Birdie a eu le temps d’avancer dans son programme de trucs à regarder. Non satisfaite de faire celle d’Heather, voilà qu’elle complète aussi celle de Penny et cela pour simple et bonne raison que c’est celle qui va partager une semaine avec un autre blond à des kilomètres d’ici et que Birdie est toujours naturellement curieuse. Elle revient d’Elimbah où elle s’y est prélassée pendant des jours, juste quelques temps pour pouvoir bingewatcher tranquillement, naviguant entre une série Disney et une sitcom australienne ; ce n’est pas tant pour l’histoire mais autant dire que Penny est très jolie et qu’Heather est absolument hilarante - autant dire que ça aide à la voir moins comme la demoiselle maniérée qu’elle peut être. Kimberley. Elle aurait dû kidnapper l’araignée de Malachi pour lui montrer comment sa maman se dandine pour une entreprise à la tête de souris. Elle a mangé son poids en chips et en bonbons, elle a bu bien trop de coca et autres pepsi, lui donnant l’énergie nécessaire pour défier les lois de l’horloge, la rendant plus énergique (hystérique) que jamais. Birdie en a profité pour contacter Jordan, évidemment, entre deux épisodes, pour qu’il soit fier (ou pas, qu’importe, elle le fait quand même) qu’elle s’intéresse à son entourage, sans excuse valable de l’appeler à part celle d’en avoir l’envie. Elle est insupportable, la gamine, quand elle est comme ça, et cette fois, elle était Elimbah seule ; pas de soeur, pas d’Heather, personne et elle a pu sauter, crier, danser, rire autant qu’elle voulait.
Alors forcément, quand elle revient à Brisbane, elle s’ennuie. La villa de Mason est sympa mais c’est si terne. Y a pas de forêt, y a pas de verdure, ce n’est pas chez elle et elle fronce du nez car elle n’a plus sa marque sur le cou, la chemise piquée commence à ne plus sentir son odeur et elle a failli songer à aller chez lui avant de se rappeler qu’elle ne peut pas. Alors, alors, alors, si elle n’a pas Jordan à emmerder, elle ira voir une autre blonde - diantre, y a beaucoup trop de blonds dans ton entourage, ma grande. Voilà bien longtemps qu’elle n’a pas vu Heather (d’accord, ça remonte à simplement quelques semaines mais quand même) alors elle est persuadée qu’elle sera ravie de la voir. La voilà donc qui tambourine contre la porte de façon agaçante. “Heather Heather Heather!” au bout de trois fois, elle devrait apparaître non ? bingo! La porte s’ouvre, Birdie sourit et elle enlace son amie. “Heather!” pour quelqu’un qui a travaillé toute la nuit, elle est d’une énergie incroyable en cette après-midi. “Je m’ennuyais donc je me disais que tu voudrais bien voir quelques épisodes d’une série australienne que je regarde en ce moment. Y a une actrice dedans qui m’intéresse. Et non, c’est pas toi, désolée de te décevoir. C’est un sitcom donc c’est un peu niais et ça a souvent pas de sens mais bon, ça peut être drôle.” car le romantisme, elle s’en fout, Birdie - à part quand ça vient de lui - seules les jambes de Penny rendent la chose intéressante. Elle s’invite chez son amie comme à l’accoutumée, c’est-à-dire qu’elle est la bienvenue, qu’il n’y a rien qui dérange et qu’Heather ne faisait rien d’exceptionnel avant qu’elle arrive. “Penny Stringer, tu connais ?” qu’elle demande en ouvrant le frigo en quête d’un truc à boire. Après tout, le monde d’Hollywood est minuscule, non ?
Heather souffla de frustration, aujourd’hui les lignes de dialogues ne voulaient pas rentrer dans sa tête. Elle avait beau lire le script et s’entrainer, ça ne rentrait mais alors pas du tout. Elle avait l’impression d’être devenue débile, qu’elle lisait sans lire et que son esprit faisait des bulles à la place de bosser. Il fallait dire aussi qu’elle avait un peu de mal à se concentrer. John était venu lui rendre visite pour 2 semaines et ce bougre lui avait réellement manqué. Depuis qu’elle était revenue sur Brisbane son agent n’avait pas eu le temps de passer. Presque elle était arrivée à se dire que ses autres acteurs étaient devenus plus important qu’elle. Bon certes il fallait bien qu’il s’occupe des autres mais ce n’était pas une raison pour la laisser tomber aussi longtemps. Mais ce n’était pas la jalousie qui l’empêchait de se concentrer, c’était plus ce qu’il lui avait dit. En effet il était parti toute la matinée pour régler quelques affaires, mais ils avaient décidé de passer ensuite l’après-midi ensemble. Et il l’avait même réservé au resto car il avait une très bonne nouvelle à lui annoncer et il voulait garder la surprise. Tant de mystère lui faisait un peu peur. L’actrice espérait qu’il n’allait pas lui annoncer que pendant ces trois derniers mois il s’était marié ou une connerie du genre. Elle avait l’impression que les fiançailles et les mariages étaient à la mode en ce moment mais surtout elle l’aurait très mal prit de ne pas être invitée. Alors en attendant son retour, elle essayait de faire pour une fois l’enfant sage en faisant ses devoirs pour avoir la paix le reste du week-end. Mais évidemment son cerveau quant à lui avait décidé de faire l’inverse de se montrer plus rebelle. Poussant un soupir de frustration et jetant son script à côté d’elle sur le canapé, elle leva les yeux au ciel, en se passant les mains sur son visage.
Heather sursauta quand elle entendit quelqu’un tambouriner à sa porte. John était sérieux à marteler la porte comme ça ? S’il avait oublié ses clés pour rentrer, il aurait pu simplement frapper une fois et elle serait venue. L’actrice se leva pour aller ouvrir la porte et le fait qu’elle eut l’impression d’entendre une voix féminine de l’autre côté de la porte la rendu un peu plus confuse. En ouvrant elle ne tomba pas sur John mais sur une Birdie sauvage qui s’élança dans ses bras pour lui faire un câlin, qu’elle rendit un peu en retard totalement perturbé de ne pas avoir ouvert à la personne qu’elle pensait.
- Birdie ? Qu’est-ce que tu fais là ?
Pas qu’elle n’était pas heureuse de la voir bien au contraire, elle appréciait toujours de voir son ami. Mais la jeune femme avait déjà dit à la Cadburry plein de fois, de lui envoyer un message avant de venir. Heureusement avant qu’elle ait eu le temps de dire ouf, la blonde lui expliqua sa présence et Heather roula des yeux. Elle était sérieuse à venir la voir pour regarder une série dont elle n’avait surement jamais entendu parler.
- Et dans ta réflexion tu t’es peut-être pas dit que j’avais des plans aujourd’hui ou que j’aurais pu être en tournage ? Et puis t’as pas un copain ou un truc comme ça pour faire ce genre de chose ?
Surtout qu’elle avait encore son texte à apprendre et qu’il y’avait John. Et ça c’était l’élément qui faisait que Birdie était surement la dernière personne qu’elle avait envie de voir à l’improviste avec son agent qui pouvait rentrer à tout moment. De un parce qu’elle savait que la jeune femme attendait que ça de le rencontrer depuis qu’elle avait lâché qu’il s’agissait d’une sorte de père pour lui. Et de l’autre il y’avait John qui était persuadée que les rumeurs entre elle et Birdie devait avoir un fond de vérité car elles avaient l’air de beaucoup trainer ensemble dernièrement d’après les photos des paparazzis. Deux situations auquel elle n’avait pas du tout envie de se confronter aujourd’hui. Sauf qu’elle ne savait pas comment elle allait se débarrasser de la blonde qui avait déjà attrapé un truc dans son frigo et qui allait surement s’étaler sur son canapé comme à son habitude.
- Penny Stringer, c’est pas une actrice qui a eu un scandale dernièrement ?
