“And fingers out.” T’as des idées, plein d’idées. Tu ne dis rien mais le sourire sur tes lèvres n’annonce rien qui vaille. Vous riez comme deux ado et franchement, tu veux ça tous les jours. Pas pour les trois prochaines semaines hein, mais pour la suite. Quand vous êtes dans la même ville. “It will look better with that damn bird on it.” Ah le fameux tatouage. Don’t you worry. Que tu penses, mais tu ne le dis pas. Vous parlez de vous faire tatouer ensemble depuis si longtemps sans que ce soit encore venu réellement sur le tapis. Il n’empêche que tu as des idées également à ce niveau là.

“Not sure it’s a good idea. They will hate you because of me. You don’t want that and so don’t I.” Clairement tu ne la veux pas en tant qu’assistante réellement. « You'll be my right-hand man to flip people off. » Faire des doigts d'honneur tu sais qu'elle saura faire parce qu'autrement, elle a une façon de s’ordonner qui ne s’accorde pas avec la tienne. Ca fonctionne dans la vie de tous les jours mais au travail, tu veux pas essayer, tu sais d’avance que c’est peine perdue. Mais pour insulter des gens de manière aléatoire là c’est sûr qu’elle fera l’affaire mieux que quiconque.

Ton coeur qui manque des battements quand elle est là à passer son pouce sur tes lèvres. Ses yeux qui te bouffent. Eat me. Va falloir que tu partes bientôt… Le monde arrive à l’aéroport et tu sais que la file d’attente à la sécurité est en train de s’agrandir déjà. “Emails are still a thing ?” Tu hoches la tête. Peut être que t’es un peu trop dans ton organisation pour elle. Mais elle te coupe le sifflet avec sa main bien sur toi. “Fortunately you tell me because I barely check them. That’s vicious, I’m curious now.” Tu comptes rien lui dire parce que tu ne sais pas exactement ce que tu vas envoyer, même si t’as des idées. Tu veux pas faire de faux espoirs ou quoi que ce soit. « Gonna send you memes. » Histoire de lui répondre un truc malgré tout parce que oui, y’aura des memes certainement au milieu. C’est ton truc ça. Elle n’en a pas eu beaucoup droit encore. Tu vas te rattraper. Elle va te trouver insupportable. Nothing new. Oui faut pas qu’elle oublie cette partie là de toi. Pas qu’elle commence à t’idéaliser dans sa tête car tu es bien loin pour qu’elle se souvienne du vrai toi. “You’re playing a dangerous game over here, buddy.” Le vrai toi qui n’a pas peur de la toucher de la sorte. Il est bien trop agréable de la voir perdre pied. Ca te manque déjà. Tu prendras soin de faire des appels vidéos aussi car tu veux profiter de ce genre de vue, même à distance. “Don’t worry.” Elle te fait la regarder et t’es en train de te lécher doucement les lèvres. “You will have your pictures too.” Oh le grand sourire qui vient sur ton visage aussitôt. Huhu.

“But you have to promise to not check them every minute. Otherwise, you’ll be bored of them before you come back.” Right. Peut être que ton appétit sexuel va redescendre d’être loin d’elle. Tu vas être aussi accompagné assez souvent dans tes journées. Tu n’as pas trop de soucis à te faire de ce côté là pour honorer sa demande. « I promise. » Elle vient t’embrasser tu réponds à son baiser, enlevant doucement ta main de sa poitrine. Tu vas pas tarder à filer. Il faut que tu commences à te mettre en conditions. Tes lèvres qui vont embrasser son visage et tu parles au milieu de tout ces baisers. « I’ve got to go… Soon… Now… In a couple of minutes…» Parce que tu sens le stresse revenir en toi. Tu t’arrêtes même dans tes baisers pour prendre une grande inspiration. Tu regardes Birdie qui est toujours sur tes cuisses, tes bras autour d’elle, tu fais la moue. Tu vas caler ton visage dans son cou à la recherche d’encore plus de chaleur de sa part, de tendresse, de soulagement. « I really need teleportation to be a real thing now. » On est au 21e siècle, tu ne comprends pas que ça ne soit pas déjà le cas. C’est pas normal. Ils pensent pas à toi ces scientifiques. Ils font quoi à la place ? Ça te dépasse.

