La pride. La musique. L’ambiance. Les couleurs. Un moment que tu adores. Pour une fois, et la seule fois de l’année, tu es un mouton de la société. Tu ne te démarques pas avec tes tenues colorées. Tu es une parmi les autres. Mais tu restes tout de même toi-même. Itziar va avoir une nouvelle fois l'occasion de s’en apercevoir. Tu t’y rends avec elle. Tu as réussi à convaincre sa sorcière de collègue de libérer sa journée. Tu as joué sur l’anniversaire de votre rencontre et ta moue enfantine. Elle a cédé facilement. La brune n’est pas si vilaine qu’elle n’y parait. Elle a bon fond en vrai. Quand elle se lève du bon pied et n’est pas brouillée avec son mec. Tu trouvais l’occasion parfaite pour fêter ton couple. Voilà quelques mois que l’espagnole te supporte. Elle ne s’est toujours pas lassée de toi. Elle est peut-être la bonne princesse. En tous cas, tu l’espères. Tu ne l’as pas invitée à la parade juste pour cela. Concernée par la communauté LGBTQ+, tu as envie d’afficher fièrement ta différence. Tu n’en as pas honte. Tu ne vois pas pourquoi tu aurais honte de quelque chose que tu n’as pas choisi. L’orientation sexuelle n’est pas un choix. Elle est encore moins une maladie. Pourtant, certaines personnes le croient. Tu as eu de la chance de ton côté. Tu peux reprocher de nombreuses choses à ta famille sauf son intolérance. Elle n’a jamais changé en apprenant ton homosexualité. Elle t’a toujours soutenue et acceptée. Tes frères se sont mêmes déjà battu pour te défendre. Tu te souviens parfaitement du « Sale gouine. » lâché par un camarade de classe à la sortie de l’école à tes seize ans. Il a gagné une baffe de la part de l’ainé de ta fratrie venu te chercher ce jour-là.Tu as conscience que tout le monde n’a pas grandi dans un environnent aussi ouvert. Le sujet est souvent tabou bien que les mentalités évoluent. Le combat n’est pas terminé.
Alors tu montes au front. Enfin, au front. Tu ne te places jamais en première ligne non plus. Courageuse ascendante trouillarde, tu te caches autour du troisième rang. Si on peut te considérer cachée du haut de ton 1m78 couronné de ton gyrophare capillaire. Dehors sur le balcon de ton appartement, tu te délectes des mélodies résonnantes. Tu attends l’arrivée de ta belle. Tu es déjà prête, revêtue d’une robe arc-en-ciel sans manche descendant jusqu’à tes genoux. Une robe créée de toute pièce de tes mains. Dans tes pieds, une paire de spartiates toutes simples. Tu as misé sur la praticité et le confort. La marche sera longue. Tu ne tiens pas à attraper des ampoules. Tu en as fait l’amère expérience lors de ta première pride. Tu as retenu la leçon. Tu salues de sourires les passants se dirigeant vers les festivités. Au bout de ta rue, tu aperçois une silhouette gracieuse. Même à cette distance, tu es sûre de l’avoir reconnue. Tu rentres à l’intérieur. Tu saisis un gilet en coton blanc sur une chaise pour affronter la fraîcheur du soir. Tu quittes ton domicile, n’oubliant pas de le fermer à clé. Le trousseau rejoint ton portable dans ton sac à main rose parsemé de motifs de bonbons rouges. Arrivée dehors, tu observes les formes harmonieuses s’approcher,. Tes lèvres s'étirent jusqu’au sommet de tes oreilles lorsqu'elle est à ta hauteur. « Hola princesa ! », lui lances-tu dans sa langue maternelle saupoudré de ton accent australien natal. Le rendu laisse à désirer mais l’important est le geste. Tu déposes un léger baiser sur ses lèvres. « T’es ravissante ! T’es prête à y aller ? T’as pas envie de faire pipi ? Sinon vas-y maintenant, ce sera galère après. » Encore un truc que tu as appris lors de ta pride inaugurale. Coincée au milieu de la foule, une envie pressante en toi, tu t’es tortillée tout le long du défilé.
Elle ne manquerait la pride pour aucune raison, Itziar. Elle ne participait pas à tout, faute de temps, mais elle tenait au moins à se joindre à l'un des évènements organisés pour cette occasion. Elle n'était pas la plus grande activiste qui soit et c'était donc sa manière à elle de venir mettre sa pierre à l'édifice. Sa manière de porter les couleurs et faire entendre la voix de cette communauté à laquelle elle appartenait. Elle était du genre à le revendiquer, sans précaution. Parce que ça n'avait jamais été tabou pour elle, elle n'avait jamais eu à se cacher. Elle avait cette chance. Elle en était consciente. Elle savait que ce n'était pas quelque chose d'acquis et que tout le monde n'avait pas la même expérience qu'elle. C'était pour cela, principalement qu'elle trouvait important de participer. Pour venir mettre un peu plus de poids dans la balance et peut-être donner un peu de courage à ceux n'ayant pas encore la chance de pouvoir s'accepter tels qu'ils sont pour des raisons qui leurs sont propres. Par peur du regard des autres, parce qu'ils savent que ça ne sera pas accepté par leur famille et toute autre raison tout aussi valide. Elle, elle était là, elle était fière et elle n'hésitait pas à le montrer s'il le fallait. Et puis il valait quand même avouer que rien que l'aspect festif valait le détour. Il faudrait être vraiment bête et coincé pour se priver de cela. A sa plus grande surprise, elle n'avait même pas eu à batailler pour échanger son service avec celui de Jenna. Ça avait été facile. Bien trop facile et elle soupçonnait fortement qu'une styliste aux cheveux roses soit venue plaider sa cause derrière son dos, lui mâchant tout le travail. Sa collègue n'aurait jamais lâché l'affaire si facilement en temps ordinaire. Elle n'avait pas cherché à en savoir plus, ça aurait été risquer un changement d'avis abrupte. Elle n'était pas téméraire à ce point. Elle savait prendre ce qu'on lui donnait sans poser de questions. Surtout quand ça l'arrangeait.
Elle arrivait donc chez Rose, à peine plus tard que ce qui avait été convenu. Elle ne pouvait pas blâmer les embouteillages cette fois-ci, seulement sa tendance à tout faire à la dernière minute. Parce que dénicher au fond de son placard, ce tee-shirt tie and dye aux couleurs de la bisexualité, floqué du mot pride sur le devant qu'elle portait sur le dos n'aurait absolument pas pu être fait la veille. Elle avait sauvé les meubles cela dit, en pressant le pas jusqu'à l'angle de la rue. Elle la remarque tout de suite, Rose, en bas de chez elle, une robe arc-en-ciel lui allant à ravir. C'est un sourire qu'elle ne peut contenir et qui s'étire jusqu'à ses oreilles quand elle arrive à sa hauteur. C'est l'effet que lui fait Rose depuis six mois maintenant. Elle la ferait même fondre quand elle s'essaie à quelques mots d'espagnol. La plus enchanteresse des mélodies accompagnée des lèvres les plus douces, se posant sur les siennes. "Je suis presque prête. Je suis allée aux toilettes en partant, mais je savais bien qu'il allait manquer un truc." Déclare-t-elle avant de sortir une couronne aux couleurs de l'arc-en-ciel du sac plastique qu'elle tenait dans la main avant de la poser sur la tête de Rose, avant de ranger ledit sac au fond de son sac à main. Une breloque en plastique, ni plus ni moins, mais qui venait sans aucun doute parfaire la tenue de sa belle. "Voilà ! Mi reina. T'es parfaite là." Satisfaite, elle attrape la main de l'australienne, dépose un baiser sur ses phalanges avant de nouer ses doigts avec les siens et de l'entraîner avec elle en direction de la parade. "Qu'est-ce que t'as promis à Jenna pour qu'elle échange avec moi si facilement, en faisant comme si de rien était en plus ?" Ne peut-elle s'empêcher de demander, sourire narquois sur le visage. Parce qu'elle en est certaine que c'est elle et qu'elle préfère donc attaquer directement par la vraie question. "Histoire de savoir si je dois m'inquiéter ou pas." Ajoute-t-elle en riant.
