Ce serait mentir de dire que tu n'es pas dans ton élément, de dire que ça ne te fais pas plaisir de jouer un jeu, de gratter un peu de faux bonheur dans ta vie chaotique des derniers mois, même si c'est pour le jouer avec cet idiot de Irish. Il veut une épouse parfaite Dinis, c'est ce qu'il va avoir. Tu n'as rien de là Elise brisée quand tu passes les portes de ce café. Tu n'arrives même plus à te souvenir c'était quand la dernière fois où tu as mis beaucoup trop d'heures pour te préparer à une sortie. Il croira sûrement que tu fais ça pour lui, parce que t'es folle de lui et toutes les conneries qu'il peut bien se raconter dans sa petite tête. Mais non, ce n'est pas pour lui, ni même pour toi, c'est pour les autres. Quand on fait semblant, c'est toujours pour les autres, jamais pour nous.

Tu le repères facilement à l'une des tables qui semblent être un peu à l'écart des autres, mais qui donne une belle vue sur la baie vitrée. Les personnes qui marcheront en face de cette fenêtre croiront probablement au couple marié et heureux qui est censé se retrouver à cette table. Ils n'auront pas la chance de constater que les échanges entre Dinis et toi n'ont rien de bien romantique. Quand tu arrives devant lui, y'a l'embarras du choix pour s'asseoir. Tu pourrais prendre place juste en face de lui, mais tu optes plutôt pour la place juste à côté de lui. C'est plus propice aux mots doux et aux rapprochements que devraient avoir deux amoureux. C'est probablement la première fois de votre vie que vous vous trouvez aussi près l'un de l'autre. Tu ne peux pas vraiment dire que tu apprécies l'expérience. Mais bon, ce n'est que pour une fois et ensuite vous pourrez vous faire vos adieux, n'est-ce pas ? « C'est quoi le plan ? » Aussi bien sauter directement dans le vif du sujet avant que l'invité surprise fasse son apparition. Vous n'êtes en rien préparé. Vous n'avez rien pratiqué, mais il faut que ça marche. Et son plan, c'est quoi ? Il s'attend à ce que tu la confronte ? Que tu joues les jalouse ? Que tu la menace peut-être ? Il espère qu'elle observe de loin et que de voir le père de son fils marié et heureux suffise à lui enlever le goût de s'imposer dans sa vie ? Peu importe. T'es prête à tout pour qu'il signe ses fichus papiers. « Tu n'as quand même pas changé d'idées mon amour ? » Qui aurait cru que les mots mon amour pourraient autant sonner comme une insultes ? S'il a envie de mourir avant son heure, il n'a qu'à répondre oui à ta question. Tu viens glisser le bout de tes doigts glacé sur la chaleur de son avant-bras. Le contraste te dérange, curieusement. Il y a également un sourire qui orne ton visage. Bon, c'est plus un sourire de garce que d'amoureuse que tu laisses voir, mais quand même, il n'y a pas droit souvent à un sourire.

@dinis irish  

Elle avait fini par se pointer à nouveau chez Dinis et cette fois, elle voulait lui ramener le môme. Elle lui avait dit qu’elle viendrait chez lui avec pour lui présenter son père, qu’il avait le droit de savoir et surtout, que Dinis devrait prendre ses responsabilités à présent. Elle avait l’air complétement droguée, une vraie toxico, et parfois, l’australo chillien se disait que son fils serait sans doute mieux à être sous son toit que sous celui de cette tarée. Il était à deux doigts, l’Irish, de lui donner rendez-vous avec son fils, en même temps qu’il en profiterait pour jouer son jeu avec Elise. Puis, il avait vite mis ses plans de côté, il avait dit qu’il voulait épargner le gamin. « Ecoute, j’préfère qu’on voit tout ça ensemble, toi et moi, et après, on verra pour le gosse. » il lui avait donné, à prendre ou à laisser,  une date, une heure et l’adresse du DBD,  qui n’était pas du tout le genre de bar qu’il fréquentait. La dernière fois qu’il y avait mis les pieds, c’est parce qu’il savait que Penny y serait sans doute et qu’il pourrait lui tirer quelques vers du nez avec cette histoire sur Byers.

J’avais encore aucune foutu idée d’où tout ça allait nous mener. J’étais même pas certain que l’autre tarée se calme quand elle verra que j’suis marié, que j’ai une vie bien rangée, loin des fous comme elle. J’suis même pas certain que ça l’arrête vraiment dans son délire, mais si y a une chose dont j’suis certain, c’est qu’Elise fait aussi flipper. A sa manière. Elle est cynique et son regard peut dire milles choses à la fois parmi lesquelles : je vais te tuer. Alors, si elle se met parfaitement dans le rôle de la femme jalouse, prête à tout pour éloigner les autres de son mari, peut être que ce sera suffisant pour calmer le jeu. Pour faire en sorte qu’elle cherche plus à s’approcher. J’vais quand même pas devoir déménager pour plus l’avoir sur le dos ? Merde.
Je sens qu’une des deux va finir par me poser un lapin. Je sais pas si c’est Elise ou si c’est l’autre, mais j’ai l’impression que ce plan, foireux depuis le début, finira par tomber à l’eau. Et si ni l’un ni l’autre ne vient, Elise peut oublier le pacte. Pas de résultat, pas de divorce. J’ai déjà un verre entre les mains, collé à la baie vitrée du bar, je regarde dehors à l’affut de la moindre silhouette féminine familière. Tellement à l’affut d’ailleurs, que je regarde même pas Elise qui débarque juste à côté de moi. Au moins, si j’avais une remarque à faire : elle a fait l’effort d’être plutôt belle aujourd’hui. Comme si le maquillage faisait enfin son effet sur elle. Elle avait une mine bien moins déconfite que d’habitude. Chapeau bas. « C'est quoi le plan ? » elle a pas de temps à perdre l’Irish. Faut dire, elle avait pas chercher à trop négocier, ni quand je lui ai proposé cette histoire de jouer le couple parfait, ni quand je lui ai dis que c’était pour aujourd’hui. « Elle va arriver. » j’lui ferai signe quand elle passera le pas de la porte. J’ai l’impression d’être nerveux, mes doigts claquent contre mon verre, mon genoux tremblote. C’est quoi ce bordel ? « Tu n'as quand même pas changé d'idées mon amour ? » Un sourire nerveux apparait sur mon visage, c’est bien la première fois qu’on m’appelle comme ça. C’est presque crédible. « Je savais que t’étais flippante. » mais à c’point ? C’est comme ça, qu’elle a réussi à duper tout l’monde avec Saul ? « Elle va arriver, j’t’ai dis. » non, j’ai pas changé d’idée. « tu la vois, tu tape une belle crise de jalousie, tu te menaces presque de t’ouvrir les veines si elle revient dans l’coin, elle flippe, elle se barre et c’est gagné pour tout l’monde. » j’vais loin, mais j’suis sûre qu’Elise saura jouer la parfaite drama queen.

