Les ampoules. Un véritable fléau des pieds. Quelque chose que tu as bien connu dans ton ancienne vie. A chaque tenue, tu portais une paire de chaussures différentes. On ne te laissait pas le temps de « les faire » pour le confort. Tu souffrais mais devais souffrir en silence et défiler. Tu ne comprends que trop bien la souffrance de Lara quand elle te montre ses pansements. Ton habituel sourire se mue en grimace de dégoût. Tu détournes ton regard, lui indiquant désirer qu’elle les cache au plus vite. Ton écartement de lèvres revient dès la remise de ses souliers. Et devient radieux au retour de la vendeuse. Tes bottines roses enfilées, tu glousses face à la remarque de la métisse. « Je suis totalement d’accord ! » Tu n’avais pas besoin de son avis pour te décider. Dès le repérage de ces bottines, tu avais acté les acheter si elles existaient en ta pointure. Tu les as essayées par principe. Et peut-être aussi pour être raisonnée par Lara. Visiblement, elle aime autant que toi le shopping. Ce n’est pas avec elle que tes économies vont augmenter. Il te faudra limiter tes sorties avec elle si tu ne veux pas recevoir un appel de ton banquier te signifiant que tu es à découvert. Ou alors, il te faudra sortir sans ta carte de crédit pour ne pas céder à tes pulsions dépensières. Sinon, tu peux aussi fermer les yeux et vivre suivant tes envies. A quoi bon gagner de l’argent s’il doit rester sur son compte ? Surtout en présence d’une amie. Car oui, c’est le statut que Lara a obtenu au fur et à mesure de la journée tant votre entente est parfaite. D’un côté, c’était prévisible en étant la meilleure amie de ta princesse.
En tant qu’amie, elle improvise ta première leçon de danse. Tu écoutes ses conseils, totalement à l’opposé de ceux qu’on t’a matraqués pendant ta période de mannequinat. Studieuse, du moins en apparence, tu la laisses corriger ta posture avant de l’observer se mouvoir dans la boutique. Tu observes davantage la grâce de ses courbes se déplacer que sa technique. Ce n’est pas de ta faute si ses formes sont harmonieuses. Surtout que tu apprécies les formes féminines. Il n’y a pourtant aucune arrière-pensée dans ton esprit. Jamais tu ne tromperas Itziar. Sa démonstration terminée, elle t’invite à te lancer. Loin d’avoir du ridicule, tu quittes ta position pour la rejoindre. Tu as beau tenté de marcher en appui sur tes orteils en dandinant tes hanches, ton passé te rattrape. Ta démarche manque de sensualité. Tu ne ressembles pas à grand-chose. D’ailleurs, un léger rire parvient à tes oreilles alors que tu atteins la danseuse. Tu en repères la source au bout d’un rayon. Maggie n’a rien loupé de la scène. Et elle rit à juste titre. « Tu vois à quel point tu vas avoir du travail avec moi… » Tu as conscience de tes lacunes. Lara va devoir faire preuve de patience, faire avec tes instants de déconcentration, supporter ta personnalité, t’accepter telle que tu es en somme. Un sacré défi en soi. Mais un défi qui en vaut la peine. Si elle y parvient, sa réussite scellera définitivement votre amitié. Et bien que singulière, tu estimes être une bonne amie. « J’espère que tu me feras un forfait et pas payer tous tes cours ou sinon je peux oublier faire les boutiques pendant un mois ! » Tu exploses de rire. Tu ne crains pas le coût ses prestations. Te ruiner serait contreproductif étant donné que tu vas lui rendre service également. Tu gonflerais tes tarifs en conséquence. Il est hors de question de te priver de shopping.