Presque prête mais elle n’a pas besoin d’aller au petit coin. Tu arques un sourcil. Tu détailles sa tenue de la tête aux pieds en quête d’un élément à retoucher. Tu ne vois rien. Tout est parfait chez ta princesse. Tu es dans une impasse. Si elle te pose une devinette, tu es forcée de donner ta langue au chat. Pourtant, tu es joueuse. D’habitude, tu aurais cherché l’élément derrière ce presque. Vous êtes adeptes de de ce genre de petits jeux enfantins où les réponses se résument à des graduations de chaleurs jusqu’à ce que la réponse soit trouvée. Là, tu n’as pas le temps. La parade ne va pas vous attendre. Alors tu dégaines ta moue aguicheuse pour être éclairée. L’éclaircissement ne tarde pas. Tu souris en découvrant ce qu’il se cachait derrière ce presque. Tu comprends pourquoi tu ne l’as pas trouvé. Tu n’as pas envisagé qu’il te concernait. « Heureusement que t’es là. Je sais pas ce que je ferai sans toi. » Tu déposes un autre baiser sur ses lèvres pour la remercier. Tu as pensé à sortir ta couronne en plus. Tu l’as même préparée. Elle trône sur la table de ton salon. Et tu l’as oubliée. Tu as été trop pressée de quitter ton appartement et de l rejoindre en apercevant sa silhouette de ton balcon.
Main dans la main, vous prenez la direction de la parade. Ce contact te rend légère. Tu as l’impression que tu vas t’envoler à chacun de tes pas. Tu es sur ton petit nuage princier amoureux. En chemin, Itziar s’interroge sur sa collègue. Elle t’accuse d’être responsable de la libération de sa journée. Tu pourrais nier si tu savais mentir. Le mensonge se lit sur ton visage comme le nez se voit au milieu de la figure. « Tu peux t’inquiéter en effet… » Tu te retiens de rire. Tu affiches même un rictus angoissant. Tu fais en sorte d’être crédible, qu’elle balise un peu. « Car je lui ai rien promis. Je suis allée la voir et lui ai demandé avec toute ma gentillesse si elle pouvait te remplacer pour que l’on puisse fêter nos six mois ensemble à la pride. Et avec mes airs angéliques, elle a pas pu me dire non. » Tu restes silencieuse un instant. Tu te demandes si Itziar va te croire. Tu commences à glousser, trahissant l’inexactitude de ton explication. Du moins, elle est incomplète. « Bon, je lui ai aussi proposé de lui faire une robe gratuitement. » Cette fois-ci, elle sait tout. Jenna aurait sans doute accepté sans ton offre supplémentaire. La sorcière a un cœur.
Vous poursuivez votre chemin. Les musiques se font de plus en plus bruyantes. Au détour d’un virage, tu aperçois la foule colorée. Ce qu’elle est immense. Tu n’as pas le souvenir de l’avoir vu aussi grande. D’un côté, ta représentation spatiale et ta mémoire ne sont pas les choses les plus fiables de ton être. Tu n’irais pas en mettre ta main à couper. « Oh regarde, il y un trône sur le char ! » Tu pointes de ton index l’objet repéré. Tu te moques qu’on ne montre pas du doigt. Tu es un enfant et un enfant montre du doigt. Puis tu n’as jamais compris en quoi c’était impoli. « Tu crois que je pourrai m’assoir dedans ? » Après tout, tu es une reine. Cette place est tout à fait légitime. Tu es même reine à plusieurs reprises. La reine guimauve de ta princesse pommée ; la reine du monde féérique, titre que tu partages avec Birdie ; la reine de l’étourderie, dont tu te passerais volontiers ; la reine des cookies, pour quiconque les a goûtés. En tous cas, tu t’en approches, entrainant l’espagnole dans ton périple, tes doigts toujours entremêlés aux siens.
Elle s'enquiert immédiatement de la question Jenna et de la manière dont cette dernière a cédé si facilement quand l'espagnole était venue lui demander d'échanger son service avec le sien. Elle aurait pu dire que c'était pour ses beaux yeux qu'elle avait accepté, mais il en fallait plus pour céder sa collègue. Surtout sans qu'elle ne semble négocier quoi que ce soit en retour. Si ça avait été si facile, c'était que Rose était venu saupoudrer tout ça de paillettes avant qu'elle ne dise quoi que ce soit. Elle n'a pas besoin de poser la question. Elle connaît la réponse. Elle sait aussi que ça inciterait Rose à tenter un mensonge. Un mensonge qui serait tout sauf crédible pour Itziar qui avait appris à connaître la jeune femme en six mois. Itziar qui avait aussi l'impression de la connaître depuis toujours. Ce n'était pas le genre de mensonge qui passait avec elle. Celui que lui sert Rose en guise de réponse non plus d'ailleurs et pourtant, il lui met le doute, l'espace de quelques secondes. Elle arque un sourcil interrogateur, alors qu'elle attend que Rose lui explique pourquoi elle devrait s'inquiéter. L'explication ne semble pas coller ou tout du moins il y a quelque chose qui cloche dedans. Elle est bientôt fixée. La contrepartie. Voilà ce qu'il manquait et elle ne peut s'empêcher de laisser échapper un rire franc. "Donc en fait, c'est avec toi qu'elle a été dure en affaires. L'espace d'un instant j'ai cru que tu lui avais promis que je ferai tout ce qu'elle voudrait pendant une durée illimitée." Elle exagère un peu, quoi que. Elle ne savait pas bien pourquoi elle aurait eu à s'inquiéter, mais elle savait aussi que Jenna aimait la faire tourner en bourrique. "En tout cas, faut reconnaître qu'elle sait garder un secret, elle a rien dit te concernant." Elle était restée muette comme une tombe, avait accepté la demande de l'espagnole sans se faire prier.
Au détour d'une rue, c'est la foule colorée qu'elles rencontrent. La parade bat son plein entre musique, bonne humeur et chars en tout genre. Ça chante, ça danse de tous les côtés et la rue n'est qu'une marée humaine aux couleurs de l'arc-en-ciel. Rose lui fait remarquer un trône sur l'un des chars. Un trône vide attendant sa reine. Un comble. "C'est pas : tu pourrais t'asseoir dedans, c'est : tu dois t'y asseoir." Qu'elle répond à la question de la jeune femme, parce qu'elle est une reine, sa reine, comme le démontrer la couronne posée sur sa tête. Alors, elle se laisse entraîner un peu plus près du char, Itziar. Il faut se frayer un chemin parmi la foule, jouer des coudes, en douceur bien évidemment, ce n'est pas la foire d'empoigne. "Il a tout l'air d'être en charge ce type." Annonce-t-elle à Rose, pointant le jeune homme du menton quand elles arrivent finalement juste à côté. Elle ne perd pas de temps avant d'interpeller le jeune homme, lui faisant signe pour qu'il s'approche et puisse l'entendre malgré le brouhaha ambiant. "Est-ce qu'on pourrait monter ?" Lui demande-t-elle tout simplement, avant d'expliciter un peu plus sa demande. "T'as un trône vide, j'ai une reine, ça me paraît plutôt logique !" Elle jette un regard à Rose à côté d'elle, l'invitant à ajouter son grain de sable à cette demande. Parce qu'il n'y a aucun intérêt d'avoir un trône inoccupé sur un char quand il pourrait y avoir la plus belle des reines. Elle lui offre son plus beau sourire, accompagné de ses yeux de chiens battus, comme si ça pouvait faire pencher la balance en leur faveur. Elle ne voulait pas que sa reine soit déçue. Si Rose voulait monter sur le trône, il fallait qu'elle y monte, il n'y avait pas d'autre option possible ou acceptable.
