"You are my wonderwall"  – @milo wilson  

« Mais tu es un dragon Kenny. Ne l’oublie jamais. », cela la fit doucement glousser. Elle, un dragon. Elle était plutôt la petite fille à sa maman, celle qui suit les règles … du moins c'était ce que les gens pouvaient voir et croire aux premiers abords. Car, Kendall s'efforçait toujours à ne pas faire de vagues, pour ne pas décevoir le Paternel bien que quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, rien ne changeait. « Seul mon regard compte, non ? » fit cesser son rire pour se transformer en un sourire légèrement niais. Son meilleur ami. Elle avait de la chance de l'avoir comme allié. Milo était une valeur sûre dans sa vie. Elle en était persuadée. Elle et lui, c'était pour toujours. Alors, elle pressa sa main dans la sienne en haussant les épaules comme réponse à sa question … Seul son regard comptait ? Pas vraiment. Celui de son père. Celui de ses parents, en fait. Celui des gamins de son âge qui passaient leur temps à critiquer la Terre entière, elle y compris. Elle avait atteint l'âge auquel on est très susceptible aux jugements d'autrui. Hélas ! « Tu veux te sentir légère ? » Un « oh » de surprise s'échappa de ses lèvres alors qu'il la portait comme un sac à patate. Un éclat de rire incontrôlé alors qu'elle lui tapotait doucement le dos. Elle avait voulu passer inaperçu. C'était mission pas réussie du coup. Ses pieds retrouvèrent le sol et elle lui donna un petit coup de poing dans l'épaule. « T'es complétement malade ...» souffla-t-elle de cette voix néanmoins rieuse. Incapable de lui faire le moindre reproche, elle ne parvenait pas à teinter sa voix d'autre chose que de l'amusement. « Allez Kenny. Détends toi. » dit-il finalement en venant la faire tourner comme une danseuse… Son regard ne cessait de balayer la pièce et elle se rendait compte que certains les scrutaient et d'autres avaient déjà retrouvé leurs occupations précédentes sans vraiment s'intéresser à elle. Alors, elle plongea son regard dans le sien et accepta de danser, de faire abstraction des Autres. Au bout de quelques minutes, il n'y avait qu'elle et lui. Et, un sourire radieux venait se marquer sur son visage pour l'illuminer. Les minutes passèrent et Kendall avait le sentiment d'être sur son petit nuage. Qui dit nuage dit potentiel orage, non ?
« Kendall Dawson. » La voix rocailleuse de son père retentit derrière elle, presque comme une illusion. La lourde main du père de famille se posa sur son épaule et son sang se glaça en apercevant le regard de son meilleur ami. L'effet du Père Dawsonn. Kendall perdit aussitôt son sourire pour lui faire face. « Papa... je. » « Je ne veux rien entendre, Kendall. » qu'il rétorqua aussitôt en lui coupant la parole. D'un geste de la main, il pointait la porte de sortie tout en balayant la pièce du regard. Les bouteilles d'alcool lui donnaient déjà la nausée --- mais il n'allait pas faire la morale à la petite troupe d'adolescents. Il allait se contenter de faire la morale à sa fille … c'était avant de voir le visage du petit voisin, Milo. Un air mauvais se dessina sur son visage. « Tiens, tiens. T'es là aussi … Je suppose que tu peux prendre la même direction que Kendall … à moins qu'on soit au courant de ta petite escapade à la maison ... » « J'ai demandé à Milo de m'accompagner. » « On y va. » lâcha-t-il sur un ton grave tout en faisant un signe de la main à Milo pour lui faire comprendre qu'il ferait mieux de mettre les voiles aussi. La tête baissée, elle se retrouva rapidement devant la maison de laquelle se faisait de nouveau entendre la musique … gênée, humiliée, elle se mordillait la lèvre inférieure. « Non pas que je ne sois pas habitué à ce que tu me décoives Kendall, mais sur ce coup-là, j'avoue que tu parviens à mettre le paquet. » Et aussitôt les larmes vinrent se loger dans les yeux de la jeune adolescente.

