every little thing he does is magic.

@SWANN BUCHANAN, @MADDY GRIFFITHS & RORY

(2018. SIGRISWIL, SUISSE.) Ce séjour était on ne peut plus parfait. C'est ce que Rory s'était dit une première fois si tôt descendu de l'avion, lorsque ce panorama de collines verdoyantes et de hautes montagnes avait ébloui son regard. C'est ce qu'il s'était ensuite dit à nouveau lorsqu'il avait découvert le chalet où Swann et lui passeraient les prochains jours, dans un cadre si charmant et paisible qu'ils semblaient souvent seuls au monde dans ce petit coin de paradis, ce qui n'aurait pas été pour lui déplaire un seul instant. Parce que ce qui rendait ce voyage si parfait, avant toute autre chose, c'était de le partager avec l'anglais. Swann n'était pas seulement le petit-ami le plus aimant et attentionné qui puisse exister, il était aussi la seule personne au monde avec qui Rory aurait voulu vivre tout ça. Les couchers de soleil sur le lac qu'ils admiraient depuis leur chambre, les heures passées entre ses bras à ne rien faire d'autre que contempler son visage endormi, caresser sa tempe du bout des doigts et se laisser bercer par sa respiration. Ils avaient à disposition une cheminée qu'ils n'auraient pas l'occasion d'allumer en ce mois d'août mais devant laquelle ils se couchaient volontiers, rêvant ensemble à ce qu'ils feraient le lendemain autant qu'à un avenir que Rory n'imaginait écrire qu'avec lui. Savourant chaque seconde de cette proximité lorsque ses mains ne savaient pas rester plus de quelques secondes loin de sa peau, Rory était surtout incapable de ne pas tomber chaque jour un peu plus amoureux de Swann. De son sourire rayonnant de douceur et de sa manière de susurrer son nom pour en faire chaque fois la plus belle chose qu'il ait entendu.

Quelques jours après leur arrivée sur les terres suisses, nombreux étaient déjà les souvenirs qu'ils avaient créé ensemble et que Rory chérirait éternellement. Leurs balades s'éternisaient bien souvent et chaque moment où ils pouvaient se retrouver seuls était inévitablement un moment dont l'australien profitait pour étreindre son petit-ami et lui voler un baiser, bien trop heureux de pouvoir se dire ensuite qu'il l'avait embrassé devant le plus beau lac que ses yeux aient jamais contemplé. Préférant souvent la quiétude de leur chalet pour dîner, ils n'en délaissaient pas pour autant les petits restaurants aux alentours où ils découvraient chaque fois des spécialités aussi étonnantes que délicieuses. Ses yeux eux ne quittaient jamais les siens et brillaient chaque fois comme deux diamants dans le noir, occultant volontiers le reste pour songer à combien il voudrait que ces moments-là durent toujours. A la réflexion, n'importe qui autour d'eux pourrait probablement dire qu'ils étaient fous amoureux l'un de l'autre rien qu'à leur façon de se regarder et de se sourire, de même que leurs rires étaient ceux de deux amants sincèrement heureux de pouvoir se retrouver loin de tout rien que pour quelques jours. La présence de Swann suffisait à faire son bonheur où qu'ils se trouvent mais profiter de cette parenthèse à ses cotés donnait à Rory un avant-goût de la vie qu'ils pourraient avoir, lui dont le cœur s'emballait d'une façon incontrôlable à la seule idée de passer le restant de ses jours auprès de lui quand aucune perspective ne pourrait lui sembler plus belle.

« Je suis vraiment content des souvenirs qu'on a trouvé pour tout le monde, même si j'ai aucune idée de comment on va bien pouvoir faire tenir tout ça dans nos valises. » Ses doigts frôlèrent les siens alors que leurs pas les éloignaient depuis déjà plusieurs minutes du chalet qu'il regretterait sincèrement de devoir quitter d'ici peu de temps, leur séjour touchant bientôt à sa fin. « Tu savais qu'on était qu'à 1h30 en voiture de Montreux ? Si on se débrouille bien on pourra aller y admirer la statue de Freddie Mercury avant de repartir. » Et son regard brillait non pas seulement à l'idée d'aller admirer ladite statue, mais aussi à celle que ça puisse faire plaisir à Swann, qui en bon anglais ne pouvait absolument pas repartir de Suisse sans avoir fait ce détour impératif. Rory était prêt à contrer le temps rien que pour pouvoir lui offrir cette escapade supplémentaire et de nouveaux souvenirs auxquels Swann pourrait repenser avec un sourire au moins aussi immense que celui qu'arborait Rory à cet instant, il l'espérait. « J'ai envie que tout soit parfait. Pour nos deux ans. » Deux ans durant lesquels il avait été le plus heureux du monde, chaque jour un peu plus conscient de la chance immense qu'il avait de partager la vie d'un homme tel que lui. Deux ans dont il ne voudrait pas réécrire une ligne. « Je t'aime. » Ces mots-là, il les murmura de façon à ce que lui-seul puisse les entendre et noua ses doigts aux siens un instant sans même se soucier du reste. Ou seulement de l'immense pont qu'ils avaient convenu de traverser pour la vue imprenable qu'il offrait et qui à présent se dressait droit devant eux. « Et c'est drôle, ce pont avait presque l'air moins haut vu de loin. » Drôle n'était peut être pas exactement le mot qui décrirait le vide qui d'ici quelques minutes se retrouverait juste sous leurs pieds, mais Rory tenait bien trop à profiter de ce moment avec Swann pour penser à autre chose qu'à sa présence et ce cadre sublime. A ses cotés, il n'y avait pas seulement la vue que ses yeux se plairaient à contempler sans aucune honte et la hauteur ne lui apparaîtrait bientôt que comme un simple détail.

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Loin de pouvoir totalement bousculer leurs habitudes, loin de pouvoir s'aimer en public autant qu'ils le faisaient en privé, Swann et lui pouvaient au moins profiter de ce voyage pour relâcher rien qu'un peu leur vigilance et laisser pendant quelques instants leurs gestes parler à leur place sans que plus rien au monde n'existe en dehors de ces instants. Des instants où son rythme cardiaque s'accélérait aussitôt que leurs peaux s'effleuraient et leurs regards plongeaient l'un dans l'autre sans qu'aucune ambiguïté ne subsiste sur la force de leurs sentiments. Des instants où tout l'amour qu'il lui portait se reflétait dans les yeux clairs et brillants de Rory autant que dans les sourires illuminant son visage. Plus amoureux que jamais, le brun avait cessé de compter les jours qui les séparaient de leur retour en Australie et préférait profiter de chaque seconde avec Swann dans ce cadre si spécial. L'échéance avait bien peu d'importance tant qu'ils étaient ici et même s'il serait profondément heureux de retrouver leur vie à Brisbane ainsi que toutes les personnes qu'ils aimaient, il s'autorisait pour une fois à être suffisamment égoïste pour ne pas penser plus loin que le moment présent et les centaines d'autres dont il profiterait encore, seul avec lui.

Achever leur séjour à Montreux ou n'importe où ailleurs aurait forcément tout d'une bonne idée si ça leur permettait de se créer de nombreux autres souvenirs ensemble. La statue de Freddie Mercury, toutefois, semblait être un passage obligé pour tout amateur de bonne musique anglaise et en aucun cas Rory n'aurait un seul instant l'idée de contester les goûts de Swann en la matière. Bien loin de là, il plongeait chaque fois bien volontiers dans son univers, heureux et fasciné de pouvoir se familiariser avec ses passions et faisant toujours preuve d'une profonde curiosité pour tout ce qui touchait à ce qu'il aimait. S'il n'était pas rare qu'ils s'amusent à défendre leur propre point de vue respectif lorsqu'ils en venaient à comparer leurs goûts, le temps des débats ne durait jamais bien longtemps lorsqu'ils pouvaient plutôt employer le leur à s'aimer et à tout partager, surtout lorsque ça impliquait de rester des heures durant entre ses bras pendant que Swann lui faisait découvrir son monde, en images ou en musique. « Ça me plairait beaucoup. Mais attention à ce que « visiter les environs » ne devienne pas « prolonger notre séjour. » On serait capables d'oublier de prévenir nos familles et eux de signaler notre disparition s'ils nous voyaient pas revenir. » Oh, dieu sait pourtant qu'il se verrait bien éterniser ce voyage et ne décider de rentrer que lorsqu'ils ne pourraient vraiment plus faire autrement. Mais loin de vouloir garder Swann pour lui tout seul quand il avait encore tant de choses à découvrir sur sa nouvelle famille et tant de choses à partager avec eux, Rory se savait bien incapable de laisser qui que ce soit sans nouvelle, y compris ses proches. Ses frère et sœurs lui manqueraient bien trop et quand bien même aucun d'eux n'avait paru surpris un seul instant lorsqu'il leur avait parlé de ce voyage avec Swann, il aurait probablement du mal à justifier que son « ami » et lui aient décidé de rester beaucoup plus longtemps sur place, rien que tous les deux, loin de tout ce qu'ils connaissaient. C'était suffisamment difficile de leur cacher tout l'amour qu'il éprouvait pour l'anglais et la façon dont son cœur menaçait de bondir hors de sa poitrine chaque fois qu'il mentionnait son nom. « Je suis sûr que Ginny m'aimera déjà un peu moins si elle pense que tu t'es volatilisé à cause de moi. » Son sourire lui indiquerait que non, bien sûr, il n'imaginait pas la jeune femme en vouloir à qui que ce soit, elle qui était bien trop pure et bienveillante pour avoir sans doute un jour éprouvé la moindre rancœur. Elle ressemblait à Swann sur ce point comme sur tant d'autres et Rory en était chaque fois un peu plus attendri. C'était un euphémisme que de dire qu'il s'était profondément attaché à elle comme à l'ensemble de la famille du blond, à qui il était si profondément reconnaissant d'être là pour Swann. Tout semblait aller pour le mieux depuis qu'il les avait retrouvés et qu'ils faisaient tous partie intégrante de sa vie, tout comme ce voyage n'aurait pas pu être plus idyllique à bien des égards. Le moindre regard échangé, le moindre contact physique et le moindre instant où ils parvenaient à s’isoler pour se toucher et s'étreindre ne rendait les choses que plus parfaites encore. C'est ainsi que sa main glissa doucement contre sa joue et que ses lèvres répondirent avec amour à son baiser, tout son être alors transporté rien qu'un instant hors de cet endroit. Là où ils n'avaient pas à craindre d'être vus, là où il pourrait lui crier à quel point il l'aimait sans que personne d'autre ne l'entende. « Tu me rends tellement heureux. » Il souffla ses mots tout contre ses lèvres, son regard amoureux plongé dans le sien et ses yeux brillant d'un éclat dont seul Swann avait toujours eu le secret. « Je savais pas qu'il était possible de l'être autant. » Il ne le savait pas avant de le connaître, avant que le bonheur ne frappe enfin réellement à sa porte et que toute sa vie se trouve embellie par sa présence, sa douceur et son amour. Swann était un homme exceptionnel et il ne pourrait jamais assez remercier le destin de l'avoir placé sur sa route tant il le rendait chaque jour plus heureux. Il n'avait besoin de rien d'autre pour être comblé, tout le reste lui semblant bien dérisoire quand il se sentait déjà le plus chanceux d'être auprès de lui.