« Elle va arriver. » Ah donc elle sera là. Il aurait pu te dire l'identité de cette fameuse mère de son fils. Tu aurais pu mieux te préparer. C'est toujours mieux d'avoir quelques informations sur l'autre personne quand vient le temps de faire des menaces crédibles. Il est nerveux, Dinis. Tout son nom verbal le trahit. Sa jambe qui tremble. Ses doigts qui s'impatiente. Son rire qui n'a rien d'un rire. Tout. Ça va pas le faire. Il n'est pas prêt. Tu peux quand même lui donner ça; la nervosité lui va drôlement bien.

« Je savais que t’étais flippante. »
« Merci. »

Faut savoir prendre les compliments quand il passe. Et tu n'auras jamais rien de mieux que ça venant de sa part. « Elle va arriver, j’t’ai dis. » Répète le encore. Peut-être que ça l'a fera arriver plus vite. Tu viens lui arracher le verre qu'il a entre les mains pour le porter à tes lèvres. De toute façon, il est tellement préoccupé à regarder aux trente secondes si la tarée n'est pas arrivée qu'il le boit même pas. Il devrait prendre un truc plus fort, ça lui calmerait peut-être les nerfs. « tu la vois, tu tape une belle crise de jalousie, tu te menaces presque de t’ouvrir les veines si elle revient dans l’coin, elle flippe, elle se barre et c’est gagné pour tout l’monde. » C'est pour ça qu'il ne faut jamais laisser les hommes s'occuper des plans. On perdrait à tous les coups. Il n'y a qu'une femme pour savoir comment en faire fuir une autre.

« Pour commencer, tu arrêtes ça. » que tu débutes en plantant tes ongles dans la cuisse pour qu'il arrête de la faire sauter - moins d'une minute et il t'énerve déjà. Parfois, il faut utiliser un peu de brutalité pour que le message passe du premier coup. Il a clairement besoin d'être ramené à l'ordre. Une gifle, ça lui remettrait les idées en place ? Tu gardes l'idée pour plus tard. Comme vous n'avez pas droit à l'erreur… « Contente toi de la fermer et tout va bien aller. » Il est trop nerveux, trop impliqué émotionnellement. Il fera tout raté en moins d'une minute. « Fais-moi confiance, j'ai fais ça des milliers de fois. » Menacer les autres tu veux dire. Pas menacer de t'ouvrir les veines comme il l'a gentiment proposé. Amateur. « Tu peux faire ça ? » Te faire confiance ? Tu n'as aucune confiance en lui et tu sais que l'inverse est vrai - et avec raison. Mais là dessus, il devrait. Tu vas pas merder. T'es intention son purement égoïste. Sans confiance, ça ne va pas le faire. Si tu n'as ni sa confiance, ni carte blanche, tu pars. C'est perdu d'avance. De toute manière, encore faut-il qu'elle se pointe. Tu lui donnes dix minutes pour arriver avant que ta patience s'effrite. Toi, tu peux faire attendre tout le monde, mais personne ne te fait attendre.

« Pour commencer, tu arrêtes ça. » Et je comprends aussitôt à quoi elle fait référence quand ses griffes viennent s’implanter dans ma peau. On aura jamais été aussi proche qu’aujourd’hui dis donc, je crois même que c’est la première fois qu’Elise me touche de son plein gré. Ma jambe se stabilise et mes yeux s’implante dans les siens, de la même manière que ses ongles s’implante à travers mon jean. C’est bon, elle peut me lâcher. « Contente toi de la fermer et tout va bien aller. » est-ce que mon plan ne lui conviendrait pas ? Elle a mieux à proposer, j’ai l’impression. « je t’écoute. » qu’elle m’expose le plan, de son point de vue, puisque madame semble savoir y faire depuis tant d’année, la manipulation et le mensonge. Elle est comme un poisson dans l’eau Elise. Et contre toute attente, on est pas sur mon terrain de jeu là. A croire que j’lui avait donné un sacré avantage. « Fais-moi confiance, j'ai fais ça des milliers de fois. » exactement ce que je disais… et si j’avais jamais eu confiance en elle, je crois qu’elle m’avait suffisament démontré de quoi elle était capable pour savoir que là, je pouvais la croire. De toute façon, c’est bien pour cette raison que je m’étais tourné vers elle non ? Pourquoi je n’avais pas simplement demandé à Camille de jouer ce role ? Parce qu’elle avait Norman ? Absolument pas, le fait qu’elle soit bientôt marié ne changeait rien, c’est surtout parce que je la savais trop douce et incapable de remplir ce rôle, de faire semblant à tel point que ce soit crédible. Elise savait être crédible, à tout point de vue. Le pitoyable ne tue jamais. « Tu peux faire ça ? » je regarde une dernière fois vers l’extérieur avant de lui répondre. « J’peux faire ça. » c’est beaucoup plus facile à dire que : je te fais confiance. Parce que en même temps, ca m’fait aussi mal de l’admettre. Parce que là, Elise était ma seule alliée et j’aurai jamais pensé pouvoir dire ça un jour.
« Elle arrive. » putain, elle arrive. Elle est encore dehors mais elle s’apprête à rentrer, il manque quelques secondes pour qu’elle passe cette porte mais la brune s’arrête juste devant l’entrée du café. « Qu’est ce qu’elle fou ?» ça y est, ma jambe se met à nouveau à trembler sous la table et ma main cherche le verre qu’Elise m’avait dérobé y a quelques secondes. Et la voilà qui pousse enfin la porte du bar. Là, je regarde Madame Irish, parce qu’elle m’a dit de ne rien faire et de la laisser prendre en main les cartes. Elle me cherche du regard dans le bar et je prends un air assuré pour lui faire signe de venir. Elle s’approche, elle a un air totalement surpris sur la tête, elle regarde plus Elise que moi, elle sait pas c’qu’elle fou là, elle non plus. Elle porte encore plus son air de psychopathe toxico sur la gueule.

« Elle arrive. » Et c'est le retour de la jambe qui branle. Mince, trop tard pour la gifle si elle est déjà là. « Qu’est ce qu’elle fou ?» Ton bras s'enroule autour du sien alors que tu suis son regard vers la fenêtre pour voir la seule fille qui tient la poignée entre ses mains sans l'ouvrir. Donc, c'est elle. C'est ce genre de fille là qu'il se tape ? Elle a l'air de faire le trottoir pour arrondir ses fins de mois. C'est de ça qu'elle avait l'air aussi y'a seize ans ? C'est peut-être ça aussi, une prostituée qu'il s'est payé dans le temps. Il aurait mieux fait d'investir son argent ailleurs. « File lui un peu d'argent. Avec de la chance, elle crèvera d'une overdose. » Pas de pitié pour le petit peuple. De toute façon, avec ou sans aide, c'est sûrement comme ça qu'elle finira; morte dans une ruelle avec personne pour la pleurer. Ce serait un véritable cadeau pour son gamin.

