Take off your mask

Archie &  @Aleisha Holt - 2006

« Naaaah, j’vais rester encore un peu, j’ai pas fini mon verre. » Archie pose le verre en question sur ses lèvres et balance la tête vers l’arrière pour mieux avaler le fond du mélange d’alcool qu’il s’est improvisé. Il regrettera probablement ses expériences demain matin mais, pour le moment, des feux d’artifice pétillent dans sa cervelle engourdie. L'ombre de James se projette encore sur le mur de la pièce, dans le coin. Le garçon n'a pas bougé de là de la soirée, comme si ses pieds étaient cloués au sol (littéralement). Archie capte son regard une minuscule seconde, en profite pour lui glisser un sourire sadique et lui faire un signe moqueur de la main. Il lâche sa victime quand une silhouette passe devant lui. Il jette un coup d’œil à l’un de ses potes qui se dirige en titubant vers la sortie et il tapote amoureusement l’accoudoir du canapé dans lequel il est installé depuis que le monde tourne autour de lui. Un petit groupe a encore l’énergie pour lancer un autre jeu d’alcool et Archie lève le menton, soudainement piqué d’intérêt. « Attendez-moi, j’arrive ! » Qu’il lance fermement en soulevant le poing, se relevant difficilement de son siège avant de louvoyer entre les déchets éparpillés sur le sol, direction la table de beer pong. À son arrivée, il reçoit une tape sur l’épaule qui manque de le faire tomber à la renverse mais il se raccroche de justesse au mur en éclatant de rire. Les autres élèves se joignent à son rire : tout le monde est très pompette. Le jeu commence et, comme d’habitude, Archie impressionne les foules avec son talent pour viser mais ça ne l’empêche pas de se servir un peu de bière entre deux bons lancés : après tout, il est là pour ne plus se souvenir de la soirée. La compétition fait rage et, entre deux éclats d’encouragement, l’adolescent sent la salive lui monter à la gorge. Yeux écarquillés, il s’empresse de rejoindre la porte coulissante qui mène sur la terrasse et, dès le moment où il aperçoit un carré de verdure, son corps se vide. Il reste penché au-dessus de ses dégâts quelques instants et, lorsqu’il se redresse, un ricanement mal placé fait vibrer sa gorge. Il trouve appuie contre une sorte de statuette en pierre, louche en tentant de comprendre la forme qu’elle représente, mais il abandonne bien rapidement lorsque les étourdissements l’obligent à fermer les yeux. Il souffle un juron en appuyant doucement sur ses paupières avec ses pouces. La vodka, le whiskey et les boissons énergisantes ne font visiblement pas bon ménage. Archie reste sur place plusieurs minutes, se faisant copain avec la sculpture de pierre et les quelques buissons environnants et il déniche du coin de l’œil un banc à moitié occupé. Sans vérifier le visage de la jeune femme installée à droite, il la rejoint. Elle tient entre ses mains une bière. Il lui offre un sourire à la fois moqueur et plein d’assurance quand il s’assit maladroitement à côté d’elle. Sa tête se renverse vers l’arrière quand il grogne une longue plainte épuisée. Il observe les étoiles quelques secondes (celles qui existent réellement ainsi que celles créés par son imagination). « On est dans la même classe en anglais, non ? » Il marmonne finalement en basculant la tête sur le côté pour regarder la demoiselle à sa droite. Il observe son visage silencieusement et un nouveau sourire ravageur étire ses lèvres à l’horizontale. « Aleisha… » Il marmonne pour lui-même quand le prénom de sa voisine de banc lui revient en tête. Il fait souvent semblant de se moquer des autres, Archie, mais il se souvient des prénoms de la grande majorité des élèves. C'est un atout favorable pour mieux régner. « Holly… Hu… H… H… H-quelque chose. » Il ricane, sa rangée de dents dévoilée. Il repose ses yeux sur le ciel noir en ravalant un nouveau haut le cœur qui passe rapidement, heureusement. « T’sais, ce qui est cool avec les party, c’est qu’on rencontre du monde, on se fait des potes, on fait la fête. » Il tapote le soulier d’Aleisha avec sa semelle pour la titiller. « C’est pas dans le jardin que tu découvriras les plaisirs de l’adolescence. » Il attrape la bière de la jeune femme par le goulot et observe son contenu. Il fait une moue en la redonnant à sa propriétaire visiblement très à jeun. « Et t’as à peine bu. C’est con. L’alcool est gratuit à l’intérieur, tu devrais en profiter. » Nouveau long soupir qui traverse son corps entier, de son estomac fragile à son crâne en bouillie. Les mots ne prennent plus le temps d’être réfléchis avant d’être propulsés par sa voix rauque : « C’est les vacances, après tout, faut fêter ! Sauf si t’as obtenu des résultats de merde qui t’empêcheront d’être acceptée dans le programme de tes rêves. » Il précise en fronçant les sourcils, scrutant Aleisha d’un œil insistant. « Dans ce cas-là, tu peux pleurer sur mon épaule. » Il parle, il parle, il ne sait plus s’arrêter. Il est comme ça lorsque l’alcool lui monte à la tête. S’il n’a plus la force de se lever sur ses jambes, il pourrait réciter le dictionnaire en entier sans faire de pause.        