Lancer de dés:
Win : Le jeune homme ne semble même pas réfléchir avant d'acquiescer d'un signe de tête. Les invitant à monter sur le char et prendre possession de l'espace. Une fois sur le char, elle mène Rose jusqu'au trône, l'invitant à s'asseoir. "Si ma reine veut bien s'asseoir et surplomber ses sujets" déclare-t-elle en souriant. Une fois la jeune femme assise, elle réajuste la couronne sur sa tête, replaçant au passage une mèche de cheveux rose derrière son oreille. "Magnifique. Il manquerait un sceptre, mais je pas trop si on peut chipoter à ce point." Elle hausse les épaules en riant. Elle a le plus important : la couronne et le trône, le reste est optionnel. "Est-ce que ce serait abuser de réclamer un selfie avec sa majesté ?" Elle aimait les photos Itziar. Que ce soit d'elle ou des autres, ou les deux en même temps. Elle aimait capturer la beauté pour en conserver un souvenir. Elle savait que c'était différent pour Rose, alors, elle prenait toujours soin de demander.
So close : Le jeune homme semble réfléchir, pas certain de la réponse à apporter à cette demande. Il n'en faut pas moins à Itziar pour prendre les devant face à son hésitation. "Allez, promis on restera pas longtemps et on fera pas de bêtises, c'est comme si on ne serait pas monter." Qu'elle insiste avant de monter, sans lui laisser le temps de réagir. Une fois sur le char, elle mène Rose jusqu'au trône, l'invitant à s'asseoir. "Si ma reine veut bien s'asseoir et surplomber ses sujets" déclare-t-elle en souriant. Une fois la jeune femme assise, elle réajuste la couronne sur sa tête, replaçant au passage une mèche de cheveux rose derrière son oreille. "Magnifique. Il manquerait un sceptre, mais je sais pas trop si on peut chipoter à ce point. " Elle hausse les épaules en riant. Elle a le plus important : la couronne et le trône, le reste est optionnel. "Est-ce que ce serait abuser de réclamer un selfie avec sa majesté ?" Elle aimait les photos Itziar. Que ce soit d'elle ou des autres, ou les deux en même temps. Elle aimait capturer la beauté pour en conserver un souvenir. Elle savait que c'était différent pour Rose, alors, elle prenait toujours soin de demander.
Fail : Le jeune homme réfléchit, fait la moue puis refuse. Ce n'est pas lui qui s'occupe du char et un happening est prévu sur celui-ci d'un instant à l'autre, il ne peut pas les laisser monter. Pas pour l'instant en tout cas. Ce n'est donc pas un non définitif, mais il faudra patienter avant d'espérer pouvoir mettre les pieds sur le char et les fesses sur le trône. "Il y a donc une usurpatrice qui va s'asseoir sur ton trône." Déclare-t-elle en se tournant vers Rose, une moue faussement boudeuse sur le visage. "Je propose donc qu'on avance, il doit bien y avoir un autre trône quelque part. Si non, on les laisse faire leur truc et on rattrape celui-là plus tard, histoire de montrer à tout le monde qui est la vraie reine !" Un compromis, parce qu'il est hors de question que Rose ne monte pas dessus à un moment ou un autre. Elle peut patienter, Itziar, elle a tout son temps, elle est aussi pleine de ressources et n'est pas du genre à prendre un non comme une réponse définitive.
Dernière édition par Itziar Cortés de Aguilar le Ven 11 Juin 2021 - 17:35, édité 1 fois
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31460 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Un trône vide. Tu ne peux y voir qu’un signe du destin, qu’un appel. Dans ta tête, il est évident qu’il t’est destiné. Il attend la reine. D’ailleurs, le char est à l’arrêt et patiente sagement sa majesté pour se mettre en route. Ta demande est quelque peu hésitante. Ton statut de reine est méconnu des gens. Itziar, elle, est au courant. Et sa réponse ne laisse aucun doute. Plus qu’une suggestion, elle prône l’obligation de t’y asseoir. Tu ne la contredis pas. Vous vous frayez un passage jusqu’au véhicule. Vous pouvez remercier vos silhouettes affinées. Vous avez réussi à fendre la foule sans grande bousculade. Le plus dure reste à faire : monter. Tu es encore séparée que d’un mini escalier de ton but. Six marches pour atteindre la plateforme. Si proche et si loin à la fois. Surtout que l’accès est gardé par un homme taillé comme une armoire à glaces. Nullement impressionnée par l’imposante carrure, l’espagnole lui demande l’autorisation de monter. Tu n’en mènes pas large. Son argumentaire est parfait. Le grand gaillard ne peut que céder. Surtout face à la bouille qu’elle lui offre. Toi, tu fondrais à coup sûr face à ce minois. Tu manques d’objectivité. Tu ne peux rien refuser à ta princesse. Et même si elle affiche la plus horrible des grimaces. Dans tous les cas, sa beauté rayonnante détruit tes envies de résistances. Tu essayes quelques fois malgré tout. Sans réel succès. Tu es trop faible. Elle le sait et aime en jouer. « Je te nommerai prince de la parade si t’acceptes. », complètes-tu l’argumentaire de la blonde. En tant que reine, tu as ce pouvoir. Il semble dubitatif. Comme s’il remettait en cause ton titre. Pourtant la couronne présente sur le sommet de ton crâne est une preuve indiscutable.
Pendant que ses neurones cogitent, Itziar s’impatiente. Sans l’accord donné, elle t’entraine sur le char. Vous vous dirigez vers le trône. Tu lisses ta robe avant de t’y asseoir. L’assise épouse parfaitement ton postérieur. Il a définitivement été fait pour toi. Tu ne crois pas à une coïncidence. Ni au fait que le moelleux siège s’adapte à la personne qui s’y installe. Itziar te recoiffe. Tes yeux scrutent son si doux visage solaire. « Seulement si tu t’assois sur mes genoux pour le prendre. » Tu n’aimes pas les photos. Tu fais exception pour elle. Tes mains tapotent tes cuisses, l’invitant à poser ses fesses dessus. Cette manie vous suit depuis le soir où tout a basculé, depuis le soir où vous êtes passées de cliente et serveuse à amantes, depuis le soir où elle a emménagé dans ton cœur. Elle ne se fait pas prier pour te rejoindre. Tes lèvres remontées jusqu’à tes oreilles, vos joues collées, tu fixes l’écran. Le cliché pris, tu captures sa bouche d’un tendre baiser. Un baiser où ta langue file danser avec la sienne malgré tout. Pendant que tu l’embrasses, des exclamations de la foule se font entendre. Tu n’as pas pensé être surélevée et à la vue d’une grande partie de l’assemblée. Tu as agis simplement par envie. A la rupture du baiser, tu aperçois les nombreux regards braqués sur vous. Tes pommettes rosissent quelques peu. « Saluons nos sujets, ma princesse. » Le bras droit replié, l’avant-bras à la vertical et la main tendue, tu effectues des salutations de Miss, remuant uniquement ton poignet. Amusée, tu glisses presque de ton piédestal quand le char démarre. Tu saisis Itziar par la taille avant qu’elle ne tombe par terre. Visiblement, vous avez été prises pour les personnes censées être à cette place. Tu ne vas pas protester. Et il est trop tard pour descendre. On ne descend pas d'une voiture en marche, c’est bien connu. Et un char, c'est presque pareil.