Reprenant doucement ton sérieux, tu sens une silhouette s’approcher. « Ah non ! Tu m’as pas ramenée une cliente aussi pétillante pour ne plus la voir par la suite ! » Maggie affiche une moue colérique à Lara avant que son rire cristallin ne résonne fortement dans l’atmosphère. Elle plaisantait. Ouf, tu as eu peur l’espace d’un instant. « Vous aurez 10% sur ces bottines. » Ton visage s’illumine dans la foulée. Même si son geste est commercial et calculé, une réduction fait toujours plaisir. Tu retournes t’asseoir sur le carré de cuir. Tu ôtes tes souliers et remets tes anciens. De nouveau dans leur boite, tu te relèves. Tu patientes que Lara remette ses chaussures initiales. Tu te diriges vers la caisse ensuite. Tu règles ton achat, récupérant au passage une carte de fidélité du magasin. Tu la glisses dans ton portefeuille au côté des dizaines déjà présentes. Cabas en main, vous quittez les lieux. De retour dans la galerie marchande, tu t’empresses de rejoindre l’extérieur en prenant soin de ne pas poser tes prunelles sur les vitrines croisées en chemin. Tu n’as pas voulu alimenter ta fièvre acheteuse. Tu as déjà fait ton achat impulsif du jour. Puis, tu ne tiens pas à passer le reste de l’après-midi ici. Tu as un repas à préparer. Enfin, tu admets qu’au pire, tu peux le commander et te faire livrer un diner. L’espagnole ne t’en voudra pas même si elle apprécie manger ta cuisine. Tu ressors tes lunettes de soleil. Vissées sur ton nez, tu attends que ta complice t’emmène à sa voiture. Tu ne sais déjà plus où elle se situe. Normal, vous êtes venues en taxi. Tu avais oublié. Un véhicule rappelé et arrivé, tu montes côté passager. « Direction le centre-ville ! », lances-tu en riant. Tu as dit lui montrer ta mercerie favorite. Tu vas tenir ta promesse. Et probablement ne pas tenir celle concernant ne plus rien acheter aujourd’hui.
(c) DΛNDELION
Dernière édition par Rose Grant le Mar 16 Nov 2021 - 18:54, édité 1 fois
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Jamais tu n'aurais pensé être celle qui donne des conseils de maintien ou qui explique comment se déplacer en talons, et pourtant, vous en êtes bien là, Rose et toi aujourd'hui. Tu ne peux t'empêcher d'avoir une légère pensée pour ta mère, Cassandra, qui pendant des années à tenter de te transmettre cela et faire en sorte que tu es une apparence un peu plus féminine. A l'adolescence, quand tes cheveux changeaient de couleurs toutes les deux semaines (pour souvent revenir au rose il faut bien l'avouer), tout ce qui t'intéressait, c'était les jeans troués et les bottines un peu trop épaisses, tu réalises maintenant que c'était pour être en opposition parfaite avec Cassandra, qui voulait faire de toi quelqu'un d'un peu plus féminine et présentable. L'ironie est que maintenant, tu rentres parfaitement dans toutes ces cases-là, plus la première que la deuxième quand tu y songes bien, mais ce n'est pas toi qui aller l'annoncer à ta mère. Oh que non, tu es plus focalisée sur Rose et l'image qu'elle renvoie dans la présente, elle est plus que concentrée sur les quelques instructions que tu viens de lui donner, et c'est adorable dans un sens... sauf quand tu réalises qu'elle est très critique avec elle-même. Cela vient de quelque part, tu le sais, aucune femme ne se parle comme cela à moins d'avoir eu un élément extérieur et déclencheur, ce n'est ni le lieu ni le moment de demander à Rose de se livrer, tu ne comptes pas le faire, à la place, tu lui offres un sourire et une expression qui se veulent rassurante. "Mais non, je t'interdis de dire ça, tu vas très bien t'en sortir..." Et tu ne dis pas juste cela parce qu'il s'agit de la petite-amie d'Itziar et que la blonde compte beaucoup à tes yeux, loin de là. Tu es le genre de professeure qui préfère encourager ses élèves que l'inverse, on accomplit