| you and i, everything's fake || eloz #5 |
| | (#)Dim 24 Oct 2021 - 23:36 | |
| « Au pire j'ai épousé un trouillard. » au pire, elle a peut être raison. Ça mérite pas d’être souligné plus que ça. J’ai pas envie de m’attarder la dessus. Elle non plus, elle connait rien de moi si ce n’est ce que j’veux bien lui montrer depuis l’début. Et elle doit bien se douter que Oz n’est pas Dinis et inversement. La personne que j’suis quand elle était en face de moi, avec des photos volées pour un prix d’or, elle est loin d’être la personne que j’suis quand j’enlève ma casquette et mes lunettes de paparazzi Enfin, je suppose. Bordel, je sais pas c’qui cloche chez moi. Si c’est ce martini et le tonic que j’ai bu encore avant ou si c’est juste toute cette situation qui m’fait prendre les mauvaises décisions. Mais me voilà juste devant le portail, prêt à me garer, avec Elise à côté de moi. Alors que jusqu’à présent, j’avais toujours fais en sorte de préserver ma vie privée, pour qu’on ne me tombe jamais dessus. Je savais que je pouvais risquer gros en dévoilant mon adresse à Elise et en la faisant mettre un seul pied chez moi et pourtant, j’avais comme l’impression que tout ça, c’était du bullshit. Elle n’utilisera jamais cette information contre moi. Je peux pas l’affirmer, mais j’ai un pressentiment. Pour la première fois, depuis que je connais Elise, j’ai réellement l’impression de pouvoir lui faire confiance. « Personne à l'horizon. » elle se moque, c’est légitime et en même temps, elle veille quand même, c’est presque rassurant. Je détache ma ceinture alors que j’pourrais juste ramener Elise chez elle, comme c’était la proposition, maintenant qu’on sait que l’autre est pas là. « T'as besoin que j'aille vérifier qu'il n'y a pas de monstre sous ton lit ? Trouillard. » Je la regard un moment, c’est bien la première fois qu’elle s’approche autant de moi de son plein gré, pour me provoquer encore un peu plus. Ca doit lui plaire, de se dire que j’suis vraiment ce trouillard dont elle est sure de tout connaitre à présent. « On sait jamais. » j’ouvre la portière, l’obligeant alors à présent à en faire autant. « Faudrait peut être que j’ajoute un « Madame » sur la boite aux lettres ou alors « Famille Irish » t’as pensé à faire suivre ton courrier ? » je me retourne vers la voiture, attendant qu’elle se décide à sortir à son tour. « T’habite trop loin, si j’me fais chopper, avec le peu que j’ai bu, c’est foutu, j’ai plus de permis. » elle doit s’en foutre, mais hors de question que j’perde ce qui me sert pour travailler tous les jours. « Tu seras surprise. » de voir que j’vis pas dans un trou à rat, par exemple. Je pousse le portail dont la sécurité ne marche plus depuis plusieurs semaines à présent. Faudrait vraiment que les proprio s’occupent à réparer ça. Quelques pas avant d’arriver devant la porte principale et Elise pointe enfin le bout de son nez. Je savais bien qu’elle resterait pas seule dans cette voiture bien longtemps. « enlève tes pompes, en entrant. » faudrait pas rayer le beau parquet au sol. Mon appartement est surement moins bien rangé que le sien, mais j'ai pas une femme de ménage qui passe trois heures par jour, tous les jours. Mais ça reste propre et vivant. Au moins, ici, on a pas l'impression de veiller les morts tous les jours.
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| | | | (#)Lun 25 Oct 2021 - 1:48 | |
| « On sait jamais. » Il se fout de ta gueule. Bon ça va. T'as vu où il vivait. Il a vu que sa tarée n'était pas là. Vous pouvez tous les deux retourner à vos vies respectives. Mais non. Il arrête le moteur de la voiture et y descend. Attend, quoi ? Il est sérieux ? « Faudrait peut être que j’ajoute un « Madame » sur la boite aux lettres ou alors « Famille Irish » t’as pensé à faire suivre ton courrier ? » Ouais, c'est ça. Continue de raconter n'importe quoi. C'est plus facile pour tout le monde. Il ment de toute façon. Il ne te laissera jamais entrer chez lui. C'est sûrement pour ça que tu n'as pas encore bougé de ta place, te contentant d'une discussion par la fenêtre de sa voiture. « J'croyais que c'était plus grand chez moi ? » C'est lui qui l'a dit. Pas toi. Plutôt crever que de venir vivre ici, amour ou pas. Et puis, famille, faut être plus que deux pour former une famille. Il a envie que son gosse de seize ans se joigne à la partie ? « T’habite trop loin, si j’me fais chopper, avec le peu que j’ai bu, c’est foutu, j’ai plus de permis. » Okay, il se fout vraiment de ta gueule. Comme si c'était plus prudent de prendre le volant jusqu'ici, mais pas jusqu'à chez toi. Il n'a bu que deux verres. Il est encore capable de prendre sa voiture. « Tu seras surprise. » Et il insiste en plus. Tu lèves les yeux au ciel, mais il a déjà disparu avant que tu ne puisses ajouter quoi que ce soit. Et merde. Tu n'as d'autre choix que de te détacher à ton tour et de partir à sa suite. Ça ne fait rien. Tu appelleras un taxi que tu attendras chez lui, c'est tout. « enlève tes pompes, en entrant. » Oh, monsieur est exigeant en plus de ça. Il déverrouille la porte. Il entre le premier. Pas galant pour deux cent. Tu entres après lui. « Donc j'suis sensé attendre que tu sois en état de conduire ? » C'est pas prêt d'arriver si c'est ça son plan pour tu ne sais quel raison. Tu dois perdre au moins dix centimètres quand tu retires tes escarpins sous les ordres de Monsieur.
