Chacun son métier. Chacun ses talents. Il est impossible d’être douée partout. Tu possèdes cette fibre artistique. Itziar non. Elle ne semble pas manuelle à ses dires. Enfin, elle sait l’être dans les moments intimes. Elle se montre extrêmement habile de ses mains lorsque qu’il s’agit de toucher ta peau. De là à en en faire une styliste, il y a un gouffre. Malgré tout, tu aimerais l’impliquer davantage dans la création de tes tenues. Si tu les faits avant tout pour toi, son avis compte désormais. Elle ne t’a jamais fait une quelconque remarque désobligeante sur tes vêtements. Elle les accepte en même temps que toi. Ils sont de toute façon indissociables de ta personnalité. Sans tes habits colorés, tu n’es plus Rose. Et si tu n’es plus Rose, tu n’es plus sa reine guimauve. « L’important c’est d’avoir un bout de toi sur moi. » Tu te moques de la pièce réalisée. Tu souhaites juste quelque chose pour te la rappeler durant son absence. Si elle évidemment implantée dans ton esprit ou ton téléphone via des photos, avoir un morceau de tissu te parait meilleur. Bien sûr, tu n’en as pas besoin pour ne pas l’oublier. Sa bouille angélique inonde régulièrement tes pensées. Elle est devenue ta source de déconcentration principale. Il ne t’est pas rare de projeter son doux visage en cousant une robe, t’imaginant ta princesse dans la robe assemblée. Et tes rêveries te valent souvent des ratés et des recommencements. « J’ai une solution pour palier à tes lacunes. Tu vas réfléchir à une tenue que tu voudrais me voir porter. Tu me la décriras et je vais la dessiner. Une fois que mon dessin représentera la tenue que tu as en tête, tu le colorieras des couleurs que tu veux. Après, tu choisiras les matières dans mon atelier. Et je m’occuperai de la confection finale. Ça te va ? » Tu lui offres un de tes plus sourires. Tu tiens là l’occasion de développer votre complicité. Jusqu’ici, tu t’es contentée de lui demander son avis sur tes patrons déjà terminés. Jamais tu ne l’as mis autant à contribution. C’est une façon de l’impliquer plus profondément dans ta vie. Une façon de lui dire à quel point tu tiens à elle. A quel point tu l’aimes.
Les preuves d’amour ne se limitent pas à prononcer des Je t’aime à longueur de journée. Les petites attentions du quotidien sont toutes aussi, si ce n’est, plus importantes. Votre sortie à la Pride l’illustre. Et la réaction de ton père lors de ton coming out est sans doute la meilleure. Tes larmes sont de joie. Elles témoignent de ton émotivité. La relation avec ton paternel est si complexe que le choc a été violent. Itziar prend tes perles amères pour de la souffrance et culpabilise. « C’est pas ta faute. C’est rien. Ce sont des pleurs joyeux. Tu m’as fait aucun mal. » Tu la rassures. Tu ne désires pas la mettre mal à l’aise. Tu caresses le dos de sa main de ton pouce. Tes lèvres s’étirent. La sincérité se lit sur tes dents blanches exposées. L’incident est clos bien qu’en réalité, il n’y a jamais eu d’incident. La blonde ne tarde pas à retrouver de sa superbe caractéristique. Puits à bonne humeur, joueuse et blagueuse, elle te propose de lui trouver une remplaçante. Ton cœur hurle au scandale dans ta poitrine. Elle est l’heureuse élue. Cependant, amusée par ses paroles, tu le fais taire. Tu engloutis le restant de ton jus de pomme cul sec, ignorant la paille. « Ça me va. » Un rictus malicieux suspendu à tes commissures, tu te lèves de ta chaise. Tes doigts entremêlés aux siens, tu l’entraînes dans la parade. De temps en temps, tu marques des pauses, fixant une femme à la chevelure dorée. Tu fais mine de réfléchir en posant ton index sur ta bouche avant de repartir. Ton numéro est rodé. Tu sais exactement où tu veux en venir. Tu connais bien le quartier et les environs. Vous fendez la foule jusqu’à la traversée sur toute sa largeur. Tes yeux scrutent les alentours en quête de ton objectif. Tu le repères sur ta droite, à une vingtaine de mètres. Tu avances vers cette fontaine. Quelques couples sont assis sur les rebords. Une partie observe le spectacle tandis qu’une autre s’embrasse. A sa hauteur, tu trouves un espace libre. Tu poses délicatement ta main dans le dos de ta belle. Tu la fais se pencher en avant. Vos deux reflets survolent la surface de l’eau. « Pardon de vous déranger Miss, est-ce que vous accepteriez d’être ma copine ? Mon actuelle me fait pleurer et ne sait même pas coudre. », interroges-tu l’image de ton acolyte. Tu te retiens de rire. Tu étouffes tes gloussements dans ta gorge. C’est très enfantin comme attitude. Ma foi, elle te représente. Et c’est aussi une manière de lui montrer que tu ne vois personne d’autre capable d’être ta moitié.