“Birdie ? Qu’est-ce que tu fais là ?” Heather demande et Birdie répond, pleinement perdue dans ses explications pas si rocambolesques que ça, une proposition innocente, amicale et pleine de bonne volonté, accumulée à une énergie incroyable car elle est en forme, la pétillante blonde. Débordante d’un surplus de quelque chose, ou alors ne serait-ce là qu’une façon de camoufler l’attente tangible qui la hante depuis des jours, le décompte se réduisant au fil des jours mais le but final étant pour l’instant toujours encore plus loin à chaque fois - ce qui n’est pas foutrement logique. D’habitude, ce qui n’est pas logique a du sens pour la Cadburn mais pas dans une telle situation. Ce qui n’a pas de sens est la sensation que sa carcasse se languit, qu’il est juste dans l’expectation, qu’il n’est qu’une virgule perdue au milieu d’une phrase dans l’attente de pouvoir reprendre le cours de son existence. Elle n’est pas habituée, son petit gabarit, à réagir comme ça et ça fait sauter le peu de plomb qu’il peut encore substituer dans son petit cerveau. Alors elle vient voir Heather, elle planifie d’aller faire vérifier que Kimberley va bien, de planifier sa prochaine aventure avec Will. Elle qui a acheté des perles pour faire des breloques, elle n’a pas été d’humeur à les associer ensemble quand elle s’est retrouvée devant ; le choix de venir chez Heather a été plus spontanée que préméditée, clairement. Et visiblement, l’actrice est aussi surprise qu’elle. “Et dans ta réflexion tu t’es peut-être pas dit que j’avais des plans aujourd’hui ou que j’aurais pu être en tournage ? Et puis t’as pas un copain ou un truc comme ça pour faire ce genre de chose ?” Pourquoi elle lui sort ça, Heather ? Qu’est-ce qui lui fait dire ça ? Ce n’est pas- Birdie redresse sa nuque avant de pencher sa tête sur le côté pour voir l’habitante des lieux avec cet air méfiant plaqué au visage. “Si t’avais pas été là, je serai allée voir quelqu’un d’autre.” Rien n’est ancré dans le marbre, après tout, et Birdie est la reine de l’improvisation - la preuve, sa présence ici en est une. Alors elle ne se serait pas laisser abattre si la princesse n’avait pas été dans son royaume. “T’as des plans aujourd’hui ?” Parce que là, à part voir le poulain de Disney habillé dans ses vêtements d’intérieur, autant dire qu’elle ne voit pas quels plans elle peut avoir à part de passer la journée à chiller devant une série.
“Penny Stringer, c’est pas une actrice qui a eu un scandale dernièrement ?” ah. La voilà qui réagit au moins sur ça sous une Birdie soupirant légèrement, son exploration toujours dans le frigo, mettant la main sur des tomates cerises qu’elle pique et la boutique d’ice tea qui traîne. “Yep.” Elle se redresse complètement en fermant la porte du frigo du coude, avalant une tomate d’une main et allant poser la bouteille sur le comptoir de l’autre. “Vous devriez monter un club. Il aurait du succès.” Vu tous les scandales qui s’enchaînent, le monde hollywoodien aurait de quoi attirer des membres dans un club pareil. “Mais il faut que tu vois ses jambes, ma princesse des coquelicots. Crois-moi que t’oublieras tous les scandales après ça.” Elle ouvre tous les placards pour trouver celui des verres. “Ou tu voudras en créer un.” Birdie tourne la tête vers Heather pour lui glisser un clin d’oeil appuyé, le sourire aux lèvres. Elle est à peu près certaine qu’elle peut embarquer son amie à baver tranquillement devant un pur produit australien qui n’est pas sa propre forme. Et puis, ça passe bien mieux que de révéler que c’est avec Penny que Jordan va être pendant une semaine et que Birdie veut juste ne pas paraître ignorante quand elle la verra - parce qu’elle la verra, s’ils reviennent ensemble, clairement. “T’en veux ?” qu’elle demande après s’être servie un verre, le gulot de la bouteille s’arrêtant sur le deuxième verre afin de savoir si l’actrice souhaitait se rafraîchir ou non. Elle n’avait pas l’air très sereine, en plus, comme si quelque chose la tracassait. Peut-être qu’elle devrait boire une liqueur plus forte. Qu’importe. Birdie saura bien lui poser la question s’il se révèle qu’il y a effectivement anguille sous roche.
Si habituellement malgré ses râleries, Heather était toujours contente de voir Birdie, aujourd’hui c’était un peu spécial. Il y’avait deux mondes dont elle ne voulait pas qu’il rentre en collision mais elle savait que se débarrasser de Birdie ne serait chose facile. De base elle ne le faisait jamais et puis la blonde était trop curieuse, il y’avait des chances qu’elle lui pose des questions. Mais elle essaya tout de même en lui sous entendant qu’encore une fois, elle aurait pu la prévenir car elle aurait pu ne pas être là. L’actrice tenta même de détourner l’attention en lui demandant si elle n’aurait pas pu voir le fameux préteur de hoodie auquel Birdie avait l’air de tenir. Malheureusement ça ne fonctionna mais alors pas du tout. Elle fut d’ailleurs quelque peu attendrit par le fait que Birdie lui donnait l’impression qu’elle avait été son premier choix de personne à venir squatter. Quand la Cadburry lui demanda si elle avait des plans, son regard se dirigea immédiatement vers sa porte d’entrée en pensant à John. Elle espérait que son affaire prévue pour cette après-midi allait durer plus longtemps qu’elle ne le voulait à la base. Puis elle se frotta le front en soupirant avant de se diriger vers son canapé et attraper le script qu’elle y avait posé dessus.
- Oui j’ai se fichu script à apprendre qui ne veut pas rentrer aujourd’hui et j’ai un shooting photos un peu plus tard dans la journée.
Bon c’était un semi-mensonge car la première partie était vraie, il fallait qu’elle se colle tous les dialogues dans sa tête. Mais la partie photoshoot justifiait le fait qu’elle était toujours dans ses habits d’intérieur. Il fallait juste que Birdie prenne cette explication comme une invitation à ne pas rester très longtemps surtout pour regarder une série. Elle se rapprocha de Birdie intrigué par sa nouvelle envie de regarder une série pour une actrice. Surtout que ce n’était pas une célébrité qu’elle connaissait vraiment à part pour son scandale. Et malheureusement pour celle-ci ce n’était pas un scandale très joyeux. C’était le genre d’histoires dont tout le monde savait l’existence dans le milieu et qui la mettait plus que folle de rage. Les demandes bien trop déplacées elle en avait eu elle aussi, entre les producteurs et les réalisateurs qui se sentaient avoir tous les droits. Mais heureusement pour elle, cela n’avait jamais débordé.
- Haha, je ne pense pas que nos scandales soit à mettre dans la même catégorie malheureusement pour elle.
Si aussi elle avait suivi l’histoire c’est parce qu’elle connaissait Rory qui lui avait parlé de ce sujet l’été dernier sans réellement rentrer dans le vif du sujet et donner des noms. Elle rigola quand Birdie lui mentionna ses jambes et le fait qu’elle était pas désagréable à regarder. Birdie était forte elle avait presque réussi à l’avoir et attirer sa curiosité pour qu’elle reste. Sur le coup l’actrice était devenue plus happée par leur conversation que par le fait que son agent pouvait rentrer à tout moment et qu’il risquait de s’en suivre un moment très long pour elle.
- Ce n’est pas gentil d’essayer de m’amadouer comme ça Birdie, j’ai du travail !
Mais bon c’était une maigre tentative de retomber sur ses pattes car elle était déjà en train d’elle aussi manger des tomates et faire un signe de la tête pour que Birdie lui verse un verre d’ice tea à elle aussi. Son regard ne pouvait pas s’empêcher de reregarder de temps en temps vers la porte, elle espérait juste que la Cadburry n’avait pas remarqué. Puis elle finit par lever les bras en capitulant car de toute façon elle savait que la blonde ne partirait pas et de toute façon elle appréciait toujours sa présence.
- Bon d’accord mais juste un ou deux épisodes Bird’ mais après je dois m’y remettre.
