Je me demande si j’ai fait les bons choix, comment ça se serait passé si j’étais rentré en Australie avec Elise ? On ne le saura jamais. J’ai voulu me changer les idées, rejoindre Chloe sans arrières pensées, et je n’ai rien contrôlé là-bas. Tout est allé trop vite, et ça a commencé aussi vite que ça s’est arrêté. « J'en sais rien. Je l'aurais fait, c'est tout. On se devait rien. » Elle aurait vraiment voulu que je parte avec elle, et ça n’est que maintenant que je le comprends. “Je savais pas que t’étais sérieuse.” Ce que je savais c’est qu’elle était sérieuse avec Jack, et qu’il serait toujours passé avant moi. J’en suis sûr et certain. Elle l’aimait, et il n’y avait de la place que pour un seul homme dans sa vie.

Je reste dans mon coin de la cuisine avec mon verre. « Tu m'as menti. » Je pince les lèvres. “Je mens beaucoup.” Elle le sait, elle me connait. C’est certainement une des personne qui me connait le mieux sur cette planète. Elle veut que je lui dise que je ne l’aime pas, ou que je l’aime, je ne comprends pas vraiment. Mais je n’en ait pas envie. Je ne sais pas ce qu’il se passe entre nous, et, jusque là ça nous allait à tous les deux. « J'suis fatigué. » Moi non, et je n’ai pas envie de la laisser seule après toutes ces semis aveux. “Tu peux pas espérer que les gens parlent si t’es pas foutue de décrocher un mot sur ce que tu ressens.” On est pareil, c’est seulement l’hôpital qui se fout de la charité. Mais, moi j’ai dit que je n’avais aucune envie de lui dire que je ne l’aimais pas. « Tu restes ou tu dois aller chercher Lola ? » “C’est toi qui me fatigue.” Je secoue la tête et passe une main sur mon visage. “Pourquoi c’est moi que t’as appelé ? “ Parce que je suis sûrement la seule personne qui la supporte assez longtemps. “Elle est avec Alex pour la soirée, j’avais besoin de calme et de me reposer.” J’ai toute la nuit pour l’emmerder dans sa cuisine, alors la soirée ne fait que commencer de mon côté. C’est elle qui a lancé les hostilités, et maintenant, je veux aussi savoir ce qu’elle pense.

“Je savais pas que t’étais sérieuse.” C'est trop facile. Il croit quoi ? Que tu lui lances des demandes en l'air sans vraiment les vouloir ? Il croit que tu t'ouvres à lui sans être sérieuse ? Il voulait pas que tu sois sérieuse. Il a choisi de croire ce que lui avait envie de croire, c'est pas pareil et maintenant, c'est trop tard. Paris fait parti d'un passé qu'aucun de vous deux ne retrouvera jamais. On ne change rien avec des "et si". “Je mens beaucoup.” Quel connard. Quelle idiote. Vraiment un très joli duo que vous formez. « Faut croire que j'ai été assez conne pour croire qu'à moi, tu ne mentais pas. » Et ça fait encore plus mal de l'admettre à voix haute. T'es pas spéciale Elise. T'as droit au même traitement de faveur que tout le monde. Et merde, tu la détestes cette larme qui réussis à se tracer un chemin sur ta joue. Tu l'essuis avant même qu'elle ne tombe au sol.

