Cela faisait maintenant deux bonnes semaines qu'elle travaillait sur son idée. Elle faisait ses recherches, sauvegardait ce qui pouvait l'intéresser. Son historique de navigation internet pourrait laisser penser qu'elle s'était reconvertie dans la mode. Si tel était le cas, elle ne serait rien d'autre qu'un imposteur. Le syndrome n'en serait pas vraiment un, mais plus une réalité. Elle s'intéressait à la mode, sans pour autant être la plus au courant de toutes les tendances. Elle aimait le shopping plus qu'autre chose et elle suivait les tendances au fil des saisons et des collections proposées par ses magasins favoris. Sa connaissance de la mode s'arrêtait là. Sa connaissance de la couture, elle, s'arrêtait à enfiler un fil dans une aiguille. Elle n'était pas capable de recoudre un bouton ou repriser un simple accros. Elle n'avait jamais appris. N'en avait jamais vraiment eu le besoin ni l'envie. Cependant, elle n'avait pas besoin de savoir faire tout cela pour son projet. Elle n'avait d'ailleurs pas besoin de savoir faire grand-chose. Son rôle était d'imaginer, de choisir et de retranscrire à l'oral ce qu'elle avait en tête. C'était Rose, finalement qui allait avoir le plus gros du travail à faire. C'était elle qui avait autant de talent que d'expertise en la matière et c'était aussi elle qui avait proposé à Itziar de procéder de cette façon. Elle n'avait cependant pas eu le temps de s'y mettre plus tôt, ses pensées un peu trop polluées par les problèmes qu'avait rencontrés le club, la date de fin des travaux qui n'avaient cessé de reculer jusqu'à la bonne nouvelle d'il y a peu. Elle s'était sentie plus légère, elle avait ressenti une pression en moins sur ses épaules et par conséquent, elle avait eu tout le loisir de s'atteler à cette création-ci. Une manière aussi de remercier Rose pour ce qu'elle avait pu faire pour elle ces derniers mois. Elle qui s'était montrée si patiente avec elle. Elle qui avait tout fait pour la rassurer et pour qu'elle puisse un peu lâcher prise malgré les enjeux importants. C'est elle qui lui avait permis de garder les pieds sur terre. Qui lui avait aussi permis de comprendre qu'elle ne pouvait pas tout gérer et que ce n'était pas grave, que malgré les difficultés, au final, tout finirait par se mettre dans l'ordre.
Elle avait donc passé une bonne partie de son temps libre ces deux dernières semaines à s'inspirer de tenues à la mode, retenant ce qui l'intéressait pour ensuite imaginer une tenue à son image. Elle avait aussi gardé à l'esprit que c'était Rose qui la porterait, il fallait donc que ça lui plaise tout autant. Elle avait griffonné quelques croquis sur un bout de papier. Des croquis qui ne ressemblaient pas à grand-chose. Etrangement, ça lui paraissait bien plus simple dans sa tête, mais elle arrivait tout de même à retrouver le sens de son idée. Elle avait fignolé les derniers détails de sa création, assise sur le canapé du salon de Rose, comme si elle était chez elle puis elle s'était levée pour avec son bout de papier pour aller frapper à la porte de son atelier avant d'y entrer. "Je te dérange pas ?" Demande-t-elle tout de même alors qu'elle passe ses bras autour des épaules de la styliste assise à sa machine à coudre. Elle dépose un baiser sur sa joue avant de reprendre. "Je voulais venir t'embêter avec mon idée de tenue pour toi." Qu'elle déclare, un large sourire dessiné sur les lèvres. Elle retire ensuite ses bras pour aller déposer le bout de papier qu'elle a dans la main juste devant Rose. "Interdiction de se moquer de mon dessin. C'est mon pense bête." Prévient-elle. Comme si elle avait presque honte de dévoiler ses trois coups de crayons faits à la va-vite à Rose. Elle avait pourtant fait de son mieux pour ne pas dessiner un homme bâton qu'elle aurait tenté d'habiller. On pouvait tout de même distinguer sur son dessin ce qui ressemblait à un crop top et une jupe longue. Pour le reste, elle s'en remettait indubitablement à sa reine qui, contrairement à elle, maîtrisait à merveille l'art du dessin et de la couture. "Tu peux dessiner ça, en mieux ? Avec plus de détails aussi ?" Parce que ça, ça dépassait totalement ses aptitudes malgré toute sa bonne volonté.
Depuis que tu connais Itziar, tu ne l’as jamais vu aussi sérieuse. L’annonce faite à la pride n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Elle se donne corps et âme à la réalisation d’un croquis d’une tenue à confectionner avant de l’ajouter à ta garde-robe. Si elle ne te dit rien, tu n’es pas aveugle. Tu as remarqué sa nouvelle manie d’épier les sites de mode et d’avoir un crayon dans la main à griffonner sur une feuille. Tu n’as pas cherché à faire ta curieuse. Tu sais qu’elle viendra te dévoiler son esquisse une fois son idée fixée. Puis tu lui fais confiance pour en avoir une lumineuse. Elle connait tes goûts et ton monde. Nul doute qu’elle saura accorder son dessin à ta personnalité. Sans oublier d’y mettre une pincée de la sienne évidemment. Toi aussi, tu es en pleine réflexion en ce moment. Tes échanges avec Lara affinent au fil du temps l’uniforme des futur.e.s employé.e.s de leur club. Votre collaboration est toujours secrète aux yeux de l’espagnole. Tu as miraculeusement réussi à ne pas le révéler. Tu as bien sûr failli te trahir à maintes reprises. Jusqu’ici, tu es parvenue à retomber sur tes pattes. Tu es persuadée qu’Itziar suspecte une manigance. Elle fait mine de ne pas savoir pour avoir le bénéfice de la surprise le moment venu à tous les coups. Elle met de côté sa curiosité pour se laisser étonner par sa reine guimauve. Elle est vraiment extraordinaire.
Un fin sourire étire tes lèvres en pensant à elle. Tu restes tout de même concentrée, ne désirant pas te blesser au doigt via une fausse manipulation avec ta machine à coudre. Il est d’ailleurs étrange que tu sois là en sachant la blonde dans ton salon. Vous n’êtes en rien fâchée. Tu lui as demandé une heure. Tu dois finir ce travail avant de lui consacrer ton temps. La cliente vient demain matin pour 8h. Et tu sais parfaitement que si tu es avec la serveuse, tu ne remettras pas les pieds dans ton atelier. Tu aurais pu anticiper. La procrastination a, une nouvelle fois, eu raison de tes bonnes intentions. Les minutes défilent. La longue robe aux teintes florales prend forme sous l’aiguille. Tu es proche de la touche finale quand on toque à la porte de ton univers artistique. Sans même l’autoriser à entrer, ta princesse fait irruption dans la pièce. « Jamais. », lui rétorques-tu en caressant ses avant-bras de tes pulpes. Elle est toujours la bienvenue. Sur l’échelle de l’importance des choses, elle trône au sommet, juste à côté de jouer. Tu te redresses sur ta chaise. Tu observes le morceau de papier déposé. Si elle t’a interdit de te moquer, elle ne t’a pas interdit de rire. Un gloussement s’échappe de tes commissures. « Tu as volé ça à ma nièce ? » Cette fois-ci, un éclat de rire plus franc résonne dans l’atmosphère. A huit ans, la fillette dessine aussi bien ou aussi mal que cela.
Tu te lèves de ton siège. Perchée sur tes pieds nus, dans ta longue robe à fines bretelles bleu nuit parsemée d’étoile blanches, tu lui souris amoureusement. Tu déposes un baiser chaste sur les lèvres sucrées de la barmaid pour te faire pardonner de ta plaisanterie. Tu replaces une mèche rebelle de ses cheveux derrière son oreille. « Je peux oui. Mon matériel de dessin se trouve dans mon sac, dans mon salon. » Tu saisis sa main. Vous quittez les lieux. Tes prunelles scrutent ton salon en quête de ton cabas. Il est invisible. Tu soulèves quelques coussins des fois qu’il soit caché en dessous sans succès. Tu finis par te souvenir avoir dessiné un uniforme de danseuse à présenter à la métisse hier, allongée dans ton lit. Tu files dans ta chambre. Tu reviens dans ton salon, ton bloc-notes et un crayon en main. Tu t’assois sur ton canapé et tapotes ta droite pour inviter ta princesse à te rejoindre. Une fois installée, tu croises tes jambes. Un bras en support à ton carnet, son croquis posé sur ses genoux, tu commences une esquisse. Les traits se font grossiers au début. On reconnait tout de même une silhouette féminine. Une jupe vient rapidement habiller le bas de la silhouette. Sa longueur est telle qu’elle vient effleurer ses chevilles. Tu y ajoutes des plis en perspective. La lisseur est trop terne à ton sens. Il manque la couleur. Dans ta tête, tu imagines ce vêtement rouge, un rouge carmin avec des bandes horizontales blanches. Et des pois roses pour l’agrémenter. « Ça te va jusqu'ici ? » Tu lui souris. Cela reste sa création. Son avis est primordial.
Itziar ne saurait dire pourquoi elle se sent un peu gênée de montrer son œuvre à Rose. Ce n’était pas comme si l’australienne n’était pas au courant que le dessin n’était pas son domaine. Elle n’avait jamais prétendu savoir griffonner quoi que ce soit de potable. Le fait qu’elle couche sur papier sa propre idée ne faisait même pas partie de l’idée qu’elles avaient eu à ce propos. Elle aurait très bien pu débarquer dans l’atelier sans rien d’autre qu’une idée bien définie dans sa tête qu’elle aurait retranscrit à Rose à travers des mots du mieux qu’elle pouvait. Elle avait donc fait de l’excès de zèle. Elle avait voulu faire un effort pour voir ce que cela pouvait donner. Elle n’était pas fière du résultat, raison pour laquelle elle demande à la styliste de lui promettre qu’elle ne se moquera pas une fois le croquis dévoilé. La promesse ne se fait pas attendre, le dessin est donc révélé à la lumière du jour et la plaisanterie fait prendre un air choqué à l’espagnole. “Roseee ! T’as dit que tu ne te moquais pas ?” qu’elle demande, feignant une mine boudeuse qui, pour sûr n’aura aucune crédibilité. Elle en usait et abusait beaucoup trop pour que sa reine guimauve se laisse avoir une fois de plus. Surtout quand elle a bien du mal à retenir son sourire, alors qu’elle prend de nouveau la parole. “En plus là c’est de ta nièce que tu te moques, elle dessine bien mieux que ça, j’ai vu le dernier dessin qu’elle t’a fait. Elle serait pas contente que tu la compares à moi.” Elle sourit. L’auto dérision n’a jamais été un souci pour elle, d’autant plus quand elle a pleinement conscience de ses lacunes et qu’elle sait parfaitement qu’en matière de dessin, il y a sans doute des cours qu’elle avait oublié de suivre. Ca ne l’arrêtait pas pour autant cela dit et elle était persuadée que malgré les traits grossiers et approximatifs de son dessin, Rose avait le talent nécessaire pour faire prendre vie à l’idée qu’elle avait en tête.
