« Hi yourself… » Ses bras sont fort autour de ta frêle personne qui s’éparpille à chaque seconde au gré des gouttes qui tombent. L’oiseau volatile est rattrapé en plein vol, les ailes que l’on abaisse avec application sans avoir envie de les déployer de si tôt. Parce qu’il est bien là où il est, l’oiseau. Le bec redressé, le compagnon qui ne lâche pas, rien du tout, à aucun moment. Que ce soit les yeux ou l’étreinte. Les lèvres ou les paumes. Suspendus dans le temps, ailleurs, partis, dans un autre monde ; le vôtre, le cocon, la bulle, la zone. Cet endroit qui n’appartient qu’à vous, qu’à vos échanges langoureux, qu’à vos embrassades sentimentales. Qu’à vos mots, ceux que vous prononcez et ceux que vous suggérez. Ils sont intenses, les mots suggérés. Ils sont là, ils sont palpables et la beauté veut que vous les entendiez sans que l’autre n’ait à les dire. Il n’y a qu’à sentir le pouls de ton partenaire sous tes doigts trempés. Le rythme bat à la même mesure que le tien ; un tourbillon d’une force intense. Il n’y a que vous, tes prunelles ne le quittent pas, il n’y a que sa forme qui se fait royal à ton existence et cela te perturbe autant que ça te plait. Tu as une nouvelle addiction, la plus belle, la plus entraînante, et tu souris encore plus fort. Ta capacité à aimer n’a jamais été un problème ; mais ta capacité à ressentir aussi fort, tu ne l’aurais jamais vu venir. Ton monde est plus magnifique et attrayant avec un Jordan dedans. Quand les esprits se rencontrent et se connectent aussi simplement que naturellement. Tu t’emmêles les pieds mais si c’est pour trébucher sur sa forme, tu pourrais le faire encore et encore jusqu’à entraîner une fracture des chevilles.

Mais ses baisers seraient les meilleurs pansements du monde. Tes cils tiennent des gouttes de pluie rendant ta vision floue et pourtant, tu n’as jamais eu la sensation de voir ton partenaire aussi parfaitement qu’à ce moment-là. T’as envie de l’étouffer contre toi. Tu pourrais pleurer de remerciements. Envers son être, de t’avoir laissé entrer dans sa vie. Envers le monde, pour que ton chemin ait croisé le sien. T’es reconnaissante de tout, de chaque étape, du pire comme du meilleur car c’est ce qui te permet d’avoir le souffle coupé quand ses lèvres viennent épouser les tiennes. Que ses phalanges sur ta joue font disparaître chaque goutte qui pourrait s’y prélasser. Tu es trempée mais tu n’as pas froid ; pas quand ton partenaire te retourne la tête, pas quand son étreinte te suffit à réchauffer ton être tout entier. « Told you I’d catch you if you fall… » Et ses mots... Aucune seconde pour y réfléchir car le baiser reprend et tu soupires contre ses lèvres. Tes deux mains sont docilement posées sur sa nuque pour ne pas que sa tête s’échappe de toi - as if. Tu es complètement courbée contre lui, la position n’est pas des plus agréables - et pourtant, si. T’as le coeur en émois, le palpitant défiant tout athlète de haut niveau - l’éthanol n’arrangeant pas les choses - et tu râles légèrement quand sa bouche s’éloigne. Tu relèves tes paupières qui se sont closes pendant ces longues minutes que tu aurais volontiers prolongée, un léger sourire apparaissant. “We’re supposed to dance.” que tu dis d’une petite voix, la remarque absurde alors que vos émotions sont encore sans dessus dessous. La chanson invite à bouger et pourtant, vous n’avez pas quitté votre slow depuis que tu as failli flancher. “Mais j’imagine que c’est mieux pour ma sécurité qu’on reste comme ça.” Tes prunelles dérivent sur ses lippes et un pouce sur la courbe qui se colore doucement - malheureusement, ce n’est pas de ton propre fait. “Par contre, ça serait visiblement mieux pour ta santé qu’on aille se mettre à l’abri. Voir si on peut se sécher et se réchauffer quelque part. On veut que tu m’attrapes moi, pas la crève.” Tu ne perds pas le nord alors que tu te mets sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue. “Rejoins les autres, je vais me chercher à boire.” C’est quasiment en le poussant vers la table où se trouve toujours Teddy et Chase que tu l’incites à se mettre à couvert avant que tu tournes les talons pour aller rapidement au bar.

Tu attends patiemment ton cocktail, les doigts tapotant contre le comptoir, quand tu entends un “hi there” à côté de toi. Tu relèves la tête vers le haut du bar en soupirant lourdement. Le type se présente mais pour ce que t’en as à faire, tu ne l’écoutes pas. Ton verre apparaît en face de toi. Tu le prends entre tes doigts en te tournant vers le type. “Married. Bye there.” Ton doigt à Will, ton cœur à Jordan, l’inconnu dont tu ne daignes aucune attention n’a pas à avoir les détails. Tu souris en voyant toujours autant de gens sur la piste improvisée, te frayant un chemin vers la table qui est la vôtre depuis le début de la soirée. “On pourrait penser qu’une bague de mariage serait un frein mais pour certains, c’est un défi.” que tu dis en t’asseyant et oh que ça fait du bien. “A propos de mariage… Vous êtes ensemble mais chacun est marié, c’est ça ? J’avoue ne pas trop comprendre ce qui se passe.” Pauvre Chase, paumé comme la majorité des gens, avec un Teddy qui tapote sa main, l’air compatissant et qui dit clairement “it’s complicated”. “Si ça peut te rassurer, personne ne fait de l’adultère.” Ni Jordan et, encore plus surprenant, ni toi. Tu lui montres une fidélité sans faille depuis plusieurs semaines et c’est inédit, ça aussi. Ce qui te fait sourire tendrement envers ton compagnon en allant chercher sa main pour l’attraper. “I’m all devoted to them.” Si ce n’était pas encore clair.

Tu pourrais rester à l’embrasser comme ça pendant de longues minutes. Elle tient ta nuque de façon à ce que ça soit réalisable. Tu commences à ressentir quelques frissons sans trop y prêter attention parce que tu préfères l’embrasser que d’aller te réchauffer. Le baiser s’arrête mais vous êtes bien loin de vous décoller l’un de l’autre. Pourquoi faire? Vrai. Vous bougez doucement l’un contre l’autre et tu ne fais même plus attention à la musique, t’as pas envie de faire plus d’effort. Tu aimes être contre elle de cette façon. “We’re supposed to dance.” Don’t care. Vous êtes libres de faire absolument tout ce que vous voulez, quand vous voulez. Cette piste de danse n’en est pas une, vous n’êtes pas sensé danser nope. “Mais j’imagine que c’est mieux pour ma sécurité qu’on reste comme ça.” Tu la serres un peu plus car hors de question qu’elle tombe de nouveau. Tu baisses les yeux vers elle qui aime te toucher le visage. I love it too. Elle peut te toucher où elle veut, ça réchauffe ton coeur et ton corps aussitôt. “Par contre, ça serait visiblement mieux pour ta santé qu’on aille se mettre à l’abri. Voir si on peut se sécher et se réchauffer quelque part. On veut que tu m’attrapes moi, pas la crève.” Il est vrai que vous êtes tous les deux trempés. Elle se fait plus grande pour déposer un baiser sur ta joue. Tu vas lui voler un baise sur les lèvres. Tu essaies même de faire durer la chose mais elle te pousse vers votre table. “Rejoins les autres, je vais me chercher à boire.” Tu la regardes filer et c’est maintenant que tu sens combien tu as froid.

