(outfit) Jamais Birdie ne dirait non à un bal. Jamais Birdie ne dirait non à un bal de la pride. On peut compter sur elle pour les festivités, pour les before et les after, la parade, les cris, la danse, pour absolument tout. C’est son univers, après tout ; l’humain, le coloré, le brillant, l’entier. Son œil pétille toujours d’avance de s’extasier sur les futures tenues qui vont sortir cette année, les vêtements aussi colorés que rayonnants qu’on ne voit nulle part ailleurs le reste de l’année - un véritable drame. Alors quand Heather l’a invitée à l’y rejoindre, elle n’a pas hésité deux fois ; elles se sont quittées il y a à peine deux jours après le séjour à Elimbah mais les voilà cul et chemise à un event pareil. Elle apprécie qu’Heather se décoince pour venir affirmer ses couleurs, l’actrice qui lui semble toujours sur la retenue quand on parle de son image et qu’il y a toujours un risque de projecteurs mal placés. Autant dire que là, elle va être la reine de la soirée, sa célèbre amie, mais Birdie ne s’avoue pas vaincue pour autant ; elle va même faire la promotion d’Heather pour gagner le titre en jeu de l’année - comme ça, elle pourra lui piquer la couronne en toute tranquillité. Un plan parfait et limpide, il faut juste que le peuple soit de son avis. Elle espère alors qu’Heather n’a pas été forcée par son agent car il n’y aurait rien de pire et de désastreux que de se sentir forcée à faire quelque chose qu’on ne souhaite pas. “Coucou Birdie tu vas bien ? J’espère que tu as trouvé le bar, je meurs de soif déjà.” Le petit oiseau observait déjà les gens aux alentours, certains reconnaissant la miss météo en elle sous la tenue arc-en-ciel qu’elle aborde naturellement, toujours aussi pimpante, avant de se retourner vivement en entendant la voix qu’elle reconnait si bien. “Hey, reine des lumières! J’aime beaucoup ton makeup. Tu l’as fait toi-même ? Je suis affreusement nulle pour ça.” Mais elle a ses ongles peinturés dans les couleurs de l’ambiance, c’est déjà un bon début, n’est-ce pas ? La jolie blonde se mord la lèvre tout en passant une main contre sa nuque. “Désolé pour le bar, j’étais trop occupée à analyser les tenues de tout le monde. Regarde-moi un peu toutes ces couleurs, ce n’est pas magnifique ?” Elle regarde de la tête aux pieds son amie avec un léger claquement de langue contre le palais d’un petit air mécontent. “T’aurais pu en mettre un peu plus, d’ailleurs.” Jamais très loin de la critique, la jolie blonde.

“Je me disais bien qu’il serait assez coloré pour toi cette fois-ci, oui j’ai fais les yeux moi-même. Si tu veux je t’apprendrais à le faire. Pour la joue, c’est une fan qui me la fait à l’entrée et je pense qu’elle a fait une syncope juste après mon départ.” Birdie tapote dans ses mains comme une enfant à qui on a promis le plus magnifique des barbes à papa. “Pour une fois que c’est toi qui va m’apprendre quelque chose” qu’elle ose dire avec le teint rieur et les yeux brillants ; après tout, jusqu’à maintenant, c’est surtout Heather qui apprend la vie avec Birdie - non, quoi, ce n’est pas ce qu’il se passe ? Damn, elle croyait, pourtant. “Evidemment, elle a été éblouie par ta présence. D’ailleurs, j’ai une amie qui risque d’en faire une aussi en te voyant. Elle est là quasiment que pour toi.” Les contacts de contacts qui finissent par se frôler, c’est assez marrant, comme situation. Mais Birdie a tenu la promesse qui n’en était pas une ; Liberty avait l’air de totalement fangirler sur sa proximité avec l’actrice alors elle ne fait que rendre service de pouvoir satisfaire une envie incroyable d’une fan avec sa célébrité. “Elle doit être avec sa copine quelque part, elles m’ont perdu dans la foule.” Parce qu’elles ont passé du temps à se bécoter et à rire, Liberty bien trop excitée à la perspective de voir Heather et Allison tentant désespérement de camoufler l’hystérie que frôle sa petite-amie.