Cette dernière le lui assure d'ailleurs, après un chaste baiser déposé sur ses lèvres, en guise d'excuses. Elle n'avait pas besoin de s'excuser. Surtout pour une plaisanterie du genre. Elle ne l'avait pas pris à cœur. Elle demanderait cependant des milliers d'excuses si c'était de cette façon que l'australienne choisissait de se faire pardonner. Elle n'abuserait pas, bien entendu. La jeune femme faisait déjà énormément de choses pour elle en plus de lui apporter un soutien infaillible. Elle était même prête à mettre son travail de côté pour se pencher sur un autre projet comme elle le démontrait actuellement en l'entrainant dans le salon. Itziar n'avait pas l'impression d'avoir vu le sac de rose tout à l'heure, mais peut-être n'avait-elle pas assez prêté attention à ce qui l'entourait. Où alors, c'était le côté rêveur de Rose qui faisait des siennes. La jeune femme semblant elle aussi avoir du mal à repérer son sac dans le salon. La mémoire ne met cependant pas longtemps à lui revenir et c'est aussi rapidement qu'elle disparaît dans sa chambre pour revenir avec tout l'essentiel nécessaire à la réalisation d'un dessin. Itziar ne se fait pas prier pour s'asseoir à côté de Rose sur le canapé quand celle-ci l'y invite. Elle l'observe, sans rien dire. Ce qu'elle ne peut s'empêcher de remarquer, c'est la manière avec laquelle elle fait glisser le crayon sur le papier. Les traits sont précis, fins, elle semble déjà avoir le résultat en tête et s'affaire juste à retranscrire le tout sur la feuille blanche. Ca parait tellement simple quand elle la regarde faire. Si elle ne s'était pas essayée à l'exercice un peu plus tôt, elle aurait pu se sentir pousser des ailes et imaginer pouvoir faire presque aussi bien. "C'est parfait." Qu'elle répond avec un large sourire. Elle ne dit pas ça pour lui faire plaisir, mais parce que jusqu'à présent, c'est bel et bien le cas. "C'est fascinant de te voir dessiner comme ça, on dirait que c'est à la portée de tout le monde." C'est peut-être à cela qu'elle peut remarquer le niveau d'expertise de la jeune femme. Elle parvient à faire passer une tâche complexe pour quelque chose qu'elle ferait les yeux fermés sans aucun problème. "J'aimerai bien qu'elle soit fendue sur un côté. Assez haut. Après que ce soit à droite ou à gauche ça n'a pas d'importance ... Enfin je crois ? Tu me dis si je vais complètement à l'encontre de certaines règles de la mode hein ?" Parce que le but était quand même que Rose porte la tenue, elle ne voulait pas être coupable d'un fashion faux pas impardonnable. "Mon idée, c'est une tenue un peu bohème chic, je sais que c'est différent que ce que tu portes, mais je pense que ça t'irait à merveille." Loin d'elle l'envie de la changer du tout au tout, elle voyait ça plutôt comme une occasion de tester quelque chose de nouveau, juste une fois. "Du coup je voyais vraiment un tissu très fluide et assez léger pour la robe. Pour le haut, j'ai la forme en tête, mais j'hésite un peu sur le genre de tissu donc là clairement, je m'en remettrai totalement à ton expertise." Puisqu'après tout, c'était aussi à Rose de coudre la tenue.
Te moquer d’Itziar est devenu un passe-temps. C’est une de tes façons de lui montrer ton amour. Tu préfères cela à de grandes déclarations. Tu le fais également pour te délecter de sa fausse moue attristée sur son visage. Elle est si belle quand elle boude. Elle est si belle tout court. Tu ne la taquines pas non plus tout le temps. Tu es capable d’être attentionnée et sérieuse en lui cuisinant de bons petits plats par exemple. Car l’amour ne se résume pas à se dire des « Je t’aime. » à gogo. Les gestes sont meilleures que les mots. Du moins à ton sens. Tu les retiens bien plus facilement. Surtout quand ils s’avèrent être teintés de tactile. Tu reconnaitrais le toucher de ta princesse les yeux fermés. La pulpe de ses doigts sur ta peau, la douceur de ses lèvres sur les tiennes, sont gravés à tout jamais dans ta mémoire. Et que dire de son sourire empli de charme. L’écartement de ses commissures suffit à faire battre ton cœur. Malgré tout, tu secoues ta tête de gauche à droite à ses propos, expriment ta négativité. « C’est faux. La dernière fois que je l’ai vue, elle m’a dit vouloir te ressembler quand elle sera grande. » Ta nièce adore l’espagnole. Pourtant, elle ne l’a aperçue qu’en photo. Avec sa toison dorée sur le crâne, elle s’identifie à la serveuse. D’ailleurs, il lui tarde de la rencontrer. Tu essaieras de réaliser son souhait durant les prochaines fêtes de fin d’année. Tu as encore le temps d’y penser. Le plus tôt sera tout de même le mieux.
Chaque chose en son temps. En l’instant, tu te focalises sur sa requête. De retour dans ton salon, ton matériel de dessin récupéré dans ta chambre, assise sur ton canapé, tu retranscris en mieux les traits de son croquis. La jupe crayonnée, tu réclames son avis. « Rien n’est jamais parfait. » Tu lui lances un clin d’œil. La perfection n’existe pas. Entendre ce compliment te fait tout de même plaisir. Tu es ravie de la satisfaire. Surtout que tu sais qu’elle est sincère. Ton esquisse lui aurait déplu, elle te l’aurait dit. Votre relation est basée sur l’honnêteté. « Ça reste moins fascinant que de te voir travailler au bar. » Un sourire mutin orne tes commissures. Tu trouves fascinante sa manière de travailler. La valse de son corps réalisée afin de naviguer entre les tables des client.e.s, la danse de ses doigts préparant les boissons commandées, sa dextérité à maintenir son plateau à l’horizontal en marchant, son fessier rebondi remuant sous ses pas, sont autant de motivation à l’observer exercer son métier. Tu ne le fais pas trop souvent non plus. Quand elle est dans tes environs, tes capacités artistiques sont diminuées. Elle distrait ton esprit qui a déjà assez de mal seul à rester concentré. Il l’est en l’instant. Tu tiens à réussir ce dessin. Tu écoutes attentivement ses remarques. Tu les ranges dans un coin de ta tête pour t'en servir pour peaufiner ton schéma. « Depuis quand je suis les règles de la mode ? » Tu glousses. Tu suis ton propre style sans te soucier des mouvements modernes. Tant pis si il va à l'encontre des annonces officielles. Tu restes fidèle à toi-même en toutes circonstances.
Tu caresses tendrement la joue de ta princesse pour la rassurer. Tu hoches la tête positivement à ses paroles. Tu lui fais confiance. Elle sait ce qui est le mieux pour sa reine guimauve. Tout comme la réciproque est vraie. Elle s’en rendra compte lors de la présentation de sa tenue au club. « Tu voulais dire jupe. », la corriges-tu. Elle s’est trompée de mot. Tu sembles la troubler la jolie blonde à l’assurance imposante. Tu tournes la page de ton bloc-notes affichant une feuille vierge. « D’abord le dessin, plus tard le choix du tissu. » Ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Ne pas te bombarder d’informations non plus ou ton cerveau va surchauffer. Tu reprends tes coups de crayons. Tu griffonnes uniquement le bas. Tu le fais de profil, laissant une fente partant de la mi-cuisse et descendant jusqu’aux chevilles dévoiler la peau de papier de ta jambe esquissée. Sourire satisfait aux lèvres, tu lui tends ton carnet. « Comme je suis pas dans ta tête, c’est à toi de dessiner le haut. Promis je me moquerai pas. » Tu tiens à la mettre à contribution. Tu as envie de la voir à l’œuvre. Puis c’est aussi une nouvelle occasion d’être complices. Tu te doutes qu’elle va galérer. Tu as déjà pensé à l’aider, à mêler tes doigts aux siens pour guider la pointe sur le cahier. Même que pour cela, dans un souci de praticité, elle devra quitter le confort de ton canapé pour celui de tes genoux. C’est dommage n’est-ce pas ? Tu en serais presque triste pour ton meuble.