Au moins, Dinis réussit à reprendre un semblant de contenance quand elle entre vraiment dans le commerce. Elle le cherche du regard, même d'ici, tu peux lire la surprise dans son visage quand elle le repère. Ah bien sûr, il ne l'a pas prévenu qu'il ne viendrait pas seul. Elle avance vers vous d'un pas hésitant. Son regard se promène entre Dinis et toi, surtout toi en fait. C'est un silence à glacer le sang qui s'installe quand elle arrive enfin devant votre table et qu'elle y prend place - ou c'est peut-être le regard que tu lui lances qui lui glace le sang, avec raison. Elle ne devrait pas prendre le temps de s'asseoir. Elle ne restera pas longtemps. C'est facile de voir qu'elle n'a aucun moyen de gagner sa cause. À sa place, tu serais déjà reparti. Tu ne sais pas ce qu'elle veut, mais elle le veut vraiment. « On sait tous les trois que ce que tu racontes, c'est qu'un paquet de conneries. » que tu débutes vu que personne ne semble vouloir briser le silence. Bon, la vérité est totalement le contraire; tout le monde sait que c'est vrai sinon ce petit jeu n'aurait pas lieu. Peu importe la vérité, la version officielle sera celle que tu lui imposeras. Et elle n'a pas son mot à dire. Tu relâches finalement le bras de ton cher mari pour venir poser tes bras sur la table en te penchant vers elle. « Donc la prochaine fois que tu te pointes chez moi à faire de fausses accusations contre mon mari, t'as intérêt à venir avec une lettre de convocation à un procès, parce que moi je vais t'en coller un pour harcèlement et diffamation. » Franchement, qu'elle le fasse, ce sera encore plus simple. Y'a rien de plus facile à manipuler qu'un procès. Avec de la chance, elle pourrait même croire que c'est votre mensonge qui est la vérité. Mais elle n'a pas d'argent, pas d'avocat, tu en es certaine. Tu doutes très fortement que le nom de Dinis se trouve sur l'acte de naissance du gosse. Il lui doit que dalle juridiquement parlant. « Tu crois qu'elle serait crédible dans un procès ? » que tu demandes en tournant la tête vers Dinis. Question complètement rhétorique. Qui croirait une junkie ? « Non, j'crois pas non. » Ça, c'est vrai. Et elle le sait. Allez dégage connasse. Rends-moi la vie facile que j'puisse me débarrasser de lui en un claquement de doigts.

« File lui un peu d'argent. Avec de la chance, elle crèvera d'une overdose. » Qu’elle était odieuse, Elise. Je le savais puisque j’étais souvent l’objet de ses invectives et pour une fois, n’étant pas sa victime, je pouvais presque trouver cela à mon goût. Ce cynisme m’arrachait presque un sourire sur les lèvres, mais j’étais encore un peu trop tendu pour se permettre de rire de bon cœur. Mais Elise savait bien je n’étais pas du genre à aligner les chèques et les billets, ce n’était pas ma façon de faire, je préférais ramasser la monnaie plutôt que de la gâcher pour d’autres personnes. Surtout une toxico. Les femmes comme elle avait surement créé une accoutumance à toutes les drogues dures et les overdoses les craignaient plus que l’inverse.
Elle s’approchait, toujours ce regard flippant fixé sur Elise, elle était comme hypnotisée par sa présence, interloquée, elle ne comprenait rien à ce qu’elle faisait ici et finalement, moi-même je n’y voyais pas vraiment de sens. Je laissais la suite du scénario entre les mains de ma femme, Elise Irish, aussi persuasive qu’elle pouvait l’être. Si elle ne m’avait jamais réellement fait peur, connaissait ses faiblesses, je savais qu’elle pouvait traumatiser n’importe quelle autre femme. Voir n’importe quelle autre personne. Les homme n’y échappaient pas. Elle entrait directement dans le vif du sujet à partir du moment où la mère de mon soit disant gosse s’était assise en face de nous. « On sait tous les trois que ce que tu racontes, c'est qu'un paquet de conneries. » Comment elle fait ? Comment Elise fait pour se montrer aussi convaincante dans son mensonge ? Sa fameuse pose avec ses coudes plantée dans la table, elle me fait le coup bien assez de fois pour ne plus connaitre ses méthodes. Ça prend pas avec moi, ça prend avec les autres, forcément. Elle a ce regard intimidant, que je ne peux que lui reconnaître. Si elle me fait toujours rire, cette fois ci, je m’y prendrai au jeu aussi. « Donc la prochaine fois que tu te pointes chez moi à faire de fausses accusations contre mon mari, t'as intérêt à venir avec une lettre de convocation à un procès, parce que moi je vais t'en coller un pour harcèlement et diffamation. » pas sûre qu’elle connaisse la définition de ces mots-là. Elise se tourne vers moi alors que l’autre n’a pas sortie un seul mot depuis qu’elle est là. Même pas sûre qu’elle capte vraiment ce qu’il est en train de se passer, comme si elle était totalement anesthésiée. « Tu crois qu'elle serait crédible dans un procès ? » est-ce vraiment la peine de répondre à sa question ? Elise menait la scène « Non, j'crois pas non. » elle a raison, elle sera pas crédible, mais y a un truc au fond de moi qui m’dit que ça fonctionnera pas. Et d’autant plus quand la Whelan se met à rire devant notre nez. « J’m’en fou que tu sois madame Irish ou pas. J’veux que mon fils rencontre son père. » et c’est là qu’elle m’accorde un peu d’interet, merde. « J’veux que tu rencontre ton fils, Dinis ! Parce qu’il a trop longtemps demandé qui était son père et maintenant que je t’ai retrouvé, faut que tu lui donne ce droit. » je savais que ce serait pas si facile. Je savais qu’il suffirait pas qu’on joue le couple un peu creepy pour qu’elle nous laisse tranquille. « J’viendrai plus chez vous. Mais j’veux juste que mon fils connaisse son père. » et cette putain de jambe qui se remet à trembler. « Ca n’a aucun sens… » que je lâche, ce petit jeu n’a aucun sens, cette envie soudaine de connaitre son père n’a aucun sens, cette journée n’a aucun sens. « J’veux pas le voir. Je veux pas être son père. Je ne suis pas son père. » est-ce que là, c'était assez clair?

Tu avais le regard viré vers l'extérieur, vers cette fille aka la victime du jour lorsqu'un rictus sur le visage de Dinis attira soudainement ton attention. C'est un sourire ça ? Ça en a tout l'air, malgré tout la subtilité. Tu sais pas si c'est à cause de la nervosité ou le désir de le garder secret, mais trop tard, tu l'as vue. Tu vois toujours tout. Il finira bien par l'apprendre de lui-même. « J'te fais sourire ? C'est nouveau ça. » Y'a bien des choses qui sont nouvelles dans cette scène, mais elles sont toutes fausses. Quelque part à travers tout ce mensonge, il semble y avoir un peu de vrai qui se gratte, comme une certaine complicité le temps de quelques secondes seulement qui t'arrache un sourire à ton tour. C'est rapidement interrompu par l'entrée de la nouvelle, et dernière, joueuse - parce que tout ça n'est qu'un jeu, c'est dommage qu'elle soit pas au courant.

