| the special anniversary (mina&carlisle) |
| | (#)Lun 26 Juil 2021 - 8:51 | |
| Jour 4 / Carmina réfléchit suite à la question de Carlisle, quant à ses parents. Comment pourrait-elle être au plus proche de la vérité ? Sur quoi se baser ? Elle soupire, avant de finalement répondre en ajustant les plis de sa longue robe « et bien... » elle marqua une pause, le temps d'hésiter sur la suite. « Mon père et mon frère vivent et respirent pour la boite » commença t-elle à dire, sans aucune surprise. Tout le monde connaissait cette information. « Et ma mère préfère sauver les petits malheureux et les animaux en voie de disparition que de s'occuper de nous » avoua t-elle alors. Cet aveux là, c'était celui qui lui faisait le plus peur. Parce qu'elle partageait le même sang que ces gens là, qu'elle était de leur famille, avec le même ADN et que tous, sans exception, avait choisi leur travail par rapport à leur famille. Mina avait hésité elle et pour cela, elle s'en voudrait toujours. Maya aurait du être sa priorité, avant même sa naissance. Légèrement mal à l'aise, la jeune maman laissa ses yeux se porter sur le décor qui les entourait, ou bien sur des détails qui n'avaient aucune importance, sinon d'être beaux. « On n'a jamais été que nous quatre ensemble, à faire un truc comme... » une sortie au zoo, ou un voyage comme celui-ci par exemple. Le regard de la petite fille blessée qu'elle avait été, et qu'elle était en partie encore aujourd'hui, se perdit sur le bois qui constituait cette maison. Sa main se posa sur le matériaux, chauffé par le soleil d'ici. « Il y avait toujours une raison professionnelle à tout... il... que ça soit les gens que l'on nous présentait, à ce que l'on faisait, à ce que l'on disait aussi... » tout était prévu selon une thématique : se faire bien voir du monde, gagner en popularité, pour faire de la publicité pour l'entreprise. Parler d'amour, de peine, d'erreur, parce que la vie proche des autres humains y ressemble. Les Farrell eux, sont restés à bord de leurs avions, ne posant plus jamais le pied sur le sol des réalités. « Bref » conclut-elle finalement, le regard bas. Sa main traduisait sa nervosité, alors que les jeunes parents se rapprochaient, autant physiquement que mentalement. De plus en plus, ils pouvaient réellement apprendre à se connaître, à parler des sujets qui fâchent, des sujets qui interpellent, des sujets qui résonnent en écho dans leur propre vie de parent. Ils veulent ce qu'il y a de mieux pour leur fille, ici et maintenant et surtout, dans l'avenir. C'est une évidence. Ils sont aussi conscients des dangers, des erreurs qui leur ont fait du mal eux-mêmes étant enfants. Alors se sentir autant en osmose avec Carlisle, c'était à la fois rassurant bien sûr que oui. Mina se disait que la vie avait fait en sorte, tout de même, que le père de sa fille soit proche de ses idées profondes personnelles. Et c'était pour cela qu'ils se rapprochaient à vue d'oeil depuis leur arrivée ici. Ils se sentaient proches. Par leur passé, leurs failles, leurs peurs, leurs expériences... Carlisle était plus âgé, il avait plus d'expérience sur beaucoup de choses, une génération au minimum les séparait et pourtant, ils formaient une équipe. Mina avait ce sentiment, alors qu'ils étaient assis sur ce transat, sa main enroulée presque autour du bras du pilote. Et puis finalement, Carlisle posa une nouvelle question. A son écoute, le cœur de Mina se serra. Elle se décolla de Carl, se fermant un peu sur elle-même, se tenant alors légèrement moins courbée et surtout, le regard fuyant sur les planches de bois. Pourquoi devait-il aborder ce sujet-là, ici ? Ils étaient à l'autre bout du monde, ils étaient biens -du moins elle l'était- et clairement, aborder ne serait-ce qu'un peu ce sujet-là, ici... non. Elle n'en avait pas envie. Elle ne voulait pas ressentir ce long et dérangeant frisson dans son dos à l'évocation du mot « grossesse ». Elle ne voulait pas de ce sentiment de culpabilité qui rongeait ses veines, qui tambourinait son cœur, qui scellait la vérité à la fois dans son cœur et dans sa mémoire. Parce qu'elle l'avait vécu, tout avait prit forme physique, pendant neuf longs mois. Elle cligna des yeux, serra les dents sans s'en rendre compte, ses gestes devinrent plus nerveux. Ok, elle avait entendu sa requête. Il voulait savoir. Maintenant qu'elle avait cette information, ils pouvaient arrêter de penser à tout cela ? Elle hocha positivement la tête mais elle n'était même pas convaincu. Elle faisait surtout ça pour qu'il pense que oui, pour qu'il arrête d'aborder ce sujet-là. Son seul objectif à elle, en tant que maman traumatisée, c'était d'oublier. D'enterrer ce sujet, toutes les émotions ressenties, toutes les pensées qu'elle avait eu dans son esprit et ne jamais sortir tout ça de là où s'était caché. Pour quelle raison ? Parce que sa vérité à elle, elle fait trop mal. Comment Carmina pourrait avouer à l'homme qu'elle aime, à l'homme devenu le père de sa fille, à l'homme qui l'a forcé à garder ce bébé qu'aujourd'hui elle aime plus que tout ; qu'elle l'a détesté du plus profond de son être ? Qu'elle l'a maudit, qu'elle l'a haï, qu'elle lui en a voulu. Carlisle a fait d'elle un objet de consommation, une poule pondeuse. Il l'a réduit à ce qu'une femme doit faire selon les hommes et la société machiste d'aujourd'hui et d'hier : faire un bébé et bien fermer sa gueule. Non. Elle ne peut pas lui balancer cette vérité là en face. Elle le connait, elle sait que c'était une maladresse, que Carlisle n'est pas comme ça, ni mauvais. Pourtant, il s'est mal comporté avec elle, il l'a reconnu seul et il s'est excusé. N'est-ce pas tout ce qui compte aujourd'hui ? Pourquoi remuer les choses douloureuses, encore et encore ? Pourtant, une partie de son esprit se dit que c'est sans doute comme ça qu'il faut faire évoluer les choses et les mentalités. Il fallait changer de sujet, et vite. Elle n'était pas à l'aise, elle ne voulait pas qu'ils parlent de tout ça, elle voulait qu'ils redeviennent ces parents sur ce ponton de bois, en vacances, après la journée d'anniversaire de leur fille réussie. Bien sûr qu'ils revenaient de loin, leur histoire était même incroyable. Mais parfois, il y a des histoires nécessaires à l'intrigue, qui doivent rester dans l'ombre, dans l'imagination, dans le flou. Il n'est pas utile de tout écrire noir sur blanc, en lettre capitale. Parfois les mots que l'on écrit pas ont même plus de force. Main dans la main au début, la jeune maman avait préféré se lever du transat, les pieds chauffés par le bois de la terrasse, la main remontant légèrement sa robe afin de ne pas marcher dessus. Elle voulait changer de sujet, revenir à quelque chose de plus léger, de plus joyeux, et Carlisle fut assez vite amusé par tout ça. Elle avait cherché la flûte de champagne de Carlise des yeux, le suivant alors jusqu'à la table pour l'observer. Elle se tourna une seconde pour observer sa propre flûte, avant de se rendre compte qu'il était déjà juste là, prêt d'elle. Une seconde, elle leva son verre, croisa son regard. Son cœur loupa un battement, elle le trouvait si beau. Elle aurait pu l'embrasser, là, tout de suite, maintenant. Ils avaient un baiser en suspens, depuis le zoo. Est-ce qu'elle avait le droit de l'embrasser ? Juste chastement, juste en posant ses lèvres sur les siennes ? Son cœur s'emballait, alors qu'il attendait qu'elle trouve quelque chose à dire, pour trinquer. Elle ne réfléchi pas, sa réponse fut rapide, presque murmurée et touchante « à nous, à... à notre famille » avec un léger sourire aux coins de ses lèvres. Elle attendit qu'il vienne entrechoquer doucement son verre dans le sien, et sans qu'elle ne s'en rende compte, sa main à elle s'était doucement posée sur ses côtes à lui. Et là, alors qu'elle ne s'y attendait pas, se fut la voix de Maya qui les extirpa à nouveau de cet arrêt sur image. Le regard de Mina croisa celui du père de sa fille, se demandant pourquoi est-ce qu'elle ne dormait pas ? Elle l'avait elle-même mise dans son lit en rentrant de la plage parce qu'elle s'était endormie, alors que se passait-il ? Ils échangèrent quelques mots, avant qu'elle n'aille voir ce qu'il se passait dans sa chambre. Maya était là, en train de pleurer, assise dans son lit « mon bébé » souffla alors Mina lorsqu'elle ouvrit la porte de sa chambre, laissant la lumière éclairer une petite Maya rougie par ses larmes, en sueur, dans son lit. Mina s'approcha alors de leur fille, laissant sa main venir caresser son visage et ses cheveux « oh tu as chaud » lança t-elle alors en prenant sa fille dans ses bras. Sa peau était brûlante, moîte, humide. Mina dansa alors doucement, pour essayer d'apaiser les pleurs de sa fille. Elle avait besoin qu'on la change, qu'on la rafraîchisse et qu'on essaye de la recoucher. Mais la journée avait été longue et pleine de surprise, il était normal pour ce petit bébé de ne pas se coucher aussi facilement.
Jour 6/ |
| | | | (#)Ven 30 Juil 2021 - 21:48 | |
| Jour 4. « C’est idiot. » Fit remarquer Carlisle en haussant les épaules. Conscient qu’il venait de porter un jugement de valeur strict et sans appel sur les deux hommes qui avaient dû (ou auraient dû, il ne savait pas très bien) être des repères pour la jeune Carmina Farrell, l’ancien pilote tempéra ses propos. « Je veux dire… Je comprends. Mais il y a autre chose dans la vie qu’une entreprise. » Aussi puissante puisse-t-elle être, ce qui était clairement le cas de Cathay Pacific. Les Farrell n’avaient plus rien à prouver ; leur compagnie aérienne régnait en maître sur l’Océanie. Ce qui, apparemment, n’était pas suffisant pour eux. Carlisle secoua la tête, alors qu’un sourire désabusé venait étirer ses lèvres. En fin de compte, peut-être que les Farrell et les Bishop pourraient trouver un terrain d’entente. Ils étaient faits du même bois, et semblaient prêts à tout pour arriver à leurs fins. « Et elle n’a jamais vu que sa fille était peut-être la première personne à sauver ? » Demanda l’ancien pilote à voix basse, alors que son index et son majeur venaient emprisonner une mèche de cheveux rebelle, qui barrait le visage de la brune. Il la rejeta, mettant les traits du visage de Mina à nu. Elle lui dévoilait une facette d’elle secrète, qu’elle n’avait pas dû montrer à grand monde. Une femme qui manquait d’assurance, qui avait des failles et des faiblesses enfouies. Mais qui faisait de son mieux pour s’en sortir, et qui s’acharnait quand la vie lui jouait de drôles de tours. C’était une force de la nature, et Carlisle se sentait privilégié qu’elle soit devenue la mère de sa fille. « C’est un peu cruel. » Concéda Carlisle en faisant la moue. Contrairement à lui, elle avait eu la chance d’avoir un frère, une mère et un père présent dans son entourage. Des gens sur qui elle aurait pu compter, des gens qui auraient pu être présents pour elle. Malheureusement, ça n’avait pas été le cas, et l’amertume qui se dégageait des propos de Mina ne trompait pas le fils Bishop. Elle avait morflé, et sans doute morflait-elle encore. Et la déception était probablement plus dure à digérer, puisqu’elle avait été entourée de personnes défaillantes. Carlisle, lui, n’avait eu que son père à blâmer. Et ça avait été bien suffisant. « Allez, fais-moi rêver : s’ils ont toujours tout manigancé à ce point, qui étais-tu supposée épouser avant que je ne vienne mettre le bordel dans ta vie ? » Demanda-t-il, sur un ton forcément ironique. Les parents Farrell avaient-ils été jusqu'à suggérer à la brune de se mettre en couple avec tel ou tel homme ? Avaient-ils eu pour projet de marier leur fille à un intéressant parti de Brisbane, du Queensland, voire même d’Australie ? Carlisle attendait et redoutait en même temps la réponse de l’héritière. Même si elle n’avait jamais souhaité s’étendre spécifiquement sur le sujet, Carlisle avait su lire entre les lignes : les parents de Carmina n’avait pas du tout vu d’un bon oeil la grossesse surprise de la cadette. Le rejet avait été suffisamment violent pour que Carmina vienne trouver refuge chez lui, alors que son ventre légèrement arrondi ne laissait plus de place au doute. Il l’avait accueillie sans poser la moindre question, se promettant d’y revenir plus tard — mais à quoi bon ? La douleur avait dû être vive, et l’ancien pilote ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie. Surtout qu’il savait très bien qu’il était, avec Mina, le seul et unique responsable de ce foutoir. Il baissa la tête, et chercha à capter le regard de la brune. « On n’est pas comme eux, tu sais. » Murmura l’ancien pilote en esquissant un sourire qui se voulait rassurant. Il n’était pas certain de convaincre Mina ; mais puisqu’il savait qu’elle l’écoutait, il prit le temps de poursuivre. « Et je pense qu’on ne le sera jamais. » Ajouta-t-il en haussant les épaules. Ils partageaient peut-être le même sang que leurs géniteurs, mais leur mentalité et leur moralité étaient différentes en tout point. « À quoi bon les millions et la gloire, quand on rentre et qu’on est seul ? » Cette question était purement rhétorique ; pour Carlisle, la réponse était évidente. Rien. L’homme le plus riche de la terre était-il le plus heureux ? Probablement pas. Et le plus célèbre ? Même supposition. Bien sûr, il ne niait pas que l’aisance financière facilitait la vie ; mais à choisir entre sa fille et son compte en banque, il n’hésiterait pas un seul instant. « Regarde-nous ; c’est vrai que ce n'est pas parfait… » Commença le fils Bishop. Euphémisme, quand tu nous tiens : leur fille était le résultat d'une nuit de plaisir et d’insouciance, leur relation avait longtemps été chaotique, et ils avaient passé une bonne année à n’échanger que pour parler de Maya. « Mais maintenant que la paix et la sérénité sont revenues, je ne troquerais ces moments précieux contre rien au monde. » Parce qu’il se sentait bien, là, aux Seychelles, en compagnie de sa fille et de Carmina. Parce qu'il était soulagé, apaisé, et d’humeur légère. « Tu verras. Le temps te prouvera que j'ai raison. » Et il le disait sans pression, sans le moindre doute, sans qu'il ne soit question d'avoir la grosse tête. Il était tellement convaincu de ce qu'il avançait que ça frisait l'insolence. Dans un excès de confiance, il frôla la correctionnelle en demandant à Mina de lui parler, un jour, de sa grossesse. Il perçut immédiatement le changement : elle se redressa imperceptiblement, et son visage se ferma. Visiblement, il s'agissait d'une partie de sa vie qu’elle préférait taire, ou oublier. Pour Carlisle, il s’agissait de quelques mois de profonds regrets, qu'il n'osait pas exprimer. Il savait qu'il n'avait pas été un gentleman ; il avait d'ailleurs présenter ses excuses à ce sujet. il ne demandait pas à Mina de le pardonner — jamais il ne se permettrait une telle requête. Mais un jour, probablement, il lui dirait ce qu’il ressentait. Que quand elle avait vécu chez lui et qu’il avait vu son ventre s'arrondir de semaine en semaine, il avait crevé d’envie de partager ces moments avec elle. De poser sa paume, son oreille et ses lèvres sur sa peau tendue, qui abritait alors le fruit de leurs amours. Qu'il avait espéré qu’elle lui parle, qu'elle lui dise ce qu’elle ressentait — ses joies comme ses peines, ses peurs comme ses espoirs, ses inquiétudes et ses certitudes. Qu’il l’avait trouvée belle, belle à se damner. Comme un peu trop souvent ces derniers temps pour son propre bien, d’ailleurs. « À notre famille. » Répéta-t-il en inclinant légèrement la tête. Il accueillait volontiers cette célébration, heureux et fier comme jamais il ne l’avait été jusqu’à maintenant. Leurs verres tintèrent machinalement et, alors qu’ils s’apprêtaient à boire une énième goutte de ce champagne, Carlisle se sentit intérieurement vaciller. Pas physiquement, non : émotionnellement. Était-ce en raison de la main délicate de Mina, qui s’était posée sur ses cotes ? À moins que ce ne soit ce pas qu’elle avait fait pour se rapprocher de lui ? Ou sa subtile odeur vanillée, qui venait chatouiller ses narines ? Ou peut-être son regard brun, qui semblait le transpercer ? Il resta immobile, attendant que l’héritière joue son deuxième mouvement. Qu’elle dévoile une partie de son jeu, tout comme lui l’avait fait quelques mois plus tôt, après leur sortie au zoo. Ce jour-là, ses lèvres avaient été à quelques malheureux millimètres de capturer celles de Carmina. Mais Maya avait choisi cet instant précis pour se manifester — et, Carlisle devait bien l’admettre, il avait intérieurement pesté pendant une seconde contre sa fille avant de se reprendre. Son bébé n’avait pas conscience des jeux d’adultes qui se tramaient, à quelques mètres à peine d’elle. Elle ne pouvait pas déchiffrer les regards brûlants que son père laissaient traîner sur le corps voluptueux de la femme qui l’avait mise au monde. Elle ne pouvait pas comprendre les sous-entendus plus ou moins clairs, plus ou moins évidents que les deux parents échangeaient régulièrement. Elle ne pouvait pas non plus savoir que ses parents, abîmés par la vie, abîmés par les choix qu’ils avaient fait, abîmés par les craintes qu'ils pouvaient encore avoir, avaient besoin de temps et d’espace pour se retrouver. C’était en tout cas le chemin que leur relation semblait prendre, même si aucun des deux n’avait encore esquissé le moindre rapprochement physique. Il s’imaginait naïvement que Mina était sur le point de mettre un pied sur la ligne blanche qu’ils avaient tracé entre eux mais, une fois de plus, leur progéniture s’interposa de la plus douloureuse des manières. Des pleurs, forts, violents, qui vinrent sortir les deux adultes de leur bulle. Et voilà qu’ils restaient là, tous les deux, face à face. Silencieux, muets, et interdits. Quand Carmina lui fit savoir qu’elle allait aller voir si tout se passait bien, Carlisle avait simplement hoché la tête, abdiquant en même temps. Il avait soupiré de frustration, puis sifflé sa coupe de champagne, préférant s’étourdir avec l’alcool que de grommeler sur son sort — maudit, vraisemblablement. Il avait attendu quelques secondes, puis quelques minutes sur la terrasse que la mère de sa fille vienne le rejoindre. Mais le temps s’écoulait, et l’Australienne ne revenait pas — faisant progressivement naître l’inquiétude chez Carlisle. Il plongea un pouce dans sa bouche, et grignota mécaniquement le bout de son ongle. Il détestait l’incertitude, il détestait ne pas savoir. Carlisle, éternel anxieux, gérait mal le silence des deux brunes. Il soupira, vida son verre, et avança d’un pas rapide vers la chambre de Mina. Une fois sur le seuil, le spectacle auquel il eut droit le fit tressaillir d’émotion. Mère et fille debout, enlacées, dansant avec douceur et tendresse. Il s’accouda dans le chambranle de la porte, les regarda dans le silence, et goûta aux joies simples d’enfin goûter à un bonheur amplement mérité. « Est-ce que tout va bien ? » Demanda Carlisle en voyant Mina danser lentement dans la chambre, leur fille serrée contre sa poitrine. Il s’approcha d’un pas, et hésita : il ne voulait pas que l’héritière s’imagine qu’il ne la pensait pas capable de gérer toute seule. À vrai dire, s’il avait eu des doutes, ils étaient désormais complètement dissipés : leur voyage aux Seychelles lui avait définitivement confirmé ce qu’il avait présupposé jusqu’alors — Mina était une bonne mère pour leur fille. Vigilante, attentive, et débordante d’amour pour ce petit corps qu’elle tenait contre elle, telle une mère louve. N’y tenant plus, Carlisle combla la maigre distance qui le séparait encore des deux femmes, et caressa le dos de sa fille du bout des doigts. Il fit la moue en sentant qu’elle était moite, et murmura : « Je reviens. » Il retourna dans sa chambre, prit une petite serviette de bain qui traînait dans le placard sous le lavabo, et la mouilla d’eau froide. Il retourna ensuite dans la chambre de Mina, et déposa cette couverture de fortune sur les épaules humides de sa fille. « Ça va aller, mon amour. » Souffla-t-il, déposant ses lèvres dans les cheveux trempés de Maya. Il chercha machinalement Mina du regard, souhaitant s’assurer que tout allait bien. « Tu devrais peut-être rester avec elle. » Suggéra l’ancien pilote, sa main posée dans le dos de sa fille. Ses doigts pianotaient instinctivement sur sa peau mouillée. « Ta présence a l’air de l’apaiser. » Ce qui ne faisait que confirmer à Carlisle ce qu’il pensait : l’héritière Farrell, qui n’avait pas été préparée à endosser ce rôle de mère, se débrouillait comme un chef. Il effleura le poignet de l’Australienne, qui maintenait toujours sa fille contre elle, et se détourna pour quitter la pièce.