Itziar se décale légèrement, puis elle la regarde d'un air interrogateur. De ceux qui lui demandent si elle est sérieuse. Si les mots qui viennent de sortir de sa bouche ne sont pas qu'une banale plaisanterie n'ayant même pas le mérite d'être drôle. "Bien sûr que si. D'ailleurs je peux penser à deux ou trois choses parfaites sans avoir besoin d'y réfléchir." Qu'elle répond. Elle ne précise pas que ces deux ou trois choses qui lui viennent en tête sans même avoir besoin d'y réfléchir la concerne. C'est évident. Elle peut le deviner toute seule. Autant parce qu'elle la connaît que parce qu'elle est au courant de son manque d'objectivité flagrant envers elle. Parce que, Itziar, elle en voit beaucoup des choses parfaites chez Rose. Elle pourrait en remplir des pages rien qu'en les listant toutes. La manière qu'elle avait de se concentrer dès qu'une inspiration pour une tenue lui venait en tête était parfaite. Tout comme la manière dont elle l'embrassait, comme si ses lèvres étaient faites pour les siennes et aucune autre. Elle pouvait aussi rajouter à cette liste la façon avec laquelle Rose la regardait, un regard qui n'avait pas être accompagné de mot et se suffisait à lui-même pour lui faire comprendre qu'elle l'aimait. Si elle devait s'asseoir et lister toutes ces choses, ça lui prendrait des heures. Non pas parce qu'elle aurait besoin de beaucoup y réfléchir, mais parce qu'elle ne manquerait pas de choses à écrire. Elle ne mettrait cependant pas la manière qu'elle avait de travailler au bar sur cette liste, encore moins sur celle des choses fascinantes dans sa vie. Sur la liste des choses laborieuses, à la limite. "T'es bizarre ... Parfaitement bizarre, d'ailleurs." Lui répond-elle en souriant avant de déposer un baiser sur sa joue. "Je vois rien de moins fascinant que de me regarder travailler personnellement. Ça demande aucun talent, c'est à la portée de tout le monde avec un peu d'entrainement." Ajoute-t-elle. Elle parlait en connaissance de cause. Parce qu'avant d'être capable de naviguer entre les tables, un plateau en équilibre sur la main, ou de préparer un cocktail de tête, elle en avait cassé des verres et elle en avait raté des boissons qui s'étaient approchées bien plus du tord boyaux que du cocktail agréable à boire. Cependant, n'importe qui voulant s'en donner la peine était capable de faire ce qu'elle faisait. Ça ne relevait pas du talent ou de quelque chose d'inné. C'était beaucoup de loupés avant de pouvoir faire illusion. Après, peut-être que l'espagnole se trompait. Peut-être qu'il fallait un peu de talent, ou tout du moins, un minimum d'équilibre et de coordination dont tout le monde n'était pas doté. Peut-être était-ce comparable aux talents de Rose pour le dessin et la couture. Elle en doutait cela dit. "Tu suis tes propres règles donc dans un sens, tu suis les règles de la mode comme tu la vois." Ce qui voulait dire qu'elle en savait plus qu'elle et que même si elle était plutôt du genre à casser les codes, elle savait comment éviter les fautes de goûts.
Elle ferme doucement les yeux en souriant quand Rose lui caresse la joue. Elle ne pense pas un jour pouvoir se lasser de ces marques d'affections ni du réconfort que ces dernières lui procurent. Elle rit quand la styliste la corrige. "Effectivement, je voulais dire jupe. Tu me pardonnes mon manque de précision niveau mode ? Pour ma défense, je ne connais pas grand-chose que ce soit à la mode ou à l'anglais." Déclare-t-elle, large sourire dessiné sur les lèvres. Est-ce qu'elle exagérait ? Un petit peu et elle n'espérait pas que Rose se laisse avoir. Cela ne marchait plus avec elle depuis un petit moment et encore c'était si ça avait déjà marché. L'australienne avait semble t-il été dotée d'un talent pour repérer au premier coup d'oeil qu'elle aimait en faire des tonnes. Itziar hoche donc la tête quand Rose reprend les choses dans l'ordre. Le dessin en premier, le reste ensuite. Elle l'observe donc dessiner, les coups de crayons sont précis, s'en est presque hypnotisant de voir son idée prendre forme sur le papier, trait par trait. "Hein ? Moi ? T'es sûre ? Tu faisais ça très bien pourtant." répond-elle, pointant le dessin du doigt, Rose ayant parfaitement retranscrit sur le papier la vision qu'elle se faisait de la jupe. Tout correspondait, la forme, le mouvement, la fente remontant jusqu'à mi-cuisse. Elle prend cependant le carnet que lui tend Rose. "Tu promets de pas te moquer hein ? Pour de vrai ?" demande-t-elle même si elle connaît déjà la réponse. Elle y met tout son cœur, elle prend les choses au sérieux parce qu'elle souhaite vraiment s'impliquer de A à Z à la conception de cette tenue. Leur projet commun. "Tu sais que je serai bien plus efficace pour apporter la couleur ... et encore, je promets pas de ne pas dépasser." Qu'elle déclare alors qu'elle s'applique à tenter de dessiner le haut qu'elle a en tête. Ce n'est pas facile. Plus elle griffonne, moins elle est satisfaite de ce qu'elle voit sur le papier et plus elle s'éloigne de ce qu'elle imaginait. Elle reprend même de zéro, tire un trait sur son premier essai pour repartir sur du neuf. "Ca ressemble à rien ...Comment je fais pour que l'image sur le papier ressemble à celle que j'ai en tête ? Mon cerveau est pas bien connecté à ma main." Déclare-t-elle en tendant de nouveau le carnet à Rose. Elle a tenté, on distingue la forme générale du vêtement, elle s'est même essayée à ajouter quelques détails qui se perdent dans le relief qu'elle a voulu donner au haut. Si elle ajoute quoi que ce soit d'autre, ça ne ressemblera plus à rien.
Vous concernant, il est flagrant que vous manquez d’objectivité. Tu as conscience qu’elle n’est pas parfaite. Tu ne l’es pas non plus. Vous êtes de parfaites imparfaites. Des imparfaites qui se complètent, qui s’acceptent, qui n’essayent pas de corriger les imperfections de l’autre. Elles font nos charmes. Ta princesse ne serait pas la même sans son accent latin. Tu serais une drôle de reine si tu étais ponctuelle. Et elle ne qualifierait pas de bizarre. Un adjectif qui te convient. La normalité te fait peur. Tu la laisses aux autres, aux montons de la société. Toi, tu as choisis la bizarrerie comme mode de vie. Tu préfères le monde féérique imaginaire à celui proposé par l’existence. Plus coloré et plus amusant, ce choix te semble logique. Pourtant, tu es souvent incomprise. On ne comprend pas ton attitude enfantine, ton look teinté de couleurs vives, ton amour du jeu. A y regarder de plus près, ce sont les autres qui sont bizarres. Quelle folie de vouloir grandir et se comporter comme un adulte ! Mais toi, tu les acceptes tels qu’ils sont. Tu ne les critiques pas. Tu es peut-être trop gentille. A moins qu’ils ne soient trop méchants. Ils devraient prendre exemple sur Itziar. Doux être rempli de tendresse et d’humour dont le rire résonne tel une berceuse à tes oreilles. « Je sais pas… Je ne donne pas mon pardon si facilement. Tu vas devoir le mériter… » Tu glousses avant de capturer furtivement ses lèvres d’un baiser. Tu n’es en rien rancunière. Tu as même plutôt tendance à pardonner trop vite. Tu n’as pas envie de vivre dans le conflit. Tu offres des secondes chances et plus régulièrement.
L’espagnole le sait pertinemment. Preuve en est de ta relation avec Jenna. La sorcière n’est plus qu’un lointain souvenir. Sans non plus être amie, votre entente est correcte. Elle n’est pas si terrible qu’elle y paraissait. Il vous a fallu voir au-delà de vos apparences. Tes paroles ont pour objectif de faire réfléchir la blonde. Nul doute qu’elle trouvera le moyen de se faire pardonner pour ce manque de précision. Son large sourire est déjà un argument de poids. Il t’est compliqué de résister à ce charme ibérique. Elle te fait fondre à chaque fois qu’elle écarte ses commissures. Elle te fait fondre à chaque fois qu’elle est dans ton champ de vision. C’est d’ailleurs étrange que tu sois autant concentré en sa présence. Tu prends soin de ne pas détourner ton regard de ta feuille. Un coup d’œil sur sa silhouette et ce pourrait être le début de la fin. Ton esprit lubrique pourrait se réveiller. Tu as quand même envie de prendre le risque en lui tendant ton carnet. Derrière ta demande se cache ta malice. Pendant qu’elle va dessiner, tu vas pouvoir l’observer. « Promis. » Tu tiendras cette promesse. Tu ne tiens pas à la froisser à cause d’une moquerie. Tu t’en voudrais de la voir faire la tête. Tes ustensiles en main, tu scrutes le papier vierge. Elle le grisonne au fur et à mesure, y faisant apparaître un croquis de haut. Ses coups de crayons sont gracieux. Un peu trop brutaux pour la délicatesse que requiert le stylisme. Tu tais tout commentaire. Tu la regardes en silence. Tu te délectes de la danse de ses doigts sur le bloc-notes. Un joli slow qu’elle mue en rock en rayant sa première esquisse.
Le résultat final n’est pas très net. Tu distingues bien une forme mais tu n’es pas capable de distinguer un vêtement. Vous n’avez pas fini de travailler sur cette tenue. Ma foi, vous avez le temps. « Tu la recherches sur internet puis tu l’imprimes une fois trouvée. » Tu ris. Tu as le droit de te moquer sur ce coup-là. Ça reste bon enfant. Tu la taquines par amour. « C’est vrai que j’ai connu mieux… On va essayer différemment. On va voir si ta main est connectée à mon cerveau. » Un rictus malicieux prend place sur ton visage. La réponse scientifique est négative. Aucun nerf ne relie sa main à ton cerveau. Ce n’est qu’un prétexte pour réaliser ton souhait. Tu poses ton cahier à tes côtés. Tu lisses ta robe sur tes cuisses. En les tapotant et d’un regard mutin, tu invites Itziar à s’asseoir dessus. Pour appuyer ton invitation, tu glisses tes empreintes sur ses flancs. Tu l’aides à s’installer sur son nouveau siège. La position n’est pas la plus confortable qui existe. L’important est ailleurs. Tu attrapes ton carnet. Tu le mets sur ses genoux. Tu coulisses le stylo entre ses doigts. La tenant par le poignet, ton menton sur son épaule, tu embrasses sa joue. « Prête ? Pense à cet habit et uniquement à cet habit. Transmets la vision à ma main. » Exercice impossible en théorie. Tu comptes te servir de son dessin précédent. Tu commences à bien la connaître. Tu as une idée de ce qu’elle a voulu faire. Tu vas améliorer son dessin en y apportant davantage de détails. Tu aurais pu le faire sans cette posture. Tu n'aurais pas eu cet instant de complicité par contre. Instant qui prime sur tout.