you're my wonderwall-- @Kendall Dawson  

☽ 1997. Back to the 90s, baby. Milo ne supportait pas qu’on blesse sa meilleure amie. Il avait grandi avec, et elle était devenue comme une partie de sa famille. Ils se voyaient tous les jours, ils avaient grandi ensemble, donc forcément, tout ce que Kendall subissait, il le ressentait multiplié par mille. Il avait donc tenté de défendre son honneur, avant de se retirer un instant pour réconforter la rouquine. Il n’était pas très doué avec les mots, surtout à son jeune âge. Mais il essayait de lui redonner de la force, et de lui faire comprendre que le regard des autres ne comptait pas. Pourtant, le regard des autres serait une lourde peine sur les épaules de la rouquine pendant très longtemps… Mais il fallait qu’elle comprenne que rien ne comptait excepté le regard de ceux qui l’aiment, et encore… Parfois, c’était questionnable. Il finit par l’entraîner à l’intérieur afin de boire un shot de vodka, quelque chose de fun qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire, et dans la foulée il l’embarqua sur la piste de danse, il l’avait portée comme un sac à patate, et son rire lui fit du bien aux oreilles.  « T'es complétement malade ..» avait-elle lancé une fois au sol, après l’avoir frappé. L’adolescent avait rigolé de bon cœur, il s’en fichait du regard des autres, il voulait juste la faire rire. C’était sa plus belle récompense. Il finit par la faire tourner pour l’inviter à danser, et il vit enfin au fond de ses prunelles une certaine lueur qui le rassura. Elle n’était pas complètement anéantie, elle finirait par s’en remettre. Les deux adolescents finirent cette danse presque essoufflée, un éclat de rire au bout des lèvres. « Kendall Dawson. » Cette voix lui fit des frissons dans le dos, dos à lui, il n’eut pas besoin de se retourner pour reconnaître la voix de M. Dawson.  « Papa... je. » « Je ne veux rien entendre, Kendall. » Milo regardait Kendall se décomposer, il se sentait mal, pour elle, pour lui, pour ce moment où il avait enfin réussi à la faire sourire.  « Tiens, tiens. T'es là aussi … Je suppose que tu peux prendre la même direction que Kendall … à moins qu'on soit au courant de ta petite escapade à la maison ... » « J'ai demandé à Milo de m'accompagner. » « On y va. » Milo avait hoché de la tête, fronçant les sourcils à la remarque de Kendall. Elle n’avait pas besoin d’en rajouter… Le métis ne chercha pas à répondre, il se fit tout petit suivant la rouquine de près avant de se retrouver sur le perron de la maison. « Non pas que je ne sois pas habitué à ce que tu me décoives Kendall, mais sur ce coup-là, j'avoue que tu parviens à mettre le paquet. » Milo sentit ses muscles se tendre, il ne supportait pas la manière dont son père lui parlait. Il l’avait toujours trouvé ingrat. Il glissa une de ses mains dans celle de la rouquine, sentant qu’elle était sur le point de craquer. « C’est ma faute M. Dawson. Je voulais qu’elle m’accompagne absolument, elle ne voulait pas venir. J’ai insisté lourdement, je n’aurais pas dû. On a rien fait de grave, on a juste dansé… » finit-il par dire, le début de sa phrase sonnait avec beaucoup plus d’assurance que la fin. Il tentait de garder un minimum de contenance, il l’avait regardé dans les yeux, avant de faillir, et baisser son regard à ses pieds.

"You are my wonderwall"  – @milo wilson  

Les paroles du paternel étaient une torture à laquelle elle ne s'habituerait jamais. Alors, son regard s'écroula sur le sol. Il avait raison. Elle était une moins que rien. Elle ferait mieux de réviser, de s'entraîner, de se battre pour être la meilleure en tout pour tout. Pour quoi ? Pour qui ? Kendall courba le dos, entra dans la tête dans ses épaules. Si elle avait été un chien, elle aurait eu la queue entre les jambes. Son sourire n'était plus qu'un vieux souvenir. A cet instant, elle regrettait tout. D'être venue. D'avoir même souri, ri, d'avoir bu de l'alcool. Elle était la risée de la famille. Elle l'entendait déjà rugir. Elle l'entendait déjà la blamer. Mais, elle sursauta quand la main de Milo se glissa dans la sienne. Personne ne tenait tête à son père. Personne ne prenait sa défense contre son père. Personne, pas même sa mère. Elle tourna la tête vers Milo et son regard se changea quand ce dernier prit la parole. « C’est ma faute M. Dawson. Je voulais qu’elle m’accompagne absolument, elle ne voulait pas venir. J’ai insisté lourdement, je n’aurais pas dû. On a rien fait de grave, on a juste dansé… » Bien qu'il ait perdu de son assurance au cours de son petit discours, elle ne pouvait que l'admirer. Admirer lui et son courage. C'était lui le dragon. Elle, elle n'était que le petit chaton, celui qui vient de naître, qui ne voit rien et ne sait pas encore marcher. « Je ne me souviens pas t'avoir donner l'autorisation de parler. », lâcha-t-il simplement avant que son regard ne se pose sur ses mains encore prudes qui se tenaient, comme pour faire face. Il émit un léger grognement. Si jamais sa fille tombait sous le charme du voisin, il laissera tomber les armes et s'avouerait vaincu. « Ma fille est suffisamment grande pour pouvoir prendre ses décisions seule, il me semble ou alors es-tu en train de me dire que ma fille est une gamine incapable de prendre ses décisions seule ? Est-ce que c'est ce que tu es, Kendall ? » « Je ---. » « Vous n'avez pas fait que faire le mur. Vous avez trahi notre confiance. Vous avez menti. » « Je suis désolée. » souffla-t-elle en pressant la main de son meilleur-ami, les larmes aux yeux. « Comment est-ce que je peux te croire après un coup comme celui-ci ? Ca suffit maintenant --- vous deux, vous grimpez dans la voiture. On rentre et je ne veux rien entendre. Rien. »
Ils prirent place dans la voiture et Kendall était incapable de lui lâcher la main. Elle boucla sa ceinture, silencieuse. Le regard rivé sur ses genoux, elle voulait rentrer dans un trou de petite souris. Elle voulait disparaître. A tout jamais loin. Mais la main de son meilleur-ami vint chercher la sienne et du bout des doigts, il effleurait ses doigts. Elle tourna alors la tête vers ce dernier, et lui adressa un sourire timide, un sourire complice avant de bourger les lèvres de telle manière à former les mots « love you » parce que c'était vrai. Elle l'aimait. Pour tout. Pour être lui. Pour être là. Pour lui avoir offert une soirée où elle s'était sentie libre. Pour l'avoir fait sourire. Elle leva la tête pour croiser le regard sombre de son père dans le rétroviseur et elle croisa aussitôt les bras pour ne plus être en contact avec Milo.