Jour 6.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Dim 1 Aoû 2021 - 12:29 | |
| Jour 4 / A la question posée par le père de sa fille, Mina baisse la tête, honteuse. Dessinant un « non » par les mouvements coupables de sa tête, la jeune femme essaie de ne pas repenser trop longtemps à tous ces moments de solitude qu'elle avait du subir durant sa jeunesse. Son père et son frère ne cessant de faire des rendez-vous, des séminaires, des voyages pour rencontrer ceux qui reprendraient les commandes de toutes les entreprises que leurs pères avaient fondées avant eux. Mina se souvient de tous ses déplacements, elle n'était jamais prévenue de rien. On ne lui disait rien. De toutes façons, quand ils étaient à Brisbane, c'était surtout pour siéger à l'entreprise ou alors pour préparer des stratégies ensemble pour l'avenir. Quant à sa maman, elle fuyait la maison. Désormais, Mina connaissait l'existence de sa sœur, Noa ; et la jeune femme remettait en question toute l'identité et la sincérité de sa mère. Alors non, elle n'avait pas spécialement envie de se replonger dans cet obscurantisme dans lequel elle a failli sombrer à de trop nombreuses reprises. Carlisle trouve cela cruel, et inconsciemment, cela soulage le cœur de la jeune fille présente dans ce corps de femme. Il comprend. Les sentiments qu'elle éprouvait alors à l'époque : de tristesse, de culpabilité de ne pas être une enfant que l'on aime ou avec laquelle on souhaite passer du temps, de solitude sont enfin reconnus. Bien sûr que oui c'était cruel, mais la jeune femme n'avait connu que cela, d'où cette impression pour les autres qu'elle soit quelqu'un de fort. Elle ne l'était pas naturellement, elle l'était devenue, n'ayant pas d'autre choix pour survivre. A la nouvelle question de son ancien amant, Mina releva les yeux vers les siens, y voyant le soleil décliner dans une beauté océanique à couper le souffle. Et son souffle fut coupé, une seconde. Bien sûr que oui, ses parents avaient prévu cela aussi mais pour le coup, la jeune femme esquissa un sourire, le regard malicieux. Elle haussa d'abord les épaule, laissant ses mains se joindre ensemble comme si elle était un peu nerveuse. Carlisle connaissait la personne avec laquelle ses parents avaient voulu la caser. Il était pilote, et il avait donc conscience des gens travaillant dans cet univers. Mina enfonça son regard dans celui de son amant, toujours un sourire aux lèvres et lui répondit alors « le fils Fyfe* » avant de laisser son regard glisser sur le décor derrière Carlisle. Elle fit baisser son visage, laissa ses cheveux glisser devant elle, les rattrapant par un mouvement de main, jusqu'à la replacer en arrière sur son crâne. « Mais tu me connais » elle rigola en haussant les épaules « j'ai vite comprit que ce domaine là, c'était le seul dans lequel je pouvais leur foutre vraiment la honte » avoua t-elle. Et tant pis si elle n'avait été qu'une sale gosse et que sa réputation n'ait pas été totalement créée dans le vent par les magasines. Aujourd'hui, elle payait le prix, et il était très cher d'ailleurs. Mais à côté de cela, Mina avait réussi à obtenir une forme de liberté, la seule et unique qu'elle avait pu avoir. Et au départ de cette liberté sentimentale retrouvée, elle avait pu obtenir la liberté qu'elle avait aujourd'hui et qui deviendrait totale dans quelques mois. Un sourire plus serein imprima ses lèvres « j'ai surpris une conversation un jour et Arold avait préparé notre rencontre avec ce gars-là » qui devait se faire en Nouvelle-Zélande, pays où siégeait cette compagnie aérienne. « Je savais que si je ne faisais rien, ça allait vraiment se passer » elle haussa les épaules « alors j'suis partie à New-York » avoua t-elle à demi-mots. Est-ce que Carlisle connaissait ce détail ? Que finalement, il ne semblait presque pas y avoir de hasard. Mina sourit alors doucement, avant d'écouter son ancien amant. Son sourire se voulait rassurant et elle croyait également aux paroles qu'il délivrait. Bien sûr que non, elle ne deviendrait jamais comme ses parents, ou comme son frère Arold. Jamais. Et c'était bien pour cela que sa vie était chaotique en ce moment, que tout partait en vrille. Il fallait que tout soit détruit, anéanti, pour qu'elle puisse y construire quelque chose de sûr, de fort, de solide. Et elle savait, là tout de suite maintenant, que Carlisle serait à ses côtés. Peu importe comment leur relation évoluera, il ne l'abandonnera pas. Et avoir cette certitude lui redonnait de la force, encore plus de force. « On ne sera jamais comme eux » lui répondit-elle comme une offrande à ses dires. Pourtant, à sa nouvelle question, elle se le demanda bien. Qu'est-ce que ses parents avaient dans l'esprit et dans le cœur ? Que recherchaient-ils si fortement dans la reconnaissance des autres ? Dans la réussite professionnelle ? Dans l'image sociale parfaite qu'ils semblent passer toute une vie à broder, ne laissant aucunement la place pour un nœud, ou un fil perdu. Elle haussa les épaules, ne préférant même pas connaître la réponse finalement. Avait-elle conçu par amour ? Elle se posait la question. Son père était si froid, si égoïste et sa mère... elle semblait la détester elle personnellement. Comme si peut-être elle était le fruit d'une relation non voulue, ou d'une grossesse non désirée qu'on lui avait forcé à avoir ? Mina releva les yeux à cette idée, croisant celui de son amant. Allait-il voir ce trouble dans ses yeux, alors qu'elle imaginait avoir vécu ce que peut-être, sa mère avait vécu avec elle ? C'était effrayant d'imaginer être finalement, beaucoup plus proche de sa mère qu'elle aurait pu le penser. « Peut-être qu'ils ne me voulaient pas ? » souffla t-elle alors. Elle essaya de sourire, puis bougea un peu pour se sortir tout ça de la tête. Pas la peine de penser à tout ça, on pourrait refaire le monde en imaginant tout ce qui aurait pu, ce qui a été et ce qui sera. Lorsque Carlisle évoqua l'avenir, leur avenir, elle sourit. Sincèrement. Elle préférait être submergée par ses créations là, plutôt que sur les souvenirs douloureux de son passé. Elle aussi, elle avait cette certitude, cette confiance en eux pour la suite « j'en doute pas une seule seconde » répondit-elle doucement, confiante. Et il était de plus en plus rare de la voir aussi confiante d'ailleurs. Trinquer à leur famille, à ses retrouvailles -parce qu'en réalité, il s'agissait aussi de cela- devint alors presque symbole d'une cérémonie célébrée. Comme une promesse, un aveux, un murmure intime crié à l'univers. Yeux dans les yeux, sourire aux lèvres, la jeune maman bu son champagne, avant que finalement, son regard, son corps et son esprit ne soient happés par Carlisle. Comme s'il était l'astre auprès duquel elle ne pouvait que rayonner. Alors durant quelques secondes, elle oublia tout, jusqu'à son environnement même. Il n'y avait que lui, tandis que son cœur semblait enfin apaisé. Mais là, un cri, des pleurs et des gémissements tristes se firent entendre, venant sortir Mina de force immédiatement. Maya. Mina posa sa coupe et alla voir sa fille. Une fois dans les bras, réalisant qu'elle avait chaud et qu'elle n'avait pas les bonnes conditions pour s'endormir, Maya ne cessa pas ses pleurs. La voix de Carlisle se fit ensuite entendre, laissant la maman quitter sa fille des yeux, toujours dans ses bras, pour les poser sur le pilote. « Elle a vraiment très chaud » lui expliqua t-elle alors, ne sachant pas trop comment la rafraîchir sans la réveiller, ou sans la rendre malade demain. Il s'approcha, Mina cru retenir son souffle à mesure qu'il réduisait la distance entre eux. Alors qu'il posait sa main dans le dos de leur fille, Mina l'observait et elle continua de le faire alors même qu'il quittait la chambre, revenant un peu après que le bruit de l'eau se soit fait entendre. Mina essayait de calmer sa fille, réussissant à calmer ses pleurs. L'avoir sorti de son lit était une bonne idée pour commencer et lorsqu'elle vit Carl revenir avec le linge humide, elle se senti un peu mieux. Il avait trouvé une solution, toute simple, à laquelle elle n'avait pas pensé. Et c'était une très bonne idée en plus, alors elle se sentait elle aussi apaisée. Alors, Carlisle approcha ses lèvres du crâne de leur fille, la rassurant d'un baiser, tandis que son regard se figea dans celui de Mina. A l'entente de ces mots, avec son regard planté dans le sien, Mina senti son cœur exploser dans sa poitrine. Il ne lui parlait pas à elle, mais elle en avait l'illusion. Une illusion aussi parfaite que douloureuse. L'une de ses mains sur les cheveux de sa fille, caressait machinalement les fines mèches de cheveux humides de sa progéniture, tandis que le pilote cherchait à s'éclipser. Pourquoi ? Mina senti une vague en elle, elle ne voulait pas qu'il parte, il n'avait pas à partir. Sa voix résonna alors, doucement, comme presque une supplication autant qu'il était finalement question d'une proposition « restes avec nous ». Il n'avait pas à les laisser, ils pouvaient être tous les trois. Mina avait besoin de ces moments ensemble, comme ils le faisaient parfaitement ici depuis leur arrivée. A la maison, Carlisle s'éclipsait désormais trop au goût de la jeune maman. Trouvant désormais le regard du père de sa fille, elle avait envie de lui dire à quel point sa présence à lui, l'apaisait elle. Mais non. Elle ne réussi pas à le dire. « Tu as faim ? » proposa t-elle alors à Carlisle. « Je peux nous préparer un truc, le temps que Maya se calme un peu ? » rempli d'espoir.
Jour 6 / Se laissant alors tomber sur son corps à lui, sentant ses larges mains ne pas lâcher son corps encore tremblant sous le plaisir, sentant ses caresses, tandis qu'il embrassa son crâne, lui faisant fermer les yeux. Elle les ouvrit pour plonger son regard dans le sien, alors que leurs souffles ne s'étaient pas encore calmés. Dehors, la pluie tombait encore et un énorme coup de tonnerre résonna, faisant trembler le corps de Mina, différemment cette fois-ci. Sans s'en rendre compte, elle se serra davantage encore contre le corps du père de sa fille, se lovant parfaitement contre lui, déposant son crâne contre son épaule, près de sa nuque. Ses mains posées sur lui, sur son cœur qui frappait sa paume de main, ses jambes mêlées aux siennes. Elle n'avait pas envie de le quitter, de se séparer de lui, de ne plus sentir sa présence, sa chaleur, son cœur, sa respiration à côté d'elle. Rapidement, alors qu'ils ne disaient plus rien mais que leurs respirations résonnaient ensemble, cherchant à se calmer, Mina senti les caresses de son amant du bout des doigts. Elle ferma les yeux, profitant de tout ce qu'elle pouvait ressentir. Ses doigts caressaient doucement et lentement la peau de son amant, tandis qu'elle nageait au milieu de tout l'amour, de toute la sérénité que ce moment lui offrait, en plus du plaisir. Ils s'étaient retrouvés. Enfin. Elle n'y croyait pas. Il l'aimait, elle l'avait ressenti, elle le ressentait. Elle se colla encore plus à lui, cherchant à ce qu'il la tienne encore plus fort contre lui. Ils n'avaient pas besoin de mot, alors elle embrassa la peau accessible à ses lèvres, de tendres et légers baisers, les yeux encore clos. « Tiens moi fort » souffla t-elle alors simplement, sentant la fatigue enivrer son corps. Il n'y avait que de l'amour en elle, que de la douceur, que les plus belles pensées et sentiments positifs en elle. Tout le reste avait été chassé, loin, fort, et elle n'avait même plus conscience que tout cela existait encore quelque part. Ce soir non, c'était lui et elle, tout simplement. Elle avait trop attendu ce moment, elle l'avait trop espéré, elle l'avait trop longtemps rêvé pour ne pas en profiter simplement par ce qu'il offrait de plus vrai. Sentant qu'elle pourrait s'endormir comme ça, bercée par ces sentiments d'amour, après cet orgasme, elle ne voulait rien contrôler. Elle ne voulait pas chercher à contrôler ce qu'ils avaient réussi à créer ensemble ce soir.
* fils de Rob Fyfe, ancien PDG de Air New Zealand. |
| | | | (#)Mar 10 Aoû 2021 - 11:50 | |
| Jour 4. Les lippes de Carlisle s’étirèrent en un sourire amusé, qui se mua rapidement en un éclat de rire incontrôlé. Il trouvait le choix des Farrell à la fois parfaitement cohérent, et en même temps complètement absurde. Et, surtout, il devait bien reconnaître que sa surprenante réaction était due à un brin de nervosité ; ce projet avait-il été d’actualité ? Ou l’était-il encore ? L’héritière de Cathay Pacific n’avait pas l’air de sous-entendre que cette union, plus de deux fortunes que de deux êtres, était encore dans les projets des Farrell. Mais qu’en était-il réellement ? Il chassa rapidement cette question de son esprit, préférant se focaliser sur ce qui était sûr, ce qui était actuel, ce qui était réel : Carmina, face à lui, aux Seychelles. Carmina, qui rejetaient ses cheveux en arrière avec naturel et décontraction. Carmina, qui ne réalisait pas que son ancien amant la dévorait des yeux, alors que la jalousie le grignotait. « Au moins, ils avaient choisi quelqu’un de plutôt… Mignon. » Concéda l’ancien pilote, en faisant une moue qui en disait long. Intérieurement, il énuméra toutes les différences visibles qu’il pouvait noter entre le fils Fyfe et lui : l’âge, la couleur des cheveux, la différence de gabarit. « Et il paraît qu’il est sympa. » Ça le bouffait de le dire à voix haute, mais c’était la stricte vérité. Il était d’ailleurs bien placé pour en témoigner, puisqu’il avait rencontré le fils prodige à quelques reprises — et à chaque fois, il lui avait fait bonne impression. Mais aujourd’hui, la balance venait de s’inverser. Malgré lui, il sentait ses entrailles se nouer au plus profond de son être. Malgré lui, il ne pouvait s’empêcher de ressentir une désagréable pointe de jalousie le titiller. Et il avait beau se montrer rationnel, rien n’y faisait : savoir que Mina avait jadis été promise à un autre lui faisait réaliser qu’à tout moment, il pouvait la perdre. À tout moment, la mère de sa fille pourrait refaire sa vie. « Le moins que l’on puisse dire, c’est que tu as eu de la suite dans les idées. » S’il n’avait pas suivi toutes les frasques et autres scandales provoqués par la jeune héritière, cette dernière n’avait jamais cherché à mentir sur ses débordements nocturnes. Le sourire qui était fièrement affiché sur les lèvres de la brune ne le trompait pas ; elle était satisfaite de toutes les conneries qu’elle avait pu faire pour mettre les siens dans l’embarras. Son père et son frère avaient parfois dû s’arracher les cheveux, ou lui crier dessus — sans savoir que c’était exactement le but recherché. Mina Farrell était diabolique, et le fils Bishop devait bien reconnaître que ça lui plaisait. Il allait lui demander ce qu'elle avait fait pour se soustraire à cette rencontre arrangée, mais elle enchaîna automatiquement. Son coeur manqua un battement, et il baissa légèrement les yeux. « New-York, hum ? » Il n’attendait aucune confirmation de sa part ; il savait qu’ils faisaient référence à la même chose. Il n’oubliera jamais New-York, et les heures précieuses qu’ils ont passé ensemble. À vrai dire, il lui suffit de fermer les yeux pour se souvenir très précisément de chaque détail, de chaque geste, de chaque mot échangé. Ses sens ont été altérés, et le temps a fini par lui faire oublier l’odeur de sa peau, la chaleur de son corps, et la douceur de ses lèvres sur les siennes. Mais, par chance, ses souvenirs ne lui font pas défaut. Par chance, il revoit encore ses yeux chocolats brillants de désir, d’émotion, de lubricité. Il revoit encore ses mains se planter sur son torse, ses cheveux glisser de part et d’autre de son visage, alors qu’elle se penchait pour l’embrasser. Il revoit aussi le rayon de soleil matinal qui éclairait le bassin partiellement dénudé de celle qui allait devenir la mère de sa fille. Et il sait, au plus profond de lui-même, qu’il est foutu. Que malgré tous ses efforts, malgré toute sa rationalité, malgré toutes les épreuves, son esprit et son coeur n’ont jamais quitté cette chambre d’hôtel, qui offrait une vue exceptionnelle sur le quartier de Manhattan. « S’ils ont à nouveau de pareilles idées… » Commença Carlisle, alors qu’un sourire passait sur ses lèvres. Il savait qu’il allait outrepasser les règles de bienséance, qu’il allait mettre les deux pieds dans le plat. Mais c’était pour la bonne cause — et qui sait, peut-être que Carmina saurait déchiffrer le sous-entendu qu’il s’apprêtait à lui faire. « Appelle-moi. Je t’aiderai à tout foutre en l’air à nouveau. » Mais il serait peut-être moins radical dans sa méthode, cette fois-ci ; il n'était pas sûr du tout que Mina soit partante pour vivre une deuxième grossesse. Mais les deux Australiens feraient preuve d’ingéniosité et d’inventivité ; tous deux avaient été suffisamment blessés et meurtris par leur famille pour se laisser à nouveau battre. « Non. » Confirma-t-il avec un sourire léger, mais sincère. Il secoua la tête, et ajouta : « On ne sera jamais comme eux. » Ce n’était pas que des mots, balancés au hasard ; non, c’était une promesse. Une promesse solennelle. « Mina… » Souffla-t-il du bout des lèvres, ne sachant pas réellement comment réagir. Il n’avait pas les mots pour la rassurer, pour la consoler. Il avait envie de passer ses bras autour de son cou, et de la serrer contre lui jusqu’à ce qu’elle ne se pose plus la moindre question. Mais un tel rapprochement était-il opportun ? Sans doute pas ; cela ne ferait que complexifier leur situation, déjà suffisamment singulière comme cela. « Ne crois pas des choses comme ça. » Murmura-t-il, serrant ses mains dans les siennes. « Ça ne te consolera sans doute pas de tes peines, mais… Moi, je suis content qu’ils t’aient eue. » Ajouta-t-il, ses doigts s’entrelaçant le temps de quelques secondes avec les siens. Le contact fut cependant rapidement rompu par l’ancien pilote, qui sentait qu’il courait à sa propre perte. Les deux parents choisirent donc d’aller trinquer — ce qui était donc initialement prévu. Ils goûtèrent au champagne après s’être célébrés en tant que famille et, une fois de plus, leurs regards se croisèrent pour ne pas se quitter. Carlisle mentirait s’il prétendait qu’il ne percevait pas une certaine tension entre eux, qui menaçait de leur exploser au visage dans les prochaines minutes. Chaque mot, chaque geste, chaque regard semblait être plein de sous-entendu, de double-sens. Il se sentait faiblir à chaque seconde qui passait, et craignait d’être l’esclave de ses pensées et de son propre corps dans un court instant. Mais était-ce réellement de sa faute, s’il ne pensait plus qu’à combler la maigre distance qui les séparait pour l’embrasser ? Était-ce de sa faute si, depuis que Mina avait mentionné New-York, il ne parvenait plus à chasser de sa tête les images de leurs corps enlacés ? Il se fustigea mentalement et, une fois n’est pas coutume, sa fille vint mettre un frein à tout ce qui se tramait dans sa tête. Mina s’éloigna la première, lui laissant le temps de souffler — au sens littéral du terme. Mais en constatant qu’elle ne revenait pas, l’inquiétude grandit. Et, bientôt, s’assurer que tout allait bien était devenu un impératif. « J’espère qu’elle n’est pas malade. » Murmura l’ancien pilote, avant de s’approcher des deux femmes. Elle irradiait, et Carlisle s’éclipsa le temps de mouiller une serviette avec de l’eau froide, qu’il poserait sur le corps de sa progéniture. Quand il revint dans la chambre de Mina, il les vit l’une contre l’autre, l’héritière piétinant pour bercer leur fille. Son coeur chavira le temps d’un instant, sous le charme de ce spectacle débordant d’amour et de tendresse. Et après quelques minutes, quand les pleurs de Mina se turent, il suggéra à la jeune maman de rester seule avec sa fille. Cette dernière était apaisée, mais gardait les yeux grands ouverts. « D’accord. » Accepta-t-il finalement, après avoir hésité de longues secondes. Il ne voulait pas que la brune s’imagine qu’il manquait de confiance en elle, ou qu’il ne la pensait pas apte à s’occuper seule du chagrin passager de leur enfant. Parce que ce n’était clairement pas le cas ; il suffisait de voir comment elle tenait Maya contre elle, ses bras repliés autour de ce corps endormi, pour se rendre compte de tout l’amour qu'elle lui portait, et de toute la dévotion dont elle faisait preuve. Mère et fille offraient, bien malgré elles, un spectacle de bonheur et de ravissement à l’ancien pilote. « Non. » Souffla-t-il en secouant la tête. Il n’avait pas particulièrement faim et, surtout, il ne voulait pas que Carmina s’en aille — même le temps de quelques minutes. Puisqu’elle l’avait retenu, il n’était pas question qu’elle s’échappe. « On mangera plus tard. On est en vacances, on a le temps. » Précisa-t-il, répondant indirectement à l’air surpris qu’affichait l’héritière. « Et surtout, on doit s’assurer que cette petite beauté se rendort. » Ajouta-t-il, se penchant vers sa fille pour embrasser sa tempe. Elle avait séché ses larmes, mais gardait une mine fatiguée. Normalement, Maya ne devrait pas mettre trop longtemps avant de retrouver les bras de Morphée. Il esquissa un pas en direction du lit de la mère de sa fille, et s’y allongea après avoir obtenu la permission de la principale concernée. Il tapota la place qui restait vacante à ses côtés, pour que Maya et Mina viennent le rejoindre. Ce qu’elles firent, quelques secondes plus tard. « Tu vois… Maman et papa sont là. Toujours là. » Souffla-t-il contre l’oreille de sa fille. Il embrassa son front, posa une main sur son abdomen, et effleura involontairement la main de Mina au passage.
Jour 6.