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Archie flotte sur son petit nuage de barbe à papa et il n’y a rien ni personne qui pourra le faire descendre de là. Il se sent toujours plus vivant, là-haut perché sur son piédestal, et l’alcool l’encourage davantage à profiter de cette sensation de pouvoir qu’il ne perd jamais vraiment mais qui s’amplifie lorsqu’il a perdu toute contenue. Le monde est à ses pieds, les étoiles brillent de mille feux pour faire étinceler sa silhouette et la lune tourne autour de lui, pas de la Terre, contrairement à la croyance populaire. C’est pour cette raison, grâce à son aisance et sa désinvolte, qu’il n’a aucun mal à rejoindre une élève de sa classe même s’il ne lui a jamais parlé. Aussi, elle occupe le banc sur lequel il rêve de poser ses fesses depuis qu’il a perdu l’équilibre. Il tente de deviner son prénom, il le trouve, il se fait corriger par un surnom, puis il boite un peu plus lorsqu’il fait tourner ses neurones pour trouver son nom de famille. Il ne lui laisse même pas le temps d’accepter sa présence encombrante et bavarde qu’il se met à réciter toute sa vie comme si ses mots étaient suspendus à une corde qu’on lui extirpait de la gorge. Il fait battre ses cils quand il se tait enfin, attendant qu’Ally alimente la conversation, parce que c’est ce que les êtres humains font. Ils discutent, rétorquent, relancent, pour faire semblant de s’intéresser à l’autre avant de retourner à ses occupations. « Oh ! Tu as terminé ? Désolée, je n’étais pas certaine que tu aies fini ton monologue… j’voulais pas couper le grand Archie. » Le sourire qui coupe son visage en deux est fier, confiant, et il ronronnerait presque s’il n’avait pas encore un peu de digni… Non, en fait. Il ronronne un peu, en mouvant son bassin sur le banc, cherchant une position plus confortable sans lâcher du regard les yeux de l’adolescente. « Tu connais mon nom, toi aussi ! » Ce n’est pas réellement une surprise puisque le statut d’Archie n’est plus à prouver : l’école entière le connait, tous les professeurs aussi, même ceux qui ne lui enseignent pas dans les autres niveaux. Il est celui qui accueille autant de critiques négatives que de bons mots. Il n’a pas de vrais ennemis, ou alors personne n’ose s’en prendre à lui et la bande de vautours qui l’encerclent et le protègent à longueur de journée. Sauf qu’ils pas là dans le moment présent, parce qu’ils luttent encore contre leur fatigue pour terminer une autre partie de beer pong, à en entendre les acclamations à travers la fenêtre ouverte. « Vu l’état léthargique dans lequel tu te trouves, je me dis que tu as sûrement dû boire les verres qui me manquent, non ? » À ses mots, il fait une moue en regardant son verre d’alcool, qu’elle lui a repris des mains avant qu’il ne le vide. « Les plaisirs de l’adolescence, tu disais … » Il répond aussitôt : « Ne juge pas. Je l’entends, ton ton sarcastique. » Il marque une pause puis rigole mollement en répétant « ton ton », parce qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’il se tape une barre. Mais il reprend soudainement son sérieux lorsqu’Ally prétend qu’il peut se compter chanceux d’être tombé sur elle. « Et toi tu tombes sur moi parce que je faisais partie du bordel et que j’ai besoin de prendre l’air. » Il tend ses deux mains devant lui, à bout de bras, et fait mine de tanguer un peu comme un bateau sur une eau houleuse avant de retrouver une stabilité impeccable, les paumes à la même hauteur. « C’est une question d’équilibre. L’eau et le feu, le chaud et le froid, le calme puis la tempête… » Sortant enfin de ses contemplations philosophiques, il se retourne vers Ally en plaquant ses mains sur ses genoux comme le ferait un Homme qui trouve la solution à l’équation la plus compliquée. « C’est pour ça que le destin m’a amené jusqu’à toi. Nous sommes deux contraires. Tu pourrais me présenter ton univers de fille isolée qui préfère ne pas se faire remarquer, et moi je t’apprendrai à te faire des potes et à voler la vedette. Tu as des potes, d’ailleurs ? » Il demande, ne connaissant véritablement pas la réponse à la question parce que, s’il connait tout le monde à l’école, il n’a pas encore pris le temps de s’informer sur les cercles d’amis. En classe, il s’abandonne à la création d’avions en papier tout en écoutant d’une oreille attentive la matière, présentée par l’enseignant, qui s’imprime dans sa tête à la lettre près et, durant les heures de pause, il préfère occuper son temps à toutes sortes de fantaisies, quand il n’est pas plutôt occupé à faire la misère à une bande de geeks ridicules.    
   