Le calme des lieux contrastait avec l'agitation qui remuait sa cage thoracique, son cœur bondissant dans sa poitrine durant les quelques secondes où il prolongea ce nouveau baiser avant que Rory ne retrouve sagement sa place, aux cotés d'un Swann toujours plus prévenant et attentionné. Y compris lorsque le regard de l'australien se troubla rien qu'un peu à la vue de cet interminable pont, aussi étroit que haut. Rien d'insupportable, pourtant, quand la voix de votre petit-ami chassait comme ici le moindre de vos doutes. « C'est rien, c'est juste un peu spectaculaire vu comme ça. » Il assura doucement lorsqu'il vit une pointe d'inquiétude percer le regard de l'anglais. Rory ne raffolait pas du vide mais n'en avait pas peur non plus, le fait qu'il n'ait pas l'habitude de traverser des points aussi hauts ne devrait rien y changer. « Non, non, j'ai vraiment envie qu'on le fasse. En plus je crois qu'il y a des boutiques remplies de produits régionaux de l'autre coté, on peut pas rater ça. » Ils étaient venus jusqu'ici pour s'imprégner d'une culture différente et ce séjour ne pourrait jusqu'ici pas être plus réussi, raison pour laquelle tout ça lui tenait autant à cœur et lui n'avait pas la moindre envie de tout gâcher. Loin de là, il voulait voir Swann heureux et faire tout son possible pour que ce voyage soit mémorable – il l'était déjà à ses yeux du seul fait de la présence de l'anglais près de lui. « Et oui, j'ai peut être aussi envie d'épater Wendy avec un selfie de nous deux devant les montagnes. Si je lui ramène pas une preuve elle voudra jamais croire qu'on l'a fait, et c'est la condition à laquelle elle a accepté de remonter sa moyenne dans certaines matières ce semestre. » Son sourire s'étira à cette précision, Swann étant l'une des dernières personnes au monde à pouvoir encore s'étonner que sa petite sœur puisse jouer de la relation fusionnelle qu'ils avaient toujours partagé. Wendy était une maligne et Rory l'aimait aussi pour ça. « Promis, un jour j'arriverai à me faire respecter sans que ça implique de me retrouver perché à 180 m du sol. » Il ajouta dans un rire d'une tendre complicité. Ou à défaut d'y arriver avec sa sœur maintenant qu'elle devenait une jeune femme autonome, il reverrait ses méthodes d'éducation pour le jour où il aurait des enfants, quand bien même personne ne s'étonnerait qu'il soit là encore éternellement incapable de se montrer trop sévère avec eux. Et surtout pas Swann, à qui il adressa cette fois un sourire plus rassurant. « Ça va aller, je t'assure. Et puis tu es là, ça fait une autre excellente raison de pas vouloir me dégonfler. » Il n'en voyait pas de meilleure et la seule idée de pouvoir ajouter cette traversée à la longue liste de choses qu'ils avaient partagé ensemble ne pouvait que faire briller une lueur impatiente au fond de ses yeux. Si Rory avait tout été capable de tout pour les personnes qu'il aimait, nul n'avait la moindre idée de ce que son amour pour lui le rendrait capable de supporter. Lui-même l'ignorait mais savait que les sacrifices qu'il serait prêt à faire pour lui n'avaient aucune limite. Avançant à sa suite de quelques pas sur le pont après lui avoir signifié qu'il pouvait passer devant, Rory conserva un sourire paisible pour lui montrer qu'ils n'avaient aucune raison de faire marche arrière. « Tu vois, tout va bien. Et la vue est vraiment magnifique. » Il s'y attendait mais ne pouvait cacher son émerveillement face à ces paysages grandioses. Ils auraient peut être du mal à rivaliser avec les plages d'Australie que Rory aimait plus que tout, mais ils s'inviteraient sans nul doute dans le classement des plus belles choses qu'il ait pu voir de sa vie. La première étant juste devant ses yeux, pourvue de boucles blondes et d'un sourire profondément contagieux. « Y'a pas beaucoup de monde, c'est une chance. » Non pas parce qu'il risquait à tout moment de se rendre compte que c'était finalement un peu haut pour lui, mais parce qu'il oserait plus facilement des gestes qu'il se serait retenu d'échanger devant une foule de touristes. Comme la façon dont sa main caressa furtivement son dos, après quelques mètres parcourus sur le pont. « Tout ça, c'est un peu mon cadeau en attendant de pouvoir t'en offrir un vrai. Pour te remercier d'avoir accepté de faire ce voyage avec moi. » Il savait que Swann aurait tout autant aimé rester à Brisbane mais il s'était laissé tenter par ce court dépaysement que Rory voulait leur offrir, pour symboliser leurs deux ans d'amour et leur permettre de s'évader avant qu'ils ne retrouvent ensuite avec plaisir leur quotidien. Quant à son vrai cadeau, Rory y pensait de plus en plus et sentait chaque fois son ventre se tordre d'impatience à l'idée qu'il oserait bientôt se jeter à l'eau. Terrifié autant qu'incapable d'attendre une année supplémentaire, ce voyage lui aurait fait prendre conscience d'à quel point il voulait passer sa vie auprès de lui et que c'était peut être justement le bon moment pour ça.

‘Visiter les environs’ aurait pu devenir un ‘prolonger notre séjour’ dans de nombreux cas de figure et ce serait mentir que de dire que l’anglais n’y a pas pensé au moins une fois, avant de rapidement se raisonner. Si seulement il avait pris quelques jours de congé supplémentaire ; si seulement il était certain que Matt ou Ginny n’allait pas soudainement avoir besoin de lui pour s’occuper d’un Noah malade. Si seulement il était moindrement courageux pour assumer son amour pour Rory, sincère et passionné depuis deux ans déjà. Parfois il se surprend à se laisser aller à de telles pensées lorsque ses yeux se perdent sur son doux visage mais il revient toujours rapidement à lui, son coeur battant et sa gorge serrée lui rappelant soudainement toutes ses peurs profondes. La première d’entre elle se résumant à être différent. Il aime peut-être (sans aucun doute) l’homme le plus formidable au monde, mais cela ne change rien au regard des autres. Eux ne savent pas à quel point c’est cette différence bien précise qui le rend si heureux et l’a sauvé de tant de tourments. A la façon dont il a d’échanger quelques mots contre ses lèvres tout en écoutant les siens, on pourrait cependant rapidement s’en douter. « Tu me rends tellement heureux. » L’inverse est tout aussi vrai et plus encore, il respire doucement contre ses lèvres pour ne pas avoir à mettre fin si abruptement à un baiser qui aurait pu se prolonger pour l’éternité. Au fond, pourtant, il sait qu’une infime raison pour son coeur de battre autant se résume à la peur, là où il ne souhaiterait que ce ne soit que la conséquence de l’amour qu’il lui porte. « Je savais pas qu'il était possible de l'être autant. » - “Je le sais depuis deux ans.” Et entre ‘déjà’ et ‘à peine’, il ne sait pas quel terme ajouter, hésitant plus que tout entre les deux. “Si seulement je t’avais rencontré plus tôt.” Le monde aurait été bien plus beau dès le début, c’est une certitude. Il aurait même peut-être appris à accepter qui il est et, surtout, qui il aime. Personne ne le saura, raison pour laquelle il n’insiste pas davantage, rompant déjà un baiser qui a trop duré - et pas assez dans le même temps.

Après avoir repris le chemin en direction du pont, il en vient à rapidement s’inquiéter à propos de l’hésitation de Rory, se demandant tout à coup s’il n’aurait pas le vertige. Dans le même temps, il s’en veut de ne pas connaître la réponse à une telle question alors qu’il connaît tant de détails de sa vie, tant d’anecdotes, tant de rêves. Il devrait aussi être informé des évidences qui le composent. Puisque son petit-ami tente de le rassurer autant que possible, Swann ne cherche pas à le contredire, hochant plutôt de la positive tout en ajoutant un sourire pour lui prouver qu’il n’a nul doute à propos de ses paroles. Cela ne l’empêche pas de continuer à veiller du coin de l’oeil, s’assurant qu’il ne blêmit pas ni ne fasse de gros yeux, quand bien même les siens sont d’un bleu aussi électrisant que magnifique. Il aurait été le premier à lui dire que les boutiques ne sont pas sa priorité et qu’ils en trouvent partout dans le pays - surtout près de la statue de Freddie où ils ont désormais convenu d’aller. Qu’en somme, ils ne sont liés à aucune obligation et qu’il se moque bien de la vue qu’ils pourraient avoir si cela signifie faire une peur bleue à Rory. “Ta petite soeur promet de remonter ses notes en échange d’un selfie et tu trouves que c’est toi qui te fais avoir dans l’équation ?” Il reprend ses paroles avec un grand sourire, incapable de jeter le moindre blâme sur Wendy, même quand il s’agit de Rory face à lui. L’anglais a rapidement noué un lien très fort avec sa cadette et il la trouve courageuse sur bien des points différents - mais tout de même, Rory a raison : l’école est importante. Pour elle, il se pliera volontiers à l’exercice du selfie. Après tout, elle est déjà gardienne de leur secret. « Promis, un jour j'arriverai à me faire respecter sans que ça implique de me retrouver perché à 180 m du sol. » - “Ça veut dire que je dois décommander le saut en hélicoptère pour nos trois ans ? Quoi qu’à plusieurs centaines de mètres du sol, elle te respecterait pour au moins vingt quatre heures.” S’il est évident qu’il n’a pas prévu une telle chose pour leur troisième anniversaire de couple, cette annonce prouve au moins qu’il ne doute pas de leur relation et encore moins du fait que le brun sera toujours à ses côtés dans un ou dix ans. C’est une évidence.