“Oui j’ai ce fichu script à apprendre qui ne veut pas rentrer aujourd’hui et j’ai un shooting photos un peu plus tard dans la journée.” un scrip et un shooting, c’est ce qu’elle a dit ? Oublier la série, oublier les jambes de Penny Stringer, les étoiles plein les yeux de Birdie brillent pour le script et le shooting. Les mots et les tenues. L’histoire et les paillettes. C’est ça qui est grisant. Rien que pour cela, Birdie se verrait bien en tête d’affiche. Elle pourrait gratter une place au soleil d’Hollywood - aussi bien fictivement que réellement. Elle aimerait pouvoir profiter de LA pour perfectionner sa blondeur - oui, juste pour ça, vraiment. “Je peux t’aider. Pour les deux. Tu m’emmènes pour le shooting, s’il te plait ? S’il te plait ? S’il te plaaaait ?” elle insiste, l’insupportable blonde ; mais en même temps, Heather ne pouvait pas en attendre moins venant d’elle alors qu’elle lui vend littéralement des paillettes dans les yeux. “Tu savais que je voulais être scénariste ? Maintenant oui. C’est un script de quoi ?” un rêve lointain, une ambition refoulée parce que l’université l’a rejeté ; une perte pour l’humanité entière qui ne pourra pas profiter de son talent ni de ses idées, il ne faut pas en douter un instant.
“Haha, je ne pense pas que nos scandales soient à mettre dans la même catégorie malheureusement pour elle.” Birdie fronce du nez derrière la porte du frigo ; elle est bien placée pour savoir qu’être touchée sans y être invitée n’est pas la même chose que d’être forcée à faire son coming-out mais l’un dans l’autre, ça reste un viol malgré tout. Mais comme c’est un sujet que la jolie blonde n’aime pas trop aborder et qu’elle préfère éviter, elle ferme ses lippes, ne réplique rien et laisse couler. Même elle a ses propres limites. “Ce n’est pas gentil d’essayer de m’amadouer comme ça Birdie, j’ai du travail !” la dénommée n’en a que faire alors qu’elle ferme la porte du frigo avec ce sourire malicieux. “C’est vraiment trop facile de te distraire, il faut dire.” une paire de jambes et voilà la grande actrice qui délaisse ses obligations pour aller baver avec une amie qui n’a pas fini de trouver toutes les failles dans le système. “Bon d’accord mais juste un ou deux épisodes Bird’ mais après je dois m’y remettre.” winning - Jordan commence à avoir beaucoup trop d’influence. D’autant qu’elle voit Heather manger et accepter le verre ; autant dire que c’est avec une danse de la joie que Birdie lui tend son verre, sourire rayonnant sur les lippes. “Pourquoi tu regardes la porte toutes les cinq secondes ? T’attends quelqu’un ?” la blonde se dirige vers le canapé, pose les tomates et l’ice tea sur la table basse, ainsi que ses pieds déchaussés croisés et attrape la télécommande pour trouver ce qu’elle veut - une série australienne disponible partout, pratique. “Après, je peux vraiment t’aider à répéter. J’ai des talents de comédienne et je suis sûre que ça aide d’avoir un partenaire qui rend la réplique pour réviser.” elle s’adapte en toute circonstance, Birdie, à ne pas en douter.
Heather se maudit et se mordit l’intérieur de sa joue, rien qu’en voyant les yeux pétillants de Birdie lorsqu’elle avait énoncé les scripts et shooting, elle savait qu’elle était fichue. Au lieu d’envoyer un message clair auprès de l’autre blonde en lui disant que non elle ne pouvait pas rester car l’actrice avait des choses de prévues, celle-ci avait pris sa phrase dans le sens complétement opposé comme une invitation à participer à sa journée.
- Non je ne t’emmènerais pas au shooting avec moi, tu crois que je peux ramener n’importe qui ?
Son ton était assez offusqué comme si l’idée lui semblait un peu débile alors que c’était un gros mensonge. Parfois elle se disait qu’il fallait vraiment qu’elle se calme, si elle commençait à s’offusquer pour des mensonges, on n’allait pas s’en sortir.
- Mais si tu veux tu peux m’aider pour le script oui. Après tout cela pourrait lui faire oublier cette idée de série et puis c’était plus agréable de s’entrainer avec Birdie pour la scène de romance dont elle apprenait le texte, qu’avec John. S’entrainer avec lui alors qu’il était vieux et barbu et que dans la série elle était avec belle jeune femme, cela lui demandait un effort d’imagination bien plus conséquent. Elle fut surprise quand la Cadburry lui avoua qu’elle avait toujours voulu être scénariste. Si elle était surprise, Heather n’était par contre pas trop étonnée. Avec tout ce qu’il devait se passer dans sa tête, ce n’était pas très étonnant qu’elle ait envie d’inventer des histoires.
- C’est vrai ? Tu sais ça peut toujours se faire. Tu as déjà écrit quelque chose ? Puis elle poussa un soupir. C’est le script pour l’épisode que je dois tourner la semaine prochaine mais rien ne veut rentrer aujourd’hui ça m’énerve.
Heather était clairement arrivée au stade où balancer le script de la fenêtre lui semblait une bonne idée. Malheureusement l’idée de regarder la série ne semblait pas s’être évaporée de la tête de son amie. Et la coquine avait des arguments assez vendeur pour lui donner envie. Bon le côté sentimental de l’attirer par rapport à une autre actrice qui avait eu un scandale ne la touchait pas vraiment. Ce n’était pas du tout comparable à ses yeux et puis si la jeune femme était douée cela voulait dire qu’elle materait la concurrence. Mais Birdie finit par gagner et elle accepta même si dans sa tête l’idée de l’aide pour répéter était beaucoup plus intéressante. Avec un peu de chance elle apprendrait vite son texte et elle pourrait prétexter qu’elle devait se préparer pour le shooting et pouf elle partirait avant le retour de John.
- Oui tu es bien placée pour le savoir.
Elle lui fit un clin d’œil, après tout Birdie pouvait vraiment le dire en connaissance de cause. Pour la distraire elle avait été championne, d’ailleurs cela lui faisait aussi penser que cela faisait un moment qu’elle n’avait pas fait quoi que ce soit. Birdie était un peu plus distante habituellement ce qu’elle ne comprenait pas du tout. Et c’était une question à laquelle elle réfléchirait une autre fois car elle ne voulait pas perdre de temps. Elle fut d’ailleurs prise en flagrant délit en train de regarder la porte et elle secoua la tête pour se changer les idées et dire à Birdie que non.
- Non non pas du tout, je me demandais si j’allais encore une fois avoir une plainte de ma voisine chiante car tu as tambouriné sur la porte.
Un nouveau mensonge mais franchement elle n’était plus à ça près pour éviter que deux personnes importantes dans sa vie, ne se rencontre pas. Elle rejoint Birdie sur le canapé et s’installa près d’elle à presque lui toucher le bras et attrapa une nouvelle tomate au passage.
- Tu sais quoi je suis curieuse de voir tes talents d’actrice. Je me demande si tu es plus douée que Will. Bon la barre à dépasser n’est pas très haute mais oui tu serais parfaite comme partenaire. Je devrais t’avoir plus souvent dans le coin pour ce genre de scène. Par contre quand on aura fini, il faudra que je me prépare pour le reste de ma journée.