Elle ne saurait dire si le jeune homme proteste quand elle décide de prendre les devants et de gravir les quelques marches qui mènent sur le char. Elle ne l'entend pas si c'est le cas. Elle n'a qu'un but et rien ne peut l'arrêter. Même pas un type costaud qui pourrait sans aucun doute la soulever d'un bras sans qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit. Peut-être qu'il ne dit rien parce que c'est la pride et que c'est un moment de joie et de fête. Peut-être qu'il dit quelque chose qu'elle n'entend pas et il décide de laisser tomber. Elle ne le saura jamais et ça n'a pas d'importance pour elle de toute façon. Tout ce qui compte pour elle, à cet instant précis, c'est que Rose s'assoit sur le trône. Son trône. Qu'à cela ne tienne, s'il était inoccupé jusqu'à présent c'était parce qu'il attendait sagement son arrivée. Elle est rayonnante d'ailleurs, sur son trône. Comme si c'était réellement celle qui était censée être sur ce char, à cette place. Elle veut immortaliser le moment, Itziar. Un de plus. Une énième photo qui viendrait rejoindre celles qu'elle avait déjà imprimées et accrochées sur son mur. Parce que Rose n'aime pas les photos, mais elle lui dit rarement non. Elle essayait de ne pas abuser l'espagnole, elle n'en demandait pas trop non plus. Un compromis silencieux. Pour cette fois, c'est Rose qui lui accorde sa faveur, posant tout de même sa condition. "Il faudra pas me le dire deux fois." Déclare-t-elle, tout sourire, avant de prendre place sur son trône personnel. Le meilleur de tous. A ses yeux et en toute objectivité, bien sûr, il n'y a pas plus confortable que les genoux de sa reine. Même le plus moelleux des fauteuils ne peut pas rivaliser. Elle n'a même pas besoin de chercher l'angle parfait quand elle tend son bras, téléphone dans la main. Quand Rose est sur la photo, tout angle lui semble parfait et en quelques secondes, le cliché est pris.
Elle ne bouge cependant pas et laisse Rose capturer ses lèvres. Laissant sa langue rejoindre sa consoeur pour un ballet maintenant si familier. Elle entend les exclamations de la marée humaine qui entoure le char. Elle ne peut s'empêcher de sourire contre les lèvres de l'australienne sans pour autant se détacher d'elles. Elle ne peut couper court à un baiser. C'est un moment bien trop précieux que quelques acclamations à leur encontre ne saurait venir perturber. D'autant plus lors d'une occasion telle que celle-ci. A la rupture du baiser, elle vient tendrement poser ses lèvres sur la joue de Rose, à l'endroit où elle peut apercevoir une teinte un peu plus rosée. "C'est tes sujets plus que les miens." Qu'elle déclare en riant. Elle n'est que princesse, mais elle s'exécute tout de même, bras levé, saluant la foule. Elle est stoppée net quand le char démarre, rattrapée in extremis dans sa chute par la styliste. "Tu crois qu'ils avaient prévu quoi avec leur char ?" Demande-t-elle, surprise qu'il soit maintenant en marche alors que personne d'autre qu'elles n'étaient monté dessus et elle en était certaine, elle ne faisait pas du tout partie des participants de cette parade. "Parce que je crois qu'on va devoir faire l'animation. On peut pas décevoir le peuple comme ça, ils penseraient qu'on est des imposteurs." Elle ne s'y connaissait pas tant que ça en histoire, mais elle savait qu'en général, un peuple en colère et un souverain illégitime ne faisait pas bon ménage. Alors, ses yeux parcourent rapidement la surface du char, à la recherche d'une idée, d'un indice sur ce qu'aurait pu être l'animation prévue. Elle repère un poste radio branché à des enceintes et se lève pour aller l'allumer. La musique fait tourner des têtes, plus que celles déjà rivées dans leur direction. "Intéressant comme choix." déclare-t-elle après les premières notes, se rapprochant de Rose et de son trône. "Je te présente : le lap dance royal." Vient-elle lui chuchoter à l'oreille avant de reculer et de commencer à se déhancher sur la musique. Est-ce qu'elle y connaissait quoi que ce soit en lap dance ? Pas vraiment. En revanche, elle avait eu l'occasion de voir Lara à l'oeuvre, juste assez pour se donner une idée et pour rendre sa danse osée, mais pas pour autant indécente. Une plaisanterie plus qu'autre chose.
Vous voilà partie pour une aventure imprévue. Toi qui avais prévu des chaussures adaptées à la marche, tu vas te faire transporter tout le long de la parade. En tous cas, une partie. Tu ignores jusqu’où le char ira. Puis à un moment, un.e organisateur.rice se rendra compte de la supercherie. La véritable personne destinée à être assise sur ce trône risque de se manifester. Tu espères que le ton ne montera pas. Tu n’as pas voulu voler la vedette à quiconque. C’était une plaisanterie à la base. Puis vous ne faites rien de mal. Ce n’est pas comme si vous étiez des homophobes profitant de la hauteur pour brandir des banderoles stupides et pour scander des slogans tout aussi idiots. Vous êtes juste là pour vous amuser et fêter ce jour particulier entre amoureuses. Ni plus, ni moins. Tu savoures l’instant sans penser à sa fin. De toute façon d’ici là, il se sera passé d’autres choses. Il doit être écrit quelque part que rien ne se passera comme escompté lors de vos rencontres. A chaque fois que vous vous voyez via un prétexte, une déviance a toujours lieu. C’est comme cela que vos goûters se transforment en séances shopping et soirée au restaurant par exemple. Tu ne vas pas t’en plaindre. Tu aimes les surprises. D’autant plus quand elles proviennent d’Itziar. « Probablement de lancer des paillettes sur la foule. Mais ils ont oublié de charger les cartons avant de démarrer. » Tu glousses, fière de ton ânerie. D’un côté, ce n’est qu’une demi-ânerie. En ce jour de pride, saupoudrer la tête des gens de paillettes est une bonne idée. Elle l’est tous les jours de ton point de vue. Il n’existe aucun jour précis pour égayer la vie des gens.
L’espagnole abandonne son trône formé de tes genoux en quête d’activité. Quelle fouineuse elle fait. De vous deux, elle est la plus curieuse. L’enceinte attire son attention. Tu n’en es guère étonnée. Du sang latin coule dans ses veines, elle a la danse dans la peau. Tu as déjà pu t’en rendre compte. La musique résonne. Le est fort mais pas trop, tu arrives encore à distinguer ce qu’elle te murmure. Tu arques un sourcil. Tu te demandes ce qu’elle a voulu dire. Elle illustre dans la foulée ses propos, jouant de son corps, de sa silhouette, de son déhanché sur les rythmes mélodieux. Elle bouge si bien. Tu lui souris, ravie du spectacle offert. Tu finis par te lever à ton tour. Tu la rejoins sur la piste improvisée. Une main sur sa taille, l’autre entremêlée dans ses doigts, tu viens coller ton bassin au sien. Fixant ses prunelles, tu ondules sur les notes. Ou plutôt, tu te laisses guider par ta princesse. Elle est meilleure danseuse que toi. Tes pas martèlent le sol délicatement. Tu fais attention de ne pas marcher sur ses pieds. Tu ne tiens pas à lui écraser un orteil. Vous virevoltez sur le plancher. Plus rien ne compte sur le moment. Tu es là sans être là. Ton esprit comblé est ailleurs. Le brouhaha de l’assemblée n’est qu’un chuchotement à tes tympans. La seule chose que tu entends, ce sont les battements de son cœur, symphoniques, calés sur les pulsations de ton palpitant. Vous ne faites plus qu’une. Tournoyant, tu heurtes un objet par terre, manquant de peu de trébucher. D’un coup d’œil, tu aperçois un micro relié par un fil à l’enceinte. Tu te baisses pour le ramasser, désirant le protéger de tes semelles. Une fausse manipulation le met en marche dans un vacarme assourdissant. Tu l’éteins dans la seconde qui suit. Trop tard. Le mal est fait. La foule a de nouveau les yeux rivés sur vous. Elle est en délire et réclame une annonce royale comme en témoigne les « Un discours ! Un discours ! » qu’elle répète en boucle. Tu souris à Itziar, signe que tu es prête à accéder à sa requête. Mais avec son aide quand même.