« You'll be my right-hand man to flip people off. » ça, c’est une idée que j’adore et j’approuve. Faut pas sous-estimer ma micro taille et mon air que je sais angélique ; j’ai une capacité folle à sortir les crocs, à mordre, à déchiqueter et encore plus si on s’attaque aux miens. Que ce soit ma famille de sang ou celle que j’ai choisi, c’est la même bataille ; on ne les touche pas, on ne leur manque pas de respect, on ne les descend pas plus bas que terre, certainement pas sous ma surveillance en tout cas. Si Jordan a eu personne pour gérer ses arrières - et ses avants - maintenant, y a quelqu’un en ma humble présence. Même si ça va être compliqué de veiller sur sa tête blonde alors qu’elle va être si loin de ma vigilance. «  Gonna send you memes. » ow. Mon petit coeur devient tout mou et il se voit jusqu’à mes yeux, j’en suis sûre, alors que je trouve l’attention trop adorable. “That’s cute. Like my hubby.” ouais, j’ai un mari et une Bulle, qui dit mieux ? Je me sens chanceuse comme jamais, d’autant que je trouve l’attention vraiment honorable et genre, il va vraiment penser à moi de là où il sera, au milieu d’Avril Lavigne et des meilleurs cocktails du monde - j’en sais rien si ce sont les meilleurs cocktails du monde mais je suppose. Croyez-le ou non, ça me touche vraiment, et au delà de sa main caressante qui semble gluée contre moi je parle. Je note aussi les lèvres qu’il passe sous sa langue et s’il a besoin de les humidifier, il peut aussi me le demander, je serai plus que ravie de me quérir à cette tâche-là aussi.

« I promise. » et j’y crois à sa promesse. Il est pas comme moi, Jordan ; il est fiable, aussi bien sur ses jambes que sur ses épaules. Enfin, c’est ce que j’aime à penser en tout cas. J’embrasse sa joue, sa pommette, son nez, la commissure de sa bouche et il enlève sa main et j’aime déjà pas ça car y a pas de raison pour qu’il l’enlève autre que- « I’ve got to go… Soon… Now… In a couple of minutes… » non, non, non et non. C’est lui qui vient marquer mon visage et j’ai pas envie. Tout comme j’aime pas qu’il s’arrête, qu’il fait la moue, il se laisse engloutir par l’après, par le vol, par l’avion, je le sens, parce que ses bras autour de moi se resserrent et j’ai décrété que j’étais une spécialiste pour comprendre le langage corporel Fisher et que ça, ça veut dire qu’il commence à paniquer. You’re with me, you’re still with me, please stay with me. Je me bute et je me cogne, et quand il vient se loger contre mon cou, je l’encercle encore plus contre moi. J’avais pas dit que j’allais pas pleurer ? Je m’en rappelle plus ; si je l’ai dit, alors c’est une preuve de plus à mon incapacité à tenir mes propos que je sens mes yeux me trahir et y a la miss météo en moi qui annonce que les cumulus lourds de flotte vont passer dans un futur très (trop) proche. « I really need teleportation to be a real thing now. » “I need you to come back already.” voilà, il m’en faut pas plus pour déboucher les vannes, mon visage coincé dans ses cheveux. J’ai pas envie de bouger et si je le fais pas, il ne pourra pas le faire non plus et c’est pas le meilleur plan du monde, ça ? tu peux pas priver le monde de sa présence, bird.

“I should have known it would be hard.” parce que j’avais pas prévu l’engourdissement de mon être entier face à la perspective de détachement. Rien ne devait se passer comme ça mais au final, je me suis laissée prendre au jeu, dans un piège que j’ai pas vu venir et voilà le résultat ; où j’ai l’impression qu’on m’arrache un membre car il s’en va et que je trouve rien de fun à dire là et que ça me désespère car j’ai pas envie d’être de ces gens là. Les sentimentaux, les pleurnichards, ceux qui pensent que leur vie est foutue quand l’autre est pas là ; je suis pas comme ça, j’ai jamais été comme ça et je veux pas l’être. Je veux pas non plus que Jordan le soit, je veux qu’il les fasse, ses foutus rêves, qu’il les atteigne, ses putains d’objectifs. Il doit briller et s’il faut que ce soit là-bas, ça sera là-bas. C’est que pour trois semaines, ça va vite passer. Je suis persuadée que je verai rien défiler. Mais la séparation est affreuse. J’aurai vraiment dû faire un dépose minute. Car la perspective de quitter ses bras me semble être une épreuve que j’arriverai pas à faire. Et pourtant, il va bien falloir si je veux qu’il devienne le prochain roi de la musique dans la cité des anges. Je lève sa tête vers moi pour l’embrasser, des petits coups, des furtifs, des tu vas me manquer, des reviens, des crève pas, des m’oublie pas, des je tiens à toi. Ça aurait été mieux si j’avais pu le dire mais il ne faut pas trop m’en demander. Laissez moi digérer que je vais être privée de tout ça pendant des jours, d’accord.