Après que l’acteur l’ait rassuré une ultime fois sur sa capacité (et son envie) à traverser le pont, Swann consent à faire quelques pas en avant, passant ainsi le premier pour lui prouver qu’il ne craint rien. Cela ne l’empêche cependant pas de jeter quelques coups d’oeil en arrière de temps à autre pour s’assurer que tout continue de bien se passer. Il ne veut pas que le moindre nuage vienne assombrir leurs parfaites vacances si loin de Brisbane. « Tu vois, tout va bien. Et la vue est vraiment magnifique. » Amusé, l’éternel enfant sommeillant en Swann ne pense qu’à lui répondre de phrases toutes faites et pourtant ô combien véridiques et alors qu’il se retourne pour la lui partager, souriant de toutes ses dents, c’est la vie d’un inconnu qui le ramène douloureusement à sa condition. Son sourire disparaît aussitôt, il mime de montrer un point non défini à l’horizon à Rory. ‘La vue est toujours magnifique quand tu es dans les environs’ seront autant de mots amusés qu’il gardera pour lui. Il n’y a pas beaucoup de monde, certes, mais à ses yeux le pluriel est déjà de trop. Il rêve d’un monde à deux et de rien d’autre. Il rêve de pouvoir être heureux, simplement. Si son dos ne se courbe pas pour venir éviter la caresse que Rory y porte, les sueurs froides qu’il ressent ne sont aucunement liées à l’amour qu’il lui porte. Sans avoir le vertige, il se sent déjà étouffer sur ce pont pourtant très largement vide. Swann aimerait être capable de lui rendre l’amour que son petit-ami lui porte sans avoir à fermer à double tour la porte de leur habitation avant ça. « Tout ça, c'est un peu mon cadeau en attendant de pouvoir t'en offrir un vrai. Pour te remercier d'avoir accepté de faire ce voyage avec moi. » Ayant ralenti le pas pour se retrouver à sa hauteur, il tente de chasser ses peurs irraisonnées pour se concentrer sur la beauté de l’instant présent et son caractère exceptionnel. “C’est ce voyage mon cadeau, déjà.” Il n’a pas eu à faire le moindre sacrifice ni concession pour l’accepter et quand bien même l’idée n’aurait pas pu venir de lui, il ne regrette absolument rien. Bien au contraire, ces quelques jours passés à ses côtés sont déjà merveilleux et il a grande hâte de vivre les suivants. Swann n’attend donc aucun autre cadeau, d’aucune sorte. “Je te ferai découvrir Londres un jour, c’est promis.” Pas aujourd’hui, pas demain, mais un jour. Quand il sera prêt, il sait que Rory sera le premier avec qui il voudra partager son passé, ce dernier rimant bien plus avec douleur que joie. Il n’y a qu’avec lui qu’il se sent capable de partager de telles choses dans une ville aussi belle que celle qui l’a vu naître et grandir vingt sept ans plus tôt.

Son regard balaye frénétiquement le pont et les touristes qui le traversent, il dévisage chacun d’eux sans réellement le vouloir, bien plus inquiet qu’autre chose. L’anglais observe les autres pour ne pas qu’ils en fassent de même avec lui, éternellement inquiet à l’idée que l’amour qu’il porte à Rory ne puisse être clairement dicerné au travers de ses gestes et des regards qu’il lui tend. A quelques mètres d’eux, pourtant, c’est un tout autre type de personne qui attire son attention. Une jeune femme aux cheveux blonds ne semble pas décidé à faire le moindre pas en avant et, pour avoir observé les premiers signes de panique dûs à la hauteur sur le visage de Rory, il ne peut que constater que ceux qui animent celui de l’inconnue n’ont rien de semblables. Bien au contraire, ils l’effrayent davantage encore alors qu’il a l’impression de n’y voir qu’un reflet déformé de son propre visage. Jetant un ultime regard à Rory pour s’assurer que tout va bien pour lui, l’anglais presse quelque peu le pas pour aller à la rencontre de la jeune femme, aussi intrigué qu’inquiet désormais. “Mademoiselle ?” Il adopte un ton aussi bas que possible pour ne pas la prendre de court ou bien l’effrayer, sincèrement inquiet à l’idée qu’elle puisse vaciller dans le vide pour si peu. Et puisque ‘ça va ?’ n’est jamais une question appropriée dans ce genre d’instant, il trouve une alternative dans la précipitation. “Est-ce que vous pourriez me prendre en photo avec mon ami, juste là ?” Rory est pointé du doigt, son éternel ami qui a désormais l’habitude de cette étiquette erronée. Il n’a pas su rester son ami bien longtemps avant de devenir tout autre chose. “S’il vous plaît, on a vraiment quatre mains gauches à nous deux.” Si les dessiner en papi peu habitués aux nouvelles technologies est le seul prix à payer dans toute cette histoire, alors il est certain que leurs deux egos y survivront sans mal. Et Wendy, elle, aura réellement la parfaite photo pour ne plus avoir d’excuses et ainsi remonter ses notes.

Sa carrière bat de l’aile.
Son couple s’est brutalement fini par l’abandon de son compagnon.
Sa santé lui tord le ventre au point de l’empêcher de fonder sa propre famille.
Et sa famille dans tout cela ? Elle a arrêté de suivre sa vie au moment où elle avait décroché son dernier rôle à succès.

Ses yeux sont rouges en plus d’avoir des énormes cernes qui ornent son visage ayant perdu tous sentiments ces derniers jours. Elle a mal au ventre, elle ne sait plus qu'elle en est la cause. Elle n’a plus d’appétit depuis un petit moment. Son cœur quant à lui est brisé en mille morceaux. Elle se sent complètement perdue depuis que son ex-compagnon a décidé de quitter le navire en plein combat. Son combat qui est au final le sien et pas celui des autres. Depuis toujours, Maddy se voit devenir mère, fonder sa propre famille, quelque soit les moyens employés. Pourtant la vie en a décidé autrement et elle vit avec ce fardeau dans son cœur depuis bien trop longtemps. Un secret qu’elle ne partage qu’avec très peu de personnes. Sa famille n’est pas au courant, elle n’espère pas le moindre soutien de leur part. En parlant de ce voyage, ils pensent bêtement que c’est un nouveau tournage de la Griffiths qui va leur apporter gloire et argent supplémentaire. Maddy est la seule à savoir la vraie raison de ce voyage. Elle est seule face à elle-même. Elle a essayé de trouver une réponse mais en vain. Elle ne trouve que solitude et désespoir amplifié d'un énorme sentiment d'abandon. En cours de route, on lui a arraché les armes pour se battre, elle n’a plus de force, plus d’énergie pour cette vie. La vie.

La vue est belle depuis ce pont. C’est paisible et majestueux. Le cadre est parfait pour prononcer ces derniers mots. Elle a la gorge nouée et la voix tremblante. Ses larmes menacent de s’enfuir sur ses joues à nouveau. Mais elle s’en fiche du regard des autres, pour une fois elle n’y accorde aucune importance. C’est juste elle et ses choix. Elle actionne le bouton de l’enregistreur vocal. Elle est en haut du pont panoramique de Sigriswil perché à plus de cent-quatre-vingts mètres de hauteur. Il offre une vue imprenable et reposante sur les Alpes bernoises. « Je suis en haut de ce pont, je n’ai aucun regret. Papa, maman, Melody.. je vais partir loin.. de temps en temps pensez à moi. » Elle soupire sentant les larmes lui monter aux yeux. Elle n’avait pas encore prononcé le plus dur. « Joy.. j’espère que tu arriveras à me pardonner un jour. Je suis désolée... » Elle repense à cette période houleuse de leur amitié où elle était partie vivre son rêve américain. Les larmes commencent à couler le long de ses joues rougies. « Nolan, ne pleure pas trop.. et n’oublie pas que je t’aime. » Elle appuie sur terminer. Elle n’a rien d’autre à dire. Elle a exprimé l’essentiel de ses pensées. Elle glisse l’enregistreur dans son sac et dépose ce dernier par terre. Elle s’approche de la barre de sécurité et regarde dans le vide. C’est haut. J’ai peur.

« Mademoiselle ? » Son cœur loupe un battement, ses mains lâchent précipitamment la barre en fer et elle recule. Ses doigts sont encore crispés. Elle s’accroupit en fermant les yeux, tétanisée par la peur. Il lui faut quelques instants pour reprendre ses esprits et surtout sa respiration. « Est-ce que vous pourriez me prendre en photo avec mon ami, juste là ? » Elle écoute la voix masculine qui raisonne dans son esprit. Elle est marquée par son accent anglais si particulier, mais au moins, ils semblent parler le même langage, celui des vivants. L’a-t-il vu dans ce moment de faiblesse ? A-t-il fait exprès de venir à son secours avant qu’elle commette l’irréparable ? Ou est-ce juste une coïncidence du destin ? Est-il arrivé au bon moment au bon endroit ? « S’il vous plaît, on a vraiment quatre mains gauches à nous deux. » Elle est toujours recroqueviller sur elle-même. Elle ne voit pas l’ami qu’elle pointe du doigt. Des voix bourdonnent dans sa tête tandis que son corps tout entier tremble. Elle essaye de calmer ses mains. Elle s’éclaircie la gorge essayant d’adopter le ton le plus naturel du monde, mais c’est un fatal échec. « Je.. euh.. » Reprends-toi Maddy. « D’accord. » Elle va accomplir cette mission. La fin de sa vie n’est pas encore pour maintenant. Elle doit juste réussir à se lever car jamais elle n’aurait pensé qu’une simple photo allait lui sauver la vie.