Elle est loin d'être fière de son œuvre. D'ailleurs, elle n'emploierait même pas le mot 'œuvre' pour décrire les gribouillis qu'elle avait grossièrement étalés sur la feuille blanche. Si le but de la manœuvre était de faire l'art abstrait, elle reverrait peut-être un peu son jugement. L'idée était là. L'exécution, elle, manquait cruellement de pratique et elle en venait presque à regretter les cours d'art plastique qu'elle avait un peu trop pris à la légère, persuadée que ça ne lui servirait absolument jamais. Elle avait fait tout son possible, avait envoyé toutes les bonnes ondes à son poignet pour qu'il guide le crayon sur la feuille, mais elle devait se rendre à l'évidence qu'avoir une image en tête, aussi claire soit elle ne faisait pas tout. Là était donc tout le problème et c'était donc pour cela qu'elle s'en remettait donc à l'expérience de Rose pour lui donner quelques précieux conseils. S'ils étaient facilement applicables, alors c'était encore mieux. Elle ne peut cependant s'empêcher de tirer la langue en guise de réponse au conseil de sa reine guimauve. "Tu m'aides pas là ! J'attendais une réponse magique moi du genre 'tu dois manger des carottes à tous les repas pendant exactement douze jours et tu deviendras douée comme par magie.'" Qu'elle lui répond en plaisantant. Elle savait que ce genre de conseil n'existait pas. Que dans la vie réelle il n'y avait pas de pilule magique permettant de développer un quelconque talent dans un domaine en une seule prise. Cependant, ce que Rose venait de dire n'était pas bête et bien qu'elle l'avait dit pour la taquiner plus qu'autre chose, elle venait de lui donner une idée. "Quoi que, j'ai peut-être parlé trop vite. Je suis sûre que je pourrai imprimer un design qui me plait, je le décalque comme ça j'ai déjà la forme de base, après il suffirait de rajouter les éléments dans ma tête pour parfaitement coller à mon idée." Dans sa tête, ça ressemblait très fortement à une idée de génie qui ne pouvait que fonctionner. Elle ne pouvait pas garantir que le résultat serait à la hauteur de ce qu'elle imaginait. Elle n'avait d'ailleurs pas le matériel nécessaire pour vérifier si sa technique était viable. "Je garde ça en tête pour la prochaine fois." Déclare-t-elle, actant ainsi le fait qu'elle était prête à remettre ça, malgré son cruel manque de talent dans la partie confection. Des idées, elle en avait à la pelle. D'autant plus quand elles étaient pour Rose.
Rose aussi ne manquait pas d'idées. Ce qui, pour une styliste, n'était pas étonnant puisque les idées représentaient bien souvent la base de son travail. Alors, même si elle s'était gentiment moquée d'elle quelques secondes plus tôt, elle semblait maintenant avoir une réelle solution en tête. Le principe fit sourire Itziar. Voir si sa main était connectée au cerveau de Rose. Elle savait qu'en théorie, ce n'était pas possible, qu'il n'y avait que dans les films que ce genre de choses existaient, pourtant, elle pouvait voir dans le regard de l'australienne que l'idée qu'elle avait en tête était très sérieuse. "Je suis sûre qu'elle l'est, mais elle a besoin de quelque chose pour établir la connexion et faire des merveilles." Répond-elle en souriant. Elle ne se fait pas prier pour s'asseoir sur les genoux de Rose. Sa reine impose, elle dispose, avec un large sourire aux lèvres. D'autant plus quand il s'agit de prendre place sur son siège favori. Celui qui ferait pâlir même le plus confortable des trônes. Elle gigote, volontairement sur ses cuisses, comme si elle cherchait la position la plus confortable, sa façon à elle de rendre la monnaie de sa pièce à Rose pour les taquineries sur son niveau de dessin. Elle se laisse faire ensuite, laisse Rose placer le carnet sur ses genoux et le crayon entre ses doigts. Elle apprécie cette proximité avec sa reine. Sentir son menton contre son épaule, sa poitrine dans son dos et les battements de son cœur s'harmonisant avec les siens. "Je suis toujours prête. Par contre, il va falloir que je me concentre super fort pour penser qu'au vêtement." Répond-elle en souriant. Plus Rose était proche d'elle, plus il était compliqué pour elle de penser à autre chose que la manière dont son corps réagissait à cette proximité. Elle se concentre cependant, elle joue le jeu, une fois de plus, elle laisse Rose guider son poignet sur la feuille et elle est émerveillée de voir le vêtement prendre forme sous ses yeux, même si elle savait que sans l'aide de Rose, les traits ne ressembleraient en rien à ce qu'elle voyait, elle avait réellement l'impression de dessiner et de bien le faire. "Je t'avais dit que la connexion était impeccable." Déclare-t-elle, se tournant légèrement pour venir déposer un baiser sur les lèvres de Rose. "Je dois aussi souligner que ton niveau de créativité pour trouver une raison de me faire asseoir sur tes genoux est incroyable." Annonce-t-elle, un sourire en coin. "Mais maintenant que tu m'as fait m'installer, je ne bougerai pas de mon plein gré." continue-t-elle, sourire mutin à l'appuis. Elle vient poser ses mains sur les poignets de Rose pour venir croiser ses bras à sa taille dans une étreinte. "Je suis coincée de toute façon." Finit-elle.
La vie est un jeu à tes yeux. Toute activité, la plus sérieuse soit-elle, la plus pénible soit-elle, se doit d’être réalisée dans l’amusement. L’élaboration du croquis de cette future tenue n’échappe pas à tes principes. Bien qu’Itziar soit déterminée à retranscrire ses idées sur ton carnet, tu ne comptes pas te précipiter. Tant pis si elle boude pour ton égarement et la perte de temps. Tu en serais même plutôt ravie. Elle est si belle quand une moue est dessinée sur son visage. Uniquement quand elle résulte d’une fausse déception par contre. Tu ne supporterais pas de la voir triste pour de vrai. Jusqu’ici, tu n’as jamais eu l’occasion de la voir dans cet état. Cela arrivera forcément un jour. La vie ne réserve pas que des bonnes choses. Tu espères patienter le plus longtemps possible avant de découvrir sa face sinistre. Ce jour-là, tu te chargeras de lui redonner le sourire. En tous cas tu essaieras. Tu lui serviras à minima de soutien. En attendant, tu te moques d’elle gentiment, tu la taquines, de tout ton amour. Et elle te le rend bien. A coup de tirage de langue, de remuement sur tes genoux, de malice en quelque sorte. Vous vous êtes bien trouvées au niveau du caractère. Plus discrète et plus adulte, l’espagnole n’en reste pas moins maligne et joueuse. Elle est à sa façon également un enfant déguisé. « Si tu réussis à te concentrer, tu seras récompensée. » Tu ne précises rien de plus. Tu fais confiance à son imagination débordante et sa connaissance de ta personne pour le faire. Tu cherches simplement à la motiver. Tu lui proposes une carotte comme un parent pourrait le faire avec sa progéniture. Un chantage amical teinté de ludisme qui reflète ta personnalité et votre relation. L’effort de concentration est aussi intense pour toi. Dans cette position, la délicieuse odeur de sa chevelure de blé égaye tes narines, la douce chaleur de son corps se propage sur tes cuisses, son cou appétissant est à portée de tes lèvres avides de l’embrasser. Il en faudrait peu pour que l’instant ludique dévie en instant lubrique. Rien ne se produit de tel. Ta main guidant la sienne, le croquis se peaufine peu à peu. L’ensemble reste perfectible. Tu as connu des esquisses plus présentables. Tes clientes hurleraient sans doute au scandale si tu leur montrais des choses aussi moches.
Pourtant, un fier sourire étire tes commissures. Commissures que ta princesse capture furtivement. « Je voulais en être sûre. » Excuse bidon. Comme elle l’a souligné, le but premier était de la faire venir sur tes genoux. « Ton niveau de créativité pour y rester est tout aussi incroyable. » Elle ne te le fera pas à l’envers. La blonde apprécie cette posture. Elle n’a en rien contestée ta demande. Elle s’est même empressée de rejoindre son assise humaine une fois formulée. Puis elle est apte à se lever. Elle désire simplement profiter de son siège si confortable. Ce qui ne te dérange nullement. Néanmoins, tu y vois une occasion de débuter un nouveau jeu. Tu ne peux repousser cette envie de jouer. Elle est beaucoup trop ancrée dans ton être. « Vraiment ? Je pense avoir une solution pour te décoincer. » Un rictus mutin orne tes lèvres. Tu aurais pu la soulever et la basculer sur ton canapé. Tu aurais pu agiter tes jambes et créer un séisme contre ses fesses la forçant à bouger. Tu aurais pu glisser ta tête dans son cou et la mitrailler de baisers. Tu avais de nombreuses possibilités. Tu as préféré retenir la plus enfantine et la plus amusante. Tes poignets bloqués contre sa taille, tu déplies tes fins doigts. Du bout de leurs extrémités, tu viens les promener sur ses flancs. Là où tes mouvements pourraient être pris pour des caresses, tu les effleures à peine, les laissant au stade de chatouilles. Tu attaques directement ses zones sensibles. Elle risque de ne pas tenir longtemps en place. Dès qu’elle tentera de te fuir, tu amplifieras ton emprise. Tu poursuis tes assauts digitaux. Le contact du tissu de ses vêtements ne vaut pas celui de sa peau. Tu commences à la sentir se tortiller. Tu viens placer une main sur son ventre afin de la plaquer contre toi. Ta seconde continue de la torturer. « Tu penses quoi de ma technique ? Elle est efficace, non ? » Tu glousses tout en la questionnant. Ton rire résonne dans ton salon tant tu m’amuses de la situation. Et il te semble distinguer le sien également. Comme quoi le proverbe ment. Ce jeu de mains n’est en rien vilain. Il est empli de tendresse et de bonheur. Jouer devrait être la propriété absolue de ce monde. Avec sourire et rêver.
(c) DΛNDELION
Dernière édition par Rose Grant le Mer 15 Déc 2021 - 13:13, édité 1 fois
La carotte marche toujours. Elle n'a plus dix ans depuis un moment, mais pour une récompense, elle est toujours prête à faire de son mieux. D'autant plus quand la récompense vient de Rose. A une époque, c'était ses parents qui paraissaient tous puissants avec leur compromis. Si elle faisait ce qu'ils voulaient, elle obtiendrait le dernier objet tant convoité. Bien souvent, cela avait un lien avec ses cours de piano qu'elle détestait tant, mais qui tenaient à cœur à ses parents. Être gentille avec le professeur était un moyen pour elle de négocier. S'entraîner en dehors des heures de cours en était un aussi. Elle avait maîtrisé cet art de la carotte des années auparavant. La carotte était toujours là, finalement, plus d'une décennie plus tard. Elle n'était cependant plus entre les mains de ses parents, mais entre celles de Rose. Ses doigts fins la tenaient fermement, pendant qu'Itziar gardait l'objectif en tête. Alors, elle se concentre, elle le fait avec sérieux, tout comme elle avait réfléchi sérieusement à son idée. Elle n'avait pas fait les choses à la va vite en imprimant la première pièce qui lui aurait tapé dans l'œil au détour d'un blog de mode. Elle prenait les choses sérieusement, parce que finalement, c'était le métier de Rose et qu'elle voulait partager cela avec elle, voir comment elle arrivait à passer d'une idée dans sa tête à un vêtement porté par une cliente. La méthode du jour n'était pas très conventionnelle, c'était certain et elle rendait la concentration de l'espagnole un peu plus compliquée, mais avec la récompense promise en tête, elle aurait presque pu soulever des montagnes. Elle laisse donc la main de Rose guider la sienne sur le papier, découvrant le croquis se dessinant sous ses yeux.