beaucoup plus en solidifiant des acquis et des bases que l'inverse... et puis, quand il s'agit de la danse, il faut que cela reste joyeux et léger, c'est ton avis, cela a toujours été ton avis et tu ne te considères même pas comme une experte. Tout ce que tu as, c'est un peu plus d'expérience que la moyenne, cela ne fait pas de toi une professionnelle ou l'autorité en matière de danse, loin de là. Tu le rappelles souvent, à tes élèves mais pas que, en quittant l'université il y a bientôt trois ans de cela, tu as fait le pari risqué de vivre de ta passion, pour le moment, tu t'en sors, mais tout pourrait s'envoler d’un simple claquement de doigts, tu en as plus que conscience. "Et je ne compte pas te faire payer, déjà, Izzie m'en voudrait à mort et ensuite, hors de question." Tu es sérieuse pour le coup et qu'on se le dise, ton métier de strip-teaseuse te permet de gagner ta vie comme il se doit, si tu n'avais pas pris ce prêt à la banque avec Itziar, tu n'aurais pas besoin de considérer un deuxième boulot ou même des extras. Mais Rose ? Tu comptes bien l'aider gratuitement. Rose semble avoir jeté son dévolu sur la paire et toi aussi pour le coup, tu renfiles tes collants et tes chaussures initiales rapidement, et oui, tu as l'habitude de te changer en un temps record, et tu payes à la suite de Rose. Tu as un sourire pour Maggie en lui demandant si tu vas avoir une remise toi aussi, vu que tu ramènes du monde et la vendeuse te l'accorde, bien pour cette fois-là. "A la prochaine, et oui, je vais revenir dans deux jours, oui." Et pour le coup, tu es totalement sérieuse. Votre après-midi ne semble pas terminée puisqu'à la demande de Rose, tu vous appelles un autre taxi, histoire de. "Où est-ce que tu nous emmènes ?" Que tu demandes curieuse, tu es tout à fait capable de suivre le mouvement, et quand tu te retrouves, des instants plus tard, devant une mercerie, tu comprends que pendant les prochaines minutes, tu vas plonger dans l'univers de Rose. Dans la boutique, tout n'est que couleur, rubans et un tas de possibilités et ton sourire s'agrandit, tu as l'impression d'être une gamine face à un sapin de Noel, pour le coup. "Il est très possible que j'achète du tissu, juste pour décorer les murs de ma chambre." Tu es sincère pour le coup et tu es certaine que ta colocataire actuelle, Evie, ne serait même pas surprise si tu te lançais dans un tel projet.
Lara a la mémoire courte. Pour une fois que ce n’est pas la tienne qui est défaillante. Tu te contentes de lui sourire en silence. Un franc sourire admiratif offert pour sa beauté rayonnante et surtout sa belle personnalité. Si tu n’as rien dit dans la boutique de chaussures, ses mots t’ont touchée. Elle n’a pas hésité à te valoriser malgré tes maigres compétences artistiques. Elle fait partie de ces gens qui voient le positif avant le négatif. Ou du moins qui ne se focalisent pas sur le négatif pour se concentrer sur le positif. Vous êtes faites du même bois de la bienveillance. Tu ne doutais pas vraiment de cette qualité en elle. Elle n’est pas la meilleure amie d’Itziar par hasard. Qui se ressemble s’assemble comme on dit. On dit aussi que les opposés s’attirent. En fin de compte, il n’existe pas de règles pour définir le pourquoi du comment d’une affinité. Et tant mieux. Tu préfères ne pas y réfléchir et te ravir de votre bonne entente en espérant qu’elle perdure et augmente dans le temps. « Dans mon coin de paradis. », lui rétorques-tu pendant que le chauffeur de taxi démarre. Pourtant vous n’allez pas chez toi. Tu l’emmènes dans ta mercerie favorite. Tu la fréquentes depuis des années. Depuis ton retour à Brisbane pour être précise. Et même si la devanture ne paye pas de mine et que la décoration intérieure est minimaliste, tu ne changerais de fournisseur de matériel de couture pour rien au monde.