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@SWANN BUCHANAN, @MADDY GRIFFITHS & RORY

Les mots si tendrement soufflés par Swann trouvèrent le plus doux des échos dans le cœur de l'australien. Lui aussi aurait voulu le rencontrer bien plus tôt, tant de choses auraient été plus belles encore avec l'anglais à ses cotés pour illuminer ses journées et ses nuits comme il le faisait depuis deux ans. Il ne voudrait pourtant rien réécrire à leur histoire et surtout pas la façon dont il s'était peu à peu imposé dans son cœur comme une évidence contre laquelle il avait renoncé à lutter. Rory chérirait éternellement le destin de l'avoir placé sur sa route au moment où il était plus que prêt à vivre cette histoire avec lui, plus que prêt aussi à accepter de garder le reste du monde dans le secret de l'amour qu'ils se portaient. Ça ne s'était pas fait sans sacrifices et peut être que le Rory d'il y a quelques années n'aurait pas été suffisamment mûr pour supporter de ne pouvoir tenir sa main dans la sienne et fondre sur ses lèvres que lorsque personne n'avait les yeux rivés dans leur direction, mais le Rory d'aujourd'hui se savait bien trop chanceux de partager la vie d'un homme tel que Swann pour penser un seul instant que ces contraintes puissent ne pas en valoir la peine. Bien loin de là, il faisait tout ça par amour et ne reviendrait pour rien au monde en arrière. Ça valait tout autant pour ce voyage et sa symbolique, que pour leur présence sur ce pont qui à défaut de mettre Rory particulièrement à l'aise leur offrait une vue sans pareil sur ce panorama grandiose. Heureux de faire plaisir à Swann autant que de partager ça avec lui, Rory ne voudrait être nulle part ailleurs. Pas même tranquillement installé sur la terre ferme, la hauteur devenait à chaque minute un détail un peu plus anecdotique à ses yeux, trop occupés à contempler ceux de son petit-ami. « Chut, je lui ai sorti le grand jeu pour qu'elle remarque pas tout de suite qu'elle se fait rien qu'un peu avoir. » Son sourire répondit au sien. Sa sœur aurait de toute façon exigé de voir toutes les photos de leur voyage dès leur retour, même sans ce petit arrangement entre frère et sœur. C'était pour la bonne cause, et il savait que Swann avait autant à cœur que Wendy réussisse ses études que lui, la relation qui s'était nouée entre son petit-ami et sa sœur étant particulièrement forte depuis le premier jour et ce pour le plus grand bonheur de Rory. Rien ne pourrait le rendre plus heureux, peu importe que Wendy soit l'une des rares personnes devant qui ils puissent assumer leur relation et tout l'amour qu'ils se portaient. C'était déjà inestimable et il était au fond de lui convaincu que personne ne risquait moins qu'elle de se lasser de l'entendre répéter à quel point Swann avait changé sa vie et l'avait rendu infiniment plus belle. « Ça veut surtout dire que j'ai encore un an pour négocier et tenter de remplacer le saut en hélicoptère par un baptême de plongée sous-marine. » Ce n'est pourtant pas cette perspective qui valut à son sourire de s'étirer plus tendrement, mais celle de passer bien d'autres anniversaires à ses cotés. A défaut de pouvoir prédire l'avenir, Rory n'avait pas le moindre doute sur le fait qu'il le passerait auprès de Swann et c'était là la seule certitude dont il ait besoin. Un avenir qui ne pourrait qu'être beau s'ils l'écrivaient ensemble et dont il était impatient de vivre chaque seconde.

Occulter la présence des quelques touristes aux alentours pour venir effleurer le dos de son petit-ami était toujours trop tentant mais Rory ne prenait jamais de risques inconsidérés et moins encore en sachant qu'ils pourraient embarrasser Swann, dont il voulait le bonheur et rien d'autre. Ses gestes restaient donc sages et lui résistait à l'envie de retrouver ses bras, le cœur déjà plus léger de savoir qu'ils auraient toute la solitude du monde en rentrant au chalet. Ce voyage lui aurait probablement paru bien trop court lorsqu'ils auraient finalement à rentrer, mais rien ne comptait plus à ses yeux que de l'avoir près de lui et ce où qu'ils puissent se trouver. Le cadre n'était pas le plus important et bien souvent une excuse de plus pour simplement être auprès de lui, quand bien même il était profondément heureux de pouvoir lui offrir cette parenthèse et lui rappeler constamment qu'aucun paysage, aussi beau soit-il, ne capterait jamais son regard comme lui savait le faire. La promesse bientôt formulée par Swann étira de plus belles les lèvres de l'australien, conscient qu'elle n'avait rien d'anodine et n'en était ainsi que plus précieuse encore. « J'en serais vraiment heureux. » Il souffla doucement, songeant qu'il ne précipiterait rien et laisserait Swann décider du bon moment pour lui faire découvrir Londres, que si souvent il s'était représenté au fil des quelques récits auxquels il avait eu droit de la bouche de l'anglais. Rien ne lui ferait plus plaisir que de découvrir l'endroit où il avait grandi, quand bien même il savait que ce dernier n'était pas rattaché qu'à de très bons souvenirs pour Swann. Ainsi il pourrait de nouveau lui prouver que son passé ne pourrait jamais rien changer au regard qu'il posait sur lui autant qu'à la force de ses sentiments. « On a tout le temps. » Rory chérissait infiniment sa promesse parce qu'il savait que ça n'avait rien d'anodin pour Swann, mais il attendrait aussi longtemps que nécessaire qu'il soit prêt à ouvrir avec lui cette brèche vers son passé. Ils avaient tout le temps du monde, en réalité, parce qu'il n'avait pas l'intention d'aller où que ce soit et que ça faisait aussi partie des choses qu'il ne cesserait de lui répéter même lorsqu'ils en viendraient à fêter le dixième anniversaire de leur rencontre, lorsqu'il serait là aussi amoureux et comblé qu'au premier jour.

Déterminé à prendre sur lui durant toute la traversé du pont pour prouver à Swann que la hauteur n'était définitivement qu'un détail qu'il avait rapidement dépassé pour se concentrer sur la joie de partager ça avec lui, Rory vit bientôt la silhouette de son petit-ami s'éloigner sans comprendre sur le coup ce qui avait valu à Swann de presser subitement le pas. Soucieux, l'australien le suivit sans même y réfléchir et remarqua rapidement la présence d'une jeune femme, accroupie et dans un état de confusion manifeste. Difficile à cet instant de dire si c'était son apparente pâleur qui avait attiré l'attention de Swann ou la présence de l'anglais qui avait surprise la demoiselle, mais Rory n'avait aucun mal à lire l'inquiétude sur les traits de Swann et savait donc qu'il ne s'était pas approché sans raison. Habitué à être qualifié d'ami sans que ce terme ne vaille plus autant à son cœur de se serrer que durant les premiers mois de leur histoire – quand bien même une part de lui se prenait toujours à rêver d'un monde dans lequel Swann pourrait se sentir libre de l'aimer pleinement et ouvertement – Rory n'eut aucun mal à rentrer dans son jeu, lui faisant toute confiance à défaut de savoir exactement ce qui leur valait de quémander cette photo. « Oui, on est... pas très débrouillards, désolé. » Il confirma ainsi dans un sourire timide, sans s'interroger un seul instant sur le sens de cette initiative. Après tout, Swann était un homme profondément bon qui n'hésitait jamais à se précipiter pour aider autrui et ça n'était qu'une des innombrables choses que Rory aimait chez lui. « Tenez, appuyez-vous sur moi. » Rory s'approcha rien que d'un pas pour lui tendre son bras et la laisser décider si elle voulait ou non y prendre appui pour se redresser. « J'étais pas très à l'aise moi non plus en arrivant. Mais dans quelques minutes vous aurez oublié la hauteur, c'est promis. » La hauteur n'était ici pas exactement le problème, pourtant, mais Rory était trop occupé à tenter de mettre cette jeune femme à l'aise pour comprendre qu'il y avait plus qu'une phobie du vide derrière sa réaction. Son regard croisa silencieusement celui de Swann et son sourire se fit plus doux, comme une manière de lui dire qu'il était fier de partager la vie d'un homme aussi dévoué et soucieux des autres – sans même imaginer à quel point l'anglais avait effectivement de bonnes raisons de presser le pas quelques secondes plus tôt.

Les réactions de la jeune femme ne tardent pas et sont sans appel, preuves supplémentaires de sa tension. Swann ne les commentera pas et il sera le premier à agir comme s’il n’avait rien vu, comme s’il n’avait rien compris non plus. Jouer au plus bête et fermer les yeux est une habitude qu’il n’a aucun mal à retrouver, même alors que l’air suisse lui caresse le visage. Ses muscles restent tendus, prêts à l’attraper à tout instant si jamais elle glisse ou tombe - glisse ou tombe, rien d’autre. Les paroles de l’anglais se font plus lentes lorsqu’il en vient à douter qu’elle comprenne sa langue et plus encore qu’elle puisse la parler. « Je.. euh.. » Toutes les réponses sont bonnes à prendre, même si elles ne se caractérisent que par des sons et rien qui ne fasse finalement de sens. « D’accord. » Alors il souffle discrètement, préférant plutôt afficher un large sourire à la jeune femme. Il aurait voulu lui prêter sa main mais craint déjà d’oser un peu trop avec cette inconnue. Qu’elle accepte la proposition trouvée en hâte est un excellent début.