“Tu peux pas espérer que les gens parlent si t’es pas foutue de décrocher un mot sur ce que tu ressens.” Tu lèves les yeux au ciel. Tu pourrais lui dire exactement la même chose. Il peut pas te reprocher de ne pas t'ouvrir quand lui non plus ne le fait pas. Ça ferait trop mal de le dire. C'est sûrement pour ça qu'il se la ferme lui aussi. Ça sert à rien tout ça. Aucun de vous deux ne va parler, ni ce soir, ni jamais. C'est peut-être mieux comme ça. Parler, c'est courir le risque de se perdre. “C’est toi qui me fatigue.” Bon, et puis quoi encore ? “Pourquoi c’est moi que t’as appelé ? “ Tu hausses les épaules. C'est venu instinctivement. Tu as appuyé sur son nom sans même réfléchir. « Je savais pas qui appeler d'autre. » Et ça aussi, c'est vrai. Jet est le seul qui t'es venu en tête, le seul que tu pensais qu'il allait t'aider. Au fond, il avait raison Saül. T'es même pas capable de te sauver toi-même. Tu t'accroches à n'importe qui en espérant qu'il le fasse à ta place. T'es lâche. T'es pathétique. “Elle est avec Alex pour la soirée, j’avais besoin de calme et de me reposer.” C'est qui Alex encore ? Une preuve de plus que tu ne connais rien sur lui. C'est une personne en qui il a assez confiance pour lui laisser son enfant et tu ne sais même pas qui c'est. « T'aurais pas dû venir si tu voulais du calme. » Il le regrette sûrement et ça n'ira pas en s'améliorant. « Rentre chez toi Jet. Va te reposer. » Il en a sûrement besoin. Tu sais à quel point ça peut être difficile d'élever seul un bambin qui ne fait pas ses nuits.

Je ne sais pas comment ni pourquoi on en est parti à parler de cette manière. Pourquoi est ce que tout est toujours aussi compliqué avec Elise ? Je ne sais pas quoi faire, je ne pensais pas que notre relation tournerait ainsi. Au fond de moi, elle me fait peur, j’ai l’impression qu’elle s’ouvre à l’amour et qu’elle finit par partir et se lasser. Un peu comme moi au fond, mais je ne veux pas être avec une femme comme moi. Ce serait trop dangereux, trop éprouvant maintenant que j’ai une fille. Si elle n’est pas au clair sur ce qu’elle veut et moi non plus, on ne pourra jamais aller plus loin. « Faut croire que j'ai été assez conne pour croire qu'à moi, tu ne mentais pas. » Je vois ses yeux qui brillent et la larme sur sa joue. Je m’en veux, je suis un connard mais il m’arrive d’avoir un coeur quand il s’agit des personnes qui compte beaucoup pour moi. Je pince les lèvres et je secoue la tête. “Je t’ai pas menti, ça comptait pas et tu le sais très bien.” Chloe ne fut qu’une passade, intense pendant quelques jours ou quelques semaines, puis la disparition.

« Je savais pas qui appeler d'autre. » C’est donc seulement ça ? Je suis le premier qui arrive devant sa porte quand elle en a besoin ? “Ravi d’être la roue de secours qui répond toujours à tes appels.” Mon poing se resserre un peu. Je la blesse, elle me blesse, et finalement ça ne change pas de ce que l’on fait d’habitude. Je ne sais pas ce qu’elle veut, ni ce que je veux. « T'aurais pas dû venir si tu voulais du calme. » Je fronce le nez. “Tu sais très bien que j’avais envie de venir.” Si j’avais envoyé un message pour lui demander de venir elle l’aurait fait, et ça, je n’en ai aucun doute. Je me sers un nouveau verre que je bois en moins de dix ou quinze secondes. Je la regarde encore, je ne détourne pas les yeux de son visage. « Rentre chez toi Jet. Va te reposer. » Je n’en ai pas envie, rien ne m’attend chez moi. Et je me demande si on a vraiment besoin de parler pour savoir ce qu’il en est de ce qu’on ressent. “J’ai pas envie de dormir.” Je me rapproche d’elle et je remplis le verre qu’elle a laissé sur le plan de travail. Je me place à nouveau face à elle, on a enfin arrêté de hurler. Je laisse glisser mes doigts sur sa main en attendant de voir sa réaction. “T’as vraiment besoin de mots tu crois ?” Je ne peux pas lui dire que je ne l’aime pas, parce que ce serait complètement faux. “Je te mens pas.” Je ne l’ai jamais fait, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer.

