Au milieu de la foule, Deborah regardait dans son miroir de poche si son maquillage tenait bien. Pour la marche de la fierté, elle avait pris le temps d’accorder son fard à paupière aux couleurs de l’arc-en-ciel. Un travail de longue haleine mais par chance le temps était avec elle, il ne faisait pas trop chaud, elle n’allait pas transpirer et détruire son travail. La musique la faisait quelque peu danser sur place, en attente de son amie qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Deborah avait une chance inouïe d’avoir Heather comme amie et ça n’avait rien à voir avec sa célébrité déjà bien ancrée et toujours grandissante : elle aimait cette femme, sincèrement. Pour tout ce qu’elle était, pour tout ce qu’elle dégageait et être ici, avec elle, ça avait tout de symbolique. Elle connaissait l’histoire d’Heather et tout ce qu’elle a pu traverser avant, pendant et après son coming out. Il y avait une certaine fierté de pouvoir l’accompagner lors de cette marche, c’était certain. Lorsque la blonde se faisait enfin voir dans le champ de vision de Deborah, cette dernière s’avançait vers elle, ne se gênant pas pour la prendre dans ses bras un instant, une étreinte de salutation pleine d’amitié et de plaisir de la voir. « Je suis contente de te voir aussi et c’est clairement pas qu’une impression, ça fait une éternité. Ça va de mon côté, et du tien alors ? Raconte, ça s’est passé comment à L.A. ? » Evidemment que Debbie savait. Si elles n’avaient pas toujours l’occasion de se parler, la brune se tenait toujours au courant des projets de son amie. C’était une façon d’être proche d’elle quand bien même ce n’était pas possible physiquement parlant. « T’inquiètes pas pour les photos, je commence à être habituée avec Camil et c’est pas un problème. » lançait-elle avec un sourire amical et rassurant. Heather ne devait pas s’inquiéter pour ça, ce n’était qu’un détail et puis dans un sens, c’était bien aussi pour la carrière de Camil que sa prétendue petite-amie soit vue à la marche de la fierté : ouverture d’esprit, modernité d’opinion, tout ça tout ça. Bref, l'occasion de faire d'une pierre deux coups. « J’ai vu un Starbucks pas très loin, ça te dirait de prendre une boisson à emporter avant de partir ? » Parce que ce n’était pas la première marche de la fierté pour Deb, elle savait d’avance que de danser, chanter et scander des slogan pro LGBTQ+, ça donnait franchement soif plus vite que prévu.

Deborah était toujours attentive à ce que son amie lui disait et pour cause, ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir une amie actrice alors forcément, elle était bien curieuse de son rythme de vie, de quoi est fait l’envers du décor quand la majorité des personnes encensent les acteurs et rêvent d’être à la place. Debbie savait que ce n’était pas une vie aussi simple et cool qu’elle pouvait paraître – d’autant plus en étant au courant des aventures d’Heather et de tout ce que sa sexualité pourtant privée avant déclenché – mais elle restait tout de même de ces gens à les envier – sans pour autant les jalouser. C’était donc naturellement que les questions venaient à son esprit et passaient le seuil de ses lèvres pour interroger la blonde. « Et ça va ? ça te fait pas étrange de te dire que c’est bientôt terminé ou au contraire tu es pressée pour passer à autre chose et vivre autre chose ? » Elle savait combien son amie était hétéroclite quand il s’agissait de ses rôles mais elle avait connaissance de la difficulté des acteurs d’être détachés de leur premier personnage avec lequel ils ont explosé en terme de popularité après du public. Heureusement pour Heather, elle avait la garantie d’être prise pour un autre type de rôle puisqu’elle tournait déjà autre chose en parallèle.  De quoi rassurer la brune. Heather n’allait pas finir comme ces acteurs oubliés après un énorme succès sans lendemain. Quant à l’idée de voir Brisbane de plus en plus comme sa maison, Deborah ne pouvait qu’approuver. Quand bien même elle était toujours heureuse de retourner en Irlande, elle se rendait de plus en plus compte que c’était l’idée de voir sa famille qui lui faisait du bien, bien plus que l’Irlande en elle-même.

« Bah écoutes, ça va de mon côté. Je profite de mon temps libre pour m’investir un peu plus dans le social. Ça se passe très bien avec Camil, c’est un amour, on avance doucement mais sûrement, ça me fait beaucoup de bien d’avoir quelqu’un de stable à mes côtés. » Et elle n’avait aucun mal à le dire avec le sourire et avec une véritable sincérité. Bien au-delà de leur petit jeu de rôle, les deux amants étaient avant tout des amis et prenaient soin l’un de l’autre, une véritable entente à en faire douter les plus sceptiques. C’était probablement pour cela que ça fonctionnait si bien entre eux et que personne n’avait remis en question leur supposée relation. Camil lui apportait beaucoup, bien plus que l’argent versé sur son compte tous les mois, il était un vrai soutien au quotidien, tout comme elle pouvait l’être pour lui. Un donnant donnant qu’elle avait rarement vécu et qui l’avait faite évoluée dans le bon sens cette dernière année et c’était tant mieux.