Lara ne va pas tarder à comprendre pourquoi. Face à la porte d’entrée, ton cœur s’emballe. Et lorsque tu la pousses pour pénétrer dans le magasin, il pulse sa mélodie du bonheur. Des tissus, des couleurs, des effluves, tu es transportée dans un univers parallèle. Les yeux clos, tu savoures l’instant. Les paroles de Lara ne te sortent pas de ta transe. Au contraire de ceux de la propriétaire des lieux. « Coucou Rose. Tu es toujours aussi lumineuse. » Maya, quadragénaire blonde au chignon impeccable vient à votre rencontre. Tes paupières se lèvent au doux son de sa voix. Tu l’observes dans sa longue robe violette au pan effilé dans des tons rosâtres. C’est l’une de tes créations. La commerçante est également l’une de tes clientes. Elle te rémunère en matériel et te fais de la pub. Grâce à ses relations, tu as décroché de juteuses commandes. Sans elle, tu aurais sans doute dû changer de métier. Tu lui dois énormément. « Tout comme toi ! » Tu l’attrapes par les épaules et dépose une chaleureuse bise sur chacune de ses joues. « Je te présente Lara, une amie. » Tu as choisi ce mot sincèrement. La métisse a réellement ce statut dans ton esprit. Sa gentillesse a fini de lui octroyer. « Enchantée Lara. De quelle couleur est votre chambre ? » Tu arques un sourcil à sa question. Elle est étrange pour une première rencontre. Quelque chose t’échappe. Mais à en voir le visage de Lara, elle n’est pas surprise par cette interrogation.
Tu les laisses discuter seules. Tu t’enfonces dans l’échoppe. Tu te diriges vers une table ou divers rouleaux sont posés dessus. Tu les caresses du bout de tes doigts. L’un d’eux retient ton attention. Sa texture duveteuse te plait. Et en plus, comme par hasard, il est de teinte pâle rose. Il est fait pour toi. Enfin pour vous. Sous réserve que Lara le valide évidemment. La décision finale lui appartient. « Je crois avoir trouvé ce qu’il nous faut, viens voir Lara. » Tu pousses légèrement sur tes cordes vocales pour te faire entendre. Tu espères l’avoir fait suffisamment pour t’être faite remarquer. Visiblement oui étant les bruits de pas qui résonnent et s’approchent. « Je savais que ça te plairait. » Maya est venue également. Elle pouffe à ses propos. Elle te connait bien. Tu es presque son unique cliente concernant les tissus roses. Presque car il y a une mère de famille, couturière amatrice, qui en achète quelques fois pour réaliser des tenues à sa fille. « T’en penses quoi ? C’est super léger au toucher. Je pense que ce serait parfait pour les uniformes de vos employées. A moins que tu ne préfères te le réserver pour ta future tenue de scène. » Tu lances un clin d’œil à ton acolyte. Tu ne serais pas étonnée si c’était le cas. Elle adore aussi le rose. Tu as retenue l’information. En même temps, il est impossible de l’oublier. Il te suffit de regarder ses cheveux pour s'en souvenir.