En sentant le corps frêle de Carmina frissonner contre le sien suite à un coup de tonnerre suivi d’un coup de vent, Carlisle se redressa légèrement pour attraper le drap du lit, qu’il déplia jusqu’aux omoplates de la mère de sa fille, à la fois pour cacher leur nudité et pour la protéger des aléas du temps. Les doigts du pilote, bien que dissimulés sous le tissu, ne cessèrent de courir le long de la peau hâlée de l’Australienne. Sa tête était vide de toute émotion, de tout ressenti… Et pourtant, il se sentait plus vivant que jamais. Épuisé, certes, mais vivant. Et heureux, comme rarement il l’avait été. Son coeur battait avec intensité, et il pouvait sentir celui de Carmina en faire tout autant, alors que ses mains se déposaient sur lui. Un sourire sincère glissa sur ses lèvres, alors que ses lèvres goûtaient à la moindre parcelle de peau qu’elles parvenaient à atteindre. « Toujours. » Répondit Carlisle, alors que ses bras venaient entourer le corps de Mina, qui reposait sur le sien. Elle nicha sa tête dans le creux de son cou, et il frémit d’euphorie et de contentement. Ce soir, après ce qui venait de se passer dans leur plus stricte intimité, la présence de l’héritière était requise. En même temps, où aurait-elle pu s’échapper ? Pour la première fois depuis plus de deux ans, tous les éléments avaient été réunis pour que les deux amants puissent se retrouver. Sans barrière, sans entrave. Les paysages magnifiques, le soleil qui faisait briller leurs peaux, et cette apparence de famille idéale, qui avait fait naître en lui de l’espoir. Et puis il y avait l’océan à leurs pieds, l’orage qui avait tonné au meilleur des moments pour couvrir les bruits de leurs ébats, et cet orgasme, puissant. Ses mains montèrent et descendirent le long de son dos, allant de ses épaules au creux de ses reins, gratifiant l’Australienne de caresses d’une douceur et d’une tendresse sincères. « Dors. » Murmura-t-il d’une voix douce. Il savait que ce n’était pas raisonnable, mais il n’avait pas envie de la laisser rejoindre la chambre qu’elle partageait avec leur fille. Égoïstement, il avait envie de garder l’Australienne là, avec lui, contre lui. Il avait envie de sentir sa peau contre la sienne, de respirer son odeur jusqu’à s’étourdir. Non, décidément, Carlisle ne s’imaginait pas seul dans son lit avant l’aube. « Je te réveillerai avant l'aube. » Déclara l’Australien, anticipant sur un réveil prématuré. Il jeta machinalement un coup d’oeil sur sa droite, et les chiffres rougeâtres qui étaient indiqués sur le cadran du réveil lui indiquèrent que la nuit était déjà bien entamée. 1h57. Maya, aussi lève-tôt que son père, se manifestait rarement au-delà de sept heures et demie du matin. L’incompréhension se dessina sur le visage de la brune, qui semblait déjà dans un état second, et Carlisle précisa son propos : « Pour que tu puisses rejoindre Maya avant qu’elle ne se lève. » Un sourire béat glissa sur les lèvres de l’Australien, qui n’était pas prêt de descendre de son petit nuage. Tout était beau, tout était serein, tout était parfait.
@Mina Farrell |
| | | | (#)Mer 11 Aoû 2021 - 13:41 | |
| Jour 4 / La réaction de Carlisle déçue la jeune maman. Elle aurait aimé voir sur son visage, sa frustration, sa jalousie, sa colère. Elle aurait aimé le voir s'énerver, le voir injurier ses parents ou même le fils Fyfe. Mais non, il disait même qu'il était un bon parti. Les yeux de Carmina s'abaissèrent sur sa main, qui était posée sur le dossier du transat. Son verre à la main, elle humecta ses lèvres en silence. Pourtant, alors que la mannequin essayait d'encaisser sa propre frustration, quelque chose lui fit enfin du bien. Evoquant New-York, cette fuite il y a deux ans pour s'éviter un date non voulu, Carmina avoua à son ancien amant, que cette rencontre n'avait pu avoir lieu qu'en ces circonstances. Sinon, pourquoi serait-elle allée si loin à cette époque de sa vie ? Carlisle était surprit, et sa réaction était brute, authentique et Carmina se délecta de chaque émotion qui semblait danser sur les traits de son visage. Enfin, lorsqu'il prononça quelques mots, alors que les yeux de la jolie brune ne l'avait pas lâchés une seule seconde, elle senti son cœur battre plus fort, encore. Pourquoi avait-il ce pouvoir sur elle ? Le pouvoir se faire naître des émotions nouvelles, intenses, surprenantes et fortes dont elle ne pouvait plus se passer ? Il était le Péché Originel ultime pour elle, il était l'interdit mais en même temps, il n'y avait que lui. C'était lui ou personne, parce qu'aucune autre personne en ce monde, hormis leur fille, n'avait ce pouvoir sur elle. C'était à la fois quelque chose de beau, de puissant et même si Carmina ne pouvait pas lui avouer son amour ni vivre une histoire avec lui -elle en était convaincue à ce moment-là- elle se sentait chanceuse de faire partie de sa vie. Qu'il soit là, tout près, et qu'elle puisse profiter de ses rayons de soleil. Ces rayons mystiques, magiques, qu'elle semblait avoir la magie de capturer en son sein, pour en cueillir toute la beauté et la force. Le rire de la jeune femme se fit entendre, presque gênée, laissant son regard quitter Carlisle. Que faire de plus ? Que dire de plus face à cela, que de simplement rire nerveusement ? A la fois touchée par les paroles de son ancien amant, Carmina se demandait encore si son imaginaire s'amusait à lui faire comprendre des sous-entendus dans tout ce qu'il disait ? Putain, c'était comme s'il était le seul dont elle ne parvenait pas à comprendre l'esprit, le langage et pourtant, il était le seul qu'elle voulait apprendre à déchiffrer. Il avait ce truc, ce putain de truc qui l'électrisait elle toute entière. Comme maintenant. Un flash de leur unique nuit à New-York lui revint en tête, quand elle avait vu ses yeux briller d'envie, dans l'obscurité de sa chambre d'hôtel, alors que leurs souffles s'entremêlaient l'un à l'autre. Elle avait oublié la sensation de ses doigts sur sa peau, elle en avait oublié le goût, elle avait tellement envie de pouvoir le revivre, encore et encore. Elle ferma les yeux, pour chasser ses souvenirs sans texture. « Tu es sûr de toi ? » demanda t-elle alors, le regard joueur mais en même temps, sérieux. Est-ce que si Arold lui remettait le fils Fyfe dans les pattes, il ferait quelque chose ? Et qu'allait-il faire au juste ? L'emmener dans toutes les plus grandes villes du monde à chaque fois que Fyfe arriverait en ville ? « Mais tu sais que le monde ne sera pas assez grand pour toutes les occasions que mon frère a du déjà organisées dans mon dos ? » sourit-elle alors. Elle voulait voir s'il allait finir par être jaloux, si c'était son esprit à elle qui lui faisait entendre ce qu'elle rêverait d'entendre, ou bien s'il était vraiment légèrement tendancieux dans ce qu'il disait ? « J'dois juste me marier avant qu'ils ne me marient » finit-elle par dire en haussant les épaules. Le mariage, c'était un truc auquel elle ne croyait pas vraiment. Elle commençait, vaguement, mais Carmina avait toujours trouvé ça nul. Ses parents ne s'aimaient pas -du moins pas comme elle pensait- et leur mariage n'avait aucun sens. C'était juste un contrat entre deux personnes, avec des conditions, et une durée indéterminée. Les contrats elle, elle les connaissait bien et jamais elle ne voudrait être attachée à une personne de cette manière. Du moins, pas à ce jour. Mais le mariage semblait être la seule chose qui pourrait arrêter son frère. Il ne la ferait pas divorcer de force et Mina sait très bien que cette carte là ne se jouera qu'une seule et unique fois. Finalement, elle redresse la tête, esquisse un sourire à Carlisle, rapide, avant de boire un peu de son champagne. Evoquant leurs familles et plus précisément justement, les parents Farrell, la jeune femme fini par suivre un cheminement qu'elle connaissait bien depuis son début de grossesse, s'éclairer en elle. Cette explication pourrait tout expliquer, tout justifier et Carmina pourrait se déculpabiliser de tout ce qu'elle avait vécu... seulement, l'idée semble tellement réaliste, qu'elle en est terrifiante. Ce n'est ni le lieu, ni le moment pour penser à tout ça et elle aurait préféré que cette idée ne naisse pas en elle. L'ancien pilote semble déceler cette mauvaise vague si bien que ses parents semblables à des bouées de sauvetage, gardèrent Carmina hors de l'eau. Elle plongea ses yeux dans les siens, elle sourit, ne voulant pas rendre ce moment dramatique. Et puis il était là, juste là, ce qu'il disait était gentil, c'était touchant, c'était sincère. Son cœur en fut percuté, doucement, comme une caresse réconfortante. Quand elle l'écoutait lui dire ce genre de choses -qui arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps- Carmina avait presque la sensation d'être à sa place. Comme s'il n'y avait que lui pour finalement, la comprendre. « Merci » souffla t-elle tout de même, gênée, avant de papillonner des cils, après s'être rendue compte qu'elle avait ses yeux littéralement rivés dans les siens. Comme si elle y puisait quelque chose de fort, de magique, de nourrissant et d'apaisant et en même temps, c'était foudroyant. Mina ne sait pas combien de temps dura cet instant, mais ce sont les pleurs de leur fille qui les extirpèrent de cette parenthèse. Carmina quitta la terrasse pour rejoindre sa fille, réveillée et transpirante. Essayant de la calmer, elle fit part à Carlisle de son envie qu'il reste, pour une fois. Elle avait la sensation qu'il la fuyait à chaque fois qu'elle avait leur fille dans les bras, comme s'il ne voulait pas voir ça. Est-ce que ça lui faisait du mal d'avoir à partager sa fille avec elle ? Est-ce que ces mois passés tous les deux, sans Carmina, avait créé un truc spécial entre eux ? Qu'elle ne comprendrait jamais ? Dans lequel elle n'avait pas sa place ? Mais lorsqu'il lui répondit un non franc et presque sec, la jeune maman senti son cœur se serrer. Son regard cherchait à comprendre, attendant une suite qui fini par arriver. Un sentiment de soulagement s'empara d'elle, tandis que ses lèvres s'étirent en un sourire. Pourquoi il lui faisait ça ? Il aimait jouer avec ses sentiments ? Parfois, il y avait une lueur dans son regard, quelque chose de bestial, d'animal, de sauvage. Mina l'avait découvert lors de leur nuit à New-York et ça avait été probablement le truc qui lui avait fait perdre la tête. Cette autorité naturelle, mêlée à son charisme... sa maturité peut-être ? Elle n'en savait rien, mais elle adorait ça. Lui, il était en train de s'allonger sur le lit de Mina, sous ses yeux totalement en amour devant cette vision. Elle tenait sa fille contre elle, maintenant ses lèvres contre sa tempe pour l'embrasser, tandis qu'elle essayait de la bercer pour continuer de la calmer. L'héritière Farrell suivit alors son ancien amant, se rendant compte que c'était la première fois qu'ils s'asseyaient tous les deux sur un lit, du moins, avec leurs vêtements. Carmina s'installa alors assise, dans un premier temps, pour que Maya soit surtout pas bousculée dans tous les sens. Finalement, la maman installa la petite fille de deux ans sur le dos, entre eux, directement sur son lit. Sa main toujours sur son ventre, elle s'allongea près d'elle, de l'autre côté de Carlisle. A eux deux, ils formaient une barrière protectrice autour de leur fille, allongée et apaisée. La voix de Carlisle résonna, et Mina senti un frisson l'envahir lorsque leurs doigts se touchèrent par mégarde. Elle ne dit rien, essaya de ne pas réagir, après tout, ce n'était pas grand chose. Son coude posée sur le matelas, elle maintenait sa tête vers leur fille, sa main lui caressant son ventre, tandis que la serviette humide l'avait quitté. Sa température était bien moins intense que tout à l'heure, et Carmina souffla « elle a moins chaud » et elle ne pensait pas qu'elle était malade, Mina aurait peut-être du lui donner un bon bain avant de la mettre au lit, mais elle n'avait pas osé réveiller sa fille déjà endormie lorsqu'ils étaient rentrés. Finalement, ses doigts vinrent trouver ceux de la petite fille, les apportant à ses lèvres pour les embrasser doucement, la jeune maman commença à chanter tout bas « y'avait des gros crocodiles et des orangs-outans... » embrassant la main de sa progéniture « des affreux reptiles et des jolis moutons blancs... »
Jour 6 / La réponse de son amant, ancien, présent et futur désormais la fit sourire, tandis que ses yeux se fermaient. Elle se colla davantage à lui, comme si l'ensemble de son corps tout entier avait besoin du sien, de sentir sa peau, sa force, sa présence, sa chaleur. Et il était clairement hors de question pour elle de s'en défaire pour le moment. Elle était encore sur son petit nuage suite à leur retrouvailles. Mina essaya de construire le fil logique à cette soirée, comprendre comment ça avait pu partir en couille, comment ils en étaient arrivés à s'embrasser dans l'océan, alors que le tonnerre grondait ? Comment ils en étaient arrivés à se dire ce qu'ils avaient réellement dans le cœur, depuis tout ce temps. Elle eu durant quelques secondes, le sentiment d'avoir gâché ces deux dernières années à ne pas lui avoir dit tout de suite à quel point elle l'aimait. Cependant, très vite, elle se souvenait du tonnerre, de la pluie, des éclairs, de leur orgasme commun et sourit à nouveau, se disant que ce moment était parfait. Il était entièrement parfait pour la simple et raison que c'était ainsi que tout s'était déroulé, naturellement, de façon authentique. Leurs deux âmes s'étaient enfin retrouvées et cette sensation était salvatrice pour la jeune maman, qui pensait ne jamais pouvoir revivre cela après New-York. Sa peau frissonnait lorsqu'elle sentait les doigts de son amant sur sa peau, et lorsqu'il lui tira le drap sur elle, elle vint davantage se serrer contre lui, caressant elle aussi sa peau de ses doigts fins. Un moment de douceur, pour qu'ils atterrissent tous les deux de ce qu'ils venaient de partager. Néanmoins, alors que la mannequin sombrait facilement dans les bras de Morphée et de Carlisle au passage, la voix de ce dernier résonna à ses oreilles. Il lui disait qu'il la réveillerait avant l'aube, et elle grimaça à cela. Non, elle n'avait aucune envie de se réveiller si tôt, pourquoi est-ce qu'elle le devait ? « Mais... » essaya t-elle de dire, à moitié endormie, avant que Carlisle ne lui réponde clairement. Avec cette phrase, Mina ouvrit les yeux, comprenant alors ce que cela signifiait. Carlisle ne lui demandait pas son avis, mais sa décision était sans appel. Il ne voulait pas que leur fille les voit ensemble, partageant ce bonheur. Mina ne comprit pas, sur le moment, pour quelle raison. Qui de mieux placé que Maya pour assister à leur histoire ? Mina était sûre d'elle, elle était persuadée que leur fille ne serait pas choquée, ni traumatisée, qu'elle était encore petite et qu'elle ne réalisait pas les choses comme eux pouvaient les voir ou les vivre. Qu'elle était simplement une enfant, avec deux parents qui s'aiment. Et que c'était quelque chose de bien, c'était même ce qu'elle rêvait de lui montrer en secret, a contrario de ses parents qui n'ont jamais montré le moindre signe d'affection à qui que ce soit. Mina était déçue, blessée, comme si au fond de lui, Carlisle ne croyait déjà pas en eux. Ca gâchait le moment, la poésie derrière les paroles sincères de la jeune femme, quelques minutes avant cela. « Oh... » lança t-elle alors, ne ménageant pas le père de sa fille de sa réaction. Elle se redressa alors légèrement, le bras posé contre le torse de son amant, ses yeux cherchant les siens « tu sais qu'elle serait heureuse de nous voir comme ça ? » attendant une réponse. Ce n'était pas le moment de parler de ça, mais en même temps, si. Parce que demain, il serait trop tard. « J'sais pas je pensais que... » que ce qu'ils venaient de vivre avait du sens, qu'il avait fait taire toutes ses inquiétudes à elle, pourquoi pas à lui aussi ? Elle haussa les épaules, fatiguée, ne désirant pas gâcher davantage le moment. « J'peux aussi rentrer tout de suite hein » grommela t-elle pour le tiquer. Après tout, elle n'avait pas du tout envie d'être considérée comme un objet de consommation. Est-ce que Carlisle jouait avec elle et ses sentiments ? Est-ce qu'il ne ferait donc, que de simplement la baiser ? Même s'il était de loin le meilleur pour cela, elle ne voulait pas être que cela. « D'ailleurs c'est ce que je vais faire je crois... » dit-elle le cœur battait, fuyant le regard de l'homme qu'elle aimait. Elle s'était mise à nue devant lui, dans tous les sens du terme. C'était blessant. Elle se redressa alors, culpabilisant alors de gâcher ce moment. Mais Carlisle devait comprendre, il ne s'agissait pas que de lui, ni de leur fille. Il devait la prendre en considération, ou bien cette impression qui lui avait fait tant de mal durant sa grossesse allait ressurgir, encore et encore. Mina s'était redressée, nue, cherchant ses vêtements, mais se rendant compte qu'elle n'en portait pas à son arrivée dans cette pièce. Mais elle n'allait clairement pas rentrer nue dans la chambre de Maya. Alors elle attrapa un tee-shirt du père de sa fille posé sur une chaise, l'enfila et lui s'avança vers la porte, les jambes encore tremblantes de son orgasme « bonne nuit » avant de s'approcher de celle-ci pour quitter en silence la chambre de Carlisle.
HRP : Au final, rien ne s'est passé comme prévu, si j'avais continué avec un nouveau jour, j'aurai fini par publier un saga en trois tomes x) |
| | | | (#)Dim 15 Aoû 2021 - 21:34 | |
| Jour 4. S’il était sûr de lui ? Évidemment, qu’il l’était. Quand il s’agissait d’emmerder le monde, et surtout son père, Carlisle répondait souvent présent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le binôme qu’il formait avec la jeune Australienne ne manquait pas de panache, ni d’idée pour faire enrager ceux qui pensaient être les plus raisonnables — leurs familles. Et au-delà de cet aspect, il y avait aussi… Eh bien, ce petit quelque chose désagréable qui lui nouait les entrailles. Le visage du fils Fyfe, qui s’imposait dans son esprit. Son air propret, ses bonnes manières, et cette pseudo perfection qui cachait probablement quelques vices encore non dévoilés. Non, il ne pouvait décemment pas laisser cet homme poser les mains sur Carmina Farrell. Pour son bien, à elle. C’était ce dont il cherchait à se persuader. Parce qu’en réalité, c’était avant tout pour son bien à lui, qu’il ne pouvait pas laisser une telle chose arriver. S’il lui passait la bague au doigt, qu’adviendrait-il d’eux ? De leurs vacances familiales sous les tropiques ? De la garde de Maya ? Qu’adviendrait-il des envies de reconquête de Carlisle ? « Pourquoi pas ? » Rétorqua-t-il en haussant les épaules. Il préférait, pour le moment, éviter de se montrer trop clair, trop transparent avec l’héritière. La raison ? Il avait peur de sa réaction — ou, plus exactement, il avait peur d’être rejeté. Il n’avait ni la force, ni le courage d’essuyer un refus de la part de Mina. Ça briserait complètement ses illusions, et c’était encore plus douloureux que de ne pas savoir de quoi demain serait fait. « Tu crois qu’il viendrait nous chercher jusque sur une île déserte ? » Demanda l’ancien pilote en faisant la moue. Malheureusement pour eux et pour leur tranquillité, Carlisle était un peu près sûr de la réponse que l’héritière formulerait. Il ricana lorsqu’il entendit l’Australienne parler de mariage, et secoua la tête. Pourquoi les familles fortunées étaient-elles toutes obsédées avec ce procédé désuet ? Pourquoi s’obstinaient-ils à vouloir faire de beaux mariages, plutôt que de mettre des avocats compétents pour faire fusionner deux entreprises ? « Dans ce cas, la prochaine fois, on optera plutôt pour Vegas. » Répondit l’ancien pilote avec un sourire amusé. La première fois qu’ils avaient été aux États-Unis, ils s’étaient retrouvés à New-York et avaient fait un bébé. Pour cette seconde fois, un engagement solennel devant Dieu (et un sosie d’Elvis) ne devrait pas trop effrayer les non-invités. À moins que… « Je suis sûr que tes parents et ton frère adoreront le faire part avec Elvis en fond. » Ajouta-t-il, alors que ses lèvres s’étiraient en un large sourire. Quant à son père, il ne serait pas en reste : Bartholomew Bishop s’arracherait les cheveux, sans aucun doute. Il traiterait probablement son fils unique de tous les noms, mais ce dernier avait fini par se détacher des mots tranchants et assassins de son géniteur. À quarante ans passés, il était temps que Carlisle fasse ce dont il avait réellement envie.
Il avait hésité avant de s’allonger sur le lit de Carmina, mais cette dernière lui avait donné la permission en hochant simplement la tête. Installé sur un flanc, il attendit que les deux femmes viennent le rejoindre, et profita de sa position pour observer attentivement les moindres faits et gestes de Mina. Il sentit une bouffée de fierté et de bien-être en voyant la jeune mère garder ses lèvres contre la tempe de Maya, et veiller à ce qu’elle ne soit pas trop bousculée par ce changement de position. Il les trouva belles et touchantes, toutes les deux. Leurs peaux se frôlaient, s’effleuraient, et les sourires tendres qu’elles s’échangeaient en disaient long sur l’amour qu’elles se portaient. Mina avait peut-être mis du temps à se rapprocher de sa fille, mais le lien qu’elles partageaient était, lui, bel et bien réel. Évident. Presque palpable. Alors que Carlisle effleurait le ventre de sa fille pour la rassurer, il caressa involontairement au même moment les doigts de Carmina. Il retira sa main, mais ne s’excusa pas pour ce geste, tout simplement parce qu'il ne le regrettait pas. « On dirait, oui. » Confirma Carlisle, alors que l’Australienne lui faisait remarquer que leur fille avait l’air d’avoir moins chaud. Avec un peu de chance, Maya ne couvait aucune maladie. Mina, inspirée et visiblement en confiance, se mit à chanter une berceuse. « Continue, s’il te plait. » Souffla-t-il à voix basse, alors que le chant de Mina venait mourir sur ses lèvres. Il déplia son bras, chercha à tâtons l’un des oreillers du lit, s’en empara, et le fit glisser sous sa joue. Il prit une profonde inspiration, cherchant à s’imprégner du parfum vanillé de la brune, qui s’était diffusé sur le tissu de l’oreiller. Il croisa le regard surpris de la mère de sa fille, esquissa un léger sourire, et ferma les yeux en se concentrant sur sa voix mélodieuse. Elle emplissait toute la chambre, et charmait aussi bien Maya que l’ancien pilote. Bercé, ce dernier sentit le rythme de sa respiration ralentir. Lentement, progressivement. Les mots, d’abord distincts, devinrent des murmures, puis finalement des sons. Des sons qui s’éloignaient, progressivement, alors que l’Australien déposait les armes — et s’endormait, paisiblement.