« Dude… »
« What? »
« Nothing. »

Tu sais qu’il te trouve stupide de t’être laissé te tremper de la sorte. Tu t’asseoies mais t’es déjà en train de mater les Ubers pour rentrer car c’était drôle sur le moment d’être sous la pluie, tu claques des dents à présent. Tu serres la mâchoire pour ne pas que ça se remarque. “On pourrait penser qu’une bague de mariage serait un frein mais pour certains, c’est un défi.” La voilà de retour à côté de toi. Ton téléphone posé sur la table l’écran ouvert sur Uber. “A propos de mariage… Vous êtes ensemble mais chacun est marié, c’est ça ? J’avoue ne pas trop comprendre ce qui se passe.” Tu souris de l’entendre mais tu ne dis rien. “Si ça peut te rassurer, personne ne fait de l’adultère.” Tu savais qu’elle allait prendre les devants pour expliquer. Elle vient prendre ta main. “I’m all devoted to them.” Le pronom neutre pour te qualifier n’entre pas dans l’oreille d’un sourd. Ton coeur qui bat encore plus vite si c’est possible. Ton amour pour elle qui ne fait que d’augmenter au fur et à mesure que les jours passent. « And me to you… » Que tu lui dis au cas où c’était pas clair non plus. Tu serres sa main en essayant de lui faire passer plein de choses par ce geste. I heard you. I love you. Thank you. Elle te prend en considération de toutes les façons possible. Tu as l’impression qu’elle te donne bien plus que tu ne lui donnes en retour. Tu sais que ce n’est pas une compétition mais elle te donne tellement… What did I do to deserve you? Tu vas poser un baiser sur ses lèvres, doux, long, simple. « Do you guys want to finish the evening at my place? » Tu demandes à tout le monde. Tu tournes les yeux vers Birdie. Tu n’auras pas donné d’attention à Teddy et Chase bien longtemps après t’être défait des lèvres de ta partenaire. Tu n’as d’yeux que pour elle et il t’est important de faire une précision suite à ta proposition. « Once you’re done with your drink. » Tu oublies de serrer la mâchoire entre deux phrases et il est très clair que tu claques des dents. Il doit faire qu’une petite vingtaine de degrés.

« You look like you’re dying Jor. »
« Thanks. Is it a yes? »

Il t'expose Teddy et ça te fait rire (non). Bitch. Mais tu l’aimes quand même. Yeah.

les dés:

Tes explications n’éclaircissent pas les interrogations de Chase mais tu décrètes que le plus important à savoir est qu’il n’y a pas de compagnons trahis derrière vous et que non, il n’en est pas l’infortune complice qui pourrait être mal à l’aise si c’était le cas. Tu n’as jamais su faire preuve de fidélité dans le passé, n’ayant jamais compris que certaines personnes s’attendaient à la vie éternelle suite à une coucherie absurde et alcoolisée qui n’avait rien de romantique ni d’annonciateur d’autre chose. Heureusement qu’au milieu de la route, tu as trouvé des personnes qui ne furent pas prises de tête - et Jordan. Celui-ci même dont tu caresses tendrement les phalanges avec l’expression la plus fondue et mordante que le monde peut porter alors que t’affirmes de plein front avec le courage que t’offres l’éthanol que tu lui es complètement dévouée. There’s really only you. Tu aurais ri à gorge déployée il y a trois mois si quelqu’un aurait pu prévoir une telle situation ; mais aujourd’hui, il n’y a pas de doute quand tes yeux plongent dans les siens. Tu ris toujours autant mais avec encore plus de légèreté. Parce que tu sais qu’il y a quelqu’un d’autre sur cette planète qui rira avec toi ; two bodies, one soul. « And me to you… » Tu mords ta lèvre parce que c’est réciproque, tu le lis dans son regard, tu le sens dans ses gestes. Jordan te fait sentir comme la chose la plus précieuse de ce monde et tu lui en es reconnaissante à chaque fois. Alors tu essaies de donner autant - sûrement trop parce que t’es comme ça, débordante et sans limite, extrême et envahissante. Jordan n’a pas l’air d’en être dérangé ; au contraire, il a même chamboulé une pièce entière chez lui pour que tu puisses y prendre tes aises. Si ton côté dubitatif te souffle que ce n’est qu’un remerciement et un geste de sa part pour lui avoir acheté un piano, le côté bienheureux et qui nage dans de la guimauve t’affirme que c’est la façon de ton partenaire de te montrer que lui aussi peut bousculer son existence pour toi.

« Do you guys want to finish the evening at my place? » Jordan t’observe avec insistance plus que l’autre couple en face de vous qui ont l’air de chuchoter entre eux face à une telle proposition. Tu penches la tête parce que pour toi, la réponse n’a même pas besoin d’être évoquée pour être connue ; tu finiras à Fortitude Valley quoiqu’il arrive, qu’importe qui vient ou non. « Once you’re done with your drink. » Oh. Ton attention se déporte sur le verre devant toi et t’as un léger sourire presque désolé qui apparaît.

« You look like you’re dying Jor. »
« Thanks. Is it a yes? »

Oh god. “J’ai jamais vu un mourant aussi attirant” ton sourire est amusé mais t’es inquiète de le voir comme ça, même si ton partenaire essaie de garder bonne figure. Jordan a l’air de serrer la mâchoire mais il n’y a pas besoin d’être médecin pour se rendre compte que son corps entier est en train de s’engourdir de froid. Ton propre corps s’hérisse légèrement sous la légère brise hivernale, le meilleur moment pour finir cul sec ton cocktail - ce qui n’est pas l’idée du siècle et qui te fait sursauter au premier orage qui tempête au loin. “Ok ok ok, we’re definitely going. You come over, guys ?” que tu demandes aux garçons en face de vous. “Yeah!” “No.” Ils n’ont pas l’air d’accord, t’hausses un sourcil dubitatif en les observant chuchoter de nouveau entre eux. Ta main vient en renfort stupide sur la cuisse de Jordan alors que tu te penches vers son visage pour l’embrasser doucement. “On aurait pas dû chanter aussi fort. Je parie que tu seras plus malade que moi.” tu préfères en rire alors que tu déposes un nouveau baiser sur le coin de ses lippes alors que Chase racle sa gorge pour attirer votre attention. “Ouais, nan, finalement, on a d’autres projets. On pourra mettre ça une autre fois.” Oh, Teddy a cet air cocky au visage et t’échanges un sourire sous-entendu avec Jordan. “Ok, une autre fois alors.” Ils vous quittent (tu ne manques pas de dire un silencieux “you go man” à l’encontre de Teddy) et tu te tournes de nouveau vers ton partenaire. “Et il n’en resta que deux. Qui trépassera en premier ? Le suspense est à son apogée.” Tu n’es pas drôle, Cadburn. Ta main vole dans le creux de sa nuque alors que tu te penches sur l’application des Ubers ouverte en pleine page sur le téléphone de Jordan. “Y en a dans moins de dix minutes. On va aller à l’intérieur pour limiter la casse en attendant.” Tu ne prends pas la peine de réfléchir à deux fois quand tu appuies sur la première voiture qui s’offre à tes yeux ni même à prendre son téléphone et sa main pour l'entraîner à l’intérieur. La pluie redouble d’intensité et tu te mords la lèvre une nouvelle fois en regardant avec envie alors que tes bras font le tour de sa taille - histoire de chaleur humaine et tout ça, comment ça, ça ne fonctionne pas parce que t’es aussi trempée que lui ? “Ca m’arrivait de prendre la douche sous la pluie. Surtout quand il pleuvait autant comme ça.” Tu souris doucement, l’esprit vaguement dans tes souvenirs. “Ce qui n’est clairement pas ton cas.” t’affirmes en levant ta tête vers lui pour sourire. Il n’y a aucun moyen que tu possèdes dans l’immédiat pour le réchauffer - la règle numéro une étant d’enlever ses vêtements, il est clair que ce n’est pas ici que cela arrivera. Tu le permettrais pas, de toute manière ; y a que toi qui a le droit de voir le corps nu de ton partenaire, à présent. T’es déjà assez soucieuse quand tu observes des regards qui l’observent - tu préfères te dire que c’est sa taille et ses tatouages qui font que Jordan ne passe pas inaperçu. Ton étreinte se renforce alors que tu vous berces gentiment. Techniquement comme une autre pour que Jordan garde son focus sur toi et non sur son corps qui se gèle de plus en plus.