A la mention du mot 'paillettes' elle scanne la surface du char de ses yeux. Elle ne sait pas ce qu'elle cherche. Un carton, un canon, ou l'un de ces tubes en carton qu'on fait exploser pour en faire sortir des confettis. Elle ne trouve rien, malheureusement. Il faut se faire à l'idée que le but de ce char n'était pas de couvrir la foule de couleurs. C'est dommage. Ça ne la démoralise pas pour autant. Elle trouve quelque chose d'autre. Des enceintes qui attirent son attention et en bonne curieuse qui se respecte, elle ne demande même pas la permission pour les mettre en marche. Si elles sont là, ce n'est pas pour faire joli. C'est pour faire du bruit. Pour mettre un peu d'ambiance dans cette fête déjà bien entamée. Elles ne se font pas prier les enceintes, pour faire résonner une mélodie. Ça l'inspire tout de suite, l'espagnole. Elle a le rythme dans la peau, même si elle n'est pas danseuse pour un sous. Elle aime bouger, elle aime laisser son corps parler sur la musique. Elle n'a pas peur du ridicule. Elle n'a pas peur non plus de se mettre en scène. Elle danse seule, pendant un moment, se déhanche devant Rose jusqu'à ce que cette dernière décide de se lever. D'abandonner son trône pour la rejoindre. Si ça avait été possible, son sourire se serait fait encore plus large que ce qu'il n'était déjà. Ca l'amusait de danser. Ca l'enchantait encore plus de partager une danse avec sa reine. Ses mains trouvent tout de suite leur place sur le corps de Rose. L'une posée dans le bas de son dos, l'autre venant s'entremêler à celle de l'australienne. Elle la fait bouger, au rythme de la musique, la fait tourner sur elle-même quand ça s'y prête aussi. Elle improvise, une fois de plus. Elle ne prétend pas y connaître quoi que ce soit aux danses de salon, mais ça n'a aucune importance. Elles créent leur propre danse, celle qui leur correspond à merveille. Elle n'est stoppée que par un intrus posé sur le sol. Un intrus dans lequel le pied de Rose vient se heurter.
Un micro, une fausse manipulation et quelques secondes plus tard, le vacarme a eu le don d'attirer un peu plus l'attention de la foule sur le char. La musique n'a pas pu couvrir le désagréable bruit du micro. La foule demande son dû. Persuadée, ou pas, qu'elle a affaire à la réelle attraction de cette partie de la parade. Un discours semble de rigueur et le regard de Rose semble lui faire comprendre qu'elle n'y est pas spécialement opposée. Elle hausse les épaules, Itziar, se met sur la pointe des pieds pour venir déposer tendrement ses lèvres sur la joue de l'australienne avant de s'emparer du micro. En bonne maîtresse de cérémonie, elle commence par taper dessus d'un doigt, une allumé, ne manquant de le faire grincer au passage. "Oups..." déclare-t-elle, avant de se racler la gorge et de profiter de son moment de gloire. "Est-ce que ça va Brisbane ?" Demande-t-elle, comme si elle avait animé des événements du genre toute sa vie. Comme si elle n'était pas complètement en train d'improviser, seconde après seconde. "Promis je vous embête pas longtemps, je sais que c'est pas mon discours que vous attendez, mais je voulais quand même vous souhaiter une joyeuse Pride." Ce n'est pas elle qui porte la couronne. Ce n'est pas elle qui a sa place sur le trône derrière elle, mais elle prend tout de même la parole en premier, pour introduire la souveraine de ce petit royaume haut en couleurs. "Voilà, sans plus de blabla, je vous laisse avec la Reine de la Pride ... Qui s'avère être ma reine avant tout, mais je ne suis pas égoïste, alors je partage ... seulement pour aujourd'hui. C'est pour la bonne cause apparemment, mais je vous surveille quand même. Profitez bien de la vue et du spectacle." Qu'elle finit en riant. Elle s'apprête d'ailleurs à tendre le micro à l'australienne quand une dernière chose lui vient à l'esprit. "Ah et j'allais oublier ! Comme dirait Gaga, baby you were born this way." finit-elle ajoutant une petite révérence comme si elle venait de réciter un grand monologue devant un théâtre rempli avant de passer le micro à Rose. Le moment pour la Reine de s'adresser à ses sujets.
Prendre la parole en public ne te dérange pas. Tu y étais familière dans ta jeunesse. A chaque concours de mini miss, la gagnante se devait de faire un petit discours. Et sans vouloir te vanter, tu en as fait un paquet. Tu en as remercié des gens : tes concurrentes, les organisateur.rice.s, les sponsors, ta mère. Souvent, un faux sourire accroché à tes lèvres pour accompagner ta tirade. Tirade que tu répétais en boucle sur la fin, changeant simplement les noms dans tes phrases apprises par cœur. Tout sonnait si faux. Tu ne t’en rendais pas compte à l’époque. Adolescente, tu ne t’étais pas encore forgée en tant que femme. Aujourd’hui, la donne a changé. Tu n’agis plus comme un mouton. Tu affirmes qui tu es. Sans hurler, sans revendiquer quoi que ce soit. Juste en étant toi-même. C’est bien ce que tu comptes dire à la foule. Avant, tu vas écouter Itziar. Micro en main, ta princesse semble décidée à se lancer. Tu n’en es guère étonnée. Elle n’est pas du genre timide. Et elle est excellente pour mettre l’ambiance. Tu t’en aperçois régulièrement au bar où elle travaille. Très sociable, elle n’hésite pas à blaguer avec les client.e.s. Et même si une partie d’elle le fait sûrement dans le but d’obtenir un pourboire, tu la connais désormais suffisamment pour savoir que cela fait partie de sa nature. Tu te délectes de ses mots gorgés de son accent latin. Elle t’impressionne par son assurance. Si tu es sa reine, elle est la reine de l’improvisation. Ce que tu sais déjà depuis la soirée où elle a emménagé dans ton cœur. Tes pommettes rougissent quelques peu. Non de gêne mais de fierté d’être complimentée de sa bouche. Elle te touche. Tu en pleurerais presque de joie. Tu es tellement chanceuse de l’avoir dans ta vie. Tu te demandes encore comment tu faisais avant.
Large sourire aux lèvres, tu déposes un chaste baiser sur ses lèvres en t’emparant du micro. Tu avances de deux pas. Ton regard balaya l’assemblée colorée bruyante. Tous les yeux sont braqués sur toi. Ton palpitant s’emballe. Tu n’es pas aussi à l’aise que ta princesse. Tu ne vas pas te défiler non plus. Tu ne vas pas être mangée. Tu es en hauteur, tu ne crains rien. Tu prends une grande inspiration. Tu es prête. « Bonjour Brisbane… », pousses-tu faiblement de ta voix chantonnante. Dans les secondes qui suivent, des acclamations parviennent à tes oreilles. Mise en confiance, tu poursuis, tes commissures étirées. « De nos jours, des gens pensent encore que l’amour ne peut exister qu’entre un homme et une femme. Nous, nous savons qu’ils se trompent. L’amour est universel. Il est le fruit de l’harmonie de deux êtres. Leur sexe est sans importance. Mais ces personnes ne veulent pas l’entendre. Alors il serait préférable de leur montrer. Montrez-leur que l’amour est au-delà de leur fausse conviction. » Tu n’as pas précisé comment. Ils vont comprendre. Tu lâches le micro qui tombe lourdement au sol dans un vacarme monstre. Tant pis s’il est cassé. Tu te retournes vers la serveuse. Ton faciès trahit tes intentions. Tu t’approches d’elle. Tu poses une main sur sa taille. L’autre replace une mèche rebelle dorée derrière son oreille. « Je t’aime. », lui souffles-tu tendrement. Et tu viens capturer sa bouche d’un doux baiser. Baiser qui devient rapidement langoureux. Vos langues valsent dans un ballet sensuel. Trop captivée par cette danse, tu es dans ta bulle. Tu n’entends pas les applaudissements, les sifflets, les cris. Tu n’entends que les battements de son cœur mélodieux. A la rupture de baiser, tu inspectes tes sujets. Tu admires les multiples bouches collées illustrant l’amour. Des hommes avec des hommes. Des femmes avec des femmes. N’en déplaise aux intolérant.e.s.