Elle décide qu'elle a bien mérité sa récompense. Qu'elle est restée suffisamment concentrée et que sa part du marché est faite. Elle ne laisse pas à Rose l'occasion d'en décider. Elle prend avantage de la position dans laquelle elle se trouve, invoquant la créativité de Rose ayant trouvé un stratagème pour qu'elle vienne prendre place sur son trône humain. Elle l'a décidé, elle n'en bougera pas tout de suite ou alors, il faudra redoubler d'effort pour qu'elle daigne se lever puisqu'en plus d'être confortablement installée, elle se retrouvait maintenant prise dans une étreinte dont elle jurait ne pouvoir se défaire. "Comment ça mon niveau de créativité ? J'espère que t'es pas en train d'insinuer que je fais semblant d'être coincée ?" Lui demande-t-elle, feignant l'innocence. Elle va même jusqu'à resserrer légèrement les bras de Rose autour de sa taille, ajustant à la perfection sa ceinture de sécurité personnalisée. Son sourire s'étire d'ailleurs un peu plus quand elle entend que Rose à peut-être une idée pour la décoincer. Elle ne sait pas à quoi elle s'attendait. Elle n'a pas le temps de répondre ou de dire quoi que ce soit qu'elle sent les doigts de Rose venir chatouiller ses flancs. C'est l'arroseur arrosé. Rose la connait beaucoup trop, elle sait exactement ou venir jouer de ses doigts pour lui arracher des éclats de rire. Elle tente de se débattre, l'espagnole, elle essaye tant bien que mal de fuir ces doigts à ses flancs. Elle est réellement coincée pour le coup, d'autant plus quand Rose vient poser l'une de ses mains sur son ventre pour l'empêcher de bouger. Itziar parvient à se saisir de la seconde qui continuait son assaut. "J'aime pas du tout ta technique." Qu'elle lui répond en riant "T'es sûre que t'étais pas un peu tortionnaire dans une autre vie ? Je suis sûre que tu ferais avouer n'importe quoi à n'importe qui avec une technique aussi au point." Ajoute-t-elle. Elle plaisante, le sourire sur son visage et le rire dans sa voix peuvent en témoigner. Elle n'a cependant pas lâché le poignet de Rose de peur qu'il ne vienne poursuivre son attaque. "Attends, bouge pas, je crois que j'ai trouvé la clé." Lance-t-elle ensuite, s'agitant légèrement, comme si elle cherchait à récupérer quelque chose dans sa poche. Avant de l'introduire dans une serrure imaginaire sur le dessus de la main de Rose, se libérant ainsi de son emprise. Elle se lève enfin, mais elle ne reprend pas sa place sur le canapé, à la place, elle reprend place sur les genoux de Rose. Elle s'assoit en amazone, passe ses bras autour du cou de l'australienne, l'une de ses mains venant masser sa nuque. Elle laisse ses yeux se perdre dans ceux de la styliste un instant, avant de capturer ses lèvres, tendrement. "T'as d'la chance que je t'aime toi, les répercussions seraient terribles pour m'avoir chatouillée de la sorte." Déclare-t-elle. Elle avait des passes-droits à Rose. Quiconque se serait risqué à la chatouiller ainsi se serait exposé à des coups qu'elle n'aurait pas pu retenir dans un espoir de se libérer d'un tel assaut. Rose était à part. Rose avait son coeur et bien plus encore. Elle supporterait des dizaines d'attaques de chatouilles s'il le fallait. "Tu m'as manquée hier soir." Finit-elle par déclarer, une mine boudeuse venant brièvement remplacer son sourire. "J'aime pas quand on dort pas ensemble, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose." ajoute-t-elle, resserrant doucement son étreinte autour de Rose, comme pour compenser de cette nuit qu'elle avait passée seule à son appartement.
Tu pourrais l’entendre rire des heures sans t’en lasser. Son rire est si doux à tes oreilles, teinté de notes hispaniques qui le rendent terriblement craquant. Une mélodie de la bonne humeur. Un hymne à l’amour. Ton hymne à l’amour. Votre hymne à l’amour. Tu n’as pas besoin de grands discours pour te convaincre de ses sentiments à ton égard. Ce jeu improvisé est une preuve suffisante. Cette surenchère ludique témoigne de votre connexion. Vous êtes en parfaite harmonie. Au point où tu te demandes comment tu as pu vivre sans elle. Elle qui te donne des ailes. Ailes qu’elle t’empêche de déployer par sa présence sur tes genoux. Déploiement nécessaire pour la fée que tu es. D’où ton attaque sur ses flancs. Plutôt ta défense. A moins que tu ne sois juste motivée par l’envie de la taquiner. Tu n’as nul besoin de voler dans ton appartement. Tes jambes suffisent à te déplacer. Surtout que tu es éveillée et nullement en train de voyager au pays des rêves. Quoi que parfois tu te poses la question en sa compagnie. Elle semble trop belle pour être réelle. Ne chatouillant pas du vide, elle l’est vraiment. « C’est pas ce que tes rires racontent. » Tu lui lances de nouveaux assauts au niveau de ses côtes flottantes. Son agitation est palpable. Tout comme sa silhouette harmonieuse que tu adores toucher. Tu n’insistes pas plus longtemps. Itziar limite tes mouvements de poignet. Ta bouche prend la relève. Tu mitrailles son cou de tendres baisers. Une attaque tout aussi amusante. « C’est un de mes talents caché. Garde-le secret. » Tu es une spécialiste des chatouilles. Tu tiens la maîtrise de cette pratique de Melbourne. C’était le seul moyen pour faire sortir de son lit ta voisine de chambrée. Tu as conservé cette technique pour arracher des sourires aux gens. Ta nièce est victime préférée. Juste derrière ta princesse évidemment. Princesse que se libère de ton emprise. Mais qui ne quitte pas son assise humaine malgré tout. Tu as tout le privilège d’admirer son visage à la place de sa nuque désormais. La vue est bien plus agréable. Son regard pétille de malice et d’émotions. Tu enregistres ce cliché dans ta mémoire. Tu le ranges précieusement dans ton cerveau. Tu le ressortiras au moment de te coucher. Tu attendras le passage de Morphée en projetant cette image ce soir. A défaut de pouvoir l’observer en vrai. Et surtout l’encercler de tes bras.
Un sourire étire tes lèvres à son aveu. Autant pour l’exposition de ses sentiments que pour la menace qu’elle te lance. « Vraiment ? Tu crois me faire peur avoir tes airs de crevette ? » Tu glousses. C’est une pique gentille lui rappelant votre différence de taille. Même si en l’instant, dans votre position, ce n’est pas toi qui la domine d’une tête mais bien elle. Ton cœur pulse à son annonce. Tu n’es pas la seule à avoir eu cette pensée. Ton sommeil a été perturbé hier soir. Tu as enlacé tes draps dans l’espoir d’y serrer ses courbes. Ta paume a palpé ton couchage à la quête de la chaleur de son être. Elle est restée désespérément froide. « Toi aussi. », souffles-tu en posant délicatement ta main sur sa joue. Il te manque tant de choses quand elle n’est pas là. La vue sur sa bouille au réveil ; ses cheveux dorés en bataille ; son timide sourire matinal ; son bisou faisant office de bonnes ondes pour la journée ; son odeur fruitée ; bref tout. Tu glisses tes doigts dans son dos. Tu complètes l’éreinte qu’elle t’offre. Vos poitrines s’embrassent et vos palpitants harmonisent leurs battements. « Moi non plus. Peut-être qu’il est temps que tu déménages chez moi… » Tu es hésitante. Si tu le désires profondément, la marche est un sacré palier à franchir dans votre relation. Elle l’obligerait à te supporte quotidiennement, à pénétrer plus profondément dans ton monde, à s’enfoncer dans l’attachement. Tu lui as déjà proposé au début. Elle l’a pris sur le ton de l’humour alors que tu l’envisageais réellement. Tu as été trop vite à cette époque. Depuis, votre lien s’est solidifié. Vous formez un couple. « Ton appartement est devenu trop grand pour toi. » Ses colocataires sont parties au fur et à mesure, laissant un immense espace. Tu pourrais la rejoindre pour le combler Avec ta garde-robe, ce serait d’une facilité déconcertante. Cela te forcerait à avoir ton atelier en dehors de ton domicile. Ce n’est pas envisageable. Ton inspiration pouvant se manifester à tout moment du jour et de la nuit, il te le faut à portée de quelques pas. « Ici, tu serais hébergée gratuitement. Et tu aurais la chance de goûter ma cuisine tous les jours. » Cet argument est de poids. L’espagnole n’est pas à l’aise derrière les fourneaux. Et elle adore ta cuisine. Surtout venir t’embêter pendant que tu t’y atèles en adorable petite peste qu’elle est. « Si tu refuses, je te torture jusqu’à ce que tu acceptes. Et tu sais à quel point je suis douée. », conclus-tu en riant légèrement et commençant à coulisser tes doigts vers ses flancs.