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« T’emballes pas, j’ai juste une bonne mémoire. » La tête dans les étoiles, Archie ne pourrait pas perdre son sourire narquois tandis que l’élève qu’il a décidé d’accompagner tente de lui faire croire qu’elle se souvient de lui seulement parce qu’elle a de bonnes facultés cognitives. Non, il ne veut pas y croire une seconde. Lui, il a une bonne mémoire, elle, elle a entendu son prénom à de nombreuses reprises parce qu’il est le seul à grimper sur les tables à la cafétéria pour partager un discours à cœur ouvert. Personne ne pourrait l’oublier. Même la poussière qui forme un drap sur le dessus des machines distributrices le connait. Votre attention s’il-vous-plaît, Archie Kwanteen est demandé au secrétariat est l’hymne officiel de leur lycée. « Tu as voté pour moi pour les élections ? » Il demande avec intérêt, lui qui connait déjà les résultats de ces fameuses élections, pas parce qu’il lit l’avenir, plutôt parce qu’il a la confiance d’un buffle en pleine course.

Il la fait ricaner, et c’est tout à fait normal, parce qu’Archie fait rire tout le monde, y compris Aleisha Holt, la fille qui préfère la compagnie des chaises plutôt que celle des autres élèves de l’école. Entendre son rire décuple son assurance et il continue son exposé sur l’équilibre nécessaire dans l’univers pour que la Terre continue à tourner. Les gens comme lui se font inévitablement guider vers les gens comme elle, parce qu’ainsi les deux personnalités créerons un balancement parfait dans l’univers. Il ne faut pas poser trop de questions : dans la tête remplie d’alcool d’Archie, ses propos sont aussi sensés que 1 + 1 = 2. « Si j’ai des potes ? » Il hoche de la tête en attendant avec curiosité sa réponse qu’il est certain de déjà connaître, parce qu’il connait absolument tout de tout. Un vrai génie qui fait immanquablement craquer Aleisha, c’est certain. Il suffit de voir son sourire pour capter qu’elle ne déteste pas sa compagnie – et c’est tout à fait normal, beaucoup jalousent probablement cette place de luxe qu’elle a à ses côtés (absolument personne ne les regarde, en fait). « Des potes, des amis, des amours, des complices… » Il dicte tous les synonymes qui lui passent par la tête, les yeux visiblement emboués. Mais ils sont toujours aveugles, ses yeux, parce qu’il ne se rend pas compte que ses amis à lui n’en sont pas des vrais. Seulement des poules qui suivent le coq bruyant en espérant recevoir un peu d’attention en retour. « Qui te dit que j’ai envie d’apprendre à voler la vedette ? Et est-ce-que j’ai une tronche à avoir besoin de me faire des potes ? Je fais si pitié que ça ? Oh merde ! … » C’est étrange comme une assurance dégage d’elle, mais pas la même sorte d’assurance qui coule d’Archie et sa couronne. En se repositionnant mieux sur le siège, il la scrute plus longuement, cherchant à lire derrière sa prunelle. « Tu fais un peu moins pitié que les gens qui n’ont pas été invités à ce party, certes. » Il précise en haussant les épaules, cherchant à la faire réagir d’une manière ou d’une autre. Provoquer les gens pour voir leur véritable visage : c’est la stratégie pour laquelle il opte depuis toujours, qu’il soit en classe, chez lui ou en pleine compétition de boxe devant un adversaire qui fait trois fois sa taille. « Archie, ici, il n’y a pas de spectateur, juste toi et moi. T’as pas à me sortir ton numéro de clown. » Ses lèvres se pincent et il jette un coup d’œil autour d’eux, remarquant seulement maintenant la noirceur et le silence saisissable qui les envahit. À travers les rires et les cris étouffés entre les murs de la maison, ses tympans arrivent même à attraper le chant des criquets en plein vol. « Ce n’est pas un numéro de clown. » Il se défend mollement, cherchant avec ses mains un verre d’alcool qui n’existe plus puisque la jeune femme a récupéré ses droits sur sa consommation. « … ça doit être fatiguant à force. » Ses sourcils se froncent et il accroche ses yeux à ceux d’Aleisha dans l’espoir qu’elle soit celle qui baisse le regard. Hélas, elle tient le coup. Étrange. « Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu crois que je joue la comédie ? » Il pouffe d’un rire faux qui ne s’éternise pas bien longtemps avant qu’il n’avale sa salive sèche. Oui. C'est fatiguant de jouer ce rôle, mais ça ne lui apporte que du bon, lui qui rêve de succès. « Tout le monde joue la comédie. » Il répond, la voix un peu plus insistante. « Certains le font mieux que d’autres, c’est tout. » Et, lui, il le fait mieux que tout le monde. Ça ne fait pas de lui un clown. « Pourquoi tu es venue ce soir, si t’avais l’intention de passer la soirée dehors, seule sur ton banc ? Tu essayes de jouer la comédie, mais tu n’y parviens pas complètement, pas vrai ? » Il demande, une lumière malicieuse traversant ses yeux vaporeux. « Tu essayes de te convaincre que tu aimes les party, mais c’est pas du tout ton truc. »
   

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Archie &  @Aleisha Holt - 2006