“J’ai jamais vu un mourant aussi attirant” Birdie avec trois verres dans le nez c’est une Birdie qui en dit beaucoup des choses très facilement. Elle est cute à souligner autant combien tu lui plais. Ça te fait toujours autant de bien de l’entendre, tu peux pas le nier. Le tonnerre qui gronde fort d’un coup et la pluie qui redouble. “Ok ok ok, we’re definitely going. You come over, guys ?” T’es en train de regarder le ciel pour voir si c’est juste un nuage qui est là ou si ça va durer encore longtemps… C’est bien sombre partout. Damn. “Yeah!” “No.” Tu souris de les entendre ne pas être d’accord. Tu retournes la tête vers eux tous, la main de ton oiseau qui se pose sur ta cuisse. Ca te fait du bien. Ca te réchauffe de façon locale. “On aurait pas dû chanter aussi fort. Je parie que tu seras plus malade que moi.” T’as pas tellement pensé que t’allais tomber malade parce que tu ne l’es pas souvent. Elle embrasse ton visage. « Je chante très bien, c’est à cause de toi ça. » T’es adorable avec tes lèvres violette Jordan. T’es en train d’attraper la mort pour du vrai.  “Ouais, nan, finalement, on a d’autres projets. On pourra mettre ça une autre fois.” Et puis y’a Chase qui annonce leur départ. “Ok, une autre fois alors.” Tu fais un signe de main à leur attention. Tu gardes tes mots précieusement. T’as pas envie de t’afficher plus encore que tu as froid. C’est très frustrant de ne pas être maître de son corps comme ça. Car en soit, t’as pas l’air de mourir, c’est juste gênant cette affaire là.

Et il n’en resta que deux. Qui trépassera en premier ? Le suspense est à son apogée.” Clairement c’est toi qui va trépasser le premier sans hésitation vu vos états à tous les deux. « Je meurs d’anticipation. » Tu te sens drôle avec tes mots et tu sais que tu risques de te manger un coup mais… Worth it. Avec un peu de chance elle ne t’a pas entendu vu qu’elle est focalisé sur ton téléphone. “Y en a dans moins de dix minutes. On va aller à l’intérieur pour limiter la casse en attendant.” Elle gère le Uber et c’est une bonne chose parce que tu sens pas trop tes doigts là. La pluie toujours plus forte, tu t’es mangé une rincée supplémentaire en allant à l’intérieur mais vraiment là, t’es plus à ça près. Elle t’enlace et tes yeux sont sur l’extérieur parce que maintenant y’a le vent qui redouble aussi. Les gens abrité dehors se retrouvent quand même trempé par la pluie qui arrive de biais. Vous vous êtes réfugiés à l’intérieur à temps. “Ca m’arrivait de prendre la douche sous la pluie. Surtout quand il pleuvait autant comme ça.” Tu baisses ton visage pour la regarder, amusé mais pas surpris. “Ce qui n’est clairement pas ton cas.” Tu hausses les sourcils.

« It is true. I’ve never taken a shower naked under the rain in winter time. » T’es super spécifique dans ton énoncé. T’as l’impression d’entamer une partie de J’ai jamais. T’as un bras seulement autour d’elle. « Tu faisais ça à Elimbah ? Et puis c’est pas comparable même… Parce que à poil j’aurai sûrement moins froid. Nan ? » T’en sais rien mais t’as juste envie de la chamailler car pourquoi tu aurais froid et pas elle ? Elle est pas un super héros de ce que tu sais nan ? On sait pas. Y’a plein de choses que tu ne sais pas de Birdie…« J’ai jamais… » T’es en train de chercher ce que tu pourrais dire que tu n’as jamais fait histoire d’en découvrir un peu plus sur elle mais… Pour l’instant tout les trucs que tu serais curieux de savoir tu les as déjà fait aussi donc ça marche pas. Et puis tu trouves enfin. « J’ai jamais consciemment voulu rendre jaloux quelqu’un. » T’es sûr de toi Jordan là ? Non. Parce que le sujet avait été oublié. Mais tu as surtout envie qu’elle sache. Qu’elle ne pense pas que tu invites Trent pour l’emmerder. C’est véritablement une personne dont tu es très proche. Tu serres ton bras autour de ton oiseau même si tu n’as pas tant de sensations là vu comme t’as froid.

« Je chante très bien, c’est à cause de toi ça. » Le pire, c’est qu’il a raison même si t’es persuadée que ta voix n’est pas si affreux que le temps veut l’affirmer. Cela ne t’empêche pas de lui tirer la langue, ce qui est purement instinctif et hautement agaçant à force. Mais voyez comment Jordan va juste en sourire - ou tenter de le faire avec ses lèvres violacées d’un pur australien des villes qui n’a pas l’habitude de rester plus de cinq minutes sur l’eau qu’offre Mère Nature. « Je meurs d’anticipation. » Tu roules des yeux, rejetant la tête en arrière tout en appliquant ta main contre ton front. “Ô grand dieu, donnez-moi la force face à une telle épreuve, je vous en conjure.” que tu dis avec le plus grand panel dramatique que tu puisses offrir. Tu es incroyablement stupide mais ça t’amuse toujours autant de jouer l’idiote de service - la pitre, l’amusée, celle qui a toujours une réserve de conneries à sortir, surtout si c’est pour venir contrer celles de Jordan. Le partenaire idéal, si tu n’en étais pas encore convaincu. Ta bouche parle deux fois moins que toi mais elle sait énumérer ce qu’il faut pour que tu réagisses quoiqu’il arrive.

« It is true. I’ve never taken a shower naked under the rain in winter time. » Tu hausses une épaule. “Never late to try.” Tu pourrais élaborer l’histoire familiale, ou l’ambiance qui y régnait. Que vous êtes dans la tranche typique de la classe moyenne australienne mais que de se nourrir de la terre, de l’air et de l’eau naturellement est ancré dans vos gènes. Ce n’est pas forcément par souci d’économie, mais un état d’esprit. Ceci dit, Jordan en a pu déjà humer l’air à Elimbah, et il n’y a aucune surprise sur son beau visage ruisselant - tu parcours la salle des yeux quand ils tombent sur des serviettes en papier que tu piques pour essayer ses traits. Jordan a froid, tu ne veux vraiment pas que tes conneries lui apportent le mal. Certains diront que ton partenaire a choisi de son plein gré de venir te rejoindre mais toi, tu l’as fortement incité quand même. « Tu faisais ça à Elimbah ? Et puis c’est pas comparable même… Parce que à poil j’aurai sûrement moins froid. Nan ? » L’amusement se lit sur ton visage alors que tu continues à ôter la pluie sur ses joues, son front, son nez, ses yeux, son cou, sa mâchoire et tenter d’essorer ses mèches de cheveux - mais les serviettes sont déjà bien imbibées alors tu abandonnes dans un soupir en les foutant dans la poubelle la plus proche. “Evidemment que je faisais ça à Elimbah. C’est plus compliqué de faire accepter le nudisme en ville sans que ça ne passe pour de la provocation.” Ou un appel non souhaité pour une partie de jambes en l’air, ahem. “Les vêtements n’aident pas, c’est sûr.” Tu t’approches de nouveau de lui pour déposer un baiser contre sa mâchoire. “Il faudra les enlever une fois à la maison.” que tu murmures, ravie de l’idée alors que tu retiens ta main d’aller chercher sa peau - Jordan a assez froid comme ça.