On pourrait presque croire qu'elle était censée se trouver là cet après-midi. Qu'elle était effectivement censée faire l'animation de ce char avec Rose. Elle n'est pas timide, elle n'a pas non plus peur de s'exprimer devant une foule. Elle ne manque pas d'imagination pour improviser. Alors, c'est ce qu'elle fait. Elle offre une introduction personnelle au discours royal qui va suivre. Elle se verrait parfaitement en maîtresse de cérémonie et embrasse donc son rôle jusqu'au bout pour ce bref moment. Cependant, elle ne veut pas occuper la lumière trop longtemps. C'est Rose la reine, Rose qui doit s'exprimer et répandre sa bonne parole. Elle s'écarte donc volontiers pour lui laisser la place. Lui tend le microphone alors que les lèvres de la jeune femme viennent chastement rencontrer les siennes. Elle se met un peu en retrait, juste d'un poil quand la styliste s'avance, microphone en main. Elle ne trouve pas Rose particulièrement mal à l'aise. Sa douce voix raisonne dans le microphone et Itziar vient poser une main dans le bas de son dos. Elle lui montre qu'elle est là. La princesse à côté de sa reine. Elle l'écoute avec attention. La regarde avec un mélange d'admiration et d'amour. Elle trouve son discours parfait. Peut-être qu'elle n'est pas objective. Pour ne pas changer. Elle est tirée de cette vague d'émotions par le bruit du microphone tombant au sol. Un large sourire venant automatiquement se dessiner sur son visage dès que son regard croise celui de Rose. Ces trois mots qui raisonnent comme la plus belle des mélodies. Elle n'a pas le temps de les réciproquer que les lèvres de Rose sont sur les siennes. Tendrement d'abord avant que le baiser ne s'intensifie quand leurs langues entrent dans l'équation. Elle n'entend plus rien. Elle ne voit plus rien. Elle en oublie que tout le monde peut les voir. Elle s'en fiche bien. L'une de ses mains s'accroche à la hanche de Rose alors que l'autre vient trouver sa joue. Elle n'a besoin de rien de plus.
A la rupture du baiser, elle réalise ce qu'il a inspiré dans la foule. Elle ne peut s'empêcher de sourire. Puis elle voit le type qui guettait le char un peu plus tôt s'approcher. Il n'a pas l'air d'oser réellement approcher. Comme s'il ne voulait pas s'incruster ou qu'il ne voulait pas venir perturber le spectacle, improvisé, qui se tenait actuellement. Il a l'air d'hésiter d'ailleurs. Elle le voit ouvrir la bouche puis la refermer. Elle esquisse presque un sourire, surprise de voir un type taillé comme lui faire machine arrière. Puis il trouve enfin le courage et les mots pour les interpeller. "Excusez-moi, il va falloir que vous descendiez maintenant. On est arrivé à destination et les danseurs attendent pour monter." Leur annonce-t-il, presque gêné, comme s'il ne voulait pas leur briser le cœur en annonçant qu'elles n'étaient finalement pas là pour faire l'animation et que ce char avait bien quelque chose d'autre de prévu. "Les danseurs ou les usurpateurs ?" S'enquiert rapidement l'espagnole avant de voir le jeune homme ouvrir la bouche pour répondre et d'ajouter. "Je rigole !! On s'en va !" Loin d'elle l'idée de causer une scène ou quoi que ce soit qui pouvait s'y apparenter. Pas un jour de Pride. Pas avec Rose et surtout pas devant une foule. Elles s'étaient bien amusées le temps que ça avait duré. Elles allaient redescendre sur la terre ferme et profiter de la parade comme tout le monde. D'ailleurs, ses doigts sont déjà entrelacés avec ceux de l'australienne qu'elle entraîne avec elle vers les marches à l'aide desquelles elles s'étaient hissées là-haut. Une fois en bas, elle attire Rose contre elle. "Moi aussi, je t'aime et je suis heureuse de partager cette journée avec toi." déclare-t-elle, parce que même si l'australienne le savait sûrement, il était important pour elle de le confirmer, une énième fois. Elle vient ensuite tendrement capturer ses lèvres. Comme pour appuyer son propos. Plus douée pour faire passer ses sentiments par des gestes que par des mots. "Qu'est-ce que tu dis d'un bain de foule maintenant ? La reine voudrait elle se mêler à ses sujets ?" demande-t-elle, lui tendant la main pour qu'elle la saisisse avant de se glisser dans la foule. "On peut peut-être trouver un truc à boire sur le chemin ? Ou trouver le prochain char qui aura le droit à un happening de notre part. De préférence un duquel on peut jeter des paillettes." Ou des confettis, à la limite, ça revient presque au même.
Les meilleures choses ont une fin. Tu n’évoques pas ce baiser. Bien que fini et merveilleux, il n’est qu’une goutte dans l’océan de votre amour. D’autres auront lieu : des plus langoureux, des plus tendres, des plus voraces, des plus salaces, des indéfinissables. Tu parles plutôt de votre balade à char. Le colosse qui vous a laissé monter dessus a refait son apparition. Et ce n’est pas pour vous féliciter pour votre discours. Il vous sommes de quitter les lieux. Tu notes qu’il est poli. Tu ris aux mots d’Itziar. Elle ne semble pas décidée à coopérer si facilement. Ta princesse a des airs de rebelle même si elle n’est pas rousse. Tu apprécies quand elle agit de la sorte. Tu aimes son côté sauvage. Tu l’aimes tout simplement. Loin d’être capricieuse, elle cède rapidement, sans vraiment lutter. Sa rébellion a été de courte durée. En fait, elle a juste plaisanté. L’humour est une de ses caractéristiques. Une de celle qui t’a faite craquer en dehors de son physique. Vous quittez la scène sous un mélange d’applaudissements et de huées de la foule. Les premiers vous sont adressés quand les seconds sont à l’encontre de l’organisateur. L’assemblée est déçue de perdre son duo royal. Vous revoilà sur la terre ferme, réduites à de banals sujets. Le peuple a vite fait de vous oublier. Le véhicule à peine reparti, la musique résonnant dans les enceintes, les danseur.euse.s en action, il a déjà repris la célébration de ce jour particulier. Heureusement que tu comptes encore pour l’espagnole. C’est le plus important. « Moi aussi. » Tu déposes un énième baiser furtif sur ses lèvres. Ta main se faufile dans la sienne, désireuse de contact. Et aussi pour ne pas vous retrouvez séparées. La marche a gagné en rythme. Et vue la densité de la foule, plusieurs personnes pourraient se glisser entre vous. Ce qui te fait penser que tu vous n’avez pas prévu de point de retrouvailles dans cette éventualité.