“J’accepte tes excuses, après tout je comprends bien. Toi qui aime les couleurs tu dois totalement être dans ton élément.” La Cadburn hoche la tête en balayant la pièce de ses bras. “Ce n’est pas magnifique ? Je trouve ça absolument respendissant. Ça devrait être comme ça tous les mois.” Tout le monde devrait être fier tous les jours. Tout le monde devrait s’accepter tous les jours. Et tout le monde devrait être aussi coloré tous les jours. “Mais si déjà sur le hoodie j’ai les couleurs du drapeau lesbien et ensuite regarde le t-shirt est rose, tu veux quoi de plus ?” Mmh. Birdie fait une petite moue pensive tout en croisant les bras. “Ca manque quand même de brillant, de strass, de paillettes, d'étincelles. Mais le hoodie est joli, j’avoue.” Les fleurs et les couleurs ne manquent pas de charme. Mais c’est blanc. Trop blanc. Et sinon, Birdie, tu te rappelles du hoodie dont tu ne t’ai pas séparé pendant quasiment tout le voyage à Elimbah ? Il était blanc, non ? Shut up.

“Et qu’est-ce que tu m’as appris darling au juste ?”
“La vie, la vraie, la sauvage.” Loin d’Hollywood, loin de Los Angeles - oui, c’est la même chose mais sans l’être, okay - qu’elle prononce avec un air dramatique, toujours et constamment la blonde. Le sourire amusé, la main levée contre le front, les plus grandes classiques du cinéma seraient tellement fières d’elle. “Tu cherches déjà à flatter mon ego, tu sais comment me parler pour me garder de bonne humeur. Tu profites de me connaître pour paraître cool avoue.” Là, Birdie lâche un ricanement moqueur tout en tapant le bras d’Heather. “Ma très chère, j’étais déjà cool avant ta naissance.” Après tout, Heather ne donne pas l’impression mais c’est un bébé comparée à elle. “Je ne fais qu’une bonne action, là. Tu aimes rencontrer des fans - enfin j’espère - et Libby a l’air d’être assez excitée à l’idée de te voir. C’est bénéfique pour tout le monde.” Liberty est adorable, la Cadburn l’aime bien ; au moins, elle a réussi à se mettre les filles de l’entourage de Jordan dans sa poche, autant continuer dans cet ordre d’idée. “Oh elle est en couple... Quelle tristesse, quitte à me présenter des filles autant qu’elles soient célibataires.” Birdie tapote l’épaule de la jolie actrice avec la mine renfrognée sachant très bien que ce n’est que de l’acte et pas la réalité. “Je ne suis pas sûre qu’Allison soit d’accord pour te laisser sa copine. Mais il faudra résister car Liberty est très jolie.” En toute objectivité, bien sûr. Ce n’est qu’un détail. Parce qu’il se trouve étrangement quand même que les prunelles bleutées de la gamine ne se focalisent plus tant que ça sur le commun des mortels. Elle semble se contenter de ce qu’elle a.

“Pour une fois je suis d’accord avec toi c’est magnifique, ça me fait presque regretter de ne pas avoir fait mon coming out plus tôt.” Birdie regarde Heather avant de la prendre dans ses bras, sincèrement et honnêtement. “Mieux vaut tard que jamais,” qu’elle murmure à l’encontre de la blonde avant de se détacher, de passer ses mains sur ses joues bien rebondies et de sourire. Ce n’est pas forcément quelque chose de facile, surtout quand on est épiée depuis aussi qu’elle. Alors Birdie est sincèrement ravie et contente que son amie ait réussi à faire la paix avec elle-même sur ça et d’assumer en se montrant ici, en arborant fièrement ses couleurs. “Que je sache, je ne vois pas trop paillettes et de strass chez toi aussi. Le hoodie est trop blanc à ton goût peut-être ? Pourtant je pensais que ça te plaisait ou peut-être que ce n’est pas la bonne personne qui est dedans ?” Là, Heather vient de tout casser et Birdie passe la main dans les cheveux de l’actrice, son sourire ne pouvant que s’agrandir malgré tout - malgré elle - à l’évocation de “la bonne personne”. “Garce.” Aucune honte de la traiter. “J’aurai dû faire appel à ma team d’ABC mais je n’y ai pas pensé. Et j’ai du brillant dans mes cheveux, regarde!” Elle secoue ses cheveux pour les montrer ; moins visible que la parade mais des filaments dorés dans ses mèches blondes.