« J’ai jamais… » Tu penches la tête. Est-ce que ton compagnon est en train de se lancer dans un jeu ? Tu ne demandes rien, cependant, voyant que ta moitié a l’air plongé dans sa réflexion sur sa question, curieuse d’entendre ce qui va sortir de ses lippes. « J’ai jamais consciemment voulu rendre jaloux quelqu’un. » Autant dire que Jordan t’a clouée sur place. Tu restes une ou deux secondes à le regarder avec surprise avant d’éclater de rire. “T’es sérieux, là ?” Tu ne l’avais pas vu venir, celle-là. Tu ne vois pas trop d’où ça sort avant que ton cerveau légèrement embrumé remonte quelques minutes (ou heures ?) avant. Quand les autres étaient encore là. Dont Trent. “Excuse-moi de ne pas me sentir à l’aise avec une personne avec laquelle t’a régulièrement couché et qui semble aussi proche.” Tu n’as pas compris l’amplitude de leur lien et c’est peut-être là ce qui t’inquiète le plus. T’ignores leur historique, t’ignores comment Trent ressent les choses de son côté, t’ignores si tu t’es immiscée dans quelque chose sans le savoir. Pourtant Jordan ne t’a jamais donné de quoi douter mais il faut croire que tu auras des réserves sur Trent dès que sa présence se fera sentir. Trent a toujours été là et toi, tu viens tout juste de débarquer. Tu n’as rien vu, tu ne connais que les récits de Jordan alors que Trent les a vu. Une connexion établie que tu ne pourras jamais comprendre car tu n’étais pas là. “J’ai jamais dit que c’était de ton fait. C’est juste… moi. Et mes ressentis.” Tu finis par bredouiller tes derniers mots en fourrant ton visage contre sa veste. Tant pis si t’es encore plus trempée. Ce n’est pas de ta faute si tu ne peux pas t’en empêcher. Tu finiras par passer au-dessus. Mais c’est encore tout nouveau et si tu as confiance en Jordan, cela n’évite pas les incertitudes vis-à-vis de Trent. Tu ne l’as pas beaucoup vu et son comportement t’a paru froid à ton écart à chaque rencontre - ton esprit se joue de toi ou c’est la réalité, t’en sais rien. “Y aurait un verre là que j’aurai pas bu.” tu confesses comme une enfant, certaine que tu n’as rien à te reprocher de ce côté-là. Oh Birdie. Aussi blanche que Blanche-Neige, évidemment.

“Ô grand dieu, donnez-moi la force face à une telle épreuve, je vous en conjure.” Tu vas lui faire apprendre quelques lignes de Shakespeare pour que sa prestation dramatique te fasse encore plus kiffer la prochaine fois. Car oui, tu sens déjà qu’il y aura une prochaine fois.

“Never late to try.” Sûrement la prochaine fois que vous irez à Elimabah. Y’a tellement personne à la ronde que tu le sentirais sans problème là bas. Même si t’as toujours le réflexe de regarder derrière ton épaule au cas où y’aurait quelqu’un qui s’est ramené mais… jamais personne. Birdie prend la peine de t’éponger. Tu apprécies le geste mais quand le taxi sera là tu vas de nouveau être trempé parce que vous n’avez pas de parapluie. Peut être que tu devrais mettre ta capuche sur la tête Jordan. Nah. Ton hoodie et sa capuche sont trop mouillé pour en faire quelque chose d’utile là. “Evidemment que je faisais ça à Elimbah. C’est plus compliqué de faire accepter le nudisme en ville sans que ça ne passe pour de la provocation.” T’es en train de te dire que y’a pas tant de vis à vis que ça dans ton jardin. Tu sais pas trop en fait, t’as jamais squatté assez longtemps dans cet amas de mauvaises herbes. Un jour tu couleras une dalle et agrandira un peu tout ça pour en faire quelque chose d’utile. “Les vêtements n’aident pas, c’est sûr.” T’es content de voir que tu as raison sur ce point là et que t’es pas juste plus faible qu’elle. Même si en soit, ça serait logique parce qu’elle doit être en bien meilleure santé que toi. “Il faudra les enlever une fois à la maison.” Tu hoches la tête alors que tu t’imagines déjà sous une douche chaude une fois à la maison. Tu as bien entendu son terme et ça te fait bizarre autant que bien…

“T’es sérieux, là ?” Hu ho. Mais elle rit donc ça devrait aller nan ? « Quoi ? » Réponse de petit con ça. “Excuse-moi de ne pas me sentir à l’aise avec une personne avec laquelle t’a régulièrement couché et qui semble aussi proche.” Ok donc elle confirme largement ce que tu t’imaginais éventuellement. « J’ai pas envie que tu te sentes mal à l’aise… » Ca c’est la pure vérité vrai et s’il faut que tu fasses quelque chose pour ne pas en arriver là. Tu le feras.  “J’ai jamais dit que c’était de ton fait. C’est juste… moi. Et mes ressentis.” Elle est véritablement contrarié et tu serres ton bras autour d’elle. “Y aurait un verre là que j’aurai pas bu.” Tu poses ton menton sur le dessus de sa tête.

Ton téléphone qui vibre dans ta poche. La notif disant que le Uber est arrivé. « La voiture est là. » Tu as bien hâte d’être chez toi. Ça devrait être l’histoire de 10 minutes maximum vu comme vous êtes à côté. Une fois dans l’habitacle et en route, tu as toujours aussi froid mais la perspective d’être chez toi bientôt te fait beaucoup de bien. La silence s’est installé dans la voiture. Tu vas doucement chercher sa main avant de la porter à tes lèvres pour y déposer un baiser. « Je voulais pas te contrarier… » Parce que t’as bien compris que y’a pas grand chose que tu puisses faire. Et elle ne t’a jamais dit de ne pas inviter Trent ici et là. Tu feras tout de même plus attention à partir de maintenant. « But I wanted to talk about it at the same time… » Parce que tu as remarqué tout ce que le sujet Trent a engendré ce soir. « Et j’ai pas trouvé de moyen subtile de le faire… Je suppose que y’en a pas en fait… » T’as pas peur d’être honnête d’habitude mais tout est si parfait avec Birdie depuis quelques semaines, mois, t’as vraiment pas envie de créer une dispute si ça devait en arriver là. Tu te gardes bien d’en dire plus sur toi et Trent car elle ne va pas apprécier d’apprendre qu’iel a été la première personne avec qui tu as eu des relations sexuelles. Tu préfères arrêter de parler car t’as l’impression d’aggraver ton cas et faire une montagne de pas grand chose (ou pas?). Tu prends note mentalement du ressenti de ton oiseau pour les éventuelles futures soirées. « Never have I ever been smart. » Non Jordan. Le silence c'était une bonne idée en fait. Oopsie.

« J’ai pas envie que tu te sentes mal à l’aise… » Ta tête s’incline de nouveau sur le côté en l’observant sourcils retroussés. Tu es une grande fille, ça finira bien par passer. Tu aimerais que ça passe. Le plus vite et le plus tôt serait le mieux. Tu n’aimes pas ressentir ce genre de choses. Ce sentiment d’agacement qui s’enclenche automatiquement quand l’être contrariant est dans les parages. Ceci dit, si tu n’as jamais douté que Jordan veuille te faire sentir accueillie et à l’aise en toute circonstance, on ne peut pas dire que ce soir fut une totale réussite de ce côté-là non plus. Mais tu ne montes pas les armes, ni même les crocs parce que ce n’est pas utile à ton sens. “Je sais.” Et si tu reproches, tu ne blames. Tu ne veux pas non plus être une nuisance dans leur amitié. Toi-même accorde une valeur importante et inestimable envers tes proches. Tu le prendrais atrocement mal qu’on puisse te suggérer de te couper de l’un d’entre eux. « La voiture est là. » Tu hoches la tête, en pensant que la conversation est finie. Tu es toute silencieuse alors que tu regardes à travers la fenêtre, l’éthanol redescend bien vite dans tes veines et tu as comme un coup de fatigue intense qui s’abat sur toi.