Tu sers délicatement ses doigts. Ta prise est ferme malgré tout. Tu balayes ta tête de gauche à droite. Le bain de foule ne te tente guère. Tu as été assez l’attraction aujourd’hui. Tu préfères passer du temps en sa compagnie. Elle est de loin ton plus beau sujet. Elle est carrément ta princesse. « Je veux boire un coup. » Vous fendez le monde de votre mieux. Ta main gauche tient ta couronne par crainte de la voir tomber. Tu lances des « Pardon. » en boucle pour t’excuser de bousculer les gens. Tu le fais par politesse bien que la plupart ne remarquent même pas votre passage. La foule est hypnotisée par le spectacle proposé. La musique contrôlerait les esprits ? Ou les silhouettes des artistes peut-être ? Vous finissez par vous extraite de ce pack humain. Un bar est à proximité. Tu le montres du menton avant de t’y diriger. Par chance, une table pour deux est libre en terrasse. Vous vous y installez en face à face. Tes yeux se plongent dans les prunelles de ta belle. Ce qu’elles sont belles. Ce qu’elle est belle. Un soleil sur patte. Clignant des cils, une serveuse vous aborde. Sur le point de commander un jus de pomme, tu attrapes un blister posé sur support. Il y est précisé qu’un cocktail pride est servi. Tu t’enquiers de savoir s’il contient de l’alcool. La réponse est négative. Tu apprends même qu’il est à base de pomme. Il ne t’en faut pas plus pour te convaincre. Tu en prends un, dérogeant à ton habituel breuvage sucré. La blonde fait son choix et l’employée disparaît dans l’établissement. Patientant vos boissons, tu inspectes le char. Tu admires la prestation offerte. Tu ne peux nier qu’elle est agréable. Cependant, la vue l’est moins que celle de ta moitié. Tes iris reviennent très vite admirer les traits de son visage, ses douces pommettes, son magnifique sourire. « Ça te fait pas drôle d’être dans la peau d’une cliente ? », lui demandes-tu en riant. Ton rire cristallin est masqué par le brouhaha. Néanmoins, nul doute qu’Itziar l’entendra. Il provient de ton cœur.
La reine a fait son choix. Ses désirs sont des ordres. Elle souhaite boire un coup, c'est donc le nouvel objectif sur le moment. avancer avec la foule, se laisser porter par l'ambiance tout en gardant en tête l'objectif premier : trouver un bar, au mieux. Une buvette, dans le pire des cas. Quelque part où elles pourront profiter d'une boisson fraîche après avoir fait le spectacle pour une bonne partie de la communauté LGBTQ+ de Brisbane. Elles méritent bien ça après leurs premiers pas dans le monde de l'animation. En quelque sorte. Elle se laisse guider par Rose qui fend la foule comme elle peut, se faufilant entre les participants de la parade, s'excusant en boucle dès qu'elle se trouve forcée de bousculer ici et là. Elles sortent de la foule in extremis pour aller s'installer à la terrasse du bar qui se trouve à quelques mètres de là. De là, la musique de la parade résonne encore et elles ont une vue des divers chars avançant doucement, comme transportés par la foule. Cependant, pour Itziar, l'objet de tous les intérêts se trouve plutôt en face d'elle. Quand son regard croise celui de Rose, elle en oublie la fête, elle en oublie toutes les couleurs pour ne voir que ses yeux entourés d'une nuée de cheveux roses. Elle ne peut s'empêcher de sourire, comme une idiote. Pourrait presque rougir face à l'intensité du regard de sa moitié. Elle n'a pas le souvenir que quelqu'un l'ait un jour regardée de la sorte, avec autant d'amour et autant d'affection dans le regard. Elle se sent chanceuse. Extrêmement chanceuse et se demande encore ce qu'elle a pu faire de bien pour mériter quelqu'un comme Rose. C'est la serveuse qui la fait redescendre sur terre. Un peu trop brutalement à son goût, mais elle ne peut pas lui en vouloir pour autant. Elle se contente de laisser Rose commander sa boisson avant de commander une pinte de bière blonde. Rien de tel pour se rafraîchir, à ses yeux.
Ses yeux qui se reposent sur Rose à la seconde où la serveuse quitte la table pour aller s'occuper de leurs boissons. Ses yeux qui se délectent de la manière dont ses lèvres s'étirent dans un sourire alors que l'australienne observe le spectacle continuant sans elles dans la rue. Avant qu'elle ne tourne la tête vers elle de nouveau. "Si ! Je pensais pas que ça me ferait ça un jour." Répond-elle tout en déplaçant sa chaise sur le côté afin d'être plus près de Rose. Elle vient déposer un baiser sur sa joue avant de poser une main sur sa cuisse, son pouce caressant tendrement son genou. "J'ai tellement l'habitude d'être derrière le bar, même quand je bosse pas qu'il y a toujours ce petit moment dans ma tête où je suis à deux doigts de me lever pour aller me servir toute seule ... Avant de me rappeler que je risquerai d'avoir des soucis." Ajoute-t-elle en souriant. Ce n'était pas pour autant qu'elle n'appréciait pas de se faire servir, bien au contraire, elle trouvait toujours cela agréable de ne pas avoir à faire des allers-retours entre le bar et sa table. Ca lui faisait toujours quelque chose, cela dit. Même si ça ne durait jamais bien longtemps et qu'une fois assimilé que quelqu'un s'occupait de sa commande, elle n'avait aucun problème à profiter pleinement de cet avantage. "Ça t'arrive des fois de te mettre dans la peau d'une cliente toi ? Je veux dire, pas quand tu vas dans un magasin ou quoi, mais bien aller voir un ou une styliste avec une idée et voir ce que la personne pourrait faire pour toi ?" Ça paraissait moins évident, selon elle. Rose avait son propre style. Elle avait son propre talent aussi et était parfaitement en mesure de se créer la tenue de ses rêves sans aide extérieure. Cela dit, elle pouvait peut-être avoir envie de faire une folie, une fois de temps en temps et se faire plaisir. La serveuse réapparaît rapidement avec leurs verres. Itziar la remercie puis elle attrape son verre de sa main libre. "À notre première pride ensemble et à toutes celles qui suivront." Qu'elle annonce, avec un clin d'œil, venant doucement cogner son verre contre celui de Rose avant de le porter à sa bouche pour en boire une gorgée. "Je t'ai jamais demandé comment tes parents avaient réagi en apprenant que t'aimais les femmes. Ils l'ont tout de suite bien pris ?" Demande-t-elle, curieuse.