Jour 6. Alors que le corps de Mina Farrell se superposait au sien, et que sa respiration reprenait un rythme plus normal, Carlisle ne put s’empêcher de penser aux surprises que la vie réservait, parfois. Et ce soir, celle à laquelle il avait eu droit avait été particulièrement bonne. Bien sûr, il ne pouvait pas nier qu’il y avait eu quelques rapprochements entre la mère de sa fille et lui, depuis quelques mois. Il ne pouvait pas non plus faire comme si, depuis leur arrivée aux Seychelles, il n’avait pas été complètement obnubilé par les moindres faits et gestes de l’hypnotique brune. Et il pouvait encore moins nier que, dès le premier jour, il avait été inlassablement attiré par les courbes voluptueuses de l’Australienne. Il était devenu esclave de son propre esprit, luttant avec acharnement contre une envie qu’il savait pourtant irrépressible. Alors forcément, cette sixième soirée aux Seychelles avait un goût d’apothéose. De paradis. Un goût de Mina, dont il devrait se séparer au petit matin, afin que leur fille ne perde pas ses repères. Ce qui, visiblement, surprenait la mère de sa fille — elle-même persuadée que Maya serait heureuse de les voir ensemble. À vrai dire, l’ancien pilote en était tout à fait certain. D’ailleurs, il n’était pas persuadé que leur fille, âgée de deux ans, avait réellement conscience de la situation singulière de ses parents. Se rendait-elle compte qu’ils étaient séparés ? Se rendait-elle compte qu’ils s’étaient rapprochés, au cours de ce séjour familial ? Pour elle, ils avaient avant tout « maman », et « papa ». Pas un couple, pas une entité. « Je n’en ai aucun doute. » Répondit-il, alors que son regard clair plongeait dans les yeux chocolats de Mina. La paume de sa main vint caresser sa joue, mais l’héritière se dégagea aussitôt de ce contact. La sonnette d’alarme avait été tirée, et Carlisle le comprit instantanément. Il l’avait vexée. Il l’avait blessée. Une fois de plus. « Ne le prends pas mal, s’il te plait… » Il commençait à plaider sa cause, à vouloir expliquer les raisons qui le poussait à agir d’une telle façon — assez opposée aux rapprochements qui avaient eu lieu entre eux, il en convenait, quelques minutes plus tôt. « Mina… » Commença-t-il, alors que l’héritière rejetait le drap qu’il avait placé par dessus son corps pour qu’elle ne prenne pas froid. Elle se redressa, complètement nue, et se mit en quête de ses habits — qu’elle ne portait de toute façon plus en arrivant dans la chambre. Il évita cependant de le lui rappeler, conscient qu’une telle remarque pourrait mettre le feu au poudre. La situation lui échappait complètement, et il détestait ça. Il détestait cette sensation, et il détestait devoir agir dans l’urgence. Il savait que, dans des moments comme celui-ci, les mots avaient une puissance décuplée. Il savait qu’une parole pouvait plus rapidement être mal interprétée. Il savait que la tension risquait de leur exploser au visage. Et un tel revirement de situation était dur à accepter, après la parfaite harmonie qu’ils avaient trouvé quelques minutes plus tôt. « Ce n’est pas ce que je t’ai demandé. » Dit-il, en la cherchant du regard. Elle enfila un tee-shirt de l’ancien pilote, qu’elle avait été prendre directement sur le dossier de l’une des chaises de la chambre. Carlisle posa ses coudes sur ses genoux, et plongea sa tête dans ses mains. Il y a quelques minutes à peine, tout était idyllique. Et là ? S’il laissait faire, s’il ne parvenait pas à faire entendre son point de vue à Mina, l’idylle se transformerait en cauchemar. Et il ne pouvait pas la laisser faire, après les minutes intenses qu’ils venaient de vivre. Il ne pouvait pas la laisser dans le doute, il ne pouvait pas la laisser partir. Elle était prête à franchir le seuil de sa porte de chambre, pour retourner dans la sienne. Après lui avoir claqué un « bonne nuit » glaçant, qui lui noua les entrailles et le fit automatiquement relever la tête. Si elle passait cette frontière invisible, la suite de leurs vacances serait nettement plus comprise. Si elle passait cette frontière invisible sans qu’il ne puisse clarifier sa position, l’avenir semblait d’ores et déjà compromis. « Ce n’est pas ce que je veux. » Dit-il à voix basse, mais suffisamment fort pour qu’elle l’entende. Coupée dans son élan, elle s’arrêta mais resta dos à lui— lui offrant une chance unique de s’expliquer. Mais que lui dire, quels mots employer pour lui faire entendre son point de vue ? Il profita de cet instant de flottement pour se lever, se moquant obstinément de sa nudité, et faire quelques pas en direction de l’héritière — qui restait obstinément dos à lui. « Laisse-nous un peu de temps. Pas en tant que parents, mais en tant que couple. » Souffla-t-il, avant de poser ses mains sur les fines épaules de l’héritière. Il la sentait crispée sous ses doigts, et posa son nez dans ses cheveux. Si elle avait eu le moindre doute à son sujet et concernant ses intentions vis-à-vis d’elle, ils n’avaient désormais plus lieu d’être. L’Australien venait clairement de balayer d’un revers de main toutes les coucheries sans lendemain, et toute idée de relation chaotique. Il prit une grande inspiration, et poursuivit : « Je veux qu’on passe du temps ensemble, rien que tous les deux. Je veux qu’on se découvre, qu’on s’apprivoise, qu’on soit sûrs de nous avant d’impliquer Maya. » À vrai dire, ce n’était pas des sentiments de la brune qu’il doutait ; c’était de leur capacité à ne pas s’auto-détruire. Pendant plus de deux ans et demi, leur relation avait suivi le même chemin qu’un yoyo, lancé à vive allure. La descente avait été violente, longue, interminable ; la remontée avait pris plus de temps mais au moins, ils n’étaient pas restés bloqués dans le creux de la vague. « J’ai envie de faire les choses bien avec toi. » Confia-t-il, alors que ses bras venaient entourer son cou. Il ne savait pas vraiment si Mina avait eu des relations sérieuses par le passé, et encore moins comment elle avait été traitée par ses anciens compagnons. Seulement, la conversation qu’ils avaient eu deux jours plus tôt avait permis à l’ancien pilote de comprendre que l’héritière manquait cruellement de confiance en elle. Qu’elle avait été utilisée, piégée, abusée par des hommes qui étaient proches d’elle. Carlisle voulait lui prouver qu’ils n’étaient pas tous à ranger dans le même panier. Il posa son menton sur son épaule, et continua : « J’ai envie qu’on aille au resto, qu’on se fasse des cinés, qu’on se balade sur la plage, qu’on batifole comme deux ados et qu’on fasse l’amour, encore et encore. » Il n’avait pas la moindre idée de la façon dont ils s’organiseraient pour tout ça, mais Carlisle était convaincu qu’ils parviendraient à trouver une solution. Il pouvait toujours demander à Savannah de lui rendre service. Ou à Noa — même si, objectivement, il n’était pas sûr que cette dernière voit d’un bon oeil ce rapprochement entre les deux parents. Mais qu’importe ; ce soir, ce n’était pas le sujet. « Je te l’ai dit, et je te le répète : je te veux, pour moi. Je ne veux pas uniquement la mère de ma fille dans ma vie, je veux aussi la femme que tu es. » Et il faisait une grande différence entre ces deux entités. En cas de problème, être parents supplanterait toujours leur condition d’homme et de femme, leur condition de couple. Mais quand tout allait bien, quand l’avenir se présentait sous les meilleurs auspices, quand ils avaient fini par trouver un terrain d’entente… Ne pouvaient-ils pas s’accorder le luxe de vivre pleinement, pour eux, et d’être un peu égoïste ? « Alors s’il te plait, viens te coucher. » Réclama-t-il, alors qu’il inclinait légèrement la tête pour observer la réaction de l’héritière. « Avec moi. » @Mina Farrell |
| | | | (#)Lun 16 Aoû 2021 - 9:03 | |
| Jour 6 / Les émotions que pouvaient ressentir Mina étaient exacerbées par la soirée qu'elle avait passé. Cette soirée était surréaliste, elle ne ressemblait pas à la réalité de la vie quotidienne de Carmina, si bien que là, elle se demanda à nouveau si tout cela ne se passait pas dans sa tête. Pourtant, la déception était grande dans son cœur, tandis qu'elle se rapprochait de la porte. Elle l'écoutait, le cœur meurtri, priant pour qu'il trouve les mots qui la retiendraient, sincèrement. Son cœur lui faisait mal, ce qu'il se passait en ce moment ravivait les vieilles blessures de la jolie brune, comme si finalement, rien n'avait été guéri. Elle ferma les yeux, la main sur la poignée, essayant de calmer cette douleur qu'elle sentait dans sa poitrine. Une sensation d'être écrasée, d'être oppressée, avec surtout cette voix dans sa tête qui lui disait « tu aurais du t'en douter » parce que toute sa vie, Mina n'avait été qu'un objet. Un objet de consommation, un objet de désire, un objet dans lequel on investi de l'argent, dans lequel on désire obtenir des résultats, des améliorations, des profits. La frontière entre sa personne, son être, son essence et le mythe qu'elle pouvait représenter pour certain était décidément bien trop fin. A chaque fois, c'était comme si les frontières dansaient ensemble, collées comme des serpents, se confondant l'une dans l'autre. Mina avait parfois le doute, parce qu'elle savait qu'elle correspondait à l'image de la traînée et de la garce : est-ce qu'elle en était une ? Est-ce qu'elle méritait que l'on ne prenne pas en considération ses paroles, ses avis, ses sentiments ? Tout se brouillait, se mélangeait, les calculs étaient rapides dans son esprit, parce qu'elle avait déjà connu cela avec Carlisle. Et malgré le temps qui avait passé entre eux, ça lui faisait toujours aussi mal. Sa maladresse lui faisait du mal. Pourtant, elle ne passa pas la porte. Elle entendait sa voix, il avait l'air de chercher à la retenir, et puis elle... elle l'aimait. Elle aurait pu être capable de tout encaisser par amour pour lui, encore et encore. Mais elle savait que c'était le piège, qu'elle était son propre danger. Surtout que Carl lui avait demandé de lui parler de tout ceci, chose qu'elle n'avait pas encore réussi à faire. Comment pouvait-il faire attention à tout ceci, si elle ne lui en parlait pas ? Elle le senti s'approcher d'elle, alors qu'elle lui tournait le dos. Sa tête se tourna, légèrement, assez pour le voir venir contre son dos, dans sa vision périphérique. Elle déglutie, sentant ses paumes lourdes et chaudes venir se poser sur ses épaules. Elle frissonna, fermant les yeux une seconde. Il était l'objet de tous ses désirs, de toutes ses émotions, de chacun de ses sentiments. Il n'avait qu'à murmurer quelque chose pour qu'elle entende, il n'avait qu'à l'effleurer pour qu'elle le sente. C'était magique ce qu'il se passait entre eux. A ses paroles, murmurées au creux de sa nuque, contre sa peau, elle frissonna encore. Il utilisait des mots avec du sens, avec de la profondeur, avec de l'anticipation dans l'avenir. Et plus il parlait, plus elle sentait que son corps se détendait, comme s'il avait trouvé quoi dire pour la garder, pour la toucher, une fois de plus. Et là, alors qu'il expliquait la raison pour laquelle il ne voulait pas que leur fille les voit ensemble pour le moment, Mina comprit. Oui, elle n'était pas idiote, elle comprenait son envie de vouloir faire les choses bien et quelque part, c'était un signe fort d'intérêt. Il voulait mettre toutes les chances de leur côté, il voulait que ça fonctionne, tout en évitant quelques drames sur le chemin. C'était une preuve d'affection, non ? Elle le sentie contre son dos, elle sentie la chaleur de son corps venir couvrir le sien, alors que ses bras venaient l'entourer. Elle esquissa presque un sourire, glissant sa main contre l'un de ses avant-bras, laissant son corps venir se reposer contre celui de Carlisle. Elle ferma les yeux, profitant juste de sa chaleur, de sa présence, des mots qu'il était en train de lui murmurer à l'oreille. Elle sourit quand il évoqua les projets qu'il avait pour eux, et à sa dernière phrase, il réussi à la faire se retourner, toujours dans ses bras. Son visage était plus doux, elle avait été conquise par ses paroles tandis que son regard trouva celui de son amant. Le silence régnait entre eux, tandis qu'ils se parlaient tout bas pour ne pas réveiller leur fille, dans la chambre en face. Elle resta comme ça, sans rien dire, juste à se nourrir de ce que pouvaient dire les yeux du blond. Ils étaient si expressifs, et ça confirmait le discours de l'ancien pilote. « Pourquoi tu n'as pas commencé par ça ? » lança t-elle en étirant ses lèvres dans un doux sourire. Elle s'en voulait d'avoir un peu gâché leur moment, mais pour elle, c'était important. C'était même très important. Sa main vint caresser la joue de Carlisle, alors que leurs regards s’emmêlaient l'un dans l'autre. Il lui demanda d'aller se coucher avec lui ce à quoi Mina répondit doucement par un hochement de tête affirmatif. Ses mains avaient glissées sur le corps de son amant, venant caresser ses flancs, tandis qu'elle fini par le suivre jusque dans le lit, reprenant alors leur place. Elle sourit, sentant que le discours de Carlisle avait su calmer ses angoisses, mais le sentiment de culpabilité d'avoir gâché leur soirée vint se nicher en elle. Sa main posée sur le corps de son amant, sa tête contre lui, elle souffla alors tout bas « je suis désolée je... » elle voulait qu'il sache, qu'il fasse attention à l'avenir. Elle savait que c'était important, mais elle avait très peur d'être à son tour maladroite et de lui faire de la peine. Ce n'était pas ce qu'elle voulait, alors peut-être qu'il valait mieux -encore une fois- garder tout ceci pour elle ? Elle en avait suffisamment fait pour ce soir, non ? Pourtant, sa main posée à plat lui servi de soutien, alors que sa tête se relevait, assez pour croiser le regard de Carlisle, brillant grâce aux éclairs qui continuaient de zébrer le ciel. « J'ai eu peur que... » commença t-elle alors qu'elle avait bien conscience que Carlisle savait exactement pourquoi elle avait réagit comme cela. La preuve : son discours avait été parfait. L'ancien pilote avait du capter les inquiétudes et surtout, les raisons de cette inquiétude chez la mère de sa fille. Elle baissa les yeux, laissant ses doigts caresser la peau du quadragénaire. « Je veux qu'on fasse attention à ce que moi je veux aussi » avoua t-elle alors. Elle ne lui demandait pas de faire attention, elle ne lui demandait pas de faire passer son point de vue à elle, avant les autres : non. Ce qu'elle voulait était simple : être écoutée et entendue. Qu'on prenne en considération ses envies, ses craintes, ses besoins. Comme on prenait en considération les besoins de leur fille, ou bien l'avis de Carlisle qui avait une nature à s'imposer naturellement. « Je... » elle était à présent hésitante. Son cœur frappait sa poitrine, posée sur celle de son ancien amant. Il devait sentir son stress, cette hésitation qui retenait les mots dans sa gorge. Elle observait sa main sur le corps de l'homme qu'elle aimait. Il était costaud, il était fort, il serait capable d'encaisser ce qu'elle allait lui dire, elle voulait croire en lui et en eux. Dans tous les cas, si jamais ce n'était pas le cas, Mina savait très bien que leur couple ne tiendrait pas. C'était... la base, pour eux, pour leur construction d'avenir et de famille. « Ce qui m'a fait le plus de mal pendant... pendant la grossesse... » commença t-elle alors, les yeux dans ceux de Carlisle, morte de trouille à l'idée de lui dire ça, et de le dire à voix haute aussi. « C'était que... » elle humidifia ses lèvres, baissa les yeux, incapable de lui dire ça frontalement comme ça ; « j'avais sans arrêt la sensation de ne pas avoir de voix » et en disant ça, son cœur se brisa. Comme si toutes les failles qui avaient fragilisées son cœur, qui l'avaient meurtries, étaient à présent en effervescence. Comme la lave d'un volcan qui viendrait caresser et brûler ses blessures les plus douloureuses. Elle s'agita un peu contre Carlisle. « J'avais l'impression qu'on se fichait de ce que je ressentais, de ce que je pensais » et en disant ça, la culpabilité d'être une mauvaise mère, une mauvaise personne, prirent d'assaut la jeune femme. Elle fini par s'asseoir à genoux à côté de lui. « J'ai eu la sensation de n'être... » elle ne savait pas si elle pouvait le dire, si c'était judicieux de le lui dire. Elle avait peur que ça soit violent pour lui, ou qu'il s'en veuille, qu'il se sente coupable. Elle haussa les épaules « j'avais la sensation de n'être qu'une poule pondeuse, qu'un... qu'un vagin qui... » elle ferma les yeux, sentant que l'émotion était palpable. « D'être bonne qu'à ça, comme un objet, que c'était la seule utilité et que... que j'servirai jamais à rien d'autre que ça » et en même temps qu'elle avait cette sensation d'être un objet dont tout le monde se fichait mais que tout le monde convoitait quand même, elle avait surtout la sensation qu'on se fichait bien de ce qu'elle pouvait ressentir, ou vouloir. « J’avais l’impression de ne plus exister mais […] » -elle regarda son ventre- « De n’être que la personne qui porte le rêve d’un autre et dont tout le monde se fiche éperdument » Son cœur battait si fort, alors que l'émotion la submergeait. Toutes les émotions étaient à fleur de peau ce soir. « J'voulais pas être enceinte Carl » avoua t-elle alors, les larmes au bord des yeux. Il allait la détester, la haïr, lui dire que non, il ne voulait plus d’elle. Ses aveux allaient rompre ce qu’ils avaient partagé ce soir, elle en était convaincue. Pourtant, elle voulait essayer. Elle voulait savoir. Savoir s’ils étaient désormais réellement prêts à s’aimer. Avec tout ce que cela peut comporter de plus tragique, comme de plus poétique et cette soirée en était la représentation parfaite. C'était tellement dur de le dire à voix haute, alors que leur fille dormait juste à côté. Quel monstre elle était, elle s'en voulait atrocement d'être comme ça, d'avoir été comme ça et puis de le dire à Carl. Ses mains passèrent sous ses yeux, essuyant les larmes qui n'avaient pas le temps de perler sur ses joues. « J'm'en veux de dire ça tout haut » murmura t-elle alors « et je veux pas que tu te sentes coupable » lui avoua t-elle aussi. « Je... je veux juste que tu fasses attention à ce que je veux aussi Carlisle... » lui demanda t-elle alors.