« Oui, on est... pas très débrouillards, désolé. » Les quelques mots de Rory suffisent à le tirer de ses innombrables pensées et il abandonne la jeune femme un instant, simplement le temps pour lui d’échanger un regard complice et un sourire qui l’est tout autant. Il ne s’attendait pas à ce qu’il recule face à la proposition d’une photo d’eux mais l’observer ainsi entrer dans son jeu a tout pour le rassurer autant que l’émouvoir. Il n’a pas vu les mêmes choses que lui mais il a un grand cœur, c’est une évidence actée depuis bien longtemps dont il ne cesse jamais de s’émerveiller. « Tenez, appuyez-vous sur moi. » Un pas en arrière et l’anglais s’efface de la scène sans pour autant poser ses yeux inquiets plus loin que sur le profil de la jeune femme. Il observe la scène, se demandant si elle répondra au bras qui lui est simplement tendu. Elle a l’air affaiblie et perdue mais il décèle un grand cœur en elle, il veut croire qu’elle essayera de se battre et, mieux encore, qu’elle y arrivera. La voix de Rory est plus douce que jamais et avec elle, même face à sa carrure, personne ne pourrait être effrayé. « J'étais pas très à l'aise moi non plus en arrivant. Mais dans quelques minutes vous aurez oublié la hauteur, c'est promis. » Il ne résiste pas au besoin de lui lancer un second regard, incapable de cacher le sourire naissant sur ses lèvres ni même de savoir si la blonde l’aura observé. Elle a sûrement bien d’autres choses en tête, raison pour laquelle il ne s’autorise pas à penser à Rory bien longtemps, de nouveau rattrapé par la réalité des choses. “On pourrait aller prendre cette photo au bout du pont, non ? La hauteur va crisper mon sourire, c’est certain.” Alors il improvise (de façon peu convaincante, certes) et il joue la diva, il joue l’apeuré des hauteurs, il joue celui qui en demande sans doute bien trop pour une simple photo. Ce ne sont qu’autant d’occasions pour Swann de l’éloigner de cette rambarde bien trop peu assurée et ainsi de faire regagner à son cœur un rythme cardiaque bien plus normal. “Lui c’est Rory. Et moi Swann. Vous ? On aura besoin d’un nom pour créditer ces photos.” Il a besoin d’en apprendre plus à son propos mais puisque chaque chose vient en son temps, commencer simplement par son prénom semble être un bon début, surtout alors qu’il commence par décliner leur propre identité avant toutes choses.

Contournant brièvement le duo formé par Rory et l’inconnu, l’anglais vient se poser près de son ami, une main rassurante posée contre sa hanche. Sa bouche effleure son oreille contre laquelle il susurre. “Après la photo tu pourras prendre un peu d’avance sur les boutiques, d’accord ? Je te rejoins vite.” Ce qu’il aurait voulu lui dire se serait résumé à un ‘merci’ mais les choses sont bien plus compliquées qu’elles en ont l’air. Nul doute que l’acteur l’a déjà compris.

Comment Maddy a-t-elle pu en arriver là ? Son cœur bat à cent à l’heure dans sa poitrine. Elle n’arrive pas à stopper le tremblement de ses mains. Toutes ces petits détails qui lui prouvent qu’elle est encore vivante alors qu’une minute plus tôt elle était déterminée à faire le saut de l’ange. Elle regarde son sac qu’elle avait laissé au sol, ce dernier contenant le précieux enregistreur vocal où elle prononçait ses derniers mots. Pourtant le scénario originel ne s’est pas produit. L’actrice a eu le droit à un plot twist avec l’arrivée inattendue d’un ange gardien. L’accent anglais raisonne encore dans sa tête. Ses quelques mots ont réussi à attirer l’attention de la demoiselle au bon moment, ou plutôt je dirai, on réussit à surprendre la Griffiths. La voilà, recroqueviller sur elle-même, tenant fermement ses genoux contre elle, elle a peur. Elle n’arrive pas à remettre ses idées en place. Elle a tout juste réussi à répondre affirmatif à la proposition du jeune homme. Doucement, elle ose relever sa tête blonde pour y découvrir les traits masculins remplis d’inquiétude à son égard. Elle cligne plusieurs fois des yeux, comme pour s’assurer qu’elle n’était pas au paradis. Peut-être qu’elle a véritablement sauté et voici la personne qui était là en train de l’attendre pour la suite de son pèlerinage. Maddy se sent quelque peu étourdie et elle se rend bien à l’évidence qu’elle est toujours dans le monde des vivants. L’homme devant elle est bien réel, et ce dernier est accompagné de son ami qu’elle découvre à son tour. Un grand brun s’approche prudemment d’elle, Maddy reste muette. Elle n’a pas la force de parler, elle est encore sous le choc. « Oui, on est... pas très débrouillards, désolé. » Le grand brun vient lui tendre son bras. « Tenez, appuyez-vous sur moi. » Soudainement, Maddy se sent profondément reconnaissante d’être tombée sur eux. Leur rencontre était-elle écrite ? « J'étais pas très à l'aise moi non plus en arrivant. Mais dans quelques minutes vous aurez oublié la hauteur, c'est promis. » La hauteur… Maddy a voulu dangereusement jouer avec cette dernière. « On pourrait aller prendre cette photo au bout du pont, non ? La hauteur va crisper mon sourire, c’est certain. » Une nouvelle fois, l’accent anglais vient frapper l’esprit de l’australienne. Il lui rappelle cette histoire de photo, qui seul lui et elle savent la véritable signification. Cette histoire de photo n’a été qu’un prétexte pour empêcher la Griffiths de tirer sa dernière révérence. « Lui c’est Rory. Et moi Swann. Vous ? On aura besoin d’un nom pour créditer ces photos. » Cette fois-ci les propos masculins arrivent à soutirer un sourire à la demoiselle. Les épaules de l’australienne se détendent, ses mains crispées en poing s’ouvrent de nouveau et elle accepte le bras tendu du fameux Rory. Elle leur sourit, un sourire qui voulait dire merci. Maddy se relève, se tenant au bras de Rory et récupére son sac par la même occasion. Une fois sur ses deux pieds, l’actrice répond d’une petite voix, comme si elle est une enfant prise la main dans le sac en train de faire une bêtise. Une bêtise d’adulte. « Maddy. » Une réponse automatique que la Griffiths a adopté avec le temps. L’actrice en a oublié son véritable prénom et répond toujours avec son pseudonyme. Un nom qui a tendance à disparaitre des articles médiatiques, l’actrice n’a presque prévenu personne de son voyage. Même pas son agent qui doit une nouvelle fois être exaspéré par le comportement de son talent. Maddy a toujours eu du mal avec l’aspect médiatique de son métier car elle a connu quelques histoires par le passé qui lui ont apporté son lot de problèmes. A présent, elle souhaite s’en éloigner un maximum pour son bien-être mental. Elle espère de tout cœur que les deux jeunes hommes ne révèlent jamais son plus grand secret, cela ferait une très mauvaise pub dans la presse people et sa réputation en prendrait un coup, c’est certain.

Maddy est escorté par les deux garçons et elle entend vaguement Swann s’adresser à son ami en un murmure. « Après la photo tu pourras prendre un peu d’avance sur les boutiques, d’accord ? Je te rejoins vite. » Elle se contente de fixer le bout du pont. Ils sont presque arrivés, sains et saufs. Maddy respire de nouveau lorsqu’elle retrouve la terme ferme sous ses pieds. Elle ne sait pas comment remercier les garçons, alors elle accepte l’appareil photo que lui tend Swann cette fois-ci. « Vous voulez vous mettre où ? » que demande Maddy en tenant l’appareil entre les mains, ce n’est plus le dictaphone cette fois-ci. Il faudra qu’elle s’occupe de ce dernier, mais pas maintenant, pas tout de suite. Elle laisse les garçons trouver le spot idéal. Une fois trouvé, Maddy lève l’appareil et glisse son œil derrière l’objectif. Pendant un instant, elle reste silencieuse, elle admire l’image qui s’offre à elle. Son âme d’artiste s’éveille en elle. Maddy a oublié qu’elle avait l’œil pour capturer des jolis souvenirs. A travers l’objectif, elle voit un duo souriant, heureux et surtout épanoui. Cette vision frappe la Griffiths, on dirait la parfaite illusion d’un couple, mais Maddy ne dit rien cependant car elle est la première à avoir son petit lot de secrets. Elle est la première à pratiquer le fameux « pour vivre heureux, vivons cachés ». « Un, deux, trois. » Elle appuie sur le bouton, on entend le flash de l’appareil immortaliser ce moment dans le temps. Un sourire satisfait se dessine sur les lèvres et elle vient rendre l’appareil à Swann. « J’espère qu’elle vous plaira. » Maddy se sent redevable envers eux et elle espère que ce cliché pourra être sa façon à elle de les remercier.

every little thing he does is magic.

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Sans tout à fait comprendre la scène qui se jouait sous ses yeux ni la raison pour laquelle Swann s'était éloigné quelques secondes plus tôt, il fallut moins d'une minute à Rory pour rentrer dans le jeu de son petit-ami, qu'il n'avait pas besoin d'interroger pour décider de lui faire confiance. L'atmosphère se voulait légèrement pesante, la jeune femme devant eux donnait quant à elle l'impression d'être perdue et terrifiée, et finalement même le sourire de Swann se voulait un peu différent de d'habitude – quand bien même il était toujours aussi doux. Rory avançait à tâtons à défaut de savoir exactement quoi dire ou quoi faire, convaincu que Swann avait de bonnes raisons de poser ce regard inquiet sur cette jeune femme. Il le connaissait et savait qu'il n'hésiterait jamais à tendre la main à quelqu'un, ce n'était qu'une des innombrables raisons pour lesquelles ses yeux brillaient chaque fois de fierté lorsqu'il les posait sur lui. Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle, quand bien même ses regards amoureux se voulaient légèrement de trop maintenant qu'il l'avait présenté comme son ami – Rory avait l'habitude de contenir ses sentiments en présence des autres, Swann valait largement ces efforts. « Oh, oui, bonne idée. » Il approuva les dires de l'anglais sans avoir même besoin d'y réfléchir à deux fois, veillant à ne pas paraître trop surpris de l'entendre évoquer sa phobie du vide quand quelques instants plus tôt c'était lui qui le rassurait avant qu'ils ne rejoignent ce pont. De nouveau, Rory se contentait de lui faire confiance et de le suivre, chose qu'il ferait dans n'importe quelle situation et parce que c'était aussi sa définition de l'amour. Faire confiance et soutenir quelles que soient les circonstances, chose qui s'appliquait plus encore à un être aussi merveilleux et sincèrement bienveillant que Swann. Ses improvisations faisaient sens aux yeux d'un Rory persuadé qu'il agissait pour le meilleur. Son sourire s'étira doucement lorsque l'anglais procéda aux présentations et que la jeune femme déclina à son tour son identité. « C'est très joli. » Et très doux, à l'image du visage de la dénommée Maddy. Celle-ci s'appuya finalement sur son bras et Rory entreprit de l'aider à se redresser, rassuré à son tour qu'elle semble un peu moins en difficulté que lorsqu'il s'était approché. Les chose semblaient doucement s'arranger sans qu'il ne sache vraiment à quel point elles étaient initialement complexes, et c'était déjà une bonne chose. La main de Swann contre sa hanche lui tira à son tour un sourire et c'est doucement qu'il hocha la tête et murmura à son tour. « Bien sûr. J'irai faire des repérages pour les souvenirs qu'il nous manque. » Il n'irait sûrement pas bien loin mais lui laisserait assez d'espace pour que Swann puisse faire ce qu'il semblait avoir en tête et qui à défaut d'inquiéter Rory voyait simplement naître quelques questions dans son esprit. Swann ne lui proposerait pas de partir devant s'il n'avait pas une bonne raison de le faire et ça suffisait à ce que l'australien camoufle ses interrogations derrière une brève caresse de ses doigts contre son bras. Tout irait bien.