Itziar est tellement tactile. De vous, elle est celle qui réclame le plus de contacts. Une fois encore, elle l’illustre, dérangeant sa chaise jusqu’à venir s’installer à tes côtés. Vous auriez été en privé, tu l’aurais invité à s’asseoir sur tes genoux. Tu évites les marques d’affection trop prononcées en public. Non pas que tu aies hontes d’être avec elle. Au contraire, tu en es fière. Tu clames haut et fort la chance que tu as de partager sa vie au quotidien. Tu ne tiens pas à recevoir de remarques. Si le regard des autres ne t’importe plus, leurs mots peuvent être blessants. Et la blonde n’a pas forcément ta capacité à passer au-dessus. Autant ne pas prendre le risque de la mettre mal à l’aise. Les occasions de vous toucher ne manquent pas. Tu es apte à patienter la fin de votre promenade. Son anecdote te fait sourire. Tout te fait sourire chez elle. « Je te comprends. T’imagines pas combien de fois j’ai voulu ajuster une robe sur une femme croisée dans la rue. » Tu éclates de rire. Tes paroles sont véridiques. Ta styliste interne a plusieurs fois failli aborder une inconnue pour lui réajuster sa tenue suivant ton esprit créatif. Tu ne l’as jamais fait. Tu as toujours été rattrapée par ta morale avant ce geste déplacé. Puis tu acceptes que chacun est différent et est libre de porter ce qu’il veut comme il veut. Tant que la personne est à l’aise dans ses baskets. Sans oublier que tu ne souhaites pas recevoir une gifle. « Non, jamais. » Tu secoues la tête négativement pour appuyer ta réponse. Depuis l’obtention de ton diplôme, tu n’as pas confié la confection de tes habits à quiconque. Tu te débrouilles seule avec tes idées loufoques. Qui d’autres pourraient les comprendre de toute façon ? Elles arrivent, repartent, changent sans arrêt. Il ne t’est pas rare de repartir de zéro lors de tes créations personnelles. L’envie d’aujourd’hui n’est pas forcément celle de demain. Ceci explique pourquoi certaines de tes robes ont l’air de mélanger plusieurs styles. Parfois, tu as réunis tes idées en une œuvre. Ce qui donne des vêtements au goût douteux pour la plupart des gens. Mais leur avis est sans importance. Seul le tien et celui de ta mère compte. Et celui de ta princesse désormais. « Mais si tu veux essayer un jour, je mettrai mon atelier à ta disposition. » Tes lèvres s’étirent jusqu’à tes oreilles. Nullement du métier, les talents de l’espagnol en couture sont limités. Ce n’est pas grave. Avec l’amour comme motivation, tu es certaine qu’elle réaliserait quelque chose d’harmonieux. Elle n’est pas obligée de faire une tenue civile complète. Un bonnet de nuit suffirait à ton bonheur. N’importe quoi tant qu’il provient de ses dix doigts. De ton côté, tu t’engagerais à jouer sa serveuse. Tu te lancerais dans un cocktail, en mémoire du jour où tout à basculer dans votre relation. En parlant de cocktail, vos boissons arrivent. Tu les règles, laissant la monnaie en pourboire à l’employée. « A nous. », rajoutes-tu à ses paroles au moment de trinquer. Tu apportes la paille à ta bouche. Tu aspires une gorgée du breuvage. La douce saveur sucrée ravie tes papilles. Sur le point de proposer à ta moitié de goûter, elle te coupe dans ton élan. Son interrogation te fait légèrement tiquer. L’instant n’est pas forcément idéal pour discuter de ça. Quoi que. En pleine pride, la fête de votre communauté, elle ne pouvait trouver mieux. Tu poses ton verre sur la table. Tu pivotes sur ta chaise afin de lui faire face. Tu saisis sa main de libre et plantes tes iris dans les siennes. « Ma mère s’en était doutée. Elle avait remarqué ma manière de regarder certaines filles lors de concours ou encore ma façon de parler de certaines camarades mannequins. Le jour où je lui ai annoncé sortir avec une collègue, elle m’a sautée dessus et m’a serrée dans ses bras si fort que j’ai cru qu’elle allait m’étouffer. » Un énième rire résonne dans l’air. Tu revisualises la scène. La poupée enlacée par les généreuses formes de ta matriarche qui t’offrait une étreinte d’amour maternel. Un moment terriblement fort. Cependant, moins que le suivant. « Quant à mon père, il n’a rien dit sur le coup et il a quitté la pièce. Il est venu me voir dans ma chambre après. Et il m’a dit ces mots qui seront à jamais gravé dans mon cœur : « Rose, peu importe qui tu aimes, l’important est que tu sois heureuse. Et tu resteras toujours ma fille. » » Tu te remémores l’instant. Il a accompagné ses propos d’un baiser sur ton front. Un signe affectif quasiment inexistant de sa part. Y repenser t’arrache quelques larmes. Des perles amères s’écoulent de tes yeux et roulent sur tes joues.
Et elle éclate de rire avec Rose quand cette dernière évoque son anecdote personnelle et ses doigts qui la démangent quand elle voit des robes dans la rue. "Tu devrais le faire un jour, je suis sûre que ça pourrait faire plaisir." Répond-elle en souriant avant d'ajouter pour préciser. "Je te dis pas de t'approcher et de te mettre à l'œuvre sans prévenir, hein, là tu risquerais d'avoir des ennuis avec la mauvaise personne, mais en expliquant ce que tu veux faire, je suis sûre que ça marcherait." Ça marcherait avec elle en tout cas. Cela dit, elle était peut-être la personne la moins objective quand il s'agissait de Rose alors son avis n'était peut-être pas l'avis de tous. S'il le fallait, Itziar se portait volontaire. Elle ferait semblant de marcher dans la rue par hasard, de ne pas connaître Rose et feindrait même la surprise quand cette dernière viendrait l'aborder pour lui proposer d'apporter ce qu'il faut à sa tenue pour la rendre parfaite. Elle est aussi surprise que Rose n'ait jamais laissé quiconque confectionner une tenue pour elle. Certes, ce n'est pas la chose la plus courante qui soit et la jeune femme a suffisamment de talent pour confectionner ses propres tenues, elle pourrait avoir envie de se laisser chouchouter, par quelqu'un d'autre qu'elle-même. Elle ne pensait pas à elle quand elle posait cette question. Elle imaginait plutôt de vrais créateurs avec une certaine connaissance de la mode. "Moi ???" demande-t-elle en riant, pointant son propre visage du doigt pour appuyer l'ironie de la proposition. "Je pense que je serai incapable de faire quoi que ce soit. Je sais même pas recoudre un simple bouton. Je pense que si tu me laisses ton atelier, le mieux que t'auras ... ce sera un bout de tissu coupé de travers, sans aucune couture que tu pourras utiliser comme écharpe si t'es téméraire." Finit elle en riant. Il y avait bien trop de facteurs à prendre en compte. Il ne suffisait pas d'avoir des idées. Ca, ça restait dans ses cordes. Imaginer une tenue, elle pouvait sans doute le faire. C'est après que tout se corsait. Quand il fallait coucher l'idée sur le papier, quand il fallait créer un patron, couper le tissu, coudre, en soi rien dans le processus de création n'était dans les cordes d'Itziar qui n'avait pas non plus la patience pour des choses si minutieuses. Elle se prêterait bien évidemment à l'exercice si ça pouvait faire plaisir à Rose, ce serait sans aucun doute un bon moment à partager avec elle et l'occasion d'apprendre quelque chose de nouveau.
Elle trinque avec Rose, puis elle s'enquiert de la manière dont les parents de la jeune femme avait pu réagir quand cette dernière leur avait annoncé aimer les filles. Parce qu'après tout, c'était la Pride et qu'il n'y avait peut-être pas meilleur jour que celui-ci pour partager ses expériences. Ses yeux se plongent donc dans ceux de Rose quand la jeune femme se tourne. Elle partage d'abord la réaction qu'avait eu sa mère, le rire de l'espagnole venant se mêler au sien. Itziar était persuadée que les parents avaient un sixième sens pour ce genre de choses. Il y avait ceux pour qui ça ne changeait rien et qui attendaient patiemment que leur progéniture soit prête à l'annoncer. Puis il y avait aussi ceux qui ne voulaient pas l'accepter, qui préféraient se voiler la face pour tout un tas de raisons, mais au fond savaient parfaitement ce qu'il en était. Elle était contente d'apprendre que la mère de Rose faisait plutôt partie de la première catégorie. "Les parents ont tendance à savoir avant nous. Comme s'ils voyaient des trucs qu'on voit pas." Déclare-t-elle en haussant les épaules. Elle sourit, mais elle remarque cependant le ton un peu plus sérieuse quand Rose parle de son père. Les larmes qu'elle voit couler sur ses joues lui brisent le coeur et elle s'empresse de les essuyer avec son index. "Je suis désolée, je voulais pas te faire pleurer." Elle vient déposer un bisou sur la tempe de Rose avant d'ajouter "T'as vraiment la pire copine du monde quand même, te faire pleurer un jour de Pride... Moi et mes idées de génie. On m'a pourtant appris à tourner ma langue dans ma bouche avant de parler." Voir Rose pleurer était probablement l'une des choses qu'elle détestait le plus au monde. D'autant plus quand c'était à cause d'elle et elle en venait presque à regretter d'avoir posé cette question. "D'ailleurs j'ai une nouvelle idée. Dès que t'auras fini ton verre, je te ramène dans la parade pour que tu choisisses une autre copine. Par contre attention, je lui ferai passer un interrogatoire pour voir si elle est digne de toi. T'en penses quoi ?" Qu'elle demande, esquissant un sourire, espérant en décrocher un à l'australienne, au passage.