“Non je ne t’emmènerais pas au shooting avec moi, tu crois que je peux ramener n’importe qui ?” Birdie hausse les sourcils ; elle ne se vexe pas facilement (entendre ici réellement, la plupart du temps n’étant que des écrans de fumée pour agacer la galerie) mais là, Heather tape fort et Heather tape de façon cinglante. Alors la Cadburn est vexée, oui, elle en fronce même les sourcils et elle serait prête à croiser les bras si elle n’était pas occupée à se servir dans la cuisine de celle qu’elle considère comme son amie, celle-là même avec qui elle partage(ait) ses draps mais qui n’est pas digne d’être ramenée à un sordide shooting. “Redescends un peu sur terre, tu ne joues les royales qu’en fiction et tu ne vas pas boire le thé avec la Reine, je te rappelle.” la voix est bourrée de reproches et d’une froideur qui n’est pas commune chez la jolie blonde ; mais tant pis, pour une fois, elle n’en a rien à foutre qu’Heather se vexe ou le prenne mal car c’est elle qui a commencé en premier lieu. “Mais si tu veux tu peux m’aider pour le script oui.” Ouais, j’ai plus trop envie tout d’un coup. Il va falloir s’asseoir sur le peu d’égo que l’australienne possède mais il est clair que cette réflexion passagère et spontanée restera coincée dans son esprit. “J’en suis assez digne, tu crois ?”
“C’est vrai ? Tu sais ça peut toujours se faire. Tu as déjà écrit quelque chose ? C’est le script pour l’épisode que je dois tourner la semaine prochaine mais rien ne veut rentrer aujourd’hui ça m’énerve.” Birdie hausse les épaules, l’air fataliste au possible. “Le monde n’est pas près pour mes idées. J’ai des carnets où je note mes envies passagères mais à part ça…” A vrai dire, ses carnets regorgent d’idées en tout genre, des bouts de trucs et de bidules qu’elle a pensé ici et là. Mais jamais les poser à plat et mettre de l’ordre dans tout ça dans un contexte spécifique ne lui est encore venu à l’esprit. “Je manque de patience pour centraliser tout ça.” Elle a toujours été un peu hyperactive, cela n’étonnera personne. “Mais je regarderai ton script. Ça m'intéresse, je peux y apprendre des choses aussi.” Et ça, on ne peut pas le lui retirer, à Birdie ; son envie de tout savoir sur tout, pour mieux sélectionner ses passions après. Le déclic peut se produire ou la rassurance qu’elle est très bien dans ce qu’elle fait actuellement. Présenter la météo ne lui demande pas beaucoup d’efforts, après tout. “Oui tu es bien placée pour le savoir.” Birdie a un léger sourire qui finit (enfin) par apparaître sur ses lèvres ; oh oui, elle le sait car elles sont toutes les deux pareilles. Aussi faibles l’une que l’autre, même si y en a une qui se détourne de plus en plus du corps voluptueux de l’actrice pour la silhouette plus masculine d’un musicien. “Non non pas du tout, je me demandais si j’allais encore une fois avoir une plainte de ma voisine chiante car tu as tambouriné sur la porte.” Mmh. Si elle le dit. Mais ça lui paraît un peu louche, à Birdie. Soit. Elle laisse couler, prenant la télécommande afin d’aller chercher la chaîne qui rediffuse la série en question. Au moins, ça lui permettra de se remettre de sa petite vexation tantôt.
“Tu sais quoi je suis curieuse de voir tes talents d’actrice. Je me demande si tu es plus douée que Will. Bon la barre à dépasser n’est pas très haute mais oui tu serais parfaite comme partenaire. Je devrais t’avoir plus souvent dans le coin pour ce genre de scène. Par contre quand on aura fini, il faudra que je me prépare pour le reste de ma journée.” Birdie lâche un léger rire. “Pour “ce genre de scènes” ? C’est quoi, comme scène, exactement ? Je me demande s’il faut que je m’inquiète ou pas.” Elle va lui demander de jouer une folle alliée ? Une tueuse en série ? Une sorcière ? Les possibilités sont vagues. “Okay okay okay, j’ai compris, tu me veux pas dans les pattes. Pas même pour un shooting.” Birdie grimace en relachant sa main contre ses cuisses. “Donc on fait quoi ? T’as combien de temps à me consacrer dans ton programme ultra chargé à la minute de seconde près ? Histoire de voir si on a le temps pour un épisode ou si on passe directement au script.” Elle est sympa, là, Birdie, n’est-ce pas ?
Heather ne s’attendait vraiment pas à devoir s’enfoncer encore plus dans ce mensonge. Elle voulait juste trouver une excuse pour que Birdie ne reste pas très longtemps, chez elle et pas à donner des détails sur son faux agenda. Le pire dans cette histoire c’est que Birdie eut vraiment l’air de se vexer quand elle lui annonça qu’elle ne pouvait pas l’amener avec elle sur le shooting photos inexistant. Mais cette fois réellement vexer et Heather ne comprenait absolument pas. Ce n’était pas la même chose que si elle lui demandait de venir sur un tournage de sa série. Là elle connaissait les gens, l’équipe de tournage c’était plus facile. Un shooting c’était beaucoup plus délicat et elle secoua la tête se prenant le chou intérieurement pour un truc qui n’existait pas.
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? C’est juste que pour ce genre de job, je ne peux pas être accompagnée de quelqu’un d’autre à part mon agent.
L’actrice était totalement confuse, ne comprenant vraiment pas ce qu’elle avait dit de mal. Elle essaya de changer de sujet en lui proposant qu’elle l’aide pour son scripte. Mais Birdie en profita pour lancer une nouvelle pique comme si elle avait réellement insulté son égo. Il allait falloir que la blonde baisse la dramamine un instant car sinon ça allait finir par réellement énerver Heather. La jeune femme roula des yeux en soufflant.
- Non mais sérieux… ça va aller la dramaqueen ? Je ne parlais pas de toi personnellement, c’est juste que c’est comme ça avec tout le monde.
Surtout si elle voulait garder une bonne réputation et ne pas faire partis de ses stars qui demandaient toujours des trucs loufoques car ils étaient connus. Franchement quand elle en voyait certain demander que leur loge ne soit que blanche ou qu’il y’ait tout le temps si ou ça, des trucs supers dur à avoir. A part avoir un égo plus qu’énorme et oui c’était elle qui disait ça, elle ne voyait pas d’autres raisons. Heather espérait vraiment que Birdie n’allait pas lui faire la tête pour ça pendant 10 ans car ce n’était même pas pour une vraie raison en plus. Mais l’actrice fut vite intriguée par le fait que la Cadburry aurait voulu être scénariste. Heather était vraiment persuadée en vrai qu’elle pouvait avoir des bonnes idées.
- Pourtant je suis certaine qu’il y’aurait de tes idées qui seraient bonnes. Si un jour tu arrives à en faire un, il faudra que tu me montres.
En vrai elle l’a caressé un peu dans le sens du poil pour essayer de la calmer mais une partie d’elle le pensait vraiment. Surtout que si c’était un bon, elle connaissait des gens à qui le montrer pour ne pas que ça reste de la veille paperasse qui trainerait dans un coin à prendre la poussière. Effectivement quand elle lui dit qu’elle avait du mal à se concentrer, elle n’était pas étonnée. Voir Birdie assise sur un bureau à écrire sans bouger, devait être une image très très rare à observer.
- Oui c’est sûr que ça t’aidera mais pour le coup c’est moi qui aie besoin de ton aide en premier lieu.
Si effectivement ça pouvait lui donner des ficelles sur comment écrire un scénario, elle n’avait pas spécialement envie aujourd’hui qu’elle passe son temps à l’analyser. Surtout si John allait bientôt rentrer, d’ailleurs il fallait qu’elle arrête de regarder souvent la porte. Birdie avait fini par le remarquer et son excuse un peu bancale n’avait pas l’air de l’avoir totalement convaincu. Pour le coup son aide lui semblait vraiment la bienvenu et l’enchantait plus que regarder une série en cours de route même si les jambes de l’actrice principale étaient à tomber.
- Oui pour une scène romantique… ça sera vraiment plus agréable de le faire avec une belle partenaire que toute seule, qui sait tu seras peut-être ma muse du jour.
Elle lui fit un clin d’œil son ton étant un peu dans le flirt. Elle attrapa le script et le posa entre elles et Heather se rapprocha de Birdie pour être plus facilement à sa portée et qu’elle puisse lire toutes les deux. Elle leva de nouveau les yeux au ciel en posant le script sur ses jambes.