C'est un peu insultant qu'elle se mette à rire après ton discours/menace. En ce moment, c'est même plus de la comédie la haine qui se lit dans ton regard. « J’m’en fou que tu sois madame Irish ou pas. J’veux que mon fils rencontre son père. » Ah voilà! Tu lui as bien dit à Dinis aussi que c'était stupide cette histoire de mariage heureux. Tu savais déjà que ça ne changerait rien à ses désirs. Elle veut un père pour son fils. Elle n'est pas venu récupérer son homme. « J’veux que tu rencontre ton fils, Dinis ! Parce qu’il a trop longtemps demandé qui était son père et maintenant que je t’ai retrouvé, faut que tu lui donne ce droit. » Tu lèves les yeux au ciel devant son discours pathétique. Ça lui a quand même pris seize ans pour le retrouver. C'est grand Brisbane, mais pas tant que ça. À quel point elle est crédible ? « J’viendrai plus chez vous. Mais j’veux juste que mon fils connaisse son père. » Et le retour de la jambe qui branle pour la troisième fois. Sérieux, t'es à deux doigts de lui planter la fourchette directe dans la cuisse (pour équilibrer son cul) Dommage que tu n'en ait aucune à disposition. Tu te contentes de venir ré-appuyer ta main dessus pour qu'il arrête. Moins violent, mais y'a du public, une comédie à acter et blablabla. « Ca n’a aucun sens… » Sérieux. Il a l'air terrorisé. Il a déjà oublié que la seule chose qu'il avait à faire, c'était de se la fermer ? « J’veux pas le voir. Je veux pas être son père. Je ne suis pas son père. » Et le prix du père de l'année revient à….

Bon, ok, plan B. Tu fouilles dans ton sac à main pour en ressortir une carte d'une clinique médicale entre tes mains. « Un test de paternité. Demain. » Il a dit qu'il te faisait confiance Dinis. Il a intérêt à s'en rappeler et pas essayer de t'interrompre dans ta démarche. Demain, pas de temps à perdre. Tu as un divorce à enclencher. « Si c'est négatif, tu nous laisse tranquille. » Et elle a déjà arraché la carte de tes mains avant d'entendre la suite de ta phrase. C'est pas bon signe pour lui, mais ça ne change rien au plan. « Ce sera positif. » Ah. Évidemment. Elle est vraiment sûre de son coup. Elle risque d'avoir un sacré choc en voyant le contraire. Ils ont vraiment été ensemble ou quoi ? « Alors, il est mort. » Quoi ? Il voulait que tu joues les jalouse ? Tiens voilà, c'est fait. Pas de chance pour lui, elle ne doit pas tenir à sa vie puisqu'elle semble toujours déterminée à prouver la paternité de Dinis. Au moins, la solution lui convient (pour l'instant du moins) et tu réussi enfin à t'en débarrasser.

« L'overdose serait vraiment plus efficace. » que tu lui dis en regardant sa silhouette s'effacer jusqu'à l'extérieur. « Elle viendra pas. » Demain. À la clinique. Elle n'a pas l'air super fiable. Suffit qu'elle consomme un peu trop et elle oubliera toute cette petite discussion. C'est compliqué d'essayer de négocier avec les drogués. Et y'a pas de plan C au cas où il l'espère encore.

 « J'te fais sourire ? C'est nouveau ça. »  fallait bien qu’elle le souligne. J’ai presque envie de dire qu’Elise est devenu le dernier de mes soucis depuis que cette nana est revenu comme un fantôme chez moi. Si seulement elle était revenue seule, en me disant qu’elle m’avait jamais oublié, j’aurai vraiment aucun scrupule à lui dire qu’elle est réellement tarée et qu’elle devrait aller se faire soigner. Mais le problème, c’est qu’elle vient avec un gosse en plus de ça. Même si elle était toujours pas foutu d’me dire comment il s’appelait d’ailleurs. Mais j’avais comme l’intuition qu’elle disait pas que des conneries. Si dans un premier temps, j’avais eu envie de lui rire au nez, le fait que tous ses souvenirs soient si claire et si limpides, ça me donnait plus des frissons dans l’dos qu’autre chose. Mais Elise avait les idées fraiches. Elle avait du recule, était objective et c’est exactement ce que j’étais venue chercher en me pointant chez elle. De l’objectivité. Ce que toutes les femmes de mon entourage n’aurait pas été capable d’avoir. Enfin bref, sa remarque ne mérite pas de réponse et puisque nous avons une invité à notre table, j’ai rien besoin d’ajouter.
Elle arrive à m’faire douter de tout. Maintenant, la seule solution, c’est d’se lever et de se barrer. Faire le mort. Déménager, aller m’installer chez une de mes sœurs ou encore aller squatter le canapé ou la chambre d’ami de Norman et Camille pour les prochaines semaines. Jusqu’à leur mariage tiens, bonne idée pour s’assurer que leur couple tienne la route, y a qu’à avoir un squatteur à la maison pour voir s’ils peuvent surmonter cette épreuve. S’ils me supportent jusqu’en février, je leur dit chapeau et je leur souhaite de beaux jours jusqu’à leur fin de vie.
Elise rattrape le coup, elle s’agite à côté de moi, elle fouine dans son sac à main, tête baissée, elle a l’air de savoir parfaitement ce qu’elle fait puis sort une carte de visite. C’est quoi ça ? « Un test de paternité. Demain. » je manque de m’étouffer. C’est une blague ? Elle a tout prévu ? Même ça ? Elle sait qu’elle me fou une balle dans l’pied là ? Parce que si j’suis vraiment le père, dans 24h, j’suis foutu, pour de bon. Là au moins, j’avais juste le bénéfice du doute, j’pouvais encore remettre sa parole en cause. Mais demain, c’est fini tout ça. « Si c'est négatif, tu nous laisse tranquille. » elle a l’air beaucoup trop sûre d’elle. « Ce sera positif. » et elle encore plus. Je m’élance, dos plaqué contre le dossier de ma chaise. Quel bordel.  « Alors, il est mort. » je souris, nerveusement. Je suis déjà un homme mort. « A demain. » qu’elle lance, l’autre folle avant de disparaitre, comme si elle était bien calmée et qu’elle connaissait déjà la réponse.
« L'overdose serait vraiment plus efficace. » là, j’suis assez d’accord avec elle. Je garde un œil sur la vitrine, vers l’exterieur pour m’assurer qu’elle s’éloigne réellement jusqu’à ce qu’elle disparaisse aussi de mon champ de vision.  « Elle viendra pas. » je me tourne alors à nouveau vers Elise. « C’est quoi cette clinique ? » je regarde le serveur et lui fais signe de s’approcher. « Si j’suis l’père ? » elle va m’dire qu’elle a les moyens de truquer les résultats aussi ? J’en serai même pas surpris tiens. « Vous mettrez deux martini secs et bien frais. » c’est ma tournée tien. « En tout cas, tu sais t’montrer convaincante. » quelle merde.