“La vie sauvage ?! On était dans ta maison à la campagne. Pas à faire un feu de bois au milieu de la forêt en pagne.” Birdie arque un sourcil, l’air de dire qu’elle est clairement en train de se foutre d’elle, là. “Vu comment t’as paniqué toutes les deux secondes de voir un serpent surgir, heureusement que je n’ai pas l’idée saugrenue de vouloir t’amener faire un bivouac en plein de milieu de la forêt. Je suis sûre que j’aurai fini par me taper la tête contre les troncs d’exaspération à chaque plainte que tu pouvais avoir. On est loin d’Hollywood, là, ne me dis pas que ce n’était pas une expérience plus sauvage que d’habitude.” La Cadburn n’ose même pas imaginer le bordel que ça serait que d’amener Heather camper quelque part. Une mission impossible pour tout être humain lambda, à ne pas en douter une seule seconde. “Pleeeassse j’ai vu tes photos de quand tu étais jeune et je te rappelle que depuis que j’ai 15 ans des millions gens rêvent d’être mon ami.” Birdie éclate de rire à son tour avant de rouler des yeux. “Oui mais j’ai jamais voulu être amie avec des millions de gens comme amis, donc le problème ne se pose pas.” C’est avec une petite sourire satisfait que la petite blonde finit sa phrase ; du fin fond du trou de sa campagne, elle n’a jamais rêvé d’être idôlatrée. Avoir Will lui suffisait mais si elle aurait pu avoir d’autres amis, elle n’aurait pas dit non. Mais des vrais, des honnêtes, des sincères, à l’image de son meilleur ami, en somme.

“Tu as de la chance effectivement que j’aime rencontrer mes fans. Mais bon ça engagera une compensation en provenance de ta part.” Birdie a un léger sourire devant le clin d’oeil d’Heather mais pour une des rares fois de son existence, elle balaie le regard ailleurs, pinçant la pulpe de sa lèvre pour éviter de demander quel genre de compensation ; depuis quand t’es réservée comme ça, Birdie ? “Tant pis, je m’en remettrais. Je ne touche pas aux femmes en couple de toute façon.” La petite blonde retourne son visage sur elle. “T’as bien raison. Y a assez de filles sur toi pour satisfaire ta soif inégalable.” Le sous-entend en parlant de soif et du corps féminin sous extase est clairement fait exprès ; si elle n’a pas rebondi sur la phrase précédente, elle ne peut pas laisser passer celle-ci. “Tu verras, elles sont cools. Même si Allison peut donner l’impression de ne pas vouloir rigoler.” Mais vraiment, même Allison est sympa. Elle ne les aurait pas amené ici, sinon.

“C’est ça, je peux me rattraper maintenant.” La Cadburn a la sincérité et la fierté sur ses traits, attrapant une des mains d’Heather pour la lui baiser gentiment. Au moins, voilà une ambassatrice qui ne manque ni de charme ni de public. L’impact peut être fort ; il l’est déjà de toute façon. “Ta ta ta, c’est tricher que de demander de l’aide au professionnel Birdie.” Même si elle n’apprécie pas que Birdie puisse appeler sa team, cette dernière haussant les épaules. “Si j’en ai sous la main, je ne me priverai pas. Mais je n’ai aucune patience pour le maquillage et les coupes demandent une dextérité que je ne possède que très précairement.” Pourtant, elle en a regardé et vu des tutoriels mais impossible de coordonner ses doigts comme il faut. “Bon ça me rassure ! Il doit rester des paillettes de mon côté.” Mmh ? “Rester ? T’en avais mis pour quoi, à la base?”