C'est petit, jusque là, pas surprise. Ça pue pas. Un peu surprise. C'est pas trop sale, mais un peu bordélique. Ça va. C'est pas trop insalubre. Tu devrais pas mourir si tes pieds touchent le sol. Tu y entres comme si tu étais chez toi. Franchement, il ne fallait pas te laisser entrer s'il ne voulait pas que tu fasses le tour pour de vrai. Et non, tu ne vas pas vraiment te mettre à quatre pattes sur le sol de sa chambre pour vérifier sous son lit, qu'il arrête de fantasmer tout de suite. Tu t'arrêtes soudainement devant un bureau. Ah, tiens, une, non des photos. Bien sûr. Tu en attrapes une au hasard entre tes mains. Aucune idée qui sait et ça t'intéresse pas de le savoir non plus. « T'as des photos de moi ? Récente j'veux dire. » Le passé, c'est le passé. Pas besoin de ressortir ces vieilles photos qu'il a dit avoir supprimé alors que tu sais bien que c'est faux. Tu te retournes vers lui en délaissant la photo où elle était. Il surveille sa nouvelle femme ? Qui sait ? Ça pourrait peut-être lui être utile. « Si c'est trop humiliant, t'as le droit de dire non. » Il n'a aucune photo humiliante de toi sinon il s'en serait déjà vanté depuis longtemps. |
| | | | (#)Lun 25 Oct 2021 - 23:56 | |
| « Donc j'suis sensé attendre que tu sois en état de conduire ? » C’est à prendre ou à laisser. Est-ce que je regrette de lui avoir proposé de la raccompagner ? Etait-ce un acte manqué ? J’aurai peut être mieux fait de la laisser sur le trottoir après m’être assuré qu’elle soit monté dans un taxi ,bon gentleman que je suis. Hm. Mais non, là, on était chez moi à présent et peut être que le taxi finira par l’attendre à partir d’ici. Ou alors, ça attendra demain. Je me retourne sur elle, haussant les épaules et voyant qu’elle était bien plus petite sans ses chaussures. Ce qui me fit sourire avant tout, c’est de voir qu’elle avait respecté ma demande et qu’elle les avait enlever. Je sais pas si c’est moi qu’elle respecte ou si c’est le parquet, mais au moins, si elle s’était décidée à retirer ses pompes, c’est qu’elle allait peut être pas s’enfuir tout de suite. Et puis, au final, pourquoi c’était si important ? « J’te sers quelques chose ? » que je lance alors que je vois bien qu’elle inspecte de fond en comble tout ce qui lui passe sous les yeux. De mes cadres, à mes papiers qui trainent ici et là, à la couleur du cuir de mon canapé et ah… les photos. Je réfléchis suffisamment rapidement pour savoir qu’il y a aucun cliché compromettant sur le bureau. « T'as des photos de moi ? Récente j'veux dire. » j’arque un sourcil, me demandant si elle est réellement sérieuse, mais elle en a l’air. Je m’occupe plutôt à chercher une bouteille de vin cuit qui devrait pas être trop mauvais pour conclure la soirée. « Si c'est trop humiliant, t'as le droit de dire non. » un nouveau sourire apparait sur mon visage, elle y tiendrait vraiment, à c’que j’ai des photos d’elle sous l’coude ? « Ca fait un moment que j’ai plus aucun cliché de toi. » déçue ? C’est qu’elle me rapporte plus grand-chose, j’ai d’autres chats à fouetter maintenant. « C’est une erreur ? j’devrais me remettre à fouiner ? T’as des amants ? » oserait-elle me tromper ? « La seule information qui pourrait fuiter, c’est que tu sois à présent mariée avec Oz. J’ai pas envie d’voir ça dans les magazines et toi non plus, alors j’ai plutôt interet à pas mettre mon nez dans tes affaires, maintenant. » pour vivre heureux, vivons cachés, mais j’en sais suffisamment pour dire que c’est pas forcément efficace comme dicton. Je m’approche de la vitrine où se trouve ma belle collection d’appareil photo dont le premier Kodak argentique. Celui là, il vaut une petite fortune mais ce qui attire mon attention, c’est l’appareil qui trône juste à côté, un autre argentique, bien plus récent et moderne. C’est pas celui que j’utilise pour traquet et capturer les images que je revends aux médias, mais celui-ci me sert quand j’ai envie de photo plus… artistiques ? « t’en veux ? » que je lance alors en approchant l’appareil de mon visage, mon œil dans le viseur, prêt à appuyer sur le bouton pour prendre Elise en action. « tu pourrais sourire. » ça la changerait de toutes les photos que j’ai d’elle.
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| | | | (#)Mar 26 Oct 2021 - 2:20 | |
| « J’te sers quelques chose ? » Tu t'arrêtes dans ton inspection alors que tu tournes finalement la tête vers lui qui fouille dans ses bouteilles de vin. Donc c'était vraiment des conneries quand il a dit qu'il allait te ramener. Il semble bien vouloir s'arranger pour ne plus être capable de prendre le volant pour de vrai. T'as pas besoin de lui pour rentrer. « À quoi tu joues ? » que tu lui demandes en te retournant tout de même dos à lui pour poursuivre avec minutie l'inspection des lieux comme si ça pouvait tout t'apprendre sur lui. Paraît que les murs ont des oreilles, sait-on jamais s'ils sont bavards en plus de ça.
Bien sûr, tu tombes sur des photos, tu n'en prend qu'une dans tes mains, mais peut-être que tu devrais fouiller un peu plus. Ce serait possible que tu tombes sur une photo d'un visage familier. Ça pourrait être intéressant, ou pas. « Ca fait un moment que j’ai plus aucun cliché de toi. » Rien de vraiment surprenant. Sinon, tu en aurais entendu parler bien avant. Encore heureux qu'il en ait pas quand même. Tu comptes quelques périodes creuses à ton actif depuis que Saül t'a quitté - deux fois plutôt qu'une. Mais bon, les histoires de ce qui se passe après la séparation, ça n'intéresse personne. Les gens préfèrent tous donner leurs cruelles hypothèses sur la raison de la rupture. Certains ont raison. La plupart ont tort. Comment leur en vouloir ? T'as fait pareil des milliers de fois. « C’est une erreur ? j’devrais me remettre à fouiner ? T’as des amants ? » Des amants, très drôles. Sa vie sexuelle est sûrement bien plus active que la tienne. Le défi n'est pas trop dur à relever. « Non. » que tu lui réponds même si la réponse ne l'intéressait sûrement pas vraiment. « Et toi ? » Il est repartie avec la fille finalement, l'autre jour ? Ou un autre jour, une autre fille. Pas que ça t'intéresse vraiment non plus. Mh. « La seule information qui pourrait fuiter, c’est que tu sois à présent mariée avec Oz. J’ai pas envie d’voir ça dans les magazines et toi non plus, alors j’ai plutôt interet à pas mettre mon nez dans tes affaires, maintenant. » Papa serait fier de lire ça dans les journaux. Tu serais sûrement déshérité dans la seconde si ce n'est pas déjà fait. Il a toujours eu plus d'estime pour Saül que pour sa propre fille. Peu importe, c'est quand même pas lui que tu veux garder dans l'ignorance en priorité. Damon n'a vraiment pas besoin de connaître ce léger problème temporaire. Ce sera bientôt histoire du passé, ni vu, ni connu. Comme si ça n'avait jamais eu lieu.