« Allons sur un stand dans ce cas-là, ça m’arrange et ça les ferra bosser, c’est mieux que de donner nos sous à une multinationale déjà trop riche. » disait-elle en rigolant avec un fond de vérité. Ça lui faisait plaisir d’apporter sa patte à l’édifice de petits commerçants en faveur des LGBTQ+. Sans compter qu’elle avait proposé Starbucks par réflexe, sachant que la plupart des gens aiment ce que propose cette enseigne et donc Debbie suivait le mouvement pour une question de facilité mais en toute sincérité, elle n’avait jamais trouvé leurs produits extraordinaires, les trouvant même cher pour ce qu’on pouvait y trouver. « Merci beaucoup, c’est gentil. Je ne le ferais pas tous les jours par contre, ça prend beaucoup trop de temps. » lançait-elle concernant son maquillage. « Tu veux prendre un truc de ton côté ou pas d’ailleurs ? » demandait-elle en emboitant le pas vers un stand qui proposait des boissons. Un truc… un objet, un drapeau, un chapeau, peu importe, tout ce que les stands pouvaient vendre aux couleurs de la pride. Bien entendu, elle n’était pas obligée mais Debbie voulait s’assurer que son amie avait tout ce qu’il lui fallait avant d’entamer cette marche si particulière pour elles deux. Rapidement face à un stand, Brody laissait Heather choisir ce qu’elle souhaitait boire tandis qu’elle sortait son porte-monnaie, bien décidé à lui offrir ce verre. A son tour elle annonçait son souhait et elles se retrouvaient rapidement avec des gobelets en main, prêtes à danser et hurler sans mourir de chaleur et de soif. « Un des chars te tente plus qu’un autre pour le suivre ou tu t’en fous ? » Même si tous étaient décorés en faveur de l’ouverture d’esprit, chacun avait sa petite particularité et surtout sa propre musique diffusées et sa propre ambiance. Peut-être que l’actrice avait sa préférence alors que, déjà, Deborah repérait quelques regards qui les fixaient pour le peu de temps qu’elles étaient restées statiques.

Spoiler:

Si l’occasion était spéciale, c’était aussi un bon moment pour prendre des nouvelles de Deborah. Heather était contente de participer à nouveau à la pride cette année mais partager ça avec la brune avait un petit gout de plaisir en plus. Rare était les personnes que l’actrice avait gardé aussi longtemps dans sa vie. Tellement de choses avaient changé depuis leur rencontre et c’était drôle de se dire que leur rencontre c’était faite à l’autre bout du globe. Deb lui posa des questions sur sa carrière et son voyage à Los Angeles. C’est à ce moment-là qu’elle se rappela à quel point elles ne s’étaient pas vues depuis un long moment. Sa question sur sa série Disney la fit sourire, ce qui était surtout le plus étrange c’était de penser avoir tiré un trait sur cette série et s’être retrouvée des années après à reprendre le rôle. Pour son égo cela n’avait vraiment pas été la meilleure chose car cela lui avait donné l’impression d’avoir un échec au niveau de sa carrière et de faire un retour en arrière.

- Je t’avoue que de base je pensais que c’était vraiment terminé et que je n’allais jamais rejouer ce perso. Mais bon ça m’aura permis de faire oublier le scandale, c’est déjà ça. Je préfère me concentrer sur mes autres projets.

Surtout qu’elle avait beaucoup plus d’ambition que rester connu comme une Disney star. Jouer les starlettes pour enfant ça allait 5 minutes mais il était temps qu’elle accède à la cours des grands et ses nouveaux projets lui permettaient de passer un nouveau cap. Mais ce qui l’intéressait réellement c’était d’en connaitre un peu plus sur la vie de Deb. Quel dommage que la brune soit en couple elle aussi, elle avait l’impression que toutes ses connaissances avec qui elle s’était amusée, se trouvaient à présent à partenaire à son plus grand désespoir. Mais elle était contente de voir qu’en parlant, son amie avait l’air réellement contente. Au final c’était ce qui importait malgré la frustration derrière de son côté.

- Je suis contente d’entendre ça Deb, l’important c’est que tu sois heureuse. Tu fais quoi comme truc dans le social, tu as rejoint une association ?

Heather fut ravie de voir que Deb préférait aller à un stand, elle avait déjà repéré le stand de boisson à son arrivée et il fallait avouer que les cocktails rainbow lui donnait très envie de tester. Alors qu’elles se dirigèrent vers le stand, Heather en profita pour complimenter le maquillage bien élaboré de son amie.

- Je peux comprendre mais pour des occasions comme ça, ça vaut le coup. Il nous faudra une photos ensemble d’ailleurs tout à l’heure. Sinon oui je pense que je vais prendre un cocktail, ils me font bien envie.

Et puis la blonde n’était pas du genre à attendre une certaine heure précise pour avoir une excuse pour boire de l’alcool. Elle remercia la jeune femme de lui avoir offert le verre même si franchement ce n’était pas la peine. Heather remarqua aussi les regards insistant sur sa personne des gens du stand et d’autres aux alentours. Elle leur sourit en faisant un petit coucou avec ses mains, pour les gens qui la connaissaient ce sourire rayonnant n’avait rien de naturel. C’était celui qu’elle mettait lorsqu’elle mettait son masque d’image public.