Les deux hommes rejoignirent ainsi l'une des extrémités du pont pour faire cette photo que Maddy avait généreusement accepté de prendre pour eux, bénéficiant d'un panorama non moins grandiose et un peu moins impressionnant sans doute. « Ici ? Ce sera très bien. » L'australien proposa à son tour, trouvant l'emplacement qui devrait convenir à tout le monde et faire une jolie photo – elle n'était peut être pas prévue il y a encore quelques minutes, mais à présent l'acteur ne voyait que d'excellentes raisons de jouer le jeu. Maddy semblait plus détendue depuis qu'elle s'était saisie de l'appareil photo tendu par Swann et Rory, lui, chérissait profondément l'idée d'un souvenir supplémentaire de son voyage avec l'anglais. Ils n'en avaient assurément jamais trop. Il se glissa ainsi aux cotés de Swann et s'approcha pour les besoins de la photo, ses doigts frôlant les siens une seconde tandis que son sourire, lui, s'étira un peu plus. Rory savait qu'il ne pouvait pas se montrer aussi tactile qu'il l'aurait voulu et que n'importe quel regard aux alentours pourrait se poser sur eux, ce qui ne l'empêchait pas de croiser celui de son petit-ami avec une infinie tendresse. Si tenir sa main n'était à cet instant pas une option, ce sont bien deux yeux remplis d'amour qui couvèrent l'anglais avant qu'ils ne fixent tous les deux l'objectif et se concentrent pour faire une photo réussie et éviter de faire perdre son temps à la jeune femme. La photo sitôt prise, Rory profita que Swann récupère son appareil pour passer sa tête par dessus son épaule et admirer le résultat. « La photo est parfaite, merci beaucoup pour votre aide. » La photo était réellement tout ce qu'il y avait de plus réussie et Maddy avait de toute évidence un don certain pour capturer ce genre de moments. Le sourire arboré par Swann rendait le résultat plus parfait encore, et c'est justement un regard complice qu'il reposa dans celui de l'anglais. Il n'en oubliait pas qu'il avait promis de les laisser seuls et il était maintenant temps qu'il saisisse l'occasion pour s'éclipser. « J'ai une course à faire. Très heureux de vous avoir rencontré, Maddy. » Il l'était véritablement même sans savoir exactement comment qualifier cette rencontre ni si tout allait vraiment aussi bien qu'il en avait à présent l'espoir. Loin d'être inquiet, Rory savait que Swann avait la situation sous contrôle et qu'il savait parfaitement ce qu'il faisait, tout comme il savait que n'importe qui serait entre les meilleures mains qui soient avec lui. Rory échangea donc un dernier sourire avec lui avant de s'éloigner en direction des boutiques, sachant déjà qu'ils se retrouveraient dans quelques minutes. Une fois seul, il comptait bien mettre ce temps à profit pour lui acheter un cadeau – qu'il ne résisterait évidemment pas à l'envie de lui offrir le soir-même, comme à chaque fois.

Maddy. « C'est très joli. » Swann en pense de même, sans qu’il n’ait à forcer le trait pour continuer de tenter de rassurer la jeune femme. Il le pense sincèrement, souriant désormais quelque peu béatement face à elle. Le jour où ses frères et sœurs se décideront à faire naître une fille, nul doute qu’il se permettra de soumettre cette idée de prénom. Si certains lui rappelleront éternellement de mauvais souvenirs, il prend déjà le parti de croire que ce ne sera pas le cas pour Maddy, surtout alors qu’il fait de son mieux pour tenter de chasser la tristesse de son si doux visage. Et puisque toutes les façons d’y arriver sont bonnes à prendre, l’idée d’une photo est la première lui venant en tête - grâce à Wendy - et elle se veut aussi la parfaite excuse pour qu’ils se reculent tous trois du centre du pont, Maddy doucement aidée et escortée par Rory. Si la scène soulage et rend l’anglais heureux, il n’en oublie pourtant pas de demander discrètement à son petit-ami de prendre de l’avance pour leur donner un peu de temps. Avant ça, pourtant, il se prête volontiers au jeu de la photo, rassuré de la simple pression des doigts de l’australien contre son bras. Tout ira bien. Ses paupières papillonnant le remercient sans un mot de lui faire confiance et de suivre chacune de ses idées sans jamais douter ni le questionner.

Une fois tout le monde d’accord sur le point où se poser et prendre la photo, Swann confie sans crainte son appareil à la blonde pour se placer avec plus de confiance encore aux côtés de Rory. Ses joues se teintent rapidement de rouge sans que cela n’ait rien à voir avec l’altitude ou quoi que ce soit d’autre mais bien la proximité avec son petit-ami et tous les gestes qu’ils n’osent pas assumer. Ou, tout du moins, que Swann pousse à ne pas assumer et, surtout, à ne pas montrer. Le contexte est différent cette fois-ci et il leur permet au moins de laisser leurs doigts se frôler et surtout leurs sourires s’étendre. Ça, au moins, Swann ne craint pas de le montrer, surtout alors que tout le but d’une photo reste bien de sourire. Auprès de l’australien, il n’en a aucun mal et bien au contraire, il doit finalement se retenir de laisser paraître ses sentiments de façon trop évidente, surtout alors qu’une part de lui reste largement préoccupée par Maddy. Sa main brièvement posée dans le dos de son petit-ami, ils retrouvent rapidement la jeune femme pour découvrir la photo avec émotion. Ce n’est qu’une photo, mais à leurs yeux elle signifie bien des choses. “Merci beaucoup.” Ses mots montent en chœur avec ceux du brun dont il peut sentir le parfum contre son épaule. En réalité, elle est bien plus réussie que tout ce à quoi il aurait pu s’attendre et est réellement touché de pouvoir compter sur un tel souvenir.

Il retrouve une seconde de plus le regard de l’australien lorsqu’il s’invente une course à faire, ne laissant planer nul doute quant à ses qualités d’acteur - Swann, lui, se serait perdu dans ses mots, quand bien même il n’en a réellement que très peu à prononcer. Un hochement de tête à peine discernable sert à remercier Rory une fois de plus de jouer le jeu, surtout alors qu’il n’a aucune idée de où Swann souhaite en venir avec toute cette histoire. « J'ai une course à faire. Très heureux de vous avoir rencontré, Maddy. » Après avoir rendu son sourire au brun, il s’empresse de se retourner vers la jeune femme pour faire honneur à son humour bancal. “Il va renifler tous les fromages qu’il n’a absolument pas le droit de ramener en Australie.” qu’il souffle à son oreille, comme si ceci était le secret le mieux gardé de l’univers. Si cela peut lui permettre de détendre l’atmosphère, il sait par avance que Rory ne lui en voudra pas d’inventer de telles choses à son sujet - après tout, ce n’est pas de sa faute si la douane australienne est sans pitié et les règles de son pays vraiment très louches. “Tu as l'œil pour ce genre de chose. La photo, je veux dire. C’est une passion ?” L’angle était bon, la lumière plus encore et ce sont autant de détails auxquels il n’aurait jamais pensé lui-même. Sa curiosité est aussi sincère que le sont ses compliments, et il espère simplement qu’elle ne lui en voudra pas d’être passé au tutoiement, maintenant qu’il ne reste plus qu’eux deux et qu’ils peuvent absolument tout se dire. “On trouve un endroit où s’asseoir ?” La question, bien que posée avec douceur, n’en est en réalité pas vraiment une. Preuve en est qu’il n’attend pas sa réponse pour déjà prendre la direction d’un banc qu’il avait repéré, sachant que la discussion qu’il s’apprête à avoir avec elle ne peut pas avoir lieu au milieu d’une route, à se regarder dans le blanc des yeux. “Tu m’as fait peur, tu sais. Tu étais si proche du bord.” Et de là, Maddy est la seule à pouvoir décider de la forme que prendra la suite de leur discussion alors que les yeux de Swann ne tentent que d’essayer de lui faire comprendre qu’ils ont tout leur temps : Rory a vraiment beaucoup, beaucoup de fromages à découvrir.

Ses pas sont lents mais prudents. Doucement, elle ose regarder de nouveau en avant et elle aperçoit une douce lumière au bout du pont, un chemin vers une nouvelle vie, une vie meilleure. La suite des évènements se passent assez rapidement. Il faut quelques minutes pour que la Griffiths se reconnecte à la réalité. Il lui faudra encore un moment pour effacer ses sombres idées de son esprit tourmenté. Pendant un instant, son cerveau est occupé ailleurs. Maddy s’applique à capturer la plus belle photo pour remercier les deux hommes. Elle n’a pas les mots pour les remercier, elle est encore sous le choc, alors elle espère que son geste sera tout comme : une jolie photo qui rappellera de nombreux souvenirs. Bons comme mauvais, cela déprendra du point de vue de la personne.