Elle a les yeux qui pétillent et son sourire ne quitte pas ses lèvres à la proposition de Rose. Elle adore l'idée. Une création qu'elle partagerait avec Rose. Elle pouvait imaginer. Elle n'avait pas de problème avec cela. Elle pouvait s'inspirer aussi pour trouver des idées, mais elle était certaine que c'était dans ses cordes. Sa reine, elle, pourrait combler là où ses compétences à elle s'arrête. Elle serait capable de transcrire le dessin qu'elle aurait en tête. Itziar n'hésiterait pas à lui donner le plus de détails possible pour qu'elle comprenne exactement ce qu'elle imagine, elle. L'espagnole reprendrait la main une fois le dessin terminé. Elle choisirait les tissus avant de passer le relai à la styliste pour l'étape finale de la création en elle-même. Une sorte de tandem artistique pour une pièce qui serait un peu d'elles deux en même temps. Elle hoche donc vigoureusement la tête de haut en bas pour acquiescer avant de prendre la parole. "Bien sûr que ça me va. J'irai même jusqu'à dire que c'est une idée de génie. J'ai hâte qu'on fasse ça." Il n'y avait d'ailleurs pas de doute quant au fait qu'elle allait commencer à réfléchir à des idées dès ce soir. Elle allait aussi probablement parcourir les blogs de modes sur le net pour trouver quelques inspirations. Ce n'était clairement pas un projet qu'elle prendrait à la légère. Plutôt tout le contraire.
Elle interprète mal les choses, Itziar. Elle tire des conclusions un peu trop vite. Elle est donc soulagée. Comme libérée du poids qui s'était soudain écrasé sur ses épaules, effacé par le pouce de Rose venant caresser sa main. Les marques d'affection en public, elle les préfère discrètes, Itziar. Elles sont pourtant bien loin d'être absentes. C'est simplement qu'elle est plus adepte des petites attentions. Ça passe par une main posée sur la cuisse de Rose ou une autre dans le bas de son dos. Ce sont aussi ses doigts entrelacés avec les siens ou bien ses lèvres qui viennent furtivement capturer celles de la styliste où se pose sur sa joue. Ce n'est pas parce qu'elles se veulent discrètes qu'elles traduisent une quelconque honte. Elle n'agirait pas différemment si Rose était un homme. Elle n'a pas honte. Elles ne sont pas non plus discrètes dans un désir de ne pas provoquer le défenseur des bonnes mœurs. Jamais elle ne lâcherait la main de Rose dans la rue à cause d'un regard un peu trop appuyé ou d'une remarque désobligeante. Bien au contraire, elle se contenterait de resserrer ses doigts autour des siens avant de lui voler un baiser. Parce qu'elle est fière d'être avec elle. Comment ne pas l'être ? Cependant, elle a toujours été discrète quand il s'agissait de manifester son affection en public. Bien que discrètes cela dit, ces manifestations étaient plutôt omniprésentes. Elle était attirée vers Rose tel un aimant et ressentait ce besoin vital de la toucher de quelque manière que ce soit. Même quand elle proposait avec un faux air sérieux de l'aide à trouver sa remplaçante. "Je m'en voudrai vraiment de te faire du mal." Répond-elle, comme si ce n'était pas évident, comme si Rose ne pouvait pas le deviner d'elle-même. "Cela dit, la proposition tient toujours, alors, si ça te va ... En chasse ?" Ajoute-t-elle, finissant sa phrase en riant. Elle imite l'australienne, finissant ce qu'il restait de sa bière d'une traite, se laissant ensuite entraîner dans la parade, ses doigts entrelacés avec ceux de Rose. La jeune femme semble prendre la recherche au sérieux, ou elle fait semblant, tout du moins. Itziar ne peut s'empêcher de rire, chaque fois que Rose s'arrête quelques instants, faisant mine de scanner la foule. Elle ne comprend pas bien où elle l'emmène. D'ailleurs, il lui faut un instant pour comprendre quand elle s'arrête devant une fontaine et l'invite à se pencher en avant. Cependant, elle ne dit rien. Elle se contente de