Elle insiste dans les extrêmes et elle persiste, l’actrice. Elle veut toujours avoir le dernier mot ; c’est dommage pour elle car Birdie est du même ressort et elle fait une grimace moqueuse à son encontre. “Tu ne tiendrais jamais Survivor. Même le Race of Australia serait insurmontable pour toi, j’en suis sûre. Devoir aller chez des étrangers tout ça, quelle horreur, pas vrai ?” Elle joue, elle s’amuse, elle titille parce qu’Heather est une trop bonne partenaire pour ça. “Mais il n’empêche que ça reste plus sauvage que ce que tu connais habituellement. Je m’en fiche, je reste sur mes positions, t’as découvert la vraie vie australienne. Enfin à peu près.” Parce qu’elle n’a pas eu les moqueries des autres, des citadins, des élèves, les étiquettes et tout qui va avec. Mais elle a pu voir que Birdie vient d’une famille naturellement atypique et au moins, ça rajoute peut-être un peu de légitimité aux yeux de son amie - même si elle n’en avait pas besoin en premier lieu. La Cadburn compte bien se faire accepter comme elle est, avec les bons points et les mauvais ; ce n’est pas une actrice d’Hollywood qui changera quoi que ce soit. “Moi non plus c’est les autres qui voulaient l’être même encore aujourd’hui je sélectionne que les meilleurs pour mon entourage.” Birdie lève le visage entier vers le plafond en levant les bras. “Subtile, Heather. C’est une subtile façon de me flatter.” Le pire ? C’est que ça fonctionne. Elle est trop facilement attachable, la Cadburn. Ce n’est pas de sa faute si chaque miette de compliment va droit dans sa petite banette d’égo qui ne lui arrache pourtant pas tant que ça les chevilles - faire croire d’en avoir et l’avoir réellement sont deux choses distinctes, après tout.

“Exactement, y’a assez de poisson dans la mer pour que j’aille chercher ceux qui ont déjà été capturés."
“Oh, comme c’est joliment dit. Même si comparer des filles à du poisson, bof bof.” Surtout que le poisson, ça pue naturellement et ce n’est pas forcément très beau, n’est-ce pas ? Alors que la gente féminine, et le reste, c’est beau. Et ça sent bon. Liberty sent bon. Pourquoi cette pensée ? Parce que c’est la vérité. Mmh. “Ne t’inquiète pas, je suis certaine que je vais aimer tes amies.” Heather est grande de taille alors qu’elle est petite d’âge et c’est assez frustrant de la voir presque lui taper la tête de sa hauteur. “Evidemment. Enfin, je les ai rencontré y a qu’une semaine. Avant qu’on parte. Donc ce ne sont pas vraiment des amies pour l’instant mais de bonnes connaissances.” Mais ce sont les amies de Jordan ; enfin surtout Allison vu que Libby n’est qu’une pièce rapportée. Comme toi. C’est une raison potentielle qu’elle l’aime bien. “Pour la coiffure j’avais remarqué… Mais pour le maquillage je peux t’apprendre si tu veux.” Voilà une perspective qui réjouit Birdie qui se met à tapoter des mains. “Oui, je veux. Tant que je ne finis pas en monstre bizarre.” Même si à tout bien considérer les choses, la jolie blonde ne dirait pas non de pouvoir faire un maquillage d’une créature étrange. Mais d’abord, il faudrait peut-être savoir se servir d’un eyeliner, objet que tu ne sors que pour de rares occasions et dont tu mets bien cinq heures à dompter. “Je suis allée à la marche de fierté avec une amie, du coup j’en ai profité pour faire briller mes cheveux.” Birdie touche les cheveux d’Heather pour mettre en valeur les brillants qui y perlent. “Avec une amie, mmh ? On aurait presque pu se croiser. J’aurai bien aimé la rencontrer, cette amie.” Après tout, c’est la pride, elle peut rajouter un clin d’oeil à ses propos, non ?