Jour 7 / Le réveil sonna doucement et assez vite, il disparu dans les méandres de ce monde dans lequel ils se trouvaient à deux. Ce monde entre celui des rêves et celui de la réalité, au moment du réveil. Ce moment où l'on arriverait presque à voir la frontière entre les deux univers. Mina dormait encore profondément, et elle sourit lorsqu'elle senti autour d'elle la présence de Carlisle. Sentir ses mains sur sa peau, sentir son souffle dans sa nuque, sentir son corps contre le sien, sentir sa présence dans le lit. Elle se colla à lui, gémissant les yeux clos, ne parvenant pas à se réveiller aussi vite que son amant. Elle était bien là, elle n'avait ni trop chaud, ni froid, elle était bien. Sa position était parfaite, ce réveil était parfait. Elle l'avait si souvent espéré, rêvé, attendu que de se réveiller à ses côtés. Elle sourit dans son sommeil, réalisant que ce n'était pas un rêve, que tout s'était bel et bien passé. Elle se retourna, pour pouvoir mieux se coller à Carlisle, pour profiter encore plus de sa chaleur, pour se réveiller doucement. Elle n'arrivait pas encore à ouvrir les yeux, elle était fatiguée oui. Dormir avec quelqu'un, elle ne l'avait jamais fait. En général, elle ne restait pas dormir, elle partait tout le temps. Carlisle était le seul avec lequel elle avait fait ça, parce qu'il était le seul garçon avec lequel elle le voulait sincèrement. Elle grogna, s'agitant doucement comme un petit animal contre le corps du pilote. Après quelques minutes, elle fini par dire tout bas « bonjour » avec la voix encore enrouée par la nuit passée ensemble. Ses yeux encore clos, se sont ses lèvres qui se posèrent sur la peau du torse de son amant, l'embrassant alors. « Oui je vais me lever... » prit-elle les devants, avant de recouvrir le corps de Carlisle avec son propre corps, se nichant dans tous les creux formés par son corps, se nourrissant de son odeur, de sa chaleur, de sa force. « Je veux juste profiter encore » comme si tout ceci allait prendre fin en passant cette porte. Elle n'avait pas envie de quitter ce lit, cette chambre et encore moins le père de sa fille. Alors elle ne bougea pas, elle resta ainsi, prenant le risque de se rendormir. D'ailleurs, elle commença à se rendormir, avant que la voix du pilote ne l'extirpe de son prochain sommeil. Elle fini alors par se redresser, ouvrant les yeux avant avoir passé sa main sur son visage endormi. Dehors, il commençait à faire jour, et le spectacle était beau à voir. « J'ai envie d'un café » lança t-elle alors en souriant, observant par la fenêtre le joli ciel qui prenait vie, bercé par le chant des mouettes. Elle frissonna à nouveau et puis finalement, elle lui lança « Carl ? » cherchant à capter son attention. Elle se redressa à nouveau, croisant enfin le regard de son amant, souriant à cette magnifique vue matinale avant de lui dire « j'ai envie que tu me fasses grimper au septième ciel » avant de lui faire un léger clin d'oeil, la faisant alors rire doucement. « J'ai envie qu'on survole l'île » elle avait envie de le voir piloter, elle avait envie d'être dans ce putain de ciel avec lui. Est-ce que c'était possible ? Est-ce qu'il serait d'accord ? Est-ce que Maya pourrait venir aussi ? « Ca te dit ? » lui demanda t-elle en s'approchant alors de ses lèvres pour les embrasser doucement. Finalement, elle le chevaucha, en profita pour caresser son bassin avant de finalement se lever pour s'étirer. Elle allait sûrement se lever, si elle se recouchait maintenant, elle ne se réveillerait pas avant quelques heures. « A tout à l'heure » souffla t-elle alors, reprenant le tee-shirt qu'elle avait fini par retirer dans la nuit. Elle passa par la douche pour y récupérer son maillot de bain encore humide. Quittant alors la chambre de son amant, elle avait la sensation de redevenir adolescente. Un sourire esquissa ses lèvres, réalisant maintenant pour elle toute seule, ce qu'il venait réellement de se produire. Elle était heureuse. Sincèrement heureuse. Rien ne pouvait gâcher ça, pas même la discussion qu'ils avaient eu la veille avant de s'endormir. Mina traversa le couloir pour se rendre dans sa chambre, où sa fille dormait encore. Elle sourit, prenant des affaires au passage, avant de s'enfermer dans sa salle de bain pour se rafraîchir un peu, afin de commencer la journée. |
| | | | (#)Mer 18 Aoû 2021 - 11:55 | |
| Jour 6. « Parce que ça me semblait évident. » Répondit l’ancien pilote, alors que les yeux de l’héritière sondaient les siens. Il était rassuré de voir qu’elle était toujours là. Mieux, qu’elle s’était retournée pour lui faire face et que, désormais, elle lui souriait. La paume de la main de l’héritière vint effleurer sa joue, et Carlisle réclama naturellement sa présence à ses côtés pour cette nuit. Ce qu’elle accepta d’un hochement de tête. Soulagé, le fils Bishop fit glisser sa main dans celle de la brune, et ils retournèrent s’allonger. Peau contre peau, corps contre corps. Tout aurait pu s’arrêter là, mais Mina se sentit obligée de se justifier. Carlisle glissa un bras entre son oreiller et sa nuque pour se redresser légèrement, et croiser le regard voilé de la brune. « Je sais. » Souffla-t-il. « Mais je ne suis pas eux. Je ne suis pas les autres. » Il parlait, évidemment, des relations — et plus spécifiquement des hommes — qui avaient jalonnées la courte vie de Carmina Farrell. Il n’était pas parfait, il le concédait volontiers ; mais le lien qu’il avait tissé avec elle serait indéfectible… Au moins jusqu’à ce que la mort ne vienne le cueillir. « Je ne veux pas profiter de toi. » Elle n'était pas qu’un objet entre ses doigts qu’il comptait manipuler à sa guise. Elle n’était pas une poupée sur laquelle il pourrait fantasmer, et avec laquelle il pourrait s’envoyer en l’air quand bon lui semblait. Elle n’était pas un jouet dont il finirait par se lasser, ou qu’il casserait quand il en aurait marre. « Et je ne te blesserai jamais intentionnellement. » Ajouta-t-il, souhaitant se montrer complètement transparent. Il observa les doigts fins de l’héritière pianoter sur son torse, tandis qu’elle lui confiait vouloir être écoutée, et entendue. « Je ne suis pas un bon communiquant. » Admit-il en faisant la moue. Mais ça, elle avait déjà dû s’en rendre compte ; il n'était pas spécialement volubile. Quand il avait le choix, Carlisle privilégiait toujours les actes aux mots, estimant que ceux-ci étaient plus parlants, plus révélateurs. « Alors… Il faudra m’apprendre. Ou me dire ce qui se passe là-dedans. » Murmura-t-il avec douceur, alors que son index venait tapoter sa tempe. Il lui adressa un sourire léger, mais sincère. Il voulait faire les choses bien, avec elle. Alors il prendrait le temps nécessaire pour y parvenir, pour que tous leurs efforts soient couronnés de succès. Preuve de leur engagement et de leur motivation, Carmina leva progressivement le voile sur une étape importante de sa vie — les mois où elle avait été enceinte. Carlisle se redressa sur ses coudes, et l’écouta attentivement. Après tout, c’était lui qui lui avait demandé de lui parler de cette période de sa vie. Lui qui avait voulu savoir ce qu’elle avait ressenti. Et lui qui, directement, avait été responsable de ses maux. Désormais en position assise, il effleura l’avant-bras de la mère de sa fille, qui lorgnait sur son abdomen. « J’ai eu envie de le faire pendant des jours, pendant des semaines. » Avoua-t-il à voix basse, alors que sa main gauche écartait légèrement le tee-shirt qu’elle portait, pour que la droite puisse se faufiler sous le tissu et se poser sur le ventre plat de la mère de sa fille. Elle n’avait gardé aucune trace physique de cette grossesse, et pourtant ; à peine deux ans plus tôt, elle s’apprêtait à donner la vie. « Et je n’ai jamais osé ni te demander si je pouvais, ni pris l’initiative de le faire. » À quoi bon ? Elle l’aurait envoyé chier, ou l’aurait repoussé de toutes ses forces. Puisqu’elle détestait sa condition de femme enceinte, puisqu’elle n’avait visiblement aucun atome crochu avec l’être qui grandissait en elle, puisqu’elle n’adressait la parole qu’au pilote qu’en de rares occasions, il n’y avait aucune raison pour qu’elle le laisse à nouveau s’introduire dans sa vie par un geste aussi spécial, aussi intime. « Ça n’était pas le cas. » Fit remarquer l’ancien pilote en secouant la tête. En se pensant réduite au silence, en s’imaginant qu’elle n’était qu’une mère-porteuse aux yeux de celui qui l’avait mise enceinte, la jeune héritière s’était fourvoyée. Et il allait rétablir la vérité, deux ans plus tard. Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Ça ne réparerait pas les erreurs du passé, ça n’effacerait pas les douleurs ressenties, ça ne ferait pas se dissiper les maux profondément ancrés, mais ça permettrait au moins de partir sur des bases saines. « Quand tu es venue chercher du soutien chez moi, j’ai d’abord été surpris. Et puis soulagé. » Commença-t-il à voix basse, alors que sa main restait obstinément posée sur le ventre de Carmina. « J’ai cru que tu avais accepté ce qui nous arrivait, que tu t’étais faite à l’idée de cette grossesse. Et j’ai cru, naïvement, que tu avais compris que je n’étais pas ton ennemi. » Comment aurait-il pu l’être ? Il était le père de son enfant. C’était un homme droit, mature, honnête. Mais Carmina et Carlisle ne se connaissaient pas, ou si peu. Alors, forcément, il n’était pas surprenant que l’un n’ait pas su déchiffrer l’autre, et inversement. « Je t’ai regardée, je t’ai observée, chaque jour qui passait. » Les matins quand elle était debout et qu’il partait au travail, les midis quand il rentrait déjeuner pour s’assurer qu’elle n’avait besoin de rien, qu’elle ne manquait de rien, et les soirs quand elle était assise sur le canapé, ou sur la terrasse extérieure. Semaine après semaine, il l’avait vue s’arrondir. Il l’avait vue, aussi, complètement fermée. Hermétique. « Et j’ai espéré… » Continua-t-il, alors qu’un léger ricanement s’échappait de ses lèvres. Il avait été tellement naïf, tellement idiot, tellement inexpérimenté. Il passa une main sur son visage, et secoua la tête. « Putain j’ai espéré, j’ai espéré tellement fort que tu me laisserais partager quelques moments avec toi. Que tu me laisserais avoir une place, à tes côtés. À vos côtés. » Corrigea-t-il. Lui aussi s’était senti exclu, à bien des égards. Jaloux, même — mais il avait vite compris que ce n’était pas rationnel, et il avait su taire ce sentiment qui n’avait pas lieu d’être. « Et j’ai fini par comprendre que ça n’arriverait pas, jamais. » Ça avait été dur, difficile, et il avait trouvé cela injuste. Il aurait tellement eu envie de s’impliquer dans cette période singulière de la vie de Mina, et elle avait fermé la porte au nez, et l’avait verrouillée à double tour. Il se doutait qu’il n’avait pas été le seul à avoir été éjecté ; mais au vu de son rôle majeur dans cet événement, il avait espéré qu’elle lui ferait une place — même toute petite. Son majeur bougea, se repliant et s’étendant pour caresser machinalement cette peau lisse, qui n’abritait plus la vie de sa fille depuis longtemps. « J’ai essayé d’être là pour toi, mais tu ne répondais aux questions que par monosyllabe. Que ce soit pour tes rendez-vous médicaux, ou même pour la chambre de Maya : c’était comme si rien ne t’atteignait, comme si rien ne t’intéressait. » C’était en tout cas l’impression qu’il avait eue, à l’époque. Et il n’avait pas su comment gérer, il le reconnaissait. En mettant enceinte une fille qu’il connaissait à peine, il s’était attendu à tout ou presque — mais pas à avoir affaire à une personne amorphe, comme déconnectée de ce qui lui arrivait. « Je ne t’en veux pas, parce que maintenant je sais que… Tu étais là sans réellement être là. Physiquement tu étais là. Mais mentalement, c’était autre chose. » Avec le recul, il se demandait si elle n’avait pas fait une dépression — ou quelque chose qui y ressemblait. Il soupira, et murmura, un brin dépité : « On aurait dû avoir cette conversation il y a bien longtemps. » Quand Carmina avait franchi la porte de sa villa, et qu’elle était venue s’installer chez lui pour vivre plus sereinement la fin de sa grossesse, par exemple. Les occasions n’avaient pas manqué ; seulement, Carlisle n’avait pas été assez courageux pour prendre les devants. Sous prétexte qu’il ne voulait pas brusquer cette femme qu’il connaissait à peine, et à laquelle pourtant il avait fait un bébé. Un bébé qui, comme l’héritière Farrell le confirma à haute-voix, n’avait pas été voulu. Il retira rapidement sa main, qui reposait toujours sur le ventre plat de la brune, comme brûlé par les mots que Carmina venait de prononcer. Il ne pouvait pas prétendre qu’il n’était pas au courant ; à vrai dire, il l’avait bien compris depuis longtemps. Mais il y avait une différence entre le comprendre, et entendre la principale concernée le dire à haute voix. Il y avait aussi une différence entre le savoir, et l’accepter. « Il fallait que tu le fasses. » Fit simplement remarquer le blond en laissant son regard dévier sur la fenêtre de sa chambre. Bien qu’elle soit complètement ouverte, il avait la désagréable sensation d’étouffer. Que l’air s’échappait de la pièce, et qu’il ne se renouvelait pas. Il crevait d’envie de se lever, de s’échapper de sa chambre, et de plonger la tête la première dans l’océan non seulement pour se rafraîchir les idées, mais aussi pour oublier la douleur qui lui irradiait le coeur. Leur fille dormait paisiblement dans la chambre d’à côté, et sa mère avouait qu’elle ne l’avait pas désirée. Lui-même avait rêvé de ce bébé. Il l’avait attendu avec impatience, et avait immédiatement eu un lien fort avec sa progéniture. Comment deux êtres pouvaient-ils appréhender un tel événement d’une façon aussi dramatiquement opposée ? Il baissa les yeux, puis la tête, et contempla le drap d’un blanc immaculé qui le recouvrait partiellement. Il avait envie de faire le vide dans son esprit, mais il en était tout bonnement incapable ; les mots de Mina avaient été trop forts, trop percutants. Pourtant, il ne lui en voulait pas. Pas un seul instant, pas une seule seconde. C’était plutôt lui qui était à blâmer. Lui, qui avait mal fait les choses. Lui, qui avait été le seul et unique responsable de la douleur et la détresse de la mère de sa fille. Et quand cette dernière lui fit savoir qu’elle voulait occuper une place de choix, il hocha légèrement la tête. À vrai dire, il n’imaginait pas que cela puisse être autrement, maintenant qu’elle semblait prête à accepter son statut de mère de famille. Mais les doutes et les incertitudes faisaient toujours gamberger l’ancien pilote. « S’il te plait, ne me demande pas d’être irrationnel. » Murmura-t-il en soupirant légèrement., la tête toujours baissée. Ses bras reposaient sur ses genoux, et ses mains pendaient mollement dans le vide. Les émotions, fortes et puissantes, lui pompaient toute son énergie. Et, surtout, le poids de la culpabilité et de l’inaction pesaient lourd sur ses épaules. « Ne me demande pas l’impossible. » Parce que si elle le faisait, il n’aurait pas d’autre choix que de faire un pas en arrière. Ce serait douloureux, ce serait un échec, et tous deux le vivraient mal. Mais Carlisle n’était plus jeune, et il n’avait jamais été irréfléchi ; alors, forcément, il était moins fun que certains autres hommes, qui devaient tourner autour de l’héritière comme des charognards. « Je t’écoute. Dis-moi ce que tu veux. » Finit-il par dire, en relevant les yeux vers l’Australienne.
Jour 7. Lorsque les premières notes stridentes du réveil se firent entendre, Carlisle se hâta de le faire taire. Tandis qu’il ouvrait les yeux et constatait que le soleil se levait sur l’archipel, il entendit les premières protestations de Mina. Cette dernière, probablement plongée dans un demi-sommeil, avait apparemment toutes les peines du monde à prendre contact avec la réalité. Féline, elle se colla à son amant, et Carlisle ne se fit pas prier pour embrasser l’épaule dénudée qui s’offrait à lui. Elle se retourna pour le saluer, combla le maigre espace qui les séparait, et embrassa son torse avec douceur. « Je veux bien t’accorder encore quelques minutes. » Déclara-t-il à voix basse, profitant des caresses buccales de Carmina. Il se laissa choir sur le dos, et l’Australienne en profita pour suivre le mouvement. « Ce n’est pas un rêve. » Murmura-t-il, alors qu’elle lui disait vouloir encore profiter de ces moments matinaux, peau contre peau. Il eut un sourire mièvre, synonyme de son état d’esprit : il se sentait léger, et heureux. Heureux comme rarement il l’avait été. « Si tu es sage aujourd’hui, tu pourras revenir dormir ici ce soir. » Proposa l’Australien, alors que sa main passait machinalement dans les cheveux bruns de Mina. À vrai dire, Carlisle n’imaginait pas un seul instant que l’héritière ne le rejoigne pas la nuit, jusqu’à la fin de leur séjour. « Tu as envie, ou besoin d’un café ? » Demanda-t-il sur un ton moqueur, un sourire narquois clairement affiché sur ses lippes. Ils n’avaient pas beaucoup dormi, mais Carlisle cherchait avant tout à déterminer quelles étaient les habitudes matinales de la brune. Plutôt thé, café, cacao ? Jus de fruit, ou eau ? Tartines ou céréales ? Il s’imaginait déjà, s’affairant autour de la table du petit déjeuner. « Hm ? » Il écarquilla les yeux la seconde d’après, alors que Mina formulait une requête spéciale. Après avoir jeté un coup d’oeil rapide au cadran de son réveil, il allait lui dire qu’il craignait de manquer de temps — mais bien vite, elle lui fit comprendre que ce propos était, en réalité, à double sens. « Cruelle. » Commenta-t-il en faisant la moue, avant de superposer sa bouche à la sienne une fraction de seconde. « Il faut que je vérifie que l’archipel reconnait mon brevet. » Déclara l’Australien, alors que Carmina lui demandait de lui faire survoler l’île. Passionné de pilotage depuis qu’il avait intégré l’armée Australienne à son retour des États-Unis, Carlisle avait toujours veillé à ce que ses papiers en tant que pilote d’avion et d’hélicoptère restent en règle. Il avait fait toutes les visites médicales nécessaires, tous les tests demandés, et s’était plié aux contrôles psychologiques. Il n’avait jamais eu aucun mal à voir ses permis être renouvelés, au grand damn de son père (qui avait, non sans une certaine pointe d’ironie, baptisé ceci ses « lubies »). « Si c’est tout bon, je n’y vois aucun inconvénient. Bien au contraire. » Déclara-t-il, alors qu’un sourire sincère glissait furtivement sur ses lèvres. La simple idée d’être à nouveau dans un siège de pilote le faisait presque trépigner d’impatience. Il accueillit volontiers les lèvres de Carmina sur les siennes, et laissa ses doigts traîner dans le bas de son dos. Mais elle s’échappa rapidement de ce qui aurait pu être une étreinte enflammée, ce qui provoqua les grommèlements matinaux de Carlisle. « Eh ! » S’exclama-t-il, alors qu’il la regardait aller dans la salle de bain pour récupérer son bas de maillot de bain. Tout en décontraction. « Tu me le payeras cher, Carmina Farrell ! » Ajouta-t-il, alors que l’héritière quittait sa chambre dans un éclat de rire.
Le coeur et l’esprit légers, Carlisle avait commencé cette journée en fredonnant. Sous la douche, d’abord. En remettant de l’ordre dans sa chambre, ensuite. Puis en allant mettre en route la cafetière, mettre à chauffer le biberon de sa progéniture, et croquer dans un fruit pour faire taire les premiers gargouillements sonores qui s’échappaient de son ventre. Accoudé à la balustrade, une cigarette au bec, il regardait l’horizon se perdre dans le lointain, et affichait un sourire apaisé. S’il était comblé ? Oui, bien sûr qu’il l’était. Par sa fille, par Carmina, par la situation qui se dessinait et qui allait bouleverser sa vie. Mais il accueillait les changements sans crainte, au contraire : il avait hâte. Bientôt, quand ils auraient pris le temps nécessaire pour se retrouver, Carmina et lui officialiseraient les choses. Carmina et lui ne seraient plus seulement deux amants, ni deux parents : ils seraient une famille. Ensemble, avec Maya. Et rien ni personne ne pourrait les en empêcher, puisque c’était ce qu’ils désiraient. Carlisle avait le sentiment de pouvoir déplacer des montagnes — et c’était grisant. « Salut ma beauté. » Murmura l’ancien pilote, qui se pencha vers sa fille. Cette dernière tendait les bras vers lui, et il la souleva sans aucune difficulté. Sitôt dans les airs, il profita de ce rapprochement pour couvrir son visage de baisers furtifs, qui la firent rire. Il ne lui laissa du répit qu’une bonne minute plus tard, quand il sentit qu’elle avait du mal à reprendre son souffle, et qu’elle s’agitait contre son torse. Il la fit légèrement glisser contre lui, et libéra un de ses bras pour se servir un café. « Tu as bien dormi ? » Demanda-t-il, en espérant secrètement que les rapprochements intimes qu’il avait eu hier avec Carmina n’avait pas troublé le sommeil de leur progéniture. Non seulement il se sentirait coupable… Mais en plus, il aurait de quoi être couvert de honte jusqu’à la nuit des temps. Par chance, Maya lui fit savoir qu’elle avait bien dormi, et que c’était le soleil qui l’avait réveillée ce matin. Alléluia, songea Carlisle, qui s’autorisa à respirer normalement. « Regarde ce que je t’ai préparé. » Dit-il en pointant du doigt la biberon de sa fille, qui était disposé sur la table de la cuisine. Il fit quelques pas, s’assit sur une chaise, installa sa fille sur ses genoux, et lui tendit son breuvage préféré. Maya déposa sa tête contre le torse de Carlisle, tandis que ce dernier mordait avidement dans une tartine de pain, recouverte d’une généreuse couche de beurre de cacahuète. Tous deux déjeunèrent en silence, jusqu’à ce que la mère de Maya fasse son apparition. « Oula, tu as meilleure mine que Maman. » Commenta le pilote avec un sourire narquois, alors que Carmina avançait lentement dans la cuisine. Elle s’installa face à eux, et Carlisle poussa du bout des doigts sa tasse de café fumante en direction de l’héritière. « Tiens, tu en as l’air d’en avoir plus besoin que moi. » S’il se moquait d’elle ? Évidemment. Tous deux savaient pourquoi Mina avait les traits fatigués. Il partagea un regard complice avec la brune qui lui faisait face, et déposa ses lèvres sur le sommet du crâne de sa fille. Une de leurs plus belles réussites, à n’en pas douter. Il se délectait de cette scène matinale, à la fois fier et heureux. Carlisle prit une gorgée de jus de fruit, et manqua de s’étouffer lorsque Maya pointa du doigt une marque (un « bobo », comme elle le disait si bien) dans le cou de sa mère. Un simple regard lui permit de constater qu’il n’y avait pas été de main morte, et qu’elle garderait cette trace pendant au moins quelques jours — de quoi le rendre fier de son oeuvre. Joueur et espiègle, il laissa l’héritière dans l’embarras et, pire encore, abonda dans le sens de sa fille. « C’est vrai ça, comment tu t’es fait ça ? » Demanda-t-il, innocemment, alors qu’il se savait pertinemment coupable. @Mina Farrell |
| | | | (#)Mer 18 Aoû 2021 - 14:05 | |