sourire en regardant le reflet de Rose dans l'eau et de se prêter au jeu. "Bonjour mademoiselle ... ou devrais-je dire votre majesté à en juger par votre couronne ? De quel royaume êtes-vous la reine ?" Qu'elle questionne, comme si le reflet dans l'eau n'était pas elle. "Je ne voudrais pas critiquer votre copine, mais il semble lui manquer quelque qualité. Je me ferai un plaisir de la remplacer. Je dois quand même vous avouer que moi, je ne sais pas cuisiner." Continue-t-elle, sourire malicieux sur les lèvres. Puis elle reprend un air sérieux, une mine presque boudeuse se dessinant sur son visage et de surcroît, sur son reflet. "Par contre, je ne sais pas comment notre relation pourrait fonctionner. J'ai bien peur d'être coincée sous ce mur d'eau, condamnée à vous regarder sans pouvoir vous toucher. Ma main ne vous atteint même pas." Elle tend le bras en avant pour que son reflet en face de même. "Peut-être que votre copine pourrait faire quelques efforts pour palier à ses défauts ? Ainsi vous n'auriez pas besoin d'en changer ?" demande-t-elle, sa main venant se poser sur son menton, comme si elle était en pleine réflexion.
Itziar ne se démonte pas. Joueuse, elle t’emboite le pas. Vous voilà embarquées dans une nouvelle aventure ludique. Tu ignores où elle va vous mener. Pour sûr, à la fin, des éclats de rire résonneront. Et cela, peu importe la conclusion. Tu vois dans sa proposition un énième moment de complicité en devenir. Ils sont légions entre vous. Tu n’as pas le temps de t’ennuyer avec cette princesse. La routine ne fait pas partie de son vocabulaire. Parfois, tu la trouves même un peu trop énergique, un peu trop loufoque. Cette pensée est étrange venant de toi, une fille aux cheveux roses et aux tenues colorées. Tu ne t’estimes pas extravagante. Tu n’arbores pas ce look pour te faire remarquer. Tu es juste toi-même. L’espagnole l’a compris depuis le début. Jamais elle ne t’a jugée sur ton apparence même quand tu es été encore qu’une simple cliente du bar où elle travaille. Elle t’a acceptée comme tu étais avec ta personnalité et ton style. Et avec tes envies de jouer quasi permanente. Face à cette fontaine, tu t’amuses de son reflet. Une adulte arrêterait le jeu à l’instant. A vrai dire, une adulte ne l’aurait pas même commencé. Changer de copine est un jeu bizarre. Un être humain n’est pas un objet. La blonde n’a pas d’option satisfaite ou remboursée. Et si c’était le cas, tu en es pleinement satisfaite. Itziar poursuit le jeu. Tu peux t’empêcher de sourire en touchant la couronne trônant sur le sommet de ton crâne. « Je suis la reine du royaume des fées. Je suis descendue sur Terre en ce jour de pride pour amener paillettes et gaité sur les gens. » En vérité, tu es la sous-reine de cet univers. Birdie détient ce titre. Pour le jeu, tu as omis de le préciser. Elle ne t’en voudra pas de ce détail. Surtout qu’elle n’a aucune raison d’être au courant. Tu n’as pas remarqué sa bouille dans le coin. L’information ne parviendra pas à ses oreilles. « Je suis habituée à devoir gérer la cuisine, ne vous inquiétez pas. » De vous deux, tu es celle qui s’occupe des fourneaux quand vous ne cédez pas à la facilité de vous faire livrer ou d’aller au restaurant. Ça ne te dérange pas. Tu aimes préparer des bons petits plats. Surtout quand c’est pour régaler ses papilles. Tu apprécies lui ouvrir l’appétit via des mets gouteux. Ça vous permet de mieux profiter du dessert à la fin du repas. « C’est embêtant en effet… » Tu ne sais pas décoincer un reflet bloqué dans l’eau. Tu adoptes la posture identique à ta binôme pour réfléchir à une solution. Vous êtes si sérieuses dans votre position. Vous vous verriez, vous vous feriez sûrement peur. Surtout toi qui n’est aussi rigoureuse que le nez dans ta machine à coudre. « J’ai trouvé ! », lances-tu en sautant sur place et tapant dans tes