“Je t’ai pas menti, ça comptait pas et tu le sais très bien.” « Peu importe. » que tu ajoutes pour conclure cette discussion. Ça ne sert plus à rien d'en parler de toute manière. Aussi bien tourner la page et ne rien régler comme toujours. “Ravi d’être la roue de secours qui répond toujours à tes appels.” Tu lèves les yeux au ciel. Comme si toi tu n'étais pas celle qui répondait toujours à ses appels. Peu importe à quel point il t'énerve, même qu'il te blesse, t'es encore là. « Arrête de jouer les mélodrames. » Il n'est même pas crédible dans son jeu de rôle. Peut-être qu'il aurait dû prendre des cours avec sa petite amie actrice au lieu de passer son temps à batifoler avec. “Tu sais très bien que j’avais envie de venir.” Non t'en sais rien. Il te dit jamais rien. Tu ne veux même pas le savoir. Tu veux juste qu'il s'en aille, qu'il se la ferme. Tu regrettes presque d'avoir abordé un sujet qu'il n'était pas prêt à avoir. Tu veux juste être toute seule. C'était une erreur de croire que Jet pourrait t'aider. Toi, tu règles les problèmes des autres, mais personne ne règle les tiens. Tu dois le faire toi-même, encore. Ça fait rien. Tu trouveras une solution. Tu en trouves toujours une. “J’ai pas envie de dormir.” Il est vraiment énervant. Pas moyen de réussir à s'en débarrasser. « Moi, oui. » Si lui n'est pas crevé, épuisé, à bout de souffle, toi, tu peux l'être pour vous deux. T'es fatigué. Tout ça ne mène à rien. Tu as juste envie d'aller dormir. Il ne peut pas juste arrêter d'insister ? T

“T’as vraiment besoin de mots tu crois ?” Quel connard. Tu sais très bien à quoi il fait allusion. Oui, ce sont des mots dont tu as besoin. Tu veux quelque chose de clair. Tu ne veux pas retomber dans l'abstrait. Le montrer autrement ne ferait que compliquer les choses encore plus. Ses doigts s'égarent sur ta main. Cette fois-ci, tu ne le repousses pas même si l'envie est quand même un peu présente. Tes doigts se redressent pour venir accueillir les siens entre les tiens. “Je te mens pas.” « J'te déteste. » Pour mille et une raisons. La principale étant de réussir à t'amadouer, à te faire flancher alors que tu ne le voulais pas. Tu n'as qu'un pas à faire dans sa direction pour que ton autre main ne vienne s'accrocher à sa nuque pour attirer son visage vers le tien, pour que tes lèvres trouvent les siennes comme si elles connaissaient le chemin par coeur. Pourtant, c'est bien loin d'être le cas. Retrouver ses lèvres, c'est presque comme retourner à la maison. Encore une belle erreur qui ne va rien arranger, qui va tout compliquer encore plus.

« Peu importe. » C’est faux, ça lui importe, et je le vois dans ses yeux. Dans la larme qui a roulé sur une partie de sa joue avant qu’elle ne la chasse violemment. Je n’aime pas la voir dans cet état, mais je ne me sens pas de la rassurer sur les sentiments que l’on ressent l’un pour l’autre. “C’est toi qui mens.” Elle ne répondra sûrement pas, mais on sait tous les deux qu’elle est la plus menteuse de nous deux. « Arrête de jouer les mélodrames. » “C’est toi qui commences.” C’est la plus drama queen de nous deux, et elle le sait très bien. J’essaie de la calmer, de lui changer les idées, mais la conversation tourne sans cesse autour de ce qu’il se passe entre nous et ce que l’on peut ressentir. On n’avancera pas sur la question en parlant, et je ne pense pas que l’un ou l’autre finira par réellement s’ouvrir un jour.

« Moi, oui. » Elle m’énerve, elle est vraiment insupportable, et pourtant je reste face à elle dans cette cuisine. Je m’approche d’elle calmement, attendant de voir si elle me repousse encore une fois ou si elle veut que je me rapproche d’elle. Je ne dis rien et je touche sa main, je l’effleure et elle enlace nos doigts. « J'te déteste. » Et la discussion est terminée, l’énervement aussi je crois. Je ne bouge pas, je ne sais pas combien de minutes passent et je serre ses doigts. A cet instant, il n’y a qu’elle et cette alchimie qui comptent. Cette intensité et ses yeux qui parlent pour elle. C’est à ce moment précis que je comprends que je n’aurais jamais pu lui dire que je ne l’aimais pas, parce que ce serait l’inverse total de la vérité. Je ne sais pas qui s’est avancé en premier, lequel de nous deux a touché le visage de l’autre en premier, mais nos lèvres se retrouvent comme si c’était leur place naturelle. Je ne sais pas depuis combien de temps ça n’était pas arrivé, mais je me sens bien ce soir. Il n’y a plus besoin d’aucun mot, parce qu’on sait. Je suis terrifié, et je sais aussi que je prendrai peur demain quand le soleil se lèvera, mais pour le moment je profite de ce qu’on est capable de s’offrir. Ma main passe sous sa cuisse et la porte pour l’asseoir sur son plan de travail, à côté de nos verres. Je recule mon visage une seconde, je veux être sûr qu’elle est d’accord avec ça et que je ne me fais pas de films, je ne compte pas la forcer à faire quoi que ce soit, alors j’attends son feu vert, j’attends qu’elle prenne une décision qu’elle regrettera sûrement dans quelques heures.