C'était prévisible que la gorgée passe de travers lorsqu'il a entendu les mots test de paternité Mais ça va, il n'a ni recraché par terre, ni émis un commentaire refusant de passer ce dit test. Il l'a sûrement crié à de nombreuses reprises dans sa tête. Il préfère rester dans le dénis Dinis. Il fera bien ce qui lui chance si faire semblant de pas savoir soulage sa conscience. T'es pas là pour le juger, mais pour le sortir de ses problèmes. La fille en face de vous ne se fait pas prier pour prendre la carte que tu lui tends. Ça se voit facilement; elle est convaincue de ce qu'elle avance concernant la paternité de ton faux-vrai-mari. Elle part en vous faisant la promesse d'être là demain. Ouais, ouais, c'est ça. Tu serais pas surprise d'avoir un appel dans 1 mois parce qu'elle se pointe là-bas avec son gamin sans prévenir. Mieux vaut tard que jamais. « C’est quoi cette clinique ? » Il risque d'être déçu s'il espérait que ce soit l'hôpital psychiatrique. C'est une clinique comme une autre. C'est juste qu'elle est privée et qu'il y a des gens vraiment compétents qui y travaille. Pas comme au public où ils engagent n'importe qui. « Ils donnent des médocs pour l'anxiété aussi si ça t'intéresse. » que tu lui dis avec un sourire en coin en lui donnant une deuxième carte pour lui. Voilà maintenant les deux parents ont l'adresse qui les mèneront à la vérité - ou au mensonge, c'est selon.

« Si j’suis l’père ? » Il est nerveux. Il trouve sûrement que ton plan n'a pas de sens, mais le sien était carrément débile. Elle l'a déjà dit qu'elle en avait rien à faire que tu sois sa femme ou pas. « J'suis sûre que tu l'es. » que tu lui réponds au cas où il voudrait ton avis sur la chose. Tu es rempli d'intuition. Tu te trompes rarement, mais ça, il ne le sait pas encore. Il reste encore l'option où c'est qu'une pauvre camée qui raconte n'importe quoi, mais elle a l'air bien lucide sur ce sujet. Mais bon, ce n'est que ton impression. Dinis fait signe au serveur de s'approcher. Il semble avoir besoin d'un verre pour digérer la rencontre. « Vous mettrez deux martini secs et bien frais. » Deux ? Deux pour lui ? Ce ne serait sûrement pas de trop. Un pour toi ? Il veut vraiment prolonger ce moment ? Il ne veut sûrement juste pas se retrouver tout seul avec ses pensées. « En tout cas, tu sais t’montrer convaincante. » Quoi il en doutait vraiment ? « Imagine comment je le serais si tes histoires m'intéressaient vraiment. » Tu veux que ça marche pour qu'il tienne sa promesse de signer les papiers, mais pour le reste. Bof, tu t'en fou un peu qu'il se retrouve ou non avec un gamin entre les pattes. Il faut savoir assumer ses conneries. Le serveur revient quelques minutes plus tard avec les deux verres qu'il pose devant vous. « C'est quoi l'histoire avec elle ? » que tu lui demandes en prenant l'un des verres entre tes mains. Pas que ça t'intéresse vraiment ça non plus. Mais il n'y a jamais trop de détails si jamais il faut mettre un plan C en marche. « Elle a l'air d'une prostituée. » que tu ne peux pas t'empêcher d'ajouter. Bon, il faut dire que ça ne te prend pas grand chose pour qu'une fille entre dans la catégorie traînée, mais t'es pas certaine de vouloir savoir tout ce qu'elle a bien pu faire dans sa vie pour une dose de plus.

« Ils donnent des médocs pour l'anxiété aussi si ça t'intéresse. » c’est un sourire gras qui sort de ma bouche, pas besoin de ça, les médocs, j’en avais jamais pris et l’anxiété, je connaissais pas. « J’suis pas anxieux. » que je balaie rapidement. Elle sait pas faire la différence entre un moment critique qui vaut vraiment la peine de se prendre la tête et l’anxiété ? J’suis pas malade, moi. Par contre, j’me demande comment elle, elle peut savoir tout ça. Mais je serai vraiment pas étonné de savoir qu’elle se shoote tous les soirs avec une tonne de médicament pour se forcer à dormir. Il doit se passer trop de chose dans sa tête pour trouver le repos et la force de se laisser aller au pays des rêves. Et pour supporter la vie qu’elle a, ca doit sans doute lui permettre d’être plus forte. Non, j’ai pas besoin de ça, j’lui laisse volontiers. Par contre, je glisse quand même la carte dans ma poche, je verrai bien si j’m’y pointe demain ou pas. Je sais absolument pas si c’est une bonne idée et en même temps, si je n’y vais pas et que l’autre se décide, ca va encore me tomber dessus. Vraiment, pour le coup, je sais pas si je dois remercier Elise ou pas mais je sens qu’au final, celle qui va s’en sortir au mieux, ce sera elle.
« J'suis sûre que tu l'es. » j’aurai dû me douter, qu’elle était pas là pour m’aider. Bien sure que non, c’était pas le deal. Le deal c’était qu’elle coopère juste pour avoir ses papiers du divorce signé, sauf que là, elle me la met à l’envers. Ce martini, il sera pas de trop. « Imagine comment je le serais si tes histoires m'intéressaient vraiment. » j’ai l’impression d’être le vrai couillon d’l’histoire, vraiment. « Moi j’crois que tu serai pas là, si ca t’intéressait pas un minimum. » c’est du bluf ? J’en sais rien. Je sais même pas c’qu’on fous là, tous les deux. « le deal, c’est qu’elle disparaisse. » que je lui rappelle, des fois qu’elle oublie qu’il suffit pas juste de me foutre un môme sur le dos.
« C'est quoi l'histoire avec elle ? » est-ce que vraiment y a eut une histoire un jour ? Je prends le verre de Martini qui m’est destiné, laissant Elise s’enivrer avec le second. Après tout, tous les deux dans le même bateau aujourd’hui. « Elle a l'air d'une prostituée. » je lève les yeux au ciel. J’suis pas un enfant d’cœur, on peut pas dire que j’ai jamais été faire un tour sur les grande avenues de Brisbane, mais de là à être si con pour faire un gosse à une prostitué… « Pas du tout. » ca sonne presque comme si j’prenais sa défense tout d’un coup. « Nan, on s’est fréquenté, deux ou trois fois, rien de plus. » et ca m’a pas tant marqué parce que j’l’ai même pas reconnu quand elle s’est pointé avec un de ses fils plus âgé chez moi. « Y a pas d’histoire pour te faire vibrer. On a flirté, on a couché, ca s’est fini. J’suis pas du genre à donner systématiquement des nouvelles. » surtout y a quinze à vingt ans. « J’veux personne sur le dos, suffit d’me faire comprendre qu’on s’attache un peu trop à moi pour que ça m’suffise à plus donner d’nouvelle. » et c’est surement ce qu’il s’était passé. « dieux merci, y avait pas de téléphones portables . Crois moi, ça, c’est le grand mal de notre époque. » que je lance en pointant mon smartphone du doigt. « j’ai l’impression qu’elle a mal tourné. » une impression, vraiment ? J’mettrai ma main à couper qu’elle avait pas cette tête de camée y a seize ans.