Archie pose la question à tout le monde. C’est sa façon de chercher de l’attention quand il n’en obtient pas assez. Il adore voir le visage des gens se tordre de surprise quand il leur demande s’il leur a conféré leur vote aux stupides élections de classe. C’est habituellement une information qui ne doit pas être dérobée de la bouche des votants mais Archie sait être convaincant en fixant de ses deux grands yeux insistants, voire envoutant telle la flute qui chante devant le nez d’un cobra. « C’pas comme si mon vote changerait la donne, si ? » Il hausse mollement les épaules en secouant la tête de droite à gauche. Elle a raison. Il sait déjà qu’il a gagné, et ce ne sont pas quelques miettes perdues qui lui voleront la victoire. Seulement, il aimerait savoir si même les plus discrètes, comme Aleisha, lui vouent une certaine admiration. Il règnerait sur tout le peuple, alors. « Sûrement pas, mais je voulais savoir si tu avais confiance en moi pour être un bon représentant des droits des élèves. » Il le dit d’une voix sarcastique mais ça ne change rien au fait qu’il a toujours pris ce rôle à cœur et que, même si aux premiers abords il semble se torcher le cul de la vie étudiante, en privé et avec le directeur de l’école et les enseignants, il sait être sérieux. Il peut faire le boulot mieux que quiconque. Homme à tout faire. Loup-garou la journée et vaillant doberman la nuit. Il est certain qu’il fera quelque chose de grand quand il sera adulte. « Un bon représentant de tes droits, notamment. » Il ajoute dans un roucoulement en battant des cils, son visage fendu en un sourire digne du président de l’Australie.

S’il y a quelque chose qu’Archie ne pourrait pas nier, c’est qu’Aleisha a beaucoup plus de crocs que ce qu’il aurait imaginé. Le petit animal terré dans son trou n’est pas aussi inoffensif qu’il ne laisse paraître. « Woh ! » Elle s’exclame sous la surprise devant Archie, qui se positionne plus confortablement sur le siège, prêt à entendre sa répartie. « Tu trouves vraiment que personne ne fait pitié à cette soirée … sérieusement ? Entre le type qui pense avoir une touche avec une fille juste parce qu’elle a ri à sa blague, plus sous l’effet de l’alcool que pour son charme … et celui qui a un peu de vomi sur ses chaussures. Woh ! » Il suit son regard qui le guide à la hauteur de ses chaussures de sport, qui ont effectivement intercepté quelques gouttes de vomi. Un gloussement impressionné s’échappe de ses lèvres et secoue sa poitrine. Il relève la tête. « Aïe. » Il ironise, posant sa main étourdie sur sa poitrine. « Ça se lave ! » Il se défend d’une voix amusée, juste avant de plisser les paupières pour mieux la scruter à travers une mince ligne. « Je suis seulement le deuxième type que t’as décrit, j’espère. » Celui qui a vomi sur ses godasses. Pas celui qui se trompe en pensant avoir une chance de ramener une fille chez lui pour la nuit. Parce qu’il est certain, aveuglé comme un cerf devant les phares d’un camion, qu’aucune fille ne louperait l’occasion de se faire chérir par les mains d’Archie. Ce sont les mains d’un Dieu.

Redescends sur terre.

Aleisha décide d’offrir à Archie une petite séance improvisée de psychanalyse. Il ne s’offusque pas quand elle prétend le connaître, et même quand elle le compare à un clown. La raison ? Il n’est pas le seul à porter un masque. Tout le monde le fait pour survivre dans l’environnement hostile qu’est l’école. Il ne se gêne pas pour faire savoir à la jeune femme qu’elle aussi, elle joue la comédie, parce qu’elle essaye d’apprécier la soirée alors qu’elle n’est visiblement pas à sa place ici. « Mais quel génie ! » Il sourit en notant la proximité qu’elle a elle-même initiée. Il la regarde avec deux yeux joueurs quand elle se sépare de lui. « A vrai dire, je pensais que ça me plairait, t’as raison. Je ne joue pas la comédie, je teste tout simplement. Mais, c’est définitivement pas mon truc. » Il opine, confiant. « C’est quoi ton truc, alors ? Le tricot ? Les mangas ? Les émissions de téléréalité ? Les livres de romance gnan gnan ? » Toutes des activités que sa petite sœur introvertie a elle-même testé. Elles se ressemblent peut-être, toutes les deux. Toutefois, Madison ne sait pas alimenter un débat. Elle se contente d’entendre l’avis des autres sans donner le sien. Aleisha ne pourrait visiblement pas se laisser duper par les jolis discours d’Archie, aussi convainquant soient-ils. « Pour tout te dire, je crois que c’est la première fois depuis que j’ai mis le pied ici, que j’ai le sentiment de pouvoir parler normalement … » Il se mord la lèvre inférieure pour s’empêcher d’imploser de satisfaction. Pourtant, ses yeux brillants parlent à sa place. « Oui, oui, tu peux t’emballer Archie, je viens de te faire un semi-compliment. » « Je prends tous les compliments qui sortiront de votre bouche, votre majesté ! » Il s’exclame en bondissant sur ses pieds. Il lui faut quelques instants de concentration pour ne pas tomber à la renverse, étourdi comme un manchot à la patte cassée, puis il tend la main à la jeune femme pour l’aider à se relever. « Je les récolte à la petite cuillère, jusqu’au dernier, et les cache dans une toute petite boite pour bien les protéger. » Il ajoute juste avant de faire tourner la jeune femme sur elle-même, peu importe si elle est prête ou pas. D’ici, ils peuvent entendre la musique s’écouler par les fenêtres entrouvertes comme des filaments de magie. Il s’arrête un instant en soulevant son index devant lui et sort de sa poche un paquet de chewing gum à la menthe. Il en glisse un dans sa bouche pour étaler la saveur sur sa langue. Juste par précaution. « Alors, ton truc à toi c’est de parler normalement. Mon truc à moi c’est de m’amuser. Laisse-moi le temps d’aller voler une bouteille d’alcool et on peut s’enfuir tous les deux et affronter la ville comme des géants. Tu as déjà essayé de marcher en plein milieu de la rue, la nuit ? C’est incroyable. Ça nous fait sentir invincible. Point bonus si on intercepte une voiture qui nous klaxonne à la gueule. » Et il capte son regard, s’accroche à celui-ci comme s’il attendait une réponse à une audition qu’il aurait passée, les deux bras ouverts devant pour l’inviter à s’enfuir avec lui dans la nuit de Brisbane.      
     