mains, fière de ton illumination. « Vous allez lui donner des conseils de bonne conduite à adopter pour me combler. Pour ne pas être entendue de tout le monde et divulguer vos secrets à des oreilles indiscrètes, vous allez lui chuchoter à l’oreille. » Tu retiens un rire pour camoufler ta réelle intention. Comme si les gens autour se préoccupent de vous. Ils sont trop occuper à observer la parade ou à s’embrasser. Une entourloupe se cache dans tes propos et derrière ton rictus malicieux. Depuis le temps que vous êtes ensemble, Itziar connaît bien cette malice affichée. Tu t’approches de la serveuse. Tu enroules un bras autour de sa taille. Tendrement, tu glisses ta main dans le milieu de son dos. D’une légère pression, tu la fais se pencher vers la surface du liquide. Son équilibre devient de plus en plus instable au fur et à mesure qu’elle se cambre. La chute pourrait la guetter. Là est tout l’intérêt de ta manœuvre. Tu insistes en douceur pour la faire se plier davantage. Et lorsque tu sens qu’elle est bancale, tu la pousses dans l’eau. Son plongeon est merveilleux. La tête la première, son corps disparaît quelques secondes dans la profondeur de la fontaine. La minime profondeur, elle n’allait pas se noyer. Tu ne l’as pas mise en danger. La voilà trempée de la tête aux pieds. Ses vêtements ont gagné en transparence et laisse deviner ses courbes gracieuses. La scène se serait déroulée en privé, tu lui aurais ôté ses morceaux de tissu. « Tu n’as pas vu la marche ? » Tu glousses. Ce n’est pas gentil de se moquer. Avant qu’elle n’ouvre la bouche, tu enjambes le rebord. De l’eau jusqu’aux genoux, tu l’aides à se relever. Un large sourire dessiné sur tes lèvres, tu te baisses, tu te sers de ta paume droite comme catapulte et tu lui jettes de l’eau au visage. Et tu recommences en riant. Tu viens de déclencher une bataille d’eau. Une activité purement enfantine à ton image. Tu ne crains pas de tomber malade. Le soleil aura vite fait de vous sécher. Au pire, vous serez l’infirmière l’une de l’autre. Ça ne te dérangeait pas. Et tu es prête à parier que ta princesse partage ton avis à ce sujet.
Elle se prête au jeu. Comme à chaque fois avec Rose. Elle aimait cette facette de sa personnalité. Son âme d'enfant, prête à surgir à la moindre perche tendue. D'ailleurs, elle n'avait pas forcément besoin d'une quelconque perche pour se montrer joueuse. C'était loin de déplaire à Itziar qui la regardait toujours avec des yeux admirateurs avant de la rejoindre dans son jeu. Cette fois-ci ne sera pas l'exception qui confirme la règle. Elle se prête au jeu, sans se faire prier. Se met dans la peau de son reflet, comme si celui découvrait Rose à travers un mur d'eau. Son reflet sourit en même temps qu'elle. Elle met des mots dans la bouche de son reflet. Elle écoute avec plaisir les réponses à ses questions. Elle prend une mine surprise, sa bouche forme un 'O' quand Rose annonce être la reine du royaume des fées. Son but aujourd'hui est bien plus que remarquable. Elle, elle le savait déjà que Rose était une reine, elle est sa reine personnelle. Sa reine guimauve. La reine de son cœur avant tout. Pour le jeu, cela dit, c'est une découverte que fait son reflet. Son expression se doit d'être à la hauteur d'une telle révélation. "Vous avez vraiment l'air de la femme idéale. Quel dommage que je sois coincée au fond de cette fontaine et vous de l'autre côté." Qu'elle déclare. Elle fait prendre à son reflet une mine attristée. Une mine qu'elle efface rapidement, pour remplacer par la surprise puis un sourire quand Rose annonce avoir trouvé une solution. "Je vous écoute ! " déclare-t-elle avec enthousiasme. Sa reine aurait elle trouvé un moyen de la faire traverser ce rideau cristallin ? Elle ne serait pas surprise. Elle la sait imaginative, inventive aussi, elle trouve toujours des solutions face à un problème.