- Pour le char on pourrait aller derrière celui-là ! Elle lui pointa celui dont elle parlait en lui attrapant la main pour les diriger. Par contre je pense que notre petite sortie ne va pas rester anonyme très longtemps, j’ai vu des gens me reconnaitre.

Deborah se doutait que revenir à ses débuts n’avait pas été une mince affaire pour Heather. Les jeunes femmes se connaissaient depuis assez longtemps pour que la brune ait connaissance du désir de son amie de passer à autre chose que Disney. A vrai dire, ça ne l’étonnait que trop peu. Elle n’était pas la première disneystar à vouloir faire autre chose, à vouloir se débarrasser de l’image de son personnage et prouver au monde entier leur capacité de jouer autre chose qu’un adolescent adulé des enfants et des prépubères. Comme pour la plupart des stars de son rang, les paparazzi avaient cherché LE scandale, le pas de travers, celui qui ferait basculer Heather dans l’oubli. Malheureusement pour eux, ils ne trouvèrent pas de scandale à la hauteur d’une Miley Cyrus ou d’une Amanda Bynes. L’homosexualité d’Heather, bien que scandaleuse au premier abord, n’avait pas suffit pour que ses fans lui tournent le dos. Au contraire. La majorité silencieuse s’était soulevée et l’avait soutenue. Aujourd’hui, ce n’était un secret pour personne et presque une force pour sa carrière alors même si elle jouait de nouveau son personnage chez Disney, la blonde pouvait être fière du chemin parcouru et encore plus du chemin à venir. « Le rôle de la reine te sied bien mieux de toute façon. » plaisantait Deborah, montrant ainsi son soutien à son amie et à son désir d’aller de l’avant. Elle était promise à une plus grande carrière encore, Debbie en était persuadée.

« A vrai dire, non. C’est ce que je voulais faire au début mais c’est trop compliqué d’en choisir qu’une seule, il y en a tellement et elles sont toutes tellement importantes. » La brune haussait un instant les épaules avant de poursuivre son propos. « Du coup j’ai préféré aller dans plusieurs et ne pas être attachée qu’à une seule association. Je me concentre surtout sur les petites et locales en fait. C’est celles qui en ont le plus besoin et qui font leur maximum sur le terrain. » Parce que Deborah s’était renseignée, même si les grosses associations telles qu’action contre la faim ou encore 30 millions d’amis faisaient des choses, elles en cachaient aussi beaucoup d’autres là où les petites associations investissaient tous leurs dons dans l’aide à l’humain ou aux animaux, sans contrepartie, parfois même jusqu’à l’épuisement des bénévoles. « Si un jour tu veux venir avec moi, ça serait avec plaisir ! Je fais un peu de tout. Parfois je vais voir les enfants malades ou les personnes âgées délaissées par leurs familles. Je peux aussi faire la tournée en camion pour distribuer des repas à des SDF mais je pense que celle qui peut davantage t’intéresser c’est la tournée des écoles sur la tolérance. » En tout genre la tolérance, autant raciale que sexuelle. Elle savait que ça pourrait parler à son amie.

« Une photo seulement ? Tu rêves Harris, ça fait trop longtemps qu’on ne s’est pas vues pour me contenter d’un seul souvenir. » balançait-elle dans un sourire qui laissait entendre combien elle était ravie de la voir. Evidemment, elle savait que des photos publiques de la présence d’Heather risquaient de sortir dans des magazines people mais c’était différent des photos privées, différent de celles qui reflètent un vrai souvenir et non des on dit. Glissant sa main sans complexe dans celle d’Heather, elle suivait son pas et se dirigeait vers le char qu’elle avait choisi, ravie de pouvoir enfin commencer. « Je me doute que tu faisais pas coucou à des amis imaginaires. » commentait-elle lorsque la jeune femme lui faisait savoir que leur sortie allait bientôt être rendue publique. « T’en fais pas pour ça, j’ai une idée. » Au sourire de la brune, on pouvait aisément deviner que son idée était presque machiavélique. En quelque sorte, elle l’était. Si ça ne la dérangeait pas que son amie soit reconnue, elle savait combien Heather tenait à sa vie privée et à ce genre de moments où elle pouvait oublier sa notoriété et forcément, Debbie était embêtée que cette dernière ne puisse pas en profiter comme elle le voulait sans être obligée d’afficher son sourire de façade. Avec son idée, elle ne serait plus obligée de le faire. « Ne bouge pas, je reviens dans deux minutes. » Sans attendre de réponse de sa part, elle se faufilait dans la foule, direction un stand un peu plus loin qui vendait toutes sortes de choses aux couleurs LGBT. Ni une ni deux, elle sortait alors son portefeuille et revenait vers Heather armée de deux masques aux allures de bal masqué. « Ca n’empêchera peut-être pas les fan les plus connaisseurs de te reconnaître mais je suis presque sûre que ça peut éviter de te faire dévisager toutes les deux secondes par des gens qui sont persuadés de t’avoir vu quelque part. » lançait-elle dans un rire tandis qu’elle enfilait le sien. Avec un peu de chance, elle ne serait pas la seule blonde a porté ce masque et elles seraient davantage tranquilles. Ca valait le coup d’essayer non ?

