Tu avais prévu d’attendre l’anniversaire de vos sept mois pour lui offrir cette robe. Tu avais même prévu de la mettre dans une boite et de l’envelopper de papier cadeau. Trop marquée par son geste, tu n’as pas réussi à lui cacher ta manigance plus longtemps. Tu as déjà tenu une semaine sans craquer. Cela fait une semaine que cette création est terminée et attend le jour-J pour quitter son mannequin. A ton niveau, tu as fait preuve d’une grande patience. Plusieurs fois, tu as été tentée de lui donner ta création, de la voir la porter, de l’ajuster à ses délicieuses courbes et de vous balader ensemble tout de rose vêtues. Tu ignores si vous ferez une balade mais l’heure de l’essayage est arrivée. Itziar semble touchée. Pourtant, ce ne sont pas les vêtements qui manquent dans sa garde-robe. Elle en possède limite plus que toi. Vous n’avez pas fait le compte exact pour déterminer laquelle de vous deux était la plus habits. Tu penses mener malgré tout. Par contre, elle te bat haut la main en ce qui concerne les chaussures. Tu l’observes se déshabiller d’un regard intéressé. L’apercevoir en lingerie est agréable pour tes yeux et à la fois dangereux. Cette vision pourrait endormir ton artiste interne et réveiller ton être lubrique. Tu te contentes d’effleurer ses flancs du bout de tes doigts. Un mouvement nullement fait pour la chatouiller ici. Tu te veux rassurante. « Tu me paieras les réparations en bisous si tu l’abimes. » Tu lui souris tendrement. Entre ça et la rançon demandée pour sa libération, elle n’est pas près d’arrêter de t’embrasser. Ma foi, tu es persuadée que cela ne la dérange pas plus que ça. Elle adore déposer ses lèvres sur ta peau autant que toi. Enfin, tu ne tiens pas à la laisser dans l’embarras non plus. D’un hochement de tête positif, tu lui signifies l’aider. Tes pulpes quittent son corps pour le tissu. Tu détaches délicatement ton œuvre de son support. Tu t’approches de ta princesse. Tu t’accroupis. Tu saisis ses pied un à un pour les faire passer dans l’ouverture centrale. Te relevant, tu remontes la robe jusqu’à placer les bretelles sur ses épaules. Tu as évidemment profité de l’instant pour la caresser de façon déguisée, un sourire mutin trahissant ta malice. « C’est déjà arrivé. Rien de dramatique non plus. J’ai juste dû donner des coups d’aiguille supplémentaires. » Ce sont souvent les coutures qui trinquent. Tu ne les renforces pas assez par moment. La plupart du temps, les clientes sont en cause. Trop pressés de se découvrir dans leur commande, elles se précipitent et sont trop brusques. Ce n’est pas faute de leur dire de traiter tes créations comme un enfant. Tu glisses dans le dos de ta princesse. Ses paroles étirent tes commissures. Tu reconnais bien là son côté coquine. « Plus vite on pourra se promener surtout. » Une fois apprêtée, tu envisages de sortir. Tu souhaites exposer sa beauté aux yeux de tout le monde. Rien ne dit que tu ne finiras pas par lui ôter sa robe malgré tout. Son départ n’est pas pour tout de suite. D’ailleurs, il est probable qu’il n’ait pas lieu avant demain matin. Et comme elle ne dormira pas avec, il y a des chances qu’elle sollicite une nouvelle fois ton aide pour la retirer. Tu ajustes sa tenue pour éliminer tout pli disgracieux. Tu dégages les cheveux de sa nuque, les positionnant sur la droite de son visage. Tu déposes un tendre baiser sur ses cervicales avant de revenir lui faire face. Tu la détailles de haut en bas. Elle est superbe. Tes opales brillent d’amour. « T’es belle. » C’est tellement bateau et tellement vrai à la fois. Elle ne s’est pas encore vue. Tu l’invites à se retourner pour se découvrir dans le miroir à pied de la pièce. Tu la laisses quelques secondes seules s’inspecter sous différents angles. Tu finis par ta rapprocher de sa silhouette. Tu encercles sa taille de tes bras. Tu lies tes mains sur son ventre. Tu plaques ta poitrine contre ses omoplates tandis que tu déposes ton menton sur le sommet de son crâne. Ton cœur frappe ta cage thoracique et appelle son compatriote. L’harmonie de vos palpitants ne met pas longtemps à se faire. « Il te manque plus qu’avoir les cheveux roses pour être ma jumelle. Et une quinzaine de centimètres aussi. » Tu glousses. Tu la taquines sur sa taille. Une habitude que tu t’es amusée à prendre. Il n’y a rien de méchant là-dedans. Tout ce qui est petit est mignon de toute manière. Et l’espagnole est extrêmement mignonne. Tu resserres un peu plus ton étreinte. Tu coulisses ta tête sur son épaule. Tes lippes partent à l’assaut de son cou. Elles le mitraillent avec passion pendant que tes fils capillaires chatouillent sa mâchoire. Tu voulais sortir à la base. Tu n’en a plus vraiment envie. Tu es si bien à son contact. Elle te rend si heureuse. Tel est le pouvoir de l’amour.