| Jour 6 / Le fait que Carlisle se montre désireux d'apprendre quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude de faire, simplement parce que c'était important pour elle, la touchait. En fait, ça s'arrêtait même là, tout simplement. C'était cela qu'elle cherchait : qu'on l'écoute et qu'on prenne en considération ce qu'elle disait et il venait parfaitement de le faire. Elle sourit, se sentant rassurée pour la suite, sachant au fond d'elle que oui, Carl n'était pas comme les autres. Il ne ressemblait à personne et Carmina le savait bien, puisqu'il avait toujours été l'unique homme à la faire chavirer. Une fois sur le lit, alors que la main de l'ancien pilote se glissait sur sa peau et qu'elle abordait le sujet de sa grossesse, la jeune maman senti que malgré tout, cette conversation serait difficile. Importante, essentielle, mais cruelle pour l'un comme pour l'autre. Parce que si Carminait n'avait jamais osé dire ce qu'elle pensait et ressentait au plus profond d'elle-même, c'était pour la simple et bonne raison qu'elle n'acceptait pas. Elle culpabilisait d'avoir été ainsi, d'avoir été ce genre de femme, d'avoir aussi été ce genre de mère. Le genre de mère qui n'a pas l'instinct maternel, du moins pas tout de suite. Son amour pour sa fille, pour sa sécurité et pour sa bienveillance, s'était construit. Et c'était culpabilisant pour elle, parce que ça n'entre pas dans les normes de la maternité. La romantique maternité n'accorde aucunement sa place à ce genre de sentiment, d'attitude ou de pensées. Elle était mauvaise, point barre. Et là, c'était comme se justifier, comme une coupable et c'était cet exercice qui était difficile, surtout sous les yeux du seul juge qui puisse compter dans sa vie. Parce que depuis deux ans maintenant, Carlisle avait su se frayer un chemin, de valeurs, jusqu'à son cœur. Au fur et à mesure que le blond parlait de cette époque à son tour, émettant ainsi son avis sur ce sujet dont ils n'avaient jamais parlé ; Carmina senti un profond sentiment de tristesse l'envahir. A nouveau, elle se sentait coupable, parce qu'en agissant comme elle l'avait fait pendant ces quelques mois de grossesse, elle lui avait fait du mal. Son choix était devenu par force et brutalité, la condition du père de sa fille. Carmina s'était enfermée elle-même dans tout ceci, elle s'était réfugiée chez lui dans un geste de désespoir. Elle savait très bien qu'il ne l'aimait pas et qu'il ne l'aimerait jamais d'ailleurs, pourtant, c'était à ses côtés qu'elle avait été nicher ses dernières forces. Inerte, insolente, égoïste... bien sûr que oui elle l'avait été. Elle ne savait pas comment réagir autrement, se sentant dépossédée de son corps et de son avenir à ce moment-là. Pourtant, elle avait gâché cette expérience de vie, dans la vie d'un père. Et pour cela, maintenant qu'elle le réalisait devant le principal concerné, elle ne pouvait que se sentir triste et coupable, oui. « Je suis désolée » murmura t-elle en posant à son tour sa main sur son bras à lui. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle lui demandait sincèrement pardon de l'avoir privé de ces instants. Mais désormais, c'était trop tard pour y faire quoi que ce soit. Ils avaient commis des erreurs, prit dans la tourmente d'un événement totalement imprévu dans leur vie. Carlisle avait su le gérer, Carmina non. Le portrait qu'il dépeint d'elle lors de sa grossesse lui arracha le cœur. Il dressait le portrait d'une femme malheureuse et malade, plutôt qu'une femme épanouie par sa grossesse. Et c'était dur, d'accepter l'avis de quelqu'un d'extérieur pour quelque chose de profondément aussi intime pour elle. Pourtant, c'était parce que c'était justement Carlisle, qu'elle s'était sentie obligée de lui dire. Elle voulait qu'il soit conscient de ses démons, qu'il prenne sa décision en connaissant son pire péché, celui dont elle n'avait pas été laissé indemne. Elle ne voulait pas lui mentir, ni lui cacher la vérité, elle voulait aussi tout faire pour que ça fonctionne et elle voulait être transparente avec lui. Il méritait son respect. Finalement, alors que le cœur de Mina se serrait dans sa poitrine, que le sentiment de culpabilité était intense, elle murmura les quelques mots qui lui faisaient tant de peine à dire à haute voix. La réaction de Carl fut sans appel et Mina les vécues comme une épée glacée que l'on enfoncerait lentement dans son cœur. Sa main et sa chaleur quittèrent son ventre, son corps recula d'elle alors qu'elle le voyait à peine dans l'obscurité de cette nuit hors du temps. Le silence, long et profond, qui résulta de cet aveux était presque autant douloureux que le fait d'avoir prononcé ces mots à voix haute. Carmina baissa les yeux, coupable, et se maudit tout de suite de l'avoir dit. D'avoir cru qu'il comprendrait, d'avoir cru qu'elle pouvait le dire à quelqu'un. Erreur, profonde erreur et pendant de longues secondes, elle cru avoir complètement et définitivement tout gâché. Son cœur se serrait encore et encore, tandis qu'elle priait pour remonter le temps, pour se retenir d'être aussi franche. Elle voulait revenir à eux, il y a encore quelques minutes, en train de crever d'amour l'un pour l'autre. Mais avancer, creuser les fondations d'une vraie relation, ça demandait des efforts, des sacrifices. Elle devait prendre conscience qu'elle avait le droit de dire ce qu'elle pensait, que ce n'était pas un crime, malgré tout. Qu'il était encore là, il n'avait pas quitté la chambre, il ne l'avait pas quitté. Il était silencieux, distant, mais il était là. Mina devait aussi accepter que cet aveux allait avoir des répercutions et des conséquences. Que si oui, ils pouvaient devenir plus forts ensemble dans l'avenir, ils pouvaient aussi se séparer ce soir. Elle avait peur, mais elle avait foi en son amour pour lui. Elle savait désormais, après ce soir, qu'il était magique. Qu'elle était profondément amoureuse de cet homme, qu'elle avait désormais goûté à cet avant-goût de bonheur, de plaisir, de joie et de sécurité durant ces dernières heures et qu'elle allait se battre pour ça. Aujourd'hui, demain, dans trois ans, dans dix, dans vingt. Si c'était le prix à payer pour vivre cette histoire, elle le payerait. Elle s'agita sur le lit quand Carl ouvrit enfin la bouche. Sa main se fit plus intense sur l'avant bras de son amant et elle lui sourit doucement. « Mais si on en est là aujourd'hui c'est grâce à toi » cherchant à capter son attention. « Carlisle j't'ai aimé dès le premier instant et sans l'amour que je te porte j'aurai pas été capable de te faire confiance de cette façon... » tenta t-elle de lui expliquer. « J'ai fini par avoir foi dans ton rêve aussi et quand j'ai accouchée... j'ai... » elle baissa la tête. Elle avait abandonné sa fille pendant de longs mois, de très longs mois. Jamais elle ne pourrait se pardonner un tel comportement, c'était certain. Mais elle acceptait que cela fasse partie de son histoire, de leur histoire. Ce n'était pas comme on leur avait dit, ce n'était pas identique à ce que l'on voit dans les films, ce qu'on lit dans les livres, ce qu'on nous somme de croire comme la vérité universelle. Non. Pourtant, tout ce qui était arrivé suite à cela avait été magiques et merveilleux. Et Mina était chanceuse, réellement chanceuse d'avoir été là pour partager ces moments. « J'arriverai jamais à me pardonner certaines choses Carlisle mais pourtant » elle marqua une pause, cherchant son regard. Dans ses yeux, on y lisait la force dont elle avait fait preuve, mais aussi son courage et sa détermination. « Mais c'est notre histoire à nous... elle est comme ça, elle n'est pas parfaite, elle est loin de ce qu'on avait imaginé » et elle en était pratiquement sûr du moins pour lui. Elle se rapprocha de lui, à genoux, cherchant à poser sa main sur sa joue barbue, trouvant ses yeux. Elle lui caressa la joue dans une douceur infinie. Ses yeux parlaient pour elle, brillaient dans le noir de la nuit comme deux phares dans la tempête. « Moi j'te dis merci » avoua t-elle dans un murmure. S'asseyant sur ses talons, derrière elle, elle laissa sa main tomber dans celle de son amant, ne quittant pas ses yeux du regard. « Merci d'avoir toujours été là, d'y avoir cru même quand t'y croyais plus... » parce qu'elle prenait conscience que non, ça n'avait pas été simple pour lui non plus. « Tu m'as offert le plus beau des cadeaux » souffla t-elle alors qu'elle cherchait à venir plus près encore. Passant ses bras sur ses épaules à lui, les laissant glisser jusqu'à ce que son visage trouve la nuque de son amant, embrassant doucement sa chair. Sa main passa dans les cheveux blonds du pilote, alors qu'elle embrassait sa peau à un autre endroit « merci pour tout, merci pour elle, et je suis désolée d'avoir mis autant de temps pour tout comprendre... » elle avait eu besoin de plus de temps, mais cela ne montrait pas qu'elle était moins investie, ou qu'elle l'aimait moins. Bien au contraire, toute sa vie, Mina serait dans l'effort de se rattraper ses erreurs de la première heure. Finissant par le quitter pour s'asseoir à genoux face à lui, elle l'écouta lui demander ce qu'elle voulait. Elle l'observait, tandis que ses lèvres s'étiraient doucement. Non, elle ne lui demanderait pas l'impossible et elle n'allait pas lui faire mener une vie atroce, parce qu'elle le chérissait comme un cadeau, tout simplement. Alors son rire doux envahit l'espace de cette chambre, avant qu'elle ne place une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Ses yeux brillants toujours rivés dans ceux de son amant, elle fini par lui avouer tout bas « tout ce que je veux c'est ça » laissant ses yeux glisser sur la porte de la chambre du pilote, cherchant presque à voir sa fille à travers. « C'est nous, c'est toi et moi, c'est elle... » souriait-elle idiote. « J'veux la voir grandir dans un vrai foyer, avec une maison à nous, j'veux... » elle sourit, baissant les yeux. « J'veux qu'elle soit fière de nous quand elle sera plus grande, fière de notre famille et de notre histoire, j'veux qu'elle soit la plus heureuse possible » avant de marquer une pause. Ses yeux retrouvèrent ceux de l'homme qu'elle aimait, sa main caressa du revers de ses doigts, la barbe du pilote. « J'te demande juste de toujours me respecter Carlisle » avoua t-elle plus sérieusement, mais toujours de sa voix douce tandis que son parfum de vanille se faisait ressentir, comme par magie. « Je voudrais qu'on soit loyal toi et moi, j'voudrais qu'on soit une équipe soudée, parce que y'a que vous deux qui comptiez vraiment » avoua t-elle alors. « Je veux qu'on passe du temps ensemble, comme n'importe quelle famille... j'veux qu'on puisse vraiment mener une belle vie Carl » et c'était atrocement sincère, parce qu'il n'avait aucune idée de combien elle pouvait l'aimer. « Je veux être ton alliée et prendre soin de toi » lui confia t-elle « mais j'veux que tu puisses te reposer sur moi si tu en as besoin, je suis pas une petite chose fragile » sourit-elle. Parce que oui, elle l'était, mais elle était aussi forte. « J'veux juste te faire vivre la vie que tu mérites, avec la femme que tu mérites d'avoir à tes côtés » sourit-elle en grimpant sur ses genoux, passant ses bras à nouveau autour de ses épaules, rapprochant son regard du siens. « Si tu es heureux, je sais que je le serai aussi » parce que si sa grossesse lui avait apprit quelque chose, c'était bel et bien cela. Elle embrassa doucement, chastement ses lèvres, avant de lui murmurer « et toi ? » désireuse de savoir ce à quoi il pensait.
Jour 7 / Se réveiller dans son lit, entourée de son odeur, de sa chaleur, entendre sa voix, sentir ses caresses, il y avait-il seulement un réveil plus idéal que celui-ci ? Carmina en doutait fortement, si bien qu'encore peu habituée à tout cela, elle n'avait aucune envie de se défaire de son étreinte. « C'est toi qui va venir me supplier de dormir avec toi » sourit-elle joueuse, contre son torse, embrassant juste après sa peau. Elle s'étira contre lui, appuyant fortement contre son corps, avant de relâcher la pression en gémissant de bien être. « Hum... besoin » avoua t-elle. « Je prends toujours une tasse de café avec du lait froid, toujours, toujours... toujours... » alors que sa voix devenait de plus en plus endormie à mesure qu'elle parlait. Finalement, sentant qu'elle pourrait se rendormir, la jeune maman fini par se redresser sur le corps de son amant, rigolant lorsqu'il comprit enfin qu'ils ne coucheraient pas ensemble ce matin. Carlisle semblait plutôt d'accord avec l'idée de Farrell quant à une virée dans les airs et clairement, quand elle vit son sourire, elle se mit à sourire presque aussi largement, sinon plus. Elle avait envie d'être dans un avion avec lui au volant, elle avait une totale confiance en lui, si bien que la liberté semblait infinie et éternelle. « J'ai trop hâte » répondit-elle excitée, comme une enfant apprenant qu'elle allait aller à Disney. Elle vint embrasser ses lèvres, avant de se lever sous les protestations de son amant. Elle rigola, se claquant une fesse au moment de passer la porte, juste pour lui donner raison sur leur soirée prochaine.
Finalement, la jeune maman se rendit à la salle de bain de sa chambre, y croisant son reflet, elle fini par directement aller sous l'eau de la douche. L'eau tiède l'embrassa alors entièrement, tandis que le bruit des mouettes se faisaient entendre depuis l'extérieur. A chaque fois que ses yeux se fermaient, elle revoyait des flash de leur nuit, teintés de plaisir, d'envie, d'amour, de soutien. Son sourire ne semblait pas désireux de quitter son visage, si bien qu'elle oubliait totalement qu'elle souriait. La jeune maman eu le temps d'enfiler une robe légère et fluide, laissant ses cheveux dans une serviette, entendant que sa fille se réveillait doucement. « Hey mon amour » murmura t-elle après quelques instants, se rapprochant au dessus du berceau de sa fille. Maya était là, les yeux tout juste ouverts, se réveillant doucement. La main de la maman vint caresser la joue de sa fille, se perdant alors par la suite dans ses cheveux foncés « tu as bien dormi ? » demanda la jeune maman. Elle fini par sortir sa fille du lit, l'embrassant doucement avant d'entendre que Carlisle s'était lui aussi, levé. Elle sourit encore plus fort, senti son cœur battre plus fort, et se décida à ouvrir la porte de sa chambre. « Tu vas voir papa ? Maman fini de se préparer mon coeur » l'embrassant alors et lui laissant faire les quelques mètres qui lui permettrait de rejoindre son père. L'amour embrasait son corps tout entier, alors qu'elle allait ouvrit les volets de sa chambre et retirer la serviette de ses cheveux. Elle était cernée, elle se maquillerait sûrement avant de sortir pour que -si jamais- un paparazzi la photographie, elle n'est pas l'air d'un cadavre. Parce que c'était justement lors de ces moments de faiblesse que les pires photos arrivaient. Ils iraient encore croire qu'elle s'était droguée, sûrement. Mina n'y pensait pas vraiment, parce que se maquiller était un réflexe, depuis autant de temps désormais. Elle bailla lourdement, avant de finir par quitter la chambre. Leur maison était baignée de la lumière du jour, tandis que les heures du matin étaient les plus fraîches. Mina aperçu Carl assis, retenant leur fille contre lui pour son biberon. Elle sourit encore plus. « Charmant » répondit-elle alors. Lorsqu'elle le retrouva à table, au niveau de la cuisine, elle sourit devant la vision matinale du père et de la fille. Mina adorait les observer ensemble, c'était même sûrement ce qui la rendait la plus heureuse au monde, avant tout le reste. Son coude sur la table, sa main retenant son visage, elle les observait, cherchant à retenir son sourire. Elle se sentait heureuse, chanceuse et c'était difficile que d'essayer de faire taire tout cela. « Oh merci » se redressa t-elle quand Carlisle lui tendit une tasse qui se trouvait sur la table. Elle croisa son regard, et lui sourit, mais son regard à lui seul parlait pour elle, avec tous les mots d'amour de l'univers pour Carlisle. Elle baissa les yeux, le temps de boire un peu de son café, et finalement, manqua de boire la tasse toute entière lorsque sa fille lui demanda ce qu'elle avait dans le cou. Mina ne comprit pas tout de suite, à cause de la fatigue, et plissa les yeux une seconde, croisant alors finalement le regard du coupable. Surprise, prise sur le fait, elle avait envie de rire, sincèrement. Lorsque Carl en plus, en rajouta une couche, elle se mordit l'intérieur de la lèvre, retenant difficilement son sourire, posant la tasse sur la table. Elle se leva jusqu'au miroir dans l'entrée de leur maison pour voir à quoi ça ressemblait. « Alors ça Maya... » lança t-elle en faisant glisser ses doigts sur sa peau marquée. Elle revint à table, reprenant sa tasse de café et reprenant alors très sérieusement à sa fille « c'est une marque de papatozore » presque fière d'elle. Elle croisa le regard de sa fille, puis de son père, qui ne comprenant visiblement pas plus l'un que l'autre ce qu'elle venait de dire. « C'est un être magique, que maman a mis beaucoup de temps à trouver » sourit-elle. « Mais faudra lui dire qu'il ne doit plus faire ça, tu veux bien m'aider à lui dire ma chérie ? » demanda alors Mina, amusée. La petite retira alors son biberon, après avoir été captée par les dires de sa maman et hocha la tête positivement « il faut aller dans le ciel et rigoler très fort » avoua alors Mina, malicieuse. Maya se tourna pour regarder son père, ne comprenant sûrement pas le sens de la phrase de sa maman. Celle-ci d'ailleurs lui murmura alors assez fort « il faut que tu demandes à papa pour ça, il a le pouvoir de nous emmener dans les nuages » en lui faisant en clin d'oeil et en souriant. La petite se tortilla assez pour regarder son père et Mina rigola à son tour, se délectant de la suite. |
| | | | (#)Dim 29 Aoû 2021 - 23:42 | |
| Jour 6. « Pourquoi tu t’excuses ? » Demanda Carlisle en arquant un sourcil, après avoir relevé la tête vers l’héritière. Cette dernière, sans doute surprise et navrée du portrait que son amant venait de dépeindre d’elle, posa une main sur son avant-bras. Il la regarda faire, silencieusement, et reprit la parole pour essayer de la rassurer. Il ne voulait pas qu’elle se méprenne sur ses intentions ou sur ses propos ; il ne cherchait pas à lui faire un électrochoc, ni même à la faire culpabiliser. Carmina Farrell était tombée enceinte très jeune, et ça n’avait clairement pas été un plan pensé, réfléchi, mûri. La violence avec laquelle elle avait vécu cette grossesse n’était probablement pas étrangère à cette surprise de taille. « C’est moi qui t’ai demandé d’en parler, quand tu te sentirais prête. » Souffla-t-il, alors qu’il savait que le discours que l’héritière lui tiendrait ne serait pas forcément facile à entendre. Mais à ce point… Il retira brusquement sa main, qui reposait sur le ventre de la mère de sa fille, alors que la brune lui confiait clairement n’avoir jamais voulu tomber enceinte. Si, au plus profond de lui-même, Carlisle l’avait toujours su, entendre Carmina le dire à voix haute le blessait plus qu’il ne le pensait. Alors oui, il n’allait pas mentir, c’était dur : dur à entendre, dur à concevoir, dur à accepter. La vérité, c’était qu’ils n’avaient pas du tout vécu de la même façon l’arrivée de leur fille dans leur vie. Carmina s’était sentie démunie, dépossédée de son propre corps, profondément seule. Quant à Carlisle, passé le moment de la surprise, il avait vécu cette nouvelle comme une bénédiction, comme une renaissance. Enfin, il allait devenir père, et tenir le rôle le plus important de sa vie. Enfin, il allait avoir droit de s’occuper d’un petit être auquel il pourrait tout donner, fruit de ses amours (alors éphémères) avec une femme qui ne manquait pas de caractère. Il pensait que les doutes se dissiperaient rapidement, mais il n’en avait rien été : au contraire, plus son ventre s’était arrondi et plus Mina s’était renfermée, pour finir par devenir complètement mutique. Il resta longtemps silencieux, la tête baissée, alors que dans tout ce marasme, il se savait à la fois victime et coupable. Par chance, l’héritière Farrell prit les devants et tenta de le rassurer, avec une douceur inégalée. « Je… » Commença-t-il, en passant une main sur son front. « J’en sais rien. » En voyant qu’elle ouvrait la bouche pour lui répondre, il leva légèrement la paume de sa main pour la couper dans son élan. « Je sais aussi que si on est passé par tout ça, c’est à cause de moi. » Grâce, à cause : deux petits mots, qui étaient pourtant si lourds de sens. « Et même si tu es là aujourd’hui, je ne voudrais pas que tu viennes me reprocher, tôt ou tard, ou qu’on s’engueulera, ou qu’on ne sera pas d’accord, d’être responsable de la situation. » Parce que ce serait à la fois dur à encaisser, mais aussi parce qu’il trouverait cela profondément injuste. Parce qu’il savait, aussi, que leur relation ne serait pas toujours idyllique. Tous les couples passaient par des hauts et des bas, par des moments de doute. Eux n’échapperaient pas à la règle. « Il faudra, pourtant. » Répondit-il, alors que l’Australienne lui avouait être incapable de se pardonner certaines attitudes qu’elle avait eues lors de sa grossesse. Carlisle pouvait comprendre ; pourtant, il la trouvait aussi très dure avec elle-même. Personne n’était irréprochable, et tout le monde faisait, un jour ou l’autre, une erreur. « Si tu veux que ça marche, si tu veux profiter sans avoir le spectre des choix ou des erreurs passés, appelle cela comme tu veux… Si tu veux aller de l’avant, il faudra que tu te pardonnes. » Murmura-t-il, alors que la main de la mère de sa fille venait se poser tendrement sur sa joue. Il croisa son regard, alors qu’un sourire se dessinait légèrement sur ses lèvres. « C’est vrai. Ça ne ressemble en rien à ce que j’avais imaginé. » Admit-il, presque amusé. L’ancien pilote avait toujours pensé qu’il aurait un schéma de vie classique, sans accroc, sans surprise. Une copine, une maison, un chien, des fiançailles, un mariage, un bébé. Et pourtant… Il avait acheté une maison, s’était fiancé à sa copine de l’époque, et avait fait un bébé à sa maîtresse. On n’était à des années lumières du gentleman, quand on y repensait à deux fois. « Mais je ne regrette rien, absolument rien. » Assura-t-il, alors que l’héritière lui exprimait sa gratitude d’avoir cru en eux, en leur famille, alors qu’elle-même s’éloignait pour reprendre sa vie d’avant comme si de rien était. Mais il n’en attendait pas tant de la brune ; il avait simplement voulu qu’elle comprenne que tout n’était pas blanc ou noir. Leur histoire n’était qu’une nuance de gris — mais n’était-ce pas le lot de tous ? Les bras de l’héritière vinrent entourer ses épaules, et elle se pencha légèrement pour pouvoir embrasser sa nuque, sa clavicule. Les paumes de l’ancien pilote se faufilèrent à nouveau sous le tee-shirt de la brune, et se déposèrent dans son dos, sur ses hanches, puis glissèrent jusqu’à son ventre. « Ces épreuves n’appartiennent qu’à nous. » Souffla-t-il, alors qu’il sentait les lèvres de Carmina dessiner un chemin imaginaire le long de sa mâchoire. Alors qu’elle s’éloignait légèrement pour reprendre sa position initiale, il la maintint contre lui le temps d’échanger un baiser sensuel, qui marquait le début d’un nouveau chapitre de leur histoire. Il la libéra de sa poigne, et Carmina se laissa aller à quelques confidences pour leur avenir commun. Leur fille, eux, une jolie maison, et beaucoup d’amour : rien d’insurmontable, rien d’irrationnel. Il superposa sa main à la sienne, et l’Australien murmura : « S’il arrivait quelque chose… Tu me promets que tu n’abandonneras jamais et que tu t’occuperas d’elle ? » Les propos de Carlisle pouvaient sembler alarmistes, mais il cherchait simplement à s’assurer que Carmina tiendrait son rôle de mère pour Maya. Il n’en doutait plus vraiment, mais il avait cruellement besoin qu’elle le dise à voix haute, pour ne jamais plus s’interroger à ce sujet. « On peut être n’importe quelle famille. » Déclara le fils Bishop, avant de se corriger : « On sera n’importe quelle famille. » Peu importe leurs familles respectives, les rôles qu’on attendait d’eux qu’ils tiennent. Sa paume se superposa à celle de l’Australienne, qu’il serra légèrement. Soudés ? Ils l’étaient, et le resteraient. Unis ? Tout autant. « Je suis heureux. » Confessa-t-il à voix basse, son regard plongé dans celui de l’héritière. Ses mains harponnèrent ses fesses, et il la fit glisser contre lui, jusqu’à pouvoir nicher sa tête dans le creux de son cou. Il posa sa joue sur son épaule, et ferma les yeux. « Je suis vraiment heureux. » Répéta-t-il en souriant, insistant sur l’adverbe. Il ne mentait pas ; il s’était rarement senti aussi bien, aussi léger, aussi comblé. La présence de Maya dans sa vie lui avait déjà fait relativiser sur de nombreuses choses ; mais le duo qu’il formait avec Mina le portait aux nues. Cette dernière déposa chastement ses lèvres sur les siennes, et l’invita à se confier, à son tour. « Je n’ai pas besoin de plus que ce que j’ai déjà. » Avoua-t-il après quelques secondes de silence. « Tant que mon quotidien se fait avec Maya et toi, alors ça me va. » Dit-il, avant de poursuivre : « Je sais que vous me donnerez tout ce dont j’ai besoin. » La force, l’amour, la tendresse, le courage. Les obstacles pouvaient se redresser sur son passage, et les embûches rendre chaotiques ses avancées : il savait qu’en compagnie des deux femmes de sa vie, il parviendrait toujours à ses fins. À trois, ils seraient capables de déplacer des montagnes. À trois, ils atteindraient toujours leur but. À trois, ils allaient être heureux et épanouis.