Son secret est en sécurité. Elle ne révélera son talent caché à personne. Elle peut la croire sur parole sur ce point-là. Tout comme elle pourrait aussi la croire sur parole quant au fait que non, elle ne pense pas lui faire peur une seule seconde avec ses menaces. Sa taille, étant peut-être ce qui lui ferait le plus défaut pour exécuter ces dernières. Avec sa tête de plus, Rose n'aurait pas de mal à prendre le dessus et si Itziar devait être honnête, elle l'a laisserait faire sans même chercher à la contrer d'une quelconque manière. Elle n'était pas une branche qu'un coup de vent pourrait venir secouer, mais elle faisait deux pas quand l'australienne en faisait un, ce qui pouvait très rapidement faire la différence. "Je pourrais me faufiler et t'avoir par surprise. L'avantage d'être une crevette. Tu t'en méfierais même pas." Qu'elle répond en gloussant elle aussi, mimiquant la réaction de Rose. Elle essayait de convaincre personne. A quoi bon. Rose avait eu l'occasion à maintes reprises de voir qu'un simple assaut de chatouilles avait le don de la priver de tout pouvoir de représailles. Une quelconque attaque de sa part pourrait donc être contrée en une demie-seconde par les doigts experts de sa reine sachant parfaitement atteindre ses points les plus faibles. Elle avait perdu d'avance, à quoi bon se lancer dans une guerre dont elle connaissait déjà l'issue. Il valait donc mieux subir les assauts plutôt que de les retarder avec une potentielle ruse qui ne fonctionnerait même pas. Elle avait le dessus sur d'autres personnes, elle devait simplement reconnaître que ce n'était pas le cas avec Rose qui était dotée d'armes bien plus efficaces que les siennes.
Rose qui lui manquait tant quand elle n'était pas à ses côtés le soir. Ses mains ne pouvant s'empêcher de parcourir le matelas à la recherche de sa présence. Son sommeil est beaucoup moins réparateur. Son réveil, bien plus difficile quand elle n'avait pas sa reine à ses côtés. Elles s'étaient créées leur propre routine au fil des mois et Itziar s'y était attachée, tout autant qu'elle s'était attachée à Rose. Elle sourit à l'aveu que la jeune femme lui fait en retour. Elle n'est pas donc pas folle ou dépendante puisque le sentiment est partagé. Ou alors, cela veut dire que Rose a besoin d'elle, autant qu'elle a besoin de Rose. Elle n'a pas l'occasion de trop y réfléchir, pas l'occasion de laisser son esprit se poser mille et une questions. Elle est vissée à la réalité par la styliste qui vient renforcer leur étreinte avant d'y aller de sa proposition. Une proposition qu'elle n'attendait pas. Elle est surprise sans l'être. Parce que c'est dit avec un naturel propre à sa reine guimauve. C'est avec un sourire sur son visage qu'elle se recule légèrement, comme si elle cherchait le jeu, ou la plaisanterie dans le regard de Rose. "C'est vrai ?" demande-t-elle. Elle n'a pas réellement besoin de confirmation. Ce n'était pas la première fois que Rose lui disait cela. Elle lui avait déjà dit, des mois auparavant, avec la même certitude et le même air sérieux sur le visage. Itziar l'avait pris à la légère, parce que leur relation n'était pas celle qu'elle était aujourd'hui. Parce qu'elle ne voulait pas aller trop vite non plus et risquer de gâcher ce conte de fée dont elles écrivaient à peine les premières pages. Elle ne doutait donc pas de Rose. Elle doutait encore moins de ses arguments, tous plus valides les uns que les autres. Le loft était vide depuis le départ de Louisa et Ana, elle y passait bien moins de temps qu'avant et il lui servait plus de chambre d'hôtel que de réel appartement. Le loyer attractif était la raison pour laquelle elle ne partait pas. Elle ne comptait pas se faire héberger gratuitement cela dit, mais elle comptait bien profiter de la cuisine de Rose. Elle ferait même très volontiers la vaisselle si cela voulait dire qu'elle n'avait pas à s'affairer derrière les fourneaux pour se préparer ses propres repas. Ce qu'elle risquait en cas de refus était d'autant plus dissuasif. Elle se trouvait en plus dans une position d'infériorité, sentant déjà les doigts fins et habiles de Rose glisser sur ses flancs. "C'est un peu du kidnapping du coup ?" Qu'elle demande, l'air mutin avant de déposer un baiser sur les lèvres de Rose, sa manière bien à elle de reprendre son sérieux. "Je pense effectivement qu'il est temps que je ramène toutes mes affaires. On va finir par me les voler sur le trottoir en bas de l'immeuble depuis tout ce temps." Non, elle n'avait pas encore ramené ses affaires et donc non, elles n'attendaient pas depuis la première fois où elle était allée chez Rose pour prendre un goûter, mais c'était sa façon à elle d'accepter la proposition. "T'es sûre que ça te dérange pas ? Même si on en avait déjà parlé il y a longtemps, je veux pas m'imposer ça reste ton chez toi." Souhaite-t-elle confirmer avec Rose, parce qu'elle ne voulait pas faire de bêtise. Elle ne voulait pas prendre de décision qui viendrait compromettre leur relation d'une quelconque façon. Elle ne doutait pas, mais Rose était bien trop importante à ses yeux pour ne pas s'attarder sur les petites choses. "Après j'espère que t'es prête à retrouver mes cheveux partout dans la salle de bain, à devoir cuisiner pour deux si tu veux pas que je fasse flamber la cuisine ..." Elle s'arrête un instant comme si elle prenait le temps de réfléchir. "Et ... beaucoup d'autres choses que je ne devrais pas te dire tout de suite si je veux pas que tu changes d'avis avant d'avoir eu le temps de déballer toutes mes affaires." Ajoute-t-elle. Elle aurait aussi pu mentionner les bons côtés. Les bisous à volonté. Un nounours humain grandeur nature pour réchauffer le lit. Une partenaire de jeux ludiques et lubriques, là à tout instant et bien d'autres encore. "Tu sais que si j'emménage je partirai plus hein ? Tu seras coincée avec moi pour toujours, à devoir me supporter et tout. Ça te va ?" Conclut-elle, plaisantant, à moitié seulement.
Ta proposition implique de franchir un sacré cap. Dans une vie de couple, elle marque un tournant important. La vie ensemble n’est pas à prendre à la légère. Combien de duos amoureux se sont brisés suite à cette étape ? Tu n’as pas envie d’y penser. Tu n’envisages pas de te séparer de ta princesse. Sans être mariées, dans ton esprit, il est acté que sera avec elle jusqu’à ce que la Mort vous sépare. Et à moins que ta mémoire ne te fasse défaut, la Mort ne s’appelle pas appartement. Il n’y aucune raison que votre réunion dans ton domicile ne cause votre séparation. Ton raisonnement peut paraître enfantin. Il est ce qu’il est. Il est ce qu’il t’arrange. Les autres éventualités n’ont pas lieu d’être de toute façon. Rien n’a le droit de faire des doutes quant à tes désirs de vie commune. Itziar semble douter de son côté. Tu ne lui en veux pas. Il n’est jamais simple de savoir lorsque tu es sérieuse et lorsque tu plaisantes. Tu ne prononces aucun mot pour confirmer la véracité de tes propos. Le large sourire grimpant jusqu’à tes oreilles et illuminant ton visage de bonheur fait office de meilleure réponse. Quoi qu’un tendre baiser comme elle vient de t’offrir aurait probablement fait aussi évocateur. « Totalement. Et la rançon pour te libérer s’élève à un million de bisous. » Tu glousses légèrement. Avec tes calculs rapides, à raison de vingt baisers par jour, la moyenne qu’elle doit avoir à la louche, il lui faudra un grand nombre d’année pour la payer. Un nombre plus élevé que son espérance de vie. Une façon de lui dire qu’elle ne partira jamais d’ici. La voilà prisonnière de ton monde coloré jusqu’à la fin de son existence. Elle est piégée dans ton univers. A moins que ce ne soit toi qui sois piégée dans ses filets. Tu ne saurais dire laquelle des deux tient le plus à l’autre. Sur ce point précis, tu vous mets sur un pied d’égalité. « Je serai toi, je commencerai le règlement tout de suite… » Le rictus malicieux qui étire tes lèvres témoigne de ta supériorité au niveau ludique. D’un côté ce n’est pas difficile. Tu triches même étant donné que tu es encore une enfant. Une enfant déguisée en adulte comme le prouve vos jeux joués dans vos chambres.
En bonne enfant, tes doigts commencent à se promener sur ses flancs. L’entendre rire est si addictif. Son rire est un hymne à la joie. Beethoven n’a rien inventé. Il s’est inspiré de l’espagnole. Le fait qu’il ne soit pas de la même époque est un détail. Le rire de la blonde est intemporel. Quand elle formule une acceptation. Le temps s’arrête un instant. Jamais tu n’as été aussi heureuse. Mais tu restes joueuse. Tu pourrais t’appeler la fée ludique. « Voler je sais pas mais si tu te dépêches pas de les ramasser, je vais me faire mettre dehors. Ma voisine en a marre de buter dans tes cartons en partant travailler le matin. Elle m’a menacée de porter plainte. » Tu te retiens de rire de ta bêtise. Tu n’as fait que surenchérir à la sienne. Ses affaires sont en sécurité dans sa penderie. Ta voisine est une crème en plus. Femme au foyer cinquantenaire, elle est adorable. Tu ne comptes plus les fois où elle a frappé à te porte pour te rendre les clés que tu avais oublié sur ta serrure en quittant ton appartement. Quelqu’un de mal intentionné en aurait profité pour le visiter et éventuellement te dérober quelque chose. « Alors si tu veux pas que je débarque un petit matin avec mes propres cartons devant chez toi, il faut que tu agisses vite. » Un léger rire franchit la barrière de tes commissures. Et pourtant, le plus sérieusement du monde, tu planifies de lui faire le coup. Tu te renseigneras sur son prochain jour de repos et tu viendras l’embêter dans la matinée avec un carton dans les mains. Carton qui sera rempli de cartons dépliés et de rouleaux de scotch. Tu lui signifieras lui proposer ton aide ainsi. Vous n’aurez plus qu’à les monter, les remplir de ses affaires et les stocker dans un coin en attendant le jour du déménagement. Tu viens déposer délicatement son index sur sa bouche pour la faire taire. Tu secoues la tête de droite à gauche face à son erreur manifeste. « C’est notre chez nous désormais. », la corriges-tu avant de remplacer ton doigt par tes lippes sucrées. Bien qu’elle ne soit pas encore emménagée, elle est ici chez elle. Elle l’est depuis le jour où elle s’est installée dans ton cœur. Depuis ce jour-là, elle a accès à tout ce qui t’appartient.