« Je sais pas trop si c’est une chance mais en tout cas j’essaie de faire de mon mieux quand j’y suis. » disait-elle pour les associations dans lesquelles elle s’était engagée. Oui, Deborah faisait toujours de son mieux. A la fois, pour l’image de « petite-amie de » qu’elle pouvait renvoyer mais surtout pour elle-même. Elle ne se voyait pas faire semblant juste pour les apparences et les possibles photos prises d’elle. Elle en serait de toute façon bien incapable même si elle le voulait, bien trop empathique pour ça. « Ce qui m’embête c’est qu’un jour, je vais bien devoir reprendre le travail et là, ça va être compliqué de faire des choix. » Elle ne se voyait pas entièrement arrêter l’investissement actuel qu’elle donnait aux associations mais il fallait se rendre à l’évidence : un beau jour, son contrat avec Camil allait se terminer et elle serait bien obligée de diviser son temps entre le travail et ses choix personnels. Elle allait sérieusement devoir y songer rapidement même si elle n’était pas friande à l’idée de décevoir quelques présidents d’associations en brillant par son absence. En attendant ce moment décevant, elle se permettait d’inviter son amie à participer aux événements, si le cœur lui en disait bien entendu. C’était drôle comme ça ne l’étonnait pas du tout de la part d’Heather d’être à la fois intéressée mais pas sur tout, appuyant son choix sur les enfants et notamment les écoles. C’est qu’elle gardait son petit côté princesse l’actrice. « Ça devait génial pour eux de te voir. Je suis sûre que tu feras le même effet dans les écoles. » Il ne fallait pas se leurrer, les enfants avaient connaissance du visage de la jeune femme et elle risquait très certainement de faire des émules dans les cours de récréations et les salles de classe en arrivant. « Je sais pas toi mais j’ai toujours trouvé ça difficile les enfants à l’hôpital. Bon pour toi c’était peut-être un peu différent, tu y allais en tant que personnage, tu devais mettre de la joie sur leurs visages mais punaise, ce que c’est dur en tant qu’adulte de voir ça. » Parce que eux, adultes, avaient le recul nécessaire sur les choses, pour se rendre compte de la maladie et des possibles aboutissants. Si Deborah avait toujours eu à cœur d’afficher un sourire face aux enfants, elle ne cachait pas avoir pleuré à la sortie des chambres plus d’une fois.

Amusée par sa réflexion sur les photos payantes, Deborah avait conscience que ça ne serait pas son cas – ni celui de ses fans qui allaient la reconnaitre et s’approcher pour demander une photo. La brune s’attendait à ce genre de moment, il fallait se rendre à l’évidence que son amie était bien trop connue pour passer inaperçue, d’autant plus dans ce genre de manifestation pacifiste. Depuis que le scandale avait éclaté autour de la blonde, il était évident qu’on l’attendait au tournant et dans ce genre de parade. Malgré elle, elle était devenue le visage d’une cause. Néanmoins, Brody était bien déterminée à pouvoir profiter de son amie sans être dérangées toutes les deux minutes et pour ça, elle n’avait rien trouvé de mieux que d’aller leur chercher des masques de bal aux couleurs chatoyantes. Ce à quoi Heather ne pouvait pas s’empêcher de répliquer par une taquinerie bien placée. De quoi faire rire Deborah qui, armée de son sourire charmeur qu’Heather lui connaissait, n’était pas en reste en termes de répondant. « J’ai la preuve en images que tu peux faire une très bonne amante, je me demande si j’en profiterais pas un peu… ma reine. » Référence direct à sa série et à son personnage entretenant une romance interdite, Deborah n’avait pas su s’en empêcher même si l’une comme l’autre savaient parfaitement qu’il ne s’agissait là que d’une blague graveleuse dont elles avaient l’habitude entre elles. On ne change pas une équipe qui gagne, pas vrai ? Et ce n’était certainement pas Camil qui l’empêcherait d’être naturellement taquine avec ses amis en général. Au rythme de la musique, les deux amies se déhanchaient tout en suivant le char qu’elles avaient choisi quelques instants plus tôt. Ainsi au milieu de la foule, Deborah avait la sensation que rien ne pouvait les atteindre. L’ambiance était telle qu’une atmosphère de bienveillance régnait autour d’elles, comme une bulle protectrice du reste du monde. L’adage était réel : ensemble, on est plus fort. Elle n’en doutait pas quand elle constatait tout cet amour qui flottait au-dessus de la foule, comme une évidence. C’était avec un sourire rayonnant qu’elle se tournait vers Heather pour lui accorder quelques mots – entre deux paroles de musique hurlées bien trop fort pour être justes. « C’est tellement dommage que tu sois pas libre plus souvent. Ça me manque ce genre de moment. » Où rien ne compte à part leur propre bonheur. Elle se souvient encore de l’époque où elles se fréquentaient en Irlande. Tout était si différent. Pas mieux mais différent. C’était plus simple de la voir, de s’éclater sans être interrompues constamment – comme à cet instant où un fan lui demandait gentiment un autographe – de simplement se parler sans craindre qu’une oreille inconnue soit trop tendues.