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Les rôles sont véritablement inversés car dans cette boutique-là, c’est Rose qui a ses habitudes et tu te contentes de la suivre, sans broncher, bien contente d'être là avec l'autre jeune femme. Tu salues toi aussi la vendeuse et tu la gratifies même d’un sourire et d’un : “Ravie de vous rencontrer...” car c’est la stricte vérité. Et que tu peux tout à fait te voir revenir ici seule ou même encore accompagnée. Peut-être que tu finirais par convaincre Mira, ou alors la brune connait déjà cette boutique et vient elle aussi se fournir ici, tu ne lui as jamais posé la question, la couture est un sujet délicat pour ton autre amie. Tu sais qu’elle considère uniquement cela comme un passe-temps et pas du tout cela comme quelque chose de viable ou de permanent. Ce n'est pas juste une passion, si cela te plaît, alors fais-le, des mots que tu lui as déjà répétés, mais peu importe, ce n’est pas à propos de Mira mais bien à propos de toi et quand la vendeuse te demande de quelle couleur est ta chambre... tu sais que tu vas avoir envie de parler pendant des heures... Oui, des heures. “Oh laissez-moi vous montrer des photos....” Tu te dis que cela sera beaucoup plus simple et sans aucune hésitation, tu sors ton téléphone portable de la poche de ta veste et tu lui montres ta décoration. Il faut dire que tu es très fière de ton cocon, oui, depuis que tu vis avec ta cousine, tu t’es laissée aller à des élans de décoration, vu que tu es plus libre que jamais. Plus libre que tu ne l’étais lorsque c’était tes parents qui payaient pour toi un appartement d’une taille beaucoup plus grande que toute cette boutique, parce que pour eux, c’était quelque chose de nécessaire, et plus encore que du moment où tu vivais chez eux... Evelyn ne t’a jamais jugée et dans votre appartement et plus que jamais dans ta chambre, tu as pu t’exprimer comme tu le voulais. Les tons sont violets, bleus foncés et bien entendus, roses, tu zoomes sur une photo pour montrer à cette parfaite inconnue toute les étoiles fluorescentes que tu as pris le temps de mettre sur ton plafond, pour qu’enfin, quand la nuit tombe et dans l’obscurité de ta chambre, tu puisses dormir sous un ciel étoilé. Elle semble très fan de l’idée et quand elle t’assure qu’elle peut te trouver de quoi réaliser des rideaux et conserver ton esthétique, tu es plus que contente. La voix de Rose te tire de votre conversation et de ton téléphone et tu suis sa voix, le tissu est plus que léger et quand tu passes tes mains dessus, tu te dis que cela est beaucoup plus confortable que n’importe quelle tenue de scène que tu possèdes. “C’est très léger en effet, je pense qu’on peut commencer par un set d’uniforme, d’abord non ?” Tu aimes bien l’idée que toutes les danseuses possèdent au moins un set du même ensemble, surtout pour les numéros que tu prévois et histoire de donner un peu plus de cohésion à votre équipe et vous démarquer du lot et des autres clubs de gentlemen. Et cela sera beaucoup plus fun... tout simplement que tu penses avec un léger sourire sur le visage. Tu hoches la tête pour affirmer ta pensée, ne voulant pas couper l’herbe sous le pied de Rose ou même freiner sa créativité. “Quoi qu’il en soit, je te fais totalement confiance, je t’ai déjà donné quelques pistes, mais ça reste toi l’artiste donc si tu as déjà des idées, moi je dis vas-y, quoi que tu fasses, je sais que je serais contente et Izzie aussi pour le coup.” Que tu assures à l’artiste, car elle en est bien une, cela ne fait pas l’ombre d’un doute à tes yeux, tu t’en remets entièrement à son expertise, et il te tarde de voir ce qu’elle va pouvoir faire avec ce que tu lui as donné comme idée. “On devrait faire ça un peu plus souvent.” Que tu conclus dans un autre sourire, bien contente d’avoir suivi Rose aujourd’hui, dans une partie de son monde.