« J’suis pas anxieux. » Peut-être pas en général. Oz a l'air du genre insouciant que rien ne l'affecte. Mais là aujourd'hui, il a l'air d'être un peu sur les nerfs. Il a l'air mort de peur, voilà. « Non, t'es terrorisé. » C'est qu'un enfant. De quoi il a peur ? En plus, il a seize ans. Le pire est déjà fait. Il est déjà élevé - sûrement mal élevé à voir sa mère, mais élever quand même. « Moi j’crois que tu serai pas là, si ca t’intéressait pas un minimum. » Tu lèves un sourcil, attrape ton verre pour venir en prendre une gorgée. Non, tu ne serais pas là si tu n'aurais rien à en tirer. « Mh, c'était amusant. » À chacun sa manière de s'amuser, hen. Ce l'est encore plus quand les conséquences d'un échec te concernent plus ou moins. Si ça ne marche pas, il reste encore les démarches juridiques pour divorcer. Là, c'est la solution facile. C'est la négociation d'un divorce à l'amiable, mais y'aura autre chose si ça ne fonctionne pas. Tandis que pour lui, c'est d'avoir un enfant à charge ou pas. « le deal, c’est qu’elle disparaisse. » C'est vraiment possible de se débarrasser de quelqu'un comme elle ? Elle ne doit respecter aucune promesse. Elle ne doit même pas se souvenir des promesses qu'elle fait. Elle a dit qu'elle ne reviendrait pas chez Dinis. T'es pas certaine qu'elle va vraiment respecter ça. « Espère qu'elle te laisse tranquille quand le test lui dira que t'es pas le père. » Il faut surtout espérer qu'elle réussisse à croire ce mensonge, qu'elle se dise que c'est peut-être un tel finalement.

« Pas du tout. » Pas une prostituée y'a seize ans donc. Ça veut pas dire que ça en est pas une aujourd'hui. Si tu devais la chercher au travers des rues de Brisbane, c'est clairement sur la rue des putes que tu commencerais. « Nan, on s’est fréquenté, deux ou trois fois, rien de plus. » Deux ou trois fois de trop, c'est sûrement ce qu'il se dit maintenant. Il s'est sûrement éclaté à l'époque. Les conséquences sont pas mal moins fun aujourd'hui. « Y a pas d’histoire pour te faire vibrer. On a flirté, on a couché, ca s’est fini. J’suis pas du genre à donner systématiquement des nouvelles. » Tu m'étonnes. Bon, ça reste rien de très officiel qui vient avec la fidélité. Donc, c'est sûrement possible qu'elle est un deuxième prétendant en titre du père de son fils. « J’veux personne sur le dos, suffit d’me faire comprendre qu’on s’attache un peu trop à moi pour que ça m’suffise à plus donner d’nouvelle. » Qui est-ce qui s'attacherait à cet idiot ? Ça ne doit pas lui arriver souvent. « C'est ça le secret pour se débarrasser de toi ? Avoir su j'aurais essayé plus tôt. » que tu lui dis en haussant les sourcils. Plus tôt comme dans des années plus tôt. Tu t'aurais éviter bien des sommes d'argent liquidé pour rien. Et surtout ce foutu mariage à la con. Tu te serais marié quand même s'il n'avait pas été là ? Est-ce que ça pourrait être pire ? Possible. «  dieux merci, y avait pas de téléphones portables . Crois moi, ça, c’est le grand mal de notre époque. » Tu lèves les yeux au ciel. Pas facile la vie du mec qui ne peut pas disparaître de la nature à cause de son portable qui est traçable. « j’ai l’impression qu’elle a mal tourné. » « L'impression ? » que tu répètes en riant, portant de nouveau le verre à tes lèvres. Non, ce n'est pas qu'une impression. Elle a vraiment mal tourné. Tu te demandes depuis combien d'années son fils a une mère dans un tel état. « T'es pas possible. T'en as d'autres des problèmes comme ça ? » que tu lui demandes par la suite. C'est bien la première fois que tu sais quelque chose sur lui. Oz, personne ne sait rien sur lui, absolument rien de rien. Et il sait tout sur tout le monde. Il te laissera sûrement pas en savoir plus. Tu peux même essayer de gratter un peu plus d'information.