- C’est le plus important.

Heather n’était vraiment pas dans la branche associative mais elle devait se dire que même le plus petit geste devait être important là-dedans. Le fait que Deb lui parle qu’un jour elle serait obligée de chercher de nouveau du boulot, l’intrigua. Si elle avait bien compris son amie ne travaillait plus car son petit ami avait assez de sous. C’était pour reprendre un côté indépendant qui lui faisait dire ça ? Après honnêtement le fait de ne pas travailler car l’homme à la maison ramené assez d’argent était un mode de vie qui la faisait un peu grincer les dents mais la brune n’avait pas l’air de se tourner les pouces pour autant donc cela passait mieux aux yeux de l’actrice.

- Pourquoi tu vas devoir à un moment donné reprendre le travail si tu n’as pas envie ?

Il devait avoir une information qui manquait à l’équation d’Heather et elle espérait que la jeune femme lui donnerait la réponse. Mais pour lui faire plaisir elle voudrait bien un jour l’accompagner pour une de ses actions, c’était toujours une bonne pub et elle ne l’admettrait pas mais elle aimait toujours voir l’adoration dans les yeux des enfants. Cela avait un côté tellement pur et mignon de les voir tout contents que cela lui réchauffait le cœur.

- Peut-être après la série à quelques années maintenant et même si y’a des nouvelles saisons maintenant, c’est moins les enfants de cette génération qui me connaissent.

Et avec un peu de chance ils finiront par ne la connaitre que par ses autres projets et elle arrivera enfin à se débarrasser de cette image bien trop collante. Un petit sourire s’afficha sur son visage et elle hocha la tête quand la jeune femme mentionna la difficulté que ça avait dû être d’aller dans les hôpitaux. Surtout qu’à l’époque Heather n’était pas si âgée que ça elle avait 18 ans ce qui lui avait donné encore plus un sentiment de proximité. Une expérience qui l’avait marqué à tout jamais car il avait fallu qu’elle garde le sourire en toutes circonstances.

- Oh oui certain m’avait fendu le cœur mais aussi voir les sourires et le bonheur que j’avais pu apporter pendant quelques heures ça n’avait pas de prix. C’est ce qui à l’époque m’avait aussi fait continuer ma carrière car voir le plaisir qu’on peut apporter aux gens à travers nos rôles ça n’a pas de prix.

Avoir des fans était vraiment une expérience unique qui pouvait être aussi positive que dévastatrice en même temps. Et cela était réellement addictif, si Heather aimait jouer la comédie, le fait d’avoir un public derrière était très satisfaisant pour son égo. Même si ce jour-là elle avait vraiment expérimenté le plaisir de faire plaisir aux autres que pour son propre égoïsme derrière. Elles finirent par partir sur des sujets beaucoup plus joyeux et en harmonie avec leurs retrouvailles du jour. L’idée de Deb pour qu’elle passe un peu plus inaperçu l’amusa beaucoup et elle ne put s’empêcher de faire un commentaire avec un sous-entendu. Quand elle voyait ce genre de masque, son esprit était obligé de voguer vers des idées pareilles. La repartie de la jeune femme la fit rigoler même si le « ma reine » eut un petit effet en elle, elle n’allait pas mentir.

- Je pense que tu n’as pas eu que des preuves en images pour t’en rendre compte.

Elle lui fit un clin d’œil le sourire toujours en coin lui rappelant leurs petites escapades en Irlande. C’était tellement une autre époque maintenant quand elle y repensait, tout était différent. Et maintenant elles étaient ensemble à la gaypride mais en Australie, le chemin parcouru était impressionnant. Elles finirent par rejoindre un char et se mirent à danser derrière, chanter les chansons tout en profitant de l’ambiance joyeuse et libératrice du moment. En même temps certaines personnes venaient parfois l’accoster pour lui demander un autographe, une photo ou encore lui dire quelques mots bien sympathique. Saluant une dernière personne, elle écouta Deb et hocha la tête. Malheureusement elle commençait à revenir dans une période chargée avec un emploi du temps de ministre. Elle aimait sa carrière mais c’était certain que parfois les moments de tranquillité pouvait être inexistants. Elle attrapa son bras pour l'entrelacer avec le siens.  

