Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
La matinée a été folle, Lena a découvert qu'elle pouvait faire quelques pas sans se tenir à un meuble et depuis elle semble vouloir repousser ses limites encore et encore, tout en me faisant frayeurs sur frayeurs alors qu'elle menace de s'écrouler à chaque pas qu'elle fait. Finalement l'époque ou elle grimpait sur tout à quatre pattes va me manquer et je passe mon temps à tenter de lui éviter une chute douloureuse, et à déplacer les meubles pour éviter qu'elle ne se cogne, le tout en m'occupant de Lucy qui réclame mon attention en me suivant partout ou je vais dans la maison et qui se met à ronchonner dès qu'elle ne me voit plus. C'est mon nouveau quotidien désormais, et je ne vois pas le temps passé avec elles, et après une virée avec elles dans les magasins, toute une expédition, à la recherche du cadeau pour leur un an, le moment du repas qui est toujours un grand moment avec elles deux, l'heure de la sieste est plus qu'attendu, pour elles comme pour moi. Allongée dans notre lit, les filles endormies depuis quelques minutes, le baby-phone posé à côté de moi, j'en profite pour tenter d'avancer sur mes projets professionnels. Je dis bien tenter parce que je n'avance pas du tout et soyons réaliste je serais bien plus productive avec un café et une cigarette sur la terrasse mais c'est le lit que j'ai choisi pour me poser et ça doit sans doute en dire long sur mon état de motivation. Je n'ai plus d'emploi fixe mais j'ai d'autres projets et quelques articles à écrire pour un site indépendant. Rien de bien fou, quelques articles sur les événements qui se déroulent à Brisbane avec la célébration de l'obtention des JO et le sport mit en avant partout dans la ville. Mais mon article n'avance pas vraiment, voir même pas du tout aujourd'hui et je suis même pas loin de m'endormir, épuisée par la matinée passée avec les filles. La musique en fond, je laisse l'ordi à côté de moi et je ferme les yeux quelques petites minutes juste pour profiter du calme de la maison.
Les quelques petites minutes ont sans doute duré un peu plus longtemps que je ne le pensais puisque quand j'ouvre les yeux, il fait plus sombre dans la chambre, et je remarque que les volets ont été baissés laissant tout de même passer quelques rayons du soleil. Je remarque aussi le plaid que j'ai sur moi désormais. Je souris, parce que je sais que c'est Caleb qui a fait tout ça pour prendre soin de moi. J'entends l'eau de la douche de notre salle de bain et je regarde l'heure, juste pour réaliser que je me suis réellement endormie bien plus que quelques petites minutes. L'eau s'arrête et quelques instants plus tard je vois Caleb une serviette autour de la taille qui sort de la salle de bain et se dirige vers son armoire tout doucement. Je crois qu'il n'a pas vu que je suis réveillée et je l'observe un peu en silence, ses cheveux mouillés sont en vrac et de l'eau coulent encore dans sa nuque et dans son dos. Je regarde mon futur mari, je souris en le voyant se pencher pour attraper un boxer, et je regrette presque que sa serviette ne tombe pas à cet instant précis. Je bouge dans le lit juste pour me relever un peu de façon discrète pour qu'il ne m'entende pas, je l'observe silencieuse mais un sourire bien présent sur les lèvres. Un sourire qui s'agrandit encore quand il enlève sa serviette pour enfiler son boxer me laissant pendant quelques instants une vue très intéressante sur ses fesses. Cette partie de son corps que j'aime toucher, caresser et agripper quand il est sur moi et que je sens ses muscles se contracter pour me donner du plaisir. Ses fesses ont gagné en muscles depuis qu'il fait du sport et c'est loin d'être déplaisant je dirais même qu'au contraire c'est plutôt très excitant de les savoir dures et fermes, mais il ne reste pas longtemps les fesses nues puisqu'il finit par enfiler son boxer et c'est quand il se retourne et qu'il me voit allongée sur les coudes en train de le regarder que je m'adresse à lui pour la première fois. « Hey, salut lapin. » Un surnom qui date de notre soirée de retrouvailles et auquel j'ai pris goûts. Je lui souris alors que mes yeux sont attirés par son corps en boxer qui se présente face à moi. Son torse est encore humide et il brille éclairé par les quelques rayons de lumière qui passent à travers les volets aux tiers fermés. Je quitte ma position allongée pour m’asseoir dans le lit et me rapprocher de lui, je m'installe à genoux sur le lit et j'attrape l'élastique de son boxer pour l'attirer vers moi et l'embrasser sur la joue avant de venir poser mes lèvres sur les siennes alors que mes doigts caressent son torse. Je ferme les yeux le temps de ce baiser et je laisse mes doigts glisser sur un torse dont je connais chaque détail et que j'aime tant. Je n'ai pas à le regarder, je le visualise dans ma tête, alors que mon pouce glisse sur ses abdos que je peux sentir sous mes doigts, plus musclés par ses séances de sports, je sens ses os, ses muscles, ses tablettes de chocolats qui se dessinent peu à peu et j'aime tellement son torse. Je donne un caractère plus sensuelles au baiser trahissant sans doute l'effet que son corps me fait à cet instant. Mes mains glissent sur ses hanches, j'éloigne mes lèvres des siennes, et je le regarde tout en me pinçant la lèvre inférieur. Mes yeux dans les siens d'abord, avant de laisser mon regard profiter de son corps et de cette proximité sans cacher le fait que j'admire son corps. J’agrippe ses hanches pour l'empêcher de s'éloigner et je l'approche encore un peu de moi tout en le regardant. J'embrasse le creux de son cou et ses épaules saillantes que je mordille légèrement quelques secondes avant de reporter mon attention sur son torse nu que j'ai devant moi. Je le fixe en souriant profitant de cette vue, de sa peau encore humide et de cette excitation qu'il provoque en moi. « Tu aurais du m'attendre pour la douche. » Des mots que je glisse sans même le regarder, du moins pas dans les yeux parce que je reste toujours obnubilée par ce corps que j'aime tant et avec lequel je commence à avoir des pensées que je ne peux partager. Je passe mes mains sur le bas de son dos et sur ses fesses, et je commence à embrasser le haut de son torse, et c'est une chose que j'apprécie réellement de faire d'autant plus que pour mon plaisir personnel il s'épile désormais le torse et je peux sentir sa peau lisse et douce contre mes lèvres et ça me fait frémir. Ça m'excite aussi et je retire mon tee-shirt dans un mouvement franc, avant de venir l'embrasser à nouveau. Je me colle à lui pour ressentir cette sensation de force et de sécurité que j'ai toujours ressenti contre lui et ce bien avant qu'il se soit mit au sport. Mais désormais, je sens son torse musclé contre moi, ses bras qui m'entourent, et ses pectoraux fermes qui sont le fruit de tout le travail qu'il fait en salle juste pour me plaire et s'il me plaisait déjà énormément à notre rencontre, lui le jeune homme frêle, incertain qui n'assumait pas son corps, je suis comblée par ce nouveau corps et cette allure qui lui donne un côté un peu plus fort, plus viril et protecteur et je le suis peut-être encore plus sachant qu'il fait tout ça juste pour moi, juste pour me plaire et j'apprécie les efforts qu'il fait pour moi. Les mains dans ses cheveux encore mouillés, je les décoiffes un peu plus et je l'attire avec moi sur le lit ne lui laissant plus aucun doute sur ce que je désire, et c'est lui. Mes baisers se font de plus en plus intenses et mes mains parcourent désormais tout son corps et s'aventurent en dessous du torse, bien plus bas pour l’entraîner avec moi dans cette envie que j'ai. La sonnerie de la porte retentit et je soupire. « Laisses sonner, j'attends personne d'important. » Je reprends mes caresses pour lui prouver que la porte ne va pas m'arrêter. La sonnette retentit à nouveau et cette fois c'est le baby-phone qui attire mon attention. « Maman, maman. » suivis des pleurs de Lucy, et je maudis la personne qui a sonné en pleine après-midi dans une maison ou deux bébés vivent et dorment et qui continuent d'appuyer sur le bouton. « Vas voir Lucy avant qu'elle réveille Lena et je descends faire stopper ce bordel, je suis plus présentable que toi. » Je tape doucement sur ses fesses avant de quitter le lit en soupirant frustrée d'avoir été dérangée, je prends au passage mon tee-shirt pour le remettre en descendant les marches deux à deux pour faire stopper cette sonnerie qui a déjà réveillée l'une de mes filles. J'ouvre la porte et là à cet instant précis j'ai presque l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et mes épaules semblent peser plusieurs dizaines de kilos supplémentaires d'un coup. « Je viens de passer des heures dans un avion, tu m'invites à entrer ou tu me laisses encore attendre sur le seuil de ta porte ? » Il est le premier à parler, son arrogance légendaire bien présente, son assurance et son ton toujours hautain ne m'avait pas manqué, clairement pas et je mets quelques secondes avant de réagir. Bonjour Papa, moi aussi je vais bien, et oui tes petites filles auxquelles tu ne t'es jamais intéressées vont biens. « Papa. » C'est le premier mot que j'arrive à prononcer quand il repousse la porte pour entrer et s'inviter chez moi sans attendre une invitation de ma part, une invitation qu'il n'aurait pas eu et il le sait très bien. « Qu'est-ce que tu fous ici ? » Il lève les sourcils prêt à me reprendre, à me réprimander aussi, je le sais je connais cette attitude. « Je t'interdis de me parler ainsi Alexandra. Nous ne t'avons pas élevés comme ça avec ta mère, c'est ton paysan de fiancé qui t'a fait oublié le respect et les bonnes manières ? » Une remontrance, une remarque sur ma mère et une attaque sur mon fiancé, voilà le meilleur de mon père, voilà tout ce que je déteste chez lui. Son air supérieur, son assurance à tout épreuve et sa capacité à me faire me sentir si mal, à toucher mes cordes sensibles. « Ne parles pas de Caleb, tu ne le connais pas. » Et s'il peut m'attaquer moi, je lui interdis de parler de mon fiancé ou de ma famille. « A qui la faute ? Tu vas te marier et je ne connais même pas l'homme que tu vas épouser. » Deux informations, il sait que je vais me marier et visiblement ne pas connaître mon futur époux lui déplaît. Ce qui aurait tendance à me ravir, savoir qu'il est vexé d'avoir été mit à l'écart, mais sa présence est bien trop dérangeante pour que quoique ce soit me réjouisse dans cette situation. Je serre les poings, je me poste face à lui pour qu'il n'avance pas plus chez moi. « Je te repose la question, qu'est-ce que tu viens faire chez moi ? » J'entends les pas de Caleb dans les escaliers et j'entends Lucy avec lui qui rit, je ne veux pas qu'il voit ma fille, je ne veux pas qu'il s'approche d'elle et je le bloque pour qu'il n'avance pas plus. « J'ai longtemps attendu le faire-part pour la naissance de mes petites-filles ou pour le mariage mais tu n'as pas daigné prévenir ton père alors j'ai traversé le globe pour venir rencontrer ta nouvelle famille. » Faux, je sais qu'il n'est pas là pour les rencontrer, ce serait l'attitude d'un père normal, pas l'attitude du mien, pour preuve il savait pour les filles et il n'a jamais demandé de nouvelles ou même félicité sa fille unique pour la naissance de ses jumelles alors faire le déplacement juste pour les rencontrer je n'y crois pas. Il fait le tour de mon salon, jugeant chaque détails, posant son regard hautain sur les détails de ma déco. « Ta mère serait déçue, il n'y a même pas une photo d'elle. » Espèce de connard. Je secoue la tête, et je ferme les yeux, il y a quelques minutes j'étais avec mon fiancé dans notre lit, une situation très plaisante, et là je suis dans une situation des plus désagréable face à l'un des hommes que je déteste le plus. Caleb arrive dans le salon avec notre fille, et je me mets devant elle, devant Caleb aussi. Je peux pas retenir mon père de se promener dans notre maison mais il n'approchera pas ma fille. « Remontes avec elle. » C'est à Caleb que je m'adresse. « Attends que je la vois, je viens de faire 21h d'avions pour les voir, c'est ma première petite fille, elle est si belle, c'est Lucy ou Lena ? Et vous devez être Caleb Anderson, enchanté je suis Charles Clarke. » Il tends la main à Caleb, il se la joue poli, respectueux et intéressé par mon fiancé et ma fille et ça m'énerve, ça m'énerve tellement et je sais que ça ne fait que commencer, parce qu'il aime faire son show et si au passage il peut détruire mon bonheur je sais qu'il ne va pas se gêner. Il se montre cordial avec mon fiancé qu'il vient de dénigrer sous mes yeux quelques secondes plus tôt. Je le déteste, je le déteste tellement mais je me sens si fébrile face à lui que je ne sais pas quoi dire devant une telle attitude de sa part.
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Une journée de travail complètement normale vient de se terminer. Il y avait du monde ce midi à l’Interlude comme maintenant presque tous les jours et si j’ai quitté la maison assez tôt ce matin en raison de plusieurs rendez-vous à devoir assurer ce n’est malheureusement pas plus tôt que d’habitude que je rentre. Il est à peu près quinze heures quand je referme la porte d’entrée et tout me parait particulièrement silencieux et c’est Dobby qui vient m’accueillir et me sautant dessus. Je l’embrasse, je joue un peu avec lui alors que Nala vit sa petite vie sans forcément me calculer. Je passe en premier dans la chambre des jumelles qui dorment toutes les deux à poings fermés. Lucy serre dans ses bras l’un des doudous achetés par Prim alors que Lena préfère celui de ma mère. Je les embrasse toutes les deux sur le front, je les borde et je les laisse dormir tranquillement. C’est ensuite dans notre chambre que je retrouve Alex qui s’est vraisemblablement elle aussi assoupie. C’est cette fois sur la joue que je l’embrasse après avoir baissé un peu les volets puis je la recouvre d’un plaid pour m’assurer qu’elle n’ait pas froid. Si elles dorment toutes les trois cela explique le silence dans lequel est plongé la maison et c’est sur cette pensée que je pars dans la salle de bain pour me doucher. Un rituel qui m’est devenu indispensable après chaque journée de travail. Entre la chaleur de la cuisine, la transpiration et l’odeur de nourriture le passage sous la douche est primordial. Je reste quelques minutes sous l’eau qui coule et en profite pour me laver les cheveux et c’est peu de temps après que je rejoins la chambre pour chercher de quoi m’habiller. Avec moi c’est généralement assez rapide, contrairement à Alex qui peut mettre une heure entière pour choisir sa tenue du jour. Et j’abuse à peine. Elle s’est peut-être améliorée depuis notre rencontre mais je la trouve toujours beaucoup trop longue pour ça.
« Hey, salut lapin. » Je me retourne vers elle après avoir enfilé mon boxer et c’est allongée sur les coudes que je la regarde. J’en profite pour lui lancer la serviette qui était il y a encore quelques secondes autour de ma taille. Parce que je connais ce surnom et sa réelle signification pour elle. « Salut beauté. » Ça, c’est un surnom des plus sincères à mes yeux parce que nier toute la beauté de ma fiancée serait purement de la mauvaise foi. Je sens son regard sur mon corps ce qui pourrait presque me gêner et c’est d’ailleurs un peu le cas, mais je la laisse faire. Tout comme je la laisse m’attire vers elle en tirant sur l’élastique de mon boxer et le baiser que nous nous échangeons me donne tout de suite bien des idées. Ses doigts qui se promènent un peu partout sur mon corps me font frissonner alors que ma langue entre dans sa bouche pour jouer avec la sienne. Je la laisse me toucher et je commence à en faire de même, mes mains se baladent sur son corps que j’aime tant et que j’ai l’impression de connaître par cœur mais pourtant je sais que je ne suis pas prêt de m’en lasser et en sentant ses lèvres et ses mains sur mon corps je frissonne à nouveau. « Tu aurais du m'attendre pour la douche. » Je me mords la lèvre inférieure sans aucune gêne alors que mes yeux plongent dans les siens, même si elle ne me regarde pas dans les yeux, elle. Il s’agit toujours d’une partie de son corps qui me fait complètement perdre pied et qui m’hypnotise en seulement quelques secondes. Ses mains sont toujours partout sur mon corps ce qui commence à ne plus me laisser indifférent, je la laisse diriger et quand elle m’attire contre elle je m’allonge au-dessus de son corps après qu’elle ait enlevé son propre t-shirt. Instinctivement c’est sur son soutien-gorge, sa poitrine que mes yeux glissent et en voilà une autre partie de son corps que j’aime par-dessus tout. Ses mains dans mes cheveux, mes lèvres qui ne perdent pas une minute de plus pour descendre dans son cou mais surtout vers sa poitrine que j’ai déjà envie d’embrasser sauf qu’on semble en avoir décidé autrement pour moi puisque j’entends une première fois la sonnerie de la porte d’entrée rententir. Je stoppe mes mouvements et même si Alex me suggère de ne pas y faire attention je regarde tout de suite le baby-phone. Lucy bouge, Lucy s’est levée dans son lit et appelle sa mère. Il y a quelqu’un qui insiste sur la sonnerie de la porte d’entrée, ce qui me fait soupirer de désespoir puisque je comprends bien que nos plans tombent à l’eau. « Vas voir Lucy avant qu'elle réveille Lena et je descends faire stopper ce bordel, je suis plus présentable que toi. » Dans un geste rapide Alex récupère son t-shirt et moi je m’assois dans le lit tout en la regardant s’éloigner de moi. Mes yeux restent bloquer sur ses fesses, je soupire une nouvelle fois et quand je ne peux plus l’apercevoir je m’habille rapidement d’un pantalon et d’une chemise pour partir prendre ma fille dans mes bras. Je la change, je joue avec elle et à chaque fois que je l’entends rire, je souris. J’entends Alex parler et après quelques minutes passées seul avec Lucy je la garde contre moi et commence à descendre les escaliers. À peine arrivé en bas qu’Alex se place devant moi comme pour m’empêcher d’aller plus loin. « Remontes avec elle. » Je fronce les sourcils, Lucy place sa tête dans mon cou et avant que je ne puisse dire quoique ce soit, l’homme qui a réveillé ma fille en sonnant en plein après-midi prend la parole. « Attends que je la vois, je viens de faire 21h d'avion pour les voir, c'est ma première petite fille, elle est si belle, c'est Lucy ou Lena ? Et vous devez être Caleb Anderson, enchanté je suis Charles Clarke. » Charles Clarke, Charles Clarke. Le père d’Alex, si je comprends bien. Instinctivement je resserre ma fille dans mes bras et mes yeux passent de la main qu’il me tend au visage décomposé de ma fiancée. Je regarde encore quelques secondes sa main que je décide d’ignorer et c’est à Alex que je m’adresse. « J’arrive. » Puis je tourne le dos à mon beau-père que je rencontre pour la première fois pour monter à nouveau les marches, ma fille dans les bras qui semble de toute façon s’assoupir un peu de nouveau. Je reste une petite minute avec elle dans sa chambre, je la borde et m’assure qu’aucune d’elles ne s’agitent et c’est non sans appréhension que je retrouve Alex et son père à l’étage inférieur. « Comment vous avez eu notre adresse ? » C’est la première question que je lui pose. Je ne lui serre pas la main, je ne me présente pas officiellement, bien qu’il s’agisse d’une première rencontre. Mais Alex m’a beaucoup parlé de lui et je doute que sa visite soit cordiale. « Ça va ? » Quelques mots presque murmurés à l’attention de ma fiancée alors que je me place à ses côtés pour cette visite qui, n’a sans doute rien d’agréable pour elle.