- Encore cette histoire de shooting, écoute pour me faire pardonner, je te promets qu’un jour je t’amènerais sur le tournage de ma série. Les habits d’époque et tout ça devrait te plaire.
Elle arqua un sourcil comme pour dire « deal » et leva sa main.
- Tu m’aides à réviser et si tu es rapide et que ton talent d’actrice mérite un oscar on regarde ta série.
Heather espérait vraiment que cette histoire de photoshoot inventé n’allait pas durer trop longtemps. Surtout qu’elle n’avait vraiment pas prévu de se prendre le chou avec cette histoire et elle ne voulait pas s’embrouiller avec une amie pour une histoire pareille. Sauf qu’elle avait oublié le détail que Birdie avait elle aussi un égo. Ego qui avait été bafouillé sans qu’elle ait la moindre idée de ce qu’elle avait dit de bizarre de son côté. Certes il s’agissait d’un mensonge mais même sans que ça en soit un, le résultat était le même. Et voir Birdie lui faire la gueule pour des histoires qu’elle ne gérait pas de son côté l’agaçait au plus haut point. Surtout en voyant que la blonde ne voulait pas lâcher le morceau et une Cadburry silencieuse voulait tout dire. Si l’entendre râler était agaçant, ne plus l’entendre du tout signifiait qu’elle devait vraiment être énervée. Heather avait vraiment envie de pousser un grognement de frustration, ce n’était pas comme ça qu’elle avait prévu sa journée. Déjà qu’elle était agacée par le fait de vouloir vite apprendre son test pour profiter de John à son retour, la voilà qu’elle se prenait la tête pour une histoire imaginaire avec Birdie dont elle voulait vite se débarrasser. Si ça avait été n’importe qui d’autre, elle aurait surement appuyé sur cette corde d’égo un peu touché pour la faire partir mais là c’était Birdie et elle n’avait vraiment pas envie que leur amitié soit ruinée bêtement. Enfin la jeune femme n’avait vraiment pas l’air de vouloir partir car elle était allée s’installer confortablement sur son canapé, comme si elle habitait dans l’appart. Jetant un énième coup d’œil à la porte elle l’a rejoint. En apprenant que Birdie avait eu comme objectif de vie d’être scénariste, Heather lui proposa que si un jour, elle le finissait qu’elle lui montre. Certes le compliment qui était fourni avec était un peu fait pour brosser Birdie dans le sens du poil mais il était réellement pensé. L’actrice pouvait se montrer manipulatrice quand elle en avait envie mais elle était aussi capable de faire de vrai compliment.
- Allez je mise sur le fait qu’avant 10 ans, tu m’en ais montré un.
Est-ce qu’elles se parleraient toujours d’ici là ? La blonde n’en avait aucune idée. Elle n’était pas du genre à trop se projeter dans la vie à part dans sa carrière. Et c’est d’ailleurs cette partie-là qui l’intéresse à ce moment précis. Il fallait qu’elle apprenne son texte et au final, la Cadburry allait peut-être pouvoir se rendre utile. Cette proposition eut l’air de bien intriguée la blonde qui lui posa des questions et qui semblait pour le coup bien intéressait à l’idée de la faire réviser. Un rire s’échappa de sa gorge quand Birdie lui fit une petite moue boudeuse.
- Evidemment que si mais parfois il faut bien que tu y mettes un peu du tiens pour me le rappeler.
Son ton était un peu flirty car au final, l’actrice s’était rendu compte que ça commençait à faire un moment qu’il n’y avait eu rien d’autres que des actions tout à fait platonique entre elles. Et qui sait ? Ça serait peut-être l’occasion de se faire un petit plaisir comme cela faisait un moment. Et puis il fallait bien qu’elle se fasse pardonner de cette fausse histoire qui avait l’air de trotter encore dans l’esprit d’Heather. Si la jeune femme n’avait pas autant insisté dessus, l’actrice aurait déjà oublié cette invention. Alors elle lui proposa à la place de venir la voir sur le tournage de la série et un nouveau petit rire s’échappa de nouveau de sa gorge et elle secoua la tête en souriant en voyant Birdie se vexer avant de tout de même accepter. Alala elle avait fini par un peu la connaitre à force et Heather savait qu’elle n’aurait pas résisté à la proposition.
- Super, tu me diras quel jour tu veux venir.
Dans un élan de générosité, elle lui proposa même de regarder quelques épisodes de sa série même si elle n’avait pas envie. Heather faisait réellement un effort et elle espérait que la blonde s’en rendrait compte. Son sourire s’étendit encore plus en voyant la belle lui taper dans la main pour accepter.
- Oh c’est vrai ? Y’a des vidéos d’un spectacle de fin d’année que je peux voir ? Elle lui fit des yeux suppliant comme le chat potté car elle avait vraiment envie de voir mini Birdie faire une pièce de théâtre même si c’était juste jouer un arbre. Puis elle roula des yeux en voyant celle-ci lui demandait si ça ne spoilait pas.
- Tu sais que c’est l’histoire de cette série la romance entre la reine et la servante ? Après si je te demande de m’aider sur une scène de la saison 2 évidemment que ça va un peu spoil car c’est une scène que personne n’a encore vu. Et puis pourquoi tu as regardé ma série Disney avant celle-là, c’est celle-ci dont je suis la plus fière. Elle fit une petite moue triste. Et puis s’il te plait, j’ai vraiment besoin de ton aide, il n’y a pas de grosse révélation et de personnages qui meurt. Juste la servante qui rassure mon perso et un petit bisou.
Elle était comme une enfant qui demandait à ce qu’on joue avec elle. Birdie n’allait pas lui faire faux bond car elle n’avait pas regardé la série depuis 1 an.
“Allez je mise sur le fait qu’avant 10 ans, tu m’en ai montré un.” Je prends le pari dans ma tête mais je ne signe rien ; il n’est pas question de me prononcer sur quelque chose que je sais d’incertain depuis des années. J’écris pour moi car il n’y a que moi qui semble pouvoir comprendre ; avec un peu de volonté, je pourrai essayer d’y mettre le fond et les formes pour le commun des mortels mais ma motivation retombe à chaque fois comme un soufflé. Je laisse le bénéfice du doute à Heather qui semble voir le verre à moitié rempli, étant plus optimiste que je peux l’être quant à une quelconque ambition en moi. Autant dire que je ne préfère pas protester ; sa foi en moi est jolie, mais je pense me connaître mieux que personne en la matière. Ou alors, c’est parce que je persiste à me vautrer dans ce quotidien que je hais tant que cet état d’esprit ne me quitte pas. Ugh. C’est infernal. Je ne répondrais rien. “Evidemment que si mais parfois il faut bien que tu y mettes un peu du tiens pour me le rappeler.” Elle me brosse de toutes les lames de son peigne pour se faire un peu pardonner et je suis conciliante, je hume légèrement en hochant la tête. “Alors arrête de pester quand je débarque chez toi.” Puisque par définition, c’est ma façon de le lui rappeler, que je suis sa muse adorée.
“Super, tu me diras quel jour tu veux venir.” “Tu me diras quelles scènes seront les plus intéressantes à voir.”
Si je me déplace, c’est pour voir mon amie dans des positions absurdes, ou se battre à l’épée, monter à cheval ou, le mieux du mieux, aller à un bal. Je pourrai presque me proposer en tant que figurante pour ce dernier cas de figure car enfiler une robe d’époque serait un fantasme absolu. Je suis sûre que je peux rendre ma petite poitrine plus pulpeuse avec un corset bien ajusté. “Oh c’est vrai ? Y’a des vidéos d’un spectacle de fin d’année que je peux voir ?” Elle ne perd pas le nord, la jolie actrice, et elle récolte ma langue contre mon palais pour désapprouver là où elle veut en venir. “Uhuh, même pas en rêve. T’as déjà vu tous les dossiers que t’avais à voir chez moi.” Il ne faut pas non plus abuser ; je ne suis pas sotte pour lui donner toutes les munitions nécessaires qui ne mèneront qu’à se foutre un peu plus de moi à chaque fois. Non, c’est hors de question, j’ai un minimum d’amour propre et de protection envers moi-même, voyez-vous. “Et ces yeux de chat potté ne t’amèneront nulle part avec moi, jeune fille.” Que je rajoute en relevant le menton comme une mère noble que je ne suis pas - je prends même la peine d’imiter l’accent anglais je pense réussi à la perfection alors qu’il est plus pincée qu’il ne le faut. J’aurai essayé.