Jour 7. « Tu ne crois pas si bien dire. » Avoua l’ancien pilote, alors que sa main caressait distraitement le dos de Carmina Farrell. Il n’avait pas beaucoup dormi, au cours de la nuit écoulée. Il avait gardé les yeux ouverts, comme pour mieux réaliser que ce corps frêle qu’il sentait entre ses bras était bien réel. Pour mieux s’assurer que l’héritière n’allait pas lui échapper, lorsqu’il baisserait sa garde et qu’il fermerait les yeux pour prendre un peu de repos. Son bras avait entouré ses hanches, et l’avait maintenue contre son torse. Son nez s’était alternativement logé dans ses cheveux, dans le creux de son cou, sur sa clavicule — et il avait respiré son odeur à pleins poumons, s’imprégnant de son parfum vanillé. « J’aime bien te sentir avec moi la nuit. » Confessa-t-il à voix basse, alors que la brune s’étirait comme un chat contre lui. Et la réciproque semblait être vraie, si on en croyait les difficultés qu’avaient l’héritière à s’extirper des draps encore chauds. Allongée sur le torse de son amant, elle peinait à ouvrir les yeux, et ses mots fatigués mouraient sur le bout de ses lèvres. Carlisle sourit, amusé et attendri par la douceur de ces moments précieux. Avec ces plaisirs simples, il avait la sensation d’être l’homme le plus heureux de la terre. Que pouvait-il espérer de plus, de mieux ? Il avait tout ce dont il avait toujours rêvé. Une fille magnifique et en bonne santé qui dormait dans la pièce d’à côté, et la femme qu’il aimait contre lui. « T’endors pas, petit koala. » Murmura-t-il en souriant, alors qu’il sentait l’héritière sombrer à nouveau dans les bras de Morphée. Ou, plus exactement, dans les siens. L’Australienne, en tenue d’Eve, se redressa finalement et sortit des draps sous les protestations de son amant. « Ne te réjouis pas trop vite, il faut quand même qu’on me donne l’accord. » Rappela l’ancien pilote en faisant la moue, alors que l’héritière s’extasiait sur leur activité du jour. Elle enfila le tee-shirt qu’elle lui avait pris la veille, déposa ses lèvres sur les siennes et, provocatrice, se claqua une fesse — lui faisant miroiter des retrouvailles nocturnes intenses.
Il avait passé de longues minutes seul, se délectant de ce début de matinée singulier. Fermant les yeux pour mieux se souvenir de cette nuit parfaite qu’il avait passé, perdu dans les bras chaleureux et tendres de la mère de sa fille. Il avait même l’impression que ses narines étaient encore pleines de son parfum vanillé. D’une humeur délicieuse, et l’esprit léger, il entreprit de préparer le petit-déjeuner. Il s’apprêtait à finir lorsque sa fille débarqua, réclamant un câlin bien mérité. Il s’installa avec Maya, et tous deux mangèrent en silence. « C’est le rituel du matin. » Confessa-t-il, alors que Carmina entrait dans la cuisine, et surprenait le duo père-fille en plein petit-déjeuner. Machinalement, l’ancien pilote passa une main possessive mais tendre dans les cheveux en bataille de sa fille, toujours sagement appuyée contre son torse. Si Maya grandissait de jour en jour et abandonnait de plus en plus ses attitudes de bébé, elle avait étrangement gardé celle de venir se loger contre son père pour boire son biberon matinal. Il n’en disait rien mais déjà, Carlisle craignait le moment où sa fille ne serait plus en quête de ce contact, et où elle s’installerait simplement face à lui pour manger. « Avec du lait. » Dit-il en esquissant un léger sourire, alors qu’il faisait avancer sa tasse de café en direction de la mère de sa fille. Il vit le visage de cette dernière s’éclairer, alors qu’elle comprenait qu’il avait, en réalité, préparé cette tasse pour elle. Le regard qu’ils échangèrent était éloquent, et chacun était en mesure de lire dans les yeux de l’autre tout le bonheur, tout l’amour, toute la tendresse et toute la sérénité qu’ils pouvaient ressentir. Si Maya n’avait pas été entre eux, Carlisle aurait probablement noué ses doigts à ceux de Mina — juste comme ça, le temps d’une seconde, pour lui établir un contact physique devenu nécessaire. Et qu’ils avaient déjà établi la veille, dans l’intimité de la chambre du fils Bishop, si on en croyait la marque rougeâtre qui colorait partiellement le cou de Carmina Farrell. Cette dernière se leva pour aller contempler l’étendue des dégâts — parce que c’état bien de ça dont il s’agissait — et répondit tranquillement à sa fille. « De papatozore, carrément. » Commenta l’ancien pilote en arquant un sourcil, retenant difficilement un sourire amusé. Il partagea un regard complice avec la mère de sa fille. Il était le seul et unique visé par les propos de la brune, et il le savait pertinemment. Loin de s’en offusquer, il préféra en jouer et s’en amuser. « En tout cas, il ne t’a pas loupée. » Ajouta-t-il après s’être légèrement penché, pour mieux voir la marque qu’il avait fait dans son cou. La couleur rouge était déclinée dans plusieurs teintes, et Carlisle savait d’ores et déjà que son oeuvre passerait part toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et resterait visible quelques jours. « C’est vrai. » Confia Carlisle en hochant légèrement sa tête, plongeant son regard dans les yeux bruns de sa fille. « On va aller faire une ballade très spéciale tous les trois. Et je te dirais quand tu pourras dire à ce drôle d’animal invisible d’arrêter d’embêter maman. » Commença-t-il en retirant une mèche qui barrait le visage de sa progéniture. « Mais je ne suis pas sûr qu’il comprenne très bien, parce qu’il adore maman. » Dit-il en insistant volontairement sur le verbe. Et le mot était faible : en réalité, il crevait de désir et d’un amour irrationnel pour la femme qui se trouvait en face de lui. Mais ils venaient à peine de se retrouver, et Carlisle préférait rester sur la retenue — pour le moment. Pour se préserver. Par précaution. « On pourra toujours lui demander d’arrêter de faire des marques à maman. Et si jamais il oublie, maman n’aura qu’à le lui rappeler. » Suggéra l’ancien pilote en relevant la tête pour partager un regard amusé avec la brune. Il savait pertinemment que ces stigmates n’étaient que le reflet, éloquent et sincère, de la passion qui les avaient animés la nuit passée.
Après s’être absenté le temps d’une heure pour aller s’enquérir auprès des personnels compétents de la possibilité ou non de faire valoir son brevet de pilote, Carlisle était rentré pour annoncer la bonne nouvelle à Maya et Carmina. Cette dernière, ne cachant pas son enthousiasme, s’était empressée d’aller se préparer pour cette sortie. Elle avait aussi pris soin de faire un petit sac pour Maya, dans lequel elle avait mis le nécessaire — de quoi se changer, une bouteille d’eau, des lunettes de soleil. Ensemble, ils étaient donc partis et s’étaient rendus à l’endroit indiqué par la société qui louait le matériel. Désormais assis à la place de pilote dans l’hélicoptère, Carlisle se retourna pour parler aux deux femmes qui avaient pris place à l’arrière. « Il faut que tu le gardes, pour parler et nous entendre te parler. » Expliqua Carlisle, alors qu’il se penchait par dessus le siège de sa fille pour déposer un casque sur ses oreilles. À ses côtés, Carmina, plus coutumière du fait, faisait la même chose. Il laissa un regard couler sur l’héritière qui attachait prudemment leur fille, s’assura que tout allait bien, et enfila à son tour son casque. Il démarra l’engin, fit quelques vérifications d’usage et vérifia les canaux de communication. « Vous m’entendez ? » Demanda-t-il à Maya et Mina, avant d’avoir une confirmation vocale en retour. « On a environ une heure de balade. On va faire le tour de l’archipel. »
@Mina Farrell |
| | | | (#)Mar 31 Aoû 2021 - 10:29 | |
| Jour 6 / Elle fit un signe négatif de la tête, avant que sa voix ne se fasse entendre, au dessus du tonnerre qui grondait encore dehors « jamais je pourrai faire ça » en évoquant le fait qu'elle puisse un jour, lui faire payer. Elle s'agita un peu sur le lit, avant d'expliquer « j'ai déjà tellement de mal à juste t'en parler... c'est... c'est ma honte à moi, et à mes yeux, je pourrai jamais te balancer ça » et c'était sincère. Il y a deux ans, elle n'avait jamais lâché dans une dispute que tout ceci était de la faute de Carlisle, parce que pour elle, ce n'était pas de sa faute à lui. Il avait une part de responsabilité, comme elle, parce qu'ils avaient fait Maya à deux, et qu'ils avaient sans doute mal gérer, à deux, la suite. Mais aujourd'hui, tout cela semblait si loin et dérisoire. Il lui dit qu'elle allait devoir se pardonner, mais elle haussa les épaules. Pour cela, elle savait qu'elle n'arriverait pas à se pardonner seule. Sans le pardon de Carlisle, ou de sa fille dans une décennie ou deux, elle n'y parviendrait pas. Elle ne pouvait pas se pardonner seule cette erreur là, ou alors pour Mina, cela serait commettre une deuxième fois la même erreur. Pourtant, malgré le côté profondément dramatique de leur conversation, Mina sentait que tout ceci était en train de changer. Ils n'avaient jamais abordé ces sujets-là en deux ans et ce soir, ils réussissaient à le faire, à s'écouter, à se parler, sans se juger. Et c'était tellement agréable, c'était rempli de jolies promesses pour la suite. Malgré tout, ce que lui demanda Carlisle juste après, ça lui fit bizarre. Comment pouvait-il lui poser la question ? Elle ne cacha pas sa surprise -sa mauvaise surprise- d'entendre cela et fini par lui répondre presque du tac-o-tac « parce que tu en doutes encore ? » blessée. Elle, elle n'avait pas besoin de lui poser la question, elle le savait. Certes, il n'avait pas commis la même erreur qu'elle par le passé -ou bien si, avec elle peut-être- mais est-ce qu'il était légitime de poser cette question ? Quoi qu'il en soit, ça lui faisait du mal. « Ca m'blesse que tu m'demandes » avoua t-elle doucement, les yeux baissés. Alors il ne lui faisait pas réellement confiance ? Apparemment non. « J'donnerai ma vie pour elle » balança t-elle tout simplement. Et dit comme ça, ça semblait pathétique, mais c'était la stricte vérité. Aujourd'hui, Mina pouvait mourir pour sa fille, elle pouvait se sacrifier, tout sacrifier pour elle, pour sa sécurité et pour son bonheur. C'était quelque chose qui était au fond d'elle, sans qu'elle ne s'en rende compte, sans qu'elle ait besoin d'y réfléchir. « Maya sera toujours ma priorité, j'ferai passer son bonheur et sa sécurité avant tout le reste » et c'était quelque chose qui n'avait pas été inné dès le début de sa grossesse, oui ; mais qui aujourd'hui semblait totalement essentiel et fondamental à sa vie. C'était comme avoir le nez au milieu de la figure. Alors quand Carlisle lui avoua être heureux, qu'elle sentit enfin ses mains revenir accrocher sa peau, maintenir son corps contre le sien, elle se sentie rassurée. Avec leur discussion, ce mouvement de recul qu'il avait eu -et qui faisait mal- elle aimait le sentir proche d'elle, désireux en tous cas de l'être. Un sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle ferma les yeux pour profiter de ce moment, sentant le poids de la fatigue tirer son corps vers le sommeil. Sa main vint dans les cheveux du blond, venant caresser ses mèches de cheveux séchées par l'eau salée. Elle se colla alors encore plus à lui, collant chaque parcelle de son corps et de sa peau à la sienne, humant son odeur, profitant de sa chaleur. La fatigue semblait venir les cueillir doucement, alors qu'ils allaient finalement s'endormir l'un contre l'autre au beau milieu de cette conversation. « Alors moi aussi j'suis heureuse » souffla t-elle juste, comme un murmure, contre lui.
Jour 7 / Quand il lui fit glisser sa tasse sur la table, précisant qu'il y avait mis du lait, le visage de Mina s'illumina comme si c'était noël. « Oh merci » répondit-elle touchée. En réalité, c'était le genre d'attention qu'elle n'avait jamais eu et dont étrangement, elle était tout bonnement fan. Elle aurait eu envie de l'embrasser, pour le remercier, mais son regard glissa sur leur fille, dans les bras de son père, en train de finir son biberon. Elle sourit alors que ses yeux brillaient comme deux étoiles. Elle ne s'en rendait pas compte, évidement, mais ses yeux brillaient quand elle le regardait lui. Elle était tout simplement totalement heureuse et amoureuse. Ses mains saisirent la tasse, tandis qu'elle posait ses talons sur le siège du fauteuil de la cuisine sur lequel elle avait prit place. Laissant ses genoux se retenir au bord de la table en face d'elle, la jeune maman bu son café, souriant encore plus en avouant « il est parfait » avant d'observer Carl. Il était beau, elle aimait l'observer, se délecter de sa présence. Sa simple présence la rendait heureuse. Et avec la nuit dernière, elle se sentait bien plus qu'heureuse. C'était comme vivre un rêve éveillé. C'était puissant, inspirant, énergisant. Magique.
Plus tard dans la journée, la petite famille se retrouvait à grimper dans un hélicoptère. Maya était très impressionnée, avant d'atteindre l'appareil, elle avait vu des petits appareils s'envoler. Alors elle comprenait ce qu'il se passait, mais tout semblait aussi très étrange pour ces petits yeux encore de bébé. Mina essayait de lui montrer les vieux coucous qui s'envolaient, lui expliquant qu'ils allaient sûrement eux aussi chassez le papatozore. Elle aussi, elle se sentait excitée par cette sortie en famille. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de grimper dans l'un des appareils que Carlisle pilotait, alors c'était une première. Et elle adorait cette sensation, elle adorait l'idée de lui faire une confiance aveugle. Parce que là-haut dans le ciel, elle ne pouvait pas faire autrement que lui faire confiance. Une fois à bord de l'appareil, Mina s'occupa de bien attacher sa fille sur le siège. Il y avait bien sûr des éléments prévus pour les enfants, et même si Maya était vraiment petite, ça ne risquait rien. Au pire, elle la prendrait sur ses genoux à elle et la tiendrait de toutes ses forces. Maya eu un peu peur au moment de s'asseoir, d'avoir le casque sur les oreilles aussi. Un casque bien trop grand pour elle. Les couleurs de l'engin n'étaient pas les couleurs favorites des enfants, c'était froid, c'était bruyant, c'était pas vraiment quelque chose qu'une enfant de deux ans aime, il faut bien être honnête. Pourtant, Maya ne fit pas de caprice, sûrement curieuse de croiser un papatozore. Elle n'arrêtait pas d'en parler depuis ce matin, au grand damne de sa mère qui s'était dit qu'elle aurait peut-être du inventer une histoire plus crédible ? Une fois installées derrière, le casque sur leurs oreilles, Mina entendit la voix de Carl résonner métalliquement. L'appareil faisait un bruit très impressionnant et Maya n'était clairement pas à l'aise. Elle grimaça, commença un peu à pleurnicher et Mina répondit au pilote « je crois qu'elle a peur attends ». Elle se tourna davantage vers sa fille, la détachant alors pour la prendre sur ses genoux. Maya retira le casque, cachant son visage dans les cheveux de sa mère. « Ma puce ça va aller, c'est papa qui pilote tu as vu ? » essaya t-elle de la calmer. Mais Maya avait peur, elle avait besoin peut-être d'un peu de temps pour se faire à ce bruit ? Mais Mina ne voulait pas non plus la forcer, ni la traumatiser, loin de là. Finalement, par la fenêtre, Maya vu d'autres appareils, elle vit les visages ravis des autres touristes et puis ses parents réussirent à l'apaiser un peu. « Je peux la garder contre moi ? » demanda t-elle au casque, à Carl.
Finalement, après ce petit moment, l'appareil quitta le sol, sous le sourire ravi de la mannequin. Maya elle, observait tout, en silence. Cela se voyait qu'elle n'était pas trop rassurée, mais qu'elle essayait d'y croire parce que ses parents étaient eux, contents. Mais lorsque l'hélico commença à prendre un peu d'altitude, la petite se colla aux vitres. Les couleurs des Seychelles vues d'en haut étaient incroyables. C'était comme la palette d'un artiste, avec ce bleu turquoise infini, avec le vert des montagnes et des forêts, avec ces plages presque blanches... c'était magnifique, c'était incroyable et Mina, heureuse, les étoiles plein des yeux, réussissaient à transmettre cela à leur fille, qui retrouvait son sourire et son rire, les petites mains collées contre les vitres de l'appareil. |
| | | | (#)Dim 12 Sep 2021 - 22:00 | |
| Jour 6. « Je ne pense pas. » Répondit-il en haussant les épaules, alors qu’elle lui demandait s’il doutait de son implication si jamais il venait à disparaître. Depuis le début de leur séjour aux Seychelles, l’ancien pilote avait ouvert les yeux sur la relation et la complicité qui régnaient entre les deux brunes. Mina s’était révélée être une mère tendre et aimante, douce et câline, protectrice et prévoyante. Combien de fois s’était-il senti fondre d’amour en les voyant délicatement enlacées ? Combien de fois les avait-il observées à la dérobée ? Combien de fois avait-il été témoin de la complicité sincère qui s’était établie entre Maya et Mina ? « J’ai juste besoin de te l’entendre dire. » Confia-t-il en faisant la moue. Il comprenait qu’elle soit blessée, vexée même qu’il lui pose une telle question. Mais Carlisle était un homme de raison, et les deux dernières années n’avaient pas été de tout repos. Leur relation avait connu quelques hauts, et beaucoup de bas — allant du silence total, à la froideur polie, en passant par des conversations qui n’avaient pas beaucoup de substance (sauf quand il s’agissait d’échanger sur leur fille). Qu’ils le veuillent ou non, ces longs mois avaient laissé des séquelles. Jusqu’à maintenant, ils avaient vécu chacun de leur côté, se contentant de partager un enfant. Aujourd’hui, ils devraient apprendre à conjuguer la vie, et tous les petits instants qui la composait, à deux. Carlisle hocha la tête, soulagé. Il sentit ses épaules se détendre, et ferma les yeux pendant une fraction de seconde. Mina et lui étaient sur la même longueur d’onde en ce qui concernait leur fille. Enfin. Désormais, ils seraient deux pour affronter les difficultés auxquels ils seraient confrontés. Ils seraient deux pour affronter les écueils de la vie. Ils seraient deux pour se battre contre les mauvaises langues. Mais surtout, enfin, ils seraient unis. Enfin, ils vivraient les moments heureux ensemble. Enfin, ils regarderaient dans la même direction. Il déposa ses mains sur les hanches de la brune, et la fit glisser jusqu’à lui. Son front se colla contre le sien, embrassa chastement ses lèvres, et se décala légèrement pour faire une place de choix à Mina. Cette dernière se faufila sous les draps, et retrouva sa place naturelle — contre le corps de son amant. Le bras de Carlisle vint entourer le corps frêle de la brune, et il déposa ses lèvres sur son épaule dénudée. Il ne quitta pas sa peau, et écouta le souffle de l’héritière se faire de plus en plus lent, de plus en plus profond. Elle s’endormait contre lui, paisible et heureuse. Et, alors que le silence régnait en maître dans la chambre de l’ancien pilote, l’évidence le frappa de plein fouet : là, maintenant, il avait tout.
Jour 7. « Ma pauvre chérie. » Commenta l’Australien en jetant un coup d’oeil à sa fille, qui était recroquevillée sur elle-même. Cette attitude était loin de correspondre à l’espiègle Maya qui était, d’ordinaire, aussi joueuse que joyeuse. Carmina usa de stratagème pour tenter de rassurer leur fille, mais les mots ne suffisaient visiblement pas. Lorsqu’elle se détacha pour se rapprocher d’elle, Maya s’empressa de se réfugier contre les flancs de sa mère. Attendri par ce spectacle, les lèvres de Carlisle s’étirèrent en un sourire tendre. Son index caressa la joue de sa fille pendant quelques secondes et, aidé par Carmina, il entreprit de changer les idées de sa progéniture. « Regarde. » Dit-il en pointant du doigt l’extérieur. « Tu vois ces gens ? Dans quelques minutes, on ne verra plus que des petits points en regardant en bas. » Expliqua l’ancien pilote, alors que les mains de sa fille se plaquaient sur la vitre de l’hélicoptère. Fermement maintenue par sa mère, Maya se sentait plus en confiance et semblait plus encline à profiter de l’escapade. « Et je te montrerai l’endroit où on va se baigner les après-midis. » Bientôt, le bruit des palmes qui fouettaient l’air se fit entendre. Il vit sa fille resserrer sa prise autour du bras de sa mère, qui demanda si elle pouvait garder sa fille sur elle. Puisque ça rassurait Maya et que le temps était dégagé, Carlisle n’y vit aucune contre-indication. « Hm hm. » Dit-il en hochant la tête, après avoir jeté un coup d’oeil aux deux brunes. Après avoir effectué une dernière vérification, Carlisle fit progressivement décoller l’appareil. Il s’éloigna du sol, redécouvrant avec plaisir et excitation des émotions qu’il avait vécues tant de fois, quand il travaillait chez Cathay Pacific. Une fois arrivé à la bonne hauteur, il commença son périple. Comme promis, il désigna la plage de l’île, où la petite famille avait pris ses quartiers. Dans quelques heures, ils seraient en bas. Dans quelques heures, ce serait eux qui, peut-être, regarderaient un hélicoptère en le pointant du doigt. Laissant Maya à son émerveillement, Carlisle profita de ce spectacle, qu’il avait relégué loin dans sa tête. Il avait toujours aimé observer la ligne de l’horizon, et s’imaginer qu’il pouvait la rattraper. Il avait toujours aimé observer ses différentes teintes de bleu, plus ou moins claires, plus ou moins prononcées. Il n’avait jamais imaginé qu’il prendrait sa retraite de pilote d’avion de ligne à quarante ans — sauf si, malheureusement, ses examens physiques n’avaient pas été bons. La vie était pleine de surprises, qui donnaient des directions différentes en fonction des choix pris à des moments cruciaux. Il fut sorti de sa torpeur et de ses réflexions quelques secondes plus tard, lorsqu’il entendit le rire mélodieux de sa fille remplir l’appareil. « Tout va bien ? » Demanda-t-il, alors qu’il n’en doutait pas vraiment. Les yeux de Mina pétillaient de malice, tandis que Maya s’était redressée pour mieux observer le paysage.