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Pas encore totalement réveillée de ma sieste improvisée, je ne rate pourtant rien de ce petit moment que m'offre Caleb. Il n'en a pas conscience mais je me rince l’œil, même les deux, vu la manière dont je le mâte lui et ses fesses nues. Ce n'est qu'une fois le boxer enfilé qu'il se retourne vers moi, et sans m'y attendre je me reçois sa serviette sur la tête et je ris un peu même si je suis surprise de son geste. « Salut beauté. » Ça c'est bien moins surprenant que le coup de la serviette, Caleb me complimente souvent, enfaîte tout le temps et j'ai de la chance de voir qu'en plus des compliments, sa manière de me regarder n'a pas changé et il me prouve chaque jour que ses compliments il les pense vraiment. Je lui plais, je le sais, et il me plaît, sauf que ça c'est un peu plus dur pour lui à entendre et à comprendre et pourtant la manière avec laquelle je regarde son corps devrait lui faire comprendre que ce que je vois me plais. Me plais énormément même. Et me donne des idées. Pleins d'idées et je lui fais comprendre assez rapidement ce que j'ai en tête. Nos mains qui caressent le corps de l'autre, nos lèvres qui se frôlent et qui embrassent avec désir la peau de l'autre, il a comprit ce que je voulais et j'ai compris qu'il voulait la même chose que moi. Nos filles dorment, il est déjà presque nu et je me débarrasse de mon tee-shirt pour équilibrer un peu les choses et accélérer la cadence de ce moment de partage entre nous. Je suis totalement réveillée cette fois et alors que les choses s'accélèrent un peu entre nous, et que j'en suis bien heureuse, les événements prennent une tournure qui ne me ravis pas. La sonnerie de la porte nous arrête. Je tente de garder l'espoir de ne pas avoir à renoncer à ce moment. Mais c'est Lucy qui vient confirmer que je peux dire adieu à l'idée de coucher avec mon fiancé. Je maudis le con qui a sonné et je maudis le fait d'avoir l'impression d'être sans cesse dérangé, bon au moins si je dois voir le côté positif, au moins nous n'étions qu'au prémices de l'échange, c'est moins frustrant maintenant que plus tard, mais c'est quand même énervée que je descends faire cesser ce bordel. Et mon énervement ne diminue pas, loin de là même, en découvrant qui est celui qui vient nous déranger en pleine journée. Mon père. Et pour une surprise s'en est une très grande, mais une vraiment très mauvaise. La dernière fois que je l'ai vu c'était pour régler un 'détail' suite à la mort de ma mère et ça c'était plutôt mal fini entre nous, comme souvent. Comme toujours d'ailleurs. Et le revoilà, chez moi dans mon salon, à me réprimander comme s'il en avait encore le droit, à critiquer ma vie et à dénigrer mon fiancé. C'est toujours un plaisir de te revoir papa. #sarcasme Je voudrais le virer de chez moi, mais je n'ai même pas réussi à l'empêcher de rentrer alors le virer c'est tellement hors de mes forces et pourtant je le déteste. Je me sens si mal face à lui. Je me sens si minable de lui laisser avoir un quelconque pouvoir sur moi mais il a cette emprise sur moi depuis que je suis enfant, je le crains. C'est comme ça qu'il m'a élevé. Pas d'amour, pas d'attention, pas de tendresse, même pas de respect, juste de la crainte et l'impression de n'être qu'une déception constante pour lui. Mais quand je vois Caleb arriver avec Lucy dans les bras, je trouve la force de me tenir face à lui, et faire rempart entre ma fille et cet homme qui est aussi son grand-père. Mon attitude ne lui plaît pas, évidemment. Il se la joue charmeur, respectueux, presque attentionné en montrant qu'il connaît le prénom de mes deux filles et de mon fiancé. Mais ça ne prends pas sur moi et quand je vois Caleb refuser la main tendue par mon père, je me sens rassurée parce qu'il ne se laisse pas avoir lui aussi. Rassurée et fière de lui aussi, même si l'instant d'après je réalise qu'il vient de faire un truc auquel mon père est pas habitué. Il lui a manqué de respect et j'ai peur que désormais lui aussi sois sous le radar de mon père. « J’arrive. » Je le regarde, je regarde Lucy aussi et qu'est-ce que j'aurais besoin de la prendre dans mes bras à cet instant mais je veux avant tout qu'elle soit loin de mon père et Caleb le fait, Caleb éloigne Lucy et je me retrouve de nouveau seule avec lui. « Tu lui donnes un ordre et il le fait, c'est drôle ça marchait comme ça aussi avec ta mère. » Je serre les poings, et je vois à son sourire qu'il trouve ce moment amusant, prendre le dessus psychologiquement il a toujours trouvé ça amusant comme défi, je le connais et pourtant je n'arrive pas à le gérer. Physiquement je ne crains rien, de nous deux je suis la seule qui ait un jour eu un excès de colère et de violence envers lui mais je sais qu'il n'a pas fait tout ce chemin pour une discussion amicale et ça me terrifie de le voir debout dans mon salon. Mais si je sais que je n'arrive pas à me protéger de ses attaques, je sais aussi que je vais tout faire pour protéger mes filles de lui, et je vais protéger Caleb aussi parce qu'il a osé défier Charles Clarke et je ne veux pas que mon père s'en prenne à lui. Caleb nous retrouve dans le salon, et je n'ai pas parlé depuis son départ, je serre les dents et je lutte pour ne pas montrer mes émotions à mon père et c'est Caleb qui parle cette fois. « Comment vous avez eu notre adresse ? » Il rit, voilà comment il accueille la question de Caleb et je sais pourquoi il réagit ainsi, pour lui tout ça n'est qu'une distraction, cette visite, cette conversation. Il sait tout de ma vie, il a toujours tout su alors je sais que mon adresse n'a pas du être compliquée à avoir pour lui. « C'est la moindre des choses, savoir ou vit mon premier enfant. » Je prends la main de Caleb dans la mienne. Ne réagis pas Alex, ne réagis surtout pas. « Je surveille ma fille, en tant que père vous devriez comprendre ça non ? » Cette fois c'est moi qui rit, un rire nerveux, comme s'il savait ce que ça représente qu'être père et c'est fou comme venant de lui l'idée de surveiller sa fille devient étrangement flippante. « Ça va ? » Les mots de Caleb murmurés à mon oreille me rassurent un peu, il est là, à mes côtés. Je ne suis plus cette petite fille apeurée à l'idée de décevoir son père, je ne suis plus obligée de l'écouter, de subir son emprise sur moi parce que désormais j'ai ma propre famille et j'ai Caleb. Je jette un regard vers Caleb et je lui souris pour le rassurer. Non ça ne va pas, face à mon père ça ne pourra jamais aller mais ça pourrait être pire. « Je déduis de votre attitude qu'elle vous a parlé de moi, vous ne devriez pas croire tout ce qu'elle vous dit. » Je voudrais qu'il arrête de parler, qu'il ne s'adresse pas à Caleb, qu'il le laisse tranquille. « Mais dis moi Alexandra. Dans ton petit récit j'ai quel rôle ? Je suppose que tu m'as encore tenu responsable de toutes tes conneries comme tu m'as tenu responsable de la mort de ta mère ? » Je ne réponds pas, mais je serre la main de Caleb un peu plus fort. J'espère qu'il va finir par s'ennuyer si je ne réponds pas, je l'espère tellement alors je ne dis rien, j'encaisse ses mots. Il tient entre ses mains une photo de nous quatre que je fixe aussi en espérant qu'il va la reposer et vite parce que ça me dérange réellement qu'il puisse découvrir une partie de ma vie et de ma famille sur nos photos mais visiblement il sait déjà une partie de ma vie puisqu'il est ici, puisqu'il connaît le nom de mon fiancé, il sait que je suis fiancée, il connaît le nom de mes filles. De toute façon il connaît tout et c'est terrifiant. « Elles sont belles. Je suis ravi de pouvoir les voir. J'ai longtemps attendu le faire-part de naissance, ne le voyant pas arriver j'ai cru pendant un temps qu'elles aussi tu ne les avais pas gardé. » C'est dur de ne rien montrer quand l'homme face à vous connaît toutes vos faiblesses. Il sait pour Nathan, il sait pour tellement de choses, il sait comment me rendre fébrile, comment me déstabiliser mais je ne dois pas lui montrer qu'il y arrive. « Qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi t'es là ? » Parler pour garder le contrôle de l'échange, parler pour éviter qu'il ne prenne l'ascendant sur moi. « Je te l'ai déjà dis, je veux rencontrer mes petites filles, et connaître ton futur mari. » Je secoue la tête, c'est hors de question. « Ca n'arrivera pas, jamais, alors vas t-en. » Ni dans cet univers, ni dans n'importe quel autre. Pas tant que je serai vivante. « Elle vous as parlé de moi, mais je n'ai pas eu le plaisir d'entendre parler de vous, jamais, pas même quand elle est revenue à Londres, alors je me suis renseigné et votre vie est passionnante. » Je soupire, et je fronce les sourcils inquiète par les mots de mon père. « Laisses Caleb en dehors de nos histoires. » Je réplique, je me poste devant mon père, je ne veux pas qu'il blesse Caleb, et quand mon père s'éloigne sans même me répondre, c'est vers Caleb que je me tourne, et j'ai peur de voir mon père s'intéresser de façon aussi directe à mon fiancé. « Je suis vraiment désolée de t'imposer ça. » Je m'excuse auprès de Caleb quand je vois mon père s'installer dans notre canapé, je m'excuse qu'un homme comme lui puisse entrer dans notre vie quand bon lui semble et je m'excuse parce que je le connais et je vois qu'il a pas fini de nous faire du mal. « Oh ne fais pas semblant d'être désolée. On est bien placé tout les trois pour savoir que c'est pas la première fois que tu lui imposes quelque chose pour lequel il n'a pas eu son mot à dire. Pas vrai Caleb ? » Je le déteste, je le déteste, je le déteste. « Alors dites moi, comment vous faites pour la regarder après tout ce qu'elle a fait ? » Il me regarde, il me sourit et moi je le déteste encore un peu plus. Il me dégoûte surtout, mais j'ai peur de lui répondre.
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On ne peut pas dire que je sois ravie de la tournure que prend cette journée. Au lieu de passer du temps avec ma fiancée je me retrouve nez à nez avec mon beau-père pour la première fois alors que je connais sa fille depuis plus de dix ans. Et si rencontrer les parents de Victoria avait été très stressant pour moi, me retrouver face au père d’Alex me procure un sentiment totalement différent. Un peu perdu entre le stress et l’appréhension mais cette fois je n’ai pas nécessairement envie qu’il m’apprécie. Parce qu’Alex m’a déjà parlé de son géniteur et autant vous dire que ce n’était pas pour lui lancer des fleurs sur le lien paternel qu’elle entretient avec lui et je partage le même avis que ma fiancée sur un point : il est hors de question qu’on ne lui laisse l’occasion de voir nos filles. « C'est la moindre des choses, savoir ou vit mon premier enfant. Je surveille ma fille, en tant que père vous devriez comprendre ça non ? » Ce qui est presque dingue c’est qu’en voyant ce homme ainsi il pourrait clairement passer pour un père sincèrement intéressé par la vie de sa fille. « C’est bizarre ça n’avait pas l’air de vous intéresser tant que ça il y a dix ans. » J’entremêle mes doigts à ceux d’Alex, une manière comme une autre de lui montrer mon soutien. Elle est différente en sa présence, Alex. Je la sens nerveuse, voire même presque intimidée ? Elle me sourit doucement quand je lui demande si elle va bien mais je sais très bien que c’est surtout un sourire pour me rassurer plus qu’autre chose. « Je déduis de votre attitude qu'elle vous a parlé de moi, vous ne devriez pas croire tout ce qu'elle vous dit. Mais dis moi Alexandra. Dans ton petit récit j'ai quel rôle ? Je suppose que tu m'as encore tenu responsable de toutes tes conneries comme tu m'as tenu responsable de la mort de ta mère ? » Il parle beaucoup le père Clarke et peut-être qu’elle le tient de lui. Mais en l’écoutant s’adresser de la sorte à Alex je fronce les sourcils. « Ne lui parlez pas comme ça. » Elle subit Alex, elle ne lui répond pas et elle semble même presque être à deux doigts de baisser les yeux comme si elle avait honte. Sauf qu’elle n’a pas à ressentir ce sentiment. Mon pouce caresse avec doucement le dos de sa main tout en portant mon attention sur elle durant plusieurs secondes. C’est de nouveau sa voix qui me ramène à la réalité et si j’adore le british accent d’Alex, celui de son père m’agace déjà. Ou c’est peut-être simplement sa voix et sa présence qui m’insupportent. « Elles sont belles. Je suis ravi de pouvoir les voir. J'ai longtemps attendu le faire-part de naissance, ne le voyant pas arriver j'ai cru pendant un temps qu'elles aussi tu ne les avais pas gardé. » C’est à peine si je fais attention à ce qu’il dit et je reste focalisé sur la photo qu’il tient entre les mains. Une photo de nous quatre, assez récente avec chacun Lucy et Lena dans les bras. Je m’avance vers lui et sans le quitter des yeux je lui arrache des mains la photo sans un mot. « Qu'est-ce que tu veux ? Pourquoi t'es là ? » Je rejoins quelques pas en arrière Alex et lui reprends la main rapidement. « Je te l'ai déjà dis, je veux rencontrer mes petites filles, et connaître ton futur mari. » Alex riposte et la voir lui répondre me soulage presque. Car quand elle est silencieuse ce n’est jamais bon signe. « Elle vous as parlé de moi, mais je n'ai pas eu le plaisir d'entendre parler de vous, jamais, pas même quand elle est revenue à Londres, alors je me suis renseigné et votre vie est passionnante. » Savoir qu’Alex n’a jamais mentionné mon prénom à son père pendants ses quelques années de retour à Londres me fait mal, et quand il ajoute s’être renseigné sur ma vie je ne sais même pas quoi lui répondre. C’est inquiétant, en tout cas, si j’en crois tout ce qu’Alex a pu me dire. Je baisse les yeux quelques secondes et je ne peux m’empêcher de me demander si elle parle de moi de temps en temps ou si tout son entourage n’a jamais entendu parler de moi. Parce que moi, Alex, je parle toujours d’elle. À tout le monde. « Je suis vraiment désolée de t'imposer ça. » Je relève les yeux vers elle quand elle se tourne vers moi et je vois son père s’installer sur notre canapé. Ce n’est pas une vision qui me plait, surtout quand on sait qu’on ne l’a jamais invité à s’asseoir. « Oh ne fais pas semblant d'être désolée. On est bien placé tout les trois pour savoir que c'est pas la première fois que tu lui imposes quelque chose pour lequel il n'a pas eu son mot à dire. Pas vrai Caleb ? » Je le déteste et je le regard que je lui lance est noir mais le pire dans tout ça, c’est qu’il a raison. « Alors dites moi, comment vous faites pour la regarder après tout ce qu'elle a fait ? » Comment est-ce que c’est possible d’être toujours un peu plus agaçant à chaque fois qu’il ouvre la bouche ? Je soupire ne cherchant pas à cacher ô combien il m’agace. « Ça ne vous regarde pas. » C’est qu’il serait presque intrusif, le beau-père. Je prends une grande inspiration et je me place devant lui. « Je suppose que si vous êtes venus c’est parce que vous voulez foutre la merde, pas vrai ? J’ai cru comprendre que vous aimiez particulièrement faire du mal à votre fille mais je vous assure que vous perdez votre temps. » Malgré ce que j’ai pu entendre sur lui, il ne me fait pas peur et je pense que lui montrer que sa présence chez nous n’a pas l’effet escompté peut être une bonne chose, pas vrai ? « Vous n’êtes pas le bienvenue ici. Vous n’avez pas reçu d’invitation pour le mariage ou encore de faire-part de naissance, je pense que le message était plutôt clair. » Je veux qu’il se lève et qu’il sorte de chez moi. Parce qu’il est hors de question qu’il fasse encore du mal à ma fiancée ou qu’il ne s’approche de mes filles.
Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
S'il y a bien une personne à laquelle je n'aurais jamais voulu présenter Caleb, c'est bien à mon père alors le voir dans notre salon aujourd'hui n'est clairement pas une situation agréable pour moi. Je dirais même que c'est l'une des situations face auxquelles j'ai toujours voulu fuir, par lâcheté, par peur aussi. Échapper à cette confrontation, parce que c'est clairement plus une confrontation que des présentations et si je ne doute pas que mon père puisse être venu avec de mauvaises intentions, à partir du moment ou Caleb a refusé de lui serrer la main et a éloigné notre fille à me demande, j'ai su que les choses n'iraient pas en s'arrangeant et ça m'inquiète d'autant plus parce que je ne supporterai pas que mon père s'en prenne à mon fiancé, parce qu'il a un monde entre eux. Il y a le bien et le mal, la bonté et la méchanceté à l'état pur, et je sais que ce n'est jamais les bons qui ont le dernier mot et s'il peut me faire du mal, je ne veux pas qu'il puisse en faire à Caleb. Personne ne peut faire de mal à Caleb. Phrase ironique quand on sait tout le mal que je lui ai fais par le passé. Je veux l'épargner, je veux le protéger de mon père mais j'en suis incapable alors que mon père commence ses attaques, ses provocations et insinuations pour me déstabiliser et chercher aussi un peu à énerver Caleb sans doute. Je ne sais pas comment réagir face à lui, et je me sens d'autant plus lamentablement faible de laisser Caleb gérer mon père. « C’est bizarre ça n’avait pas l’air de vous intéresser tant que ça il y a dix ans. » Je déteste d'or et déjà cette discussion, enfin je la détestais avant mais les références à peine voilées à mes actes et mes erreurs, enfin à Nathan, me font me sentir si minable, si nerveuse, si pathétique. Je serre la main de Caleb, j’accueille ce geste de soutien parce que je vous assure qu'à ce moment j'en ai besoin. « Il y a dix ans je payais tout pour qu'elle puisse vivre sa petite vie de bourgeoise délurée, ce n'est pas de mon fait si elle n'est pas capable de prendre une pilule convenablement. » Hey oh, je suis là, je suis devant toi. Je le dis puisque visiblement tu parles de moi à la troisième personne alors que je suis devant toi espèce de connard. Bien-sur je ne dis rien, du moins je ne peux pas lui dire pas ça parce que devant lui je perds mes moyens et puis au fond tout ce qu'il dit c'est vrai. J'ai vécu grâce à son argent si longtemps « Mais c'est bien que vous l'évoquiez, je n'avais peut-être pas l'air intéressé par ma fille il y a dix ans mais j'ai su pour sa grossesse, on ne peut pas en dire autant de vous. » Tuez moi. Cette conversation ne peut pas avoir lieu, pas devant moi, pas entre eux non. Je suis incapable de lui répondre, incapable de lui tenir tête et il le sait. Il a cette emprise sur moi dont je n'arrive pas à me défaire, j'ai pourtant mis plusieurs milliers de kilomètres entre nous mais rien à faire, dès qu'il est prêt de moi je perds mes moyens, je ne contrôle plus mes émotions, je suis à la merci de ses attaques et il n'hésite pas à utiliser tout ce qu'il a pour me faire mal en évoquant la mort de ma mère et encore une fois je reste sans voix, incapable de réagir malgré la haine immense et le dégoût que je ressens pour lui. « Ne lui parlez pas comme ça. » Je resserre ma main dans celle de Caleb, et je le regarde quelques secondes, surprise et émue d'entendre quelqu'un me défendre et tenir tête à mon père. Je n'ai jamais eu le soutien de ma mère face à lui, je n'ai jamais eu personne pour me défendre face à lui, mais aujourd'hui j'ai Caleb et je crois qu'à cet instant précis je sais qu'avec lui à mes côtés je ne risque rien parce qu'il assure mes arrières et il me protège contre mon père et ça compte énormément à mes yeux. Je relève les yeux vers mon père et ce que je vois dans son regard ce n'est pas quelque chose que j'ai pu voir souvent et ça me fait un peu peur j'avoue. « Je vous ai peut-être jugé un peu vite. Finalement le garçon de ferme a plus de potentiel que je ne le pensais, vous venez d'attiser ma curiosité monsieur Anderson. » Ça ne dure pas, il retrouve vite son air sur de lui, fier et hautain qui donne envie de le baffer et il se permets de juger les autres, c'est ce qu'il fait de mieux. Ça et détruire tout les gens qu'il approche. Je frisonne en entendant les mots de mon père. Mais, il n'a pas l'habitude qu'on lui tienne tête ou qu'on lui parle comme ça alors j'ai peur de savoir comment il va gérer le répondant dont fait preuve Caleb, surtout que Caleb ne s'arrête pas à des mots, il agit aussi en arrachant des mains de mon père notre photo de famille. Dans d'autres circonstances, j'aurais souris à Caleb en lui glissant quelques mots à l'oreille pour lui dire à quel point il est mon héro. Mais aujourd'hui je ne peux pas sourire et pourtant la façon avec laquelle il se comporte face à mon père compte énormément et me donne la force de parler à nouveau face à mon père et de m'opposer de façon ferme à son envie de rencontrer les jumelles mais ça ne semble pas lui suffire. On ne lui dit jamais non à lui. Ou du moins il ne sait pas ce que ça veut dire, et en pensant à ses mots, je pense aux femmes qu'il a pu être amené à croiser dans sa vie et j'espère sincèrement qu'il n'a pas abusé de son influence. Il me dégoûte, il me dégoûte, il me dégoûte. Et je m'en veux d'obliger Caleb à subir la présence dans notre maison de ce type sans aucun respect pour personne. Je m'en excuse, ce qui amuse mon père qui en profite pour provoquer, encore et toujours et moi je m’écrase, je m'enfonce un peu dans le sol, les épaules qui se baissent, je suis définitivement minable face à lui alors qu'il demande à mon fiancé comment il fait pour me regarder après tout ce que je lui ai fais. Et le pire dans tout ça, c'est que j'arrive encore à me dire que mon père a raison. Tout ce qu'il dit est vrai, même s'il le dit pour faire mal, pour provoquer, pour blesser, il ne ment pas, il utilise mes erreurs et dieu sait que j'en ai fais beaucoup et il provoque la honte en moi. J'ai honte de moi, honte de lui, honte de laisser Caleb se débrouiller face à lui. Honte d'être sa fille, honte de ne pas réussir à me défaire de son emprise, et sans réellement savoir pourquoi ma main lâche celle de Caleb. Peut-être parce que j'ai surtout honte de me montrer si vulnérable et minable. « Ça ne vous regarde pas. » Comme s'il ne s'occupait que de ce qui le regardait ça se saurait. Il n'a pas peur Caleb. Il ne se tait pas Caleb. Il n'est pas lâche comme moi Caleb. « Je suppose que si vous êtes venus c’est parce que vous voulez foutre la merde, pas vrai ? J’ai cru comprendre que vous aimiez particulièrement faire du mal à votre fille mais je vous assure que vous perdez votre temps. » Je voudrais avoir sa force et son courage. Je voudrais me tenir à ses côtés et faire front commun avec lui. Répéter ses mots pour que mon père les comprenne, et qu'il sorte de chez nous et de notre vie aussi. Mais je sais que si je parle je ne vais pas être crédible, je n'ai pas l'assurance de Caleb, je n'ai pas sa détermination non plus. Je suis une petite chose effrayée face à un homme qui a tout moment peut par ses mots venir me blesser. Je veux qu'il m'oublie mais visiblement même ça il ne peut pas le faire. « Vous n’êtes pas le bienvenue ici. Vous n’avez pas reçu d’invitation pour le mariage ou encore de faire-part de naissance, je pense que le message était plutôt clair. » Il n'a pas su m'aimer, mais il sait me détester et ça fait mal même si Caleb tente de lui assurer qu'il perds son temps. Mon père se lève du canapé, il se tient face à Caleb, les épaules relevés, le menton droit, il n'a jamais laissé le dernier mot à quiconque et je sais qu'il ne le fera pas aujourd'hui, je le vois à son regard. « Je n'ai pas besoin d'invitation pour assister au mariage de ma fille. Y'a même plus de chance que je vienne plutôt qu'elle, je ne fuis jamais moi. » Il a trouvé quelqu'un avec du répondant et j'ai peur de ce qu'il va bien pouvoir faire désormais, parce qu'il ne semble pas vouloir laisser à Caleb le dernier mot. « Je vous arrêtes Caleb, elle n'a pas besoin de moi pour se faire du mal. Elle y arrive plutôt bien toute seule. Tu lui as parlé de tes petites virées à Londres Alexandra ? » Pourquoi ? Je n'ai rien dis, je n'ai rien fais, je ne suis même plus là. Enfin si j'y suis encore mais je ne veux plus être là face à lui. Je ferme les yeux, je serre les dents et je me demande quand tout ça va s'arrêter, à quel moment il va me laisser tranquille, à quel moment il va recracher mon corps et me laisser me remettre de tout ça, je n'ai rien demandé, je n'ai rien fais pour qu'il débarque dans notre vie alors pourquoi aujourd'hui ? « Mais puisque vous vous donnez le droit de me juger sur la façon dont je m'occupe de ma fille, nous pouvons peut-être juger la façon dont vous prenez soin de vos fiancées ? Triste histoire, je serais toi, je ferais attention Alexandra. » Cette fois c'est trop. Cette fois c'est beaucoup trop et s'il peut m'attaquer moi, sous-entendre tout ce qu'il veut à son sujet, il y une chose que je ne peux pas le laisser faire, c'est s'en prendre à Caleb de la sorte et avant qu'il ne continue dans ses paroles, je fais un pas pour me tenir devant lui au côté de Caleb et cette fois c'est moi qui serre sa main dans la mienne. « Mais tu vas fermer ta gueule. Ça suffit maintenant, j'en peux plus, tu as gagné. Qu'est-ce que tu veux vraiment ? Je sais très bien que tu t'en fous de moi, des filles ou de Caleb, alors pourquoi t'es là ? Et arrêtes de jouer maintenant, dis moi ce que tu veux que tu puisses dégager de chez nous et dégager de notre vie ? » Peut-être que je n'aurais pas du m'emporter de la sorte, peut-être que je n'aurais pas du crier ainsi sur lui, peut-être que le pas que j'ai fais devant lui pour me retrouver encore un peu plus face à lui était de trop, peut-être que tout ceci c'était exactement ce qu'il voulait mais c'en est trop et même si je suis terrifiée je suis surtout sur le point de le frapper parce qu'il m'a poussé à bout, parce que je ne supporte plus sa tête, son sourire, son air fier. Je ne le supporte plus lui et je veux qu'il dégage de chez moi. Il se rassoit dans le canapé et il contemple le résultat un sourire satisfait sur le visage. Je veux le tuer, je veux qu'il disparaisse de ma vie et je crois que c'est la seule solution pour être enfin tranquille. Mais ça semble un brin radical non? « Je t'avais dis de ne pas parler du suicide de ta mère, je t'avais prévenu Alex. » Il a un air satisfait sur le visage, il a préparé sa vengeance depuis plus de deux ans et il savoure désormais et je lui donne exactement ce qu'il veut, comme toujours. Parce qu'il a toujours l'avantage, parce qu'il attaque quand il le décide et il prépare les choses, il vient les armes à la main au moment ou l'on s'y attends le moins et clairement ni Caleb, ni moi n'étions prêt à faire face à Charles Clarke.
HOLD MY HAND. I HEAR GHOST CALLING. HELP ME STAND EVEN IF THE SKY IS FALLING AND I WANT YOU TO KNOW. I CAN'T DO IT ALONE. HOLD MY HAND
« Il y a dix ans je payais tout pour qu'elle puisse vivre sa petite vie de bourgeoise délurée, ce n'est pas de mon fait si elle n'est pas capable de prendre une pilule convenablement. » Et s’il semble fier de sa réponse moi je fronce les sourcils en l’écoutant. Parce qu’il ne répond absolument pas à ma réflexion et s’il pensait pouvoir m’atteindre en me parlant de cette prise de pilule loupée il y a dix ans qui a eu pour conséquence une grossesse non attendue et non désirée, et l’accouchement d’un petit garçon, il se rate complètement. Mais je laisse couler et décide de ne rien dire. « Mais c'est bien que vous l'évoquiez, je n'avais peut-être pas l'air intéressé par ma fille il y a dix ans mais j'ai su pour sa grossesse, on ne peut pas en dire autant de vous. » Encore une fois, c’est lui qui a évoqué la première grossesse d’Alex, pas moi. Je vois qu’il essaie de m’atteindre, je le sens et si ses mots pourraient facilement me déstabiliser ce n’est finalement pas le cas. Parce que je savais déjà que contrairement à moi il en avait été informé – comme quasiment tout le monde, d’ailleurs. Et je pense que le plus dur c’est de voir Alex rester muette face à son géniteur. Elle a le regard baissé et le laisse l’humilier et lui manquer de respect sans le reprendre ne serait-ce qu’une seule fois. Alors je le fais pour elle. Je l’aide. Je la défends face à son père parce que je ne supporte pas voir quelqu’un la traiter et lui parler de la sorte. Elle ne mérite pas ça, Alex. Elle a fait des erreurs, certes, j’en ai conscience mais elle ne mérite pas qu’on les lui balance en pleine tête sans cesse de la sorte. « Je vous ai peut-être jugé un peu vite. Finalement le garçon de ferme a plus de potentiel que je ne le pensais, vous venez d'attiser ma curiosité monsieur Anderson. » Le garçon de ferme. Si en soit ces mots sont relativement justes ils n’en restent pas moins blessants – surtout si son air hautain est pris en compte. – Je jette un coup d’œil rapide à Alex. Je ne sais pas si le fait de savoir que j’attire sa curiosité est une bonne ou une mauvaise chose mais en tout cas rien de ce qu’il ne pourra dire réussira à me calmer ou me détendre. Même si je ne le montre pas – ou du moins j’essaie de le cacher un maximum – sa présence ne me rassure pas du tout. Encore moins quand il se lève pour se placer face à moi, l’air assuré, sûr de lui. Je ne baisse pas les yeux, même si je le pourrais, même si j’en meurs presque d’envie. Je reste droit moi aussi, une certaine manière de lui montrer qu’il ne me fait pas peur, qu’il ne m’intimide pas – alors que je peux vous assurer que le contraire serait bien plus proche de la vérité. « Je n'ai pas besoin d'invitation pour assister au mariage de ma fille. Y'a même plus de chance que je vienne plutôt qu'elle, je ne fuis jamais moi. Je vous arrêtes Caleb, elle n'a pas besoin de moi pour se faire du mal. Elle y arrive plutôt bien toute seule. Tu lui as parlé de tes petites virées à Londres Alexandra ? » Je ne le quitte pas des yeux et enfin, je lui réponds. « Attaquer Alex sur ses erreurs passées c’est vraiment votre seule arme ? C’est assez triste, je trouve. » J’aurais même presque eu envie d’utiliser le mot pathétique mais je ne suis clairement pas assez à l’aise pour ça et je suis presque sûr qu’il n’apprécierait vraiment pas que je le qualifie de la sorte. Pourtant c’est mot pour mot ce que je pense. « Mais puisque vous vous donnez le droit de me juger sur la façon dont je m'occupe de ma fille, nous pouvons peut-être juger la façon dont vous prenez soin de vos fiancées ? Triste histoire, je serais toi, je ferais attention Alexandra. » Si pour l’instant j’ai réussi à lui répondre et lui montrer qu’il ne me faisait pas peur ou que ses mots ne pouvaient m’atteindre d’une quelconque manière, là, il a gagné. Mais je ne baisse pas les yeux pour autant ou du moins, pas plus de quelques secondes. « Mais tu vas fermer ta gueule. Ça suffit maintenant, j'en peux plus, tu as gagné. Qu'est-ce que tu veux vraiment ? Je sais très bien que tu t'en fous de moi, des filles ou de Caleb, alors pourquoi t'es là ? Et arrêtes de jouer maintenant, dis moi ce que tu veux que tu puisses dégager de chez nous et dégager de notre vie ? » Elle se réveille, Alex. Elle s’avance de quelques pas et je sens sa main resserrer la mienne. Elle est là, la Alex que je connais. Celle qui ose répondre, celle qui sait se défendre. Mais je tire doucement sur sa main pour la faire reculer. Elle s’énerve, elle hausse le ton et je suis presque sûr que c’est exactement ce qu’il ne faut pas faire avec ce genre de personne. « Je t'avais dis de ne pas parler du suicide de ta mère, je t'avais prévenu Alex. » Encore une fois, il fait référence au décès de la mère d’Alex. Je ferme les yeux, je prends une grande inspiration et après avoir déposé un léger baiser sur le front de ma fiancée je lâche sa main pour m’avancer à nouveau vers mon beau-père. « Je vous interdis de lui parler comme ça. » C’est la seconde fois que je lui fais cette demande et je sais que malheureusement, il continuera. « Vous êtes chez nous ici, alors vous devez respecter nos règles, et le respect de l’autre en fait partie. » Malgré la colère et e dégoût que je ressens pour cet homme assis en face de moi, je parviens à garder mon calme. « Vous entrez sans notre permission, refusez de partir quand Alex vous l’a demandé dans un premier temps, et je ne sais pas si vous êtes au courant mais que vous lui faites subir on appelle ça de la violence psychologique. Je doute fortement que la police soit vraiment ravie d’apprendre tout ça. » En parlant de la police je prends mon téléphone et commence à pianoter leur numéro, tout en prenant soin de bien lui montrer. « D’ailleurs, je vais les appeler. » Mon doigt glisse sur le téléphone vert pour lancer l’appel, que je mets immédiatement en haut-parleur. « Sortez de chez moi. » Les yeux dans les yeux, c’est un ordre, un conseil que je lui donne, avant qu’un officier de police ne réponde à mon appel parce qu’à ce moment-là, il sera foutu.
Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
Il reste calme Caleb, du moins il ne rentre pas dans son jeu et je ne sais pas comment il peut garder ses nerfs alors que mon père semble vouloir le blesser lui aussi. Le blesser et lui rappeler des souvenirs douloureux. Mais il ne réponds pas, il le regard sans baisser les yeux, même quand mon père tente de le rabaisser, il ne flanche pas Caleb et pour quelqu'un d'aussi peu sur de lui, je sais à quel point ça doit lui demander un effort énorme. L'image de mon père et de mon fiancé face à face qui se dévisagent, je crois que même certains de mes cauchemars sont moins angoissant que ça. Je suis tétanisée, incapable de réagir, incapable de me défendre et de lui répondre. Je le laisse m'attaquer, je le laisse me rappeler une à une mes erreurs, je le laisse me faire du mal et je sais qu'il est plutôt satisfait de sa petite scène. Il réussit à me faire taire, il réussit à me blesser et surtout il ébranle encore un peu plus le peu de confiance et d'estime que j'ai pour moi même. Je ne suis pas quelqu'un de bien, je le sais. J'ai fais beaucoup d'erreurs, je le sais aussi mais entendre mon propre père me rabaisser de la sorte c'est violent, et pourtant je devrais y être habituée désormais. Je ne devrais plus en être étonnée ou touchée, ça a été ainsi toute ma vie avec lui. Ce qui est différent en revanche, c'est qu'aujourd'hui j'ai quelqu'un pour me soutenir, pour me défendre quand je ne peux pas le faire. J'ai Caleb, mon fiancé, le père de mes filles, qui tient tête à mon propre père et ça n'était jamais arrivé ça. Je suis touchée par son attitude, sincèrement même si je ne peux pas lui dire ou lui montrer tant je suis incapable de réagir. Je sens pourtant qu'il n'est pas serein, que pour lui aussi cette situation est désagréable mais il reste droit et ne baisse pas les yeux face à mon père et je vous assure que de toute ma vie, très rares sont ceux qui ont pu tenir tête à mon père plus de deux minutes. Personne dans notre entourage ne s'y risquait au point de s'attirer les foudres de Monsieur Clarke, mais Caleb s'y risque et il le fait pour moi. Et je crois que de toutes les preuves d'amour qu'il a pu me donner, celle là en est une sacrée grande. « Attaquer Alex sur ses erreurs passées c’est vraiment votre seule arme ? C’est assez triste, je trouve. » Je suis tellement surprise qu'il arrive à rester mesurer, à rester calme et je sais que ça agace mon père qui ne réponds pas à Caleb, du moins pas sur ce sujet. Non, il fait pire et il prouve que m'attaquer avec mon passé n'est pas sa seule arme, loin de là. Puisqu'il attaque Caleb cette fois. Il a vu du répondant chez Caleb, il a vu qu'il ne prenait pas l'ascendant sur lui alors il a fait ce qu'il sait faire de mieux, utiliser ses connaissances chèrement obtenues (ça coûte cher d'enquêter sur des gens et il va pas faire le sale boulot lui même). Il sait comment vaciller une personne et j'ai honte d'être sa fille à cet instant précis, et à tout les autres d'ailleurs. J'ai honte et j'ai la haine de savoir que mon père s'amuse du passé de Caleb et de la mort d'une femme juste pour blesser l'homme que j'aime. Charmant le beau-père n'est-ce pas ? Et si tout ce temps je l'ai laissé me piétiner, c'est au moment ou il s'en prends à Caleb que je réagis vraiment, parce que j'ai trop de colère en moi, trop de haine, trop de douleur et que je ne le laisserai pas briser quelqu'un d'autre, du moins pas quelqu'un que j'aime et Caleb je l'aime tellement que je ne peux pas le laisser souffrir par ma faute. Je m'emporte, je me réveille et poussée par ma colère, je me poste devant lui à quelques centimètres de lui. Je sens la main de Caleb qui me fait reculer un peu, qui m'éloigne de lui et je ne lui résiste pas, je recule, je m'éloigne de mon père pour me rapprocher de mon fiancé tout en essayant de me calmer même si c'est clairement peine perdue désormais. Je ne sais pas gérer mes émotions et quand je m'énerve il faut du temps avant que je me calme. Et quand il me réponds enfin et qu'il évoque la vraie raison de sa venue, quand il évoque le suicide de ma mère, j'ai envie de lui balancer n'importe quel objet au visage, juste pour lui faire disparaître son sourire arrogant et fier. Je baisse les yeux et du revers de ma main je viens frotter mes yeux pour éviter de laisser toutes traces de mes émotions. Caleb m'attire encore un peu vers lui, et il dépose un léger baiser sur mon front. Son geste pourtant si simple suffit à me faire craquer, je ne suis pas seule face à mon père. Il est avec moi, j'ai cet homme si parfait dans ma vie, mon premier amour, premier et unique homme que j'ai aimé, je suis fiancée à cet homme que j'aime tant, je suis heureuse, ma vie est belle, elle est parfaite et il faut que mon père vienne tout gâcher et je n'en peux plus, vraiment plus. Je voudrais m'effondrer dans les bras de Caleb, je voudrais qu'il nous laisse tout les deux, je voudrais qu'il arrête de me faire autant de mal mais je sais qu'il ne le fera pas et je suis fatiguée de cette relation destructrice avec lui. Je sens la main de Caleb qui lâche la mienne et je n'aime pas ça, je relève les yeux vers lui et je le regarde s'avancer vers mon père, se tenir droit devant lui pour la deuxième fois, malgré l'attaque qu'il a subit, il ne se défile pas. « Je vous interdis de lui parler comme ça. » Il est tellement plus fort que moi Caleb. Plus courageux, plus droit, mais ce n'est pas nouveau ça, mais ce qu'il fait aujourd'hui, la façon dont il défit mon père, c'est quelque chose que je ne risque pas d'oublier de sitôt. « Je lui parle comme je veux, c'est ma fille. » La tension est bien trop grande entre eux et ce n'est pas prêt de diminuer. « Vous êtes chez nous ici, alors vous devez respecter nos règles, et le respect de l’autre en fait partie. » Les valeurs de Caleb ne sont pas celles de mon père. Ils viennent de deux mondes différents, ils sont deux hommes totalement différents, l'un est détestable et l'autre est admirable et si mon fiancé me défends, mon père continue de me descendre. « Le respect il faut le mériter, vous me montrez que vous en valez la peine et je vous respecte, mais elle ne se respecte même pas elle même, regardez là, incapable de se défendre toute seule. Elle ressembles vraiment à sa mère, aussi faible qu'elle, j'espère pour vous qu'elle ne finira pas comme elle. » J'ai envie de m'allonger dans un coin de la pièce de me rouler en boule et de pleurer, il a raison je suis faible, je suis comme elle, je veux pas être comme elle, je ne veux pas finir comme elle et pourtant j'agis comme elle, je suis faible face à lui, je le laisse faire encore et encore et je me déteste de lui laisser autant de pouvoir. « Vous entrez sans notre permission, refusez de partir quand Alex vous l’a demandé dans un premier temps, et je ne sais pas si vous êtes au courant mais que vous lui faites subir on appelle ça de la violence psychologique. Je doute fortement que la police soit vraiment ravie d’apprendre tout ça. » Je crois que ça surprends mon père autant que moi. La police, je n'aurais jamais osé le menacer d'appeler la police mais Caleb lui il le fait. C'est lui qui fait pression sur mon père et dans d'autres circonstances, le voir si menaçant et pourtant calme, le voir si droit et fort pour me défendre, ça m'aurait excité, énormément. Sauf que la je suis juste terrifiée, dépassée, inutile, minable, pathétique et autant d'autres adjectifs qui me viennent après avoir passée quelques minutes en présence de mon père. « D’ailleurs, je vais les appeler. » Pendant quelques secondes je vois sur le visage de mon père quelque chose de nouveau, pour la première fois il ne semble pas avoir anticipé les évènements, pour une fois il semble dépassé et son sourire a disparu. C'est nouveau et je crois que ça me fait réellement peur, si peur que je me rapproche de Caleb et de mon père. Il regarde Caleb, il regarde son téléphone, et moi je le regarde priant pour qu'il ne fasse rien de stupide. « Sortez de chez moi. » J'ai l'impression que le temps est très long alors qu'il n'y a eu que deux sonneries avant que mon père reprenne la parole tout en fixant Caleb dans les yeux. La tension est beaucoup trop grande et je me demande si l'un des deux va craquer. « De la violence psychologique, ce qu'il ne faut pas entendre de nos jours pour justifier la faiblesse des gens. Laissez la police, ils ont des choses plus importantes à gérer qu'une petite querelle familiale. Comme des accidents de voiture par exemple. » Il n'a pas mit longtemps avant de tenter de déstabiliser Caleb à nouveau et je panique en entendant ses mots, je panique en pensant qu'il est en train de menacer mon fiancé sans même réaliser qu'il utilise son passé contre lui, mais toute la haine, toute la rage, et toute la douleur que je ressens depuis qu'il est entré chez moi se manifeste en une fraction de seconde. Je craque, mes nerfs lâchent. J'attrape un cadre, la première chose que je trouve, et je lui lance au visage ou du moins j'essaye parce qu'il parvient à l'éviter et le cadre se casse en terminant sur le sol et ça semble le faire rire. « Je te déteste. » Les mots sont criés, un cri qui vient du plus profond de moi, j'ai besoin de lui dire. « Je t'ai toujours détesté, tu n'es qu'un connard égoïste, narcissique, hautain, un salaud qui prends plaisir en écrasant les autres et en les terrorisant. Tu n'es rien, tu n'es personne et tu es seul parce que personne ne peut vivre avec quelqu'un comme toi. Maman a préféré se tuer que de continuer à devoir te voir, la seule personne qui t'a un jour aimé, tu l'as tué. J'avais peur d'être comme toi mais personne ne peut être comme toi, tu es un monstre, je voudrais que tu crèves, je te déteste, je te déteste tellement. » Les nerfs ont lâché, je ne sais même plus ce que je fais, ce que je dis, j'entends à peine les mots de mon père. « Vous devriez raccrocher à moins que vous vouliez qu'ils n'entendent les menaces de mort, et calmez là avant qu'elle ne se blesse, je m'en vais, j'ai honte de la voir comme ça, mais on en a pas fini Alex. » Je ne calcule pas ce qu'il dit mais par contre j'arrive à entendre les pleurs à l'étage, et je me sens coupable parce qu'elles pleurent et que je suis là, incapable d'être leur mère, juste bonne à craquer encore une fois face à cet homme que je déteste et qui a tellement d'emprise sur moi. « Un dernier avertissement Caleb, si vous tuez ma fille je vais vous enterrer sous tellement de procédure que vous perdrais tout, alors soyez très prudent au volant. » Ces mots là je les entends en revanche et je voudrais le frapper, je voudrais même le tuer à cet instant précis, oh oui je rêve d'un monde débarrassé de Charles Clarke, et ce serait forcément un monde un peu mieux que celui que l'on connaît actuellement. Mais je ne peux pas le tuer et je dois me contenter d'accepter l'idée qu'il sera là toujours quelque part, même si pour le moment il semble se diriger vers la sortie, un sourire aux lèvres. J'entends la porte qui se referme derrière lui et je ferme les yeux quelques secondes, je cherche à respirer, à retrouver un peu de calme après ces dernières minutes qui m'ont paru insoutenables. « Je suis désolée, je suis tellement désolée. » C'est à Caleb que je m'adresse mais sans le regarder, j'ai trop honte, et je ne veux pas qu'il me voit ainsi, totalement déstabilisée par cette visite au point même d'être incapable de bouger pour aller chercher nos filles à l'étage qui pleurent encore, surement réveillées par les cris, mes cris. Je voudrais remercier Caleb d'avoir été là pour moi, de m'avoir soutenu mais pour le moment j'en suis incapable, je suis juste totalement perdue. Je suis faible, je suis pathétique, je suis vulnérable et je déteste ça, je déteste ce qu'il me fait ressentir, je me déteste grâce à lui, je le déteste et je me déteste encore de le laisser me faire du mal encore et encore. J'ai besoin de Caleb, j'ai besoin de nos filles, j'ai besoin de notre famille mais je suis pétrifiée sur place, à chercher à retrouver un rythme cardiaque normal et une respiration normale alors que j'ai l'impression de suffoquer. « Je ne suis pas comme lui, je ne suis pas comme elle. » C'est à moi même que je parle. Je ne suis pas un monstre comme lui, je ne vais pas me suicider comme ma mère, je ne suis pas eux.