“Tu sais que c’est l’histoire de cette série la romance entre la reine et la servante ? Après si je te demande de m’aider sur une scène de la saison 2 évidemment que ça va un peu spoil car c’est une scène que personne n’a encore vu. Et puis pourquoi tu as regardé ma série Disney avant celle-là, c’est celle-ci dont je suis la plus fière.” Je fais quand même la moue, sur mes gardes car quand même, je serai très contrariée si c’est un gros spoiler. “Et puis s’il te plait, j’ai vraiment besoin de ton aide, il n’y a pas de grosse révélation et de personnages qui meurent. Juste la servante qui rassure mon perso et un petit bisou.” Je me mords la lèvre ; ce n’est pas tant le souci du spoiler qui a fini par disparaître mais le reste. Rassurée et un petit bisou. Il n’y a pas de petits bisous entre la servante et la reine. Ou alors, je ne les vois pas de la même façon. Est-ce que je suis en train d’appréhender ? Visiblement oui. “On peut s’y mettre ?” J’hoche la tête avant de me risquer à lire le script - au moindre spoiler trop percutant, j’étripe Heather. Juste la servante qui rassure mon perso et un petit bisou. Elle a oublié de préciser qu’il y a les mains qui naviguent, les yeux qui s’accrochent et le baiser, à aucun moment il est précisé que ce n’est qu’un “petit bisou”. Je prends ma respiration en me redressant, bien décidée à mener à bien cette mission. J’ai connu pire. Tout va bien se passer. Je peux me détacher. Ce n’est qu’une répétition. J’aide une amie. Personne (aka Jordan) ne m’en voudra. “Okay okay, on peut y aller. Tu t’es lavée les dents, j’espère ?” Je ne peux pas m’empêcher de lancer une boutade pour me détendre. Pourquoi est-ce que ça me parait aussi compliqué, bordel ?
Heather ne peut s’empêcher de rouler des yeux avant de sourire à la demande de Birdie de ne plus pester. Certes elle n’aimait pas les arrivées à l’improviste de Birdie, elle était persuadée que ce n’était pas très compliqué d’arriver à utiliser ses mains pour envoyer un texto disant qu’elle allait arriver. Surtout que Birdie pouvait se montrer très douer avec ses mains quand elle le voulait alors envoyer un texto n’était pas insurmontable à côté.
- Peut-être que si tu apprenais à envoyer un sms avant d’arriver cela me rendrait encore plus heureuse de te voir.
Parce qu’au fond, l’actrice avait commencé petit à petit à s’habituer à Birdie qui venait tambouriner à sa porte quand bon lui semblait. C’est juste qu’aujourd’hui n’était vraiment pas le jour pour ça mais elle ne pouvait pas lui dire. Elle savait que si elle ne mentionnait qu’une seule fois le prénom de John, la Cadburry aurait été capable de s’attacher à son canapé pour le rencontrer ou sauter dessus de joie et franchement Heather appréciait son canapé pour ne pas vouloir qu’il soit maltraité. Heather prit le temps de réfléchir face à la demande de venir sur le tournage lors d’une scène intéressante. Elle ne savait pas trop ce que ça voulait dire. Elle en voulait une avec du drama ou une qui en mettait plein les yeux, du style une bataille ou un grand bal.
- Un bal ça t’intéresserait ?
Heather savait qu’il y’en aurait un d’ici la fin de la saison, elle n’avait pas encore eu le script de l’épisode en rapport. Mais elle avait vu la chef de service du département des costumes motiver ses troupes pour faires des robes et des costumes. Même si elle n’était pas persuadée qu’au final ce soit le meilleur plan car Birdie était capable de voler une robe pour compenser l’échec qu’elles avaient subi l’an dernier à cause de Will. Une moue boudeuse comme si on lui avait enlevé un cadeau de noël devant ses yeux apparut lorsque Birdie refusa de lui montrer cette vidéo. Birdie passait son temps à regarder des dossiers sur elle en matant sa série Disney, cela pouvait bien vouloir une petite compensation avec un spectacle de fin d’année.
- Booouuuuhhh t’es pas drôle Birdie. Il faudra que je trouve un moyen de recontacter ta sœur pour lui demander.
Bizarrement elle se disait qu’elle n’aurait pas trop de mal à convaincre la sœur qu’elle avait rencontré lors de leur voyage à Elimbah. Celle-ci avait l’air bien enclin à faire facilement des plans pour embêter sa cadette en plus d’être très mignonne. Un rire s’échappa de sa gorge lorsque Birdie la réprimanda avec une tentative d’accent britannique.
- Pas trop mal l’accent anglais même s’il n’est pas parfait. Tu as peut-être été anglaise dans une autre vie.
Elle lui fit un clin d’œil même si vraiment Heather aurait aimé voir cette vidéo. Ce qu’elle ne comprit pas vraiment par contre. C’était le manque d’entrain de la miss météo quand elle lui avait annoncé le style de scène dont elle voulait de l’aide. Elle était persuadée que la jeune femme aurait sauté sur l’occasion pour changer de style d’activité ce qui n’aurait pas été pour le déplaire. Là elle faisait presque sa mijaurée en lui demandant même si elle s’était lavée les dents.
- Roooh t’es sérieuse ? C’est pas comme si tu ne m’avais jamais embrassé auparavant.
Elle secoua la tête avant de fermer les yeux un instant et se mettre dans la peau de son perso et les rouvrir en prenant un air triste et désolée en attrapant les mains de Birdie.
- Je suis désolée Gwen, je n’aurais jamais dû agir comme ça mais j’ai eu peur qu’il nous surprenne.
Elles continuèrent de jouer la scène jusqu’au moment où Heather posa sa main sur le visage de Birdie pour la regarder amoureusement et s’approcha pour capturer ses lèvres qui lui paraissait depuis le temps si familière.
“Peut-être que si tu apprenais à envoyer un sms avant d’arriver cela me rendrait encore plus heureuse de te voir.” Je n’en suis pas autant persuadée, la remarque sous-entendue que la jolie actrice m’octroie me passant dix lieues au-dessus de ma charmante tête blonde. “Mais où serait l’effet de surprise si je te préviens, mmh ? Avant, les gens passaient à l’improviste chez leurs amis. Il n’y avait pas de sms pour prévenir. Il n’y a rien de fun à prévenir.” Je parle comme si j’avais quarante années de plus que ma jeune amie - ce qui n’est évidemment pas le cas, comme le prouve le cas infime de rides que je refuse de commencer à voir. Je n’ai pas été assez froissée par l’existence pour avoir les plissures et les reliures du visage, de toute façon. Ce qui est bien arrangeant. “Un bal ça t’intéresserait ? ” Je la regarde comme si une troisième tête (et donc une deuxième aussi) venait de pousser à côté de la sienne. Elle se moque de moi ? Est-ce qu’elle me pose vraiment la question ? “Un bal ? Si un bal m’intéresserait ?” Je pourrai presque hurler toute l’air de ma cage thoracique en dansant dans toute la pièce tellement que l’idée m’enchante. Heather pourra le voir dans mes yeux ; je dois y avoir les étoiles et les paillettes qui se chevauchent et éclairent mes prunelles bleutées. “Evidemment qu’un bal m’intéresserait! Ils prennent des figurants, tu crois que je pourrai être figurante ? J’aimerai beaucoup être figurante, je peux même faire ma propre tenue si y a besoin tant qu’on m’apprend à danser comme à l’époque.” Je m’emballe et j’enchéris, comme d’habitude, pour ne pas changer - cela n’arrivera jamais, certains ont essayé mais personne n’y est parvenu. “Cela pourrait être si drôle, Heather, on pourrait s’entraîner toutes les deux!” Rien de tel qu’une nouvelle expérience que je n’ai jamais testé auparavant pour me galvaniser jusqu’au sommet de l’Olympe (rien que ça).