« t’en veux ? » qu'il te demande en se réfugiant derrière l'un de ses appareils. Non. Pas vraiment. « tu pourrais sourire. » La remarque n'a pour effet que de te faire lever les yeux au ciel. On repassera pour le sourire. « Tes tarifs sont trop élevés. » que tu conclus plutôt en faisant un pas vers l'avant pour lui arracher l'appareil des mains. Tu n'y connais rien en appareil. Tu ne peux même pas dire si c'en est un bon que tu tiens désormais entre tes mains. Tu supposes que oui. Tu n'y connais rien en photo non plus, mais ça prend pas un doctorat pour appuyer sur un bouton. Tu l'insulterais probablement en lui disant que ton smartphone fait le même boulot. C'est quand même vrai. La technologie a bien évolué. « Occupe toi plutôt de nous servir. » Juste un verre et après tu rentres. |
| | | | (#)Mer 27 Oct 2021 - 22:57 | |
| « À quoi tu joues ? » Elle pose trop de question Elise. Y a pas toujours des réponses aux actions menées dans la vie, y a pas toujours d’intérêt à faire une chose ou une autre. Et s’il y avait un domaine dans lequel j’étais bon, c’était de ne pas répondre quand les questions ne m’intéressaient pas. Et puis, je pouvais lui retourner sa question. A quoi elle joue ? A observer chaque centimètre carré de mon appartement, comme si elle voulait s’en imprégner pour trouver la petite bête, le petit truc qui pourrait me faire mal si elle l’utilisait contre moi. C’est bête, j’ai pas tendance à laisser trainer des choses confidentielles ou sensibles. Pour ça, c’était bien rangé. Ce qui trainait sur mon bureau était surtout des vieux clichés à mettre à la poubelle, rien de bien intéressant. Dommage pour elle. Enfin, y avait peut être un ou deux clichés visibles sur la table du salon et quand je tourne le visage discrètement pour y jeter un œil… j’ai pas l’impression que sous la pile de journaux y ait quoi que ce soit. De toutes façons, elle ira pas fouiner par la bas. J’suis sûre qu’elle s’assiéra même pas deux minutes sur le canapé, trop peur de se demander ce qu’il pourrait s’y trouver : dessus comme en dessous. Elle a pas d’amant, bien sure que non. Elle est toujours aussi seule Elise, qu’est ce qu’elle ferait ici, si non ? Qu’est-ce qu’elle perdrait son temps, réellement à être chez celui qui l’a emmerdé pendant plusieurs années, à la faire chanter, à se donner un malin plaisir à lui mettre sous le nez ce qu’elle savait déjà ou bien, ce qu’elle soupçonnait. Je me demande combien de fois elle s’est retenu de craquer devant moi. C’était à se demander si elle pouvait éprouver quelques sentiments. J’suis bien placé pour dire ça, hein. Nicholas me répondrait « et toi, mon vieux ? » avant de rire en me renvoyant que j’étais toujours ce pote célibataire et sans famille, mais pour autant, ce rôle convenait à tout le monde. Moi le premier, parce que cette liberté personne ne viendrait me la voler. Aux autres, parce que ça les arrange de se dire qu’il y a pire qu’eux, qu’eux au moins, ils ont réussi à fonder quelques choses. Ils se disent que le pauvre homme, c’est moi. Pas de femme, pas d’enfant, pas de famille, pas d’appartement à mon nom, pas de chien, rien, personne. Pourtant, j’aime tout ça et au diable les obligations sociales. Foutez-moi la paix. « Et toi ? » ca s’pourrait bien que les draps soient encore emprunt de l’odeur de Natacha. Natacha, jolie blonde parti à l’aube, pour faire semblant de se réveiller aux côtés de son mari. « Question piège. » elle pourrait demander l’divorce pour ça, hein ? Elle sourit pas Elise, elle fait la grimace, encore. Même devant l’objectif. « Tes tarifs sont trop élevés. » elle choppe l’appareil à son tour et mes yeux ne le quittent pas, qu’elle en prenne soin ou qu’elle le repose tien, au mieux. « c’est dommage, cette fois, c’était offert par la maison. J’t’enverrai celle-ci, en souvenir. » quand elle sera développée. D’ailleurs, j’pourrais le faire dans la petite pièce qui me sert de labo, mais la pellicule n’est pas terminée. Ca attendra. La photo Madame Irish dans le salon de son époux, on pourrait appeler le cliché : tristesse et obligations. Les voilà, les fameuses obligations, elles ont exactement la tête d’Elise. « Occupe toi plutôt de nous servir. » ah tien, étonnant qu’elle soit pas déjà en train de composer le numéro du taxi. Peut être que j’me suis trompé, que finalement, elle osera s’assoir sur le canapé. « J’préfère ça. » ca m’fait sourire et je sais pas pourquoi, ça me fait aussi plaisir. Merde. Le vin cuit versé dans deux verres, je lui apporte le sien. « C’est plus fort que du vin, fais attention. » coupé à l’eau de vie, un peu sucré, chaud à la dégustation, fruité et boisé à la fois. Ca, c’est bon. Moi, j’me fou pas d’elle. « y a une chose que j’ai jamais compris. » que je lance, petite suspens, le temps de boire une ou deux gorgées, puis trois, tiens. « Qu’est ce que tu faisais avec un mec comme Saul ? » ça, c’est une vrai question.
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| | | | (#)Jeu 28 Oct 2021 - 2:07 | |
| « c’est dommage, cette fois, c’était offert par la maison. J’t’enverrai celle-ci, en souvenir. » « Te donne pas tant de mal pour moi. » Parce que t'as pas particulièrement envie d'avoir de souvenir de ta visite éclair chez lui. Ça tombera dans l'oubli en même temps que le divorce sera acté. Qu'il se concentre plutôt sur ce qu'il faisait quelques minutes plutôt. Le vin. « J’préfère ça. » Il sourit avant de repartir faire un aller-retour à la cuisine pour revenir avec deux coupes entre les mains. « C’est plus fort que du vin, fais attention. » Oh, c'est qu'il a l'air presque d'un mari attentionné avec ses belles paroles. Faire attention à quoi ? À ne pas tomber ivre en trois gorgées ? Ça va, ça va, ça ne doit pas être si pire que ça. C'est sûrement moins fort que les martinis de tout à l'heure. De toute façon, ce serait à son avantage. L'alcool, ça te rend presque sympa. Il l'a déjà oublié ? « On est rendu à l'étape où on prend soin l'un de l'autre ? J'ai dû manquer le mémo. » que tu lui dis en venant prendre la coupe qu'il tend vers toi. Mh, pas trop mauvais. « Merci. » que tu ajoutes comme si t'avais besoin de prouver que t'étais capable d'être sympa. Parfois. Quand c'est mérité.