- Oui moi aussi, ça me fait vraiment plaisir de te revoir. C’est vrai que depuis l’incident ma carrière reprend enfin son envol mais en contrepartie, je suis toujours à droite et à gauche. Je sais qu’on aurait pu se voir quand je suis arrivée à Brisbane, j'avais beaucoup plus de temps libre. Mais j’étais vraiment dans un mauvais passage, je ne voulais pas voir qui que ce soit…

Intriguée par la réponse de son amie, Deborah avait un air perplexe sur le visage et une petite moue traversait ses traits, rectifiant les quelques mots de la blonde. « Mais j’ai envie de travailler. Si je ne « travaille pas » ces temps-ci, c’est parce que j’aide Camil pour sa campagne, à la hauteur de mes compétences bien entendu, et je veux être disponible si jamais il a besoin de moi. Une fois les élections passées, je pourrais reprendre un boulot plus classique mais olala, hors de question de me faire entretenir. » disait-elle en riant après insisté en faisant des guillemets avec ses doigts. Bon certes, elle mentait un peu, un chouya. Oui elle aidait Camil dans sa campagne, oui ses compétences professionnelles pouvaient servir mais c’était surtout l’image de leur couple qui était importante et qui apportait du cachet à la future élection de Camil, elle l’espérait en tout cas. « C’est pour ça qu’avec un boulot plus classique et un patron forcément moins souple que mon petit-ami sur mes horaires, ça va devenir compliquer de m’investir autant que je me fais aujourd’hui dans autant d’associations différentes. Il va falloir que je fasse un choix malheureusement. » Et elle savait déjà que ce choix n’allait pas être aussi évident que ça. L’éponge à émotions qu’elle était allait devoir faire face à un dilemme mais le moment n’était pas encore venu, alors elle n’y pensait pas trop.

Au contraire, elle écoutait son amie d’une oreille attentive qui lui racontait combien les visites dans les hôpitaux pour aller voir des enfants malades lui avaient fendu le cœur pour mieux y passer du baume ensuite par leur joie et leurs sourires. Debbie ne pouvait qu’imaginer ce que ça faisait. Certes, elle passait elle-même du temps avec ces enfants mais ce n’était pas pareil. Heather était une star mondiale, une star de Disney qui plus est. Voir leur héroïne du moment devait donner de la force à ces enfants là où Debra n’était qu’une inconnue pour eux, de celle avec qui on passe quelques joyeuses heures mais dont on ne ressort pas spécialement marqués par sa présence. Pour la brune, Heather avait probablement sauvé plus de vies qu’elle ne le pensait, insufflant indirectement une force de vivre et une envie de se battre encore plus forte à ces enfants, certains rêvant sûrement de devenir comme elle. « Même si je n’ai pas connu la gamine de dix-huit ans que tu étais, tu devais être un sacré petit bout de femme pour traverser ça et faire face à cette réalité. » De par son statut d’adulte, Brody avait bien conscience que son amie n’était qu’une actrice, que son rôle n’était qu’un jeu sur le petit écran là où les enfants s’identifiaient tellement à l’époque. Pourtant ça n’empêchait pas la plus âgée des deux d’être foutrement fière de la seconde et même si elle ne le disait pas directement, il était aisé de le lire dans ses iris brillants de cette lueur si particulière lorsqu’on admire la force de quelqu’un.

Marchant et dansant derrière le char, le duo n’avait pas su se retenir, se taquinant l’une et l’autre sur ce qu’elles avaient pu vivre ensemble. Une jolie histoire d’amitié… et plus si affinités. « Ca, ça reste entre nous. » chuchotait-elle comme un petit secret quand bien même elle n’aurait pas honte de crier sur tous les toits qu’elle avait flirté avec la jolie blonde. Elles n’avaient pas le temps de plus que déjà des fans de l’actrice venait la voir, lui demandant gentiment un autographe, une photo, parfois les deux. Brody se prêtait au jeu et se chargeait même de prendre la photo s’il y avait besoin. Bonne joueuse, en acceptant de venir ici avec Heather, elle savait d’avance qu’elle ne passerait jamais entièrement inaperçue et s’attendait sans surprise à ce genre de scène. Un moment de joie écourté par les aveux de son amie. A demi-mot, elle lui avouait une période compliquée à son arrivée à Brisbane. Bien sûr que Deborah savait. Le baiser avec une autre actrice, l’exaspération d’Harris face aux paparazzis, le coup porté sous l’effet de l’alcool mais jamais elle n’aurait imaginé que son arrivée à Brisbane avait été compliquée également. Evidemment qu’un scandale ne s’arrêtait aux frontières d’un pays mais elle avait pensé naïvement qu’ici, elle aurait pu être tranquille. « J’imagine que tu voulais éviter les paparazzis, je vais pas t’en vouloir pour ça. » D’autant plus maintenant qu’elle savait ce que c’était, surprise d’avoir vu sa propre photo à la salle de sport dernièrement dans un magazine… incroyable. « Mais tu m’as jamais raconté pourquoi tu ne voulais plus voir personne du tout... » Debbie craignait les mots, marchait sur des œufs. Elle ne voulait pas blesser son amie ni lui rappeler de mauvais souvenirs mais forcément, sa curiosité était à présent piquée. « Qu’est-ce que c’est une période où tu as un peu perdu foi en l’humanité ? » La question était peut-être idiote mais elle ne serait pas étonnée que ce soit le cas tant il était facile de trouver des exemples qui avaient viré fous à cause du monde médiatique.  