Jordan reprend ton attention en même temps que ta main et tu souris doucement à son encontre quand ses lèvres embrassent tes phalanges. « Je voulais pas te contrarier… » Alors que ce n’est visiblement qu’un geste pour t’amadouer alors que ton partenaire émet une autre formulation et tu lâches un léger “c’est pas vrai” en soupirant. Oui, tu as été contrariée tantôt. Oui, tu n’as pas apprécié que ton compagnon se ligue contre toi face aux autres, même pour le fun. Pas cette fois-ci. Ce n’était pas fun ni drôle à ton propre jugement. Sûrement parce que tu t’es sentie ébranlée, idiote, incompétente et que c’est uniquement parce que ses questions étaient déplacées. Mais tu t’es remise. L’eau a littéralement coulé sous les ponts et tu ne lui en as pas tenu rigueur. Enfin, pas avant que Jordan remette ça sur le tapis, en tout cas. « But I wanted to talk about it at the same time… » Tes prunelles se dirigent de nouveau vers la fenêtre, ce qui est encore plus absurde car la vision est brouillée par la pluie qui s’écrase dessus. « Et j’ai pas trouvé de moyen subtile de le faire… Je suppose que y’en a pas en fait… » De quoi parle Jordan, exactement ? De Trent, de toi, de vous, de tes amis, de ton incompétence apparente en lui rendant pas la pareille ? « Never have I ever been smart. »

"Si tu veux parler de quelque chose, crache le morceau, qu'on en finisse une bonne fois pour toute." Parce que si d’habitude, vous arrivez à vous connecter sur les mêmes ondes et à penser pareil, là, tu ne captes pas ce que Jordan essaie de te transmettre. Tu ne comprends pas de quoi il veut parler. Tout ce dont tu as conscience, c’est de ton air qui perd de sa superbe et que quoiqu’il arrive, dans les prochaines minutes, Jordan va réussir à te contrarier. De nouveau. Mais cette fois, il n’y a personne, pas de témoin, pas de regard curieux ou prêt à émettre un jugement. Autant crever le problème maintenant que de le laisser traîner en longueur. “Parce qu’en attendant, tout ce que j’ai entendu là-bas, c’est quelqu’un qui m’a joyeusement affiché devant ses potes en toute décontraction.” Donc oui, Jordan, tu n’as pas été ni malin ni intelligent pour ce coup-ci. “Tu réalises pour quelle genre de personne tu m’as fait passer ? Limite si tu ne sous-entendais pas que je te considère comme indigne pour voir mes amis.” Et tu n’as pas aimé ton ressenti. Parce qu’il est faux et qu’il sonne terriblement mal. Jordan est loin d’être indigne. Ton cœur se serre à l’idée que ton compagnon puisse penser cela - et si ce n’était que ton imagination, little bird ? Au contraire, Jordan est si précieux, si important, que tu ne peux pas le montrer à n’importe qui. Ça a de la valeur ce que vous avez, de l’importance tellement énorme à tes yeux que tu ne peux pas le brandir comme d’un joyeux trophée banal ; Jordan n’a rien d’un trophée, ni d’un objet. C’est une personne, et c’est celle que ton cœur a choisi et t’essaies, t’essaies d’être à la hauteur. Alors les insécurités que l’on peut te brandir en pleine face sans crier garde, tu t’en passerai bien. Encore plus si elles viennent de ton partenaire. "Et tu ne peux pas me dire que Trent est hyper agréable avec moi. C'est à peine si j'ai un mot de sa part. J’ai juste l’air transparente." Là, ce n’est que pure vérité - à ton avis. Il est rare qu’on t’ignore alors quand cela arrive, tu le remarques tout de suite. “Indigne de toi.” que tu murmures plus bas en serrant la mâchoire, et sans que cela ait un lien avec la pluie ou le froid. Trent ne te parle à peine. Trent ne te regarde à peine. Trent ne fait à peine attention à toi. Tu as des ondes, des vibes et ce n’est pas de ta faute si elles tendant vers le penchant négatif. Pour l’instant. Cela peut changer. Tu veux que ça change. Pour le bien être de Jordan car c’est un proche. Mais aussi pour toi. Tu ne peux pas être emmerdée par une quelconque présence. Ta main a beau être toujours dans la sienne, ton visage reste tourné vers la vitre. Vers l’extérieur. Ça devient un peu étouffant, ce trajet, non ? Est-ce que le chauffeur n’est pas en train de prendre des chemins de traverse pour augmenter la note ?

“Je sais.” Bon. Au moins elle sait. Même si ce n’est pas une consolation vu le ton qu’elle emploie. Tu sens que tu veux aller plus loin dans cette conversation mais l’arrivée de la voiture vous coupe - te coupe - au milieu. Tu as besoin de plus de réflexion de toute manière, c’est sûrement une bonne chose. Le silence de l’oiseau quant à lui annonce rien de bon.

Tu rumines un peu plus avant de reprendre la parole dans la voiture. “c’est pas vrai” Ce qui n’est pas au goût de Birdie. Le baiser que tu as déposé sur sa main lui avait mis un sourire sur le visage, il n’est plus à présent. Oups… Alors tu t’expliques un peu plus, et son visage qui s’éloigne tout autant du tiens. Tu ne peux plus voir ses yeux. La fenêtre est fascinante de son côté apparemment malgré la nuit et la pluie. Tu le sens mal et tu finis par une connerie alors que tu crains pour la suite… "Si tu veux parler de quelque chose, crache le morceau, qu'on en finisse une bonne fois pour toute." Mais… C’est pas ce que tu viens de faire ? “Parce qu’en attendant, tout ce que j’ai entendu là-bas, c’est quelqu’un qui m’a joyeusement affiché devant ses potes en toute décontraction.” Oh my god. Ça faisait longtemps que tu n’avais pas roulé des yeux en l’entendant dire des absurdité à ton avis. “Tu réalises pour quelle genre de personne tu m’as fait passer ? Limite si tu ne sous-entendais pas que je te considère comme indigne pour voir mes amis.” Tu pensais qu’elle parlait de Trent et t’allais réfuté car elle s’est exposé seule… mais tu vois qu’elle parle d’autre chose et t’es complètement paumé. Tu n’avais pas cru que ce sujet là avait été un problème. "Et tu ne peux pas me dire que Trent est hyper agréable avec moi. C'est à peine si j'ai un mot de sa part. J’ai juste l’air transparente. » Ah. Y’a quand même Trent qui chagrine au milieu. “Indigne de toi.” Mais voilà qu’elle se calme un peu on dirait vu le niveau de sa voix qui est plus bas.

La lumière des lampadaires de la rue qui passe par intermittence te font voir que vos mains sont toujours jointes. Tu commences presque à de nouveau avoir un peu de sensations dans celle ci. « J’ai jamais voulu dire que… Je pensais pas que tu avais pris ça comme ça. J’avais même pas réalisé que… Je croyais que c’était Trent le problème. Juste Trent. » Allé Jordan, fait tes phrases avant d’ouvrir la bouche s’il te plaît parce que ça ressemble à rien là avec toutes ces hésitations. « C’était vraiment qu’une pensée comme ça… » Tu te sens stupide que ça l’ait retourné à ce point là sans l’avoir remarqué. Tu tires un peu sur sa main pour éventuellement lui faire tourner son visage vers toi, qu’elle te donne son attention. « Baby… » Tu as envie de la toucher plus mais en même temps tu n’as pas envie de défaire ta main de la sienne, de peur de ne plus y avoir accès par la suite. Tout comme elle te prive de ses yeux. « It’s fine if you don’t feel like introducing me to more people. I'd rather have you only for me anyway. » Jordan je suis pas sûr que ce soit très judicieux la fin de ta phrase. Elle va pouvoir sous entendre plein d’autres choses de nouveau. Tu veux pas rencontrer ses amis ? It has been well established that I do want. Vrai. C’est même le sujet de la discorde. Enfin, y’a Trent aussi mais tu préfères ne pas aller par là car… Elle a raison. Tu le sens aussi maintenant qu’elle l’a dit.