« y a une chose que j’ai jamais compris. » Qu'une seule, vraiment ? Tu lèves la tête vers lui, prends appuies sur le bureau derrière toi en attendant la suite. « Qu’est ce que tu faisais avec un mec comme Saul ? » Ah, ça. Y a-t-il vraiment une bonne réponse à cette question ? Il ne pourrait sans doute pas comprendre. C'est beau de l'extérieur le monde de la bourgeoisie, mais c'est sûrement celui qui est le plus empoisonné à l'intérieur. Enfin, ça, il doit le savoir depuis le temps qu'il y traîne en parfait imposteur. « Quoi tu vas quand même pas me sortir que je méritais mieux que ça ? » que tu lui demandes alors qu'un rire moqueur s'échappe de tes lèvres. Si. Définitivement que tu méritais mieux. Il méritait mieux aussi. Personne ne peut savoir à quel point ce mariage était toxique. Personne n'était là pour entendre les saloperies et les coups bas. Ça n'a pas toujours été ainsi. Mais les belles années sont très peu nombreuses comparativement aux mauvaises qui ont marqués au fer rouge votre mariage. Quoi que les autres peuvent bien en penser, toi, tu crois quand même que tu as eu exactement ce que tu méritais, la fin y compris. On récolte ce que l'on sème. Voilà! « Il n'était pas comme ça quand je l'ai rencontré. » Et toi non plus d'ailleurs. Tu ne peux pas dire si tu es mieux ou pire qu'avant. Ça dépend probablement des points de vue. « On s'est… brisé. » que tu conclus en haussant les épaules, noyant le dernier mot dans une nouvelle gorgée. Il ne peut pas s'imaginer à quel point votre histoire est compliquée. Et il ne le saura pas non plus. Tu ne comptes certainement pas déterrer de vieilles histoires - de vieux secrets plutôt - qui vous ont détruits durant toutes ses années ensemble. C'est mieux de détourner le sujet vers lui. De toute manière, il ne peut pas s'attendre à poser des questions sans en avoir en retour. « Et toi ? Qui est-ce qui t'a brisé le coeur pour que tu veuilles rester célibataire ? » C'est toujours ça les histoires des célibataires endurcis qui se refusent à l'amour. C'est toujours la peur d'être blessé à nouveau. À moins que tout ça ne soit qu'une mascarade et qu'au contraire, ce soit le célibat qui l'est choisi ? « Ta mère ? » À quel point elles sont profondes ses blessures à lui ? Ah les parents, ils font des blessures qui marquent pour toute une vie à leur progéniture. |
| | | | (#)Mar 2 Nov 2021 - 20:43 | |
| « On est rendu à l'étape où on prend soin l'un de l'autre ? J'ai dû manquer le mémo. » Elle est chiante Elise, a jamais baisser les armes. Elle est tout le temps en mode attaque, ça doit être fatiguant , j’comprends mieux qu’elle soit toujours avec ses cernes et une tonne de maquillage pour cacher la misère. « Merci. » ah quand même. Elle a même pas fait de grimace pour montrer qu’il était mauvais ce vin, elle aurait pu, juste pour m’emmerder, mais j’ai bien l’impression qu’elle l’apprécie à sa juste valeur. Un bon point ? Et pourquoi je cherche une quelconque reconnaissance auprès d’elle au juste ? J’m’en fou, au final, qu’elle aime ou pas. Hm. « Quoi tu vas quand même pas me sortir que je méritais mieux que ça ? » qui sème le vent, récolte la tempête, c’est ça ? je sais pas si elle méritais vraiment mieux que Saul, c’que j’vois, c’est qu’elle s’est longtemps fait berner et prise pour une idiote. Peut être que c’était aussi le cas dans le sens inverse, après tout, elle devait aussi y trouver son compte, à être malheureuse chaque journée qui passe. « Il n'était pas comme ça quand je l'ai rencontré. » attentionné, drôle, charmeur et gentil ? Sans doute, comme beaucoup, surement de la même manière qu’il l’était avec la rousse qui m’a planté une fourchette dans l’cul. Jusqu’à ce qu’il le soit à nouveau avec la suivante. « On s'est… brisé. » c’est peut être la chose la plus sincère que j’ai jamais entendu de la bouche d’Elise. En dehors du fait qu’elle ne puisse pas me voir et qu’elle me deteste, bien sure. Ses mots doux sont toujours remplis d’une sincérité déconcertantes, mais cette fois, c’était personnel, intime. Sans rentrer dans les détails, c’était la première information concernant le couple qu’elle formait avec lui qu’elle me donnait de son plein gré. « Et toi ? Qui est-ce qui t'a brisé le coeur pour que tu veuilles rester célibataire ? » sa remarque me fit sourire, comme si, il était impossible que ce soit un choix personnel et pleinement assumé ? « Ta mère ? » je roule des yeux. « Laisse ma mère là où elle se trouve. » en paix, tranquille chez elle. Elle a pas besoin d’avoir les oreilles qui sifflent. « Je suis pas célibataire. Je suis marié. » je cligne des yeux, amusé. Je finis par aller m’assoir dans le canapé, rester debout deviendrait ridicule. « Tu peux t’assoir. » que je lance en pointant du nez la place libre sur le canapé. « Y a forcément une mauvaise expérience pour vouloir choisir de rester libre ? » la vraie réponse c’est que j’ai jamais pris le temps de répondre à cette question. « Si tu veux tout savoir, la première femme à m’avoir brisé le cœur s’appelait Dolorès, elle avait 10 ans et moi 11. » que je lance amusé, c’est vrai qu’elle avait refusé de me donner la main en primaire et que j’avais pleuré toute la journée pour ça. « et la seconde s’appelle Hazel et c’était à la fac. Mais j’ai jamais fais un pacte en me disant que j’me vengerais d’elles jusqu’à la fin des jours en traitant toutes les femmes de sorcières. »
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| | | | (#)Jeu 4 Nov 2021 - 13:15 | |
| « Laisse ma mère là où elle se trouve. » Ah, tiens, est-ce que tu viens de toucher une corde sensible ? Elle est où sa mère justement ? Ici, à Brisbane ? En Australie ? Ailleurs dans le monde ? Tu ne sais même pas d'où il vient, mais tu doutes qu'il soit natif d'ici. Vous avez sensiblement le même âge, enfin, tu crois. Tu l'aurais sûrement croisé dans les couloirs du lycée un jour ou l'autre. Il faisait sûrement partie de ceux que tout le monde remarquait à cette époque là. Donc, non, pas d'ici. Tu en es presque certaine. « Je suis pas célibataire. Je suis marié. » Et ça l'amuse en plus. Il est célibataire ET marié, nuance. « Tu peux t’assoir. » qu'il te dit en pointant la place toujours libre à côté de lui. Mh, tu peux sans doute. Pourtant, tu ne bouges pas de l'endroit où tu es en portant plutôt de nouveau ton verre à tes lèvres, fixant ton regard dans le sien. « Y a forcément une mauvaise expérience pour vouloir choisir de rester libre ? » Ah. Alors c'est la peur de se retrouver emprisonné dans une relation qui le pousse à rester seul. Mais, oui, y'a toujours une mauvaise expérience qui vient avec ça. Personne n'a envie de mourir seul. Même pas lui. Même pas toi. « Donc il y a bien une fille qui a brimé ta liberté. » Parce que être avec quelqu'un ne veut pas forcément dire ne pas être libre. Parce que l'anneau doré ne vient pas forcément avec un boulet aux chevilles. Enfin, à ce qui paraît.