Deux vrais gamins qui se relancent la balle. Voilà ce que vous êtes. Cette discussion ne sert à rien. La soirée en entier n'a servi à rien si ce n'est à t'épuiser davantage mentalement. C'était idiot. Tu ne comprends pas pourquoi tu as voulu le forcer à quoi que ce soit. C'était idiot. Et tu choisis de laisser tomber, parce qu'il est capable de se battre plus longtemps que toi. Tu baisses les armes. Ça non plus, ça ne semble pas faire son affaire. Il n'y a jamais rien qui fait son affaire à Jet de toute manière, faut pas s'étonner. Il s'essaie à nouveau, à te toucher. Il glisse délicatement le bout de ses doigts sur ta main qui l'accueille sans broncher cette fois. Tes doigts se glissent dans les siens et il les resserrent un peu plus. Peut-être que pour une fois, c'est lui qui a raison. Peut-être que les mots ne sont pas nécessaires. Peut-être qu'un regard veut tout dire. Peut-être qu'une simple caresse veut des millions de mots. Quand il pose son regard dans le tien et que tu te sens reine du monde dans son reflet, ouais, pas besoin de mot. Tu as juste besoin qu'il te regarde comme si t'étais la huitième merveille du monde. Tout semble complètement logique lorsque tes lèvres trouvent les siennes. Ce baiser n'a pas le goût d'une erreur. Il a le goût d'une nouvelle aventure qui commence. Elle ne sera pas de tout repos, mais ce sera la vôtre. Est-ce que le timing était enfin de votre côté ? Pas forcément. T'es encore marié. T'as des tonnes de problèmes à régler et c'est sûrement pareil pour lui. Ses mains viennent se poser sous tes cuisses. Il te remontent sur le plan de travail au même moment où un soupir se casse sur ses lèvres. Son visage s'éloigne du tien, son regard sonde le tien. Il attend un oui ou un non. Tes bras s'enroulent autour de sa nuque. Ils sont là, sur le bout de ta langue les trois petits mots. Ils sont là, mais ils ne bougeront pas, parce qu'il n'est pas prêt à les entendre. Ça ne fait rien. C'est son rythme, le tien, le vôtre. Tu l'embrasses de nouveau, tes jambes se serrent autour de sa taille. Bientôt, la maison ne sera habitée que par le bruit de ses râles qui se mêleront au tiens. Pas de mots. Juste des caresses.

Quand le soleil se pointe le bout du nez, que tu t'étires doucement dans les couvertures. Tu n'arrives pas à défaire ce sourire de tes lèvres. Tu tâtes la place à tes côtés. Vide. Pas vraiment son genre d'être debout le premier. Il doit être au rez-de-chaussée. Il fait sûrement du café. Oui, sûrement. Quand tu descends les escaliers, toujours personne. « Jet ? » Il n'y a que l'écho de ta propre voix. Il est parti sans un mot ni rien. Pourtant, tu y crois encore qu'il n'est pas juste parti comme un voleur. Ça se peut pas. Il n'a jamais fait ça. Pourquoi il le ferait aujourd'hui ? Après une semaine complète sans aucune nouvelle, sans aucun retour de tous les messages que tu lui as envoyé, ouais, t'as compris le message. Jet s'est tiré comme un voleur et il ne va pas revenir. Il a eu ce qu'il voulait et il est parti. Ça t'apprendra à développer de l'affection pour un connard. Encore.

Voici l'heureux élu promu à la première place dans ta dead list.