Ouh, elle a l’air d’avoir été piquée, l’actrice, elle qui se renfrogne, qui se débat et qui veut absolument lui prouver que sa partenaire blonde avait tort sur toute la ligne et sur toutes les suivantes. Pourquoi il y a un bras de fer engagé là-dessus en premier lieu ? Birdie s’en fiche, elle s’évertue juste de montrer qu’elle a joyeusement amené Heather dans des terrains hors du commun pour elle et que même si elle n’est pas née dans un palace 5 étoiles, il n’empêche que Londres n’a rien d’une campagne isolée au milieu des bois, à ce que Birdie en sait. “Si jamais tu fais Survivor un jour, je m’inquiéterai, ne t’inquiètes pas.” Rien que de l’imaginer devoir charmer des inconnus pour dormir chez eux serait assez cocasse ; se prendre un refus est encore plus hilarant. “Et tu es allée dans combien de pays, Heather ? Tu sais qu’il y a des terres africaines ou même d’Amérique du Sud bien plus sauvages qu’ici.” Pourquoi faire d’une telle généralité suite à une ou deux aventures cocasses ? Cela accentue un peu plus le sourire de Birdie ceci dit. “Mais ça va, tu n’es pas encore partie en courant, je suis très fière de toi. Ca veut dire que même avec nos bestioles bizarres et vénimeuses, tu l’aimes bien quand même, notre pays.” Et peut-être qu’elle y apprécie encore plus les gens qui la peuplent.

“Et une technique qui marche en plus.” Damn. Birdie ne peut qu’hausser les épaules avec cet air satisfait placardé sur le visage. Parce que les flatteries, c’est toujours bon d’en recevoir. “Rolala, tu aurais préféré que je compare à des fleurs car les filles ça sent bon ?” Elle a beau être sarcastique, Birdie lève les yeux au ciel. “OUI.” Non, elle n’hurle pas, elle est juste en train d’appuyer qu’elle aurait préféré, oui. Les poissons sont visqueux, ils ne sont pas bons et très bien dans la mer. Pourquoi les comparer à la gente féminine ? “Oh, je me doute. Il faudra qu’on négocie le tarif je suppose.” L’oeil de coin lancé à la blonde avant de rajouter “Elles sont sympas, sois tranquille. Avec un peu de chance, Libby tournera de l’oeil, Alli devra l’emmener à l’hopital et on sera tranquille.” C’est plutôt avec tous les inconnus autour d’elles qu’Heather devrait se méfier ; elle doit être bien placée pour savoir que les gens peuvent être bizarres dans leurs réactions, par moment.

“Je n’ai aucune patience pour tenir un pinceau et encore moins mettre du foutu eyeliner. Ce n’est tout simplement pas mon domaine de prédilection. A chacun son truc et je serai plus que ravie que tu m’apprennes quelque chose.” Pour une fois, qu’elle évite de dire pour ne pas titiller un peu plus son amie qui en a déjà assez pris. “Par le passé ? Fais pas cette tête, je veux savoir, petite friponne!” Elle s’exclame tout en lui pinçant le flan. Quitte à savoir le plus triste, autant en apprendre aussi sur le meilleur, non ? “Je suis sûre qu’elle est très jolie si tu te montres avec elle.” Oui, Birdie se met dans la case des gens dont Heather n’aurait pas honte à être affichée avec parce qu’elle a le physique, d’accord. Puis évidemment, l’actrice lui demande en retour avec qui elle y était et là, c’est la main qui vient se masser la nuque en lâchant un léger souffle, ses joues ayant sûrement rosies légèrement en repensant à ce qu’il s’est passé. “Avec Libby et Allison. Et Jordan. Et des potes à lui.” Ni vu ni connu ? Se cacher derrière les filles pour glisser l’information, pas sûre que ce soit une technique qui fonctionne. “Je crois que je les ai vu par là-bas.” Les filles. Oui, les filles.

“Compte sur moi, je peux même prendre rendez-vous d’avance, on sait jamais.” Même si faire faire preuve de spontanéité n’est toujours pas du ressort d’Heather ; ce n’est que mon avis dont elle s’en fout royalement et dont je garderai les mots pour ma trogne car hors de question de lancer un débat. Y a déjà un autre débat en cours, celui où on tergiverse sur les terrains dangereux de la planète terre et que je suis à peu près certaine qu’y a pire qu’Elimbah voire même l’Australie toute entière - moi, je suis patriote jusqu’au bout des ongles, voyez-vous, forcément que je vais défendre et servir ma patrie. Surtout face à la Mère Patrie en personne avec son accent que les années américaines n’ont pas réussi à lui enlever, et c’est tant mieux quand même, elle aurait pas le même charme sans sa petite voix qui traîne son accent absolument adorable.