« Si tu veux tout savoir, la première femme à m’avoir brisé le cœur s’appelait Dolorès, elle avait 10 ans et moi 11. » Il t'a eu à si tu veux tout savoir, bien sûr que tu veux tout savoir. Ses paroles t'arrachent un sourire. Elles réussissent même à te faire bouger de ta place pour aller t'asseoir juste à côté de lui, comme proposer quelques instants plutôt. « Les enfants sont si cruels. » Tu poses ta coupe sur la table du salon avant de te retourner légèrement vers lui et de remonter tes jambes sur le canapé - tiens, c'est que tu prends presque tes aises. Ton coude vient prendre place sur le dossier alors que ta tête se laisse retomber contre la paume de ta main. Pour les fois qu'il te dit des trucs sur lui, il a toute ton attention. « et la seconde s’appelle Hazel et c’était à la fac. Mais j’ai jamais fais un pacte en me disant que j’me vengerais d’elles jusqu’à la fin des jours en traitant toutes les femmes de sorcières. » « Hm, vraiment ? » que tu lui réponds suspicieuse. Si vraiment il n'a aucune séquelle d'une ancienne relation, c'est quoi son problème alors ? Peut-être qu'il fait genre que son célibat est un choix, besoin de liberté et blablabla, mais en fait, c'est que c'est pas vraiment un choix. Hazel arrivait pas à le supporter lui et son égo surdimensionné. Elle n'est sûrement pas la seule. C'est plus facile de rejeter les autres que de se faire rejeter.
Puisqu'il semble être d'humeur bavarde, tu comptes bien en profiter - ou tenter de. Tu sais pas trop ce que tu veux savoir. Tu sais pas trop jusqu'où il va te laisser creuser non plus. Et puis, tu ne veux pas aller trop loin par peur qu'il te retourne la pareille. Ça marche à deux les confidences ou peu importe ce que c'est. Par où commencer ? Par le début. « Et ton père alors ? J'dois aussi le laisser où il se trouve ? » que tu lui demandes vu que t'as pas le droit de parler de sa mère apparemment. |
| | | | (#)Ven 5 Nov 2021 - 0:14 | |
| « Donc il y a bien une fille qui a brimé ta liberté. » pourquoi elle me fait dire c’que j’ai pas dis ? Pourquoi elle a besoin d’interpréter à ce point mes paroles, Elise ? J’crois que c’est pour ça que les femmes me fatiguent et je préfère pas les avoir au quotidien. Parce qu’elles posent trop de questions, parce qu’elles remettent tout en cause, qu’elle interprète à leur sauce et qu’à force, elle finisse par m’épuiser. Je le sais parce que j’étais bien trop souvent entouré de femme. J’ai que des sœurs et même si j’ai passé toute mon enfance avec elles, le peu de fois où on partageaient tous la même maison a suffit à me faire vacciner. Pas de femme, pas d’homme, pas d’enfant, pas d’animaux. Juste personne. Juste moi. Même quand je l’invite à s’assoir, elle reste là, à distance. Pour autant, elle écoute quand même, elle répond aussi. Son regard est pas fuyant et elle a pas non plus l’attitude de quelqu’un qui s’impatiente. Ca fait bizarre et à la fois, j’ai pas forcément l’intention de la chasser non plus de chez moi. C’est en pleine conscience que je l’ai ramené ici. Et d’ailleurs, en ayant presque oublié l’objet de cette soirée d’ailleurs, en ayant presque oublié qu’on avait vu Eileen ce soir aussi. Et puisqu’elle veut réellement en savoir plus sur moi, y a qu’à lui donner c’qu’elle veut. Une petite histoire de gamin de dix ans, c’est mignon ça. C’est personnel et en même temps, bien trop lointain pour avoir du crédit aujourd’hui. Pourtant, c’est bien ça qui attire Elise sur le canapé, qui la fait enfin bouger de son piquet pour venir s’assoir. Je relève pas, je souris même pas, même si ça sonne comme une victoire à cet instant précis. « Les enfants sont si cruels. » et voilà qu’elle est presque comme chez elle, détendue, à l’aise, les pieds sur le canapé, cette fois, je peux pas m’empêcher de m’en amuser. Mais la seule marque d’expression sera mon sourire, il manquerait plus que je dise quelques choses pour qu’elle s’en aille aussitôt ou qu’elle se raidisse à nouveau. Alors, je poursuis, anecdote numéro deux. « Hm, vraiment ? » « pour Hazel ou pour les sorcières ? » que je lance, amusée à deux doigts d’ajouter qu’elle pouvait être l’exception qui confirme la règle. Je me lève pour aller chercher la bouteille qui était restée sur la table de la cuisine, juste derrière nous, pour revenir aussitôt et remplir à nouveau nos deux verres, sans ajouter de commentaires. J’espère que le taux d’alcoolémie ne jouera pas sur les tests de demain et en même temps, ces verres sont les bienvenus ce soir. « Et ton père alors ? J'dois aussi le laisser où il se trouve ? » aller, ça mérite une gorgée. Mon visage se ferme à chaque fois que j’entends parler de lui et mon dos se crispe également. « Mon père est un con qui vaut pas grand-chose. » il n’a jamais eu aucune valeur à mes yeux, du moins, depuis que j’ai dix ans. « J’ai une sœur qui habite juste au dessus de cet appartement. » que je lance en pointant du doigt mon plafond. « Sur une échelle de un à dix, c’est une connasse numéro 9. » tout ça parce qu’on a le même père, pas la même mère. « il a quitté ma mère pour refaire sa vie avec sa mère. » le problème, c’est qu’il l’avait quitté bien trop tard. « J’ai trois sœurs. » ce serait mentir de dire que ce serait trois de trop. Heureusement que Lauren relevait le niveau. « j’connais bien les gonzess. » je lève à nouveau mon verre sur cette belle parole. Mon dieu, c’que j’ai tendance à être trop bavard j’enchaine les verres. « de parler de tout ça, ça a tendance à me tendre. » que je lance alors que je commence à masser mes épaules de mes mains.