- Oh d’accord je vois ! Désolée j’avais mal compris. Tu sais ce que tu veux faire quand la campagne sera finie ?

Si Heather avait mal comprit les intentions de la jeune femme de réellement vouloir reprendre un boulot après les élections de Camil dont elle avait totalement oublié qu’il était dans la politique. Sur le coup elle grimaça mentalement en se disant qu’elle avait fait une gaffe mais cette histoire lui donnait vraiment une impression que la jeune femme jouait un peu les « trophy wife » pour son mec. Elle mentirait en disant qu’elle ne jugeait pas un peu mais son amie faisait ce qu’elle voulait tant qu’elle ne finissait pas dans histoires bizarres. Mais du coup elle comprenait mieux effectivement pourquoi Deborah aurait ensuite moins de temps pour faire de l’associatif. C’était compliqué d’en avoir plein alors qu’on travaillait à côté, le temps à investir n’était clairement pas le même.

- Effectivement je comprends mieux mais je suis certaine que t’arriveras à trouver celle qui te tient le plus à cœur.

Il devait bien en avoir qui l’intéressait plus que l’autre mais elle n’était vraiment pas la meilleure placée pour dire ça. La seule fois qu’elle avait réellement fait du bénévolat était dans le passé et les souvenirs qui allaient avec l’avait marqué pour un moment. Surtout qu’Heather n’était vraiment pas à l’aise de voir des gens tristes ou dans des situations dans lesquelles, elle ne savait pas du tout comment réagir. Si l’expérience avait été enrichissante et qu’elle avait été heureuse de pouvoir vendre du rêve à ces enfants, le bénévolat n’allait pas trop avec sa personnalité. Cependant pour faire plaisir à une amie elle y penserait.

- C’était une partie de mon travail.

Faire semblant de sourire et que tout allait bien alors que pas du tout, c’était une grosse partie de sa jeunesse. Ne pas montrer ses faiblesses ni ses blessures alors le faire le temps d’une journée en plus n’avait vraiment pas été spécialement dur pour elle, ses parents lui avaient fait un entrainement intense pendant des années. Profitant du reste de la marche pour s’amuser les deux jeunes femmes ne purent s’empêcher de parler de leur passé qui avait eu droit à quelques affinités en plus que l’amitié. Lorsque Deb chuchota que l’histoire restait entre elles, Heather lui fit un clin d’œil. Ca lui faisait étrange d’être accostée dans la rue aujourd’hui plus en tant que célébrité lgbtq+ que pour sa carrière. Quelques personnes lui demandant des photos et des autographes lui parlèrent de sa vie et de comment elle les avait aidé et sur le coup, Heather ne savait pas trop quoi dire à part les remercier. C’était la première fois que ça lui arrivait et ça la touchait plus qu’elle ne l’imaginait. Pour rajouter une couche à ses émotions Deborah lui parla de son arrivée à Brisbane et Heather fini par s’excuser d’avoir été abonnée absente au début.

- Oui c’est pour ça que je suis venue ici, les paparazzis étaient moins virulents car j’étais moins connue mais il fallait que je fasse attention mais c’est plus niveau moral. J’ai cru que j’avais peut-être tout perdu.

Son regard fut absent pendant un instant lorsqu’elle repensa à toute cette période qui avait vraiment été déprimante pour elle. Heureusement que c’était du passé et que sa carrière avait commencé à reprendre.

- Enfin rien de bien joyeux, je ne veux pas t’embêter avec ça et croit moi il me faut bien plus qu’une histoire de paparazzi pour me faire perdre foi en l’humanité. J’ai vu bien pire.

Une grimace levait légèrement la commissure des lèvres de Deborah. « J’en sais foutrement rien, il est bien là le problème. » Haussant un peu les épaules, elle devenait soudainement pensive, peut-être un peu trop sérieuse. « Tu sais ce qu’on dit. L'argent peut acheter une maison, mais pas un foyer. Il peut acheter le lit, mais pas le sommeil. Il peut acheter une horloge, mais pas le temps. Il peut acheter un livre, mais pas la connaissance. Il peut acheter une position, mais pas le respect. Il peut acheter du sexe, mais pas l'amour… je crois que c’est un peu sur ce principe-là que j’aimerai continuer à vivre. Je ne veux pas gâcher mon temps pour de l’argent, je n’ai pas envie d’un métier où je n’aurais ni le temps ni l’envie de faire ce que j’aime vraiment quand j’aurais un peu de temps libre. Le mieux serait un métier qui rassemble ce que j’aime pour pouvoir y consacrer mon temps et finalement ne pas vraiment avoir la sensation de travailler… mais pour ça, il faudrait que je sache ce que j’aime vraiment et franchement, ce n’est pas gagné. Bien entendu, je suis consciente que dans le monde dans lequel on vit, c’est impossible de vivre correctement sans argent mais la limite est là : je veux juste vivre correctement, pas dans l’opulence, ça ne sert à rien parce qu’on n’emportera pas tout ça dans la tombe, c’est tout ce que je sais sur mon désir pour la suite. » Avouait-elle dans un rire avant de continuer.