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« Le respect il faut le mériter, vous me montrez que vous en valez la peine et je vous respecte, mais elle ne se respecte même pas elle même, regardez là, incapable de se défendre toute seule. Elle ressembles vraiment à sa mère, aussi faible qu'elle, j'espère pour vous qu'elle ne finira pas comme elle. » Sans même s’en rendre compte il vient donc de me donner l’autorisation de lui manquer de respect dans le futur. Il le dit lui-même, respecter quand la personne en question en vaut la peine et soyons clairs entre nous : le respect, lui, il ne le mérite pas. Je serre la main d’Alex dans la mienne sans pour autant le quitter des yeux. Une manière de lui montrer qu’il ne me fait pas peur et également pour montrer ainsi mon soutien à ma fiancée. Je le cède pax aux tentatives d’intimidation de mon beau-père, je garde la tête haute bien que ce ne soit pas facile. Mais lui il parle, beaucoup trop, il manque encore et toujours de respect à ma fiancée sous mes yeux et ça, ce n’est pas acceptable pour moi. Elle ne mérite pas ça, Alex. Personne ne mérite d’avoir une personne comme ça en guide de père et seulement maintenant je commence réellement à comprendre ô combien les choses n’ont pas dû être faciles à gérer pour Alex. Son enfance, son adolescence elle l’a passée avec lui et je comprends pourquoi elle a fini par le fuir pour refaire sa vie en Australie. Je ne vois qu’une seule solution pour l’obliger à partir et laisser ma fiancée tranquille : appeler la police. Et c’est d’ailleurs ce que je fais, je le préviens, je lui montre mon écran de téléphone pour lui en donner la preuve et la sonnerie de mon portable mis en haut-parleur appuie mes propos. Une nouvelle fois il se lève pour se placer face à moi et bien que ce ne soit pas évident, je ne baisse pas les yeux et mon regard reste planté dans le sien. « De la violence psychologique, ce qu'il ne faut pas entendre de nos jours pour justifier la faiblesse des gens. Laissez la police, ils ont des choses plus importantes à gérer qu'une petite querelle familiale. Comme des accidents de voiture par exemple. » Il est fort. Il sait appuyer là où ça fait mal et il ne lui a pas fallu longtemps pour comprendre que mon point faible à moi c’est bel et bien cet accident. Même des années plus tard. Un cadre est lancé par Alex et ce n’est qu’à ce moment-là que je romps le contact visuel. « Je te déteste. Je t'ai toujours détesté, tu n'es qu'un connard égoïste, narcissique, hautain, un salaud qui prends plaisir en écrasant les autres et en les terrorisant. Tu n'es rien, tu n'es personne et tu es seul parce que personne ne peut vivre avec quelqu'un comme toi. Maman a préféré se tuer que de continuer à devoir te voir, la seule personne qui t'a un jour aimé, tu l'as tué. J'avais peur d'être comme toi mais personne ne peut être comme toi, tu es un monstre, je voudrais que tu crèves, je te déteste, je te déteste tellement. » Je l’attire contre moi, de peur qu’elle se jette sur lui pour tenter je ne sais quoi. Je la garde avec moi, je la serre contre moi et l’embrasse sur le front. Je ne peux pas faire grand-chose, pas avec lui dans les parages et je commence sérieusement à me demander s’il va finir par sortir ou s’il va vraiment attendre que je sois en ligne avec la police. « Vous devriez raccrocher à moins que vous vouliez qu'ils n'entendent les menaces de mort, et calmez là avant qu'elle ne se blesse, je m'en vais, j'ai honte de la voir comme ça, mais on en a pas fini Alex. Un dernier avertissement Caleb, si vous tuez ma fille je vais vous enterrer sous tellement de procédure que vous perdrais tout, alors soyez très prudent au volant. » J’ai du mal à comprendre pourquoi il essaie maintenant de faire croire qu’il tient à se fille et ne pas vouloir la perdre alors qu’il n’a fait que me prouver le contraire depuis qu’il a mis un pied chez nous. Je prends à nouveau une grande inspiration essayant ainsi de digérer sa nouvelle attaque et quand il passe la porte d’entrée pour sortir, je raccroche et vérifie quelques secondes par la fenêtre qu’il a bien décidé de partir. « Je suis désolée, je suis tellement désolée. » Je me retourne et m’éloigne de la fenêtre pour cette fois prendre Alex dans mes bras. Je la serre contre moi, mes mains caressant ses cheveux pour redescendre le long de son dos. Je ne dis rien pour le moment, je la serre juste dans mes bras pour lui montrer que je suis là pour elle et que je ne la laisserais jamais tomber. Je l’embrasse à nouveau sur le front sans pour autant prendre la parole et la prends à nouveau dans mes bras tout de suite après. J’entends les filles pleurer et si je sais qu’il va falloir que nous allions nous occuper d’elles pour l’instant c’est Alex qui va mal, alors c’est sur elle que je reporte toute mon attention. « Je suis là, t’en fais pas. Ça va aller. » Des mots murmurés à son oreille mais pourtant d’une importance cruciale. Elle n’est pas seule et elle n’aura jamais à l’être tant que je suis avec elle. « Je ne suis pas comme lui, je ne suis pas comme elle. » Cette fois je n’attends même pas quelques secondes pour lui répondre et je reprends la parole presque à l’instant même où elle se tait. « Je sais, mon amour. Je le sais. Tu n’as rien avoir avec eux. » Je ne l’ai pas lâchée, elle est toujours blottie dans mes bras et je la serre même sûrement encore un peu plus. Sûrement comme pour l’empêcher de partir et de s’enfuir. Pour l’empêcher de s’écrouler. Pas en ma présence, pas tant que je suis là. « Je t’aime, tu le sais ça ? Je serais toujours là pour toi. » Ce sont des mots que je lui dis pourtant assez régulièrement mais je pense qu’elle a besoin de les entendre aujourd’hui. Je ne bouge pas encore pendant un long moment – quelques secondes, minutes ? Je la garde dans mes bras sans un mot. Je lui laisse le temps de souffler, de pleurer si elle en a besoin et je finis par parler à nouveau. « Comment tu te sens ? » Première question, et pour le coup je n’attends que quelques secondes pour lui en poser une autre. « Tu veux aller les voir avec moi ou tu préfères te poser ici ? » On entend toujours Lucy et Lena pleurer, elles nous appellent et je sais qu’elle pourrait avoir besoin de leur présence et de leurs câlins, mais il se peut également qu’elle ne se sente trop envahie par tout un tas d’émotions négatives pour s’occuper d’elles.
Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
Je pensais qu'avoir Caleb à mes côtés m'aiderait à garder mon calme, que je ne me laisserais pas toucher par les mots de mon père, mais ma crise de nerfs prouve qu'il a encore gagné. Bien que ça ne soit pas un jeu, il arrive à me faire perdre mon sang-froid, il arrive à me mettre dans un état de colère tel que je ne me contrôle plus, que je craque face à lui et que je lui donne ce qu'il veut, il voit que j'ai mal, que je suis blessée, et que je suis faible face à lui. Je lui montre qu'il a encore le pouvoir sur moi et ça me fait me sentir encore plus minable. Je m'en prends à lui verbalement, après lui avoir jeté un cadre dessus, je lui dis ce que je ressens après avoir été silencieuse trop longtemps face à lui et je ne sais plus vraiment ce que je fais ou ce que je dis, je sais juste qu'une minute je suis devant mon père, celle d'après je suis dans les bras de Caleb. Je sens qu'il me garde contre lui, qu'il me serre dans ses bras et je serre son tee-shirt, je ne lutte pas contre lui, je ne le repousse pas parce que j'ai besoin de lui à cet instant précis. Je suis dans ses bras lorsque j'entends mon père dire qu'il s'en va. Dire aussi qu'il a honte de moi et qu'il n'en a pas fini avec moi, je tremble un peu d'ailleurs à ces mots et je me tends un peu plus dans les bras de Caleb. Il me lâche, juste le temps de s'assurer que mon père quitte bien notre maison, qu'il sorte de chez nous, même si je sais qu'il n'est pas encore sorti de ma vie. Caleb revient vers moi, Caleb me prends dans ses bras et je m'effondre contre lui, je sens qu'il est là et je me sens assez en sécurité pour craquer totalement alors qu'il tente de me réconforter. « Je suis là, t’en fais pas. Ça va aller. » A ce moment précis, je ne sais pas si ça va aller, je ne sais pas comment je vais gérer mais grâce à lui je sais que je ne suis pas seule, qu'il est là et il m'a prouvé que si moi j'étais faible, lui il pouvait tenir face à mon père et ça me rassure énormément même si ça ne se voit pas là tout de suite. Il est calme Caleb et je ne sais pas comment il fait pour gérer mais il m'aide à redescendre doucement. Je voudrais le remercier, je voudrais m'excuser encore mais j'en suis incapable, je pense encore aux mots de mon père, je sais que je ne dois pas le laisser m'atteindre mais il a un tel impact sur moi que je ne peux pas faire autrement. Ma mère, son suicide, sa faiblesse, la mienne, j'ai toujours eu peur d'être comme eux et il n'en faut pas beaucoup pour que je me retrouve à douter à nouveau. Les nombreuses séances de psy à ce sujet sont oubliés à cet instant précis, je suis faible et je le laisse entrer dans ma tête. J'essaye de me convaincre que je ne suis pas comme eux mais c'est pas très convaincant. « Je sais, mon amour. Je le sais. Tu n’as rien avoir avec eux. » Et pourtant je pourrais lui faire facilement une liste de toutes les choses que j'ai en commun avec eux et ça me terrifie. « Tu ne devrais pas avoir à gérer ça, c'est mon problème je suis désolée. » Je ne peux pas contrôler mon père, j'en suis incapable mais je sais que Caleb ne devrait pas à subir les attaques de mon père, il ne devrait pas avoir à défendre mon honneur, il ne devrait pas avoir à encaisser les coups comme il l'a fait parce qu'il n'a rien fait Caleb. Il a juste eu le malheur de tomber amoureux de moi et savoir qu'il peut être blessé à cause de ça, je ne le supporte pas. Je ferme les yeux, je pose ma tête sur son épaule, j'entends nos filles pleurer et je me sens coupable de l'accaparer alors qu'elles ont besoins de nous, enfin de lui parce que moi à cet instant je suis juste inutile, pire encore je suis pas capable de gérer mes émotions toute seule. Je tremble un peu, je sanglote un peu, je m'accroche toujours à lui. « Je t’aime, tu le sais ça ? Je serais toujours là pour toi. » Les larmes s'étaient calmées, et je pleure de nouveau après ses mots. Pas pour les mêmes raisons, mais parce que je suis bien trop à fleur de peau et que l'entendre me dire tout ça me fait du bien, me rassure et me touche. Il vient de voir mon père, il vient de me voir complètement craquer et me ridiculiser mais il me confirme qu'il est là et qu'il le sera pour toujours. Je lâche son tee-shirt, j'essuie du revers de la main mes joues, je pose une main sur sa nuque et je le regarde. Peut-être la première fois depuis un long moment, j'ose le regarder. « Je t'aime aussi, je t'aime tellement. » Je dépose un léger baiser sur ses lèvres, avant de fermer les yeux à nouveau. Ma main libre se pose sur son torse, sur son cœur et je me cale sur son rythme, je me concentre sur ça pour faire redescendre le mien. J'ai peur du moment ou il me lâchera, j'ai peur de m'écrouler, j'ai peur de craquer, de m'effondrer alors malgré les pleurs des filles que j'entends je reste là contre lui, je m'en veux mais j'en ai besoin. Je suis égoïste encore une fois. « Comment tu te sens ? » J'en sais rien, sûrement mal mais pourtant les mots que je lui dis sont différents de ce que je ressens. « Ça va aller. » Ce n'est pas un mensonge, ça va aller, pas dans la seconde mais ça va aller et puis c'est lui qui l'a dit. Il m'a dit de ne pas m'en faire, il m'a dit que ça allait aller, alors j'ai envie de le croire, j'ai besoin de le croire. « Tu veux aller les voir avec moi ou tu préfères te poser ici ? » Elles ont besoin de leur père, je le sais et je recule d'un pas, je m'éloigne légèrement de Caleb comme pour lui montrer qu'il peut me lâcher qu'il peut aller s'occuper de nos filles. « Je veux pas qu'elles me voient comme ça. » Déjà que je ne voudrais pas que lui me voit comme ça mais c'est trop tard pour ça mais je peux épargner mes filles. Elles n'ont pas à me voir ainsi, ni même à me sentir si faible, je suis leur mère, je devrais pouvoir les protéger de tout mais je suis même pas capable de me protéger moi même. Et pourtant, je sais que j'ai besoin d'elles. Que j'ai besoin de leurs sourires, de leurs câlins, de leurs rires pour aller mieux, pour aller bien. « Je vais nettoyer ça pour éviter qu'elles se blessent. » Je fais référence aux morceaux de verres qui traînent au sol et qui témoignent de mon état émotionnel du moment. « Vas t'occuper d'elles, elles ont besoin de toi. Moi ça va aller. » C'est la phrase du moment, ça va aller oui, je le laisse monter et je sais à l'instant même ou il entre dans la chambre parce que les pleurs se font moins forts, je sais qu'il va gérer sans moi, parce que c'est Caleb, il est capable de tout gérer tout seul. Je ramasse le cadre au sol, je regarde la photo, une photo de Lucy et Lena les premiers jours après leurs naissances. Toutes petites, mais déjà tellement magnifiques. Je remets le cadre à sa place même s'il va falloir le changer et je ramasse un à un les morceaux de verre au sol tout en me concentrant sur les bruits venant de l'étage et des pleurs qui se sont maintenant arrêtés. Elles vont biens, Caleb est avec elles et il a réussi à les apaiser, voilà ce qu'il faut que je retienne. Je tremble toujours un peu et je fais attention de ne pas me couper et une fois tout nettoyer, je sors sur la terrasse, le paquet de cigarette de Caleb dans la main et j'allume une cigarette au moment ou j'entends Caleb redescendre avec les filles. Je finis ma cigarette et je les regarde tout les trois dans le salon quelques instants avant de les rejoindre et de m'accroupir au sol pour tendre les bras à Lena, elle se lève et marche quelques pas jusqu'à moi je la serre dans mes bras et je souris quand elle passe ses petits bras autour de mon cou. « Merci de m'avoir donné ces deux merveilles. Et merci de m'avoir défendu. Tu es le premier à lui avoir tenu tête devant moi, ce que tu as fais, tu ne sais pas à quel point ça compte pour moi. » Il est doux Caleb, il est tendre, attentionné, il a un tas de qualité Caleb mais le voir se tenir droit et fort devant mon père, juste pour me défendre, c'est peut-être la première fois que je le vois comme ça et ça me touche énormément. C'est mon futur mari, je l'aime déjà énormément mais ce qu'il a fait aujourd'hui, je ne suis pas prête de l'oublier. « Comment tu vas toi ? » Je finis enfin par comprendre que pour lui aussi les choses n'ont pas du être simple et si je venais à le voir mal à cause de mon père, je crois que je m'en voudrais énormément.
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Elle avait d’autres plans pour nous quand je suis renté du travail, Alex. Des idées qui me plaisaient beaucoup et elle n’a pas eu besoin de beaucoup parler ou d’insister pour que je sois du même avis qu’elle. En même temps, j’ai toujours envie d’Alex. Elle est magnifique, elle a tout pour elle la simple idée de me dire qu’elle sera ma femme dans quelques petites semaines pourrait me donner envie de répéter notre nuit de noces. Même si nous n’avons clairement pas besoin de répéter, mais c’est une raison comme une autre de se donner une excuse pour prendre du temps juste pour nous. Sauf qu’en venant sonner à notre porte son père en a décidé autrement et nous a mis dans un tout autre mood. Alex pleure, elle tremble, et je pense que je ne l’ai jamais vu dans cet état-là. Moi qui pensais avoir connu toutes les facettes de ma fiancée elle me prouve que ce n’est pas le cas. Je connais la Alex bourrée, la Alex défoncée à je ne sais quelle drogue, la Alex en colère lors de nos disputes, la Alex souriante heureuse, la Alex stressée. Et si je croyais avoir déjà vu Alex en colère je me rends compte aujourd’hui que ce n’est rien comparé à ce que je viens de voir. Elle a éclaté au sol un cadre et cette fois c’était réellement de la haine qu’on pouvait lire dans son regard et ça, je n’avais jamais eu l’occasion de le voir chez ma future femme et je m’en serais bien passé. « Tu ne devrais pas avoir à gérer ça, c'est mon problème je suis désolée. » Je secoue la tête alors que ma main frotte doucement son dos, caressant sa colonne vertébrale pour ensuite venir déposer un léger baiser sur le haut de son crâne. « Arrête de t’excuser. » Ça sonne comme un ordre et c’en est certainement un finalement. « On va se marier, tes problèmes vont devenir les miens. » C’est aussi un peu ça l’idée du mariage. Être là pour son double, dans les bons et les mauvais moments et là je pense avoir réussi à lui montrer que je suis bel et bien là pour elle quand elle en a besoin même face à son père, face à ses attaques constantes qui font mal je ne laisserais personne lui faire du mal. Pas tant que je suis là. Pas face à moi. « Je t'aime aussi, je t'aime tellement. » Je la regarde dans les yeux alors que mes pouces essuient les larmes qui coulent le long de ses joues. Je l’aime tellement et la voir dans cet état me fait terriblement mal. Parce qu’elle ne mérite pas ça. Elle mérite tout le bonheur du monde. Bonheur, qu’elle n’a pas. Pas entièrement, je le sais. Pourtant je fais de mon mieux pour la combler tous les jours, pour lui montrer ô combien je l’aime, ô combien je suis fou d’elle. Je donnerais tout pour la voir sourire ce soir mais je sais que malheureusement il y a peu de chance pour que ça arrive. « Ça va aller. » Je ne sais pas si c’est vrai. Enfin si, je sais qu’elle va passer au-dessus de tout ça parce qu’elle est forte, Alex. Bien plus que ce qu’elle ne pense. Si elle était aussi faible que son père ne lui dit elle ne serait pas la femme qu’elle est aujourd’hui. « Je veux pas qu'elles me voient comme ça. Je vais nettoyer ça pour éviter qu'elles se blessent. Vas t'occuper d'elles, elles ont besoin de toi. Moi ça va aller.» J’hoche une première fois la tête. J’hésite à monter et la laisser seule. « Je me dépêche. » J’aurais préféré qu’elle veuille m’accompagner pour aller voir nos filles mais je respecte son choix et c’est après lui avoir volé un baiser que je la laisse seule dans le salon pour rejoindre la chambre de Lucy et Lena qui pleurent depuis quelques minutes. En me voyant arriver, elles se calment et j’entends Lena m’appeler en levant les bras vers moi. Je la prends dans mes bras et je comprends vite qu’elle a besoin d’être changée alors je ne tarde pas à la remettre au propre. Je chatouille ses pieds, son ventre, ce qui la fait rire. Elle gigote toujours, même quand elle est sur la table à langer. Lucy demande elle aussi à sortir de son lit. Je les prends toutes les deux dans mes bras et descend avec précaution des escaliers et une fois en bas je laisse Lena sur le sol. Elle se débrouille pour se lever en se tenant à un meuble, elle fait quelques pas, elle manque de tomber mais se raccroche à ma jambe et elle semble être fière d’elle puisqu’elle s’applaudit une fois l’équilibre retrouvé. Je souris et m’assois par terre en gardant Lucy sur mes jambes pour à mon tour applaudir ma deuxième fille qui fait des progrès de jour en jour au niveau de son équilibre. Je tends les bras vers elle pour qu’elle avance vers moi, ce qu’elle fait sans problème et la voir marcher ainsi me fait toujours sourire grandement. Une fois à ma hauteur je l’embrasse et je m’amuse une nouvelle fois à la chatouiller. Cette fois elle rit et tombe sur ses fesses et gigotant de partout et entendre les éclats de rire de ma fille après la rencontre avec mon beau-père me fait un bien fou. « Maman ! » Disent les filles toutes les deux en même temps en voyant leur mère avancer vers nous. Lena se lève même une nouvelle fois pour s’avancer vers sa mère. « Merci de m'avoir donné ces deux merveilles. Et merci de m'avoir défendu. Tu es le premier à lui avoir tenu tête devant moi, ce que tu as fais, tu ne sais pas à quel point ça compte pour moi. » Lucy se lève tout en appuyant sur mes genoux mais contrairement à sa sœur elle n’a pas encore assez d’entraînement pour pouvoir marcher sans appui. « C’est normal, je n’aimais pas la façon avec laquelle il te parlait. » Il est hors de question que je laisse quelqu’un parler ainsi à ma future femme. « Comment tu vas toi ? » Dobby arrive vers Lucy et moi, je la regarde jouer avec lui tout en répondant à Alex. « Ça va... » Pour ma part il n’a fait que rapporter des faits réels : je suis responsable de la mort de la mort de quelqu’un et si je n’arrive toujours pas à me le pardonner, entendre quelqu’un l’utiliser pour m’atteindre est assez dur. « Tout ce qu’il t’a dit c’est faux tu sais. Si tu étais faible tu n’en serais pas là aujourd’hui. » Alors que dans ce qu’il m’a balancé, tout était vrai. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Pour que tu te sentes un peu mieux ? » Si je peux faire quoique ce soit pour elle ce soir, je suis prêt à tout. Alors qu’elle en profite.