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| | | | (#)Ven 5 Nov 2021 - 2:05 | |
| Bien sûr que tu le vois ce sourire victorieux sur son visage quand tu prends finalement tes aises à côté de lui - mieux vaut tard que jamais. T'as presque envie de te relever juste pour le contredire. « pour Hazel ou pour les sorcières ? » Les deux sûrement. « Tu crois que j'suis une sorcière ? Tu serais pas le premier. » Ni le dernier. Il a qu'à demander à Megan ce qu'elle en pense. Tu le regardes alors qu'il se lève pour aller chercher la bouteille. Tu n'as même pas le temps de protester qu'il a déjà rempli ta coupe et la sienne pour la deuxième fois. T'avais dit juste un verre. Tu n'as pas particulièrement envie de partir tout de suite, mais tu ne peux pas prendre un verre de plus. Des plans pour que tu arrives à oublier ton propre nom. T'as déjà eu l'air d'une idiote une fois devant lui et ça c'est terminé par un mariage dont tu n'arrives plus à te défaire. Tu ne veux pas savoir comment ce soir pourrait se finir.
« Mon père est un con qui vaut pas grand-chose. » La franchise de sa réponse te surprend. Ce qui te surprend encore plus, c'est qu'il continue son discours sans que t'en demande plus. Il se passe quoi là ? Pourquoi soudainement il est un véritable livre ouvert ? « J’ai une sœur qui habite juste au dessus de cet appartement. Sur une échelle de un à dix, c’est une connasse numéro 9. » « Elle a l'air charmante. » que tu lui réponds avec un sourire en coin. Tu te demandes tu te trouves où dans cette fameuse échelle. Ça te permettrait de mieux juger comment est sa soeur, pour de vrai. Il exagère sûrement. « il a quitté ma mère pour refaire sa vie avec sa mère. » Ah. Donc, finalement, c'est pas sa mère qui lui a brisé le coeur, mais son père. Il serait sûrement pas d'accord de te l'entendre dire à voix haute. Et puis, tu ne vas quand même pas briser sa lancée de confidence. « J’ai trois sœurs. j’connais bien les gonzess. » Trois soeurs qui se crêpent le chignon. Ça devait être plaisant dans cette maison là. T'en avais juste une et c'était l'enfer. T'en aurais pas voulu deux de plus. Les histoires de frères et sœurs, ça ne devient sain que lorsque tout le monde quitte la maison familiale. Enfin, lui, ça ne semble toujours pas régler. « de parler de tout ça, ça a tendance à me tendre. » Tes lèvres se pincent. Les histoires de famille, c'est toujours compliqué. Tu en sais quelque chose pour avoir grandi dans une famille comme la tienne, pour avoir partagé celle de Saül pendant de nombreuses années et pour en avoir construite une encore plus compliquée. « Raconte-moi quelque chose qui te fait du bien alors. » Ça n'a jamais été ton but de rendre l'ambiance.. triste ? tendu ? Peu importe. Tu t'attendais à rien du tout en fait. Mais ouais, vous êtes pas là pour déprimer. Tu le fais déjà toute seule à temps plein. « Rien qui va m'traumatiser. » que tu le préviens avant qu'il te sorte une histoire tordue que tu n'as absolument pas envie d'entendre. |
| | | | (#)Lun 8 Nov 2021 - 22:17 | |
| Je préfère laisser planer le doute sur mon avis à propos d’Elise. Elle m’aurait prouvé à plusieurs reprises qu’elle était capable des pires maléfices et sans jamais donner l’impression de regretter quoi que ce soit. Mais de plus en plus, j’avais le sentiment qu’elle était bien meilleure actrice que ce que je n’avais jamais pu penser. Comme si, à force de la croiser et de lui parler toujours d’un peu plus près, je pouvais voir derrière ce visage de façade qu’elle s’efforçait de toujours porter. C’est sûr, qu’elle finirait par s’effondrer d’épuisement, c’était pas possible de jouer le rôle d’une autre personne pendant des années sans fléchir. Et de temps en temps, elle baissait sa garder, laisser quelques indices à droite et à gauche. Des fois, elle s’accordait le droit d’être celle qu’elle était vraiment : plus abordable et un peu plus fragile. Mais, il y en a un autre dans cette pièce qui se laisse être plus abordable également. Me voilà à parler de mon père, de mes sœurs et ce merdier dans lequel j’avais grandi. Oh bien sûre qu’il y avait bien pire que moi, que cette famille recomposée, que ma mère qui s’était retrouvée seule du jour au lendemain, moi l’abandonnant quelques années après que mon père ne soit parti aussi. Oh oui, il y avait des mômes plus malheureux partout, mais la misère de ce monde ne m’avait jamais réellement atteint. La pitié et l’empathie n’étaient pas des qualités qui me définissaient. J’étais persuadé depuis toujours que la haine que je ressentais pour mon père était tout à fait légitime et sauf mes sœurs pour me rappeler que j’étais qu’un môme pourri gâté, tout me laissait penser que j’avais raison de le détester. Puis, au final, aujourd’hui, cet homme ne me faisait ni chaud ni froid. Mais continuer à dire que c’est un beau salopard me réconforte. « Raconte-moi quelque chose qui te fait du bien alors. » alors ça, je ne m’y attendais pas. Je me redresse, toujours en train de masser mes omoplates tant bien que mal et me voilà même en train de réfléchir à ce quelques choses qui pourrait me faire du bien. « Rien qui va m'traumatiser. » le problème étant qu’en réalité, j’avais du mal à trouver quelques choses qui me faisait du bien. Sans directement penser à Nicholas. Parce que tout ce qui était lié au loisir et au plaisir était toujours relié à sa présence et aujourd’hui, il n’était plus là. Si je continuais à toujours porter mon masque d’homme décontracté, que rien n’atteint et sans prise de tête, le plaisir était bien moins intense depuis sa disparition. Rien n’avait plus la même saveur. Mon silence et ma réflexion se font sans doute sentir et je me penche alors vers mon verre pour le saisir et en boire une gorgée. « La photo. » la photographie m’avait toujours fait du bien, en réalité. Si pendant un moment elle m’avait ennuyé à mourir aussi, c’est quand même avec elle que j’avais commencé à trouver un sens à ma pauvre vie d’étudiant. « Et c’que j’préfère, c’est les anciens appareils. De ne pas avoir le droit à l’erreur avec ceux-là, parce que les pellicules sont rares et chères aussi. » on en trouvait de moins en moins, à l’ère du tout numérique. « De voir les photos se révéler en chambre noire. » ça, c’est le meilleur moment. Je me lève à nouveau, retourne prendre l’appareil qu’Elise m’avait dérobé des mains quelques minutes plus tôt. « Laisse toi faire. » que je demande, presque comme un supplice en réalité. Parce qu’Elise était belle et que ces photos volées à l’instant pourraient dire des centaines de choses qu’elle ne prononcera jamais. Un flash. Elle ne s’y attendait pas. « J’te montrerai le résultat. »
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| | | | (#)Mar 9 Nov 2021 - 2:09 | |
| Ton regard se pose sur lui alors qu'il semble vraiment songer à la réponse qu'il va te donner. Tu ne pensais pas lui faire une colle avec ta question. En même temps, tu n'aurais pas plus su quoi lui répondre toi non plus. Sûrement un truc qui l'emmerderait. « La photo. » Et il est beau là Dinis, quand son visage s'illumine sous ces deux petits mots - oui, tu nieras à tout jamais que cette pensée ait traversé ton esprit une nano seconde. L'alcool, oui bien sûr, toujours la faute de l'alcool. Il a le dos large celui-là. « Et c’que j’préfère, c’est les anciens appareils. De ne pas avoir le droit à l’erreur avec ceux-là, parce que les pellicules sont rares et chères aussi. De voir les photos se révéler en chambre noire. » C'est un doux sourire qui prend place sur ton visage devant le récit qu'il te fait. Tu étais à deux doigts de faire un mouvement en sa direction, mais il se lève juste avant. Tu te redresses soudainement, te racle la gorge. Pourquoi est-ce que t'es mal à l'aise tout d'un coup ? Elle arrive d'où la bouffée de chaleur ? Ah ouais, l'alcool, bien sûr .