Tu n’aurais pas cru que la mention des memes la ferait autant kiffer. “That’s cute. Like my hubby.” Tu comprends en premier que c’est toi le hubby mais après un très court temps de réflexion tu réalises qu’il s’agit de Will certainement. Tu ne savais pas que c’était son truc à lui aussi et t’as plutôt aimé t’imaginer qu’elle te qualifie de hubby parce que tu envoies des memes. T’imaginer le temps de quelques secondes que pour être hubby material pour Birdie, il suffisait d’envoyer des memes, car ça te semble comme le paradis cette idée là. L’idéal. Mais nope. Arrête de te faire des films. Tu restes très heureux de voir qu’elle va apprécier.

Le moment de vous séparer approche et tu sens que tout dans l’oiseau refuse, mais elle est quand même là à essayer de te rassurer dans ton stress. Thank you. Car tu te sens bien mieux contre elle de cette manière là. Tu voudrais pouvoir te déplacer en deux secondes comme dans Dragon Ball Z ou Harry Potter.  “I need you to come back already.” Bird… Car tu l’entends l’émotion dans sa voix. Tu les entends les larmes. Tu la sens se cacher contre toi. Bird… Tu la serres un peu plus fort sans vraiment quoi dire ou faire à part être touché et attristé d’être l’objet de ses larmes. De toute son émotion. Tu restes dans le silence à la tenir au plus près de toi, à essayer de ne pas te faire enrôler dans cet océan d’émotions.

“I should have known it would be hard.” Ta moue qui s’accentue sans qu’elle ne puisse la voir. Ca te brise le coeur de l’entendre dire ça. « I assume you’re not talking about my dick. » Toi et tes conneries. Mais t’es vraiment pas le meilleur pour réconforter les gens, encore moins quand t’es autant touché qu’eux du moment. Tu la serres toujours plus contre toi à la recherche de vrais mots qui vont servir à quelque chose. Voilà qu’elle relève ton visage pour t’embrasser les lèvres. Tu la regardes et les larmes dans ses yeux font monter les tiennes. Tu préférais quand tu ne pouvais que les imaginer, les supposer, au son de sa voix. La vue c’est clairement un autre délire qui te prend aux tripes. T’es vraiment pas habitué à ce que quelqu’un soit aussi émotionnel à l’idée de ne plus te voir pour trois semaines. C’est ton tour de déposer des baisers sur ses lèvres alors que les larmes menacent de couler sur tes joues. Don’t forget me. Keep wanting me this way. I’ll give you more when I’m back. Tu pourras lui donner plus aussi au travers de tes emails Jordan. Tu hésitais encore mais vu son état à Birdie tu sais ce que tu vas lui envoyer en premier. « Five more minutes and I’ve got to go babe… » Pourquoi t’es obligé de dire le compte à rebours comme ça Jordan ? Parce que tu as toi même besoin de l’entendre pour bouger ton cul. Pour te défaire de ses bras. De sa chaleur. De son amour. T’es en train de rallonger votre temps ensemble. C’était juste deux minutes tout à l’heure. Tu prends une grande inspiration. Tu ne sais pas si c’est le stresse de l’avion que tu essaies de faire partir ou bien ces vagues de feels qu’elle t’envoie à la gueule avec tout son être. C’est juste beaucoup là mais ça fait du bien de ressentir autant. Tu ne changerais ça pour rien au monde.