Au regard de Deborah, son amie dévalorisait ce qu’elle avait réussi à faire dans ses jeunes années. Elle avait vraiment la sensation qu’elle ne se rendait pas compte et qu’elle mettait ça sur le dos du travail. C’était d’autant plus admiratif, pour la brune en tout cas. Heather était si jeune à cette époque, fortement entourée certes mais elle ne connaissait probablement pas tous les aboutissants de son métier et être confronté à des enfants à peine plus jeunes qu’elle et malades, ce n’était sûrement pas ce que la jeune Heather avait imaginé alors que ce soit le travail ou non, Deborah était admirative et rien ne pourrait lui retirer cette idée de la tête, pas même la principale concernée.

Attentive aux dires suivants de son amie, les traits de Deborah s’étaient quelque peu assombris. Pas de quoi gâcher la fête et en être triste pour le rester de la journée – ça aurait sûrement cet effet là si la blonde n’était pas sortie de ces histoires à l’heure actuelle mais fort heureusement c’était maintenant du passé – mais il était clair qu’elle en voulait farouchement à ces médias. Tous des chiens galeux en manque de scoop pour vendre leurs foutus torchons à la con aux plus offrants, quitte à inventer une fausse histoire derrière un cliché ou faire voler en éclats toute une carrière durement construite pour quelques milliers de dollars. A gerber ! « Si c’était arrivé, de tout perdre, tu sais ce que tu aurais fait ou tout tournait déjà autour du cinéma pour toi ? » finalement la question qu’Heather lui avait posé quelques minutes avant lui revenait. Deborah était curieuse de savoir si son amie avait déjà pensé à une autre carrière en dépit du fait qu’elle était dans le cinéma depuis sa plus tendre enfance. En avait-elle déjà eu marre au point de penser à arrêter pour s’engager sur autre chose ?  

« Tu as pas besoin d’une assistante par hasard ? » disait-elle en riant parce qu’en dehors d’être une parfaite représentation de la petite-amie pour Camil, elle portait un peu ce rôle sur ses épaules également – ce qui justifiait en partie le salaire qu’il pouvait lui verser. Elle organisait sa journée main dans la main avec son équipe, elle lui prenait ses rendez-vous personnels pour éviter qu’il ne piétine sur le professionnel, elle organisait ses réunions et en ancienne community manager de la mairie, elle avait transféré aussi ce rôle sur la campagne du blond.

Naturellement la question s’était également posée pour Heather. Si elle n’avait pas fait actrice, qu’aurait-elle fait de sa vie ? En avait-elle seulement une idée, elle qui était plongée dans le monde de l’acting depuis sa plus tendre enfance ? Pianiste. C’était la première réponse qui lui venait et même si Deborah ne lui connaissait pas ce talent – ou très peu – elle l’imaginait relativement bien derrière un clavier. Cette femme était dotée de multiples talents de toute façon, à n’en pas douter une seconde – son métier le lui demandait en même temps. « Oh je pense que si tu avais vraiment voulu faire du piano, John ou pas John, tu as un assez fort caractère pour te faire entendre et faire ce que tu veux. » Elle avait bien du mal à imaginer une Heather toute sage qui faisait ce qu’on lui demandait quand elle en avait pas envie. Pour sûr que si l’acting ça n’avait pas été son truc, elle aurait réussi à le faire savoir pour faire autre chose. Bien entendu, lorsque la blonde précisait qu’il était comme un bon père pour elle, Deborah ne pouvait pas s’empêcher de se demander si elle avait eu un mauvais père. Les deux femmes étaient proches mais maintenant qu’elle se posait la question, elle se rendait compte qu’elles n’avaient jamais vraiment parlé de leurs enfances ou de leurs familles. Une question que Debbie taisait en dépit de sa curiosité qu’elle savait parfois trop intrusive. Parfois, il valait mieux remettre des questions à plus tard ou ne pas poser la question du tout, les risques étaient trop grands de blesser maladroitement Heather et Debbie était bien loin de cette envie.

« Bien sûr que ça débouchera sur d’autres ! C’est avec plaisir que je te présenterai Camil, tu verras, c’est un amour. » et ce, sans aucune exagération et sans feinter son statut de petite-amie. Depuis le temps qu’ils se fréquentaient, Deborah avait appris à réellement le connaître et elle pouvait dire ces mots sans mentir : elle appréciait réellement Camil et il prenait soin d’elle comme personne ne l’avait fait jusqu’à présent. A vrai dire, ils avaient tout d’un couple sans en être un et c’était à se demander pourquoi elle n’était pas amoureuse de lui. Il fallait croire que l’adage était vrai : le cœur a ses raisons que la raison ignore. « Cela dit, de nous deux, c’est plutôt toi qui devrait me présenter quelqu’un. J’attends toujours ! » lançait-elle avec un sourire malicieux sur le visage. Elle était la première à penser qu’Heather méritait tout le bonheur du monde, l’amour y compris et quand bien même elle se rendait compte que son métier n’aidait pas à trouver la bonne personne, elle espérait sincèrement que son amie trouve chaussure à son pied et que cela ne tarde pas trop.