Et c'est rien pour aider ce malaise quand il se repointe avec son appareil de toute à l'heure. Il abuse. La première tentative ne l'a pas dissuader de recommencer ? « Laisse toi faire. » Sa voix est douce, aussi douce qu'une mélodie. Elle suffit à te déconcentrer assez longtemps pour qu'il appuie sur le bouton sans prévenir, sans te laisser le temps de t'objecter à sa demande. « J’te montrerai le résultat. » Tu as autant envie de voir celle là que l'autre d'avant, c'est à dire; pas envie du tout. « Tu l'annexera à ta demande de divorce. » Ah. Voilà un retour drastique à la réalité. Et une nouvelle gorgée pour noyer l'inconfort. « J'devrais rentrer, ce serait plus raisonnable. » Raisonnable, ton deuxième prénom. En fait, tu n'aurais même jamais dû mettre les pieds ici. Tu n'as rien à faire ici, autant chez lui que dans sa vie. Ta main se glisse dans tes cheveux avant que tu te lèves du canapé à ton tour pour aller chercher ton téléphone dans ton sac pour appeler un taxi. Ton manque de solidité dans tes jambes te fait comprendre que son vin tape plus fort que tu l'aurais pensé. Tu ne peux pas dire qu'il ne t'avait pas avertie.
Si tu ne serais pas si orgueilleuse, tu lui aurais probablement dit que tu avais passé une bonne soirée. Malgré tout, malgré les circonstances hors du commun (et peu joyeuses pour Dinis) un peu plus tôt, la soirée s'est bien terminée. Enfin, jusqu'à ce que tu te dégonfles sûrement. Aller attendre le taxi à l'extérieur pour te rafraîchir les idées, voilà ce que tu devrais faire. C'est ce que tu feras, oui. Juste après avoir brisé les quelques mètres qui te séparaient de Dinis. Juste après avoir scruté les traits de son visage une dernière fois. S'il comprend rien à ce que tu veux, qu'il trouve que tu te contredis dans tes gestes et tes paroles, il a pas fini. S'il trouve les filles compliquées, il tombe sûrement sur la pire d'entre toutes. « Bonne nuit, mon mari. » Si tu glisses une main contre son épaule, c'est juste pour garder ton équilibre, bien sûr. Et tu ne trouves aucune défaite pour justifier ce baiser que tu poses contre sa joue, ça viendra. C'est qu'un petit baiser de rien pour conclure la soirée. Hm, pourquoi t'es pas encore partie, alors ? |
| | | | (#)Mar 9 Nov 2021 - 18:45 | |
| « Tu l'annexera à ta demande de divorce. » Quelle saleté Elise. Je roule des yeux, je souris en même temps, elle a l’don pour donner des douches froides. La voilà qui termine son verre, qui se redresse. « J'devrais rentrer, ce serait plus raisonnable. » raisonnable de quoi ? Une photo ou deux photos lui font si peur ? Quel est donc le problème ? Elle qui fuit tant l’objectif, elle ne supporte pas de voir son image ? Ça lui renvoie trop de choses ou alors peut être qu’elle ressemble trop à sa mère ? Elle se voit sans doute vieillir dans les clichés, Elise. Elle se lève, elle a vraiment l’intention de partir là. Je la suis du regard, mon appareil entre les mains, les bras branlants et une pointe de déception sur le visage. Une pointe de déception ? J’aurai pourtant jamais pensé pouvoir être déçu de voir Elise vouloir s’éloigner de moi. Plutôt du genre à toujours vouloir l’éloigner le plus vite possible – enfin, c’est souvent elle qui rompt le contact, parce que moi, ça a tendance à m’amuser de lui donner des boutons rien qu’en me voyant. Sauf que là, j’ai pas envie de la faire fuir et encore moins envie de me dire qu’elle n’a pas envie d’être en ma compagnie. Je la laisse prendre son téléphone, je vais la laisser reprendre son sac, mettre ses chaussures et partir. J’vais la laisser et me dire que c’est juste la suite logique et que rien de ce qu’il n’a pu se passer ici ce soir ne devait faire partie de l’équation. Rien ne devait faire partie du plan. Le plan c’est de divorcer, de récupérer du fric et des intérêts dans cette histoire. Le plan, c’était pas non plus qu’un gamin me tombe sur les bras en si peu de temps. Au final, j’ai comme l’impression que tout m’échappe, et moi-même je m’échappe.