Itziar t’expose les mauvais côtés de son emménagement. Tu les écoutes sans les entendre. Rien, absolument rien ne peut te faire changer d’avis. Sa simple présence solaire est un contre-argument à chacun des mauvais points qu’elle évoque. « Dis rien alors. Et je te dirai rien non plus pour pas te faire fuir. De toute, t’as pas envie de savoir que je reste longtemps sous la douche et que si tu prends pas ta douche avant moi, tu la prendras sous l’eau froide, si ? » Un nouveau rire résonne dans ton salon. Tu lui annonces une vérité. Tu n’es tellement pas matinale que tu as besoin d’une douche chaude pendant minimum trente minutes pour te réveiller. Et de vingt minutes au préalable pour sortir de ton lit. « Après, si on la prend ensemble… » Un sourire en coin se dessine sur ton faciès. Tu es bien coquine pour une enfant, Rose. La serveuse le sait parfaitement. Tu es prête à parier que c’est en partie pour ça qu’elle t’aime. « Qui refuserait de vivre au Paradis ? », lui rétorques-tu souriante. Tu signes tout document te permettant de vivre avec un ange pareil. D’ailleurs, ça te donne une idée. Tu récupères ton bloc-notes et son stylo. Tu tournes la feuille de votre croquis pour affiche une page blanche. Tu te sers de sa poitrine en support. Tu n’appuies pas fort pour ne pas la blesser. Tu griffonnes le morceau de papier. Ton air est si sérieux qu’il en est suspect. A la fin de ton œuvre, tu lui montres et lui tends ton crayon. Elle peut y lire :
Bon pour vivre ensemble
Je soussignée Princesse Itziar promet de chérir ma Reine guimauve Rose, de ne pas lui piquer sa brosse à dents, de la laisser dormir jusqu’à son réveil naturel, de ne pas prendre toute la couette, de… de tout simplement l’aimer comme elle est et de rester moi-même.
Signature :
Tu as mis plusieurs secondes avant d’aller à l’essentiel. Tu n’as pas à lui imposer quoi que ce soit. Elle a juste à être elle-même. Tu ne veux surtout pas qu’elle change en emménageant avec toi. Tu veux conserver votre complicité. Tu espères également qu’elle s’amplifiera tu l’admets. Il te tarde déjà de cuisiner avec l’espagnole dans les environs afin qu’elle vienne t’embêter de sa délicieuse façon favorite : en mitraillant ton cou de baisers savoureux.
Il était évident qu'elle allait accepter la proposition de Rose. A l'instant où Rose venait s'ajouter à l'équation, la balance ne pouvait s'empêcher de pencher en sa faveur. Rose n'aura pas à débarquer chez elle avec les bras chargés de cartons, bien que l'espagnole ne s'en serait pas plainte pour autant. Itziar, elle, n'aura pas à s'inquiéter d'une quelconque plainte de la voisine déposée à son encontre pour avoir laissé traîner ses cartons un peu trop longtemps sur le trottoir. “Je lui ferai un beau sourire la prochaine fois que je la verrai, ça devrait suffire à m'éviter la plainte. Puis si j'enlève mes cartons, elle pourra rien dire.” Répond-elle, un large sourire sur les lèvres, une réplique améliorée de celui qu'elle adresserait à la voisine quand elle la croiserait dans le hall. Elle avait déjà eu l'occasion de croiser la femme. Elle n'avait rien d'une sorcière qui irait porter plainte pour quelques cartons entreposés trop longtemps sur son passage. Au contraire, du peu qu'Itziar avait pu interagir avec elle en quittant l'appartement de Rose, elle l'imaginait bien plus du genre à s'assurer que personne ne touche les cartons en question. “Pour le reste, t'inquiètes pas, t'auras pas besoin de ramener tes affaires chez moi. Les miennes seront ici avant que t'aies le temps de dire ouf.” Dire qu'elle n'était pas attachée à son appartement serait mentir, elle aimait le loft. Elle en avait des souvenirs là-bas depuis qu'elle avait emménagé. Des chamailleries quand elle partageait l'appartement avec Auden, à l'ambiance électrique qui avait régné pendant un moment quand Louisa et Ana avaient emménagé en passant par les périodes durant lesquelles elle s'était retrouvée seule dans l'appartement. Elle y avait passé du temps. Elle y était attachée. D'une certaine manière. Elle était bien plus attachée à Rose. Tant qu'elle pouvait se réveiller tous les matins à ses côtés et se coucher contre elle tous les soirs, c'était ce qui comptait. D'autant plus que ces derniers temps elle avait presque élu domicile chez elle, passant quasiment autant de temps ici, que dans son propre appartement. Comme si elle était déjà chez elle. D'ailleurs, Rose la corrige, d'un index sur les lèvres. Ce n'était plus chez Rose. C'était chez elles, à présent. “Chez nous, pardon. C'était pour voir si t'allais changer d'avis tant qu'il était encore temps.” Lui répond-elle, avant de capturer ses lèvres, tendrement.
Elle lui expose tout de même ses défauts, au cas où. Ce n'est pas une mise en garde. Elle ne cherche pas à faire changer Rose d'avis, au contraire. Elle sait que la jeune femme l'aime telle qu'elle est. Avec ses qualités et ses défauts. “Promis je dis plus rien.” Lance-t-elle en riant, mimant de fermer sa bouche à double tours. Elle laissera tout le loisir à Rose de découvrir la vie commune avec elle. Parce qu'Itziar ne sait pas faire semblant. Elle ne sait pas être autre chose qu'elle-même et donc même si elle tentait de cacher ses défauts, ils reviendraient bien vite au galop. Rose aussi prend le parti d'exposer les siens. Ou tout du moins, celui qu'elle juge le plus important. Sa tendance à rester un peu trop longtemps sous la douche. “Tu me connais. Je suis écolo et j'aime pas les douches froides donc j'ai bien peur de devoir te suivre sous la douche.” Elle n'est pas écolo, c'est complètement faux. Cependant, il est était vrai qu'elle n'aimait pas les douches froides. “Mais c'est vraiment pour économiser l'eau, rien de plus. Ce sera vraiment pas pour mon plaisir personnel” Se justifie-t-elle, un air presque innocent sur son visage. Presque. Rose ne se laissera sûrement pas avoir. “Oh, tu sais, il y a des gens un peu fous dans ce monde qui refuseraient pour une raison absurde.” Rétorque-t-elle. Elle n'était pas de ceux-là. Elle ne refusait pas le paradis quand on lui servait sur un plateau. Encore moins quand sa vision du paradis ressemblait à un appartement qu'elle allait partager avec sa reine. La reine de son cœur. Reine qui venait de récupérer son bloc-note et son stylo, griffonnant alors qu'Itziar offrait gracieusement sa poitrine en guise de support. Quand elle peut enfin lire ce que Rose était en train d'écrire, elle sourit jusqu'à en avoir mal aux joues. “J'avais jamais signé un contrat avec si peu de conditions.” Déclare-t-elle venant sceller leur accord de sa signature. Elle pose ensuite le bloc-note et le stylo sur le canapé à côté d'elle. Vient poser ses mains de chaque côté du visage de l'australienne puis capture ses lèvres dans un baiser passionné. Quand elle se détache, elle pose son front contre celui de la styliste. “Je t'aime, Rose.” Lui dit-elle simplement. “J'ai hâte qu'on démarre ce nouveau chapitre.” Elle a hâte de voir ce que l'avenir leur réserve, hâte de franchir une nouvelle étape dans leur relation, hâte de partager un peu plus sa vie avec celle de Rose. Elle se recule, presque brusquement, comme si elle venait de se rappeler quelque chose. Ses mains passent derrière sa nuque, venant trouver l'attache du collier qu'elle porte autour du cou. Une simple chaîne en or avec une médaille, un ‘I' gravé dessus. Collier qu'elle porte depuis aussi longtemps qu'elle se souvienne. Elle l'ouvre, pour le retirer, puis vient effectuer la manœuvre inverse, l'attachant autour du cou de Rose. Elle l'ajuste, replace les cheveux dans le dos de la jeune femme. “Ca faisait un moment que je voulais te le donner, j'oubliais à chaque fois. Mais finalement aujourd'hui est le moment parfait.” Déclare-t-elle. “Faut bien qu'on sache qui est ta princesse maintenant que t'es vraiment coincée avec moi.” Ajoute-t-elle en riant, replaçant une mèche de cheveux couleur guimauve. Elle reprend son sérieux avant de reprendre la parole. “Tu me diras quand tu veux que j'amène mes affaires … Juste pas demain matin, parce que j'ai quelques projets pour nous ce soir et j'ai pas du tout prévu de rentrer.” Annonce-t-elle ensuite, sourire malicieux sur le coin des lèvres.
Ne rien dire ne signifie pas ne plus rien dire. Comment ça ta pensée ne veut rien dire ? Tu t’es parfaitement comprise toi-même. Tu n’as pas de ses mots pour entendre l’affection qu’elle te porte et l’amour qu’elle te donne. Son rire mélodieux, son sourire lumineux sont plus communicants que n’importe laquelle de ses paroles. Et que dire de son humour ? Si malicieux quand il s’agit d’évoquer les sous-entendus lubriques. « Ah mais ce ne sera pas pour mon plaisir personnel non plus. J’ai simplement besoin d’une nouvelle brosse pour me frotter le dos. Tu vas m’éviter d’en acheter une comme ça. » Tu te retiens de rire de ta bêtise. Tu ne possèdes même pas un tel accessoire dans ta salle de bain. L’espagnole fera par contre office de merveilleuse brosse humaine. Ton corps frissonne d’avance à imaginer ses paumes parcourir ta peau, à ressentir ses doigts glisser sur ton épiderme, à sentir ses lèvres se poser sur ta nuque. La douche sera à prendre le soir désormais. Le matin, ce serait prendre le risque qu’elle soit en retard au bar à cause d’une envie charnelle. Ce serait aussi une occasion de la faire passer pour malade et la garder à tes côtés toute la journée. L’idée est tentante. A terme, elle pourrait se faire licencier. Tu te contenteras de ses heures et jours de repos en attendant de peaufiner son poste d’assistante personnelle de sa reine guimauve. Tu n’as pas oublié ta proposition. Tu ne plaisantais pas ce jour-là. Cependant, les rôles semblent s’être inversés depuis. A travailler à la création des costumes des employées de son futur club, tu es en quelque sorte son assistante. Tu as hâte qu’elle ouvre son établissement. Elle sera ainsi sa propre patronne et pourra s’octroyer un retard volontaire sans crainte de se faire virer.