Les deux femmes semblent s’entendre à merveille. Tu ignores tout de leur échange mais il a l’air passionnant. A moins que Maya ne la joue faussement intéressée pour espérer gagner une nouvelle cliente. Elle n’est pas de ce genre-là. Sans ton intervention, tu es persuadée que la commerçante aurait bavardé avec la métisse jusqu’à l’heure de sa fermeture. Tu as déjà fait les frais de sa loquacité. Tu as passé des après-midi à causer de tout et de rien en sa compagnie. La blonde a cette aura amicale qui donne envie de parler. Puis sa voix douce et chantonnante est si agréable à l’oreille que tu n’oses jamais l’interrompre. Tu les as coupées dans leur échange pour la bonne cause. De toute façon, elles pourront reprendre leur discussion une fois l’avis de Lara récupéré. Tu pourrais même te joindre à elles. Tu ne serais pas contre comprendre cette histoire de chambre. Lara valide ton choix. Un sourire étire tes lèvres à son idée. Tu as failli lui proposer. Vos esprits sont presque connectés. A croire que vous êtes des amies de longues dates. « Ça me parait bien ! Je te prends tout ton stock, Maya ! » Tu te moques de la quantité. S’il y a des restes à la fin de ton travail, ils te serviront pour de nouvelles créations futures pour d’autres clientes ou pour toi-même. Plutôt toi-même d’ailleurs tu dois l’admettre. Tu es tombée amoureuse de ce tissu et tu imagines parfaitement une robe en cette matière épouser tes courbes. « Ma banquière serait pas d’accord. » Tu glousses. Tu ne peux te permettre des sorties shopping aussi régulières. Enfin si en te limitant dans tes dépenses. Ton budget risque de se retrouver dans le rouge sinon. Tu ne tiens pas à être à découvert. Si tu es une enfant, tu n’en oublies pas d’être une adulte responsable au niveau de ton argent. Tu n’as pas envie de finir à la rue pour une négligence. Même si cela n’arriva pas dans l’absolu. Ta princesse t’hébergerait à coup sûr.
Tu attrapes les rouleaux de l’étal. Tu les places un à un dans les bras de ton acolyte. Elle fera office de porteuse. Elle n’a vraiment le choix, tu n’as pas assez de tes propres bras. Tu règles les produits et vous quittez les lieux. Vous avez l’air malignes ainsi encombrées de tissu. Sur l’instant, tu regrettes de ne pas être venue en voiture. Tu déposes tes acquisitions au sol le temps d’appeler un taxi. Le chauffeur vous regarde bizarrement à son arrivée. Tu ne saurais dire si c’est à cause de ton accoutrement, de la couleur de vos cheveux ou de vos drôles de produits à vos côtés. Probablement un mélange des trois. Il ouvre son coffre et vous vous débarrassez délicatement de vos rouleaux. Vous montez dans le véhicule. Tu lui indiques ton adresse. Le temps du trajet, tu te projettes dans l’uniforme à réaliser. De multiples idées inondent ton cerveau. Tu vas avoir de quoi t’occuper ce soir. Tu vas griffonner des croquis en boucle. Perdue dans ton imagination, le conducteur a besoin de klaxonner pour te ramener à la réalité. « Merci. La monnaie est pour payer le chemin jusqu’à chez elle et le restant sera pour vous. », lui annonces-tu en lui tendant un billet extrait de ton portefeuille. Tu es tout sourire en te tournant vers Lara. Tu lui fais une bise chaleureuse sur chacune de ses joues. « Je t’appelle dès que j’ai un truc concret à te montrer. » Tu ne lui donnes pas de date. Tu n’en as pas à lui proposer. Tu feras en fonction de ton inspiration. Ton coup de fil peut se produire demain ou dans une semaine. « Si tu n’as pas de mes nouvelles sous dix jours, appelle-moi. » C’est que tu auras oublié de la prévenir. Tu descends du taxi. Tu récupères l’ensemble du bazar dans le coffre. Tu offres un dernier signe de main à Lara. Le chauffeur reprend la route. Dès qu’il quitte ton champ de vision, tu files dans ton appartement. Tu fonces ranger dans ton atelier le tissu rose avant de revenir dans ton salon, de prendre ton bloc-notes et de crayonner dessus.
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