J’dis rien et j’me sens con. Con de rien dire ou con de penser à tout ça. Con de la laisser partir, peut être con de croire que je pourrais le regretter. Ça veut dire quoi tout ça ? Elle est là, Elise. Elle est devant moi et je sais pas si elle s’en rend compte, mais elle a l’air de peiner à rester droite. C’est peut être ça, sa raison, sa façon d’être raisonnable, d’arrêter de boire pour être sûre de pouvoir repartir d’ici en marchant. « Bonne nuit, mon mari. » Ça m’fait doucement sourire et d’autant plus quand sa main vient se loger dans le creux de mon épaule et sa joue qui se loge contre la mienne, ses lèvres qui frôlent les miennes. « t’es pas obligée de partir. » que je glisse, contre son oreille. Posant l’appareil photo qui trône encore dans ma main sur le petit bureau juste derrière moi et alors que ma main se retrouve libérée, elle se pose doucement en bas de son dos. Doucement et précautionneusement, parce qu’elle peut vriller, parce qu’au fond, j’ai aucune idée de la personne qui se trouve devant moi. Je sais pas ce à quoi elle pense, mais j’ai l’intime conviction que ce soir, Elise a pas envie d’être si loin de moi. Et j’mentirai à dire que je partage pas la même sensation. « je laisse tomber les photos. » si ça peut la convaincre, c’est un argument nul, ce serait juste une excuse pour qu’elle dise oui. Mon visage recule bien que toujours très proche du sien, j’irai pas plus loin que ce qu’elle s’est autorisée. « à quoi bon être raisonnable ? »
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| | | | (#)Mer 10 Nov 2021 - 13:05 | |
| « t’es pas obligée de partir. » Il perd ses quelques mots contre ton oreille alors que tu portes un baiser contre sa joue. « Dis pas n'importe quoi. » que tu laisses échapper dans un murmure. Comme si c'était absolument impossible qu'il ait vraiment envie que tu restes. Et tu ne veux pas de mensonges, surtout pas dans des moments comme ceux-là. Tu risques juste de te casser la gueule encore une fois. Tu veux plus que ça arrive, sans vraiment savoir comment faire pour y arriver. L'appareil que Dinis avait entre les mains se retrouve déposé sur le bureau derrière lui et la seconde d'après, tu sens sa main se glisser dans le bas de ton dos en toute délicatesse, comme s'il avait peur de te briser. En réalité, sa seule peur doit plutôt être que tu le rejettes à nouveau. Ce ne serait pas si étonnant. C'est même plus étonnant que tu ne le repousses pas que l'investissement. « je laisse tomber les photos. » Ça te fait sourire de l'entendre tenter des négociations pour que tu veuilles rester. Il est vraiment sérieux ? On dirait bien, oui. Mais le problème, c'est pas vraiment les photos. C'est pas seulement les photos plutôt.
Son visage s'éloigne légèrement du tien. Tu redresses alors la tête pour que ton regard retrouve le sien. « à quoi bon être raisonnable ? » T'en sais rien. Tu ne connais rien d'autre. Tout ça semble parfaitement logique dans ta tête, moins dans la sienne. Il doit jamais l'être lui, raisonnable. Il est sûrement plus du genre impulsif à se laisser guider par ses émotions et son envie. Il ne se pose pas de questions. Il vit le moment présent et c'est tout. « Ça permet d'pas avoir de regret après. » Autant de son côté que du tien. À moins que, au contraire, c'est ce qui fait que t'en a autant, des regrets. Parce que tu réfléchis trop au lieu de simplement te laisser porter. Tu sais plus. Tu n'arrives plus à réfléchir convenablement. Partir semble être la solution pour retrouver clairement tes esprits. Mais tu sais déjà d'avance que t'auras des regrets demain matin, que tu vas pas assumer d'avoir passé la nuit ici, que tu vas probablement te sauver comme une voleuse dès les premiers rayons de soleil. Une bonne soirée ça compense pas pour toutes les années d'avant. Pourtant, ta main contre son épaule se glisse jusqu'à sa nuque alors que ta deuxième main vient rejoindre l'autre. Tu le tires doucement vers toi jusqu'à ce que ton front vienne prendre appuie contre le sien. Tes yeux se referment sous ce contact. « J'suis… épuisée. » D'avoir des regrets. Épuisée autant physiquement que mentalement. Tu ne te souviens même plus de la dernière fois où tu as passé une bonne nuit sans te bourrer de médicaments pour arriver à fermer l'oeil. Tu ne sais même pas comment t'arrives encore à fonctionner sans trop avoir l'air d'une zombie. Ça dure depuis bien trop longtemps. |
| | | | (#)Mer 10 Nov 2021 - 18:52 | |
| C’est pas n’importe quoi de dire qu’elle est pas obligée de partir. Ca veut pas dire non plus qu’elle est obligée de rester. Elle fera c’qu’elle veut Elise. Si sa décision, c’est de vraiment appeler un taxi pour rentrer chez elle, ma main se retirera de son bassin et la voie sera libre. Elle a rien à craindre avec moi, en réalité. Elle a sans doute toutes les raisons de se méfier, de croire qu’elle ferait une erreur. Il y a pas eu beaucoup de preuve de ma part concernant la confiance qu’elle pouvait avoir envers moi. J’ai tendance à lui faire des sales coups et le dernier en date est pas des moindre. Champion sur ce coup, Dinis. Un mariage, profitant d’un moment de vulnérabilité. Devant les tribunaux, je prendrais cher. Pourquoi d’ailleurs, elle avait jamais cherché à porter plainte contre moi ? Pourquoi absolument faire ce divorce en règle, avec des avocats ? Pourquoi pas profiter de sa vulnérabilité ce soir là hein ? J’en sais rien. Tout a toujours été compliqué avec Elise, du début, jusqu’à la fin, jusqu’à ce soir là où rien n’est vraiment logique. Pas de logique à être déçu de la savoir partie. Pas de logique à me dire que j’ai envie qu’elle reste. Aucune. Je fais preuve d’ouverture, un pas de négociation. J’abandonne les photos qui la font fuir. Mais on dirait que c’est pas ça le problème, c’est pas uniquement ça. « Ça permet d'pas avoir de regret après. » j’ai bien envie de répondre que la vie est pas faite pour avoir des regrets et que ça sert à rien de culpabiliser pour une raison ou une autre. Les choses viennent comme elles sont. Et qu’est-ce qu’elle aurait à regretter, vraiment ? Je comprends pas ses gestes, je comprends pas son attitude qui va à l’encontre de ses mots. Je crois que définitivement, je comprendrai jamais Elise. Mais j’ai l’impression, pour la première fois depuis que je la connais, de la voir totalement différent et qu’elle, tout comme je l’ai fais plus tôt, arrive à s’ouvrir avec une sincérité que je ne lui aurai jamais soupçonné jusqu’à présent. Son front apposé au mien, elle est si fébrile et fragile. « J'suis… épuisée. » mon souffle chaud vient sans doute s’écraser contre ses lèvres. Je soupire doucement, par empathie, je crois. Etrange et pourtant, j’ai bien l’impression de n’avoir jamais ressentie ce sentiment-là. C’est donc ça, d’être capable de se mettre à la place de l’autre, d’être capable, un court instant de ressentir des sentiments partagés, un peu de peine sans doute, de la culpabilité aussi. « j’vais pas te laisser repartir. » et c’est presque pas négociable, en l’état. Pas là. Je glisse une main contre sa joue, dégageant son visage des cheveux qui viennent le recouvrir. « J’te laisse mon lit, je dors sur le canapé. » j’m’en fou, c’est pas le moment pour jouer le grand séducteur. Je sais pas si Elise se sentira en sécurité chez moi, si elle pourra avoir un moment de répit ici. Mon intention est pas de la mettre mal à l’aise ni de l’épuiser davantage. « tu repartiras quand tu seras reposée. » et j’y veillerais. Même si, tout n’ira pas mieux demain quand elle se lèvera, mais peut être qu’un peu de soutien lui ferait pas de mal, finalement.
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| | | | | | | | you and i, everything's fake || eloz #5 |
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