   

@Aleisha Holt Si elle accepte de se joindre à lui dans cette périlleuse aventure, je te propose que tu fasse progresser le rp jusqu'à ce qu'ils soient plus loin, en train de discuter en plein milieu de la rue ?

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Archie &  @Aleisha Holt - 2006

Archie n’aura donc aucune réponse. Il ne saura pas si Aleisha lui a attribué son vote. Bien sûr que ça l’agace de rester dans l’inconnu mais il ne laissera rien paraître parce que, après tout, il est Archie, et il ne se soucie pas de l’opinion des autres. Du moins, c’est l’impression qu’il veut donner et, pourtant, tous les jours il s’assure que ses blagues rencontrent leur public et que les têtes se tournent vers lui quand il traverse le couloir de l’école. Il ne serait rien sans tous ces yeux qui l’admirent ou le détestent, peu importe, tant qu’il marque l’esprit des gens. Il ne sera pas oublié s’il disparait du jour au lendemain. « D’après ce que j’ai vu, je te rassure, tu fais partie de la deuxième catégorie … » Elle n’aurait pas pu prouver son poing si elle avait affirmé le contraire car la liste des filles qu’il a ramenées chez lui est longue, certainement bien plus que celle de la majorité. Il se demande alors si Aleisha en a une, une liste qui répertorie ses partenaires de la nuit. Il posera la question plus tard. « Bien vu. » Il se penche un peu vers elle ensuite pour souffler d’une voix confiance : « Parce que je suis certain que tu ne pourrais pas me résister. » qu’il dit en arborant un sourire ravissant sans jamais laisser ses yeux s’échapper des siens pour ne pas manquer un seul rictus de sa réaction.

Dans un élan philosophique et surtout sponsorisé par l’alcool, Archie explique sa théorie que personne n’a demandée. Selon lui, il n’est pas le seul clown. Tout le monde porte le masque à sa façon, et Aleisha n’est pas épargnée. Il voit bien qu’elle n’est pas venue ici avec le même intérêt que lui, et il se demande même si elle a un réel intérêt à rester assise dans le jardin. Elle admet qu’elle ne passe pas la soirée la plus agréable, que ce n’est pas son truc, les party. « Le softball. » Le garçon ne peut cacher sa surprise face à cette révélation. Elle est une sportive, alors ? Il n’aurait pas pu le deviner. Devant la réaction de l’autre, il se fait tout petit en rigolant, et il soulève ses mains devant lui pour s’excuser de l’avoir associée à des activités plus calmes, plus féminines. C’est un réflex pour lui de penser de cette façon puis qu’il a été élevé par deux parents très conservateurs. Ce sont les garçons qui se lancent la balle. Les filles s’adonnent à des activités plus calmes et souvent plus artistiques. Saddie a déclenché une bombe lors du dernier repas de famille en partageant son intérêt pour le sport qu’Archie pratique lui-même : la boxe. Elle a réussi à convaincre leurs parents de laisser le garçon l’initier à la pratique, pour le plus grand bonheur d’Archie qui peut désormais s’entraîner à la maison. « Je fais même partie de l’équipe du lycée … m’enfin ! On a pas d’équipe de cheerleaders, alors disons qu’on passe souvent au second plan. » « Toutes mes excuses, je t’ai mal lue. » Il consente en joignant ses mains devant lui pour demander le pardon, faisant de la situation un jeu. « Tu portes très bien ton masque toi aussi. » Il lui rappelle alors en lui faisant un clin d’œil. Chaque élève est un clown, seulement maquillé et costumé différemment.