« Non, t'es terrorisé. »je préfère pas répondre, me défendre serait comme lui donner raison alors que j’veux juste simplement qu’on m’foute la paix. Toute ma vie était basée sur le libre arbitre, le fait de ne jamais rien devoir à personne, de prendre mes responsabilités de mec seul et automone. Une vie qui m’convient parfaitement, même si, la réalité c’était que j’étais toujours dépendant de tout le monde. Mon taf en lui-même dépendait des autres et sans eux, sans ces camés, sans les personnes avides de succès, de pouvoir, d’influence, je n’étais rien. Sans ceux qui, comme Elise avaient un besoin de reconnaissance absolu, non pas pour ce qu’ils étaient mais pour ce qu’ils représentaient, ceux qui, comme Elise voulaient à tout prix sauver les apparences et étaient prêt à absolument tout pour rester crédible. Je me demandais bien ce qui avait bien pu arriver dans sa vie pour en venir là. Qu’est-ce qui avait dérapé un jour pour avoir ce besoin de crédit aux yeux de tous, au point que c’était un but, une raison de vivre. Pourquoi ? « Mh, c'était amusant. » Je n’aime pas me poser de question, je n’aime pas faire semblant d’analyser ce monde qui m’entoure. J’en ai pourtant pas mal des idées, des clichés, des préjugés, des déconstructions à faire. J’peux pas m’empêcher de coller des mots et des étiquettes sur des attitudes, sur des comportements. J’peux pas m’empêcher de jouer le psy des fois, entre moi et moi-même, n’allez pas croire que j’cherche à connaitre le fond des problèmes de tous ceux qui m’entourent, j’aime m’inventer des histoires, j’aime créer des histoires. C’est le but de mon travail aussi, de déformer une réalité, avec un angle de vue, avec des prises sorties d’un contexte, des moments volés. On peut faire dire ce qu’on veut à une image, on peut en sortir milles et unes interprétations. J’aime ça, interpréter, inventer des histoires de vies. Sans jamais m’intéresser à la réalité, parce que dès que ça devient trop vrai, ma réalité, c’est que ça m’fait trop flipper. Par peur sans doute. La peur de m’intéresser un peu trop, de m’impliquer, de ressentir des choses peut être. Mon problème ? Vivre au jour le jour mais sans être capable de sentir les ondes de choc, l’adrénaline me fait peur, les sensations me font peur. Toutes.
« Espère qu'elle te laisse tranquille quand le test lui dira que t'es pas le père. » c’est là, que ça devient intéressant, c’est là qu’Elise est intéressante. Comme si, le fait qu’un papier, juste ou falsifié, ne dise qu’aucun de mes gênes ne soit inscrit dans son ADN me suffit à me retirer toute responsabilité et crédit auprès de ce môme et de cette femme. « Ca fera une désillusion en moins pour ce gosse. » qui pourra encore espérer que son père est un héros, un mec bien, un mec qui quelques part se demande aussi où se trouve son fils, s’il pourra le retrouver un jour et partager des moments de complicités avec lui. Pas un lâche qui veut juste continuer à vivre sa vie sans avoir de question trop compliquée à se poser.
Et je sais pas comment on en est venu là. Elise et moi, à une même table, pour parler autre chose que de chantage – enfin, presque – pour parler du temps qui passe, de cette femme qui a croisé ma route un jour et qui seize ans plus tard réapparait avec une belle surprise en prime. J’me demanderai presque, s’il y en avait d’autres, des orphelins comme lui ? Nan, ca va trop loin. Un, c’est déjà bien suffisant, déjà bien de trop.
« C'est ça le secret pour se débarrasser de toi ? Avoir su j'aurais essayé plus tôt. » malheureusement pour toi Elise, ça marche pas comme ça. « Le problème, avec toi… » ou avec moi ? « c’est que mon amour pour l’argent est bien plus fort que mon amour propre. » et Elise savait bien que mon amour propre était lui-même à un tel niveau… enfin, là, je ne lui apprenais sans doute rien. « Et ton amour pour des apparences parfaite est bien au-delà de mon amour pour l’argent. » bon, là, c’est gratuit, c’est pas si méchant et à nouveau, je ne lui apprends rien.
« T'es pas possible. T'en as d'autres des problèmes comme ça ? » je secoue la tête, j’ai beau chercher, j’ai pas de merde plus grosse que celle-ci qui m’soit tombé dessus au cours des dernières années, voire même, dans mon existence. J’ai pas toujours été un mec bien, un mec fiable, je le suis toujours pas, j’hésite pas à tourner une situation à mon avantage s’il faut que ça nuise à quelqu’un d’autre, j’hésite pas à m’barrer en courant quand j’ai l’impression que tout m’échappe. C’est c’que j’ai fais avec Lenore, j’me suis barré quand elle a perdu son bébé, j’me suis barré alors que j’vais d’assister et d’immortalisé son accouchement, j’me suis barré alors que moi-même, je l’ai vu mettre au monde son bébé mort-né…Même Elise pourrait pas entendre une chose pareil. Alors ça parait long, ce silence, cette rétrospective qui mériterait peut être bien un mea culpa. Mais Lenore s’était pas décidé à reprendre contact avec moi, elle m’épargnait une épreuve de plus. Merci. « Contrairement aux apparences, j’suis quelqu’un de plutôt clean… » si mon expression favorite n’était pas la fin justifie les moyens. Je bois enfin ce verre, cul sec. « Est-ce que tu m’autorise à te raccompagner ? » ah ?

« Le problème, avec toi… » Wow. Ça commence super bien sa phrase. Juste un problème ? Il est sûre ? Tu te retournes vers lui pour lui faire face. Vas-y, dis-moi c'est quoi mon problème ? « c’est que mon amour pour l’argent est bien plus fort que mon amour propre. » Ça, tu l'as compris au fil des années passées à le côtoyer à ton grand malheur. Mais il veut en venir où avec ça ? « Et ton amour pour des apparences parfaite est bien au-delà de mon amour pour l’argent. » C'est un sourire malicieux qui se glisse sur tes lèvres. Quelle apparence parfaite ? Il n'y a plus rien de tout ça qui ne tienne encore debout aujourd'hui. Tout s'est écroulé depuis ton (premier) divorce. « J'trouve plutôt qu'on se complète bien, non ? » Quand ton amour pour les apparences parfaites vient justement combler son amour pour l'argent. L'un n'est pas supérieur à l'autre. Ils se complètent tout simplement. « Arrête de faire comme si tu me connaissais. Deux-trois secrets de famille, c'est pas toute une vie. C'est pas faux de dire qu'il en connaît plus sur toi que bien des autres, qu'il connaît plusieurs versions de toi-même, sait probablement déceler le vrai du faux, mais non, il ne te connaît pas. Il ne connaît que le plus superficiel comme tout le monde.

« Contrairement aux apparences, j’suis quelqu’un de plutôt clean… » Ennuyant à mourir. Il te fait lever les yeux au ciel. S'il n'y a que ça comme squelette dans le placard, c'est plutôt ennuyeux. Il est sûrement trop occupé à emmerder les autres pour avoir une vie. « Est-ce que tu m’autorise à te raccompagner ? » C'est sa manière à lui de ne pas vouloir s'étaler sur sa vie, d'éviter le sujet ? Trop dommage que tu aies encore tout le trajet entre Logan City et Sping Hills pour poursuivre l'interrogatoire grâce à sa proposition. « Je te sers déjà plus à rien ? » C'est aussi une autre option. La fille est partie et il n'a plus besoin de toi. Du coup, bon débarras. Tu ne peux pas lui en vouloir. Tu n'as pas plus envie d'étirer ce tête à tête qu'il en a envie. Mais bon, puisque c'est si gentiment proposé… « Oui, tu peux. » Pas que tu aies vraiment besoin de lui pour rentrer chez toi, mais ça reste quand même la solution la plus facile. Tu avales à ton tour le reste de ton verre qui t'arrache un froncement de nez. Il aurait pu choisir un truc moins fort en sachant que t'avais deux minutes pour le boire. T'as besoin de plus que deux gorgées pour boire ce truc si tu ne veux pas te retrouver sur le cul dans le temps de le dire. Ça ne semble toutefois pas un problème pour lui qui avale ça comme il le ferait avec un verre de jus.

« Tu me ramènes parce que t'as la trouille de rentrer chez toi ? » que tu lui demandes lorsque tu te glisses sur le siège côté passager de sa voiture. Parce qu'il est terrorisé, faut pas oublier. « Où est-ce que tu vis au juste ? » Il connaît ton adresse, mais tu ignores encore la sienne. Peut-être que tu es un peu curieuse. On peut en apprendre beaucoup sur une personne en découvrant sa maison. Tu paries qu'il vit dans un genre d'appartement miteux typique du célibataire endurci avec rien dans le frigo et des vieilles fringues sales au sol. Ça ne vaut sûrement pas le détour. De quoi te traumatiser plus qu'autre chose.