« J'ai une course à faire. Très heureux de vous avoir rencontré, Maddy. » La concernée esquisse un sourire timide et arrive à prononcer quelques mots seulement « Merci Rory. » Lui aussi a apporté son aide, son soutien pour traverser l’autre moitié du pont vertigineux a été précieuse. Doucement, le grand brun s’éloigne dans le champ de vision de la Griffiths et son attention est de nouveau attirée par l’accent anglais. « Il va renifler tous les fromages qu’il n’a absolument pas le droit de ramener en Australie. » Les sourcils de Maddy se froncent doucement et elle le fixe avec étonnement. « Tu.. tu viens d’Australie ? » Le pays des kangourous est si loin, Maddy aurait plutôt misé sur l’Angleterre étant donné son accent si particulier et reconnaissable qui a marqué la mémoire de l’actrice. « Tu as l'œil pour ce genre de chose. La photo, je veux dire. C’est une passion ? » « Passion, je ne sais pas.. mais je me débrouille » Sa voix est incertaine, encore tremblante, Maddy a toujours énormément sous-estimé son talent. Pourtant sa réponse reste vague, elle n’a pas le cœur de s’étendre davantage sur sa vie. Cette fameuse vie qui l’a miné de l’intérieur, Maddy est talentueuse mais elle a un cœur trop pur pour le métier qu’elle exerce. Le monde du cinéma reste un univers impitoyable où les requins aiment manger les jolies créatures comme blondie. « On trouve un endroit où s’asseoir ? » Ses mots accompagnent ses gestes. Sagement, Maddy suit le dénommé Swann pour prendre place sur un banc, un peu à l’abri des regards. Ils sont plus au calme pour discuter. « Tu m’as fait peur, tu sais. Tu étais si proche du bord. » Maddy appuie son dos contre le banc en bois. Ses mains serrent un peu trop fort son sac contre elle. Elle pense à ce qu’il contient et plus précisément au contenu de son message. Des mots où elle fait ses adieux aux personnes qui lui sont chers. Maddy était prête à toucher le fond, elle était prête à le rejoindre, elle avait décidé de jeter les armes quand soudainement la voix de Swan a fait son interruption, la stoppant dans son dernier acte. La jeune femme ne sait pas commencer décrire, ni expliquer toutes les émotions qui tourbillonnent en elle. Depuis bien trop longtemps, elle se sent fatiguée, elle est fatiguée de se battre contre un rêve qu’elle n’arrive pas à atteindre et tous les dommages collatéraux. En silence, l’une de ses mains abandonnent son sac pour se glisser délicatement sur son ventre. Elle se sent triste. Elle a tellement pleuré ses derniers jours, qu’aujourd’hui aucune larme ne coule sur ses joues rosies. Elle est encore tétanisée et effrayée par les idées noires qu’elle a eues récemment. « Je pense que je me suis égarée pendant un moment. » que finit par dire Maddy d’une petite voix. Ses mots peuvent avoir de nombreuses interprétations. « Tu es définitivement arrivé au bon moment. » Finalement, elle relève sa tête en direction de Swann et fixe le regard masculin. Lui comme elle savent parfaitement de quoi elle veut parler. « Tu as vu ce que personne ne voyait depuis des mois. » Lui aussi il a l’œil, alors qu’il ne connait strictement rien d’elle hormis son prénom. « Merci. » de m'avoir sauver la vie Swann.

Très peu de choses en ce monde auraient poussé Swann à volontairement demander de l’espace à Rory. En réalité, il ne pensait pas même que c’était une chose possible. Même lorsqu’ils sont dans la rue, il se tient auprès de lui et se contente de résister à l’envie de lui prendre la main. Lui demander noir sur blanc de le laisser seul est une première et il y a fort à parier que cela ne se reproduira plus jamais, à en juger par l’aspect atypique de leur séjour autant que de cet instant en particulier. « Tu.. tu viens d’Australie ? » Il secoue d’abord la tête avant de se reprendre. Il n’est en Australie que depuis deux ans et pourtant c’est comme s’il y avait vécu toute sa vie. C’est dans ce pays que se trouvent ses meilleurs souvenirs, ses plus belles rencontres aussi. L’Angleterre l’a vu naître mais est bien plus en nuances. “J’y habite maintenant, oui.” Après tout, à avoir ainsi parlé du pays dans sa blague, il devait s’attendre à une telle réponse. Il n’en pose pas en retour, soucieux de ne pas paraître trop curieux. Il se contente simplement d’une question à propos de la photographie, se contentant d’accepter sa réponse comme elle vient : Maddy se débrouille sans pour autant être passionnée. C’est noté. Swann trouve qu’elle a toujours un certain talent, passion ou pas.

Une fois assis sur le banc, il la laisse prendre place à ses côtés avant d’aborder ce qui l’intéresse (et l’inquiète) réellement : elle, sa santé, son bonheur. Son futur, parce qu’elle en a bien évidemment un. Silencieusement, il l’observe se recroqueviller sur elle-même, désolé de ne rien pouvoir faire pour l’aider, pas même la prendre dans ses bras et lui jurer que tout ira bien. Ils ne se connaissent pas, ce serait incongru et elle aurait toutes les raisons du monde que de prendre ses jambes à son cou et fuir pour toujours. « Je pense que je me suis égarée pendant un moment. » Il resserre la mâchoire, ne sachant que trop bien ce qu’elle peut sous-entendre avec de tels mots. Le droit chemin n’a rien du Seul chemin à suivre, et s’il tente encore d’accepter cette idée pour lui-même, il est bien plus à même de la partager avec autrui. « Tu es définitivement arrivé au bon moment. » Son regard se veut doux lorsqu’il soutient celui que la jeune femme lui renvoie. Il n’a rien d’une menace pour elle, assurément pas, et il est encore moins un donneur de leçons. « Tu as vu ce que personne ne voyait depuis des mois. » Sa bouche s’ouvre dans le but d’en sortir quelques mots mais rien ne vient : elle a encore des choses à lui dire, il doit lui laisser le temps de s’exprimer pleinement. Maddy est le centre de l’attention, pour bien des raisons différentes. « Merci. » Et enfin, elle termine ses explications, laissant Swann se contenter de fermer les paupières et hocher légèrement la tête pour lui exprimer ses sentiments en retour. Ce sont autant de ‘de rien’ et ‘il n’y a pas de quoi’ muets. “N’importe qui en aurait fait de même.” Minimiser son implication dans chaque chose étant une habitude, il ne fait que reprendre là où il s’était sûrement arrêté la dernière fois. A la seule différence que peu de gens auraient compris que Maddy étaient en train de ‘s’égarer’, alors il précise ses mots. “C’est juste… on reconnaît plus aisément une attitude qu’on a soi-même vécu.” Il ne racontera pas son histoire aujourd’hui, c’est certain, mais si cela peut aider la jeune femme à mieux comprendre la situation alors il ne cherche pas un seul instant à en faire un secret. Pour son bien, elle est en droit de savoir et lui, cela ne l’oblige à rien.

“Tu viens d’où ? Tu es native, ça s’entend.” Cette région n’est pas la sienne ou, en tout cas, cela voudrait dire que ses parents sont de parfaits anglophones et cela donne des hypothèses bien trop farfelues et compliquées pour un Swann qui cherche simplement à comprendre. A la comprendre. “Cet endroit est magnifique, j’aurais adoré y vivre.” Et non y mourir, cela va de soi. Il n’aurait jamais voulu que sa mort soit une publicité morbide faisant fuir les touristes au lieu de les attirer. Sa tête dérive un temps vers le petit village non loin, comme s’il allait sincèrement pouvoir y discerner la silhouette du brun. “Dans un sens, je trouve ça courageux. Vouloir sauter dans le vide.” Et il ne ment pas, Swann, pas à un seul instant. Un dernier saut est un acte qu’il trouve impressionnant. Elle n’aurait pas souffert grâce à un arrêt cardiaque arrivé avant la chute ; c’est ce que les études disent. “Mais je m’en tiens à une envie de saut à l’élastique ou en parachute, ce genre de choses.” Quand les idées noires reviennent soudainement, ce sont ses poignets qui le tiraillent. Comme quoi, le caractère de chacun permet de les différencier en toutes choses, même dans la mort. “Peu importe… les raisons, tu es bien trop douce et avenante pour priver qui que ce soit de ta présence.” Swann ne donne pas de leçons, jamais, mais il peut au moins essayer de faire entendre sa voix, un demi sourire au coin des lèvres. Il n’est personne pour lui demander de prendre soin d’elle, mais il l’espère sincèrement.

« J’y habite maintenant, oui. » Silencieuse, elle retient cette information dans un coin de sa tête, peut-être que cela lui sera utile un jour. Elle ne sait pas. Seul l’avenir est le détenteur de cette réponse. Elle se contente simplement d’hocher sa tête et de suivre l’ange, prenant la direction d’un banc, à l’abris des regards indiscrets.

Perdue au beau milieu de la Suisse, Maddy a pu retrouver un semblant d’anonymat. Loin de tous, de ses proches, de sa famille ou encore de son agent, elle a eu le temps de penser, réfléchir, se retourner son cerveau dans tous les sens. Elle a voulu dessiner de nombreuses fois, mais elle a eu le syndrome de la page blanche, en plus d’avoir le cœur vide d’amour. L’abandon de son ex-compagnon l'a profondément marqué. Pendant très longtemps, elle s’est sentie seule et incomprise. Pourtant aujourd’hui, elle croise la route de Swann. Cet homme dont elle ne connait rien hormis son prénom et son accent si particulier. Pourtant, l’anglais a su entrevoir ce que personne ne discernait. Attentif et bienveillant, il est venu donner à un petit coup de pouce à l’australienne. Il a vraiment des allures d’ange lorsqu’elle le regarde avec plus d’attention. Sans le savoir, les deux semblent avoir tisser un lien en quelques minutes seulement. La voix masculine est douce et réconfortante. Elle trouve les bons mots pour ramener à la raison l’âme égarée. « N’importe qui en aurait fait de même. » Elle se pince doucement les lèvres, elle n’est pas certaine sur ce point-là, pourtant elle continue à l’écouter. « C’est juste… on reconnaît plus aisément une attitude qu’on a soi-même vécu. » Elle fronce légèrement les sourcils. A-t-elle bien compris ce qu’elle venait d’entendre ? Elle a un pincement au cœur mais ne dit rien. Elle n’ose même le regarder pour discerner une quelconque trace de ce vécu. Elle se sent juste entendue et comprise, pour une fois.

