaient arrêté les festivités. Il resta assis sur le transat, l’observa se mouvoir avec grâce et volupté, et fut subjugué par son naturel désarmant. Cette Mina aux Seychelles ne ressemblait en rien à la Mina qu’il avait rencontré en Australie, et qui avait beaucoup changé au cours des derniers mois. C’était comme si deux facettes d’une même personne cohabitaient, et entraient parfois en collision. À moins que l’Australienne ne soit en pleine mue — et, le cas échéant, Carlisle ne pouvait nier que ces changements qui s’opéraient en elle lui faisaient un drôle d’effet. « Tu ne perds pas le nord. » Dit-il en inclinant légèrement la tête. Sa flûte de champagne, encore pleine, était restée sur la table de la terrasse. Il alla le récupérer, et se retourna finalement vers la mère de sa progéniture. « À quoi veux-tu trinquer, du coup ? » Demanda-t-il, en tendant légèrement son verre vers elle. Il s’arrêta une fraction de seconde avant que les deux flûtes n’entrent en contact, attendant patiemment qu’elle choisisse un thème qu’elle souhaitait célébrer dignement.
@Mina Farrell |
| | | | | | | | the special anniversary (mina&carlisle) |
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