« Ce n’était qu’un compliment ; ne t’attends pas à en recevoir d’autres. » Il s’est emporté, Archie, se levant sur ses jambes non seulement pour les dégourdir, mais aussi pour entraîner Aleisha dans une danse improvisée. « Les prochains viendront sans même que tu ne t’y attendes. » Il déclare en faisant tourner la jeune femme sur elle-même avant de lui proposer de fuir avec elle. Ils pourraient défier la ville et la nuit, ils pourraient boire et rivaliser contre les règles qu’il n’a de toute façon jamais suivies dès le moment où ses parents avaient le dos tourné. Ces derniers pensent avoir un fils parfait et il l’est, à sa façon, certes. « Ok » Les quelques lumières se reflètent sur ses dents entièrement dévoilées. « Je te suis. On y va. » « Pas bouger ! » Il ordonne en la pointant avant de tourner des talons pour rentrer dans la maison. Il lui suffit de garder la tête basse et de se frayer un chemin dans la foule pour trouver la table d’alcools sans se faire intercepter. Avec la même vitesse et la même volonté, il ressort avec une bouteille d’alcool et emporte Aleisha dans ses aventures nocturnes. Au loin, le son de la musique s’évanouit plus ils pénètrent la ville et un silence agréable les accueille bientôt.

« Et, ça t’arrive souvent d’avoir ce genre d’occupation ? » Au milieu de la rue, il tend la main pour récupérer la vodka. Il voit trois gorgées à son tour, se fichant bien de déjà voir les étoiles en double. La sensation de flotter est agréable et il arrive toujours à mettre un pas devant l’autre. « Marcher dans la rue la nuit ? » Il demande, mou. « Seulement la nuit. » Il ricane, pouffe de rire même, parce qu’il est son humoriste préféré et tous ceux qui ne reconnaissent pas son talent sont des idiots. « Naaaah, ouaiiiiis, je suis souvent de sortie. C’est mieux que de rester enfermé chez nous, tu ne crois pas ? » Et, voyant la jeune femme jouer les funambules sur la ligne blanche au centre de la rue, il se joint à elle, derrière, et ouvre ses bras à l’horizontale pour mimer ses mouvements. Sa démarche est bien moins calculée que la sienne et très souvent sa semelle tombe à côté de sa cible. « On a pas intérêt à se faire écraser par une voiture ... ma mère serait capable de me ramener de l'au-delà pour pouvoir me tuer une seconde fois de ses propres mains si jamais elle était au courant de ce que je suis en train de faire. » Il ne peut s’empêcher de rire. « Une enfant modèle. Elle te coupe encore ta bouffe en petits morceaux pour qu’ils soient plus faciles à mâcher ? » Il la taquine et s’approche un peu plus d’elle en sautillant à cloche pied pour tester ses limites. « Ouais, moque toi ... je fais partie de ceux qui respectent les règles. » Ça, il aurait pu le deviner, contrairement à son intérêt pour le softball. « et qui a décidé de faire une petite pause ce soir, grace au guide spirituel que tu sembles être ... en plus d'être un clown. » Un guide spirituel ? Il aime bien ce nouveau statut flatteur. Il lui ouvre la voie et les yeux. Ils pourraient faire encore mieux que de faire du funambulisme sur une ligne de peinture. « Et la sage fille que tu es a déjà embrassé un garçon ? » Il marque une pause, fixant ses cheveux en attendant qu’elle se retourne sous l’effet de la surprise. « En tant que guide spirituel, je veux m’assurer que tu… ouvres tous tes… chakras… » Cette fois, il ne sait pas exactement de quoi il parle. C’est un terme qu’il a déjà entendu quelque part mais il n’a jamais fait ses recherches. Il se ridiculisera peut-être mais il est le dernier à s’en soucier. Il pourra blâmer l’alcool, aussi.                      
 

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Même si la compagnie d’Archie est plus supportable quand il n’est pas entouré de sa bande d’amis, il ne pourra jamais s’empêcher de lancer des piques à ceux ou celles qui ont la chance (oui) de passer du temps avec lui, et lui seul. Après tout, le diction dit vrai : on taquine ceux qu’on apprécie. Et, Aleisha, il commence à bien l’aimer non seulement parce qu’elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, mais aussi parce qu’elle lui renvoie elle aussi des bêtises, ne se prenant pas complètement au sérieux. Le garçon ne saurait dire si c’est seulement l’alcool qui agit sur elle ou si c’est son naturel. Dans tous les cas, il passe un bon moment avec elle, détail qu’il ne précisera pas parce que son égo lui coupe constamment la parole. « Plus depuis quelques semaines. Je suis enfin sevrée. » Qu’elle dit en accompagnant sa répartie d’un majeur. Archie fait mine de vouloir l’attraper pour le chérir autant que les compliments. « Bientôt la puberté, alors. » Il répond, toujours sur le même ton à la fois amical et moqueur, un mélange qu’il maîtrise à la perfection. C’est pour cette raison que personne ne le déteste totalement. Il insulte avec amour.