« Tu viens d’où ? Tu es native, ça s’entend. » « D’Australie. » qu’elle répond sans donner davantage de détails. Elle a peur de se faire reconnaitre, que l’identité de Maddy Griffiths soit révélée aux yeux de tous. Aujourd’hui, elle est juste Madeline. «  Cet endroit est magnifique, j’aurais adoré y vivre. » « C’est vrai, c’est reposant. » Lui aussi a choisi une belle destination pour voyager. Un voyage dont ils garderont de nombreux souvenirs. « Dans un sens, je trouve ça courageux. Vouloir sauter dans le vide. » Même dans la noirceur des actions de l’australienne, il trouve de la lumière. Il est impressionnant, rassurant. Peut-être qu’un jour avec du recul, la Griffiths comprendra qu’elle est une femme forte et courageuse. « Mais je m’en tiens à une envie de saut à l’élastique ou en parachute, ce genre de choses. » Elle a un léger sourire en coin. Elle n’a jamais pensé à ce genre d’expérience jusqu’à aujourd’hui. Peut-être qu’elle aura le courage de le vivre un jour. « Tu en as déjà fait ? » qu’elle lui demande tout simplement. C’est plus facile de parler de choses « normales » que de récits lugubres. « Peu importe… les raisons, tu es bien trop douce et avenante pour priver qui que ce soit de ta présence. » Maddy est touchée par les paroles masculines qui respirent la sincérité. Peut-être que le but de ce voyage n’était pas une fin mais un renouveau. Elle a besoin d’entendre des paroles comme Swann lui communiquent. Elles sont encourageantes et salvatrices. « Tu as peut-être raison. » qu’elle répond humblement, bien trop gênée pour accepter les qualités qu’elle possède. Elle prend une grande respiration avant d’attraper son sac. « Je peux te demander un service Swann s’il te plait. » Elle farfouille dedans avant de sortir le fameux dictaphone où elle avait prononcé ses derniers mots. « Tu peux m’aider à me débarrasser de ça ? » Le jeter, le casser, le bruler, peut-être le moyen. Cet objet doit disparaitre pour qu’elle puisse aller de l’avant.

La coïncidence le fait sourire aussitôt qu’elle prononce son pays natal. « D’Australie. » Ses yeux se dérobent un instant des siens, le temps pour l’anglais de sourire sans penser à rien de plus, sans en tirer aucune conclusion non plus. L’Australie abrite les plus belles âmes qu’il lui a été donné de rencontrer durant sa vie et il apprécie ce pays un peu plus à chaque nouvelle journée écoulée. Cela ne l’empêche pas de brièvement vanter les mérites de la Suisse, pays qu’il s’estime chanceux d’avoir pu découvrir, surtout en la compagnie de Rory. Maddy semble de son avis, ce qui le rassure une fois de plus. Il cherche simplement à lui donner des mots auxquels se raccrocher, sans pourtant vouloir la faire parler en retour. Si elle ne le veut pas, il ne ferait rien pour la mettre mal à l’aise.

Plus difficilement cette fois, le blond aborde le sujet le plus délicat, tentant de trouver de quoi en rire. Il préfère le saut à l’élastique à un simple saut dans le vide, voilà la seule comparaison qu’il arrive à rapidement trouver, n’ayant que son sourire pour s’accrocher aux branches. Maddy est avenante et compréhensive, pourtant, elle ne cherche pas à le fuir ni même à nier la chose. Ils savent tous deux ce qu’elle s’apprêtait à faire et, maintenant, elle sait que Swann a déjà connu ce genre de pensées, un jour. « Tu en as déjà fait ? » Ils ont l’air d’avoir une conversation tout ce qu’il y a de plus normal, parfois, avant que le moindre mot de travers ne vienne leur rappeler toute l’importance de la chose. Toutes les conséquences que leurs pensées les plus sombres peuvent avoir sur leur vie ; et leur mort. “Jamais. Un jour, j’espère.” Quand l’occasion se présentera, il ne la refusera pas. Jusque-là, pourtant, il ne s’imagine pas forcer le Destin. Il aimerait partager une telle expérience avec son frère, sachant par avance qu’ils se battraient pour savoir qui aurait le droit de sauter le premier et non l’inverse.

« Tu as peut-être raison. » Chaque vie mérite d’être vécue dans son entièreté, surtout la sienne, et si Swann doute d’une infinité de choses dans la vie, ce n’est pas le cas de celle-ci. Il ne le lui souligne pas, déjà bien heureux qu’elle accepte de lui concéder une partie du terrain. Les choses avancent petit à petit et son cœur est un peu moins serré à chaque nouvelle seconde écoulée. Désormais, il se raccroche à chacun de ses gestes et mots, ne pouvant pas anticiper ses réactions. Après tout et malgré les apparences, ils ne se connaissent pas le moins du monde. « Je peux te demander un service Swann s’il te plait. » Ses yeux soucieux remontent dans ceux de la jeune femme, refusant de donner leur attention au sac qu’elle serre encore un peu plus contre elle. Il s’attend à tout, le pire comme le meilleur. Mais surtout le pire, honnêtement. « Tu peux m’aider à me débarrasser de ça ? » Attrapant le sac entre ses mains, il ne prend pas la peine de lui demander ce qu’il contient. Cela ne le regarde pas. “Tu veux que je m’en occupe avec toi ou seul ?” Il prend le temps de reposer le sac derrière lui, sa main toujours accrochée à une anse. Ce n’est là que le seul moyen qu’il a trouvé pour le garder hors de la vue de la jeune femme. Peu importe ce qu’il contient, ce ne sont que des mauvais souvenirs pour elle, et elle devrait pouvoir en être allégée, raison pour laquelle il prend le temps de lui demander la façon dont elle souhaite procéder. “Je peux t’en demander un moi aussi ?” Il s’éclaircit la gorge rapidement, habitué à garder une voix douce et basse mais certainement pas à ce point là. “Tu peux accepter de prendre mon numéro ? Je te demande rien d’autre, juste de l’avoir.” Elle l'appellera si elle veut, elle lui enverra un message si elle le juge utile. Swann n’a pas le droit de la forcer à faire de telles choses, alors il se contente de demander qu’elle accepte simplement qu’il lui partage son téléphone, espérant que cela sera suffisant pour qu’elle se porte bien.

C’est très naturellement que Swann et Maddy se mettent à discuter, comme si leurs chemins étaient prédestinés à se rencontrer un jour. Un jour qui restera gravé dans la mémoire de l’australienne, c’est certain. A présent, cette journée est plus perçue comme un renouveau qu’une fin. Même s’il lui manque encore les mots pour témoigner sa reconnaissance envers l’anglais de l’avoir aidé, elle n’oubliera jamais son geste, et espère le remercier comme il se doit dans le futur. Le corps de Maddy est encore frêle, son esprit fatigué, elle vient de vivre un ascenseur émotionnel à défaut d’avoir fait un saut à l’élastique. Le parallèle l'a fait sourire, lui donne envie de vivre encore afin d’avoir l’opportunité de connaître un jour cette sensation. Un vent de liberté entre ses cheveux blonds, alors qu’elle ferait le saut de l’ange, et cette fois-ci sans fin tragique.

Pour l’instant la priorité de la Griffiths n’est pas de vivre des sensations fortes, mais plutôt se défaire d’un fardeau qu’elle porte depuis bien trop longtemps. De moins, faire un premier pas pour aller de l’avant. Elle sait d’avance que le chemin sera long et sinueux, mais elle semble avoir trouver le chemin de la lumière et peut-être même un ange gardien dans cette bataille. C’est ainsi qu’elle perçoit Swann qui semble être une âme profondément bienveillante alors qu’elle ne le connait que depuis dix minutes. Pourtant, ils ont l’air d’avoir déjà des atomes crochus. Se sont-ils connus dans une vie antérieure ? Prenant une grande inspiration, Maddy souhaite être vaillante une dernière fois pour cette journée, après elle ira se reposer sagement dans sa chambre d’hôtel. Elle prend son sac qu’elle montre à l’anglais, ce dernier contenant le fameux dictaphone. Elle lui demande de l’aider à s’en débarrasser. « Tu veux que je m’en occupe avec toi ou seul ? » La jeune femme prend quelques instants pour méditer, cette décision est importante pour la suite. Elle regarde le sac que Swann prend le soin de cacher discrètement sur le côté. Le moindre de ses gestes respirent la gentillesse, elle est presque impressionnée et stupéfaite d’avoir rencontrer une personne comme ça sur terre. « Le faire ensemble me semble être une bonne idée. » qu’elle finit par lui répondre d’une petite voix que seul lui et elle peuvent entendre. « Je peux t’en demander un moi aussi ? » Elle redresse ses deux grandes billes bleutées en direction du jeune homme. « Oui ? » Pendant un instant, elle est intriguée par la requête masculine, son cœur se met à s’accélérer dans sa poitrine. Elle doute, elle se met à se poser mille et une questions intérieurement. L’a-t-il reconnu ? Elle a peur d’entendre la suite. « Tu peux accepter de prendre mon numéro ? Je te demande rien d’autre, juste de l’avoir. » Immédiatement, sa respiration retombe. Elle est soulagée. Elle se sent bête d’avoir eu de telles pensées. « Oh.. euh.. » Elle est encore toute surprise la Griffiths. Elle monte du doigt le sac. Elle se rappelle que toutes ses affaires étaient fourrées là-dedans. Elle est encore un poil déconnectée de la réalité. Dans un sourire, elle s’excuse et vient récupérer son téléphone à l'intérieur du sac. Elle reste silencieuse en déverrouillant le cellulaire. Elle voit tous les appels qu’elle a manqué ces derniers jours, sans parler des messages auxquelles elle n’a pas répondu. Et elle est surprise en voyant un appel qui remonte d'il y a à peine une heure. Celui de son agent, Sergio. Avait-il senti quelque chose arriver ? Elle écoutera son message vocal plus tard. Elle ouvre son répertoire de contacts et crée une nouvelle fiche. « Tiens. » Elle laisse le blond rentrer ses coordonnées avant de lui demander d’une voix hésitante. « On y va ? Comme ça après j’aurai le temps de renifler les fromages suisses aussi. » Elle s’amuse avec une touche d’humour, c’est que ça donne faim toutes ses péripéties, et c’est sans doute ce qu’il lui aurait le plus manqué : la nourriture.