Et elle ne se trompe pas. La styliste a effectivement une solution à ce problème. Certes, elle ne semble pas pouvoir faire quoi que ce soit pour sortir le reflet de la fontaine, cependant elle propose une alternative qui pourrait se montrer tout aussi efficace. "C'est une excellente idée, dites-lui de se pencher un peu, je ne voudrais effectivement pas que mes secrets soient entendus de tous. Il faut être méritant." Qu'elle annonce. Elle ne se méfie pas, Itziar. Elle se montre aussi naïve qu'une enfant. Elle ne se rend d'ailleurs pas compte de la malice de Rose, elle ne remarque pas ce regard qu'elle a déjà vu un nombre incalculable de fois. Elle ne prête pas particulièrement attention au bras qui vient s'enrouler autour de sa taille, ni même à la main qui monte tendrement dans son dos. Ces gestes sont monnaie courante et elle ne doute donc de rien. Pas même quand Rose la fait se pencher au-dessus de la fontaine, petit à petit, dangereusement proche de l'eau. Elle s'apprête à ouvrir la bouche, pour chuchoter à sa propre oreille lorsqu'elle est se considère suffisamment près de la surface de l'eau. Le temps qu'elle réalise, il est trop tard. La seule chose la retenant étant le bras de Rose autour de sa taille. Rose, n'a pas à la pousser fort pour qu'elle ferme les yeux attendant le contact avec l'eau. Elle est fraîche, très fraîche. Elle se redresse rapidement, se tournant immédiatement vers la coupable, une mine faussement outrée sur le visage. "Rooooseeee !!" qu'elle lance, faisant traîner les voyelles, telle une lamentation. Elle esquisse une moue boudeuse, mais a du mal à contenir le sourire voulant s'afficher sur son visage. D'autant plus quand Rose enjambe le rebord pour l'aider à se relever, avant de l'éclabousser. "Tu paies rien pour attendre." Lui lance-t-elle dans un éclat de rire. Elle se baisse, prend un peu de recul pour pouvoir bouger plus d'eau en même temps. Ses mains dans l'eau, elle ne se fait pas prier pour éclabousser l'australienne en retour. Elle peine à garder les yeux ouverts avec l'eau qui lui coule dans les yeux, mais ça ne l'empêche pas de rire en battant des bras pour faire le plus d'éclaboussures possibles. Rose la fait tomber dans l'eau, il n'est donc pas envisageable qu'elle ne soit pas trempée elle aussi. Elle et tous ceux qui avaient décidé de s'asseoir sur le bord quelques instants, n'ayant pourtant rien demandé à personne. Elle manque même de tomber à un moment donné, rire et éclabousser ne semblant pas faire bon ménage pour son équilibre. Elle choisit donc ce moment pour s'arrêter et attraper Rose par le bras pour la rapprocher d'elle. "On dirait que t'as trouvé le moyen de faire sortir ta nouvelle princesse de sa fontaine." Déclare-t-elle, ajustant la couronne sur la chevelure pastelle de sa reine avant de déposer un baiser sur ses lèvres. "Tu sais que t'as de la chance d'être toi ?" Demande-t-elle en riant. Parce que Rose avait des passe-droits. Rose pouvait la pousser dans une fontaine et lui faire trouver ça drôle. Cependant, Rose devait se faire pardonner, tout de même. Alors, elle enfile sa tenue d'actrice, feint une toux et prend un air dramatique. "Mais je crois que je vais être malade maintenant .. Il va falloir que tu prennes soin de moi." Elle porte une main de Rose jusqu'à son front. "Tu crois que j'ai déjà de la fièvre ? Je me sens faiblir." Ajoute-t-elle, une moue dessinée sur son visage pour parfaire son jeu.