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Il vient de partir et pourtant je ne me sens pas mieux, pas encore du moins et je n'arrive pas à garder mes émotions enfuis en moi. Je me sens faible, pitoyable et très énervée après cette confrontation à laquelle je n'étais pas préparée. Il a débarqué chez moi en pleine après-midi, il s'est immiscé dans ma vie et dans ma tête comme il l'a toujours fait et je l'ai laissé faire. C'est pitoyable de ma part, autant ça que mon coup de sang face à lui. Je suis mère désormais, je ne devrais pas réagir de la sorte, je ne devrais pas lui laisser autant de pouvoir mais je le déteste, je le crains, et je me sens si impuissante face à lui, incapable de réussir à le faire vaciller ne serait-ce qu'un peu. Caleb a réussi lui, enfin il a réussi à le déstabiliser alors qu'il avait à faire à lui pour la première fois. Mais, il ne s'est pas laissé atteindre, il a réagi, il m'a défendu et il en a été obligé parce que j'ai été incapable de le faire. Et pour ça aussi je m'en veux, c'est à moi de gérer ma famille, à moi de les protéger de cet homme et je n'y arrive pas. Ils sont exposés à cause de moi et je ne suis même pas capable de les protéger. « Arrête de t’excuser. » C'est à cause de moi que cet homme est revenu dans notre vie et rien que pour ça, je crois que je n'ai pas fini de m'excuser. Je ne suis pas responsable des actions de mon père, mais savoir qu'il peut faire du mal à Caleb ou à mes filles, c'est bien suffisant pour me faire me sentir coupable d'avoir mit dans leur vie un tel homme aussi mauvais. C'est mon père, le beau-père de Caleb et le grand-père de nos filles et cette pensée ne m'aide pas à me détendre et pourtant Caleb essaye vraiment de me calmer par sa présence, par ses mots et par ses gestes. Il me serre contre lui et m'embrasse tendrement sur le front, je le sens et je n'ai qu'une envie c'est de me laisser aller dans ses bras, m'écrouler parce que je sais qu'il sera là pour me rattraper mais je ne peux pas me laisser complètement aller même si j'en ai envie, je ne peux pas lui imposer ça alors que je lui impose déjà mes pleurs et mes tremblements. « On va se marier, tes problèmes vont devenir les miens. » En d'autres circonstances, cette phrase aurait pu me faire sourire parce qu'elle représente l'essence même du mariage. Se soutenir dans les bons comme dans les mauvais moments, être là pour l'autre quoiqu'il arrive, quoiqu'il fasse, quoiqu'il traverse. Et oui, mes problèmes vont devenir les siens, mais jamais je ne veux que mon père ne devienne son problème. Je veux le rendre heureux, je veux lui offrir une vie dont il a toujours rêvé et mon père n'en fait pas partie. « Je ne veux pas qu'il te fasse de mal. » J'ai vu qu'il pouvait se défendre, il l'a prouvé, à moi et à mon père mais malgré tout, j'ai cette peur en moi, celle de me dire que mon père pour me faire du mal pourrait s'attaquer à ceux que j'aime le plus et Caleb est tout en haut de cette liste. Je sens ses doigts qui essuient mes larmes, ce n'est pas la première fois qu'il me voit pleurer, oh non loin de là même, mais pourtant aujourd'hui j'ai honte de mes larmes, j'ai honte de me mettre dans un tel état à cause de cet homme, j'ai honte de le laisser me gâcher ma journée même une fois sorti de chez moi. Je voudrais pouvoir l'oublier, oublier son passage, oublier ses menaces, oublier qu'il est à Brisbane mais cette dernière pensée me donnerait presque envie de vomir. Mais je ne veux pas que mes émotions gâchent le reste de la journée de Caleb ou pire celle de nos filles. Parce que Caleb peut comprendre, il peut comprendre mon état émotionnel, il peut comprendre ma colère et les émotions négatives que je ressens et il peut savoir que ce n'est pas contre lui. Mais pas Lucy et Lena. Elles ne peuvent pas savoir pourquoi je suis si tendue, pourquoi je pleure et je refuse qu'elles me voient ainsi, c'est pour ça que je laisse Caleb aller les calmer, il y arrivera bien mieux sans mon énergie négative. Il n'insiste pas quand je lui demande d'y aller seul, il me laisse le temps dont j'ai besoin pour me calmer, ou au moins faire cesser ses larmes. Je les entends rire tout les trois et je m'en veux tellement de ne pas réussir à faire abstraction de mes émotions pour profiter de ma famille parce que j'ai besoin de leurs rires, j'ai besoin de leurs câlins, j'ai besoin d'elles et de leur père mais j'ai peur que ma colère et ma douleur puisse rejaillir sur elles. Je dois les protéger, je dois aussi les protéger de moi et je dois me calmer avant de les retrouver. Je fume une cigarette, j'ai repris il y a peu, mais ce n'est jamais plus de deux ou trois par jour, sauf qu'aujourd'hui, je ressens vraiment le manque ou le besoin même. J'ai besoin de fumer et je ne serai pas contre un verre d'alcool fort aussi, mais ça je ne m'y résoudrais pas. Je suis faible mais pas à ce point. Je les entends dans le salon, j'entends les éclats de rire d'une de mes filles et je reconnais ceux de Lena, je les regarde rire, jouer ensemble comme si de rien était et ça me fait du bien. Elles ont l'air heureuses mes filles et c'est finalement le principal dans l'immédiat, elles avant tout. « Maman ! » Leurs deux voix qui m'appellent avec enthousiasme, je suis obligée de sourire, d'être touchée par la joie qu'elles manifestent en me voyant et je me penche pour attraper Lena qui vient vers moi et qui s'agrippe à moi en riant. Je m'assois au sol avec eux, à quelques centimètres de Caleb et Lucy et je serre Lena contre moi et c'est exactement ce dont j'avais besoin. Et j'en profite pour remercier Caleb. « C’est normal, je n’aimais pas la façon avec laquelle il te parlait. » Je lève les épaules et je baisse les yeux quelques secondes, encore une fois honteuse parce que je l'ai laissé faire, je l'ai laissé me parler comme ça et ce depuis des années. « Il n'a jamais appris à me parler autrement tu sais. » Une autre manière pour dire que je n'ai jamais appris à lui dire stop, à lui dire non. Lena se débat un peu après quelques secondes de câlin et je la lâche juste pour la regarder essayer de faire des allers-retours entre les genoux de son père et les miens. « Ça va... » J'ai beau être en proie à des émotions encore fortes, à peine capable de gérer mes propres sentiments, je sais qu'il n'est pas sincère ou du moins il n'est pas pleinement convaincant et je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui parce que c'est mon père qui est la cause de toi. « Je suis vraiment désolée qu'il ait évoqué le passé. Si tu veux parler de ce qu'il t'a dit, et de ce que tu ressens je suis là, ne te renfermes pas à cause de lui. » J'ai une tonne de question à lui poser pour m'assurer qu'il aille bien et qu'il n'est pas en train de refouler ses émotions en se concentrant sur moi comme il le fait souvent. Je voudrais m'assurer qu'il n'est pas en train de souffrir, de se culpabiliser, de douter mais je sais à quel point ce sujet peut être difficile pour lui et je ne suis pas prête pour une seconde confrontation avec lui, alors je me contente de lui rappeler que je suis là s'il a besoin d'en parler sans insister, parce qu'il déteste quand je fais ça, et c'est une leçon que j'essaye de retenir. « Tout ce qu’il t’a dit c’est faux tu sais. Si tu étais faible tu n’en serais pas là aujourd’hui. » En larmes dans mon salon abattue par les mots d'un homme dont pourtant je connais parfaitement la cruauté et les techniques de manipulations ? Et je sais ce qu'il veut dire Caleb, je sais qu'il me croit forte mais je ne le suis pas, la preuve, il est encore en train d'essayer de me rassurer. « Tu as vu comme j'étais quand je suis revenue. Je ne suis pas forte, c'est toi qui me rends forte. » Alcoolique, j'étais une épave et encore il ne m'a même pas vu au pire de mon état, quoique une fois c'était déjà bien trop. Mais je suis faible, c'est un fait et il est sans doute le seul sur cette planète à ne pas le voir, mais c'est parce qu'à ses côtés je me sens peut-être un peu moins faible, pas plus forte mais juste plus apte à prendre de bonnes décisions. « Ce qu'il a dit sur ma mère, sur le fait que je suis comme elle, c'est quelque chose qui me terrifie. » Je ne sais toujours pas pourquoi ma mère s'est suicidée, je n'ai finalement compris qu'après sa mort qu'elle était dépressive et qu'elle l'avait sans doute été toute sa vie mais j'ai parfois peur d'être comme elle. D'avoir ses faiblesses, d'avoir ce lien avec elle qui me fera craquer moi aussi. C'est bête, c'est même très con parce que je suis heureuse aujourd'hui. Je le suis réellement et j'aime mes filles et mon fiancé comme elle n'a sans doute jamais aimé quelqu'un de sa vie, donc je ne suis pas comme elle. Mais on ne peut pas dire que je sois un exemple de santé mentale stable. Je ne gère pas mes émotions, j'ai longtemps noyé mes peines et ma solitude dans l'alcool et la drogue, et je parle pas du sexe, que des comportements à risques et finalement si j'étais comme elle à un autre niveau ? Si finalement, il y avait des prédispositions génétiques et que je me réveillais un matin avec l'envie d'en finir moi aussi, sans raison aucune apparente ? Après tout ma mère n'a rien laissé pour expliquer son geste alors peut-être que ça lui a prit comme ça elle aussi ? « Enfin laisse tomber, je veux juste qu'il sorte de notre vie mais je crois que c'est peine perdu, il aime trop le pouvoir qu'il a sur moi. » Encore une preuve que je suis faible et comme ma mère, au moins la dessus c'est prouvé. Je suis faible devant lui, malgré la haine que je ressens je le laisse faire et je me déteste pour ça. Je tends mes deux mains à Lucy pour l'aider à faire quelques pas, juste pour l'attirer vers moi et prolonger cette session de câlin avec mon bébé koala, surnom que j'ai donné à ma fille qui passe son temps dans nos bras, mais aujourd'hui c'est clairement ce dont j'ai besoin. J'embrasse le front de ma fille, et je la fais sauter sur mes cuisses pour l'entendre rire. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? Pour que tu te sentes un peu mieux ? » Je lève les yeux vers mon futur mari. Je tends la main pour attraper la sienne. « Tu en fais déjà beaucoup en étant là. » Lui et nos deux filles c'est ce dont j'ai besoin à l'heure actuelle. Je sautille sur les fesses avec Lucy sur moi pour me rapprocher de Caleb. J'entends ma fille rire et je ris avec elle doucement. Je me place à côté de Caleb et je pose ma tête sur son épaule tout en regardant Lena se lever, faire trois pas, tomber et recommencer. C'est ça la vie, des chutes mais il faut se relever et aller de l'avant, c'est ma fille de même pas un an qui me rappelle ça. « On pourrait partir. » Que ma première pensée soit de partir pourrait être très étrange, et je crois que je le réalise au moment même ou je prononce ces mots puisque je reformule directement. « On pourrait prendre la voiture, aller se promener en dehors de Brisbane, passer la nuit à l’hôtel et profiter de la journée de demain tout les quatre, ou on peut aller chez tes parents aussi, je suis sûre qu'ils seraient ravis de voir les filles. » Ou on pourrait rester tout les quatre au calme chez nous et cette option j'en meurs d'envie mais rester ici alors que je sais qu'il peut débarquer à tout moment, ça me donnerait presque envie de fuir à nouveau. Mais avec eux cette fois parce qu'ils sont tout pour moi. Et voilà, je ne me sens même plus en sécurité dans ma propre maison, et Caleb ose encore penser que je ne suis pas faible ?
HOLD MY HAND. I HEAR GHOST CALLING. HELP ME STAND EVEN IF THE SKY IS FALLING AND I WANT YOU TO KNOW. I CAN'T DO IT ALONE. HOLD MY HAND
« Je ne veux pas qu'il te fasse de mal. » Je suis rodé là-dessus. Qu’elle se rassure, avoir mal j’ai l’habitude. Depuis plusieurs années j’ai quotidiennement une douleur dans la poitrine et j’ai bien peur qu’elle ne me quitte plus jamais. Elle fait partie de moi maintenant. J’ai mal tous les jours, je pense chaque jour à cette culpabilité que je porte encore sur mes épaules et qui me bouffe littéralement. Mais Alex s’inquiète, elle ne veut pas que son père me fasse du mal et c’est honorable de sa part mais j’ai l’habitude. Je ne lui réponds pas ou du moins, pas avec les mots. J’hausse les épaules et je préfère me concentrer sur elle, sur ses sentiments et sur ce qu’elle ressent. C’est le plus important finalement, moi ça va aller. On est tous les deux assis par terre, les filles sont avec nous et Dobby nous a rejoint pour venir câliner Lucy et jouer avec elle. Lena avance vers sa mère un grand sourire aux lèvres et c’est avec le même sourire que je la regarde marcher. Elle fait quelques pas, elle tombe, elle se relève et elle recommence et si ses chutes ne semblent jamais lui faire mal ou l’inquiéter moi, j’ai toujours peur qu’elle se fasse du mal. Mais je sais que ça va finir par arriver un jour ou un autre, mais pas aujourd’hui. Je pense qu’Alex est passée par bien trop d’émotions déjà alors que la journée n’est pas encore terminée. « Tu as vu comme j'étais quand je suis revenue. Je ne suis pas forte, c'est toi qui me rends forte. » Je secoue la tête de droite à gauche tout en prenant les mains de Lucy dans les miennes. « Tu me donnes bien trop de crédit. » Mais elle a réussi à s’en sortir et ça, c’est elle qui l’a fait pas moi. « Ce qu'il a dit sur ma mère, sur le fait que je suis comme elle, c'est quelque chose qui me terrifie. » Peur de faire une dépression comme sa mère un jour ? Peur d’avoir l’envie de mettre fin à ses jours et d’avoir la force de passer à l’acte ? Je pense que si quelqu’un pourrait avoir ces points communs avec sa mère c’est sûrement moi. Parce que je suis déjà passé par-là moi, sauf que je ne suis jamais passé à l’acte mais ça c’est simplement parce que j’ai été aidé et entouré par le corps médical au moment où les idées noires étaient à leur apogée. Dans le cas contraire je ne serais peut-être même pas avec elle aujourd’hui. « Enfin laisse tomber, je veux juste qu'il sorte de notre vie mais je crois que c'est peine perdu, il aime trop le pouvoir qu'il a sur moi. » Je crois qu’elle attendait une réponse de ma part mais je me suis perdu dans mes pensées. « Parle-en avec ton psy. » Peut-être que ça pourrait l’aider ou du moins je l’espère sincèrement. Je la laisse prendre Lucy avec elle parce que Lena est partir vaquée à ses occupations, et je sais qu’elle a besoin de la présence et des câlins de nos filles. Je souris en entendant Lucy rire, c’est sa mon nouvel antidépresseur. Le rire de mes filles et le sourire de ma future femme, et ils fonctionnent bien mieux que les vrais médicaments que j’ai dû prendre il y a quelques années. « Tu en fais déjà beaucoup en étant là. » J’hausse les épaules, peu convaincu d’en faire assez pour elle. Loin de là, même. « On pourrait partir. On pourrait prendre la voiture, aller se promener en dehors de Brisbane, passer la nuit à l’hôtel et profiter de la journée de demain tout les quatre, ou on peut aller chez tes parents aussi, je suis sûre qu'ils seraient ravis de voir les filles. » Mes yeux se perdent dans les siens quelques secondes, je caresse sa joue et replace correctement des mèches de ses cheveux. « Bonne idée. Je vais appeler mes parents. Je t’aime. » Un doux baiser déposé sur ses lèvres et je la laisse seule quelques minutes le temps d’appeler ma mère et régler quelques détails au restaurant.