Lara ne partage sûrement pas ton avis. Avec tout le respect que tu as pour la métisse, son avis est dérisoire en ce qui concerne Itziar. L’espagnole est au sommet de tes préoccupations. Ton contrat ne fait pas mention de sa meilleure amie. Ton contrat ne vous relie que vous. Deux femmes amoureuses. Un statut qu’elle s’empresse d’honorer d’un baiser passionnel à la fin de la signature de ta feuille. Tes mains sur ses hanches, vos langues valsent dans vos bouches se tenant par vos papilles respectives. Tes mirettes pétillent à sa rupture. Elles brillent plus fort que le soleil en plein été. « Je sais. » , lui répliques-tu à la façon d’Han Solo à Leïa dans Star Wars (clique). Tu ignores si elle a la référence. Dans le doute, tu reviens capturer ses lèvres pour un énième ballet langoureux. Avec cet acte et la lueur dans tes prunelles, le doute n’est plus permis. Il l’est encore moins à son geste qui s’en suit. Non pas qu’un cadeau puisse acheter l’amour. Mais ce qu’elle t’offre est un bien personnel. Tu es persuadée qu’il se trouve un morceau de son âme dans cette médaille pendant à cette chaine. Je la tiens délicatement dans entre ton pouce et ton index. « C’est un « I » pour Irrésistible ? » Tu sais que non. Cette lettre est l’initiale de son prénom. Pourtant, ta question est légitime tant elle rayonne. Tu enserres le cercle doré dans ton poing. Tu la plaques sur ton cœur. « Je la quitterai jamais. » Tu lui fais cette promesse pendant qu’une larme s’échappe de ton œil. Tu n’as pas réussi à contenir tes émotions. Tu n’as pas cherché à le faire non plus. Tu n’as pas à avoir honte d’être émotive. Tu n’as pas à être gênée de lui montrer ton amour.
Son sous-entendu étire tes commissures. Tu as parfaitement compris ce qu’elle te signifie. Ton enfant interne restera sur le seuil de ta chambre ce soir. Il dormira dans le couloir pendant que ton adulte jouera à un jeu auquel il ne peut être invité. Tu délaisses ses opales et ses flancs un instant. Tu comptes méticuleusement sur tes doigts. « Dans neuf jours. Dans neuf jours, cela fera sept mois qu’on est ensemble. C’est un bon moyen de marquer le coup, non ? » Le temps est passé si vite. Tu as l’impression de l’avoir rencontrée hier. Tu l’attrapes délicatement par la taille par la suite. Tu la dégages de tes genoux pour la mettre sur ton canapé. Tu te hisses sur tes pattes. Tu prends tendrement sa main. « Moi aussi j’ai un cadeau pour toi. » Tu tires doucement sur ta prise pour la faire se lever. Une fois debout, tu l’entraines dans ton atelier. Plusieurs robes sont présentes sur différents mannequins. Une verte émeraude à paillettes, très courte, une tenue de scène pour une artiste. Tu t’avances plutôt vers l’autre robe aux teintes rosées et blanches dont le pan descend jusqu’au sol. De fines bretelles épousent la statue de plastique sans tête. « Voici la première pièce de ta nouvelle garde-robe. » Tu l’as confectionnée entre tes commandes. Tu t’es servie des souvenirs de vos moments intimes pour ses mensurations. La couleur est à ton image pour l'entraine un peu plus dans ton monde. Tu as même pensé à coudre une poche pour qu’elle puisse y glisse un stylo et son carnet si elle veut travailler avec. « Elle te plait ? Tu veux l’essayer ? », lui demandes-tu soucieuse. Tu as mis toute la puissance de tes sentiments dans cette confection. Tu es convaincue qu’elle sera magnifique dedans. Elle est toujours magnifique de toute façon. Une véritable princesse digne des Disney. Une princesse réelle par contre. Ta princesse.
Ça lui tient à cœur de faire ce cadeau à Rose. Aux yeux de beaucoup, ça ne représenterait peut-être pas grand-chose. Une chaîne en or, une médaille accrochée dessus. Il n'a rien d'extraordinaire ce collier. C'est une pièce toute simple, qui vaut son prix sans pour autant être sertie de diamants ou pierres précieuses. Le plus important c'est sa valeur sentimentale. C'est un bijou qu'Itziar porte autour du cou depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne. Un cadeau offert par sa grand-mère pour son premier anniversaire. Elle n'en a pas le souvenir, c'est ce qu'elle retient des photos de son enfance et de ce que ses parents ont pu lui raconter. C'est une partie d'elle. L'offrir à Rose, c'est s'offrir un peu plus à elle. C'est lui donner matériellement une partie de son cœur. Elle n'est pas la plus démonstrative quand il s'agit de vocaliser ce qu'elle ressent. Elle n'a pas pour autant peur de dire à Rose qu'elle l'aime, elle ne trouve pas que cela soit le plus important. Pour elle, une image vaut mille mots. Elle exprime son amour par bien des façons. Ce sont ses mains, toujours à la recherche de Rose, montrant qu'elle ne peut se passer d'elle. Ce sont ses yeux qui pétillent dès que leurs regards se croisent, reflétant l'effet que la styliste a sur elle. C'est ce cadeau qu'elle lui fait aujourd'hui, cette partie d'elle-même qu'elle lui confie parce qu'elle sait qu'elle en prendra soin. Lui offrir cela, c'est une preuve de la confiance aveugle qu'elle a en elle. Elle ne peut s'empêcher de rire, Itziar à la question de l'australienne. “J'ai toujours cru que c'était pour insupportable, peut-être que je me trompais.” Lui répond-elle en souriant avant d'ajouter. “Ou alors, ça dépend du point de vue.” Car finalement, chacun pouvait faire sa propre interprétation de la signification en fonction de son ressenti. Rien n'était exclu bien qu'elle préférait forcément l'interprétation qu'en faisait Rose. Rose, qu'elle ne s'attendait pas à émouvoir à ce point par ce geste. Elle n'irait peut-être pas jusqu'à dire que lui confier ce bijou était banal. C'était au moins évident à ses yeux que sa reine devait l'avoir. De son pouce, elle vient donc essuyer la larme qui s'échappe de l'œil de Rose, ses lèvres venant remplacer sa pulpe. “Je te fais confiance.” Déclare-t-elle, comme si ça aussi, ce n'était pas évident.
Évident comme ce qui lui venait en tête pour leur soirée de ce soir. Ces plans si secrets qui l'obligeaient à repousser son emménagement à au minimum demain. Bien qu'elle n'aurait probablement pas eu le temps de tout faire en une seule fois. Elle n'allait pas non plus emménager demain, il fallait être logique. Elle devait mettre toutes ses affaires dans des cartons (et Dieu sait qu'elle avait de quoi en remplir quelques-uns), mais aussi ramener ici lesdits cartons avant de procéder à un ménage de printemps de l'appartement. Il lui resterait finalement à prévenir Auden qui ne se montrerait sans doute pas embêtant et ne lui demanderait aucun préavis. Quand Rose propose une date, c'est d'abord d'un signe de tête qu'elle acquiesce. Large sourire sur les lèvres. "Ça aurait été parfait que ce soit dans sept jours. Genre sept jours, sept mois, mais bon, on va pas chipoter. C'est le meilleur moyen de marquer le coup” Répond-elle en souriant. Marquer leurs sept mois ensemble par le début d'un début d'un nouveau chapitre qui se révèlerait sûrement plein de surprises. Tout comme Rose, qui l'entraîne jusqu'à son atelier pour lui présenter la première pièce de sa nouvelle garde robe. “Rose …” Échappe-t-elle en guise de réponse. La seule chose qu'elle parvient à verbaliser quand elle pose ses yeux sur la robe. Elle est bluffée. Ses yeux se posant alternativement sur Rose et sur la robe. Elle ne sait pas quoi dire. Elle a l'impression qu'elle ne mérite pas un tel cadeau. Elle sait qu'elle n'est pas objective quand il s'agit des créations de la jeune femme. Ca a du lui prendre un temps fou pour la réaliser, en plus de tout le travail qu'elle effectue pour ses clientes. “Je sais pas quoi dire.” Déclare-t-elle, s'avançant doucement vers la robe exposée sur le mannequin. “C'est beaucoup trop. Elle est superbe.” Et encore, superbe n'est pas un adjectif rendant réellement justice à la création. Le mot est trop faible, mais aucun ne semble réellement approprié. Son regard pétille quand Rose lui propose de l'essayer. Elle hoche la tête de haut en bas. N'y réfléchis même pas. C'est de son haut qu'elle se débarrasse en premier. Elle le laisse tomber sur le sol de l'atelier avant d'enlever son jean qui connaît le même sort. D'ordinaire, elle aurait pris le soin de se dandiner, gracieusement, aurait enlevé chaque pièce de vêtement d'une lenteur déconcertante. Il n'en était rien ici. Elle était bien trop absorbée par la robe. Robe dont elle s'approche un peu plus, vêtue simplement de ses dessous. Sa main en parcours délicatement le tissu, comme si elle avait peur de l'abîmer. “J'ose pas. J'ai peur de déchirer quelque chose.” Déclare-t-elle, se retournant vers Rose. “Je m'en voudrai tellement. T'as dû y passer des heures.” Les coutures étaient parfaites, il n'y avait rien qui n'était pas délicat. Du choix de tissus, à la couleur, en passant par la manière dont le pan descend jusqu'au sol. Elle n'est pas maladroite, mais dans la précipitation, elle a peur de faire un carnage. “Tu m'aides ?” Demande-t-elle, tendant sa main vers Rose pour qu'elle s'approche. Elle voulait la voir manipuler la robe, pas pour se rassurer, mais pour s'en imprégner, si elle la manipulait comme elle, alors, il n'y aurait aucune raison qu'elle l'abîme dans le futur. “T'as déjà une cliente qui a déchiré ou craqué quelque chose en venant essayer sa tenue ? Ou alors c'est moi qui me fait vraiment des films pour rien ?” Demande-t-elle alors qu'elle se place telle un mannequin les bras légèrement écartés. “Plus vite tu m'habilles, plus vite tu pourras me déshabiller.” Ajoute-t-elle, ne perdant pas le nord pour autant.