N’importe qui aurait pu mal prendre ta blague. Même s’il fait beau, il n’y a rien d’agréable à se retrouver trempée habillée. Ses vêtements gorgés d’eau sont lourds et collent à la peau. Sa belle chevelure blonde n’est plus qu’un tas de poils dorés en pagaille. Et pourtant, elle est toujours aussi belle à tes yeux. C’est sans doute lié au pouvoir de l’amour. Ce même pouvoir qui fait qu’elle ne s’énerve pas face à ta fourberie. Elle a bien essayé de protester mais en vain. Toi aussi tu la connais bien désormais. Tu ne te feras pas avoir par sa moue attristée. Tu lui tires la langue et lui envoie des gouttes au visage en guise d’excuse et de réponse à sa menace. La bataille fait rage par la suite. Les éclats de rires et éclaboussures pleuvent dans la fontaine. Vous êtes deux enfants en plein jeu. Enfermée dans la bulle ludique, tu n’entends pas les réclamations des environs. Tu te moques d’arroser les autres. Ils sont des dommages collatéraux fâcheux. Tant pis si tu as stoppé leur embrassade langoureuse. Tant pis si tu les déranges. Tant pis s’ils te jettent des regards noirs. Tu n’as d’yeux que pour ta princesse. Elle est la seule personne importante des environs malgré ton altruisme. Puis tu as mieux à faire que te soucier de vos voisin.e.s. Tu as un combat à gagner. Et elle se défend plus que correctement. C’est à croire qu’elle s’est entrainée dans sa jeunesse dans son bain. C’est en tous cas ton cas. Capricieuse, tu as provoqué des inondations dans la salle de bain familiale quand ta mère voulait te sortir de la baignoire.
Les minutes défilent. Difficile de savoir qui s’avère victorieuse. Chacune de vous est mouillée de la tête aux pieds. A en voir vos états et vos expression, le grand gagnant est l’amusement. Vos bras cessent vos agitations et vous rapprochent. Un tendre sourire amoureux étire tes lèvres à ses mots. Ton palpitant pulse plus rapidement quelques secondes, touché par cette marque d’attachement. « Je sais surtout que j’ai de la chance d’être avec toi. » L’espagnole illumine chacune de tes journées de sa bonne humeur, de ses sourires, de son aura. Elle rend ta vie meilleure. Elle te motive à te lever les matins. Elle chasse tes coups de blues. Elle accepte ton monde coloré et y apporte sa touche hispanique. Elle t’est indispensable. Tu t’aperçois avoir oublié drôle dans la liste de ce qu’elle t’apporte. Sa comédie est perfectible. Tu ne lui offriras pas ta couronne pour son jeu d’actrice. Le gain d’un Oscar n’est pas près d’arriver. Tu pourras lui apprendre tes techniques juvéniles utilisées pour ne pas aller à l’école pour améliorer son niveau. « Houlà, t’es même bouillante ! Il faut qu’on rentre au plus vite et que tu t’allonges ! » Tu prends un air paniqué. Tu te retiens de rire. Tu t’empresses de saisir sa main et de vous extraire du bassin. « Il faut d’abord te sécher un peu. » Tu places des paumes sur ses épaules. Tu débutes des frictions énergiques et délicates. En vérité, tes gestes sont des caresses déguisées. Nul doute qu’elle se rendra compte de ta malice. Elle n’est pas née de la dernière pluie. Elle n’est pas aussi naïve qu’elle veut le paraître.
Tu poursuis ton numéro pendant une trentaine de secondes. Le résultat est discutable. Le soleil se chargera du reste. Tu glisses tes doigts dans les siens. Vous refendez la foule et la parade. Tu prends la direction de ton appartement. Du moins, tu l’espères, tu n’es pas certaine de ton orientation. Vous avalez les rues d’une marche rapide. Tu es pressée de prendre soin d’elle. Vous finissez par rejoindre ton quartier. Quelques pas supplémentaires et vous vous retrouvez devant l’entrée de ton immeuble. Tu déverrouilles la porte du hall. Vous grimpez jusqu’à ton domicile. Une fois à l’intérieur, tu l’entraines dans ta chambre. Un rictus mutin sur le bord de tes commissures, tu la déshabilles en douceur. « J’ai pas envie que t’attrapes froid. », te justifies-tu. Comme si elle allait y croire et ne pas déceler le commencent d’un nouveau jeu. Une fois en lingerie, tu l’allonges sur tes draps. Tu observes sa silhouette de tes prunelles pétillantes. Ce qu’elle est belle ta princesse. Il n’existe pas de plus belle femme au monde. Tu repasseras pour l’objectivité. Tu t’assois sur le rebord de ton couchage. Tu poses ton index sur le haut de sa cuisse. Tu le promènes lentement et le remontes jusqu’à son front en redessinant ses courbes harmonieuses. Tu te penches vers son oreille. Ton souffle chaud effleure son tympan. « J’ai le remède à ta maladie… » Ton ton suave témoigne de tes intentions. Il est temps de jouer au docteur. Pas forcément conventionnel par contre comme le démontre ton stéthoscope labial se déposant dans son cou.