Elle a l'impression d'être comme une enfant le jour de Noël venant de découvrir les cadeaux tant attendus, habilement déposés par le Père Noël au pied du sapin pendant qu'elle dormait profondément au fond de son lit. Elle a aussi l'impression de ne pas mériter un tel cadeau. Ca lui parait beaucoup. Elle était même certaine que c'était le plus beau cadeau qu'on ne lui avait jamais fait. Autant par l'intention que celui-ci représentait, que par les heures de travail qu'une telle réalisation avait nécessité. D'autant plus qu'elle en passait du temps dans cet appartement, Itziar et que Rose avait dû coudre ça ici et là dès qu'elle avait un moment où elle ne risquait pas de se faire surprendre, gâchant ainsi la surprise. Elle exagérait peut-être l'espagnole, mais elle n'en avait pas l'impression. C'était l'effet Rose. Tout ce qui concernait la styliste avait le don de décupler automatiquement toutes ses émotions. Elle ne mangeait pas de meilleurs repas que ceux préparés par la jeune femme. Elle ne passait pas de meilleurs moments qu'en sa compagnie et ne dormait pas aussi bien que dans ses bras. Naturellement, elle n'avait reçu de plus beaux cadeaux que les siens. Alors, aussi tentant que racheter ses dettes par des bisous pouvait sembler, elle s'en voudrait à mort d'abîmer la robe que Rose lui avait créée. Même un milliard de baisers ne pourraient effacer la culpabilité qu'elle ressentirait si elle craquait la robe en essayant de la porter. Elle n'était pas particulièrement maladroite, mais elle n'était pas non plus la personne la plus habile qui soit, un incident était vite arrivé. Elle faisait donc bien plus confiance aux mains expertes de Rose. “Je louperai jamais une occasion de me faire pardonner à coup de bisous, mais là vraiment je m'en voudrai beaucoup trop de faire sauter ne serait-ce qu'une couture.” Lui répond-elle en hochant la tête. Elle se demande d'ailleurs si ce genre de petit désagrément est déjà arrivé où si elle se fait du souci pour rien alors que Rose l'aide délicatement à rentrer dans la robe. Elle ne bouge presque pas, se fait parfait mannequin jusqu'à ce que la styliste vienne déposer les bretelles de la robe sur ses épaules. Un frisson parcourant son corps alors que les doigts fins viennent effleurer sa peau. “Je suis donc passée à deux doigts d'être ton premier incident dramatique. Heureusement que j'ai eu le nez fin.” Répond-elle en plaisantant. Elle n'aurait rien abimé en le faisant exprès, elle aurait sans doute touché le tissu du bout des doigts jusqu'à ce que la robe soit complètement enfilée, cependant, elle s'était ôtée cette difficulté en se faisant habiller par la styliste elle-même.
Styliste qui ne semble pas particulièrement pressée de lui retirer la robe dont elle vient de la vêtir et quand Itziar pose enfin les yeux sur le miroir en face d'elle, elle comprend pourquoi. La robe lui va à la perfection, à croire que Rose a pris ses mesures sans qu'elle ne s'en rende compte. La coupe est délicate, le tissu a été choisi avec goût et l'ensemble met en valeur tous ses attributs sans que cela fasse too much. Aller se promener ne semble finalement pas une si mauvaise idée. L'excuse parfaite pour se pavaner vêtue de cette merveille. “Elle est magnifique. J'ai l'impression d'être une princesse à la différence que cette robe là est très confortable et me laisse parfaitement libre de mes mouvements.” Bien loin donc du cliché de la robe de princesse au corset un poil trop serré et au jupon encombrant. “Je vais en faire des jalouses.” Ajoute-t-elle en souriant. Parce que tout le monde n'avait pas la chance de partager sa vie avec une styliste et que cette robe-là était unique, conçue rien que pour elle. Son sourire s'élargit quand Rose la complimente, ses joues se teintant d'une couleur rosée, les assortissant à la robe. “C'est toi qui me rends belle.” Déclare-t-elle en haussant les épaules. Comme si c'était une évidence. Elle était jolie, elle le savait pour l'avoir entendu à de nombreuses reprises. Cependant, elle était convaincue qu'elle était d'autant plus belle depuis qu'elle était avec Rose. Son amour la rendait belle. Le regard qu'elle posait sur elle la rendait belle. Le bonheur qu'elle lui faisait ressentir la rendait belle aussi. C'était aussi simple que cela. Ses mains viennent trouver celles de Rose sur son ventre et elle se laisse aller dans cette étreinte. Fermant doucement les yeux, laissant son cœur se caler au rythme de celui de l'australienne. Elle les rouvre à la remarque de la jeune femme. Il ne peut s'empêcher de rire au passage. “Pour les cheveux je suis sûre qu'on peut trouver une coloration temporaire dans la supérette du coin, par contre pour les quinze centimètres en moins, j'ai bien peur de pas avoir de solution, je peux pas porter de talons si hauts. Faudra que tu te contentes d'une jumelle minuscule.” Lui répond-elle en souriant. Des rires quittent rapidement ses lèvres quand l'australienne vient mitrailler son cou de baiser, ses cheveux chatouillant son visage. “C'est pas toi qui voulais sortir te promener ?” Lui demande-t-elle, se retournant dans les bras de Rose. Ses mains se posant de chaque côté de son visage, venant poser ses lèvres tendrement sur celles de l'australienne. “Encore merci.” Pour la robe, mais pour tout le reste aussi, c'est pour cela qu'elle ne précise pas et se contente de joindre leurs lèvres une fois de plus pour un baiser plus passionné.
It’s not what you look at that matters, it’s what you see. (Rose)