“Booouuuuhhh t’es pas drôle Birdie. Il faudra que je trouve un moyen de recontacter ta sœur pour lui demander.” Je lui tire la langue en guise de réponse tout en redressant le buste, bien décidée à ne pas me laisser avoir aussi facilement. Elle n’a toujours pas le numéro de ma sœur et je ferai preuve de discrétion sur ce sujet aussi longtemps que nécessaire. Je ne suis pas assez sotte pour mettre en relation deux êtres qui peuvent à tout instant révéler toute sorte de dossiers et s’en servir contre moi à mes pauvres dépens. Non pas que j’en ai honte - je n’ai honte de rien, ou presque - mais je n’aime pas qu’on se ligue pour se moquer de moi. “Pas trop mal l’accent anglais même s’il n’est pas parfait. Tu as peut-être été anglaise dans une autre vie.” Je souris légèrement en relevant le petit doigt. “Nous sommes des anglais lointains. Les Australiens sont au service de sa Majesté, après tout.” Enfin, les australiens anglophones. Nous tairons l’histoire de ce cher pays qui a fait baver bien plus d’encre que j’ai de salive pour l’exploiter et l’expliquer en le pointant du doigt. Ce n’est pas le combat d’aujourd’hui, ni même le mien.
“Roooh t’es sérieuse ? C’est pas comme si tu ne m’avais jamais embrassé auparavant.” Je ris légèrement parce qu’Heather ne pouvait que s’attendre à ce que je sorte une connerie pareille, soyons honnête. Une arme bien pratique qui est aussi un joli bouclier pour épargner à mon intérieur la petite pointe de stress qui peut me tirailler à ce moment même. “Je suis désolée Gwen, je n’aurais jamais dû agir comme ça mais j’ai eu peur qu’il nous surprenne.” Oh. La transition est belle, il n’y a pas de doute sur les raisons qui font qu’Heather est actrice. Je la regarde deux secondes, interdite, avant que je secoue la tête, lit mes lignes tout en tentant d’y mettre les formes pour que ça soit plus fluide. Je prends mon rôle très au sérieux - aussi bien celui de cobaye pour s’entraîner que de la servante triste d’avoir été aussi humiliée par sa grâcieuse Reine.
L’air amoureux de l’actrice pourrait faire tomber dans le panneau n’importe qui et je n’ai qu’à peine le temps de cligner des yeux qu’elle s’est vachement rapprochée pour poser ses lèvres sur les miennes. L’automatisme veut que je plonge ma main contre sa nuque, que je laisse mes lippes entreprendre cette danse si familière avant de stopper brutalement. Le goût n’est pas le même, la pression non plus, il y a des mèches longues qui caressent mes phalanges et c’est une odeur féminine qui envahit mes narines. Mes paupières qui commencèrent à se fermer se relèvent brutalement en même temps que je m’écarte de ma partenaire de jeu. Je me décale de quelques centimètres sur le canapé pour remettre une distance raisonnable tout en raclant ma gorge, les yeux sur le script. “Tu m’as l’air de connaître ton texte plutôt bien. Tu veux recommencer une nouvelle fois ou ça te va ? Je suis une bonne partenaire, pas vrai, hein, dis, avoue que je suis plutôt douée.” Ma tentative de détourner l’attention d’Heather est un peu foireuse, je dois bien l’admettre. Mais ce n’est rien face à mon coeur battant à une allure folle avec une sensation âpre dans la bouche ; celle-là même qui me rappelle que l’être que je veux embrasser est à des kilomètres d’ici et que je suis en peine de m’être montrée de la sorte avec Heather. D’autant que je ne suis jamais la dernière pour l’embrasser et plus si affinités. Mais si à la Pride, je refoulais l’air de rien ses petites avances, il est clair que maintenant, ce n’est plus aussi subtile. Je n’y arrive plus, je n’en ai pas envie et cela n’a rien avoir avec le charme d’Heather qui est indéniable ; la faute à des sentiments qui dépassent l’entendement envers un être qui est à des kilomètres d’ici.
Heather avait l’impression d’entendre parler John lorsqu’il s’agissait de venir à l’improviste chez les gens. Comme quoi avant le téléphone, les gens venaient chez les autres sans envoyer de messages ou téléphoner. C’était le plaisir de voir quelqu’un venir lui rendre visite et penser à elle, mais bon Heather ne vivait pas au Moyen Age elle, elle y jouait juste un rôle dedans. Si les téléphones avaient été inventé c’était bien pour une raison et pour qu’ils soient utilisés sinon elle serait allée se perdre en plein milieu de la campagne américaine et serait devenue amish. Entre Birdie et John elle ne s’y habituerait jamais. Encore son agent cela passait car ils avaient quasiment un lien familial maintenant même si le « coucou vient me chercher à l’aéroport, je suis là pour 2 semaines », n’était pas trop bien passé, Heather faisait avec. Mais Birdie elle ne comprenait pas car certes l’autre blonde était plus âgée qu’elle mais pas à ce point.
- Oui mais c’était avant depuis on a la technologie. Et si j’avais été avec quelqu’un ?
Parce que bon là elle était seule mais l’inverse aurait très bien pu arriver et Heather aurait surement tué la Cadburry de tout lui casser pour regarder une série. Mais bon elle avait l’impression que ça ne servait à rien d’insister, qu’elle le veuille ou non Birdie n’en démordrait pas à sa plus grande tristesse. Elles dérivèrent sur le sujet de faire venir la jeune femme sur un tournage et qu’est-ce qu’elle ne proposa pas en lui parlant de bal. Les yeux de Birdie s’allumèrent comme si elle venait de recevoir le plus beau cadeau du monde de la part du père noël. Sa réaction la fit sourire d’amusement et sincèrement en voyant à quel point l’idée faisait plaisir à son amie. Il allait falloir qu’elle se renseigne pour avoir des infos et savoir précisément quand ça arriverait. Elle se doutait qu’elle n’aurait pas trop de mal à faire venir Birdie sur le tournage sachant qu’en plus de ça, elle bossait chez ABC elle aussi.
- Oui il faut des figurants dans ce genre de scène, je suis persuadée que tu pourrais en faire partie ! Après non pour la tenue c’est le département des costumes qui te le donnera, désolée de briser ton rêve. Y’aura surement une choré à apprendre, ça peut être très fun. Je vais me renseigner et je te dirais. Maintenant qu’elle avait annoncé l’idée et qu’elle voyait que Birdie s’imaginait déjà en robe d’époque à faire une danse médiévale, elle ne pouvait plus faire marcher arrière. Mais c’est vrai que l’expérience serait fun. Déjà passer une journée ou plus pour un tournage avec Birdie il y’aurait de quoi bien rigoler et puis c’était la première fois qu’elle amènerait réellement quelqu’un sur un plateau. Heather tira la langue à réponse à celle de la Cadburry toujours attristé de voir qu’elle ne voulait pas lui montrer son ancienne expérience d’actrice. Elle ricana au geste maniéré de lever le petit doigt pour dire qu’au fond elle était quand même un peu anglaise.
- C’est vrai après tout la reine est bien sur vos billets de 5 dollars. Presque elle avait plus de lien avec son pays d’origine à présent qu’elle était en Australie qu’auparavant quand elle était à Los Angeles. Finalement elles se mirent enfin à répéter la fameuse scène après la question un peu stupide de Birdie. L’actrice eut un sourire en coin dans sa tête lorsqu’elle vit que son changement d’un coup quand elle se mit dans le personnage fit son petit effet. La répétition ne se passa pas si mal, Birdie n’était pas la meilleure actrice mais c’était suffisant pour l’aider à faire la scène et malgré des ratés dans son dialogue, Heather ne s’en sorti pas trop mal. Puis le moment du fameux baiser arriva ainsi que le moment le plus bizarre. Habituellement cela aurait été l’occasion pour Birdie d’accentuer le baiser et de passer à des affaires beaucoup plus drôle mais pas du tout. Au contraire en embrassant la blonde elle eut l’impression de faire un baiser de film. C’était juste les lèvres contre les lèvres rien de plus et le pire se fut lorsque Birdie s’écarta d’un coup d’elle. WTF ? Heather regarda la blonde avec un air très suspicieux et confus, elle savait très bien que ce n’était pas son haleine et sa tentative de passer à autre chose fut la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Heather posa le scripte sur sa table basse.