Je me dis que si je réussis à me faire toute petite, je ferai la taille adéquate pour m'incruster dans une de ses poches. Malheureusement, comme son vœu de vouloir se téléporter, le mien sera réduit à néant car irréaliste et bordel que j'aime pas quand c'est irréaliste, surtout quand ça me fout un coup aussi cinglant que brutal contre ma nuque. Je suis encore plus chiffon de me laisser aller comme ça mais l'étreinte de Jordan ne fait que me rappeler que j'en aurai plus pendant des jours et des semaines. Oh bien sûr je vais aller foutre les miens ailleurs, autour de quelqu'un d'autre, les occuper mais ça n'aura pas la même saveur. J'ai affirmé que Jordan était ma cage préférée. Ses bras, son corps, ses yeux, son être entier est visiblement la seule prison que j'accepte d'avoir et quand on me connait, on sait que je ne dis pas, je ne pense pas, je ne ressens pas tout ça pour rien. Alors à mon tour de l'étouffer et de penser que Jordan pourra rajouter cinq minutes de plus à celles d'avant. Je traîne des pieds sans bouger, je soupire sans le faire, et j'enfouis mon visage contre son cou pour prendre son odeur dont je vais être privée. « I assume you’re not talking about my dick. » j'ai un léger rire bref, pas très chaleureux, qui sonne faux et pourtant, sa répartie est foutrement bien placée. Mais faut croire que j'ai plus le cœur à rire et ça me fait encore plus mal de la réaliser. Je prends conscience de toute l'importance que Jordan a acquis à mes yeux et je dois avouer que c'est à la fois effrayant mais plaisant de savoir qu'y a quelqu'un qui est juste prêt à me supporter à ce point. Qui peut adorer ça. Qui peut en redemander.

Mais là, ça a un goût de pure torture et pas du genre que j’apprécie. "I wish." mes épaules sont voûtées, j’ai l’impression qu’on écrase une montagne entre mes omoplates et dans un sens, tant mieux car ça me colle toujours plus à Jordan alors que c’est l’inverse qu’il faut faire. Il papillonne ses lèvres sur l’épiderme de mon visage et là, je soupire pour de vrai, un souffle léger, qui est sûrement censé me donner un peu de courage parce qu’il va bien falloir y passer et que c’est comme un pansement, il faut le retirer le plus rapidement pour que ça fasse le moins mal possible. « Five more minutes and I’ve got to go babe… » mais d’habitude, un pansement, ça ne parle pas, ça ne décompte pas, ça n’a pas le droit à la parole et encore moins pour me foutre à la figure le rappel qu’il va vraiment falloir se lever. Je ravale tout en moi pour tenter d’être l’adulte responsable du duo que nous formons - alors qu’on sait très bien que c’est lui car il ne boit pas, il ne fume pas, il ne se drogue pas, il a une maison bien à lui, un travail découlant de son ambition et de ses rêves, il planifie, il programme, il prévoit, bref, tout ce que je n’ai et suis pas - pour commencer à détacher mon tronc du sien et lui donner matière à respirer. C’est au moins ce que je me dis pour me réconforter dans mon geste. “Let’s do it.” Faut le faire maintenant, faut se lever de suite, faut pas jouer les prolongations parce que le match nul n’est pas une solution aujourd’hui. Mes mains toujours de chaque côté de son visage, mes pouces caressent tendrement le dessous de ses yeux avec un léger sourire, celui qui réclame à ce qu’il ne pleure pas car il est censé être content de partir - il va voir et travailler avec Avril Lavigne, for godsake. “You have a purpose to fulfill over there.” et c’est pas moi qui vais me mettre au milieu de son chemin, même si j’aurai bien aimé. Je l’embrasse une nouvelle fois avant de me relever de ses jambes et d’attraper une de ses mains pour qu’il fasse de même. “You’re gonna have big fun. Make big work and big hits and it’s going to be awesome.” c’est moi qui place son bras autour de mes épaules car c’est ce qu’il fait toujours et j’ai aucune raison de lui refuser ça alors que nos pas nous entraînent avec une lenteur incroyable qui n’est pas mienne vers la sécurité, et la frontière qui va nous séparer. Je sais que même si j’ai les yeux humides, je ne vais pas pleurer devant lui. De ce côté-là, je suis pudique et surtout, je n’ai pas envie qu’il parte avec une image de moi en train de chialer comme la première des ingénues, ça ne se fait pas - même si j’aurai bien d’autres images à lui balancer pour qu’il oublie celle-là, si jamais. Là, j’essaie de faire tenir le masque encore un peu. “Here we are. One minute earlier than you said. What an achievement.” que je dis avec un léger sourire que je maintiens en levant mes yeux vers lui. Cette fois, j’ai regardé l’heure. Et cette fois, c’est réel.