La voiture qui arrive devant chez toi. La pluie qui bat toujours aussi fort.

« J’ai jamais voulu dire que… Je pensais pas que tu avais pris ça comme ça. J’avais même pas réalisé que… Je croyais que c’était Trent le problème. Juste Trent. » Trent a toujours été un problème en son entièreté. Iel ne t’a pas fait sentir accueilli contrairement aux autres. Tu n’as pas l’impression qu’iel pense du bien de toi, comme une ombre qui plane sur toi en attendant le moindre faux pas que tu pourrais faire à l’encontre de Jordan. Tu n’as pas besoin de ce genre de pression dans ton existence. Tu n’en avais jamais à y faire attention avant parce que tu as toujours été assurée et certaine, car ton quotidien se résumait à des plans passagers, rien de sérieux. Jordan a tout changé, tout est chamboulé et ça te désarme un peu plus à chaque fois qu’y a la présence de Trent qui te rappelle joyeusement (non) que t’es surveillée. « C’était vraiment qu’une pensée comme ça… » Ce qui ne semblait être qu’une pensée est un véritable pique pour toi. Il n’y a pas de pensées innocentes ou infondées. Jordan n’aurait pas fait cette remarque out of nowhere, t’en es convaincue. « Baby… »  Ta tête ne peut pas s’empêcher de se tourner vers ton partenaire qui insiste pour attirer ton attention. You’re so weak. Sa voix est soft, comme une jolie pommade qui cherche véritablement à guérir les plaies qui n’ont pas lieu d’être - à son avis, mais pas le tien. T’es confiante, t’es assurée, t’es frivole, t’es drôle mais t’es aussi remplie d’incertitudes à ton égard et vis-à-vis de ce que tu vis avec lui. A force de vouloir faire les choses bien, tu te fous une pression immense qui va bien finir par te pêter à la figure un jour ou l’autre ; la preuve en est aujourd’hui. « It’s fine if you don’t feel like introducing me to more people. I rather have you only for me anyway. » En d’autres temps, tu aurais souri de sa dernière réplique. En d’autres temps, t’apprécies sa possessivité et son envie de te garder pour lui tout seul, égoïstement et jalousement ; ça ne te dérange pas.

Mais là, ça te parait complètement déplacé parce que ce n’est pas le sujet. “T’as rien compris.” que tu dis en soupirant, passant ta main libre contre tes cheveux qui n’ont plus aucune tenue. La voiture s’est arrêtée mais tu ne bouges pas pour autant. “J’ai été complètement à chier avec Will et j’ai l’impression qu’il se passe la même chose avec Trent. Alors excuse-moi de ne pas me précipiter à organiser des speed-datings avec mes proches.” Tu mords ta joue en baissant les yeux, le front plissé. Parce que je suis nulle, parce que je ne sais pas m’y prendre, parce que je suis incapable de tenir ma langue, ni même d’être une personne “normale” avec une conversation “normale” sans mettre mal à l’aise. Comme si cette relation ne tient qu’à un fil - alors que non, Birdie, pour quelqu’un qui fait de la couture, tu devrais savoir qu’il y a plusieurs fils et qu’il y a toujours moyen de recoudre celui qui se brise. Il n’y a rien de cassable, ton cœur n’est pas une arme de destruction massive. “J’ai besoin de sentir que t’es avec moi et pas contre moi. Surtout face à Trent.” Comme cela a pu être le cas avec Will où ton partenaire a été là malgré tout le malaise accumulé. Jordan n’a pas de baguette magique - non, les blagues lubriques n’arrivent même pas à apaiser ton esprit - et tu n’attends pas de miracles parce que l’humain est chiant, il est pénible, il est contraignant. Le temps fera son effet et tu essaies d’être optimiste quant à l’avenir des choses. T’entendre avec Trent en fait partie.

“Désolé de vous interrompre mais j’ai une course à suivre.” Le chauffeur vous interpelle et tu racles ta gorge en hochant la tête. Tu ne dis rien alors que t’enlèves ta main de celle de Jordan pour sortir affronter les torrents qui n’en finissent pas de tomber. Tu restes un moment plantée au milieu de la route, pensant que les gouttes vont bien finir par absorber chacun de tes problèmes que tu penses passagers et les envoyer au plus profond de la terre. Tes yeux se posent sur Jordan une fois la voiture partie et malgré le fait qu’il risque d’être malade - et toi aussi - il reste terriblement beau. “J’ai besoin d’aérer mon esprit. Vider l'alcool de mon système.” entre autre, que tu dis en fronçant des sourcils, ton attention sur tes phalanges que tu tortilles entre elles. Ce n’est pas la meilleure des idées mais il faut croire que le faible taux d’alcool te suffit à te faire croire que tu es imperméable - spoiler alert, tu ne l’es pas. T’enroules tes bras autour de ta taille en pinçant tes lippes entre elles. “Je crois que je vais aller… Faire un tour du quartier.” Tu aimes bien marcher, surtout quand tu en as lourd sur la conscience. Alors t’hoches la tête avec vigueur pour te convaincre que c’est la meilleure chose à faire alors que tu t’écartes pour commencer à t’éloigner. T’es une grande fille. Tu ne veux pas défaillir pour cela. Tu détestes voir ta confiance ébranlée. Tu doutes plus que tu ne le laisses paraître. Tes pas se font lents et la tête ancrée entre tes épaules courbées ; tu n’as rien à faire dehors, Birdie. Pas quand il y a les éclairs et l’eau qui te foudroient et t’accompagnent.  

Elle tourne la tête vers toi quand tu tires tant bien que mal sur sa main après l’avoir interpellé d’un de ses surnoms. Tu te sens pousser des ailes (non) et tu y vas d’une boutade finale… “T’as rien compris.” Que tu aurais visiblement mieux fait de retenir. Dear god… Arrête de parler à Dieu en qui tu ne crois même pas Jordan et utilise ton cerveau un peu. Tu t’attends à la voir partir en courant d’un moment à l’autre mais, elle a toujours sa main dans la tienne ça te donne de l’espoir. We’ll be fine. Car en aucun cas tu laisseras tout être bousillé juste pour une dispute. Tu te disputais régulièrement avec Rosa car elle était une tête de mule. “J’ai été complètement à chier avec Will et j’ai l’impression qu’il se passe la même chose avec Trent. Alors excuse-moi de ne pas me précipiter à organiser des speed-datings avec mes proches.” Tu comprends pas ce que tu n’avais pas compris d’après elle parce que tu avais à peu près compris ça… Tu te gardes bien de lui répéter que tu n’as pas de problème de ne pas rencontrer ses amis tout de suite car elle n’en est pas prête.  « J’ai compris ça… » Je crois. Elle te fou le doute, tu ne sais pas sur quelle fréquence se trouvent ses pensées mais elles ne sont pas sur la même que toi c’est certain. “J’ai besoin de sentir que t’es avec moi et pas contre moi. Surtout face à Trent.” Tu crois commencer à comprendre… C’est bel et bien Trent le problème. Pas tant le fait de rencontrer ses amis. “Désolé de vous interrompre mais j’ai une course à suivre.” Il te coupe dans tes réflexions le chauffeur. « Oui. Désolé. » Que tu dis en sortant de la voiture à la suite de Birdie. Elle ne te tient plus la main ça ne sers plus à rien de rester sur cette banquette. La pluie. Tu l’avais totalement oublié. Ton cerveau focalisé sur ton oiseau t’en a fait oublié les claquements de ton corps. Ou peut être juste que cette voiture t’a réchauffé le temps du trajet. Les deux. Tu commences à aller vers ton petit portail d’un pas non assuré car tu vois bien qu’elle ne te suit pas.