Jour 10. Après avoir récupéré leurs bagages à l’aéroport dans un silence qui contrastait terriblement avec les derniers jours qu’ils venaient de vivre, Mina (qui tenait fermement contre elle une Maya endormie, épuisée par le vol retour) et Carlisle se dirigèrent vers la voiture de l’ancien pilote. Casquette vissée sur la tête, qu’il gardait soigneusement baissée, il pensait aux minutes qui allaient suivre. Il devait déposer l’héritière Farrell chez elle, et repartir ensuite dans sa grande villa. Pour la première fois depuis dix jours, la famille qu’ils tentaient de reconstruire serait séparée. Pour combien de temps ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais il se fit la promesse mentale de se dégager du temps pour en passer un maximum avec les deux brunes. Alors qu’ils arrivaient au parking souterrain, Mina entreprit d’installer et d’attacher leur fille dans son siège auto, en évitant de la réveiller. Carlisle, pour sa part, chargeait les bagages dans le coffre — et prenait tout son temps, heureux de grappiller quelques malheureuses secondes en la compagnie de la mère de sa fille. Il cherchait les bons mots à dire, les bons gestes à avoir. Malheureusement, le fils Bishop n’avait aucune idée lumineuse. Il passa une main sur son visage, et referma précautionneusement le coffre, pour ne pas réveiller sa fille. Il s’installa derrière le volant et, sans un mot, alluma le contact et démarra.
Ils avalaient les rues les unes après les autres, tandis que le silence se faisait toujours de plus en plus pesant. Carlisle jetait des coups d’oeil à la dérobée sur Mina, dont les yeux vides observaient la succession de gratte-ciels. « Est-ce que… » Commença le fils Bishop, avant de se mordre la lèvre. Il se sentait coupable. Fautif. L’héritière Farrell le pardonnerait-elle un jour d’être si rationnel, si raisonnable ? « Je sais qu’on n’en a pas parlé mais… Est-ce que tu penses que tu pourrais garder Maya, cette semaine ? » Demanda-t-il à voix basse. Leur séjour aux Seychelles avait permis à l’Australien de se rendre compte d’une chose : Carmina était une bonne mère, et avait noué une vraie complicité avec Maya. Cette dernière serait chouchoutée et gâtée, et Carlisle n’avait aucun doute quant au fait que les deux femmes passeraient un bon moment. « Je vais retourner au bureau demain, et connaissant mon père, il va me faire payer cette période de vacances. Et… Franchement, je pense que je vais être surchargé. » Confia-t-il en faisant la moue. Il pesait ses mots : l’Australien était convaincu qu’il lui faudrait des semaines pour rattraper son retard. « Du coup, si tu as un peu de temps et que ça te dit… Je pensais que tu pourrais la garder, si ça te disait. Vous pourriez passer du temps ensemble, comme on en avait parlé. » Proposa-t-il, en esquissant un léger sourire. « Je pourrais te la déposer demain matin, avec des affaires. » Il tenta de ne rien laisser paraître, mais l’idée de passer plusieurs jours loin de sa fille pour la première fois depuis sa naissance lui faisait plus de peine qu’il ne voulait bien l’admettre.
@Mina Farrell
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| | | | (#)Dim 31 Oct 2021 - 8:36 | |
| Jour 7 / Une fois dans les airs, alors que le bourdonnement de l'appareil réduisait leur communication à l'essentiel, Mina, tenant fermement sa fille contre elle, assise sur ses genoux, observait à travers la vitre de l'avion elle aussi, comme Maya. Ses petites mains étaient posées à plat sur la vitre, tandis que de sa petite voix, elle cherchait à appeler les personnes ou les voitures qu'elle voyait bouger sous ses yeux. Bientôt, l'échelle humaine disparue, laissant à la place la vue magnifique des Seychelles, baignant dans cet océan d'une beauté incroyable. « Regarde ma puce » lança Mina, heureuse de pouvoir partager cela avec sa fille ainsi qu'avec son père. D'ailleurs, Mina tournait aussi souvent que possible sa tête en direction de Carlisle, qu'elle entendait directement dans son casque. Pourtant, elle ne pu s'empêcher de déposer sa main sur l'épaule du pilote, juste pour partager cela avec lui physiquement. Elle en avait besoin, d'avoir ce lien physique, tant qu'il était encore là. Maya elle, sautait presque d'excitation sur les genoux de sa mère, alors que finalement, la voix du pilote se fit entendre. Mina rigola et répondit « je crois que ta fille adore voler » et quel luxe de pouvoir dire cela. Quel cadeau étaient-ils en train de vivre, ensemble, en famille ? Réalisaient-ils enfin la chance qu'ils avaient ? Et surtout, la poésie que tout ceci pouvait jouer avec Maya ? La mère passa sa main sur le crâne de sa fille, apportant ce dernier à ses lèvres, afin qu'elle dépose de tendres baisers sur ses cheveux foncés. Elle était reconnaissante de pouvoir vivre un tel moment, de faire vivre à sa fille, un tel moment. Quelle gamine pourra se vanter de voler dans les airs avec ses parents ? D'avoir un père pilote ? Un père qui chasse le papatozore ? Elle sourit, embrassant à nouveau le crâne de sa fille. Les yeux de la mannequin ne quittaient plus les paysages, débordant de couleurs et de vie sous leurs yeux ébahis. Tout semblait plus vif, plus fort, plus intense, plus épanouie. C'était nourrissant, les trois membres de cette famille avaient le sourire. La balade continua, Carlisle les emmena au dessus des plages sur lesquelles ils s'étaient baignés depuis leur arrivée. Ils passèrent non loin de leur hôtel aussi, mais surtout, au dessus des forêts magnifiques qui recouvraient cette terre mystique. D'une beauté sans pareil. Le plus bel endroit du monde, très certainement. « Papa ! » cria alors la petite sur les genoux de sa mère. Maya voyait son père, très vite, elle lui demanda en pointant son doigt vers le ciel « papatozore ? » apportant ses petites mains à sa bouche, elle demanda encore « il est où ? » avant de chercher une réponse sur le visage de sa maman. Mina rigola doucement et lui lança « papa a dit de regarder vers les nuages » avant de pointer de son doigt quelques nuages qui pouvaient se trouver au dessus d'eux.
Jour 10 / Toutes les bonnes choses ont une fin, n'est-ce pas ? Il avait fallu rentrer, leur escapade ne pouvant pas durer indéfiniment. Les deux adultes avaient du travail, des obligations, des devoirs et des comptes à rendre. Bien loin de tout ce qu'ils avaient vécu durant leur séjour aux Seychelles. La peau de Carmina avait caramélisée, elle sentait toujours la vanille, pourtant, le décors n'était plus le même. Dans l'avion, Mina avait mêlée sa main à celle de son amant, s'enroulant presque autour de son bras. Elle ne voulait pas être loin de lui, elle ne voulait pas reprendre le rythme qu'ils avaient avant. Mais rien n'était plus comme avant, pas depuis cette nuit, là-bas. Les choses avaient changées et désormais, il faudrait faire en sorte que ces changements les suivent dans leur vie quotidienne. Carlisle avait demandé du temps, il ne voulait pas prendre de risque. Mais dans les faits, Carmina se sentait incapable d'être loin de lui, ou de leur fille, pour le moment. Pas après ces jours incroyables passés ensemble. Se murant dans un silence, propice aux réflexions, la jeune maman se demandait si on avait parlé d'elle ou de son absence, sur les réseaux. Elle n'avait toujours pas rallumé son portable, elle n'était pas encore prête pour ce retour là. Elle voulait encore être avec eux. Ce n'est que dans la voiture du pilote, en route pour chez elle, que le silence fut rompu. Mina jeta un coup d'oeil en direction de leur fille, qui dormait encore. Elle sentait que son cœur, au fur et à mesure que les kilomètres étaient avalés par la voiture, était en train de paniquer. L'idée de se retrouver seule, totalement seule, après ces semaines de joie, d'amour et de sécurité à trois... ça l'angoissait. Elle ne disait plus rien, trop prise par ses pensées et ses peurs qui s'étendaient à son âme toute entière. Est-ce que vraiment ça allait marcher ? Est-ce que vraiment ils s'aimaient assez fort pour que ça marche vraiment, même ici ? Est-ce que le père de Carlisle n'allait pas tout faire pour les séparer, s'il l'apprenait ? Est-ce que les journaux allaient épier leur histoire et la balancer n'importe comment à la vue de tous ? Est-ce qu'ils avaient réellement un avenir ? Toutes ces questions la rongeait, tandis qu'elle imaginait entrer seule chez elle ce soir, dans son loft totalement froid, vide et silencieux. Elle n'avait pas envie d'y être seule ce soir, elle n'avait pas envie d'y rester seule ce soir. Pourtant, elle ne voulait pas s'imposer à Carlisle, il lui avait dit lui-même vouloir prendre son temps, pour leur fille, pour eux, pour tout le monde en fait. Le père de sa fille lui proposa de lui laisser leur progéniture dès le lendemain matin, sortant la mannequin de ses pensées. Son odeur, le goût de ses lèvres, ça lui manquait déjà. Alors qu'il était juste là, qu'il s'agissait de leurs dernières minutes ensemble, qu'elle ne pouvait même pas le toucher. « Oui bien sûr » répondit-elle. Bien sûr qu'elle pouvait avoir leur fille cette semaine, bien sûr quelle question. Elle dégagea ses cheveux de son visage et lui demanda alors « ça va aller tu penses ? » avant de croiser son regard et de continuer « avec ton père » Mais dans sa poitrine, l'angoisse faisait battre le rythme, violemment et sans discontinuer. Elle avait peur, de se retrouver seule. Alors que la voiture réduisait de plus en plus le temps qu'il leur restait en famille, qu'ils se rapprochaient de l'endroit où la mannequin vivait, cette dernière murmura tout bas « j'ai pas du tout envie de me retrouver seule ce soir Carl » attendant qu'il fasse quelque chose, là, maintenant, pour calmer son angoisse. |
| | | | (#)Lun 1 Nov 2021 - 15:30 | |
| « Merci. » Répondit-il, avec sincérité. Il était soulagé de savoir que sa fille allait passer de nombreuses heures en compagnie de sa mère, plutôt que d’être gardée par une baby-sitter. Après avoir passé dix jours en compagnie de ses parents, Maya avait dû s’accoutumer à leur présence. Elle aussi aurait peut-être quelques difficultés à renouer avec le quotidien. Carlisle était donc soulagé de savoir qu’elle aurait droit à une transition en douceur. « J’ai des doutes. » Confia l’ancien pilote en haussant les épaules. Il était parti plus de dix jours, et n’avait pas pris la peine d’allumer son téléphone portable une seule fois. Il n’avait consulté ni ses mails, ni ses messages, ni aucune notification. Il avait littéralement fait le mort, que ce soit au niveau professionnel ou au niveau social, pour se consacrer exclusivement à sa vie famille — et avec le recul, il se félicitait de cette décision. En se déconnectant du reste du monde, il avait pu se focaliser sur sa fille, sur Mina. Il avait pu profiter de chaque instant, de chaque seconde, de chaque moment. Il avait pris du temps pour lui, et avait vécu pour lui — se comportant en parfait égoïste, pour une fois dans sa vie. « Mais ça n’a jamais vraiment été entre lui et moi, de toute façon. » Ajouta-t-il, sur un ton lisse. C’était triste et navrant, mais c’était surtout la stricte vérité : les deux Bishop étaient bien trop différents, bien trop opposés pour s’entendre. Carlisle avait pourtant fait de son mieux, acquiesçant à toutes les demandes de son géniteur, acceptant de rentrer dans un moule qui ne lui convenait pas et qui ne lui conviendrait jamais. Il avait espéré que son père s’assagirait avec l’âge, qu’il deviendrait moins dur et plus tolérant — mais il n’en avait jamais rien été. Même l’arrivée de sa petite-fille, qui aurait dû être un sujet de réjouissance, avant été critiquée. Et pour cause : Carlisle avait, une fois de plus aux yeux de son père, failli : une héritière, c’était moins bien qu’un héritier. « Et toi ? » Demanda-t-il en tournant la tête vers son interlocutrice. Il croisa son regard chocolat et, après jeté un coup d’oeil dans son rétroviseur intérieur pour vérifier que Maya dormait dans son siège, se permit de déposer sa main dans la sienne. Ses doigts encerclèrent les siens, cherchant à mêler leurs énergies. « Ça va aller ? » Elle aussi avait été particulièrement discrète, se faisant oublier du grand public. Habituellement si active sur les réseaux sociaux et scrutée par la presse à scandales, son absence avait dû être remarquée. Les médias et autres mauvaises langues avaient dû spéculer, et Carlisle ne doutait pas que la réapparition de l’héritière ferait jaser. « Tu es prête à retourner dans le tourbillon médiatique qui était ton quotidien ? » Il la sentit tressaillir et, indirectement, cela répondait à sa question. « Quels sont tes projets pour les prochains jours ? » Demanda-t-il, pour lui changer les idées. « Hormis choyer la plus belle chose du monde, évidemment. » Déclara-t-il en souriant, alors qu’il faisait naturellement référence à leur progéniture.
Il quitta l’un des principaux boulevards de la ville de Brisbane, et s’arrêta devant le garage souterrain de l’immeuble de Mina. Il s’empara de la télécommande, appuya sur un des boutons, et le rideau métallique s’ouvrit — trop vite à son goût. « On en a déjà parlé, Mina… » Souffla-t-il, alors que ses dents grignotèrent ses lèvres. Il était mal à l’aise et, surtout, avait toutes les peines du monde à résister aux suppliques de la mère de sa fille. Le reste du trajet se fit dans un silence de mort, et Carlisle s’arrêta finalement à quelques mètres de l’entrée. Sans un mot, l’héritière s’éclipsa — et le fils Bishop sentit son estomac faire un bond de douleur. « Je reviens, ma chérie. » Dit-il en se penchant par dessus son siège. Il ouvrit sa portière, s’extirpa du véhicule, et prit soin de refermer derrière lui. En quelques enjambées à peine, il rejoint Mina, qui farfouillait dans le coffre. Il posa une main sur son avant-bras, et murmura : « Attends, laisse-moi t’aider. » Elle s’éloigna d’un pas, et il prit la relève. Ses mains se saisirent de la valise de la mère de sa fille, qu’il déposa à ses pieds. Il referma le coffre, et se retourna pour faire face à l’héritière Farrell. Il fallait qu’il parle, qu’il lui explique, qu’il lui dise ce qu’il ressentait au plus profond de lui-même. Si son coeur lui dictait de se jeter à corps perdu dans cette relation, sa raison lui suggérait de prendre son temps et de faire les choses en douceur. Pour leur fille, mais aussi pour eux. « Je… » Meurs d’envie de monter avec toi, et de passer une nouvelle nuit dans tes bras. Pas la meilleure façon de marquer un semblant de distance entre eux. Il baissa les yeux pendant quelques secondes et, finalement, céda à l’appel de l’héritière. Ses mains encadrèrent son visage, et ses lèvres s’écrasèrent brutalement sur les siennes. Il ne consentit à la laisser respirer que lorsque lui-même fut à bout de souffle. « Moi non plus, je n’ai pas envie de me retrouver seul ce soir. » Admit-il du bout des lèvres, son regard clair se perdant dans le sien. « Mais la précipitation ne nous a jamais réussis. Alors puisqu’on s’est créé l’opportunité de se laisser une seconde chance, je veux faire les choses correctement avec toi. » Il colla son front au sien, et poursuivit : « Parce que je veux que ça fonctionne. » Il voulait pouvoir l’inviter au restaurant, lui proposer d’aller au cinéma, s’accorder des escapades en amoureux. Il goûta à nouveau à ses lèvres, avide d’elle, et murmura en souriant : « Tu n’auras pas le temps de réaliser qu’on est rentré que, déjà, je t’apporterai le petit-déjeuner au lit. » Et il se promit que cela arriverait, sans faute, avant la fin de la semaine. « Je devrais y aller avant que tu n’aies définitivement raison de moi. » Dit-il. Pourtant, il ne put s’empêcher de déposer un baiser sur ses lèvres. Puis un deuxième, et un troisième. « Je te déposerai Maya demain matin, vers huit heures. » Il recula de quelques pas, et s’arrêta au niveau de la portière de sa voiture. « Merci encore. Pour tout. » Souffla-t-il, alors qu’un sourire sincère étirait ses lèvres. @Mina Farrell |
| | | | (#)Mar 2 Nov 2021 - 9:32 | |
| Lorsque Carlisle s'inquiéta de savoir si ça allait bien se passer pour Mina au cours de cette semaine, la jeune maman ne répondit que par un « mmh » à peine prononcé, ne répondant pas du tout à ses questions précises. Les projets de cette semaine ? Elle n'en savait rien, il fallait qu'elle se reconnecte à cette vie qu'elle avait fuit durant ces vacances en famille. Dès lors que son téléphone allait être rallumé, sa semaine allait s'organiser en fonction des appels manqués, des messages reçus, des e-mails envoyés. Son esprit était bien loin de la conception de son agenda, du moins à cet instant. La jeune maman redoutait ce moment où elle allait se retrouver seule, elle redoutait un peu de rentrer chez elle, de retrouver le calme, le silence, l'absence. Comme si ces vacances n'allaient plus être qu'un souvenir, qu'un idéal, qu'ils n'atteindraient jamais. Quand Carl posa sa main sur la sienne, automatiquement, un sentiment de soulagement et de bien-être s'empara d'elle. En une seconde, il avait tout envoyé valser. Alors quand elle croisa son regard, et qu'elle le vit aussi sourire, elle ne pu que sourire elle aussi, ne réalisant même pas quel pouvoir Carlisle avait sur elle. Lorsqu'ils entrèrent dans le parking souterrain de l'immeuble de l'héritière Farrell, le cœur de la jeune femme tambourinait d'angoisse. Elle fini par sortir de la voiture, après avoir vu que sa fille dormait profondément à l'arrière. Sa main glissant sur la carrosserie de la voiture de son amant, elle se dirigea vers le coffre, avant que le pilote ne vienne l'aider, tel le gentleman qu'il était. Mais ce n'est que lorsqu'enfin, il lui saisi le visage entre ses mains, embrassant la chair de ses lèvres et lui confiant lui aussi ne pas vouloir être seul ce soir, que Mina ferma les yeux une seconde. Ses mains à elle s'étaient posées sur celles de son amant, comme pour le retenir elle aussi. Ses yeux étaient rivés dans ceux de Carlisle, tandis que la jeune maman sentait que le moment qu'elle redoutait était en train d'arriver. Pourtant, le pilote trouvait les mots justes, et il avait raison dans ce qu'il disait. « Oui je sais » lança t-elle tout bas, fuyant presque son regard. Etait-elle une gamine capricieuse à taper du pied pour ne pas qu'on lui enlève les deux seules personnes qui comptaient vraiment pour elle ? Oui, très certainement, on parle quand même de Carmina Farrell. « Mais j'pensais pas que ça s'rait si dur là » exprima t-elle comme un aveux de culpabilité. Après avoir vécu vingt quatre heures sur vingt quatre ensemble, pendant des jours et des jours, la jeune femme redoutait cet éloignement. Elle n'avait pas encore comprit que la distance ne détruisait pas tout, qu'elle n'était pas forcément quelque chose de négatif, de destructeur, ou de malheureux. Quand l'homme qu'elle aimait lui avoua vouloir tout faire pour que ça fonctionne, Mina ouvrit les yeux, brillants, pour les bloquer dans ceux de Carlisle. Elle le croyait, elle n'avait aucun doute sur ce qu'il était en train de dire, bien sûr. Mais elle ne voulait pas être loin d'eux, pas comme ça, aussi brutalement. Elle laissa ses mains glisser sur le haut de Carl, qu'elle maintenait fort, comme si elle s'y accrochait de toutes ses forces. Il vint embrasser ses lèvres, avant de se décoller, trop rapidement au goût de l'héritière. Il allait craquer, s'il restait encore. « Attends » lança t-elle en réduisant la distance. « Laisse moi l'embrasser » murmura t-elle en observant sa fille à travers la vitre teintée arrière. Elle ouvrit alors doucement la porte, caressant le crâne de sa fille, endormie. Elle embrassa Maya de plusieurs baisers sur son front, respirant son odeur une dernière fois. Son cœur se serra, c'était dur, même pour quelques heures. Mina prit sur elle, se reculant alors et fermant doucement la porte, avant de se tourner vers Carl. Elle laissa son crâne venir doucement heurter son torse, alors que ses mains s'accrochaient encore à ses vêtements, dans une douceur infinie. Elle releva la tête, croisant silencieusement son regard. Elle lui sourit, amoureuse. Elle se hissa jusqu'à atteindre ses lèvres, posant sa main sur la joue de son pilote, avant de lui murmurer « je t'aime » laissant ses bras glisser autour de lui, juste le temps d'un calin, le dernier calin. Elle respira son odeur, le plus possible, regrettant de ne pas lui avoir volé un vêtement dans son sac, pour avoir un peu de lui, avec elle. Sa main tapota son torse, avant qu'elle ne lui dise « allez vas-y » à regret. Mina le laissa donc partir, silencieuse, ne bougeant pas tant que la voiture de Carlisle ne s'évapora à l'extérieur. Le cœur brisé, épuisé par ce retour, la jeune maman prit enfin sa valise pour regagner son appartement, où de terrifiantes surprises allaient l'y attendre.
FIN (je te laisse ouvrir le prochain quand tu auras le temps |
| | | | | | | | the special anniversary (mina&carlisle) |
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