« I wish. » Me too. Car tu ne te fais même pas rire non plus. T’as une moue au visage que rien ne pourra te faire partir. Tu vas devoir filer et elle va pas avoir tes bras pour la consoler de ces larmes. Tu espères qu’elle ne va pas rester seule pour la suite de la journée. Qu’elle va rapidement trouver une épaule sur qui se reposer, se changer les idées. Tu sais que c'est une grande fille, elle a l'habitude d'être sans toi. T'es pas dans le coin depuis longtemps. Tu prends de plus ou moins grandes inspirations pour gérer ton stresse et toute les émotions. Tu en profites pour respirer son odeur que tu auras quand même a proximité pour un temps grâce à ton hoodie qu’elle a porté longtemps. Contre laquelle elle se trouve aussi en ce moment même.

“Let’s do it.” C’est elle qui entame de se défaire de votre étreinte et t’en es reconnaissant. Tu vas commencer à stresser encore plus si tu ne passes pas la sécurité sous peu mais ta volonté de te défaire d’elle était vraiment minime. Elle caresse ton visage, tu contemples son visage. You’re the best. Genre. Vraiment. Car là tu n’as plus peur de l’avion tu es happé par tout ce qu’elle te donne. Tu lui rends son léger sourire alors que ton coeur bat bien trop vite. “You have a purpose to fulfill over there.” Tu hoches la tête. Kiss me. Et elle vient poser ses lèvres sur les tiennes. She reads my mind. Tu fermes brièvement les yeux avant de la sentir se lever de tes jambes. Elle te tire avec elle. “You’re gonna have big fun. Make big work and big hits and it’s going to be awesome.” Tu hoches la tête de nouveau, un doux sourire sur tes lèvres. Elle est en train de te caler contre elle alors que tu remets ton sac sur le dos. Tu la serres doucement. « Yeah… It will. » Tu vas embrasser le dessus de sa tête alors que vous êtes en train de prendre la direction de la sécurité d’un pas plutôt lent. Il n’empêche que l’endroit arrive devant vous bien trop vite à ton goût.

“Here we are. One minute earlier than you said. What an achievement.” Tu souris en l’entendant. Un vrai sourire cette fois. « You surprise me more everyday. » Car tu pensais pas que ce serait elle qui prendrait les devants pour que tu te retrouves ici dans tes temps. Car tu as bien plus de temps que ça devant toi en théorie, mais tu as besoin d’être bien largement devant ta porte d’embarquement. Le vol en lui même est un stresse assez grand comme ça pour que tu t’en rajoutes d’autres au passage. Tu prends une grande inspiration avant de te placer face à elle. Tu vas poser tes lèvres sur les siennes alors que tu places tes deux mains sur ses joues, comme si c’était ton tour de la mettre dans les feels de cette façon là. « I’m going now. Don’t forget to check your emails. » Ton ton est assez solide. Tu vas vraiment partir. Cette fois c’est la bonne. Un nouveau baiser sur ses lèvres avant de la serrer doucement contre toi encore quelques instants. Un baiser dans ses cheveux… Et tu te détaches doucement… Tu fais un pas en arrière. Puis deux. Tes yeux toujours dans les siens. Tes mains qui sont toujours sur elle mais plus pour longtemps, tes yeux toujours ancré dans les siens. « Thanks for everything. Take care of yourself. » Car tu sais sa capacité à se laisser à la dérive. Tu fais un pas de plus en arrière, ton corps n'est plus en contact avec le sien physiquement, mais vos âmes le sont toujours au travers de vos yeux.

I love you.

Tu articules ces trois mots de tes lèvres mais sans qu’un seul son ne sorte. Ton coeur qui bat vite. T'es ému de la voir là. Elle t'a accompagné à l'aéroport. How the fuck am I this lucky? Tu comprends vraiment pas comment elle te donne autant. The plane is gonna crash. T’as bien fait de lui dire que tu l’aimes. Yup.