« Bird ? »
“J’ai besoin d’aérer mon esprit. Vider l'alcool de mon système.”

Là c’est ton coeur qui se serre de la voir ainsi. Là tu l’oublies de nouveau cette pluie qui glace ta peau sous tes couches de fringues totalement humide.

« Come on babe it’s pouring. »
“Je crois que je vais aller… Faire un tour du quartier.”

Elle n’a cependant pas l’air d’avoir la tête à ça. Elle a l’air totalement ailleurs. Mais elle commence à marcher. Trop lentement. Tu mets même pas trois secondes pour te retrouver à ses côtés.« Please. Birdie. » Tu te places devant elle pour lui barrer la route. Tu prends sa main parce que tu n’oses pas plus. Elle a besoin d’espace elle vient de te le dire. Ton visage baissé vers elle. Les gouttes glissent sur ton visage, tes cheveux n’ont plus aucune coupe définissable. Ta veste rose est fuchsia, tes lèvres sont de nouveau violette, au moins c’est assorti. « I promise I’ll be a better partner. I had no idea you felt this way… I’m sorry I mean it. » Tu laisses passer un bref instant avant de continuer. « Come on. I’m not going inside without you. » Ton ton est ferme. Tu fais genre tu gères mais si elle essaie de filer tu ne sais pas si elle va apprécier que tu la portes à l’intérieur contre son grès. Pas de ta faute si elle est si petite et si facile à transporter.

« J’ai compris ça… » Mais il faut cependant que tu le répètes, aussi bien pour lui faire comprendre les grandes lignes que les petits écrits chiants que personne ne voit jamais mais qui ne sont jamais là par hasard. La tempête extérieure n’a d’égale à celle de l’intérieur de tes entrailles, profonde et intense que tu aimerais te délester au plus vite. L’éthanol n’arrange rien. Ça cogne, ça tremble, ça chavire. Ça pourrait bercer si tu n’étais pas aussi entêtée. L’impression que Jordan émet sa compréhension sans pour autant comprendre. Tu lui donnes le bénéfice du doute. Tout comme tu t’autorises le droit de fuir le véhicule, puisque le chauffeur vous y invite fortement de toute façon. Tu ne suis pas ses pas vers son portail. Le vent t’entraîne sur le côté, de ton propre chef. « Bird ? » L’intonation est inquiète. Finalement, ton partenaire n’a pas compris. Les lignes sont aussi brouillées que ta vision. Tes paupières, tes cils sont alourdis de gouttes. Autant que tes vêtements. Ta peau qui s’engorge tout pareillement. Tu vas choper la crève - la mort même si l’idée est absurde à ton sens. Tu décrètes que tu t’en fiches. T’as envie de marcher. Besoin d’évacuer. Si tu deviens une éponge, alors ainsi soit-il. « Come on babe it’s pouring. » La voix continue sur la lignée de la précédente. Elle essaie de te convaincre, de t’extraire de tes pensées. De ta lubie sous ce temps affreux - il ne l’est pas pour toi. Il n’y a rien de moche à voir de l’électricité coupée les nuages en deux. Un tel phénomène est impressionnant. Tu pourrais regarder le spectacle chez Jordan. Il y a une vue dégagée en hauteur parfaite. Dans des vêtements secs, un plaid et un chocolat pour te remettre de tes lèvres qui commencent à se colorer aussi.

Mais non. Tes pieds bougent sous la volonté de ton infâme cerveau ; pour une fois, écoute ton coeur, Birdie, il peut te protéger, lui. « Please. Birdie. » Il supplie, il implore, il quémande. Il bloque, aussi. Tel un chêne solide. "Don't." Mais ta voix est si faible, personne n’y croit. Jordan va choper quelque chose, son être n’est pas habitué. Tu ne veux pas qu’il lui arrive malheur. Pourquoi il traîne encore là ? Il pourrait rentrer. Il devrait te laisser. Tu n’es pas de bonne compagnie. « I promise I’ll be a better partner. I had no idea you felt this way… I’m sorry I mean it. » Il coupe ta propre étreinte, une chaleur que tu essaies d’avoir contre toi en venant quérir ta main. Oh si que la connexion est toujours là. Le geste est léger mais il est doux. Tu ne veux pas le perdre. Il ne comprend sûrement même pas encore pourquoi il s’excuse. Mais il le fait quand même. Quel imbécile. « Come on. I’m not going inside without you. » Si tu le connaissais pas mieux, tu pourrais croire que Jordan fait du chantage. Ma santé contre ton retour. C’est comme ça que ça ressort dans tes oreilles. Ta tête est toujours affaissée, tes yeux se perdent dans l’observation intense et inexistante du sol. Des fleurs qui s’agitent. Des feuilles qui tourbillonnent. “I’ll be back if it worries you.” Evidemment que tu reviendras. Tu seras trop loin de ton quartier pour rentrer chez toi. Tu n’es pas en capacité de conduire. Tu reviendras parce que c’est ce que fait une grande personne dans une relation ; savoir garder ses positions mais ne pas rejeter l’autre. Tu ne veux pas rejeter Jordan. Tu n'en aurais ni les moyens ni la volonté de toute manière. Tu reviendras parce que t’es amoureuse, parce que tu ne pourras pas laisser ce goût âpre dans ta bouche. Et tu crèveras d’envie de retrouver ses bras. Son étreinte. Ses baisers. Ses caresses.

Mais pas maintenant alors que tu le contournes. Tu retires ta main et tu refuses toujours de poser tes prunelles sur sa forme. Tu n’ignores pas qu’il suffirait d’un regard pour que tes faiblesses ressortent et que tes armes tombent. T’es têtue pour ne pas vouloir céder. “Go home. You'll feel better. I’ll be ok.” Especially in a few minutes. Or hours. Tu ne songes pas un instant à la capacité de ton compagnon de pouvoir te forcer à rentrer. Cela serait pour ton bien. Tu fuis, Birdie. Ce n’est pas la meilleure technique. Tu as peur, tu es effrayée et tu commences à avoir froid. Tu n’as pas de hoodie ni de veste et encore moins de jeans. Tes jambes sont à moitié nues, comme ton ventre. Tu n’es pas imperméable, bon sang.

« Don’t. » Tu comprends que ça ne va pas être une mince affaire même si elle a l’air capable de tomber sur le bitume d’un moment à l’autre. Elle est tellement trempée que ça ne pourra pas être pire. Elle te laisse prendre sa main, mais elle ne te regarde pas. Tu vois dans son air qu’elle est en train de regarder le chemin qu’elle va emprunter. N’importe lequel. Le premier. Celui là. Aller tout droit, peu importe où tant que c’est loin de toi. “I’ll be back if it worries you.” Tu t’en inquiétais pas tant de sa volonté de revenir, mais tu penses surtout qu’elle peut faire un malaise et / ou être la cible d’une personne mal intentionné. Elle défait sa main de toi après avoir bouger quelques peu. Tu es déjà en train de tendre le bras de nouveau pour l’atteindre. “Go home. You'll feel better. I’ll be ok.” Tu soupires parce que tu ne voulais pas en arriver là mais tes lèvres qui tremblent les siennes qui sont violettes, tu mets ton geste sur le compte de son état qui n’est pas mieux que le tiens.