- Bon Birdie, j’ai l’impression qu’il y’a un truc qui cloche. Tu es vraiment bizarre depuis quelques temps. Et quand je dis bizarre, c’est bizarre dans ton comportement habituel. Normalement tu aurais sauté sur l’occasion pour me déshabiller et là on dirait que tu viens de te brûler. Déjà à la pride tu étais un peu étrange mais j’ai rien dit mais depuis j’ai l’impression que tu évites par tous les moyens d’être tactile avec moi. Et n’essaye pas de me bullshit, je pense qu’on est assez proche pour que tu me dises la vérité.
“Oui mais c’était avant depuis on a la technologie. Et si j’avais été avec quelqu’un ?” Je bats de la main en l’air tout en lâchant un petit “pff” parce qu’en vrai, ça ne m’aurait pas dérangé, je me serais encore plus incrustrée. Cependant, ses mots se réalisent sérieusement dans ma cabosse et mon visage s’illumine soudainement à l’image d’une petite lumière qui l’allume par surprise dans ma tête. “Il y a des gens avec qui tu aurais pu être ?” que je demande, ingénue curieuse qui papillonne des yeux pour jouer de mes charmes afin d’ironiquement gratter les profondeurs de mon amie. Surtout sur un sujet aussi vaste et varié que l’amour - ou le sexe, je pourrai presque avoir honte de me reprendre, les deux se mélangeant dans ma tête récemment sans que je n’y puisse faire quoique ce soit. Si on venait à faire une étude sur mes pensées, il serait prouvé que mon esprit est rempli de niaiserie et de chamallows, sans que je puisse le réfuter - mais j’en râlerai, évidemment, en me débattant de mes petites pattes d’oiseau juste pour le plaisir de protester.
Je fais rire Heather néanmoins par une réaction aussi spontanée et sincère d’enthousiasme face à sa proposition. Ce qui ne me presse qu’un peu plus de sauter sur l’occasion pour demander à y faire une apparition - et croyez-moi, si on ne me voit pas, je m’en fouterai complètement, je veux seulement compléter un fantasme de gamine. “Oui il faut des figurants dans ce genre de scène, je suis persuadée que tu pourrais en faire partie ! Après non pour la tenue c’est le département des costumes qui te le donnera, désolée de briser ton rêve. Y’aura surement une choré à apprendre, ça peut être très fun. Je vais me renseigner et je te dirais.” Je tape dans mes mains parce que mon rêve n’est pas brisé, c’est même carrément mieux. “Oh ça serait chic! J’ai vraiment hâte. Tu me diras quand c’est et je ferai en sorte d’être disponible. Non, rectification ; je serai dispo quoiqu’il arrive. Je ne veux pas manquer un bal royal.” Ni même le tournage d’une scène mais ça, ce n’est qu’un détail. Ce qui compte est la tenue, la danse, le décor, la tenue. Et en parlant de reine, je finis par ne pas me rappeler comment nous sommes arrivées à discuter de la reine mère. “C’est vrai après tout la reine est bien sur vos billets de 5 dollars.” J’hoche la tête tout en plissant et déplissant le script sur mes genoux.
La suite se déroule parfaitement bien, je me débrouille pas trop mal à mon avis mais ça retombe comme un soufflé au moment du baiser. Quand bien même je me suis rapprochée, que je me suis un peu emballée contre ses lèvres pendant une micro seconde, l’électrochoc que j’en ai ressenti la seconde qui suivait est désagréable à souhait. Pourtant, l’haleine d’Heather a bien été lavée, il n’y a pas de soucis là-dessus. J’interroge mon intérieur mais la réponse est évidente tellement qu’elle flotte dans mon esprit - sous la forme de l’être qui se prélasse sur les plages de Los Angeles en ce moment (ou plutôt, qui les observe de loin). Si je tente de faire diversion suite à mon recul précipité et mes yeux baissés - serait-ce de la culpabilité ? le goût d’une petite trahison ? noooon. quand même. absurde. n’est-ce pas ? - cela ne fonctionne évidemment pas - et personne n’est surpris, sauf moi. “Bon Birdie, j’ai l’impression qu’il y’a un truc qui cloche. Tu es vraiment bizarre depuis quelque temps. Et quand je dis bizarre, c’est bizarre dans ton comportement habituel. Normalement tu aurais sauté sur l’occasion pour me déshabiller et là on dirait que tu viens de te brûler. Déjà à la pride tu étais un peu étrange mais j’ai rien dit mais depuis j’ai l’impression que tu évites par tous les moyens d’être tactile avec moi.” Je mords ma lèvre ; merde, je n’aurai pas pensé avoir manqué d’autant de discrétion - ce mot n’existant pas ni dans ton vocabulaire ni dans tes gènes, il n’y a que toi pour en être surprise, Cadburn. Je tripote le coin du script en écoutant l’actrice s’égosiller et s’insurger, tentant d’empiler toutes les excuses du monde ; cependant, plus son discours avance, moins mes retours paraissent cohérents. Jusqu’à la phrase ultime “Et n’essaye pas de me bullshit, je pense qu’on est assez proche pour que tu me dises la vérité.” Là, je sais qu’il y a un point de non retour à établir ; si je lui mens, Heather le saura et elle le prendra mal.
Alors je fais ce que toute adulte responsable ferait ; “mmh.” Un petit mmh de réflexion, un petit mmh pour dire “je t’ai entendu”, un petit mmh qui m’aurait agacé si j’étais à sa place. Alors je relève ma main dans mes cheveux tout en redressant mon visage contre Heather. ”Je sais, je sais, je sais, dieu seul sait que j’adore te déshabiller et observer ce qu’il y a en-dessous. Mais…” Mais, le fameux, qui me permet une petite pause (presque dramatique à souhait) le temps que je rassemble mes idées. Ce n’est pourtant pas compliqué mais comme nous parlons de moi et de sEnTimeNts, évidemment que c’est compliqué. “Je crois que je suis avec quelqu’un.” Oui, je crois mais je n’en suis pas sûre. Tout comme je ne suis pas certaine de l’inclinaison de la planète autour du soleil ni même de la teneur réelle de cacao dans le chocolat noir - et si c’est 79.9% au lieu de 80 ? Mon cerveau dérive et je lève mes yeux vers le plafond tout en m’enfonçant dans le canapé - si les entrailles terrestres pouvaient aussi m’engloutir, j’en serai très heureuse. “Le mec aux hoodies, Jordan… C’est quelqu’un de vraiment important.” Je reprends mes propres mots de la Pride pour insister sur un fait que je ne peux dénier. Il n’y a qu’à entendre mon cœur s’emballer que je vois son nom apparaître sur mon téléphone ou juste à l’évoquer. “Je n’aurai pas pensé… Enfin, je pensais que ça n’allait rien changer mais vu que je n’arrive pas à profiter de t’embrasser, c’est qu’il y a vraiment un bug dans la matrice.” Le bug, ce sont les sEnTimeNts. C’est de la faute de Jordan, clairement. Même à distance. Je repose mon attention sur Heather avec un visage un peu grimaçant. “On peut aussi dire que je me suis brûlée parce que t’es hot.” Okay, je ne peux pas m’empêcher de sortir une connerie pour me détendre les nerfs parce que cette visite devient un peu trop sérieuse à mon goût. Je finis par étendre mes paumes sur le script pour le détendre de nouveau sur mes cuisses dans un tic nerveux qui m’agace.
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