***
Nous sommes arrivés chez mes parents depuis une vingtaine de minutes. Malgré le caractère non prévu de notre visite c’est toujours avec un enthousiasme débordant que ma mère nous a accueillie et elle est déjà en train de gâter ses petites-filles qui ont toujours un immense sourire quand elles sont avec leurs grands-parents. Dobby aime venir ici il a beaucoup d’espace, il court partout et Lena aussi, d’ailleurs, elle est fière de montrer qu’elle commence à marcher un peu. « Lucy me fait vraiment penser à Caleb. Tu sais que quand il avait à peu près son âge il restait toujours collé à nous ? Et dire qu’à cette époque on pouvait lui faire des câlins sans qu’il ne râle. » C’est à Alex que ma mère donne toutes ces informations et sa réflexion me fait sourire mais aussi lever les yeux au ciel. Lucy est agrippée à moi elle regarde sa grand-mère avec des grands-yeux et elle finit par tendre les bras vers elle pour nous faire comprendre que c’est à présent dans les bras de sa grand-mère qu’elle veut aller. « Tu veux aller voir mamie ma princesse ? » Lucy sourit, elle cache son visage dans mon cou un moment mais de nouveau, elle tend les bras vers ma mère. Je cède alors sans trop de problème, je laisse ma fille avec ma mère lui faisant entièrement confiance. « Je vais m’occuper du repas de ce soir si tu veux. » Comme au bon vieux temps, j’ai tout appris dans cette cuisine, j’y ai passé énormément de temps pour m’entraîner et mes parents et mes sœurs ont été mes cobayes et mes premiers fans, aussi. « Et toi tu vas cuisiner avec moi. » C’est à Alex que je m’adresse, je lui souris et prends ses mains dans les miennes pour l’attirer avec moi dans la cuisine de mes parents. Elle n’est pas aussi grande que celle qu’on a à la maison, mais cette pièce est remplie de nostalgie. « Comment tu te sens ? » Je lui demande une fois que nous sommes seuls. J’espère en tout cas pouvoir lui changer les idées et la faire sourire un peu.
Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
Caleb évite ma question, Caleb évite de parler de ce qu'il ressent ou du moins de ses émotions négatives et je n'en suis finalement pas étonnée. Il y a une part en lui que je ne pourrais jamais comprendre, une souffrance que je ne pourrais jamais apaiser, je le sais et je sais aussi que je n'ai jamais été là pour l'aider à s'ouvrir à moi. Saleté égoïsme, saleté jalousie. Et s'il ne me réponds pas, ça ne veut pas pour autant dire que je pense qu'il va bien. Bien au contraire même. Je sais qu'il ne va pas bien, je sais qu'il souffre sans doute plus qu'il ne laisse paraître mais il ne veut pas en parler et je dois accepter son choix même si ne pas savoir ce qu'il se passe dans sa tête me perturbe, je pense de toute manière que j'ai assez à gérer avec ce qui se passe dans la mienne. Je dois gérer mes émotions, gérer les sentiments négatifs qu'il a fait remonter en moi, gérer cette impression de n'être qu'une pauvre petite fille faible et sans défense. Caleb me voit forte. Il me pense forte. Il me sait forte, mais pourtant j'ai l'impression de n'avoir fait que lui montrer encore et encore à quel point je suis faible. Du moins sans lui je le suis. « Tu me donnes bien trop de crédit. » Ma vie a prit une toute autre tournure grâce à lui, en deux ans le chemin que j'ai parcouru est fou et tout ce que j'ai réussi, je l'ai réussi grâce à lui et parfois pour lui aussi. « Non, je t'assure que non. » Je pourrais détailler à quel point je n'exagère pas son impact dans ma vie, mais ça aussi je sais qu'il n'aime pas alors je m'arrête là en pensant malgré tout à tout ce chemin que j'ai fais grâce à lui. Il y a deux ans, j'étais paumée. L'alcool était mon quotidien, une épave qui mentait à tout le monde et qui se mentait à elle même. Une femme rongée par la culpabilité et la honte, mais il a été là pour moi. A chaque épreuve il ne m'a pas lâché, et aujourd'hui, je vois nos filles jouer dans notre salon, et je sais que tout ce que j'ai, c'est grâce à lui. C'est lui qui m'a donné une seconde chance. C'est lui qui m'a donné la force de faire cette cure. C'est lui qui m'a donné assez d'amour pour que j'arrête de me faire du mal. C'est lui qui m'a aidé à accepter mes erreurs, à accepter le passé et à me pardonner. C'est lui qui m'a donné nos deux magnifiques petites filles, et c'est lui qui chaque jours me donne tant d'amour et tant de force pour surmonter même les moments de doute. Et je suis certaine d'une chose ; si j'ai une once de force en moi elle vient de lui, et désormais de nos filles. Parce que je veux être quelqu'un de bien pour eux. Je veux qu'ils soient fiers de moi comme moi je suis fière d'eux. De mon futur mari, et de nos deux filles. Je veux être aussi forte, aussi souriante et aussi heureuse qu'eux au quotidien. Je veux leur donner autant d'amour qu'ils m'en donne, et peut-être que je le fais tout ça, mais j'ai l'impression de devoir en faire plus encore parce qu'ils méritent tellement mieux. Je suis là à craindre d'être comme ma mère et ils ne méritent pas que je pense à ça. Ils ne méritent pas que je puisse penser vouloir les quitter un jour et je m'en veux de penser ça. Caleb semble perdu dans ses pensées, il ne réagit pas et ça me rends encore plus coupable finalement. Et si je lui fais peur à lui aussi ? « Parle-en avec ton psy. » Dans un sens il a raison, je secoue la tête, c'est sans doute la personne la plus apte à m'aider à comprendre pourquoi je ressens ça. Je ne veux pas être comme mon père et je ne veux définitivement pas être comme ma mère et tout ce que je peux faire à l'heure actuelle c'est me concentrer sur ma famille. Les regarder jouer, partager des moments avec elles, rire avec elles, ils n'ont jamais été comme ça avec moi, je n'ai pas eu des parents modèles et je ne serais surement pas une maman modèle mais je ne veux pas qu'un jour elles se réveillent en pensant qu'elles n'ont jamais été aimé. Parce que je les aimes, je les aimes tellement et j'ai besoin d'elles, peut-être encore plus aujourd'hui. Je les câlines, je les porte l'une après l'autre, et je retrouve le sourire en jouant avec Lucy, en l'entendant rire et s'amuser. Elle est loin de pouvoir comprendre ce qu'il vient de se passer et grand bien lui fasse, et je veux profiter de son innocence, de sa joie contagieuse, je me nourris de leur bonheur qui est visible et je m'apaise, un peu, avec ma fille dans mes bras. Et l'idée de quitter la maison pour cette fin de journée, de partir se détendre et oublier tout ça est lancé ainsi, sans trop de réflexion. Mais je veux arrêter de penser à lui, je veux arrêter de me sentir faible, je veux profiter de ma famille et Caleb semble d'accord avec cette idée. « Bonne idée. Je vais appeler mes parents. Je t’aime. » Je lui souris doucement juste après lui avoir rendu son baiser. Je le regarde s'occuper de régler la suite de notre journée, et je reste assise par terre avec mes filles à jouer avec elles et leurs jouets en bien trop grands nombres dans notre salon. Mais aujourd'hui, tout ce qui peut faire du bruit je prends, j'occupe mes mains, j'occupe mes pensées, je me concentre sur elle pour ne plus avoir à penser à mon père. Et ça fonctionne un peu puisque durant près de vingt minutes, je ris avec elles, je chante des comptines et elles gesticulent tout autour de moi, passant d'un jeu à l'autre, riant, parlant dans un langage encore bien trop incompréhensible, mais je ris avec elles et ça me fait un bien fou.
***
La pression est retombée d'un coup. J'ai pleuré en prenant ma douche alors que Caleb s'occupait du sac des filles, et après avoir laissé couler mes larmes pendant vingt minutes sous l'eau, je me suis sentie épuisée mais un peu plus calme. Je me suis remaquillée, j'ai caché les traces de mes larmes, mes yeux cernés et gonflés derrière plus de maquillages encore et après un trajet silencieux bercé par la musique des filles dans la voiture, nous sommes arrivés chez mes beaux-parents et le contraste entre leur famille et la mienne est saisissante aujourd'hui. Mais, je suis heureuse d'être ici même si je ne respire pas la joie de vivre, j'essaye de faire bonne figure pour eux parce qu'ils nous accueillent à la dernière minute et je vois à quel point la mère de Caleb est heureuse de voir les filles et je peux sans mal aussi voir comme mes filles sont heureuses ici et c'est ça le plus important à l'heure actuelle. Assisse devant mon café, j'en ai bien besoin d'ailleurs, je ne cesse de regarder Lena pour éviter qu'elle ne tente quelque chose de trop dangereux, c'est un nouvel espace de jeu pour elle, de nouvelles choses à voir, à attraper et je ne la quitte pas du regard. Enfin jusqu'à la réflexion de Mary. « Lucy me fait vraiment penser à Caleb. Tu sais que quand il avait à peu près son âge il restait toujours collé à nous ? Et dire qu’à cette époque on pouvait lui faire des câlins sans qu’il ne râle. » Je souris autant à la comparaison entre Lucy et Caleb, qu'à la petite remarque qu'elle ajoute ensuite. Et c'est vrai que Caleb et les câlins ou même les marques d'affections ça fait deux, sauf avec Lucy, Lena ou moi. « Je me sens privilégiée, il ne râle pas encore quand c'est moi. » Je fais un clin d’œil à Caleb en lui souriant. Et je sais que je suis une privilégiée. « Mais oui Lucy c'est une mini Caleb, elle a son caractère, elle est vraiment douce, et elle est comme son père, elle a peur des inconnus. » La deuxième partie de ma réflexion est dite dans un rire léger, je taquine Caleb et ça fait du bien d'avoir une discussion avec des gens qui n'essayent pas de blesser à chaque prise de parole. Une discussion avec des gens normaux finalement. Et si c'est une taquinerie ça n'en reste pas pour autant moins vraie, Lucy a peur quand elle ne connaît pas, elle se colle à nous et se cache alors la voir tendre les bras vers sa grand-mère prouve à quel point finalement elle est à l'aise ici et avec la famille de Caleb. Je regarde avec tendresse Lucy se blottir dans le cou de son père avant de se décider à rejoindre les bras de sa grand-mère qui comme toute mamie gaga l’accueille avec un sourire énorme. « Mais vous avez la confiance de Lucy et ça prouve bien qu'elle vous apprécie beaucoup. » Ce qui veut dire beaucoup finalement sur la présence et l'amour qu'elle peut donner à mes filles. « Je ne crois pas vous avoir déjà remercié d'ailleurs Mary, mais sachez que j'apprécie vraiment ce que vous faites pour elles. » Peut-être encore plus aujourd'hui finalement, même si je savais déjà que les Anderson était une famille bien, aimante et stable. Je réalise encore un peu plus que mes filles ont tout une famille derrière elles pour les soutenir, pour les aider à grandir et à s'épanouir et ça me rassure un peu. Mon attention se repose sur Lena qui vient par je ne sais quel miracle d'attraper un cadre, et je crois qu'on a assez cassé de cadre pour la journée. Je lui retire des mains ce qui ne semble pas vraiment lui plaire, mais son attention est vite attirée par autre chose et la revoilà qui se lève et marche, enfin fais trois pas, tombe, se relève et réitère le schéma plusieurs fois sans pleurs mais avec un grand rire quand enfin elle arrive jusqu'à son grand père et s'accroche à ses jambes. Je les laisse tout les deux, et je me retourne vers Caleb, Lucy et Mary mais pas pour très longtemps puisque Caleb s'adresse à moi. « Et toi tu vas cuisiner avec moi. » Je le regarde d'abord surprise, puis avec un sourire, je me retourne pour voir s'il y a quelqu'un derrière à moi à qui il pourrait parler, même si je sais très bien que c'est à moi qu'il s'adresse. « Attends tu veux que moi je cuisine avec toi ? » Il me sourit et comme pour me confirmer qu'il me veut à ses côtés pour cuisiner, il m'attire avec lui dans la cuisine de ses parents et je le suis sans hésiter, laissant mes filles sous la surveillance de mes beaux-parents. « Comment tu te sens ? » Je ne sais même pas si Caleb a parlé de ce qu'il s'est passé à ses parents, s'il leur a dit la raison de notre venue à l'improviste mais ce n'est finalement pas si important, être ici me fait du bien. Et ce qui me fait encore plus de bien c'est de pouvoir me blottir dans les bras de Caleb sans qu'il n'ait à me retenir, ou sans que je ne mouille son tee-shirt de mes larmes. « Ça va, je t'assure que ça va. » Je profite que l'on soit seul dans cette cuisine pour venir passer mes bras autour de lui et je le rapproche vers moi pour l'embrasser. Un simple baiser, mais qui lui prouve que je vais bien ou du moins bien mieux. Je ne tremble plus, je ne pleure plus, je ne répète pas toutes les deux minutes ô combien je suis faible et je n'entends presque plus la voix de mon père. Je vais mieux. « Mais tu sais que pour me remonter le moral y'a mieux que la cuisine. » Je ris un peu, parce que je suis toujours aussi nulle, enfin pas aussi nulle qu'à notre rencontre mais je suis toujours un boulet pour lui en cuisine. Je le serre encore un peu contre moi, mes mains dans les poches arrières de son pantalon, je reste là contre lui quelques instants, j'en ai besoin. « Ne t'avises pas un jour de râler à mes câlins. » Une petite blague en référence aux mots de sa mère il y a quelques minutes, une petite blague pour lui montrer que je vais bien. Enfin j'essaye vraiment d'aller bien et d'oublier. « Et toi ça va ? » Maintenant que je suis plus calme peut-être qu'il sera en mesure de m'en dire un peu plus sur son état émotionnel, ou pas. Mais je veux juste m'assurer qu'après tout ça, il va bien. « Tu m'as impressionné aujourd'hui, vraiment, je suis tellement fière de toi chéri. » Et je crois que si je dois retenir une chose de cette journée c'est bien ça, la force et la virilité qui s'est dégagé de mon futur mari au moment ou il se tenait droit et fier devant mon père.
HOLD MY HAND. I HEAR GHOST CALLING. HELP ME STAND EVEN IF THE SKY IS FALLING AND I WANT YOU TO KNOW. I CAN'T DO IT ALONE. HOLD MY HAND
J’ai l’impression de sentir Alex s’apaiser petit à petit à partir du moment où nous arrivons chez mes parents. Peut-être est-ce l’idée de se dire que nous nous sommes éloignés de Brisbane et donc possiblement de son père ? Et Alex n’est clairement pas la seule à être heureuse de notre séjour à Warwick improvisé, Lena elle aussi explore les lieux et ça pour la première fois en marchant. Tout en gardant un œil attentif sur notre fille la pile électrique, j’écoute la réflexion de ma mère qui m’amuse beaucoup. Elle compare Lucy à moi quand j’avais un an moi aussi et ce n’est pas la première fois que je l’entends dire des choses pareilles. Oui, à l’époque j’aimais apparemment le contact physique ce qui est loin d’être toujours d’actualité à l’heure d’aujourd’hui (sauf quand il s’agit d’Alex ou des jumelles, là c’est totalement différent.) « Je me sens privilégiée, il ne râle pas encore quand c'est moi. » Mon regard croise celui de ma fiancée et je souris en entendant ses mots. S’il y a bien pour une personne que je ne risque de ne jamais râler pour des câlins, c’est bien elle. « Mais oui Lucy c'est une mini Caleb, elle a son caractère, elle est vraiment douce, et elle est comme son père, elle a peur des inconnus. » Toujours un sourire aux lèvres je caresse avec douceur le dos de ma fille. « C’est un bébé koala, comme l’appelle Alex. » Toujours collée à l’un de nous et si ça ne me dérange pas plus que ça je sais qu’à un moment ou à un autre nous allons devoir couper le cordon pour qu’elle puisse commencer à découvrir un peu le monde et ses capacités de son côté. Elle tend même les bras vers ma mère nous faisant comprendre ainsi son désir de passer de mes bras à ceux de sa grand-mère. « Mais vous avez la confiance de Lucy et ça prouve bien qu'elle vous apprécie beaucoup. Je ne crois pas vous avoir déjà remercié d'ailleurs Mary, mais sachez que j'apprécie vraiment ce que vous faites pour elles. » Un grand sourire se dessine sur les lèvres de ma mère. Je vois qu’elle est touchée des mots de sa belle-fille, elle chatouille et fait rire notre fille. Il faut dire qu’elle sait y faire ma mère, elle a eu quatre enfants et je sais que j’ai eu beaucoup de chance d’avoir des parents à l’écoute comme les miens. « Oh tu sais Alex, c’est avec plaisir que je le fais, j’aime toujours autant m’occuper d’enfants. Vous savez que si un jour vous voulez être loin des pleurs et des couches pendant quelques jours n’hésitez pas. » Je sais que c’est sincère et nous l’avons d’ailleurs déjà sollicité à de nombreuses reprises quand nous en avions besoin. « On dirait bien qu’elles ont héritées des bouclettes de leur père. » Qu’elle dit tout en passant sa main dans les cheveux de Lucy et elle a raison. Elles n’ont peut-être pas beaucoup de cheveux mais on peut voir tout de suite qu’elles ont quelques mèches bouclées.