« You surprise me more everyday. » j’espère en bien et vu le regard accompagné du sourire qu’il me lance, je suppose que oui. Si je réussis à la surprendre dans la bonne direction, c’est que je fais les choses bien. C’est que je ne me trompe pas, que je vais sur le chemin correct et voir l’aval plus l’appréciation dans ses yeux, ça me réchauffe un cœur qui en a cruellement besoin - et ça n’a rien à voir avec les températeurs hivernales. Je suis amazed, totalement et incroyablement par Jordan, par ce qu’il peut me dire, par ce qu’il apporte, ce qu’il me donne et j’en mérite pas autant, vraiment pas - je n’y ai pas été habituée non plus, il faut dire. On ne me regarde pas avec émerveillement comme ça, on ne me choye pas comme il peut le faire en prenant mon visage entre ses mains comme si j'étais fragile et que j’allais me briser ; ce n'est pas le cas. Mais franchement, si c’est pour qu’il plonge ses lèvres sur les miennes avec ce goût doux qu’est pas un adieu mais un simple au revoir, je veux bien me rendre incassable entre ses doigts autant qu’il le désire ; il a promis qu’il sera là pour me rattraper si je tombe, de toute façon, n’est-ce pas ? Et j’ai confiance. J’ai atrocement confiance en lui sans savoir d’où ça sort mais j’ai juste la certitude qu’il nourrira le même empressement que moi ne serait-ce que d’entendre ma voix autant que j’aurai envie d’entendre la sienne. Voyez et observez comme j’en ai rien à faire si je passe pour une mieilleuse et romantique à souhait, que ma vie se transforme sûrement en un foutu rom-com.

« I’m going now. Don’t forget to check your emails. » au moins, Jordan est plus sûr de lui cette fois-ci et j’ai bien fait de pas avoir été égoïste à souhait pour le garder plus longtemps avec moi car il l’aurait regretté, j’en suis sûre. Je plaque un baiser contre son cou quand il m’enlace, un autre sur sa mâchoire quand il commence à s’éloigner et dieu qu’y a rien que j’aime dans cette scène dramaturge dont je suis une des actrices principales - mais en aucun cas j’aurai changé mon rôle car ses prunelles ne quittent pas les miens contrairement à nos mains qui se délient et je soupire pour me gonfler d’énergie afin de continuer à ne pas craquer. « Thanks for everything. Take care of yourself. » Je me mords la lèvre. “Enjoy yourself.” and take care of you too. Je veux qu’il revienne avec les bronzages, les sourires, les souvenirs, l’excitation de ses voyages, de ses projets, savoir que tout s’est bien passé. Je n’ai pas besoin de lui dire de me prévenir quand il arrive ; il le sait déjà. Surtout qu’il doit se douter avec le temps que je serai capable de le bouder en refusant son premier coup de fil s’il fait le mort.

Je l’observe toujours et il mime ses lèvres et je- Je bloque.
Je réalise. J’assimile. I love you. Il vient d’enlever la supposition, là.
Si j’ai compris ce qu’il vient de mimer, si j’ai capté ce qu’il a voulu transmettre comme message, il a enlevé la supposition. Là, j'avoue que ça ne suffit pas à retenir les larmes qui coulent gentiment mais qui sont vite effacées par mes doigts qui n’assument pas que mes joues soient entachées de la sorte - oui oui, bien sûr. Je pourrai le détester encore une fois de le dire au pire moment qu’il soit mais au final… C’est le meilleur moment qui soit. Ça gonfle mon coeur, ça le remet en place et j’ai jamais connu pareille sensation. Mais en même temps, je serai que j’aurai rien pu dire en retour car je suis une idiote qui n’y arrive tout simplement pas, qui prend et qui reçoit mais qui ne donne pas dans ce créneau-là car elle pense qu’elle en est incapable. Mes ailes ne sont pas encore déployées, pas comme les siennes qui lui permettent de pouvoir dire tout ça, d’assumer tout ça.

Je suis lâche de ne rien dire. Je suis lâche de ne pas réagir. La seule chose que je suis capable de faire, c’est d’attendre qu’il ne soit plus dans mon champ de vision. Pour prendre mon téléphone tout en retournant vers mon van, la vue que je laisse cette fois s’embrouiller à leur convenance après des minutes et des heures de lutte pour les retenir. I love you. Y a pas de son mais y a eu la forme. I think I love him too - tu crois seulement, Birdie ?