Cependant, c’est un débat dont je lui laisse volontiers le dernier mot ; j’ai pas non plus envie qu’elle me brandit son passeport sous le nez et qu’elle me rappelle qu’elle n’est pas rien et que même si je l’adore, il n’empêche que là n’est pas le sujet du jour. Alors je tapote son épaule comme on fait à un petit chien pour l’apaiser, le visage compatissant pour dieu-seul-sait-quoi et déjà là voilà que me charme en me mettant dans un sac que j’aime bien malgré tout - sauf la partie “ennuyante” où j’élève la voix en protestion. “J’espère que c’est pas moi que tu traites d’ennuyante.” L’affront serait terrible et affreu sinon, il est clair que je pourrai pas retenir ni la moue ni la séance de bouderie enfantine qui traînera des pieds derrière elle ; je ne suis pas ennuyante, je me dépense tous les jours pour ne pas l’être alors elle n’a pas intérêt à garder ce discours-là me concernant.

“Parce que les poissons dans le vaste océan qu’est l’humanité, c’est pas cliché, peut-être ? Quitte à l’être, autant choisir les bonnes formulations.” Surtout pour désigner les courbes féminines qui n’ont rien à voir avec les habitants des mers - meh, sérieusement Heather, j’aurai abandonné depuis longtemps sinon. Ma grimace fait place à l’éclat de rire avant que je bouge de façon suggestive mes sourcils. “Tu serai ma vedette, ma pièce de résistance, le nec plus ultra.” et je dis pas ça parce qu’elle est célèbre - oui, ça joue, mais aussi parce qu’elle a les formes, Heather, il faut être con pour pas le voir. J’hausse les épaules quand elle parle des filles que je veux qu’elle rencontre - je gagne des miles auprès d’elles, donc nan, ça va pas me gonfler. Enfin, je dis ça mais ça se trouve que si, ça va me prendre la tête mais j’ai pas envie de m’embrouiller avec Libby et Allison. Je les aime bien et que j’ai pas non plus envie que ça arrive aux oreilles de Jordan. J’ai déjà une étiquette de chieuse ambulante gravée au fer rouge sur mon front, pas besoin d’en rajouter.

“Je dis juste que t’as du goût dans ton entourage”, que je me dois de préciser car princesse Harris prend mes mots au travers. Y a rien de mal à vouloir être bien entourée - la preuve, je suis toujours bien entourée. “Oh, nuuuuul. Je comprends pas ce qui la freine, vraiment.” oh Birdie, t’es vraiment sérieuse à dire ça ? y a l’univers entier qui commence à se moquer de toi, tu les entends les rires étouffés ? ils sont pour toi et ils sont gratuits, en plus. “Okay, elle est canon en plus, quelle perte.” Toutes ces femmes qui ont des courbes que je n’aurai jamais - quelle tristesse mais dans un sens, je peux me vanter d’avoir la plus petite poitrine du monde. Mes yeux restent cloués contre la photo et je crois que je vais avoir le temps de compter chaque mèche de cheveux de la charmante personne sur le téléphone avant d’oser répondre, regarder, affronter, bref, réagir aux paroles d’Heather. J’ai même tenté d’esquiver en étant sûre de voir une mèche blonde d’Allison mais l’actrice me maintient et elle fait chier alors je grommelle, naturellement. “C’est-” et là ça coince. Ça coince toujours, fort et si bien que mon hésitation est réelle. Pourtant, j’ai jamais aimé les étiquettes dont ça devrait être facile d’expliquer mais même ça, j’en suis pas sûre. Je sais juste que maintenant qu’on parle de lui, j’ai envie de le voir ou juste de lui envoyer un message. C’est chiant aussi. “C’est quelqu’un d’important.” wahou, on dirait presque ça m’arrache la tronche juste de dire ça. C’est que ça me fait bizarre, aussi. Mais je ne donne pas d’étiquette mais je souligne ce qu’est Jordan. Important.

“On peut y aller, maintenant ?”