« J'trouve plutôt qu'on se complète bien, non ? » a deux doigts de me dire qu’on annule plus le mariage ? Ca nous éviterait bien de se prendre la tête davantage, mais j’ai qu’une envie, qu’on se débarrasse de ce contrat. Mon problème, autant que celui d’Elise, c’est qu’on est pas foutu de faire ça à l’amiable, sans qu’un des deux soit laissé sur le tapis. Faut forcément qu’un de nous sorte plus fort de cette histoire. Je suis persuadé que ce sera moi. Parce que si on va a bout de cette idée, je serai débarrassé et Elise n’en aurait absolument rien tiré, elle. Et je refuse à croire que le simple fait d’obtenir ce divorce soit une victoire pour elle. Elle va finir par sortir son épingle du jeu et imposer d’autres conditions, j’en suis certain. « Arrête de faire comme si tu me connaissais. Deux-trois secrets de famille, c'est pas toute une vie. » et est-ce que ça l’embarrasse de savoir que j’en connais déjà plus sur elle que l’inverse ? « je ne fais que parler de c’que j’connais. » c’est vrai, que j’ai pas toutes les infos sur elle, mais on en serait pas là aujourd’hui si y avait pas une part de vérité dans c’que j’étais en train de dire. Elle le sait.
C’est l’heure de déguerpir, pas la peine de rester dans ce bar plus longtemps. Le serveur blond aura son petit pourboire, j’ai l’impression qu’il flippait qu’un scandale éclate dans son bar quand Eileen est rentrée. En voyant sa tête, j’me demande s’il a pas cru qu’on allait faire un casse ou dealer d’la drogue devant ses yeux. Qu’il se calme le gamin, tout se passe très bien et nous, on allait payer nos verres avant de repartir. « Je te sers déjà plus à rien ? » Quoi ? Elle est pas pressée de partir aussi, Elise ? Elle qui fait toujours tout pour écourter nos rencontres. C’est vrai qu’ici, l’alcool doit être meilleur que le vin qu’elle a chez elle, vu ce qu’elle a osé m’offrir la dernière fois. « Oui, tu peux. » sa réponse m’étonne un peu, faut avouer, même si je suis moi-même surpris de lui avoir proposé de la raccompagner. « J’vais payer. » que j’lance dès qu’elle a fini son verre, lui laissant alors le temps de prendre ses affaires pour qu’on se retrouve à la sortie du bar.
Je peux pas m’empêcher de regarder dehors, pour être vraiment sûre que l’autre folle soit bien loin de nous. Rien à signaler. J’ouvre la voiture. « Tu me ramènes parce que t'as la trouille de rentrer chez toi ? » sa remarque me fait sourire. « et au pire ? » tu m’diras, c’est pas déconnant non plus. On sait jamais qui pourrait m’attendre devant chez moi, encore. Mais, même si elle campe devant mon portail, elle mettra jamais un seul pied chez moi. Ca m’empêchera pas de dormir. « Où est-ce que tu vis au juste ? » « Pas loin d’ici. » Logan city, à quelques rue de là mais dans une rue bien moins passante, plus tranquille. « Qu’est ce qu’il y a ? Tu veux visiter ? » j’suis sûre qu’elle est persuadé que mon appartement ressemble à une chambre d’étudiant qui prend sa douche tous les quinze jours. Elle serait bien surprise de voir que j’m’en sors plutôt bien de ce côté-là. Et surtout, que j’suis capable de prendre une douche par jour.
Je démarre la voiture et alors que je devrais aller tout droit pour aller chez Elise, c’est la première à droite que j’emprunte. Après tout, si l’autre folle est toujours devant chez moi, ce sera toujours un peu plus crédible si j’arrive avec Madame Irish, non ?

« J’vais payer. » Fais donc ça. C'est que vous en vivez des nouveautés aujourd'hui. Lui qui paye pour toi. Profites-en. Ça n'arrivera pas souvent. Voire jamais. Pendant qu'il est parti s'occuper de payer votre addition, tu en profites pour finir ton verre, ramasser tes affaires et l'attendre à l'extérieur. Il ne met que quelques minutes pour venir te rejoindre. Dinis a l'air complètement parano a vérifié au moins trois fois qu'elle n'est pas là à se cacher quelque part, prête à lui sauter à la gorge à tout instant pour l'obliger à être un père dévoué et aimant. Pathétique. Tu entres dans sa voiture et il fait de même après une énième vérification qui te fait lever les yeux au ciel. « et au pire ? » Il n'essaie même pas de se défendre. Surprenant. « Au pire j'ai épousé un trouillard. » que tu constates en retenant un rire moqueur. Ça, c'est nouveau. Parce que épouser un connard, c'est la routine. Deux en deux. T'as pas particulièrement envie de savoir ce que lui a épousé. Il n'ira sûrement pas dans les compliments. C'est pas comme si ce qu'il pensait avait la moindre importance. L'inverse est aussi vrai tu n'en as aucun doute.

Et lui ? Il vit où ? « Pas loin d’ici. » Vraiment ? Tu aurais misé sur l'un des bâtiments miteux de Redcliffe. Tu aurais aussi misé sur le fait qu'il aurait gardé son adresse secrète. À croire que ton intuition n'est pas si bonne que ça finalement. Pas avec Dinis du moins. Tu ne le connais pas, voilà le problème. « Qu’est ce qu’il y a ? Tu veux visiter ? » Peut-être. Peut-être pas. Tu ne sais pas. Tu sauras rendu là-bas si ça en valait la peine ou non. « Tu veux me faire visiter ? » Ah, les questions sans réponses. Les questions retournés par une autre question; ta spécialité. Et puis, il ne semble pas avoir envie d'y répondre non plus. Il tourne à droite alors qu'il aura dû passé tout droit pour te raccompagner chez toi comme promis. Il tourne plutôt vers le quartier résidentiel de Logan City. Tu regardes par la fenêtre alors que les maisons défilent l'une après l'autre pour laisser place au bloc appartement jusqu'à ce qu'il finisse par s'arrêter devant un en particulier, celui que tu supposes être chez lui. Mh, le bloc ne semble pas trop insalubre, c'est déjà ça. Tu regardes encore quelques secondes par la fenêtre avant de détourner le regard vers Dinis. « Personne à l'horizon. » que tu débutes en retenant un sourire. Pas de folle dingue qui veut l'obliger à prendre en main sa paternité, ni personne d'autre qui ne semble l'attendre. Le quartier semble plutôt calme. Tu l'aurais imaginé en plein cœur de l'adrénaline, dans le milieu des cancans pour ne rien manquer. « T'as besoin que j'aille vérifier qu'il n'y a pas de monstre sous ton lit ? » que tu ajoutes en te rapprochant légèrement de lui pour ajouter un « Trouillard. » qui frôle l'arrogance. Pourquoi t'es là sinon ?