Mais Archie est Archie et il ne changera pas totalement même s’il se trouve avec une fille aussi sage qu’Aleisha. Adolescent qui découvre les plaisirs de la vie depuis déjà un peu trop longtemps, c’est sans aucune surprise que l’idée lui traverse l’esprit alors qu’il marche derrière la jeune femme, sentant le parfum de son shampoing. Il lui demande, innocemment, si elle a déjà embrassé un garçon et elle se tourne brusquement pour les immobiliser tous les deux au milieu de la nuit. Il ne se sépare pas de son sourire quand elle lui répond avec un ton certain et assuré. « Alors … oui Archie, j’ai déjà embrassé un garçon » Il cache ses lèvres étirées derrière le goulot de la bouteille d’alcool. Il avale une gorgée en laissant ses yeux contempler les étoiles dans le ciel puis rabaisse la tête pour chercher celles dans les pupilles de la jeune femme. « Je le connais ? » Il demande sans réellement se soucier de la réponse. Peu importe de qui il s’agit, il s’en torche. La compétition n’existe pas dans ses filets. « Pour ces chakras là, tu as une saison de retard. » Il ricane en s’approchant d’elle un peu plus pour que seulement quelques centimètres les séparent. Il veut voir sa réaction ; si elle recule ou si elle le laisse se glisser dans sa bulle. « Et pour les autres chakras ? » Elle comprendra. Leur discussion ne fait aucun sens, mais elle comprendra. Leur proximité, ses yeux gorgés d’intérêts, sa lèvre inférieure qu’il humecte, ses traits détendus, son sourire qui s’éteint petit à petit pour laisser place à seulement des lèvres entrouvertes et un souffle un peu plus rapide. Ce message qu’il lui envoie en laissant son regard glisser jusqu’à ses lèvres, puis sa tête qu’il redresse pour s’assurer qu’elle l’a bien réceptionné, le message. « J’habite juste à côté. » Il précise en haussant les épaules, l’air anodin, comme si le hasard les avait guidés jusqu’ici. Mais, évidemment, c’était prévu. Ce n’est pas la première fois qu’il utilise cette technique. Archie sait ce qu’il veut et, si Aleisha ne ressemble pas à toutes celles qu’il a ramenées chez lui dans le dernier mois, il a opté pour la même stratégie. Il n’est pas le plus gentil des clowns, non. Il sait ce qu’il veut, oui. Et il espère seulement qu’Aleisha le veut elle aussi. Si non, tant pis.  

                   
 

Take off your mask

Archie &  @Aleisha Holt - 2006

« J’pense pas » Et, même si Aleisha avait dit le contraire, Archie n’aurait pas posé plus de questions. Il n’aurait pas voulu savoir l’identité de ce garçon qu’elle a embrassé pour la simple et bonne raison qu’il s’en fiche complètement. Il n’est pas amoureux d’elle, elle n’est pas amoureux de lui, ils sont seulement deux adolescents bourrés qui ont fait de la route leur trottoir. Peu importe le passé ; le futur n’existera certainement pas parce que c’est comme ça qu’Archie fonctionne. Il ne s’attache à personne. Il est libre comme un oiseau et loin de lui l’envie de s’engager, du moins, pas pour tout de suite. Il peut bien en profiter un peu avant de trouver la bonne femme et de l’épouser, et de lui faire des enfants, et de fonder sa propre famille. Il ne dira jamais que cette idée ne l’intéresse pas. Il paraît que les hommes changent d’avis en prenant en maturité. Tant mieux s’il est encore jeune et con aujourd’hui parce que la jeune femme devant lui réagit à ses avances. Ils pourront être jeunes et cons ensemble si elle lui donne le feu vert. « Oh … » Il fronce les sourcils quand les yeux d’Aleisha se perdent ailleurs mais il retrouve son visage impassible quand elle le regarde à nouveau. Il ne perdra pas son assurance même si elle refuse. Il acceptera et tournera la page. « C’est donc comme ça que tu t’y prends. » Il esquisse un sourire pincé. Elle comprend le jeu. C’est à elle de décider de joindre la partie ou non. « Comment sont les statistiques ? Taux de réussite ? » La question mérite réflexion. Il aurait voulu se trouver un alibi pour penser plus longtemps mais Aleisha s’est emparée de la bouteille de vodka alors ses lèvres sont complètement libres de répondre. « 90% environ. La dernière m’a explosé de rire à la gueule en admettant être lesbienne. » Il grimace, visiblement déstabilisé par ce sujet, mais il arrive parfaitement à cacher son homophobie derrière la déception de ne pas avoir pu ramener cette fille-là chez lui alors qu’ils avaient parcouru la moitié de la distance. « Si tu acceptes, je passe à 92%. » Il ajoute en haussant les sourcils. Se vanter de ses conquêtes n’est certainement pas la meilleure stratégie alors il se racle la gorge et décide de mentir : « Je plaisante. Ça n’arrive pas si souvent que ça. Pas de cette façon, en tout cas. » Et il ment bien, Archie, c’est pour cette raison qu’il arrive à se faire aimer par la majorité. « Et personne ne te pose de questions en rentrant ? Tes parents par exemple … » Il secoue la tête sans même jeter un coup d’œil à son téléphone portable. Il sait qu’il est au moins minuit passé. « Non, ils dorment à cette heure-là. Ils sont sages. Comme toi. » Il renchérit pour la taquiner, la défier aussi. Est-elle assez brave pour se laisser guider par Archie le roi de l’école ?