Tu glisses ta main dans ta poche pour en sortir les clés de chez toi. « You can punch me once we’re in. » Tu annonces avant d’aller la choper comme un vulgaire sac de patate sur ton épaule. Tu la maintient le plus fermement possible au cas où elle aurait la très mauvaise idée d’essayer de se débattre. Ça ne t’arrangerait pas du tout car il faut quand même que tu puisses libérer une de tes mains pour ouvrir ta porte qui est verrouillée. Tu as peut être pensée à sortir tes clés en avance, il risque quand même d’y avoir du sport si elle gigote comme un poisson hors de l’eau. Tu verras à ce moment là. Pour l’instant tu passes ton portail avec une seule chose en tête: protéger ton oiseau peu importe par quel moyen. Ce soir tu la protèges d’elle même et sa connerie de se balader dans le quartier sous cette pluie battante en plein hiver. Tu as le feeling que ce n’est que la première fois d’une belle série à venir. Le plus possible. Car ça voudrait dire que vous êtes toujours l’un avec l’autre. Et c’est bien ça le plus important. Ni toi ni elle n’êtes le genre de personne à rester avec quelqu’un pour être avec quelqu’un. Vous savez mieux que personne ce que c’est d’être seul. Si elle est là, et toi aussi, c’est parce que vous le voulez et c’est tout ce qui compte.

Perdue dans tes réflexions, dans ton besoin pressant de déguerpir, que tu ne vois rien. Le fait que ton partenaire soit derrière toi, que tu lui offres ton dos n’aide en rien à éclaircir ta vision. Tout est fait pour que tu joues l’aveugle en plus de l’autruche. Tu es en droit, tu te l’affirmes et t’es certaine de toi. Tu n’as pas à te sentir coupable. Tu n’aimes pas le sentiment d’écrasement entre tes omoplates. « You can punch me once we’re in. » Tu as l’impression de l’entendre ; un mirage ? Tu t’en fous et tes pieds aussi alors qu’ils te déplacent sur le côté. Ton corps bouge et puis tout d’un coup, il ne bouge plus. Il est happé par une force extérieure. Tu te retrouves la tête à l’envers et oh que ça ne fait pas bon ménage avec ce que t’as bu. Le sang et l’éthanol te montent au cerveau. La réalisation que c’est Jordan qui vient de t’embarquer te rend furieuse. Alors naturellement, tu débats tes jambes. Un instinct, une promesse que tu t’es faite à toi-même et par respect pour ta personne de ne plus jamais sentir quelqu’un te forcer à quoique ce soit. “Put me down, for god sake!" Tu tapes son dos, tu gigotes, tu frétilles. Ses bras sont habituellement un réconfort ; là, ils t’emprisonnent comme tu n’aimes pas. C’est pour ton bien mais tu ne l’entends pas de cette oreille. Tu es bouchée, tu es obtue, tu es contrariante et contrariée, fâchée à présent parce que Jordan te guide là où tu ne souhaites pas aller. Plus tard mais pas dans l’immédiat. Tu as besoin d’air, tu as besoin d’espace, tu as besoin de tes pieds sur le goudron et Jordan te prive de tout ça.

“Fuck you, damn you, you have no fucking right to do that!” La position est inconfortable, ta tête bourdonne et c’est de sa faute, son erreur. Jordan est au courant de ton passif, d'un bout de ton histoire que tu ne préfères pas penser mais c'est exactement ce même ressenti qui vient te hanter tes entrailles. Tu frappes son dos même si ça ne sert à rien parce que ton partenaire est bien décidé à faire ce qui est le mieux pour toi, même si tu ne le vois pas en ce moment précis. Tu t'énerves à chaque pas que Jordant fait vers la maison et tu le détestes, tu le hais en cette seconde et celles qui s'accumulent après. “Why can’t you just let me go ? I said I would come back!” Parce que Jordan s’assure que tu rentres bel et bien chez lui, après tout, en faisant ça. Il veut affirmer quoi, une autorité quelconque sur ta personne, t’enlever ce choix dont tu es libre - et complètement idiote - de faire ? Tu n’en finis pas de protester, de te débattre jusqu’à ce que tes pieds retrouvent le sol. Mais ce n’est pas dehors, c’est dans la sécurité de sa maison, la sienne mais tu n’y prête pas attention. Ni où vous avez atterri parce que t’es aveuglée par ta fureur. Ta cause est juste mais tes reproches sont éronnées. Jordan n’est pas un ennemi, bien au contraire, mais - “who do you think you are to force me ?” que tu lui jetes à la figure en même temps que ta main contre sa joue. Tu tambourines son torse de tes poings parce que ton compagnon ne va pas céder pour te laisser ressortir, et à juste titre même si tu es toujours trop éblouie par ta colère pour t’en rendre compte. Une colère faisant rougir tes yeux qui s’embuent de larmes de rage alors que tu t’en prends physiquement à Jordan ; c’est de sa faute, après tout. “I hate you!” que tu lâches abruptement, la rancœur dans tes tréfonds alors c’est bien l’inverse qui se joue ; tu l’aimes tellement que c’est la raison ultime de ton comportement. Et de ton caractère compliqué ; à l’extrême, multipliée, débordante aussi bien dans la passion, la folie que le désarroi et le chagrin.

“Put me down, for god sake! » Elle se débat, c’était sûr. Tu la maintiens comme tu peux en essayant de ne pas lui faire mal pour autant. Tu n’as jamais vu Birdie comme ça et tu es soufflé de voir les proportions que c’est en train de prendre. Tout ça pour une phrase que tu aurais carrément pu ne pas dire. C’était une pensée comme ça. “Fuck you, damn you, you have no fucking right to do that!” Peut être que la seule chose positive là c’est que ton corps a tellement froid que tu ne ressens pas les coups qu’elle te met. Tu auras la surprise plus tard de quantité de marques qu’elle aura éventuellement mis sur ta peau. Not looking forward to that. Parce que tu sais très bien qu’elle va finir par se calmer. Tu sais qu’elle risque de s’en vouloir si les marques sont importantes même si toi tu t’en fous. Ce sera sous ses yeux et ce sera à cause d’elle, mais à cause de toi par extension au fond.

“Why can’t you just let me go ? I said I would come back!”
« You’re in no state to wander in the streets. »

Tu réponds mais tu sais déjà que ce sera comme pisser dans un violon. T’es en train de te demerder à ouvrir ta porte d’entrée sans qu’elle ne tombe. Tu y parviens et la dépose enfin sur ses pieds après avoir fermé la porte derrière toi. T’es pas en colère de son attitude. T’es triste de la voir dans cet état à cause de toi. T’as pris une décision en la ramenant de force chez toi et ça n’a fait qu’empirer le tout mais tu ne changerais rien. Tu reprends ton souffle parce que ton corps est loin d’être en forme et tu viens de faire un effort plutôt important. Tu es aussi soulagé d’être enfin au sec. Chez toi. Chez nous? “who do you think you are to force me ?” T’as le droit à une claque en plein visage et des coups sur ton torse. Tu la laisses faire, tu es placé devant ta porte, il y a aucun moyen qu’elle puisse sortir. “I hate you!” Son visage déformé par la rage et la tristesse. Tu laisses le temps passer sans rien dire ou faire, qu’elle se calme toute seule - ou non. Tu espères que la fatigue va prendre le dessus à un moment donné.

Tu l’enrouleras de tes bras si elle est contre ton torse à force de te mettre des coups comme si t’étais une porte qu’elle veut franchir. Tu resteras un moment supplémentaire comme ça, sans rien dire, sans bouger plus. Comme si tu cherchais à apprivoiser un animal sauvage. She is totally a wild Bird right now. Et de tout ton coeur tu aurais voulu que Rosa te retienne malgré ta colère car c’était la dernière fois que tu l’as vu consciente et en santé. Tu n’oseras rien dire de peur de réveiller la bête qui est à présent calmé contre toi. T’as bien compris que tu n’as rien compris. Tout ce que tu as dit, même sans y penser a eu de fortes répercussions sur ton oiseau que tu serres doucement contre toi. I’m sorry.