Lucy avec ma mère, Lena avec mon père et si nos filles semblent faire confiance à mes parents ce sentiment est réciproque et je les laisse seules avec leurs grands-parents pour m’occuper de dîner de ce soir. « Attends tu veux que moi je cuisine avec toi ? » C’est en la tirant par les mains que je lui réponds une fois assez éloignés de mes parents. « Tu vas être mon commis ce soir. Tu fais tout ce que je te dis, comme je te le demande. » Elle comprendra bien les sous-entendus que je lui fais dans cette phrase et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je voulais m’assurer que mes parents ne puissent rien entendre. Je lui parle de cuisine oui mais pas seulement. Je ne sais pas si elle sera très réceptive à cet humour ou même aux avances que mes mots cachent mais je sais qu’entre nous c’est quelque chose qui fonctionne en général parfaitement bien. « Ça va, je t'assure que ça va. » Ses bras autour de mon cou ses lèvres sur les miennes je profite de ce moment seul pour prolonger le baiser. Elle me dit aller bien et cette fois je sens que ses mots sont sincères. Bien plus qu’ils ne l’étaient quand elle les a prononcés il y a quelques heures. « Mais tu sais que pour me remonter le moral y'a mieux que la cuisine. » J’enroule mes bras autour de sa taille et quand je l’entends rire je souris, parce que ce son me rassure venant d’elle. « Je croyais que tu aimais cuisiner avec moi ? » Un sourcil qui se lève en la regardant, un petit sourire qui apparaît sur mon visage, je la taquine oui mais surtout dans le but de la voir sourire. « Apparemment je suis un bon prof. C’est une petite anglaise qui m’a déjà dit ça. Elle est blonde, je ne sais pas si tu la connais. » Ça c’est vrai par contre. Quand on cuisinait ensemble quand on était plus jeunes à de nombreuses reprises elle avait venté mes talents de prof. « Ne t'avises pas un jour de râler à mes câlins. » Tout en rapprochant mon visage du sien je lui réponds. « Ça ne risque pas d’arriver. » Oh que non. Si je n’aime pas les câlins ceux d’Alex sont spéciaux et ont une place toute particulière dans mon cœur. C’est à mon tour de l’embrasser avec beaucoup de tendresse, une de mes mains remonte sur sa joue pour caresser celle-ci alors que l’autre se décale sur sa taille pour la maintenant contre moi. « Et toi ça va ? » Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me repose cette question et je pense que ça se voit sur mon visage. C’est à peine si je sais quoi lui répondre. Oui je vais bien, j’ai connu pire bien pire et la différence entre les propos qu’il a tenu en son égard et ce qu’il m’a dit, c’est que de mon côté tout était vrai. Il n’a rien inventé. « Oui oui ça va. » Et non je n’ai pas envie d’en parler. Je m’éloigne d’elle pour fouiller dans les placards de mes parents, j’ouvre le frigo pour voir ce qu’il y a dedans. « Tu m'as impressionné aujourd'hui, vraiment, je suis tellement fière de toi chéri. » Je ne pense pas avoir mérité quoique ce soit pour être honnête. J’hausse les épaules toujours en regardant le contenu du frigo. « J’ai pas fait grand-chose... » Et tout ce que j’ai pu faire m’a semblé normal et totalement naturel. « Peut-être qu’on peut faire des frites ? Et j’ai vu un peu de poulet dans le frigo ça te va ? » J’évite un peu le sujet oui mais je n’ai pas franchement envie de parler de mes sentiments à propos de ma responsabilité dans la mort de quelqu’un, je le fais déjà bien trop souvent avec le psychologue. Parce que si on aborde bien des sujets c’est celui qui revient le plus régulièrement. Parler du repas de ce soir est bien plus simple. Faire des frites avec les pommes de terre fraiches de mes parents et du poulet, c’est simple mais parfois les choses simples sont les meilleures.
Hold my hand. I hear ghost calling. Help me stand even if the sky is falling and I want you to know. I can't do it alone. Hold my hand, my hand, my hand
Parler de nos filles je pourrais le faire pendant des heures désormais. Personne n'aurait pu prédire que je deviendrai ce genre de mère, en même temps qui aurait cru que je deviendrai mère un jour? Mais pourtant je suis dans le salon de la famille Anderson a discuté du caractère de ma fille avec la mère de Caleb, et le plus fou dans tout ça, c'est que finalement ça ne me semble pas étrange. C'est une discussion normale entre nous et c'est reposant de pouvoir parler avec des personnes qui ne nous veulent pas de mal. Et l'espace de quelques secondes, je me sens coupable d'être face à quelqu'un d'aussi bienveillant, de rire avec elle alors que je lui ai menti à elle aussi pendant des années, et que je lui mens encore. Mais je n'ai plus la force pour d'autres pensées de ce genre, pas aujourd'hui alors je regarde Lena quelques instants, je bois quelques gorgées de mon café et j'oublie cette réalité pour me concentrer sur l'instant présent. Ce moment ou ma belle-mère semble heureuse d'accueillir Lucy dans ses bras, ce moment ou je la remercie d'être aussi présente pour ses petites-filles et pour Caleb et moi. Et mes mots semblent lui plaire parce qu'elle me sourit. si vous saviez Mary. Mais ils ne savent pas, et ce n'est pas une discussion que je compte avoir aujourd'hui, et peut-être même jamais finalement. « Oh tu sais Alex, c’est avec plaisir que je le fais, j’aime toujours autant m’occuper d’enfants. Vous savez que si un jour vous voulez être loin des pleurs et des couches pendant quelques jours n’hésitez pas. » Et même si je sais que je peux compter sur elle, ça fait plaisir de l'entendre le dire. Et, l'avantage pour elle d'avoir eu son premier enfant assez tôt, c'est que ça fait d'elle une mamie jeune et encore dynamique alors je sais qu'elle peut gérer des jumelles sans que ça ne soit trop fatiguant pour elle, elle risque d'ailleurs d'avoir à gérer les filles après le mariage, pour quelques jours au moins même si je ne suis pas encore certaine d'être prête à rester loin d'elle plus de deux nuits. « Je sais pas si votre fils vous en a déjà parlé, mais après le mariage on voulait partir quelques jours, et vous êtes la seule à qui je peux imaginer laisser mes filles plusieurs jours. » Ce n'est pas des paroles en l'air, elle est vraiment la seule personne à qui je pourrais laisser Lucy et Lena pour plus d'une nuit. Il y a Tim aussi, mais il a déjà ses enfants alors Mary Anderson devient la personne la plus fiable et sécurisante à mes yeux pour prendre soin de mes jumelles. Suffit de voir avec quelle douceur et quelle délicatesse elle porte Lucy dans ses bras. Elle la fait rire, et je sais que Lucy se sent bien dans les bras de sa grand-mère ce qui veut dire beaucoup. « On dirait bien qu’elles ont héritées des bouclettes de leur père. » Je secoue la tête pour confirmer les propos de Mary, et c'est une chose que j'aime beaucoup chez leur père, alors je suis ravie qu'elles aient hérité des bouclettes de Caleb, et j'espère toujours qu'elles aient hérité bien plus de Caleb que de moi, mais c'est une pensée que je garde pour moi n'ayant pas envie de me dévaloriser encore aujourd'hui et pas devant les parents de Caleb.
Les filles sont entre de bonnes mains avec leurs grands-parents et je dois bien avouer que moi aussi surtout quand j'entends les mots de mon fiancé. « Tu vas être mon commis ce soir. Tu fais tout ce que je te dis, comme je te le demande. » Je me prends au jeu presque immédiatement, je lui souris et je ris un peu même. « Je suis toute à toi mon chéri, prête à satisfaire toutes tes demandes et tes désirs. » Je crois que j'ai besoin de ça, pas de ça le sexe maintenant, mais de ça, notre lien, nos discussions pleines de sous-entendus, nos jeux, et ses câlins. Ça aussi j'en ai énormément besoin aujourd'hui. « On se déshabille tout de suite ou on cuisine quand même avant ? » Un petit clin d’œil accompagne ma remarque, avant de venir me blottir contre lui. Des moments habillés c'est tout ce que j'aurais pour l'instant et c'est ce dont j'ai besoin ce soir. Son calme, sa douceur et sa tendresse et le sentiment de sécurité que je ressens quand je suis dans ses bras. Oui je vais mieux, et je sais que ça ira de mieux en mieux au fil de la soirée grâce à lui, grâce à nos filles et grâce à la bienveillance de ses parents qui nous accueillent chez eux sans questions, sans remarques. Je retrouve le sourire avec Caleb, et je ris même un peu avec lui, et ça fait du bien de se sentir moins submergée par mes propres émotions. « Je croyais que tu aimais cuisiner avec moi ? » Ce n'est pas ce que je préfère avec toi mon chou. C'est l'une des réponses que j'aurais pu lui donner si j'avais voulu le taquiner à mon tour. « J'aime te regarder cuisiner, et t'embêter quand tu cuisines mais j'aime moins la partie ou moi je cuisine. » En résumé j'aime être avec lui dans la cuisine quand il prépare les repas, j'aime parler de tout et de rien en le regardant faire, j'aime goûter à ses plats, j'aime lui tourner autour pour lui faire perdre le fil de sa recette, j'aime le regarder quand il est concentré pour réaliser quelques tâches un peu plus techniques, j'aime tout ça, mais quand il s'agit de mettre la main à la pâte, je trouve tout de suite ça un peu moins amusant. « Apparemment je suis un bon prof. C’est une petite anglaise qui m’a déjà dit ça. Elle est blonde, je ne sais pas si tu la connais. » Je ris un peu plus franchement à sa remarque. « Elle devait vraiment être dingue de toi pour te dire ça, parce que vu mon niveau en cuisine, tu as complètement échoué en tant que prof avec moi. » Je saisis la légèreté du moment, ce moment sans tension, sans rien à penser juste à nous. Il sait à quel point je le trouve doué en cuisine, à quel point j'aime ses plats, et aussi comme je suis admirative de tout ce qu'il a battis tout seul avec son restaurant, alors c'est un sujet sur lequel je peux le taquiner. « Après j'étais pas vraiment une élève disciplinée, j'étais beaucoup trop distraite par le corps du prof. » C'était vrai à l'époque et ça l'est toujours aujourd'hui. Dans une cuisine le plus intéressant pour moi c'est lui et c'est uniquement parce qu'il passe beaucoup de temps dans notre cuisine que j'en fais de même, juste pour pouvoir être avec lui. Parce qu'il est de loin la personne avec qui j'ai envie de passer le plus de mon temps, avec qui je me sens le mieux, et c'était déjà le cas à l'époque et ça ne risque pas de changer. Sa présence rassurante, son corps excitant, j'aime être dans ses bras, j'aime ses câlins qu'ils soient doux, tendres, passionnés ou torrides. J'aime être proche de lui et c'est un point commun que j'ai encore avec la petite anglaise dont il a parlé. « Ça ne risque pas d’arriver. » C'est mieux pour toi parce que je ne compte pas arrêter de me blottir contre toi, et bientôt ce sera jusqu'à ce que la mort nous sépare alors tu as plutôt intérêt à te préparer pour des années de câlins. Des mots que je ne peux pas lui dire, non pas que je n'en ai pas envie, mais plutôt parce que le baiser qu'il me donne me semble bien plus agréable que des mots encore des mots. Je parle trop, mais cette fois, je n'ajoute rien, je lui rends son baiser, profitant de sa tendresse, et de sa main sur ma joue qui me caresse le visage. J'ai beaucoup de chance d'avoir un homme aussi doux, j'aime beaucoup de chance d'avoir Caleb dans ma vie. « Tu sais comment faire pour me détendre toi. » Je lui souris après ce baiser, je me sens bien mieux grâce à lui et il a ce pouvoir de me calmer, de m'apaiser, de me recentrer sur l'essentiel aussi et dans la cuisine de ses parents, j'ai l'impression que finalement tout va bien se passer. Que tout ça n'est qu'une épreuve que l'on va surmonter ensemble parce qu'il sera là quoiqu'il arrive, il me l'a prouvé. Mais encore une fois moi je gâche tout. Heureusement que je ne tiens pas le compte de toutes les fois ou j'ai tout gâché, parce que ce serait pas un nombre flatteur pour moi. Je vois dans son regard qu'il est surprit, presque déstabilisé par ma question. Une question pourtant simple, je voulais juste savoir comment il allait, mais faut croire que ça le surprends que je lui demande ce qui là encore n'est pas très flatteur pour moi, il est presque surprit que je m'intéresse à lui. « Oui oui ça va. » Il finit par me répondre, et je n'ai pas besoin d'un long discours pour comprendre qu'il ne veut pas en parler plus en détail, qu'il ne veut même sûrement plus en parler du tout, il me le fait comprendre en mettant fin à ce câlin et en s'occupant à fouiller dans la cuisine de ses parents pour trouver le repas à faire ce soir et je n'aime pas qu'il fuit la discussion comme ça mais je n'insiste pas, du moins pas sur ça. Je lui ai demandé deux fois à quelques heures d'intervalles et il a eu la même réaction, je n'en saurais donc pas plus sur la manière dont il a vécu la confrontation avec mon père, tant pis mais j'espère qu'il saura en parler, avec moi ou avec quelqu'un d'autre, si les mots de mon père font remonter en lui des choses douloureuses. Moi je me contente de sa réponse et s'il y a eu beaucoup de négatif pendant que mon père était chez nous, il y a eu aussi du positif, j'ai vu Caleb tenir tête à un homme qui est craint par ses proches et par moi. J'ai vu mon futur mari se tenir debout pour défendre notre famille et pour me défendre, et voir Caleb ainsi ne m'a pas laissé indifférente loin de là et j'essaye de mettre en évidence les choses à retenir d'aujourd'hui. « J’ai pas fait grand-chose... » Sauf qu'il fait son modeste, enfin il ne fait pas son modeste, il fait son Caleb. Il est persuadé de n'avoir pas fait grand chose et je le sais qu'il le pense vraiment, c'est sans doute ça qui le rends si touchant, cette façon qu'il a de valoriser les autres mais de banaliser tout ce qu'il fait de bien. Et pourtant face à mon père, il n'a pas eu un raté. Il ne lui a rien laissé, il s'est tenu droit encaissant les mots de mon père sans fléchir, il lui a répondu, il m'a défendu, il lui a ordonné de sortir, il a été là pour moi, il m'a contenu quand j'en avais besoin, il m'a soutenu, il m'a rassuré, il a été fort pour nous deux et il ose dire qu'il n'a pas fait grand-chose. Je vous jure parfois sa modestie est à l'extrême, et je pourrais lui redire tout ça, mais je ne le fais pas. Pas que je ne veuille pas lui prouver qu'il a fait bien plus que « pas grand-chose » mais parce que je n'ai pas envie de revenir avec sérieux sur ce qu'il s'est passé il y a quelques heures. Alors je choisis l'option que je choisis souvent, je lui souris et je le taquine un peu, ou en d'autres termes, je le chauffe un peu. « En d'autres circonstances je t'aurais sauté dessus. » Je me rapproche de lui, je viens me placer derrière lui et l'avantage d'une cuisine petite c'est que je n'ai que quelques pas à faire pour être contre lui. Je dépose un baiser sur sa nuque. « C'était vraiment une sacrée démonstration de virilité de ta part. » Je pourrais lui redire qu'il m'a impressionné, lui dire que ce qu'il a fait pour moi me touche, mais je préfère rester dans une discussion moins sérieuse, même si mes mots sont sincères, il était viril, il était fort, il était fier et confiant, du moins en apparence pour la dernière partie et ça me tient à cœur qu'il ait conscience de l'importance que ça a pour moi même si c'est dit avec des mots détournées. « Peut-être qu’on peut faire des frites ? Et j’ai vu un peu de poulet dans le frigo ça te va ? » Il revient à la recette, sans doute un moyen de sa part de clore définitivement le sujet de la venue de mon père et je le comprends finalement. On est loin, et on va profiter de cette soirée et ne pas lui laisser encore du pouvoir alors qu'il n'est plus là. « Ce sera parfait chéri. Et en plus éplucher des pommes de terre ça je sais faire, tu verras je serai une commis parfaite ce soir. » Parfaite sûrement pas. Et je n'épluche sans doute pas comme lui, pas aussi vite, mais je sais le faire, faut dire que c'est pas la tâche la plus compliquée qu'il soit mais ça lui montre que je suis prête à m'investir en cuisine avec lui et prête à penser à autre chose. Assisse à table pour éplucher les pommes de terre, j'entends les rires de Lena et Lucy dans l'autre pièce. « Tu réalises qu'elles vont avoir un an ? Elles grandissent si vites. » Un an de bonheur et un peu de stress aussi quand même, mais un an d'amour avec elles et avec Caleb, un an c'est rien dans une vie et pourtant ça a complètement changé la mienne.