« Parce que si je te dis que pour ces chakras là … tu tomberais à pic … qu’est-ce-que tu fais ? » Elle réduit la distance qui les sépare, il soutient son regard sans broncher et au moment où une voiture s’engager dans la rue, il glisse sa main dans le cou d’Aleisha pour approcher son visage du sien, lui envoyant des chocs électriques dans le corps en frottant son crâne de ses ongles. Il lui vole ses lèvres, lui partage toute sa maîtrise, tandis que la voiture klaxonne une fois avant de décider de les contourner. Quand il met fin au baiser, il ne relâche pas tout de suite sa tête parce qu’il veut admirer ses joues rougies par la surprise et la chaleur (grâce à lui), puis sa main glisse le long de sa nuque, de son épaule, puis de son bras pour venir lui saisir les doigts tout au bout : « Sa majesté me ferait-elle l’honneur d’aller jouer la comédie dans ma chambre ? » Il demande d’une voix suave en reculant doucement, sans lâcher sa main, pour l’inviter à le suivre en direction de chez lui.  

Take off your mask

Archie &  @Aleisha Holt - 2006

Un petit jeu. C’est toujours ce que ça a été. Charmer, voler un rire puis des lèvres, et convaincre de faire plus. Aleisha ne se déloge pas à la règle. Archie tourne autour d’elle comme un paon qui affiche ses plumes les plus colorées. Au milieu de la rue, il lui donne l’impression d’être reine du monde et l’alcool est dans son camp. Tous les deux la font danser sur la ligne blanche, tous les deux se serrent les coudes pour lui faire voir des étoiles.

Et, même si le garçon pourrait trop facilement trébucher en disant la chose qu’il ne devrait pas dire, il arrive de justesse à se rattraper au fil, funambule de profession. Nager, nager encore, nager plus rapidement vers Aleisha, faire battre ses cils et ses nageoires et regarder ensemble les petites bulles remonter à la surface en même temps que leur tête se remplie d’alcool, remplaçant pour la soirée leur retenue par la désinhibition afin qu’ils fassent les pires choix. Mais, la différence entre les deux joueurs, c’est qu’Archie sait pleinement ce qu’il fait puisqu’il chasse toujours de la même façon. Il installe religieusement les mêmes appâts. Pauvre Aleisha. Il aura réussi à lui faire croire qu’elle est différente des autres.

Mais elle l’est un peu quand même, non ?

« Comment pourrais-je refuser de visiter l’antre du grand méchant loup ? » Il presse doucement ses doigts dans les siens lorsque leurs mains se joignent. Il ne lâche pas la jeune femme du regard, contemple ses joues rougies par l’excitation, et il se sent fier comme d’habitude. Il l’est même un peu plus, parce qu’Aleisha ne correspond pas à ses proies classiques. Elle paraît plus allumée ; il suffit d’entendre ses réparties et son sens de l’humour pour le constater. Mais elle le suit, et c’est tant pis pour elle, et tant mieux pour l’autre.

C’est d’un pas pressé qu’il guide sa partenaire jusqu’à chez lui. Ils n’ont besoin que de traverser quelques terrains avoisinants pour arriver. C’est une large et impressionnante maison qui les accueille tous les deux. Archie jette un coup d’œil par la fenêtre de sa sœur au deuxième étage pour réaliser qu’une faible lumière tamisée caresse les murs. Certainement encore en train de lire en plein milieu de la nuit, celle-là. « Essaye de ne pas faire de bruits. » Il conseille à Aleisha en glissant la clef dans la serrure. Un rire étourdi s’échappe de ses lèvres lorsqu’ils pénètrent ensemble dans le hall d’entrée. Le premier étage est plongé dans le noir, sans surprise. Ils rejoignent sa chambre à pas de souris. Devant celle de Madison, il frappe trois petits coups pour lui faire savoir qu’il est rentré, et aussitôt la lumière de sa lampe torche s’éteint. Il ricane. Une fois enfermés dans la sienne, il laisse à peine le temps à sa compagnie d’observer la décoration minimaliste (il y a surtout des dizaines de trophées et médailles sur les murs, frimeur), qu’il la porte juste qu’à son lit en lui dérobant à nouveau ses lèvres. La lame est plantée dans sa poitrine, il ne reste plus qu’à vider la proie de son sang en l’aveuglant avant tout avec des paillettes et des confettis.

Lundi midi. Archie est assis sur la table comme s’il n’avait jamais entendu parler des chaises. Ses amis (figurants) le ceinturent en grignotant toutes sortes de collations. Les conversations ne volent pas bien hauts mais les rires sont bruyants. La plupart des élèves dans la cafétéria les lorgnent, soit désireux de les rejoindre, soit dégoûtés de voir une bande de hyènes agir comme les rois de la jungle. Du coin de l’œil, Archie capte la silhouette d’Aleisha et, s’il lui glisse un minuscule sourire complice, il ne le remarque pas. Son attention retourne bien rapidement en direction de Xavier qui lui envoie un raisin qu’il attrape avec sa bouche. On l’applaudit ; il s’incline en remerciant son public. La même routine, jour après jour, sans qu'il ne se lasse jamais.